Femmes fatales et film noir - Ida Lupino - Carole Landis - Mary Astor - Veronica Lake - Barbara Stanwyck - Gene Tierney - Claire Trevor - Joan Bennett - Ann Savage - Linda Darnell - Ann Blyth -  Lauren Bacall - Martha Vickers - Doris Dowling - Jean Gillie - Rita Hayworth - Ava Gardner - Lana Turner - Lizabeth Scott - Audrey Totter - Jane Greer - Alida Valli - Marie Windsor - Yvonne DeCarlo - Peggy Cummins - Jean Simmons - Marilyn Monroe - Gloria Grahame - Cleo Moore - Jean Peters - Gaby Rodgers- Jane Russell - Mamie Van Doren - Kim Novak  -... 

Last update: 10/10/2017

 

Claire Trevor incarne l'une des toutes premières femmes fatales de l'histoire du film noir (Murder my Sweet, 1944). La femme fatale est une créature raffinée et sensuelle qui représente un danger émotionnel pour ses victimes, en l'occurrence l'homme. Elle sait le dépouiller de ses valeurs, de sa morale, de ses biens, peut l'aimer à sa manière mais le pousse à l'obsession. Le film noir s'empare du personnage de la femme fatale et traduit, semble-t-il, le bouleversement des rapports homme-femme qui surgissent après la Seconde Guerre mondiale. Dans "The Woman in the window", le professeur Richard Wanley (Edward G.Robinson) se laisse entraîner dans un rêve qui vire au cauchemar après avoir rencontré une belle jeune femme vêtue de noir (Joan Bennett). Rita Hayworth, dans "Gilda" (1946), ne se contente que de retirer un gant dans la scène légendaire de son "strip-tease" en chantant "Put the Blame on Mame", mais elle montre à quel point elle ne se laissera pas réduire à l'état d'objet. Dans "The Killers" (1946), Ole Andersen (Burt Lancaster) attend la mort avec résignation pour n'avoir pas pu, au bout du compte, résister au pouvoir d'attraction de Kitty (Ava Gardner). Gene Tierney (1920-1991), avec ses pommettes saillantes et son sourire éblouissant, sera considérée comme l'une des plus belles femmes du cinéma hollywoodien des années 1940. "Laura" (1944) lance sa carrière et son plus beau rôle sera celui d'une veuve solitaire et romantique dans "The Ghost and Mrs Muir" (Mankiewcz, 1947). Dans "Leave to Heaven" (Stahl, 1945), elle incarnera l'une des femmes fatales les plus sombres du film noir. Lauren Bacall fut découverte et "façonnée" par Howard Hawks pour donner la réplique au monstre sacré qu'est Humphrey Bogart, pour le film "To Have and have not" (1944), et l'on sait que leur couple jouera encore trois films ensemble (The Big Sleep, 1946; Dark passage, 1947, Key Largo, 1948).... 


Femmes fatales des années 1941-1945 - Ida Lupino (They Drive by Night, 1940) - Carole Landis (I Wake Up Screaming, 1941) - Mary Astor (The Maltese Falcon, 1941) - Veronica Lake (This Gun for Hire, 1942) - Barbara Stanwyck (Double Indemnity, 1944) - Gene Tierney (Laura, 1944) - Claire Trevor (Murder, My Sweet, 1944) - Joan Bennett (The Woman in the Window, 1944) - Ann Savage (Detour, 1945) - Linda Darnell (Fallen Angel, 1945) - Ann Blyth (Mildred Pierce, 1945).... 


Ida Lupino (They Drive by Night, 1940) 

Ida Lupino (1918-1995) débute à Hollywood dans les années 1930 et va dans la décennie suivante tenir quelques-uns des rôles les plus marquants de l'époque. C'est en femme fatale qu'elle croise par deux fois Humphrey Bogart, à partir de 1940, en tant que Lana Carlsen, avec "They Drive by Night" (Une femme dangereuse), et Marie Garson dans "High Sierra" (La Grande Evasion), deux films de Raoul Walsh. Si désormais, à partir de 1941, elle connaît enfin une juste notoriété et va ainsi tourner des rôles de composition avec des réalisateurs aussi talentueux que Raoul Walsh, Nicholas Ray ("On Dangerous Ground", 1952), Harry Horner (Beware, My Lovely, 1952), Michael Gordon("Woman in Hiding", 1950), Jean Negulesco ("Road House", 1948), il n'empêche qu'elle se dit frustrée par les personnages qu'on lui propose, et décide, - elle est sans doute la première à le faire -, de se tourner vers la réalisation, "Not Wanted" est en 1949 le premier des neuf films qu'elle réalisera...


Carole Landis (I Wake Up Screaming, 1941)  

Carole Landis (Frances Lillian Mary Ridste, 1919-1948), qui fut tant affectée par la mort accidentelle de Carole Lombard en 1942, l'une des plus grandes actrices de comédies d'Hollywood dans les années 1930, son modèle d'actrice, sort de l'ombre avec "Mystery Sea Raider" (1940) d'Edward Dmytryk, puis "Topper Returns", de Roy Del Ruth (1941), avant de rejoindre la casting d'un film emblématique des films noirs de cette période, "I Wake Up Screaming" (Qui a tué Vicky Lynn?) de H. Bruce Humberstone : elle y incarne Vicky Lynn, la jeune femme qui posait pour des magazines et qui vient d’être assassinée, les flash-back vont se succéder pour tenter de résoudre le crime, le charmeur Victor Mature concentre tous les soupçons, mais l'imposant inspecteur Laird Cregar n'est pas dupe, et dans l'intrigue Betty Grable, qui joue la soeur de Vicky, et n'est pas encore la pin-up des GI qu'elle sera quelques années plus tard (sa célèbre photo de 1943 dévoileront ses fabuleuses jambes), incarne un rôle inhabituel pour elle. Quant à Carole Landis, elle sera la valeur sûre de quelques comédies, mais son instabilité et ses déceptions amoureuses auront raisons d'elle, elle se suicidera en 1948...


Mary Astor (The Maltese Falcon, 1941)  

Belle starlette rousse devenue actrice en 1921, plus pour réaliser l'ambition familiale que par réelle vocation, et poursuivie par de nombreux "scandales" (accusation d'adultère, publication de son journal intime, garde de sa fille), Mary Astor (1906-1987) acquiert un statut de star dans les années 1930 et 1940. Après avoir joué aux côtés de Bette Davis et de George Brent dans "The Great Lie" d'Edmund Goulding (1941), c'est dans "The Maltese Falcon", en interprétant Brigid O'Shaughnessy, qu'elle devient une singulière femme fatale avec ses cheveux relevés sur sa tête et une duplicité bien assumée. Parenthèse très brève, la suite de sa carrière la positionne dans des comédies dans lesquelles elle jouent le rôle de femme mariée ou de mère : "The Palm Beach Story", de Preston Sturges (1942), avec Claudette Colbert et Joel McCrea, "Little Women", "Meet Me in St. Louis", de Vincente Minnelli, (1944), avec Judy Garland, "Little Women", de Mervyn LeRoy (1949), pour quitter à partir des années 1950 le haut de l'affiche, si ce n'est pour quelques batailles judiciaires et l'écriture de ses mémoires...


Veronica Lake (This Gun for Hire, 1942) 

Blonde platine avec sa fameuse coiffure "peek-a-boo", yeux bleus, pin-up emblématique d'une époque, Veronica Lake (Constance Ockelman) s'est fabriquée une légende en deux ou trois rôles, Sally Vaughn dans "I Wanted Wings" (1941, L'Escadrille des jeunes) de Mitchell Leisen, Mary Wilson dans "Sullivan's Travels", de Preston Sturges (1941), "I Married a Witch", de René Clair (1942). Puis s'enchaînent quelques films noirs, 1946 : Ellen Graham, dans "This Gun for Hire" (Tueur à gages) de Frank Tuttle, adapté du roman "A Gun for Sale" de Graham Greene, avec Alan Ladd, Robert Preston, Laird Cregar, Yvonne De Carlo (1942), Janet Henry dans "The Glass Key", de Stuart Heisler, avec Alan Ladd et Brian Donlevy (1942), et Joyce Harwodd, son dernier grand rôle, dans "The Blue Dahlia" (1946) de George Marshall, avec Alan Ladd. Sa carrière ne dure véritablement que cinq années et, tant son caractère particulièrement difficile que des séries d'échecs cinématographiques, mettent un terme à sa vie publique: on la retrouvera serveuse de bar dans les années 1960...


Barbara Stanwyck (Double Indemnity, 1944; The Strange Love of Martha Ivers, 1946)  

Considérée comme la plus provocante et sexy de ces grandes dames qui forgent l'âge d'or hollywoodien, et ce dans tous les registres, arnaquant le naïf Henry Fonda dans "The Lady Eve", de Preston Sturges (1941) ou poussant Fred McMurray au crime dans "Double Indemnity" de Billy Wilder (1944), vieille fille coincée dans "The Bitter Tea of General Yen", de Frank Capra (1933) ou femme délurée affrontant l'arrivée d'une censure plus contraignante dans les années 1930, insolente et comique dans "Mad Miss Manton" de Leigh Jason (1938) ou particulièrement émouvante dans "Stella Dallas", de King Vidor (1937), Barbara Stanwyck est réputée pour sa volonté et son perfectionnisme, elle qui fut orpheline très jeune, placée en famille d'accueil, devenue chorus girl à 13 ans et s'imposant dès 1930 avec "Ladies of Leisure" de Frank Capra et "Forbidden" (1932) du même réalisateur. Dans les années 1930, elle incarne donc ces femmes combatives et indépendantes qui s'efforcent, non plus de survivre, mais de s'imposer, et poursuivra sur ce registre par la suite : elle est ainsi la puissante propriétaire terrienne Jessica Drummond dans Forty Guns" de Samuel Fuller (1957) qui, habillée en homme, mène ses troupes au fouet. Et c'est un peu par défi qu'elle devient la blonde, perverse et séduisante Phyllis Dietrichson, dans "Double Indemnity", de Billy Wilder (1944), et sa prestation sans concession l'impose immédiatement dans le cercle des égéries du film noir,  Lana Turner, Gene Tierney, Hedy Lamarr, Joan Crawford. La voici incarnant les femmes à l'intelligence vénéneuse et manipulatrice, dans "The Strange Love of Martha Ivers" de Lewis Milestone (1946), ou hystérique et refoulée dans "The Two Mrs. Carrolls" de Peter Godfrey (1947), "Cry Wolf", de Peter Godfrey (1947), "Sorry, Wrong Number" d'Anatole Litvak (1948), et nymphomane d'âge mûr dans "Clash by Night" de Fritz Lang (1952)...

"Crime Of Passion" (1957), by Gerd Oswald, with Barbara Stanwyck, Sterling Hayden...


Gene Tierney (Laura, 1944; Leave Her to Heaven, 1945)  

Grande, fine, élégante, beauté glamour aux pommettes saillantes, Gene Tierney  (1920-1991) connait une enfance dorée, mais lasse de sa vie de privilégiée, décide de devenir actrice et devient très rapidement une vedette à part entière à la 20th Century Fox, tourne avec les plus grands et se montre capable d'incarner tant les femmes plus douces ("Heaven Can Wait" (1943), d'Ernst Lubitsch, "The Ghost and Mrs Muir" (1947), de Joseph L. Mankiewicz) que les plus vénéneuses ("Shanghai Gesture" (1941), de Josef von Sternberg, "Leave Her to Heaven" (1945), de John M. Stahl) ou simple beauté aux pieds nus dans "Tobacco Road" de John Ford (1941). Si "Leave Her to Heaven" (Péché mortel) sera un très gros succès, c'est avec "Laura", d'Otto Preminger, avec Dana Andrews, Clifton Webb, Vincent Price (1944) qu'elle entre dans légende du film noir, alors qu'elle n'apparaît que dans un bref et surprenant flash-back. Otto Preminger continuera à l'utiliser dans ses films noirs ("Whirlpool", 1949; "Where the Sidewalk Ends", 1950), et elle persévère dans le genre avec "Night and the City" (Les Forbans de la nuit), de Jules Dassin (1950), avec Richard Widmark. Sa carrière se brise subitement dans les années 1950, elle contracte la rubéole, donne naissance à une fille lourdement handicapée et sombre dans une dépression dont elle ne relèvera pas...


Claire Trevor (Murder, My Sweet, 1944; Born to Kill, 1947)  

Claire Trevor (Claire Wemlinger, 1910-2000) ne fut jamais une véritable star, n'ayant pas assez d'ambition, dira-t-elle, mais a joué dans près de 70 films, travaillant sous la direction de réalisateurs légendaires comme John Huston et John Ford et côtoyant des acteurs comme John Wayne et Humphrey Bogart, sa carrière culminant dans les films noirs des années 1940, blonde aux belles épaules qui ne détourne jamais son regard. Elle  joue l'ancienne petite amie d'un gangster (Humphrey Bogart), Francey, prostituée condamnée à arpenter le bitume et ravagée par la maladie dans "Dead End" (1937), de William Wyler, la complice d'Humphrey Bogart, qu'elle trahit, dans'' The Amazing Dr. Clitterhouse'' (1938), d'Anatole Litvak, Dallas, la prostituée chassée de la ville dans "Stagecoach" (1939) de John Ford, Ruth Dillon qui, dans "Street of Chance" (1942), de Jack Hively, trompe un Burgess Meredith amnésique qui se croit recherché pour meurtre, la duplicité faite femme et tueuse dans ''Murder, My Sweet'' (1945) de Edward Dmytryk ("You shouldn't kiss a girl when you're wearing a gun. It leaves a bruise"), une ancienne chanteuse de cabaret, Gaye Dawn, Helen Brent, qui se brûle à vouloir séduire un tueur, dans "Born to Kill" (1947), de Robert Wise, la maîtresse alcoolique d'un gangster incarné par Edward G. Robinson dans "Key Largo" (1948), forcée par celui-ci de chanter "Moanin'Low" en échange d'un verre, Pat Cameron, maîtresse d'un truand qui raconte en voix-off la fin tragique de celui-ci, dans "Raw Deal" (1948, Marché de brutes), d'Anthony Mann. Dans les années 1950, Claire Trevor persévère dans ses rôles de femme forte et abusive : May Holst, dans le film catastrophe "The High and the Mighty" (Écrit dans le ciel) de William A. Wellman, avec John Wayne (1954), Lily Fowler, femme et mère désillusionnée dans "Best of the Badmen" (Plus fort que la loi), de William D. Russell (1951), mère ambitieuse dans "Hard, Fast and Beautiful" d'Ida Lupino (1951), et dans "Two Weeks in Another Town" (1962) de Vincente Minnelli, avec Kirk Douglas, Edward G. Robinson et Cyd Charisse,  Claire Trevor se déchaîne ...


Joan Bennett (The Woman in the Window, 1944; Scarlet Street, 1945; The Woman on the Beach, 1947)  

Fille d'un star du muet Richard Bennett, et soeur de Constance Bennett, partenaire de Cary Grant en 1937, la blonde Joan Bennett (1910-1980) joue les ingénues dans les années 1930 avant de devenir et de s'imposer glamour et sexy brune fatale : "Trade Winds" (La Femme aux cigarettes blondes, 1938), de Tay Garnett, avec Fredric March et Ralph Bellamy, "The Woman on the Beach", de Jean Renoir (1947), "Secret Beyond the Door", Fritz Lang (1948), "The Reckless Moment" (1949), de Max Ophüls. Mais Fritz Lang qui la fait entrer dans le cercle des femmes fatales, lorsqu'elle interprète Alice Reed, dans "The Woman in the Window" (La Femme au portrait , 1944), puis Katharine March, dans "Scarlet Street" (La Rue rouge, 1945), ensorcellant, sans la moindre parcelle d'humanité, et plongeant dans un véritable cauchemar Edward G. Robinson. Les années 1960 verront la carrière de Joan Bennett se fracasser dans une histoire d'adultère...


Ann Savage (Detour, 1945)  

Ann Savage (Bernice Maxine Lyon, 1921-2008) n'est pas de ces héroïnes manipulatrices et glamour qui vont consteller le film noir, mais une femme réelle, naturelle, qui va s'imposer dans un monde cinématographique qui tourne autour des acteurs masculins, et qui va résister aux avances sexuelles du patron du studio Harry Cohn pour travailler tout de même sur nombre de films en 1943-44, certes série-B : "One Dangerous Night" (1943), avec Warren William, "After Midnight with Boston Blackie" (1943), "Passport to Suez" (1943), "Dangerous Blondes" (1943), "Ever Since Venus" (1944) - "All the actresses had to do was to look lovely, since the dialogue was ridiculous", écrira-t-elle. "Detour", fillm devenu culte à petit  budget, d'Edgar G. Ulmer, révèle Ann Savage en Vera, femme sans relief et prédatrice qui, loin d'une fascinante Barbara Stanwyck, fait de l'auto-stop, épie silencieusement Tom Neal, le conducteur, découvre sa véritable identité, menace de le dénoncer, s'incruste dans sa vie jusqu'au dénouement tragique. Elle tourne ensuite dans "The Spider" (1945),  film noir, toujours de série-B, dirigé par Robert D. Webb, et quitte le cinéma dans un petit rôle dans un western d'Allan Dwan,"The Woman They Almost Lynched", en 1953...


Linda Darnell (Fallen Angel, 1945)  

Petite-fille d'un grand-père cherokee, la belle Linda Darnell (Monetta Eloyse Darnell, 1923-1965) signe son premier contrat avec la Fox à seize ans, tourne dans 

"Hotel for Women" et "Day-Time Wife", de Gregory Ratoff (1939), à l'époque où débutent de même des Gene Tierney, Maureen O'Hara, Betty Grable ou Anne Baxter, mais fut longtemps cantonnée dans des rôles exotiques ou typés, espagnole affrontant Rita Hayworth dans "Blood and Sand", de Rouben Mamoulian (1941), indienne ("Buffalo Bil", de William A. Wellman,1944), ou mexicaine (The Mark of Zorro (1940), de Rouben Mamoulian, avec Tyrone Power), voire eurasienne (Anna and the King of Siam (1946), de John Cromwell, avec Irene Dunne et Rex Harrison), puis devint une beauté brune fatale, incarnant la belle serveuse de bar courtisée par Dana Andrews et assassinée par Charles Bickford dans "Fallen Angel" (Crime passionnel), d'Otto Preminger (1945), la chanteuse de cabaret manipulant le compositeur Laird Cregar et mourrant assassinée dans "Hangover Square", de John Brahm (1945). Elle continue sur sa lancée en tenant les premiers rôles dans un grand nombre de films d'aventure et de western, réalisés par les maîtres du genre : "It Happened Tomorrow" (C'est arrivé demain), de René Clair (1944), "My Darling Clementine" (La Poursuite infernale), de John Ford, avec Henry Fonda et Victor Mature (1946), incarne la si sulfureuse Ambre St Clare dans "Forever Amber", d'Otto Preminger (1947) et acquiert le statut de star, "Unfaithfully Yours", de Preston Sturges (1948), "A Letter to Three Wives" (Chaînes conjugales), de Joseph L. Mankiewicz, le grand amour de sa vie, rivalisant avec Jeanne Crain et Ann Sothern (1949), "Blackbeard the Pirate", de Raoul Walsh (1952), "Second Chance" (Passion sous les tropiques), de Rudolph Maté,avec Robert Mitchum (1953). Mais elle échoue à obtenir le rôle de "The Barefoot Contessa" qui échoit à Ava Gardner, et à 31 ans ne parvient plus à obtenir le moindre rôle consistant, elle sombre dans l'alcoolisme et meurt dans un incendie à Chicago en 1965...


Ann Blyth (Mildred Pierce, 1945)

Ann Blyth (1928) débute  comme vedette d'une émission de radio à six ans, puis à Broadway, alors adolescente, et semble destinée aux comédies musicales. Mais à dix-sept ans, en 1945, elle est choisie pour incarner la fille manipulatrice et sans scrupule à laquelle Joan Crawford sacrifie, jusqu'à en perdre la raison, tous les caprices, dans "Mildred Pierce", de Michael Curtiz : la performance de Blyth est un étonnant mélange, pour sa jeune carrière, de férocité et de venin qui résiste à l'épreuve du temps. Mais l''année qui suit la voit immobilisée pendant quatorze mois suite à un accident et surtout perdre sa mère et se retrouver sans famille. Dans les années 1950, elle quitte le film noir pour revenir à ses premiers amours, la comédie, la comédie musicale, et des films d'aventures...


Femmes fatales des années 1946-1949 - Lauren Bacall (The Big Sleep, 1946) - Martha Vickers (The Big Sleep, 1946) - Doris Dowling (The Blue Dahlia, 1946) - Jean Gillie (Decoy, 1946) - Rita Hayworth (Gilda, 1946) - Ava Gardner (The Killers, 1946) - Lana Turner (The Postman Always Rings Twice, 1946) - Lizabeth Scott (Dead Reckoning, 1947)  - Audrey Totter (Lady in the Lake, 1947) - Coleen Gray (Kiss of Death, Nightmare Alley, 1947) - Jane Greer (Out of the Past, 1947) - Alida Valli (The Paradine Case, 1947) - Marie Windsor (Force of Evil, 1948) - Yvonne DeCarlo (Criss Cross, 1949) ... 


Lauren Bacall (The Big Sleep, 1946)

Lauren Bacall (Betty Joan Perske) forme avec Humphrey Bogart un couple mythique partageant l'affiche de quatre films "To Have and Have Not" (Le Port de l'angoisse) d' Howard Hawks (1944), "The Big Sleep" (Le Grand Sommeil) d'Howard Hawks (1946), "Dark Passage" (les Passagers de la nuit) de de Delmer Daves (1947), "Key Largo" de John Huston (1948), avec Edward G. Robinson et Claire Trevor. Voix grave et sexy, d'une présence exceptionnelle à l'écran, Nancy et Howard Hawks la refaçonnent en mettant en valeur sa chevelure soyeuse, sa bouche généreuse, une allure sophistiquée et ce fameux regard ("The Look") qui lui vient de ce qu'elle baiise la tête devant une caméra qui la terrifie et ne lève les yeux que pour regarder son partenaire. Hawks, peut-être par jalousie, rompt son contrat après 1946 et passe la main à des réalisateurs qui ne sauront pas la mettre autant en valeur : "Young Man with a Horn" (La Femme aux chimères) de Michael Curtiz, avec Kirk Douglas (1950), "How to Marry a Millionaire", de Jean Negulesco, avec Marilyn Monroe (1953) , "Woman's World", de Jean Negulesco (1954), "The Cobweb", de Vincente Minnelli, avec Richard Widmark (1955), "Blood Alley" de William A. Wellman, avec John Wayne (1955). A la mort de Bogart (1957), Lauren Bacall travaille à Broadway dans la comédie musicale "Applause", puis entre dans des rôles de composition, drôle ou dramatique, avec les plus grands réalisateurs : "Harper" (Détective privé) de Jack Smight, avec Paul Newman (1966), "Murder on the Orient Express" de Sidney Lumet, avec Albert Finney (1974), "The Shootist", de Don Siegel, avec John Wayne (1976), "The Fan", d'Edward Bianchi (1981)...


Martha Vickers (The Big Sleep, 1946)

Martha Vickers (Martha MacVicar, 1925-1971) est révélée en 1946 dans "Big Sleep" de Howard Hawks : elle y interprète Carmen Sternwood, la jeune sœur nymphomane et droguée de Lauren Bacall qui lance à tous les hommes qu'elle rencontre "You're so cute" et dont Philip Marlowe cherche des photos compromettantes. Auparavant elle avait fait sa première apparition en 1942-1943 dans "Frankenstein Meets the Wolf Man", "Captive Wild Woman" et "The Mummy's Ghost" (1944), et avait entamé une carrière de pin-up durant la Deuxième Guerre mondiale (couvertures de "Yank, The Army Weekly" en 1944 et 1945). Elle tourne par la suite dans le film musical "The Time, the Place and the Girl" de  David Butler(1946), "The Man I Love" (1947), de Raoul Walsh, avec Ida Lupino, Robert Aldan, Bruce Bennett, et obtient un des rôles principaux dans "That Way With Women" (1947), de  Frederick de Cordova. Elle se se retire du cinéma en 1960.


Rita Hayworth (Gilda, 1946; The Lady from Shanghai, 1948) 

Danseuse à l'érotisme intense, "the love goddess" des années 1940, beauté sophistiquée, certes, mais tout simplement rayonnante, pinp-up pour les armées pendant la guerre, Rita Hayworth (1918-1987), élevée dans une famille de danseurs, Rita Cansino débute par des rôles exotiques (1935, "Charlie Chan in Egypt", "Under the Pampas Moon") et anglicise son nom, gravit un échelon en jouant dans des films de série B (1938, "Who Killed Gail Preston?") avant d'être réinventée, reconstruite par Harry Cohn, le patron de la Columbia qui en fait une star glamour : naturellement brune, elle devient rousse, subit des électrolyses pour agrandir son front. Dans ses premiers grands films, les hommes qu'elle rencontre finissent tous dans les bras du premier rôle féminin ("Only Angels Have Wings", de Howard Hawks (1939), avec Cary Grant et Jean Arthur, "The Strawberry Blonde", de Raoul Walsh (1941), avec James Cagney  et Olivia de Havilland), puis devient une partenaire voluptueuse dans les comédies musicales, telles que "You'll never get rich" (de Sidney Lanfield, avec Fred Astaire, 1941), "My Gal Sal" (de Irving Cummings, 1942), ou "Cover girl" (La Reine de Broadway, de Charles Vidor, avec Gene Kelly, 1944). En 1946, Charles Vidor lui donne son rôle emblématique, "Gilda", avec Glenn Ford  et George Macready, elle chante et danse, embrase la salle avec ce fameux strip-tease qui se réduit à enlever lentement ses longs gants, mais la scène sera suffisamment suggestive pour ne pas marquer l'histoire du cinéma. Et si Orson Welles, alors qu'ils sont tous deux en plein divorce, lui offre son grand rôle de femme dangereuse dans le fameux et labyrinthique "The lady From Shanghai" (1948), Rita Hayworth semble s'être consumée dans ses deux derniers rôles, quitte Hollywood et mène une vie de princesse en Europe, puis refait un tour en grande tentatrice dans "Miss Sadie Thompson" de Curtis Bernhardt, en 1953 ...

"The Lady from Shanghai" (1948), by Orson Welles, with  Welles, his estranged wife Rita Hayworth and Everett Sloane...


Ava Gardner (The Killers, 1946)

Déesse de l'écran et légendaire beauté un tant soit peu boudeuse, Ava Gardner (1922-1990) est la septième et dernier enfant de pauvres planteurs de tabac que la MGM repère, installe à Hollywood en 1941 et place dans des films de série B. Son premier rôle d'importance est celui de Kitty Collins, dans "The Killers" (Les Tueurs),  de Robert Siodmak (1946), avec un Burt Lancaster, aveuglé par la passion au point de se laisser tuer sans résistance. Mais c'est toujours pour sa somptueuse plastique qu'elle est enrôlée comme dans "One Touch of Venus" de William A. Seiter (1948) ou "The Great Sinner", de Robert Siodmak (1949), avec Gregory Peck. Deux rôles vont pourtant éclairer sa carrière : Pandora Reynolds, une chanteuse américaine qui fascine tous les hommes, dans "Pandora and the Flying Dutchman" d'Albert Lewin, tentatrice tourmentée qui mène les hommes à la ruine et tente de rejoindre James Mason dans l'au-delà (1951). Et l'étincelante Maria Vargas, dans "The Barefoot Contessa" (La Comtesse aux pieds nus) de Joseph L. Mankiewicz (1954), qui tente de maîtriser ses démons face à Humphrey Bogart. Après son divorce avec Frank Sinatra, en 1955, elle s'installe en Espagne et tourne dans des films prestigieux qui valorisent son visage d'ange et son corps de rêve : "Mogambo", de John Ford, avec Clark Gable (1953), "The Sun also rises", de Henry King, avec Tyrone Power, Mel Ferrer (1957), "The Naked Maja", de Henry Koster (1958), "On the Beach", de Stanley Kramer, avec Gregory Peck, Fred Astaire, Anthony Perkins (1959), "55 Days at Peking", de Nicholas Ray, avec Charlton Heston et David Niven (1963), "Seven Days in May", de John Frankenheimer, avec Burt Lancaster et Kirk Douglas (1964), le splendide "The Night of the Iguana", de John Huston,  la flamboyante Maxine Faulk (Ava Gardner) entraîne dans sa troublante lascivité Richard Burton et Deborah Kerr. En 1968, elle s'installe à Londres et vit en recluse...

"My Forbidden Past" (1951), de Robert Stevenson, avec Robert Mitchum, Ava Gardner, Melvyn Douglas

Dans The Killers, Burt Lancaster tombe immédiatement sous le charme d'Ava Gardner, sous les yeux impuissants de Virginia Christine….


Lana Turner (The Postman Always Rings Twice, 1946)

En 1937, dans un de ses premiers films, Lana Turner, dit la légende, est étiquetée "The Sweater Girl", grâce à un pull en laine bleu serré qu'elle portait dans "They Won' t Forget" (La ville gronde) de Mervyn LeRoy. Mais Lana Turner (Julia Jean Mildred Frances Turner, 1921-1995) dut  lutter pour obtenir des rôles à la mesure de sa beauté plastique incontestable et seuls deux personnages ont fait réellement mémoire en tant qu'actrice, Cora Smith, dans "The Postman always rings twice" (Le facteur sonne toujours deux fois), de Tay Garnett (1946), et Georgia Lorrison, dans "The Bad and the beautiful" (Les Ensorcelés), de Vincente Minnelli (1953). Quelque peu effacée dans ses nombreuses comédies, elle surprend pourtant lorsqu'elle incarne l'élégante et sensuelle fiancée de Jekyll, face à une surprenante Ingrid Bergman qui a voulu jouer la maîtresse martyrisée de Hyde, dans le "Dr. Jekyll and Mr. Hyde" de Victor Fleming, avec Spencer Tracy (1941), et donne la réplique aux plus grands acteurs de la Metro-Goldwyn-Mayer dans quatre films notables, "Ziegfeld Girl", film musical de Robert Z. Leonard (1941), dans lequel Judy Garland s'impose, Hedy Lamarr privilégie sa vie de femme mariée et Lana Turner sombre dans la dépravation entraînant son fiancé James Stewart dans son sillage; "Honky Tonk", de Jack Conway (1941), avec Clark Gable; "Johnny Eager", de Mervyn LeRoy (1942), avec Robert Taylor, et "The Bad and the Beautiful" réalisé par Vincente Minnelli, sorti en 1952, un Kirk Douglas qui lui reproche son jeu mais lui reconnaît attirer tous les regards des spectateurs. Cora Smith, dans "The Postman always rings twice", est parfaite de sensualité, chanteuse ratée un peu vulgaire, mais chargée du glamour hollywoodien, et ce film noir reste une exception dans sa carrière. "The Three Musketeers", de George Sidney, en 1948, lui ouvre le rôle flamboyant d'une Lady de Winter en Technicolor face à Gene Kelly et Vincent Price. Lana Turner traverse les années 1950 dans des rôles improbables, romantique, dramatique ou comédie ("The Prodigal" (1955), de Richard Thorpe, "The Sea Chase" (1955), de John Farrow, "Peyton Place" (1957), de Mark Robson), connaît une vie privée particulièrement tumultueuse (sept mariages et d'innombrables liaisons, un énorme scandale en 1958 lorsque sa fille poignarde un de ses amants, le gangster Johnny Stompanato), abrège sa carrière et termine toutefois avec trois succès, "Imitation of Life" (Mirage de la vie), de Douglas Sirk (1959), "Madame X", de David Lowell Rich (1966), "The Big Cube", de Tito Davison (1969)....


Lizabeth Scott (Dead Reckoning, 1947; Pitfall, 1948; Too Late For Tears, 1949)

La Paramount tenta de faire d'ELizabeth Scott (Emma Matzo, 1922-2015), blonde aux yeux clairs, à la voix un peu rauque, une Veronica Lake ou Lauren Bacall, mais en vain, d'autant qu'elle dut affronter en 1954 des allusions pleines de sous-entendues sur son "célibat". En 1946, Lizabeth Scott participe au succès de "The Strange Love of Martha Ivers" (L'Emprise du crime), de Lewis Milestone, incarnant Toni Marachek qui rencontre un soir Van Heflin, l'ami de la machiavélique Barbara Stanwyck, et partage ave  Kirk Douglas l'un de leurs premiers grands rôles. Lizabeth Scott incarne Dusty Chandler dans  "Dead Reckoning" (En marge de l'enquête), et tombe dans le piège tenu par la Warner pour reconduire le succès d'Humphrey Bogart dans "The Big Sleep" et faire de la jeune actrice un clône de Lauren Bacall (1947), puis elle est l'ingénue Mona Stevens, maîtresse de Dick Powell, marié et père de famille, qui tombe dans le pège machiavélique tendu par Jane Wyatt et Raymond Burr dans "Pitfall", d'André De Toth (1948), - "I wanted Lizabeth Scott. I didn't want some blonde with big tits. You had to believe that this girl was real. Even if I took one of these over-sexed types who could not act, it would change how the Powell character is drawn into the affair", écrit André de Toth -. En 1948, dans "I Walk Alone" (L'Homme aux abois), de Byron Haskin, Lizabeth Scott interprète Kay Lawrence, déchirée entre deux truands, deux frères, deux trahisons, Burt Lancaster et Kirk Douglas qui se disputent un butin. En 1949, elle est Jane Palmer, dans "Too Late for Tears", de Byron Haskin, et joue son dernier rôle de femme fatale. Elle jouera par la suite dans d'autres films d'un genre différent mais n'aura donné sa pleine mesure que dans le film noir : "Dark City" (La Main qui venge), de William Dieterle, avec Charlton Heston (1950), "Paid in Full" (La Rue de traverse) de William Dieterle, avec Robert Cummings (1950), "Red Mountain", de William Dieterle, avec Alan Ladd (1951)...


Audrey Totter (Lady in the Lake, 1947)

Audrey Totter (1917-2013) fait son apparition dans le cinéma dans Main Street After Dark (1945), avec ce détachement glacial et maussade qui laisse présager quelques rôles dans le film noir.  Dans The Sailor Takes a Wife (1946), elle joue un vampire essayant d'éloigner Robert Walker de la douce June Allyson. Elle fait une brève  apparition dans The Postman Always Rings Twice (1946). comme serveuse de John Garfield. En 1947, Totter tourne quatre films, Adrienne Fromsett, qui charge Philip Marlowe retrouver Crystal, l'épouse de Derace Kingsby, son employeur et amant, dans "Lady in the Lake" ( La Dame du lac), de Robert Montgomery, Jean O'Leary dans "The Beginning or the End" (Au carrefour du siècle), de Norman Taurog, Althea Keane et nièce de Claude Rains dans "The Unsuspected" (Le crime était presque parfait), de Michael Curtiz, le psychiatre Ann Lorrison essayant d'aider l'amnésique Robert Taylor dans "High Wall" (Le Mur des ténèbres), de Curtis Bernhardt. Avant qu'elle n'abandonne le cinéma pour sa famille, après 1951, elle aura joué notamment dans "The Set-Up" (Nous avons gagné ce soir), de Robert Wise (1949)...


Coleen Gray (Kiss of Death, Nightmare Alley, 1947)
Doris Bernice Jensen (1922-2015), fille d'un agriculteur, native de Staplehurst, Nebraska, s'inscrit dans une école d'art de L.A. et se fait repérer par la 20th Century-Fox. Coleen Gray apparaît ainsi dans deux films noirs emblématiques en 1947, mais n'a jamais rencontré le rôle qui lui aurait permis de devenir une star à part entière, ou une de ces femmes fatales telles qu'Audrey Totter ou Lizabeth Scott. Dans "Kiss of Death", elle est la femme de l'ex-détenu Nick Bianco (Victor Mature), Nettie, et le point de mire de Tommy Udo (Richard Widmark). Puis dans "Nightmare Alley", elle est l'interprète de Stanton "Stan" Carlisle (Tyrone Power) et sa femme mentaliste, Molly. Elle a joué par la suite face à John Wayne dans “Red River” (1949), d'Howard Hawks, à Bing Crosby dans “Riding High” (1950), de Frank Capra, est une infirmière dans "The Sleeping City" (1950), vit les débuts d'une romance naissante avec le détective Fred Rowen (Richard Conte), et rencontre John Payne dans le film particulièrement violent de Phil Karlson, "Kansas City Confidential" (1952), incarne Fay, une femme insatisfaite, dans "The Killing" deStanley Kubrick, puis se retrouve dans nombre de films d'horreur cultes ultérieurs, The Vampire (1957), The Leech Woman (1960) et The Phantom Planet (1961).... 


Jane Greer (Out of the Past, 1947)  

Jane Greer (Bettejane Greer, 1924-2001) fut découverte par Howard Hughes alors qu'elle posait à dix-huit ans sur une affiche de recrutement de la Seconde Guerre mondiale dans un nouvel uniforme. Après de petits rôles de show girls ("The Bamboo Blonde" (1946), d'Anthony Mann), elle débute dans son premier film noir "They Won't Believe Me", d'Irving Pichel (1947) avec Susan Hayward et Robert Young, puis incarne Kathie Moffett, maîtresse du truand Kirk Douglas et manipulant Robert Mitchum, dans "Out of the Past" (La Griffe du passé), de Jacques Tourneur (1947), Janice Bell dans "They Won't Believe Me", d'Irving Pichel (1947), propriétaire de maison de jeu dans "Station West", de Sidney Lanfield (1948), et Jane Fiske, qui vient en aide à Robert Mitchum dans "The Big Steal" (Ça commence à Vera Cruz), de Don Siegel (1949). De 1945 à 1996, c'est plus de vingt-huit films qu'elle tournera dont "The Prisoner of Zenda" de Richard Thorpe en 1952, mais dès 1953, le cinéma n'était plus sa préoccupation majeure...


Alida Valli (The Paradine Case, 1947; The Third Man, 1949) 
Icône du cinéma italien à partir des années 1930, Alida von Altenburger naquit à Pula, aujourd'hui en Croatie mais anciennement part du royaume italien, Alida s'est installée avec sa famille à Côme, dans le nord de l'Italie, alors qu'elle était encore une jeune fille. À la mort de son père, elle part avec sa mère à Rome, où elle s'inscrit à l'école de cinéma de la capitale, le Centro Sperimentale, qui vient d'être inaugurée. En 1936, elle obtient un petit rôle dans "I due sergenti" (Les deux sergents), réalisé par Enrico Guazzoni. Elle devient Alida Valli en 1937, réalise cinq films et s'impose comme l'une des plus grandes stars du cinéma italien, apparaissant surtout dans des comédies ou des mélodrames romantiques. En 1940, elle est l'héroïne de l'adaptation par Mario Soldati du roman de Fogazzaro du XIXe siècle, Piccolo Mondo Antico. Le film est un triomphe et Alida a remporté le prix de la meilleure actrice. Pendant la seconde guerre mondiale, elle a réalisé de nombreux films, dont le saisissant "Noi Vivi/Addio Kira !" (Nous les vivants), réalisé par Goffredo Alessandrini. Après la guerre, David Selznick lui offre un contrat à Hollywood elle y tourne son premier film américain, "The Paradine Case" (1947) d'Hitchcock, dans lequel sa beauté froide ne révèle pas entièrement toutes ses potentialités. En 1948, c'est "Miracle of the Bells", dans lequel elle partage la vedette avec Frank Sinatra, qu'elle décrira plus tard comme "la plus grande passion (non partagée) de ma vie". Le film est un échec. Puis vint "The Third Man" (1949) de Carol Reed, elle y incarne Schmidt, la petite amie en deuil de Harry Lime, son meilleur rôle en anglais. Au milieu des années 1950, sa carrière entre dans une nouvelle phase avec des rôles dans des films d'auteur comme "Senso" (1954) de Visconti, dans lequel elle joue une comtesse italienne amoureuse d'un officier autrichien (Farley Granger), et "Il Grido" (1957) d'Antonioni, qui lui a valu une énorme réputation. On la retrouvera dans Oedipus Rex (1967) de Pasolini, The Spider's Strategem (1970), 1900 (1976) et La Luna (1979) de Bertolucci....


Femmes fatales des années 1950-1959 - Peggy Cummins (Gun Crazy, 1950) - Jean Simmons (Angel Face, 1952) - Peggie Castle (99 River Street, 1953) - Marilyn Monroe (Don't Bother to Knock, 1952) -Gloria Grahame (The Big Heat, 1953) - Cleo Moore (One Girl's Confession, 1953) - Jean Peters (Pickup on South Street, 1953) - Gaby Rodgers (Kiss Me Deadly, 1955) - Jane Wallace (The Big Combo, 1955) - Jane Russell (The Revolt of Mamie Stover, 1956) - Jayne Mansfield (The Girl Can't Help it, 1956; Illegal, 1955) - Mamie Van Doren (High School Confidential!, 1958) - Kim Novak (Vertigo, 1958)....


Peggie Castle (99 River Street, 1953)
De nombreuses actrices ont incarné des filles menaçantes et parfaitement haïssables (bad girl), Peggie Castle fut de celles-là, avec sa voix grave et enfumée et ses yeux verts interrogateurs, sans être sexy elle savait jouer les sensuelles et obtenir ce qu'elle voulait.Bien éduquée, ambitieuse, sans illusion, Peggy Blair (1925-1973) naquit dans les Appalaches, en Virginie,et en 1945, à quelques mois de ses 18 ans, épouse un militaire de 24 ans, Revis T. Call : ce sera le premier d'une longue série de changements de nom. Elle entre sur la scène cinématographique en tant que starlette de 18 ans (Mr. Belvedere Goes To College, 1949), joue les filles de saloon endurcies, se décolore les cheveux en blond et connaît un succès modéré en tant que femme fatale, puis se retrouvée sans plus aucun rôle à l'âge de 35 ans. Sa scène la plus célèbre, et qui en dit long sur les personnages qu'elle incarnera, est celle de la jeune femme tuée par balle alors qu'en plein strip-tease. “I’ve been shot, knifed, clubbed, strangled, poisoned and hanged. I’m beginning to feel like the girl everybody hates.” What was it about her that made her, as one headline put it “The Girl They Love To Kill”?
C'est en 1950 qu'elle signe un contrat de sept ans avec Universal, change son pseudonyme en Peggie Castle, s'attache à Audie Murphy, star de films de guerre devenue héros, et entre dans l'école d'art dramatique du studio sous la tutelle de la coach d'Universal, Sophie Rosenstein, cotoyant Rock Hudson, Peggy Dow, James Best, Ann Pearce et Piper Laurie. Elle enchaîne les rôles de serveuse dans "Outside the Wall" de Crane Wilbur, dans le véhicule d'Ida Lupino, "Woman in Hiding", puis opératrice de téléphone dans "I was a Shoplifter", vendeuse de chapeaux dans "Shakedown", un petit rôle dans "Payment on Demand" (1951) avec Bette Davis.sans compter les photos publicitaires à peine vêtue...
Elle persévère dans les petits studios et sociétés de production indépendantes, obtient des rôles plus importants dans des westerns (Wagons West, 1952, Cow Country, 1953, The Yellow Tomahawk, 1954, The White Orchid, 1954, The Oklahoma Woman, 1956), et films de propagande (Invasion USA, 1952). Mais c'est avec Mickey Spillane qui lance sa série Mike Hammer en 1947, qu'elle acquiert un véritable rôle principal féminin : la psychologue sexy Charlotte Manning, dans "I, the Jury" de  Harry Essex (1953), avec Biff Elliot, et l'affiche du film représente une Peggie déboutonnant son chemisier, semblant promettre un fameux strip-tease. La photographie de John Alton et la partition de jazz de Franz Waxman accompagne Peggie, en fin de film, dans une des scènes les plus sensuelles des films noirs. La même année, elle réalisera son meilleur film noir, "99 River Street" de Phil Karlson, incarnant Pauline Driscoll, femme infidèle d'un ex-boxeur devenu chauffeur de taxi Ernie Driscoll (John Payne). 

Peggie joue ensuite un rôle d'importance moindre dans "The Long Wait" (1954), autre adaptation de Spillane, qui met en vedette Anthony Quinn dans le rôle d'un amnésique nommé Johnny McBride qui découvre qu'il est recherché pour meurtre; ici encore, notre actrice reçoit une balle mais survit. "Nobody likes nice women on the screen. Nice women are dull"... En 1955, elle donne une de ses meilleures interprétation noire dans "Finger Man" d'Harold Schuster, puis goûte aux films d'horreur avec "Back from the Dead", de Catherine Turney, jouant le rôle d'une femme possédée par le fantôme de la première femme de son mari. En 1957, elle affronte des sauterelles géantes tueuses dans "Beginning of the End". Et comme toute la génération de ces stars de second plan des années 1950, lorsque le marché des films de série B s'est tari, c'est au travers de la Télévision qu'elles vont tenter de relancer leur carrière...


Peggy Cummins (Gun Crazy, 1950)
Peggy Cummins est née à Prestatyn, au Pays de Galles, en 1925. Avec un visage qui résume à la fois des qualités saines et étonnantes, elle aurait pu être la quintessence de l'affiche représentant "la fille du fermier", mais n'était peut-être pas assez sexy... Elle débuta très tôt, à 13 ans, décrochant un rôle à Londres dans la revue Let's Pretend de 1938, puis enchaîna à 15 ans des apparitions dans "Dr O'Dowd", "Her Man Gilbey", et surtout dans la version West End d'une pièce américaine, "Junior Miss", en 1943. Elle fut découverte par le magnat d'Hollywood Darryl F Zanuck alors qu'elle était adolescente et a presque immédiatement obtenu le rôle principal dans son grand film de l'époque, "Forever Amber" (1947), face à  et basé sur la romance historique sulfureuse de Kathleen Winsor. Elle a eu par la suite des rôles déterminants dans deux films noirs de série B mais particulièrement vénérés par la Nouvelle Vague. Elle joue Joanna Harrington dans le suspens poétique "Night of the Demon" (1957) de Jacques Tourneur avec Dana Andrews. Mais l'œuvre cinématographique la plus importante de la carrière de Peggy pourrait bien être "Gun Crazy" de Joseph H. Lewis (1950), également connu sous le titre "Deadly Is the Female", considéré comme l'un des plus grands films de série B jamais réalisés et comme un film noir essentiel. C'était un drame à la Bonnie and Clyde basé sur une nouvelle de MacKinlay Kantor, mettant en scène un couple de fugitifs rapidement incontrôlables, - Annie Laurie Starr (Cummins) et Bart Tare (John Dall) -,  qui se lancent dans des exploits plus grands que nature, avec des conséquences qui leur seront fatales. Mais le succès fut tardif et Peggy Cummins se retira du cinéma alors qu'elle avait encore que la trentaine. Elle apparaîtra encore dans "Escape" (1948), aux côtés de Rex Harrison, dans "My Daughter Joy" (Operation X, 1950), dans lequel Edward G Robinson incarne un homme d'affaires millionnaire qui gâte sa jeune fille (Cummins). Peggy Cummins retourne ensuite en Grande-Bretagne et réalise une comédie, "To Dorothy a Son" (1954), dans laquelle Shelley Winters incarne une divorcée américaine qui tente d'empêcher son ex de fonder une nouvelle famille. Et dans "Hell Drivers" (1957), ce sera plus l'apparition de Sean Connery que les critiques relèveront que la participation de Peggy Cummins...


Marilyn Monroe (Don't Bother to Knock, 1952; Niagara, 1953) 

Fille d'une mère fragile qui la confie à des foyers d'accueil, Marilyn Monroe (Norma Jean Mortensenh, 1926-1962), grandit dans une instabilité chronique et doit à John Huston son premier rôle significatif, en 1950, "The Asphalt Jungle" (Quand la ville dort), avec Sterling Hayden et Louis Calhern, - son dernier une décennie plus tard, "The Misfits" (1961), divorcée solitaire qui rencontre un trio de cow-boys désargentés -. Dans "Don't Bother to Knock" (Troublez-moi ce soir, 1952), de Roy Ward Baker, Marilyn Monroe semble prise dans son personnage de nurse qui cache à ses employeurs qu'elle sort d'un hôpital psychiatrique, emprunte la robe et le bijoux de la mère de la petite fille qui lui est confiée, cherche à séduire Richard Widmark et perd complètement pied. Dans "Niagara" (1953), de Henry Hathaway, Marilyn Monroe incarne une désirable et perverse Rose Loomis qui tente de se débarrasser de son mari, Joseph Cotten, avec la complicité de son amant : en toile de fond, l'omniprésence des chutes du Niagara qui répondent à une Marylin aussi désirable que brutale et un Joseph Cotten assoiffé de vengeance. On connaît la suite, "la blonde incendiaire" à la voix sensuelle et au corps de rêve va enchaîner des chefs d'oeuvre grand-publics, "Gentlemen Prefer Blondes", de Howard Hawks (1953), "How to Marry a Millionaire", de Jean Negulesco (1953), "River of No Return", de Otto Preminger (1954), "There's No Business Like Show Business", de Walter Lang (1954), "The Seven Year Itch", de Billy Wilder (1955), "Bus Stop", de Joshua Logan (1956), "Some Like It Hot", de Billy Wilder (1959), espérer être enfin prise au sérieux comme actrice, avec "The Prince and the Showgirl", de Laurence Olivier (1959), pour sombrer, victime de sa naïve sensualité qu'ont exploité des hommes de pouvoir...

"Niagara", Henry Hathaway, 1953...


Gloria Grahame (The Big Heat, 1953; Human Desire, 1954) 

Fille d'une mère actrice et professeur dramatique, Gloria Grahame (1923-1981) est littéralement une bombe sexuelle, séductrice voluptueuse à la voix rauque qui débute dans de grands rôles de femmes machiavéliques puis se tourne vers de magnifiques rôles de composition. Elle tourne sous contrat RKO et incarne Ginny Tremaine dans "Crossfire", d'Edward Dmytryk, face à Robert Young et Robert Mitchum, la chanteuse Susan Caldwell menacée de mort, dans "A Woman's Secret", de Nicholas Ray, avec Maureen O'Hara et Melvyn Douglas (1949), Laurel Gray, la voisine amoureuse confrontée à un Humphrey Bogart enfermé dans sa détestation du monde et de lui-même dans "In a Lonely Place" (Le Violent) de Nicholas Ray (1950), Rosemary Bartlow, aguicheuse à souhait en épouse de l'écrivain Dick Powell dans "The Bad and the Beautiful" de Vincente Minnelli (1952), Debby Marsh, petite amie d'un gangster qui s'oppose à Glenn Ford dans "The Big Heat" de Fritz Lang (1953), Vicky Buckley, épouse adultère compromise dans un meurtre, dans "Human Desire", de Fritz Lang, avec Glenn Ford (1954), Karen McIver, manipulatrice et infidèle envers son innocent mari, Richard Widmark, dans "The Cobweb", de Vincente Minnelli (1955), et Harriet Lang, qui brise le mariage de Robert Mitchum et d'Olivia de Havilland dans "Not as a Stranger" (Pour que vivent les hommes), de Stanley Kramer (1955). Après ce film, on ne lui propose plus de rôles intéressants et se replie sur la télévision....

"In a Lonely Place", by Nicholas Ray, with Humphrey Bogart and Gloria Grahame (1950)...

"The Big Heat", by Fritz Lang (1953), with Glenn Ford, Gloria Grahame, Lee Marvin...


Jean Peters (Pickup on South Street, 1953)
"Green-eyed beauty" née à Canton, dans l'Ohio, Jean Elizabeth Peters est la beauté aux yeux verts qui brilla, sans l'avoir réellement voulu, quelques années dans le ciel d'Hollywood, sept ans sous contrat avec la 20th Century-Fox (1947-54) avant de rejoindre la vie recluse de l'excentrique milliardaire, Howard Hughes qui l'avait remarquée dès 1947aux côtés de Tyrone Power dans "Captain from Castile", un film réalisé par Henry King, un personnage de la vieille école d'Hollywood qui tourna avec elle trois autres films, dont "Wait Till the Sun Shines, Nellie" (1952). On la retrouve, souvent fougueuse garçonne (on la disait jolie mais on lui reprochait son manque de "chic"), dans "Deep Waters" (1948), de Henry King, "Anne of the Indies" (1951), de Jacques Tourneur, avec Louis Jourdan, "Lure of the Wilderness" (1952), de Jean Negulesco, "Viva Zapata !" (1952), d'Elia Kazan, avec Marlon Brando, le noir "Pickup on South Street" (1953), de Samuel Fuller, avec Richard Widmark, et squaw indienne de Burt Lancaster dans le western "Bronco Apache" (1954), de Robert Aldrich. "Viva Zapata!" consacrera Jean Peters comme une véritable actrice, une Hollywoodienne à part entière, elle qui vivait dans une ferme de l'Ohio jusqu'à son arrivée à Los Angeles deux ans plus tôt.

Mais c'est avec "Pickup on South Street", dans lequel Peters joue le rôle de Candy, une prostituée qui se retrouve sur le chemin de la rédemption après avoir découvert que l'ex-petit ami pour lequel elle travaille comme coursier est un espion communiste, que la critique salua la transformation de Jean Peters :  la fille de la campagne garçon manqué était devenue une  déesse du sexe. Jean Peters Richard Widmark ont en quelques scènes exprimé une extraordinaire intensité sensuelle. Déesse du sexe? Bien malgré elle, Jean Peters se souvenait en effet comment Hughes avait manipulé le personnage de Jane Russell dans The Outlaw en 1943 ("“sex has been overworked by Hollywood..")...

Deux films achèvent de construire sa notoriété, "Niagara" (1953), aux côtés de Joseph Cotten et de Marilyn Monroe, avec qui elle se lia d'amitié, puis le western d'Edward Dmytryk, "Broken Lance" (1954), aux côtés de Spencer Tracy. "Three Coins in the Fountain" (1954) et "A Man Called Peter" (1955), avec Richard Todd, vont clôturer sa carrière...


Jane Russell (The Revolt of Mamie Stover, 1956) 

Grande, voluptueuse, Howard Hughes repère Jane Russell (1921-2011) en 1943 pour "Outlaw", pour ses formes voluptueuses, et de fait ses jambes interminables et sa poitrine généreuse crèvent l'écran, lui vaut la célébrité par le scandale et la propulse dans le monde de Hollywood : le film ne sortira qu'en 1946 tant il affecte la censure. Elle incarne, avec Lana Turner et Rita Hayworth, une sensualité naturelle et devient, pendant la Seconde guerre mondiale, une des pin-ups favorites auprès des soldats américains lors de la Seconde Guerre mondiale. En 1953, autre moment exceptionnel de sa carrière, elle est Dorothy Shaw dans "Gentlemen prefer Blondes", d'Howard Hawks, la brune qui garde les pieds sur terre, à l'exact opposé du personnage de la blonde naïve et vénale  Lorelei Lee qu'incarne Marilyn. Son point fort est en effet une ironie naturelle qui transparaît dans ses nombreuses comédies ("The Pale face" (1948) de Norman Z. McLeod, "Son of Paleface" (1952) de Frank Tashlin, "Montana Belle" (1952) d'Allan Dwan), mais malgré sa filmographie abondante, c'est encore et tours sa plastique et ses formes généreuses qui sont principalement mises en valeur ("Underwater" (La Vénus des mers chaudes, 1955) de John Sturges, "Hot blood" (L'Ardente Gitane, 1956) de Nicholas Ray, "Gentlemen marry brunettes" (1955) de Richard Sale). Parmi ses quelques films noirs, elle incarne Lenore Brent, dans "His Kind of Woman" (Fini de rire, 1951), de John Farrow et Richard Fleischer, une chanteuse qui partage son tempérament de séductrice intéressée entre Robert Mitchum et Vincent Pride, Mamie Stover, dans "The Revolt of Mamie Stover" (Bungalow pour femmes, 1956), de Raoul Walsh, entraîneuse pour qui l'appât du gain est plus important qu'une éventuelle liaison avec Richard Egan. Dans les années 1960, Jane Russell prend une semi-retraite et, bien que se décrivant non sans autodérision comme une chrétienne sectaire conservatrice de droite, on se souviendra de ses publicités pour des soutiens-gorge, mais plus important elle fonde dès 1953 le Fonds international pour l'adoption, le combat de la dernière partie de sa vie...

"His Kind of Woman", réalisé par John Farrow et Richard Fleischer (1951), Robert Mitchum, Jane Russell...


Jayne Mansfield (The Girl Can't Help it, 1956; Illegal, 1955)

Brune devenue blonde explosive à forte poitrine, actrice peu prise au sérieux si ce n'est comme un sex-symbol dans les années 1950 ( l'une des premières playmates du magazine Playboy en février 1955), Jayne Mansfield (Vera Jane Palmer, 1933-1967) doit son succès commercial à Frank Tashlin qui saura exploiter son image de fantasme sexuel : blonde idiote qui gravite dans le monde de la pègre ("Female Jungle" (1954), de  Bruno VeSota, "Hell on Frisco Bay" (1955), de Frank Tuttle, "Pete Kelly's Blues", de Jack Webb, "Illegal" (Le Témoin à abattre), de Lewis Allen), elle acquiert sa notoriété en 1956-57 avec "The Girl Can't Help It" (La Blonde et moi ), puis "Will Success Spoil Rock Hunter?" (La Blonde explosive) tous deux de Frank Tashlin. Par la suite, elle joue certes avec Cary Grant, dans "Kiss Them for Me" de Stanley Donen (1957), mais ne correspond décidement pas aux attentes d'Hollywood et joue la strip-teaseuse en Europe, dans "Too Hot to Handle" (La Blonde et les Nus de Soho) de Terence Young (1960). "Single Room Furnished" de Matt Cimber, qui décrit la chute sordide d'une femme dans la prostitution, constitue son dernier film avant de sombrer dans l'alcool et les psychotropes, et mourir en 1967 dans un accident de voiture...

"The Burglar" (1957), by Paul Wendkos, with Dan Duryea, Jayne Mansfield, Martha Vickers..


Mamie Van Doren (High School Confidential!, 1958)  

Mannequin, Mamie Von Doren (Joan Lucille Olander, 1933) pose pour le dessinateur Varga, créateur de pin-up (Esquire de juillet 1951). Couronnée Miss Palm Springs, elle est remarquée par Howard Hugues, qui dirige alors les studios RKO, elle débute dans un Cold War adventure-romance film réalisé par Josef von Sternberg, avec John Wayne and Janet Leigh. C'est Universal-International qui la rebaptise Mamie Van Doren (prénom de la première dame du président Dwight D. Eisenhower et nom d'un célèbre poète et critique) pour concurrencer Marilyn Monroe, actrice-vedette de la 20th Century Fox : elle fait ainsi ses débuts pour Universal dans "The All American" (1953), Jesse Hibbs, un des nombreux films qu'elle fera aux côtés de Tony Curtis. Bien que ses rôles cinématographiques soient loin d'être prestigieux, elle se fait un nom et gagne sa vie en tant qu'actrice :  elle est tour à tour esclave du harem dans "Yankee Pasha" (1954), s'enrôle dans l'armée de l'air "Francis Joins the WACS" (1954), quitte Universal avec "Star in the Dust" (1956), de Charles F. Haas, mais continue ses rôles de faire-valoir den type sex-symbol de films de série B, "Untamed Youth" (1956), auquel participe Eddie Cochran, "The Girl in Black Stockings" (1957), de Howard W. Koch, "High School Confidential" (1958), qu'introduit Jerry Lee Lewis, le western "Born Reckless" (1958), "The Beat Generation" (1958), l'un des derniers films noirs avec Ray Danton, Fay Spain, Maggie Hayes, Jackie Coogan, Louis Armstrong, James Mitchum, Vampira. En 1959, "Girls Town", produit par la Metro-Goldwyn-Mayer et réalisé par Charles F. Haas, entend exploter la mode des " rebellious teen": elle y joue une jeune délinquante et apparaît pour la première fois brièvement nue sous le jet d'une douche. Dans "Sex Kittens Go to College", en 1960, elle incarne une ancienne strip-teaseuse devenue l'intellectuelle du campus qui utilise sa compréhension de la psychologie masculine pour venir à bout de ses collègues masculins. C'est alors le temps du CinemaScope et du Technicolor, Van Doren laisse à Jayne Mansfield un rôle qui sans doute aurait pu modifier sa carrière ("Will Success Spoil Rock Hunter "), pose pour Playboy en 1963 et continuer à assumer des rôles anecdotiques dans les films de catégorie douteuse : "The Private Lives of Adam and Eve" (1960), "The Blonde from Buenos Aires" (1961), "The Las Vegas Hillbillys" (1966) comédie country avec Jayne Mansfield, "The Navy vs. the Night Monsters" (1966), "Voyage to the Planet of Prehistoric Women" (1968). Les disparitions de Marilyn Monroe et de Jane Mansfield, mettent un terme à la carrière d'actrice, elle n'apparaît plus qu'épisodiquement et chante dans les night-clubs....