Truman Capote (1924-1984), "Breakfast at Tiffany's" (1958), "In Cold Blood" (1966) - Kurt Vonnegut (1922-2007), "Slaughterhouse 5 or The Children's Crusade" (1969) - Ken Kesey (1935-2001), "One Flew Over the Cuckoo's Nest" (1962), "Sometimes a Great Nation" (1964) - Charles Webb (1939), "The Graduate" (1963) - ...

Lastupdate: 31/12/2016


 

Avec Truman Capote, une nouvelle forme de roman apparaît, "le roman non fictionnel" : l'intrigue ne naît plus de l'imagination d'un auteur, elle ne se fonde pas plus sur des faits réels, mais émane de la réalité même. L'auteur se saisit donc de cette trame de la réalité, la décrit avec minutie et va s'efforcer d'analyser les motivations des personnages pour les livrer dans leur pleine humanité au lecteur. 'In Cold Blood" est emblématique de ce nouveau style littéraire.


Truman Capote (1924-1984) 

De son vrai nom Truman Streckfus Persons, Truman Capote est né à La Nouvelle-Orléans et a été élevé dans une plantation de l'Alabama, son père avocat épouse une Miss Alabama de seize ans qui enferme son fils dans un placard pour vivre sa vie : le mariage finit dans l'alcoolisme et la rupture. Truman prend le nom de son beau-père, vit avec des cousines, retrouve son père : il quitte définitivement à 17 ans le système scolaire et travaille de 1941 à 1945 comme pigiste au New Yorker. Il manifeste très tôt un grand don d'observation et une virtuosité littéraire dans ses premières nouvelles, rapidement remarquées par le milieu littéraire new-yorkais. Son premier roman "Les domaines hantés" (Other Voices, Other Rooms, 1948) remporte un vif succès mais la couverture de son livre qui le représente en starlette androgyne allongé langoureusement sur un sofa fait scandale. Truman Capote lance ainsi, en toute "innocence" selon lui, l'une des carrières littéraires américaines les plus flamboyantes, avant de sombrer dans l'acoolisme et la cocaïne à la fin des années soixante. "Other Voices, Other Rooms" raconte la rencontre du jeune Joel Knox, à la recherche de son père, et d'un vieil homme muet et infirme qui ne communique qu'en lançant des balles de tennis rouges dans l'escalier. En 1949, il publie un recueil de contes, "L'arbre de nuit" (The Grass Harp). Suivent "Local color", en 1950, "La harpe d'herbes" en 1951, "Les muses parlent" en 1956. Sa créativité littéraire s'achève avec "Breakfast at Tiffany's" (1958) et "In Cold Blood" (1966), deux énormes succès et le début de sa lente descente aux enfers...

"Other Voices, Other Rooms" (Les Domaines hantés, 1948)

Un petit garçon nommé Joel Harrison Knox (nom de jeune fille de sa mère, qu'il vient de perdre) se rend seul de La Nouvelle-Orléans à un lieu perdu dans l'arrière-pays, pour y vivre avec son père qu'il ne connaît pas et dont il n'a jamais porté le nom de famille, Sansom. Dans, ou autour de cette demeure, jadis patricienne qui, en se délabrant, a pris un caractère primitif et hanté, Joel rencontre sa belle-mère Amy, son languissant cousin Randolph, ainsi que diverses figures qui contribuent à l'atmosphère extrêmement féerique du lieu : Idabel et Florabelle, les farouches jumelles d'une ferme voisine; Jesus Fever, le nain noir qui conduit la charrette; Zoo, sa petite-fille, la servante au cou zébré de rouge ; Little Sunshine, ermite noir vivant seul dans les ruines marécageuses du Cloud Hotel, splendide au XIXe siècle. Sans compter l'apparition à une fenêtre d'une dame étrange, qui semble appartenir à un siècle encore plus lointain... Joel ne désire toutefois qu'une chose : voir son père. Quand, après bien des hésitations, on l'y autorise enfin, c'est pour découvrir un paralytique quasiment muet, qui fait rebondir des balles de tennis rouges depuis son lit quand il a besoin de quelque chose, et auquel son fils doit faire la lecture après lui avoir donné à manger cuillerée par cuillerée. Dès lors, qu`est-ce que le jeune garçon pourrait bien encore attendre d`une maison construite autour d'un vide ("Mr. Sansom? Et qui était-ce? Personne, le néant. Un nom qui semblait n'avoir aucun sens" et, plus loin, "On aurait dit que l'édifice reposait sur un cône de verre"), maison qui se nomme "Skully”s Landing", sorte de "débarcadère du crâne"? En dépit du beau récit fait par Randolph de ses mésaventures avec Pepe Alvarez, le boxeur mexicain trop aimé, en dépit d'une escapade à la foire en compagnie d'ldabel, Joel ne va plus aspirer qu'à repartir de ce domaine hanté. Il le fera avec Randolph, dont l'ambiguïté en fait une sorte de passeur d`identités : "Randolph avait autant de facettes que l'œil d'une mouche. Ni homme ni femme, ses différentes identités s'annihilaient les unes les autres. Assortiment de mascarades, Randolph c'était qui, quoi? X, un contour que l`on remplit d`une personnalité à l`aide de crayons de couleur". Et c'est au Cloud Hotel, autre domaine hanté ("l'endroit où se trouvaient les gens qui avaient été rayés de la surface de la terre, ceux qui mouraient sans être morts"), que Joel va se transfigurer en lui-même et ressortir de l`épreuve, s'écriant vainqueur et joyeux : "Je suis moi". 

C'est à neuf ans que Truman Streckfus Persons devint le plus légalement du monde Truman Garcia Capote .... (trad. Gallimard,1949).

 

"Petit déjeuner chez Tiffany" (Breakfast at Tiffany's, 1958)
Le roman, qui connaît un grand succès, est récit de la rencontre et d'un amour sans retour d'un écrivain débutant, le narrateur, avec sa voisine du dessous, une jeune femme déroutante, Holly Golightly, anticonformiste d'à peine dix-neuf ans, femme-enfant qui vit aux crochets de quelques riches amants. "J'avais été au cinéma, j'étais rentré et je m'étais mis au lit avec un grog au rhum et le dernier Simenon. C'était tellement mon idée d'une soirée confortable que je ne parvenais pas à comprendre le sentiment de malaise qui s'amplifia en moi au point que je pouvais entendre les battements de mon cœur... Le sentiment que l'on m'épiait. Que quelqu'un était dans la chambre. Puis il y eut une succession de coups secs sur la vitre, une apparition d'un gris spectral. Je renversai le grog. Il me fallut un certain temps avant que je me décide à ouvrir la fenêtre et à demander à Miss Golightly ce qu'elle voulait."

 

Blake Edwards adapta au cinéma en 1961 "Breakfast at Tiffany's" avec, dans le rôle de la naïve et excentrique Holly Golightly, déterminée à épouser un millionnaire brésilien, , Audrey Hepburn, devenue mythique, tout autant que la chanson qu'elle interprète, "Moon River", de Henry Mancini et Johnny Mercer. George Peppard joue le rôle de son voisin de palier, un écrivain qui est "parrainé" par une riche Patricia Neal....


"De Sang froid" (In Cold Blood, An unspeakable crime in the heartland, 1966)
Truman Capote invente le genre du "roman-vérité" en 1966 avec "De Sang Froid", et atteint la consécration : il retrace le meurtre de la famille Clutter, au Kansas, en 1959, par deux inadaptés sociaux, Dick Hickock et Perry Smith, le procès et leur exécution. Capote recontruit cette Amérique du début des années 1960 et tente de comprendre ce qui a pu conduire à ces excès meurtriers.

 

"I—THE LAST TO SEE THEM ALIVE
Editor’s note: All quotations in this article are taken either from official records or from conversations, transcribed verbatim, between the author and the principals.

The village of Holcomb stands on the high wheat plains of western Kansas, a lonesome area that other Kansans call “out there.” Some seventy miles east of the Colorado border, the countryside, with its hard blue skies and desert-clear air, has an atmosphere that is rather more Far West than Middle West. The local accent is barbed with a prairie twang, a ranch-hand nasalness, and the men, many of them, wear narrow frontier trousers, Stetsons, and high-heeled boots with pointed toes. The land is flat, and the views are awesomely extensive; horses, herds of cattle, a white cluster of grain elevators rising as gracefully as Greek temples are visible long before a traveller reaches them.
Holcomb, too, can be seen from great distances. Not that there is much to see—simply an aimless congregation of buildings divided in the center by the main-line tracks of the Santa Fe Railway, a haphazard hamlet bounded on the south by a brown stretch of the Arkansas (pronounced “Ar-kan-sas”) River, on the north by a highway, Route 50, and on the east and west by prairie lands and wheat fields. After rain, or when snowfalls thaw, the streets, unnamed, unshaded, unpaved, turn from the thickest dust into the direst mud. At one end of the town stands a stark old stucco structure, the roof of which supports an electric sign—“dance”—but the dancing has ceased and the advertisement has been dark for several years. ..."

 Le village de Holcomb est situé sur les hautes plaines à blé de l'ouest du Kansas, une région solitaire que les autres habitants du Kansas appellent "là-bas". A quelque soixante-dix miles à l'est de la frontière du Colorado, la région a une atmosphère qui est plutôt Far West que Middle West avec son dur ciel bleu et son air d'une pureté de désert. Le parler local est hérissé d'un accent de la plaine, un nasillement de cow-boy, et nombreux sont les hommes qui portent d'étroits pantalons de pionniers, de grands chapeaux de feutre et des bottes à bouts pointus et à talons hauts. Le pays est plat et la vue étonnamment vaste; des chevaux, des troupeaux de bétail, une masse blanche d'élévateurs à grain,  se dressent aussi gracieusement que des temples grecs, sont visibles bien avant que le voyageur ne les atteigne.

On peut également voir Holcomb de très loin. Non pas qu'il y ait tellement à voir - rien qu'une agglomération de bâtiments sans objet séparée au centre par les rails de la grande ligne du Santa Fe Railroad, un hameau construit au petit bonheur et limité au sud par une partie boueuse de la rivière Arkansas (se prononce « Ar-kan-sas ››), au nord par une grand-route, la Route 50, et à l'est ainsi qu'à l'ouest par des terres de pâturage et des champs de blé. Après la pluie, ou à la fonte des neiges, les rues sans nom, sans ombre et sans pavés, passent de la poussière la plus épaisse à la boue la plus affreuse. A un bout de la ville s'élève une vieille structure rigide en stuc dont le toit supporte une enseigne lumineuse - DANCING - mais on a cessé d'y danser et le panneau est éteint depuis de nombreuses années. 


"A côté, un autre édifice avec une enseigne manque d'à-propos, en lettres d'or craquelées sur une vitre sale - Banque de Holcomb. La banque ferma ses portes en 1933, et ses anciens bureaux de comptabilité furent transformés en appartements. C'est l'un des deux "immeubles de rapport" de la ville, le deuxième étant une vieille demeure délabrée connue sous le nom de "Maison des enseignants" parce qu'une bonne partie du professorat de l'école locale y vit. Mais la plupart des habitations de Holcomb sont des maisons en bois sans étage avec des vérandas sur le devant. Près de la gare, la receveuse des postes, une femme décharnée qui porte une veste en cuir brut, des treillis et des bottes de cow-boy, préside à un bureau de poste qui tombe en ruine. La gare elle-même, avec sa peinture écaillée couleur de soufre,est également mélancolique; le Chief, le Superchief, le El Capitan passent tous les jours, mais ces fameux express ne s'arrêtent jamais là. Les trains de voyageurs ne s'arrêtent jamais - sauf de temps à autre un train de marchandises. Sur la route, il y a deux postes d'essence dont l'un est aussi une épicerie pauvrement approvisionnée tandis que l'autre fait fonction de café - Chez Hartman - où Mrs. Hartman, la propriétaire, sert des sandwiches, du café, des sodas et de la bière à 3,2 degrés. (Holcomb, comme tout le reste du Kansas, est "sec".)

Et c'est vraiment tout. A moins d'inclure, comme il se doit, l'École de Holcomb, un édifice de bonne apparence qui révèle une circonstance que l'aspect de la communauté camoufle par ailleurs : que les parents qui envoient leurs enfants à cette école "unifiée" moderne et pourvue d'un personnel enseignant qualifié - les classes vont du jardin d'enfants à la première, et une lotte d'autobus transporte les étudiants dont le nombre habituel se chiffre aux environs de trois cent soixante, d'aussi loin que seize miles - sont en général des gens prospères. Gros fermiers pour la plupart, ce sont des gens de plein air de souches très variées : Allemands, Irlandais, Norvégiens, Mexicains, Japonais. Ils élèvent du bétail et des moutons, cultivent le blé, le millet, la graine fourragère et la betterave à sucre. L'exploitation agricole a toujours été une affaire hasardeuse, mais dans l'ouest du Kansas ceux qui la pratiquent se considèrent des "joueurs-nés", car ils doivent lutter contre une précipitation de pluie extrêmement faible (la moyenne annuelle est de dix-huit pouces) et d'angoissants problèmes d'irrigation. Cependant, les sept dernières années ont été des années de bénéfique absence de sécheresse. Les fermiers du comté de Finney, dont Holcomb fait partie, ont fait de bonnes affaires; ils ont fait de l'argent non seulement grâce à l'agriculture mais aussi grâce à l'exploitation d'abondantes ressources en gaz naturel, et cette richesse se reflète dans la nouvelle école, les intérieurs confortables des fermes, les élévateurs à grain verticaux et pleins à craquer.

Jusqu'à un matin de la mi-novembre 1959, peu d'Américains -  en fait peu d'habitants du Kansas - avaient jamais entendu parler de Holcomb. Comme les eaux de la rivière, comme les automobilistes sur la grand-route, et comme les trains jaunes qui filent à la vitesse de l'éclair sur les rails du Santa Fe, la tragédie, sous forme d'événements exceptionnels, ne s'était jamais arrêtée là. Les habitants du village, au nombre de deux cent soixante-dix, étaient satisfaits qu'il en fût ainsi, tout à fait heureux d'exister à l'intérieur d'une vie ordinaire : travailler, chasser, regarder la télé, assister aux fêtes scolaires, aux répétitions du chœur, aux réunions du club des "4-H" (Head (tête), Heart (cœur), Hands (mains), Health (santé)). Mais aux petites heures de ce matin de novembre, un dimanche, certains bruits étrangers empiétèrent sur les rumeurs nocturnes habituelles de Holcomb, sur l'hystérie perçante des coyotes, le frottement sec des graines d'ecballium dans leur course précipitée, la plainte affolée et décroissante des sifflets de locomotive. A ce moment-là, dans Holcomb qui sommeillait, pas une âme n'entendit les quatre coups de fusil qui, tout compte fait, mirent un terme à six vies humaines. Mais par la suite les habitants de la ville, jusqu'alors suffisamment confiants les uns dans les autres pour ne se donner que rarement la peine de verrouiller leurs portes, se surprirent à les recréer maintes et maintes fois, ces sombres explosions qui allumèrent des feux de méfiance dans les regards..."

"In Cold Blood" fut porté à l'écran en 1967, produit et réalisé par Richard Brooks, avec Robert Blake dans le rôle de Perry Smith et Scott Wilson dans celui de Richard "Dick" Hickock, deux hommes qui assassinent une famille de quatre personnes à Holcomb, au Kansas. Brooks y ajoutera un personnage fictif, "The Reporter", joué par Paul Stewart ...


Kurt Vonnegut est le romancier du désarroi de cette petite bourgeoisie du Middle West, et au-delà, qui, innocente et confiante par nature en l'avenir, s'est sentie broyée et détruite par deux cataclysmes successifs, la Grande Dépression puis la Seconde Guerre mondiale. Non seulement les repères les plus familiers ont totalement disparus, reste la nostalgie, mais Vonnegut cherchera longtemps l'origine de ces jeux de massacres successifs. Ses romans prennent le chemin de la satire politique et comme naturellement celui de la science-fiction : on a déjà relevé ce rapprochement étrange, le Middle West américain a un arrière-goût de science-fiction. Au bout du compte, une conclusion s'imposera, une bonne dose d'amphétamines résout bien des problèmes...

 

Kurt Vonnegut (1922-2007)

Kurt Vonnegut, soldat durant la bataille des Ardennes et fait prisonnier par l'armée allemande, fut traumatisé par le bombardement de Dresde par les Alliés, du 13 au 15 février 1945 : 7 000 tonnes de bombes sont déversées en trois vagues qui feront plus de 35000 morts. Il fut l'un des sept rescapés américains, sauvés pour s'être enfermés dans une cave d'abattoir (Slaughterhouse Five) : les nazis l'affectèrent à la récupération des cadavres pour la fosse commune, mais, écrit-il, il y en avait tellement que l'on dut terminer au lance-flamme l'ouvrage des bombes. Il est libéré en mai 1945 par les troupes soviétiques et revient aux États-Unis. Installé à New York en 1947, il travaille dans les relations publiques pour la General Electric, puis dès qu’il parvient à placer sa première nouvelle, en 1950, démissionne et décide d’essayer de vivre de sa plume. Son premier roman "Player piano"  (1952) obtient un beau succès d’édition, mais il doit à nouveau enchaîner des petits boulots pour survivre.

C'est en 1959, avec "The Sirens of Titan", qu'il trouve son style propre, une science-fiction parodique, empreinte d'humour noir et incisive. En 1963, "Le Berceau du Chat" prend pour cible la technologie, le mensonge le plus destructeur du XXe siècle, au cours d'une histoire particulièrement loufoque sur fond de commerce d'arme de destruction massive détenue par une secte qui prêche la venue de l'apocalypse.

En 1969, paraît "Abattoir 5", inspiré de sa propre histoire et lui apporte la consécration. "Déjà à cette époque, j'étais censé écrire sur Dresde. Ce n'était pas cette opération aérienne-là qui avait la vedette aux Etats-Unis en ce temps-là. Par exemple, très peu d'Américains se rendaient compte que cela avait été beaucoup plus meurtrier qu'Hiroshima. Je n'en étais pas conscient non plus."  Vonnegut emprunte les habits de la science-fiction pour tenter de redonner vie à l'errance misérable du brave soldat yankee qu'il a pu être, échafaudant la très cruelle saga de Billy Pèlerin, l'homme qui voyageait dans le temps, passant, d'un coup, de sa nuit de noces aux latrines d'un camp de prisonniers, d'un lit d'hôpital à une porcherie bombardée, d'une paisible existence à une cage de zoo sur la planète Tralfamadore, comme autant d'éclats de souffrance et d'absurdes tueries dans une réalité qui se veut impassible.

 

"Slaughterhouse 5 or The Children's Crusade" (Abattoir 5, 1969)
Le roman est publié en pleine guerre du Vietnam et porte en sous-tire "ou la croisade des enfants, une danse en service commandé avec la Mort, par Kurt Vonnegut Jr., Américain de souche allemande établie depuis quatre générations dans le Nouveau Monde, vivant maintenant dans l'opulence et fumant trop, au Cap Cod, qui, en tant qu'éclaireur d'infanterie en déroute et prisonnier de guerre, a été témoin du bombardement et de l'incendie de Dresde - la Florence de l'Elbe -, il y a de cela longtemps, et qui a survécu pour en raconter l'histoire dans un roman à la manière un peu sténographique et schizophrénique des contes de la planète Tralfamadore, d'où viennent les soucoupes volantes". 

"....Comme c'est ma spécialité de bricoler le paroxysme, l'émotion forte, la subtilité psychologique, le dialogue bien enlevé, le suspense et l'affrontement dramatique, j'avais produit nombre d'ébauches de l'odyssée de Dresde. Le meilleur de ces plans, ou du moins le plus décoratif, figurait au dos d'un rouleau de papier peint. Je m'étais servi des pastels de ma fille et chaque personnage principal avait sa couleur. L'histoire commençait à un bout du rouleau, se terminait à l'autre et bien sûr, entre les deux, il y avait le milieu. La ligne bleue coupait la rouge et puis la jaune, et cette dernière disparaissait, car le gars du trait jaune était mort. Et ainsi de suite. Le bombardement de Dresde était représenté par une bande verticale de hachures oranges et toutes les droites encore en vie la traversaient pour ressortir de l'autre côté.

La jonction, tout au bout du faisceau, était un champ de betteraves au bord de l'Elbe, à la sortie de Halle. La pluie dégringolait. En Europe, la guerre était du passé depuis quinze jours. Nous étions en rang, gardés par des soldats russes: Anglais, Américains, Hollandais, Belges, Français, Canadiens, Sud-Africains, Néo-Zélandais, Australiens, des milliers sur le point d'abandonner la condition de prisonnier de guerre. Et à l'autre extrémité du champ, des milliers de Russes, Polonais, Yougoslaves gardés, eux, par des soldats américains. On nous échangea là, sous la pluie: parité absolue. O'Hare et moi on a grimpé à l'arrière d'un camion américain avec pas mal de gens. O'Hare n'emportait pas de souvenirs. Presque tous les autres, oui. J'avais un sabre de parade de la Luftwaffe ; je l'ai encore. Le petit Américain rageur que j'ai baptisé Paul Lazzaro s'était ramassé pas loin d'un kilo de diamants, émeraudes, rubis et le reste. Il en avait délesté des morts dans les caves de Dresde. C'est la vie.

Un Anglais demeuré, qui avait semé ses dents à tous vents, transportait son trophée dans un sac de toile. La sacoche reposait sur mon cou-de-pied. Il y fourrait son nez toutes les cinq minutes, puis se mettait à rouler les yeux en dévissant son cou décharné pour essayer de surprendre quelqu'un en train de convoiter son trésor. Et, d'une secousse, il renvoyait sa besace sur ma jambe.

Je m'imaginais que c'était sans le vouloir. Mais j'étais naïf. Il fallait absolument qu'il montre le contenu à quelqu'un, et il avait conclu qu'íl pouvait me faire confiance. Il accrocha mon regard, fit un clin d'œil, desserra la coulisse. Il y avait une tour Eiffel en plâtre là-dedans. Dorée. Incrustée d'une pendule.

« Si c'est pas bath ››, dit-il.

On nous envoya par avion dans un camp de convalescence, en France, où l'on nous gava de bouillie chocolatée et de toutes sortes de choses riches en calories, jusqu'à ce que nous soyons bien potelés. Puis on nous rapatria et c'est alors que j'ai épousé une belle fille, elle aussi bien potelée. Et nous avons eu beaucoup d'enfants. Ils sont tous adultes maintenant, et moi un vieux schnock qui radote sur le passé en grillant des Pall Mall. J'm'appelle Yon Yonson, j'bosse dans l'Wisconsin, dans une grande scierie. Par intervalles, je tente d'appeler au téléphone d'anciennes petites amies, tard le soir quand ma femme est au lit. « Mademoiselle, pourriez-vous me donner le numéro de Mme Untelle. Il me semble qu'elle habite à tel endroit. - Je regrette, monsieur. Elle ne figure pas à l'annuaire. - Merci, mademoiselle. Merci bien quand même.

Et je laisse sortir le chien, ou bien je le fais rentrer, et on taille une bavette. Je lui révèle que je l'aime bien, il me garantit qu'il me rend la pareille. L'odeur de rose et de gaz asphyxiant ne l'affecte pas. - « T'es au poil, Sandy, je lui répète. Tu t'en rends compte? T'es vraiment bien. »

D'autres fois, je branche la radio et j'écoute une émission parlée en provenance de Boston ou de New York. je ne supporte pas la musique enregistrée quand j'ai trop bu. Je finis par aller au lit et ma femme s'inquiète de l'heure. Elle a toujours besoin d'avoir l'heure. Il arrive que je ne sache pas, et je lui réponds: "Je ne l'ai pas. Tu peux me fouiller."

A l'occasion, je fais le bilan de mes études. j'ai fréquenté un temps l'université de Chicago après la Seconde Guerre. J'étais en Anthropologie. A l'époque, on enseignait que tout le monde était exactement comme tout le monde. Peut-être en sont-ils encore là.

On nous apprenait aussi que personne n'était ridicule, mauvais ou répugnant. Peu avant sa mort, mon père me dit comme ça:  "Tu as remarqué que tu n'as jamais mis de crapule dans tes histoires ? "  Je lui ai rappelé que je devais cela à mes cours d'après-guerre. En même temps que je me préparais à devenir anthropologue, j'étais aussi correspondant judiciaire à la célèbre Agence de presse de Chicago pour vingt-huit dollars par semaine. Un beau matin on m'a transféré de l'équipe de nuit à celle de jour si bien que j'ai travaillé seize heures d'affilée. Nous collaborions avec tous les journaux de la ville, l'Associated Press, l'United Press et tout le tremblement. Relevaient de notre compétence tribunaux, commissariats, casernes de pompiers, garde côtière du lac Michigan, quoi encore? Des canalisations pneumatiques qui couraient sous les rues de Chicago nous reliaient à nos clients. Les envoyés téléphonaient leurs comptes rendus à des rédacteurs munis d'écouteurs qui les tapaient sur stencils. Une fois reproduits, les articles étaient emprisonnés dans les tubes de velours et de laiton qu'avalaient les canalisations. Les correspondants aussi bien que les rédacteurs les plus coriaces étaient les femmes qui remplaçaient les hommes partis au front.

Je dus dicter mon premier papier à une de ces garces. C'était au sujet d'un jeune démobilisé qui avait été engagé comme garçon d'ascenseur dans un vieil immeuble administratif. Au rez-de-chaussée, la grille de l'ascenseur enroulait ses volutes de métal. Le lierre en fer forgé s'échappait par tous les trous. Il y avait un rameau de fer forgé sur lequel se perchaient deux perruches. Notre civil frais émoulu décide de ramener sa benne au sous-sol, ferme la porte et amorce sa descente mais son alliance s'était accrochée dans les ornements. Le voilà suspendu dans le vide tandis que le plancher s'abaisse, se dérobe sous ses pieds ; le plafond l'écrabouille. C'est la vie.

je téléphone mon article et la brave dame qui allait composer le stencil m'interroge: "Quelle a été la réaction de sa femme ? - Elle n'est pas encore au courant. Ça vient de se produire. - Appelez-la pour avoir une déclaration. - Hein ?  - Racontez que c'est la police, que vous êtes le capitaine Finn. Vous avez une mauvaise nouvelle. Annoncez-la lui et voyez un peu ce qui se passe." Ce que je fais. Elle prend la chose comme on pouvait s'y attendre. Un enfant. Et tout ça. Quand j'arrive au bureau, la rédactrice s'enquiert, pour sa gouverne personnelle, de l'allure qu'avait l'écrabouillé au moment de l'écrabouillage. Je la lui décris. "Ça vous a secoué?" me harcèle-t-elle. Tout en croquant des friandises «Trois Mousquetaires».

"Bon Dieu, non, Nancy. ]'ai assisté à pire que cela pendant la guerre."

Déjà à cette époque, j`étais censé écrire sur Dresde. Ce n'était pas cette opération aérienne-là qui avait la vedette aux Etats-Unis en ce temps-là. Par exemple, très peu d'Américains se rendaient compte que cela avait été beaucoup plus meurtrier qu'Hiroshima. Je n'en étais pas conscient non plus. On n'avait pas fait beaucoup de battage. Je me trouvais exposer le raid, tel que j'en avais été témoin, et mon projet de livre à un professeur de l'université de Chicago, au cours d'un cocktail. Il était membre d'un certain Comité pour la réflexion sociale. Il m'expliqua comment les Allemands fabriquaient du savon et des bougies avec la graisse des juifs, le principe des camps de concentration et le reste.

Je n'avais que « Je sais bien, je sais bien, je le sais! ›› à lui opposer.

La Deuxième Guerre avait sans aucun doute endurci tout le monde. Je suis devenu chargé de relations pour la General Electric à Schenectady, dans l'Etat de New York, et pompier volontaire à Alplaus, village où j'ai acheté ma première maison. Mon patron était le type le plus exigeant que j'ai. eu la malchance de rencontrer. Il avait été chargé de relations publiques avec le grade de lieutenant-colonel, à Baltimore. Pendant mon séjour à Schenectady, il s'affilia à l'Eglise réformée hollandaise, qui n'a rien de folichon. Parfois il me sondait afin de découvrir pourquoi je n'avais pas été officier, comme si c'était une tare. Ma femme et moi avions perdu nos plis et nos fossettes. Nous traversions une période de vaches maigres. Nous avions pour amis des quantités de démobilisés étiques et leurs femmes tout aussi étiques. Les ex-troufions les plus sympathiques de Schenectady, ceux que j'estimais les plus gentils et les plus drôles, ceux qui détestaient la guerre avec le plus de ferveur étaient les hommes qui s'étaient battus pour de bon. C'est alors que j'ai écrit à l'armée de l'air pour avoir des détails sur le bombardement de Dresde: qui en avait donné l'ordre, combien d'avions y avaient pris part, quelle en était la raison, quel bien en avait-on tiré, etc. Le monsieur qui accusa réception de ma lettre était, comme moi, chargé de relations. Il exprimait ses regrets, mais les renseignements demeuraient hautement confidentiels...."


Ken Kesey (1935-2001)
Né dans le Colorado, passant son enfance dans l'Oregon, puis ses études à l'université de Stanford, dans la baie de San Francisco (1956), Ken Kesey eut une carrière littéraire fulgurante entre 1960 et 1967. Il découvre les hallucinogènes, LSD, peyotl, mescaline, en servant de cobaye rémunéré à l'hôpital pour anciens combattants de Menlo Park. En 1962, il écrit "One Flew Over the Cuckoo's Nest", qui lui donne la notoriété et lui permet d'acquérir la fameuse demeure de La Honda, dans les collines de Palo Alto, haut lieu de la future culture "psychédélique" et de ses flash LSD; puis un second roman, "Sometimes a Great Notion" (1964). On retrouve Ken Kesey traversant les Etats-Unis dans un vieux bus, en compagnie de Neal Cassady, l'ancien compagnon de Kerouac. Cette fameuse odyssée est rapportée par Tom Wolfe (1931) dans "The Electric Kool-Aid Acid Test" (1968) : Wolfe est  l'un des grands initiateurs du "New Journalism", avec Gay Talese et Jimmy Breslin, mouvement d'investigation artistique déclinée à la première personne et s'impliquant dans l'évènement, qui apparaît dans les années soixante. Entre temps, Haight-Asbury devient l'emblématique quartier hippie de San Francisco et Ken Kesey sombre totalement dans la drogue, tente de fuir au Mexique et se retrouve condamné quelques mois en 1967.

 

"One Flew Over the Cuckoo's Nest"

(Vol au-dessus d'un nid de coucou, 1962)
Le héros, Randle Patrick McMurphy, condamné pour coups et blessures après une bagarre, préfère feindre la folie et se faire enfermer dans un asile plutôt que de devoir effectuer des travaux de terrassement dans  une ferme pénitentiaire. Il se retrouve pris dans les rouages d'une machine administrative qui n'a pour seule obsession que de réduire les patients à la normalité la plus extrême. Il tente d'entraîner les autres patients dans une guérilla ouverte avec l'infirmière-en chef et ses homologues. Le roman, relayé par le film de Milos Forman et la prestation de Jack Nicholson (1976), a laissé de mémorables souvenirs, la définition du psychopathe que donne McMurphy, "tout homme qui castagne trop et qui baise trop", l'entreprise d'abrutissement et de castration systématique mise en oeuvre pour réduire toute individualité, le personnage du géant "Chef Balai" achevant dans la douleur un McMurphy lobotomisé..

 

"They're out there. “

Black boys in White suits up before me to commit sex acts in the hall and get it mopped up before I can catch them.

They're mopping when I come out the dorm, all three of them sulky and hating everything, the time of day, the place they're at here, the people they got to work around. When they hate like this, better if they don't see me. I creep along the wall quiet as dust in my canvas shoes, but they got special sensitive equipment detects my fear and they all look up, all three at once, eyes glittering out of the black faces like the hard glitter of radio tubes out of the back of an old radio.

"Here's the Chief. The son-pah Chief, fellas. Ol' Chief Broom. Here you go, Chief Broom..."

Stick a mop in my hand and motion to the spot they aim for me to clean today, and I go. One swats the backs of my legs with a broom handle to hurry me past.

"Haw, you look at 'im shag it? Big enough to eat apples off my head an' he mine me like a baby."

They laugh and then I hear them mumbling behind me, heads close together. Hum of black machinery, humming hate and death and other hospital secrets. They don't bother not talking out loud about their hate secrets when I'm nearby because they think I'm deaf and dumb. Everybody think so. I'm cagey enough to fool them that much. If my being half Indian ever helped me in any way in this dirty life, it helped me being cagey, helped me all these years.

I'm mopping near the ward door when a key hits it from the other side and I know it's the Big Nurse by the way the lock works cleave to the key, soft and swift and familiar she been around locks so long. She slides through the door with a gust of cold and locks the door behind her and I see her fingers trail across the polished steel -tip of each finger the same colour as her lips. Funny orange. Like the tip of a soldering iron. Colour so hot or so cold if she touches you with it you can't tell which.

She's carrying her woven wicker bag like the ones the Umpqua tribe sells out along the hot August highway, a bag shape of a tool box with a hemp handle. She's had it all the years I been here..."

 

"Sometimes a Great Notion" (Et quelquefois j’ai comme une grande idée , 1964)

Deuxième roman de Ken Kesey, sans doute un des chef-d’œuvres de la littérature de l’Ouest américain, dans lequel une famille de bûcherons de l'Oregon, sous l'impulsion de son chef Henry Stamper (Henry Fonda), particulièrement entêté et sectaire, entre en conflit avec la population locale, celle de la ville fictive de Wakonda, en refusant de s'associer à une grève générale qui fait suite à une menace de baisse des salaires.La tension monte d'un cran dans cette famille à personnalités multiples et conflictuelles lorsque Leland, le fils cadet de la famille, rejoint la maisonnée et fait remonter à la surface de pénibles souvenirs familiaux, dont sa haine pour son demi-frère, et fils aîné, Hank. Réaliste et expérimental par ses multiples narrateurs et ses changements de forme, c'est bien l'incommunicabilité de personnages sous tension perpétuelle qui est ici au centre de l'intrigue. 

"Along the western slopes of the Oregon Coastal Range . .. come look: the hysterical crashing of tributaries as they merge into the Wakonda Auga River . . . The first little washes flashíng like thick rushing winds through sheep sorrel and clover, ghost fern and nettle, sheering, cutting . . . forming branches. Then, through bearberry and salmonberry, blueberry and blackberry, the branches crashing into creeks, into streams.  Finally, in the foothills, through tamarack and sugar pine, shittim bark and silver spruce - and the green and blue mosaic of Douglas fir-the actual river falls five hundred feet . . . and look: opens out upon the fields.

Metallic at first, seen from the highway down through the trees, like an aluminum rainbow, like a slice of alloy moon. Closer, becoming organic, a vast smile of water with broken and rotting pílingsjiagged along  gums, foam clinging to the lips. Closer still, it flatterns into a river, flat as a street, cement-gray with a texture of rain. Flat as a rain-textured street even during flood season because of a channel so deep and a bed so smooth: no shallows to set up buckwater rapids, no rocks to rile the surface ... nothing to indicate movement except the swirling clots of yellow foam skimming seaward with the wind, and the thrusting groves of flooded bam, bent taut and trembling by the pull of silent, dark momentum. 

A river smooth and seeming calm, hiding the cruel file-edge of its current beneath a smooth and calm-seeming surface. 

The highway follows its northern bank, the ridges follow its southern. No bridges span its fïrst ten miles. And yet, across, on that southern shore, an ancient two-story wood-frame house rests on a structure of tangled steel, of wood and earth and sacks of sand, like a two-story bird with split-shake feathers, sitting fierce in its tangled nest,

Look . . .

Rain drífts about the windows. Rain filters through a haze of yellow smoke issuing from a mossy-stoned chimney into slanting sky. The sky runs gray, the smoke wet-yellow. Behind the house, up in the shaggy hem of mountainside, these colors mix windy distance, making the hillside itself run a muddy green..."

 

Le roman a été adapté au cinéma en 1971, de et avec Paul Newman (Hank Stamper) qui joue aux côtés de Henry Fonda (Henry Stamper) et Lee Remick (Viv Stamper, la femme de Hank)....


Charles Webb (1939) - Le Lauréat (The Graduate, 1963)

L'adaptation cinématographique tournée en 1967 par Mike Nichols, avec Dustin Hoffman et Anne Bancroft, a éclipsé ce roman de 1963 qui offre une critique de la classe moyenne blanche américaine suffisante pour pouvoir contribuer à des remises en cause plus radicales à la fin de cette décennie. La scène du scaphandre, l'embarras qu'éprouve Benjamin Braddock, qui a fini ses études et est retourné chez ses parents en Californie pour quelques jours, lorsqu'il réserve une chambre d'hôtel pour y retrouver Mme Robinson, mère de sa fiancée présumée et amie de ses parents, sont effectivement dans le roman. L'auteur y reconnaît nombre d'éléments autobiographiques. Rien dans la carrière de Mike Nichols n'égalera l'impact du "Lauréat" et le film, renforcé par la musique de Simon & Garfunkel emballera toute une jeunesse et propulsera Dustin Hoffman (1937) au firmament des stars. Sa petite taille, ses yeux marrons, son tempérament nerveux, son passage à l'Actors Studio de New York, sa nomination  à l'Oscar dès son premier rôle, entraînent Dustin Hoffman sur d'autres performance époustouflantes telles que celle de Ratso Rizzo dans "Macadam Cow-boy" (1969), "Little Big Man" (1970), "Straw Dogs" (1971), "Marathon Man" (1976), "Kramer vs Kramer" (1979), "Rain Man" (1988)...