Metaphysical Notes - Jésus de Nazareth (7-30)  - Christianisme - Eglise catholique romaine (Ier, Rome) - Eglises des trois conciles (IIIe-IVe, Syrie, Ethiopie, Arménie) - Eglises orthodoxes (1054, Constantinople) - Luthéranisme (1520, Allemagne) - Anglicanisme (1534, Londres) -  Presbytéranisme (XVIe, Ecosse) - Baptistes (XVIIe, Pays-Bas, Angleterre)...

Last update: 04/04/2019

En 2010, huit personnes sur dix s’identifient à un groupe religieux, selon la dernière étude démographique du Pew Forum on religion & public life, un centre de recherche indépendant basé aux États-Unis. 5,8 milliards d’individus, soit 84% d’une population mondiale estimée à 6,9 milliards de personnes, se déclarent membres de l’une des cinq grandes religions, bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam, judaïsme.  Les chrétiens sont majoritaires et représentent 32% de la population mondiale. Viennent ensuite les musulmans (23%), les hindous (15%), les bouddhistes (7%) et enfin les juifs (0,2%). Ceux qui ne se reconnaissent dans aucune religion forment toutefois le troisième groupe le plus important, juste devant les hindous, du point de vue du nombre (16%). Quelque 400 millions d’individus, soit 6% de la population mondiale, sont attachés à une religion traditionnelle,  africaine, chinoise, amérindienne, aborigène… Et un peu moins de 1% évoque d’autres croyances, comme le sikhisme, le shintoïsme, le taoïsme ou encore le zoroastrisme. Au-delà de tous ces chiffres, la quête religieuse recule progressivement, et quoiqu'on en dise, l'indifférence progresse irrémédiablement…

Si l'on estime à 1,2 milliard le nombre de catholiques romains dans le monde, plus de 40% des catholiques du monde vivent en Amérique latine, mais c'est l'Afrique qui connaît la plus forte croissance des congrégations catholiques (45 millions en 1970, 176 millions en 2012) : 483 millions en Amérique du Sud, 277 millions en Europe (23,7%), 177 millions en Afrique (15,2%), 137 millions en Asie (11,7%), 85 millions en Amérique du Nord (7,3%), 9 millions en Océanie. Sur les 10 pays du monde qui comptent le plus grand nombre de catholiques, quatre se trouvent en Amérique latine, dont le Brésil et le Mexique. L'Italie compte le plus grand nombre de catholiques en Europe, avec 57 millions, tandis que la RD Congo a la plus grande population catholique en Afrique, se classant neuvième au monde avec presque 36 millions de fidèles. Les Philippines constituent le plus grand pays d'Asie à majorité catholique,  plus de 80 pour cent de ses 105 millions d'habitants sont d'obédience catholique. Le Catholicisme romain semble devenir de plus en plus une religion pratiquée pour l’essentiel dans les pays dits en développement : les quelques 500 millions de Catholiques censés rejoindre l’Église d’ici 2050 viendront pour l’essentiel de pays tels que la République démocratique du Congo et le Nigeria ....

Première religion de notre planète Terre avec plus de deux milliards de fidèles, soit un tiers de la population mondiale (une bonne moitié de catholiques et près d'un tiers de protestants), le christianisme se base sur l'enseignement de Jésus-Christ tel que relaté dans les Evangiles, quatre livres du Nouveau Testament de la Bible. Cette religion monothéiste s'ancre dans le judaïsme, mais les chrétiens tiennent Jésus pour le messie promis par l'Ancien Testament, la réalisation de cette Nouvelle Alliance avec Dieu et qui succède à celle conclue avec le peuple juif. Pendant des siècles, elle a constitué la principale foi européenne et s'est répandue à travers le monde avec la colonisation impulsée par les habitants de ce continent à partir du XVIe siècle. Des divergences politiques et doctrinales ont provoqué le schisme de 1054 et la division en Eglises d'Orient et d'Occident, puis la Réforme, au cours du XVIe siècle, a donné naissance, face à l'église catholique romaine, la branche originelle de la chrétienté qui s'organise au cours du Ier siècle, au Luthéranisme dans les années 1520 (Martin Luther, en Allemagne), à l'Anglicanisme en 1534 (l'Angleterre de Henri VIII), aux presbytériens influencés par Jean Calvin au XVIe siècle (Ecossais puis Pèlerins d'Amérique), aux Mennonites des années 1540 (Pays-Bas puis colons d'Amérique), aux baptistes du début du XVIIe siècle (Angleterre, Pays-Bas, puis nation américaine), aux Quakers des années 1650 (Angleterre puis colons d'Amérique), aux méthodistes des années 1720-1730... 

Les fondements de la foi chrétienne reposent entièrement sur la vie et l'enseignement de Jésus, baptisé en 26, crucifié en 30-36, et relaté par ses disciples dans les Evangiles et les Epîtres écrits au 1er siècle. Non seulement la vie de Jésus structure l'ensemble des rites du culte chrétien ordonnés autour du récit de sa naissance, de sa crucifixion, de sa résurrection et de son ascension, de sacrements dont les plus importants sont le baptême et l'eucharistie, mais d'une croyance fondamentale centrée sur la "personne" même de Jésus : il n'est pas simple prophète, il est Fils de Dieu et Dieu lui-même incarné, mystère d'un Dieu unique existant sous trois formes distinctes, le Père, le Fils et la Saint-Esprit (divinité trinitaire). Il est aussi Dieu fait homme, livrant un message de paix, de pardon, de justice, souffrant et mourant pour sauver l'humanité, ressuscitant pour annoncer un monde nouveau à ceux qui croient en lui, quels qu'ils soient…

 

"Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.  Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.  Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. ». Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »   Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.  Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »  Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent..." (Saint-Marc , I)

La Bible juive (la Torah, le livre des Prophètes, les Ecrits poétiques et sapientiaux) est reprise dans la Bible chrétienne pour en constituer la première partie (l'Ancien Testament), la seconde partie, le Nouveau Testament, réunit vingt-sept écrits rédigés au 1e siècle, en grec,  été traduits en latin (Vulgate de saint Jérôme), puis dans les langues nationales. Les quatre Evangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean) racontent la vie de Jésus. L'Evangile de Marc est le plus ancien des quatre Evangiles, écrit vers 70 sans doute depuis Rome, après les grandes persécutions qui ont eu raison notamment de la vie de Pierre et de Paul. L'Evangile de Matthieu fut sans doute écrit en Syrie en 85-90 et insiste sur l'accomplissement des Écritures. L'Evangile de Luc, écrit aussi vers 85-90 pour un public sans doute grec, privilégie la miséricorde et vaut pour ses capacités littéraires et historiques. L'Evangile selon saint Jean développe un univers différent de celui des Evangiles de Marc, Matthieu et Luc, l'Evangile du Verbe, de la relation singulière entre Dieu et son fils, un Christ qui ne subit pas son destin mais l'accepte en toute sérénité.

 Les Actes des Apôtres, écrits vers la fin du Ier siècle par Luc, rapporte les missions de Pierre et de Paul en Occident. Paul (Saul), juif de Tarse en Cilicie, dont la vocation constitue un singulier épisode, est l'auteur (ou l'inspirateur) de 21 lettres ou épîtres adressées à différentes communautés, chrétiennes ou non :  aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, aux Ephésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens, à Timothée, à Tite, à Philémon. Les Lettres aux Hébreux sont l'oeuvre d'un auteur inconnu. Les Epîtres de Jacques, de Pierre, de Jean, de Jude, ont pour vocation d'être universelles, de s'adresser à toutes les communautés. L'ensemble se termine par un livre prophétique à tonalité très différente, l'Apocalypse, écrit vers 90-95, et qui décrit la fin des temps et le retour du Christ (parousie).

 

"... Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra.
Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. Ne vous procurez ni or ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. L’ouvrier, en effet, mérite sa nourriture. Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez là jusqu’à votre départ. En entrant dans la maison, saluez ceux qui l’habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle. Si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne vers vous. Si l’on ne vous accueille pas et si l’on n’écoute pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds. Amen, je vous le dis : au jour du Jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins sévèrement que cette ville.
« Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et candides comme les colombes. Méfiez-vous des hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez conduits devant des gouverneurs et des rois à cause de moi : il y aura là un témoignage pour eux et pour les païens. Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort.
Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Amen, je vous le dis : vous n’aurez pas fini de passer dans toutes les villes d’Israël quand le Fils de l’homme viendra.  Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit que le disciple soit comme son maître, et le serviteur, comme son seigneur. Si les gens ont traité de Béelzéboul le maître de maison, ce sera bien pire pour ceux de sa maison. Ne craignez donc pas ces gens-là ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps..." (Matthieu IX, 36-X, 33)

A côté des textes fondateurs du christianisme, voir des fameux écrits dits apocryphes qui fournissent nombre d'éléments sur le premier christianisme, les écrits des Pères de l'Eglise, écrits souvent de circonstance et dans l'urgence de l'interprétation et de l'exégèse, nourrissent les concepts fondamentaux de la théologie chrétienne. Ignace d'Antioche (40-107), successeur de Pierre, mort comme lui en martyr, fixe les premiers éléments doctrinaux. Tertullien (Carthage, 155-225) est l'adversaire acharné du paganisme et l'introducteur du concept de Trinité. Irénée de Lyon (130-202), mort en martyr, réfute les doctrines gnostiques et défend une transmission de la foi de l'Église qui doit apparaître telle qu'elle doit être, c'est-à-dire publique, unique, spirituelle. Origène (Alexandrie, 185-254) est le fondateur de l'exégèse chrétienne et d'une spiritualité ascétique qui plonge, parfois inconsidérément, dans le platonisme. Ephrem le Syrien (Nisibe, 306-373) puise dans la Bible toute la symbolique qui nourrira la liturgie des Eglises tant occidentales qu'orientales. Grégoire de Nazianze(Cappadoce, 330-390) est un poète théologien qui incarne toute la sensibilité de l'hellénisme chrétien. Basile de Césarée (Cappadoce, 329-379) a combattu l'arianisme et défendu la divinité de l'Esprit-Saint. Grégoire de Nysse (Cappadoce, 335-395) va puiser dans le platonisme un langage à même de traduire l'expérience mystique. Ambroise de Milan (Trèves, 340-397) est celui qui va achever la christianisation des institutions impériales et aboutir en Occident à la suprématie de l'Église sur l'empereur dans le domaine religieux.  Jérôme (Dalmatie, 345-420) est le traducteur de la Bible en latin, un redoutable polémiste et le défenseur de l'ascétisme auprès de l'Occident. Jean Chrysostome (Antioche, 350-407) a lutté contre toutes les déviations doctrinales et imposé la figure de l'orateur chrétien par excellence. Augustin (Thagaste, 354-430) est le grand théologien de la culpabilité et du péché, le créateur de l'autobiographie (Confessions) et le philosophe de l'histoire de "La Cité de Dieu". C'est avec Grégoire le Grand (Rome, 540-604) que naît le Moyen-Âge, il défend et reconstitue tant les structures ecclésiastiques qu'une oeuvre théologique forte dans un Occident qui bascule dans la "barbarie". Maxime le Confesseur (Constantinople, 580-662) a lutté contre l'hérésie monophysite, qui prétendait qu'il n'y a qu'une nature dans le Christ, et poursuivi, au-delà de ses ouvrages de controverse, une oeuvre ascétique et mystique d'une grande profondeur. Jean Damascène (Damas, 675-753) affronte l'expansion arabo-musulmane et va nourrir la spiritualité du Moyen Âge byzantin (Source de la connaissance)...

La Bible et le christianisme vont fortement influencer toute la culture occidentale, voire la fonder et nourrir sa langue, sa littérature, ses arts. Plus profondément encore le christianisme apporte l'esprit d'universalité et d'égalité, l'idée de finitude et le sentiment de compassion. L'innovation et les conflits de l'histoire chrétienne ont sans doute déterminé toute la culture occidentale contemporaine…

Parmi les oeuvres marquantes imprégnant notre culture, citons Fra Angelico, L'Annunciation (1441-1446,San Marco Convent, Florence, Italy), Jan van Eyck, L'Annonciation (1435, National Gallery of Art, Washington), Benozzo Gozzoli, La Procession des Mages  (1459-1462,Palazzo Medici-Riccardi, Florence, Italy), Leonardo da Vinci, La Cène (1495-1498, Santa Maria delle Grazie, Milan, Italy), Michelangelo, La Chapelle Sixtine (1508-1512, Sistine Chapel, Vatican City), Raphael, La Dispute du Saint-Sacrement (1509-1511, Apostolic Palace, Vatican), Matthias Grünewald, La Crucifixion (1515, Musée d'Unterlinden, Colmar, Michelangelo, Le Jugement dernier (1536-1541, Sistine Chapel, Vatican City), Paolo Veronese, Les Noces de Cana (1563, Louvre, Paris), Tiziano Vecellio, L'Assomption de la Vierge (1516-18, Franciscan Basilica of S. Maria Gloriosa dei Frari), Tintoretto, Le Paradis (post-1588, Palazzo Ducale, Venice, Italy), Diego Velázquez, Le Christ Crucifié (1632, Museo de Prado, Madrid, Spain), ...

"Jésus, s'étant approché, leur parla ainsi: Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde" (Matthieu, 28) - Les premiers chrétiens furent persécutés par les autorités juives (si Jésus semblait correspondre au messie qu'avaient annoncé les prophètes d'Israël, il ne s'identifiait pas à l'image que s'en faisait le judaïsme contemporain, ce dont il était parfaitement conscient) et l'Empire romain. Il faut attendre l'Edit de Milan de l'empereur romain Constantin (313) pour que la libre pratique de la foi chrétienne soit autorisée. Puis le Concile de Nicée instaure la profession de foi universelle de l'Eglise chrétienne en 325. En 380, le christianisme devient la religion officielle de l'Empire romain et un Saint-Augustin incarne ce moment qui voit la doctrine chrétienne s'intégrer à la pensée philosophique grecque. C'est à partir de là que le christianisme devient une force puissante et référente structurant la vie politique, culturelle et sociale de l'Europe et du Moyen-Orient, en dépit du déclin et de la chute de l'Empire romain, du Grand schisme de 1054 qui divise en deux branches la chrétienté (occident/orient), et de l'expansion de l'Empire islamique qui affronte l'Occident tout au long des XIIe et XIIIe siècles (l'époque des Croisades visant à reprendre Jérusalem aux musulmans couvre les années 1095-1291). Le Moyen Âge voit l'Eglise dominer l'enseignement et la culture, affronter l'héritage de l'Antiquité (Aristote et Platon), contribuer à la mise en place des pouvoirs et institutions politiques en charge de pacifier et d'ordonner les sociétés et nations naissantes. Entre le XIe et le XIVe siècle, l'Occident se couvre d'églises puis de cathédrales. Du Xe au XIIe siècle, les bâtisseurs remplacent les charpentes de bois par des voûtes de pierre et l'église romane devient une véritable «Bible de pierre» dont le décor instruit les fidèles. Pour les plus savants, la Summa theologiae de saint Thomas d'Aquin (1274) fonde le dogme catholique officiel. Au XIIIe siècle, l'art gothique prolonge l'art roman, les vitraux remplacent la pierre, la lumière pénètre dans la nef, les cathédrales s'élèvent au-dessus d'un monde qui connaît l'essor des villes, le développement des échanges économiques, la réduction des nombres de disettes et l'expansion des ordres monastiques, des cathédrales qui s'édifient collectivement pour la plupart sur plus d'un siècle d'édification. C'est aussi à cette époque que le christianisme se répand parmi les peuples slaves. La Renaissance des XIVe et XVe siècles voit se confronter à l'autorité de l'Eglise, l'Humanisme, philosophique et littéraire, le Politique, qui se laïcise progressivement, et la Science, qui ne cessera désormais jamais sa formidable expansion. Avec la célèbre Bible de Gutenberg, imprimée vers 1455, le christianisme se diffuse hors de l'Eglise,  l'imprimerie apporte paradoxalement uniformité du culte et dissidences. La Réforme protestante qui embrase le XVIe siècle ouvre une nouvelle ère dans la diffusion du message chrétien, alors que celui-ci se diffuse vers l'Asie, puis au siècle suivant vers l'Amérique latine...

"Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive" - Le monachisme chrétien prend racine dans le désert égyptien au IIIe siècle, des "pères et mères" du désert se retirant d'un monde dominé par les tentations de toute nature pour se concentrer sur la vie spirituelle, mener une vie ascétique et prier pour le monde : être dans le monde sans être du monde. Le IIIe siècle est aussi une période singulière qui voit la conversion de l'Empire romain et le christianisme devenir une religion en forte expansion. L'ermite ou anachorète vit en solitaire, saint Antoine le Grand (250-356), anachorète qui va influencer aussi bien le catholicisme que l'orthodoxie, st l'emblématique représentant d'un phénomène qui se répand en Thébaïde,  Palestine, ou désert de Gaza (saint Hilarion, disciple de saint Antoine). Les cénobites vivent quant à eux en groupe, forment des communautés, incarnant un monde qui devance l'espoir d'une fin des temps. C'est Saint Pacôme (292-348) qui, vers 320, établit les règles de vie des monastères féminins et masculins et Jean Cassien (360-435) qui importe cette organisation monastique dans l'Occident chrétien autour de l'an 400. Au IVe siècle, saint Basile de Césarée s'établit en Cappadoce et rédige un corpus de règles pour les monastères, prônant un ascétisme modéré, l'obéissance au supérieur, l'obligation du travail manuel, la charité. Au début du Moyen-Âge, après l'effondrement de l'Empire romain au Ve siècle, alors que l'Occident entre dans "l'âge des ténèbres", le monachisme chrétien va constituer des bastions spirituels, recueillir l'héritage de la culture antique classique et constituer refuges et centres d'apprentissage. Du Ve au VIIIe siècle, l'Irlande puis l'Écosse connaissent une activité monastique et érémitique intense, à vocation missionnaire (Colomban de Luxeuil, 543-615). Au VIe siècle, au Mont-Cassin (Italie), Saint Benoît de Nursie (480-547)quitte la tradition orientale de saint Antoine et fonde le monachisme occidental : la règle bénédictine et la papauté qui monte en puissance (Grégoire le Grand, 590-604) marquent les débuts d'unification de la chrétienté romaine. Du Xe au XIIe siècle, dans le sillage de la communauté bénédictine de Cluny, symbole du renouveau monastique en Occident,  le premier grand ordre apparaît et le monachisme gagne en puissance et en autonomie face aux monarchies et à la papauté. En 1073, le pape Grégoire VII transforme profondément les structures ecclésiales, corrigeant les mœurs des clercs, moralisant leurs activités, avec le souci de mieux se préserver des influences de la société et du pouvoir laïque. Vers le milieu du XIIe, Robert de Molesmes (1029-1111) fonde l'ordre cistercien (du monastère de Cîteaux, près de Dijon), qui prône un retour aux sources authentiques du christianisme. Bernard de Clairvaux (1090-1153) sera le personnage le plus célèbre de l'ordre de Cîteaux, sa théologie enracinée dans l'expérience de Dieu, hors tout savoir profane, contribue à accentuer le rayonnement de l'ordre cistercien qui va essaimer dans toute l'Europe. En 1215, le quatrième concile du Latran invite les évêques de la chrétienté à doter leurs diocèses de prédicateurs instruits, dont la vie exemplaire authentifierait la parole. Au XIIIe siècle, apparaissent ainsi, en réaction à la complexité du monde environnant, plus urbain, plus instable moralement et socialement, les moines mendiants, Franciscains (François d'Assise, 1181-1226) et Dominicains (Dominique de Guzmán, 1170-1221) qui incarnent respectivement la pauvreté et l’orthodoxie, se séparent de la voie contemplative pour la prédication et s'engagent dans les luttes politico-religieuses. À l'aube de la Renaissance, le monachisme traverse une crise importante, renforcée par une Réforme protestante violemment anti-monastique ; les monastères sont supprimés dans tous les pays où elle triomphe. La Contre-Réforme (ou Réforme catholique) va prendre en charge la réorganisation des congrégations monastiques tandis que la Compagnie de Jésus, fondée par saint Ignace de Loyola, instaure un nouveau modèle d'ordre...

 

Matthieu, 5
"Voyant les foules, il monta sur la montagne, et lorsqu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Alors, prenant la parole, il se mit à les enseigner, en disant:
Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!
Heureux ceux qui sont affligés, car ils seront consolés!
Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre!
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!
Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu!
Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux!
Heureux serez-vous, lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
Vous êtes le sel de la terre; mais si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors pour être foulé aux pieds par les hommes. 
Vous êtes la lumière du monde: une ville, située au sommet d'une montagne, ne peut être cachée.
Et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
Qu'ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.
Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais parfaire.
Car, je vous le dis en vérité, jusqu'à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul trait de la Loi ne passera pas, que tout ne soit accompli.
Celui donc qui aura violé un de ces moindres commandements, et appris aux hommes à faire de même, sera tenu pour le moindre dans le royaume des cieux; mais celui qui les aura pratiqués et enseignés, sera tenu pour grand dans le royaume des cieux.
Car je vous dis que si votre justice ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux..."

"Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l'Evangile" (Marc, 1:15) - Dans le "Sermon sur la montagne" (Evangile de saint Matthieu), Jésus invite tous ceux qui veulent bien l'entendre à s'ouvrir sans délai au Royaume de Dieu qui est à la fois sur Terre et dans les Cieux, à la fois présent et à venir, déjà "présent" pour tous ceux qui sont les plus humbles et les plus pauvres, qu'ils soient juifs ou non-juifs, semblant inviter les chrétiens à se mobiliser dès à présent pour une juste cause, mais "à venir" pour qui fait le choix de vivre selon la loi divine et se prépare à accueillir le règne de Dieu qui s'imposera au jour du Jugement dernier. L'eschatologie est au coeur de la théologie chrétienne, Jésus par sa venue inaugure un processus d'accomplissement de l'histoire humaine, l'annonce d'une fin de toutes choses.

"Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, Je crois en l'Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie.." - La doctrine relative à la "Trinité" est au coeur de la foi chrétienne, et l'une des plus complexes de la théologie  :  pour un croyant, le salut, est apporté par Jésus, mais vient de Dieu, et cette œuvre de sanctification se continue sous l'action du Saint-Esprit. Se posaient alors de multiples questions. Qui était au fond Jésus, à une époque où la littérature biblique et juive donnait une ampleur significative la notion de "Fils de Dieu", à la fois charnel et spirituel, engendré et inengendré. Et si s'instaure une filiation entre Dieu et Jésus, quand a-t-elle commencé et sous quelle forme? Le Christ, écrira Saint-Paul, est un être divin qui a consenti, pour l'amour des hommes, à devenir l'un d'entre eux, jusqu'à endurer la souffrance et la mort avant de ressusciter et de retrouver la gloire qui lui appartenait (Philippiens, ii, 5-11).  L'évangile de Jean s'efforce quant à lui de concilier l'idée d'une préexistence divine du Christ avec le monothéisme biblique, en recourant à la notion de logos, de parole. Jésus a reçu de Dieu l'être et la vie, et tout qu'il accomplit, tout qu'il dit est aussi reçu de Dieu. Tertullien, le premier des grands théologiens, décrira en 200 ap. JC la Trinité comme "trois personnes d'une même substance", et notamment décrit le Fils comme la Parole du Père, une Parole proférée au moment de la Création, une Parole qui n'est pas éternelle et qui permet au Fils de se rendre visible. Vers 318, le prêtre alexandrin Arius résout à sa manière le problème et enseigne que Dieu n'a pas toujours été Père, et qu'il y eut un temps où le Fils, le Logos, n'était pas. Jugé hérétique, Arius est condamné lors du premier concile œcuménique,  le concile de Nicée (325), réuni par l'empereur Constantin, animé par saint Athanase d'Alexandrie, défenseur farouche du trinitarisme, et c'est ce concile qui fixe une fois pour toute la "nature de la Trinité". "Dieu est un en trois personnes et les trois ne font qu'un" (Grégoire de Nazianze), partagent la même "substance". Ainsi semblait résolue une éventuelle contradiction pour les chrétiens entre le Dieu biblique créateur de l'Univers et le Dieu des Evangiles qui agit dans le monde. Plus près de nous, le théologien Karl Barth (1886-1968) défend l'idée d'une doctrine de la Trinité qui ne fait au fond que refléter ce qu'est l'être de Dieu. Dieu ne peut être Dieu que dans une relation qui s'établit entre Père, Fils et Esprit. Et l'être humain, créé à l'image de Dieu, ne peut vivre son humanité qu'en reproduisant ces relations si chargées de sens. L'Esprit prend lui-même une signification particulière lorsque dans l'Evangile de Jean est évoquée l'Ascension et le fait que Jésus enverra à ses disciples l'Esprit de Dieu, un "Esprit saint" qui transforme de l'intérieur toute leur existence. Les Pentecôtistes ont insisté particulièrement sur l'impact régénérateur de ce don d'esprit, ces "langues de feu" qui remplirent de l'Esprit saint les Apôtres et leur permit de parler de multiples langues inconnues d'eux....

"Dieu étend sa miséricorde aux hommes, non pas parce qu'ils le connaissent déjà, mais pour qu'ils puissent le connaître" - Saint Augustin (354-430), natif de Thagaste, en Afrique du Nord, revenu du manichéisme pour se convertir au christianisme après avoir été sensible tant aux sermons de l'évêque Ambroise de Milan (339-397) et qu'à l'attitude d'Antoine le Grand (251-356), natif d'Egypte, l'un des premiers ermites du désert (mont Quelzoûm), fut célèbre en tant qu'évêque à Hippone (l'une des principales cités de l'Afrique romaine, en Algérie actuelle)et pour ses controverses religieuses (Les Confessions, 397-400, La Cité de Dieu, 413-427). La question du libre-arbitre lui valut sa renommée et sa doctrine de la prédestination fut adoptée par les réformateurs protestants tels que Jean Calvin. C'est lors d'une controverse avec Pélage (360-422), un moine celtique, sur le baptême des enfants que se posa le problème de la grâce divine:  le salut de l'être humain se fait-il par ses propres capacités et mérites ou la grâce de Dieu est-elle nécessaire?  Pélage développe la première en date des hérésies de l'Occident chrétien en accentuant la puissance du libre-arbitre humain. Pour Saint-Augustin, au contraire, l'être humain, marqué par le péché originel, ne peut choisir en toute liberté de suivre Dieu, il lui faut au préalable être recevoir de Dieu cette grâce pour lui permettre ensuite d'effectuer son choix et se tourner vers Dieu en toutes connaissances. Saint-Augustin maintenait un équilibre entre le choix de Dieu et celui de l'homme, les théories de la prédestination ont au contraire totalement réduit le libre-arbitre de l'être humain.

"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" (Marc 15, 34) - Les quatre évangiles évoquent, chacun à leur manière, la Passion de Jésus, c’est-à-dire la somme des souffrances que traversa le Christ, depuis son arrestation au jardin des oliviers (Gethsémani), la conduite devant le sanhédrin, puis devant Pilate, la flagellation, le couronnement d’épines, les humiliations, l’abandon des disciples sauf Jean et certaines femmes, le reniement de Pierre, le portage du patibulum jusqu’au Golgotha, la crucifixion, la mort par asphyxie, et la mise au tombeau. La Passion du Christ, c'est aussi le mystère de la Pâque d'un Christ allant vers la mort et offrant sa vie par amour pour le salut de l’humanité. Et cette Passion est indissociable de la Résurrection de Jésus-Christ, considérée par toutes les Églises comme la principale fête chrétienne. Les fêtes associées à  la Passion sont apparues à la fin du IIe siècle, et au IVe siècle les divers aspects de ce mystère vont être répartis sur une période de cinquante jours. Le premier dimanche de la Passion correspond au dimanche des Rameaux et commémore l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, épisode relaté par les Évangiles (Matth. xxi, 1-10 ; Marc xi, 1-10 et Luc xix, 29-38). La bénédiction des rameaux apparaîtra au Moyen Âge. Suit le dimanche de Pâques qui marque le début de la semaine sainte. Le jeudi saint symbolise la célébration de la cène et de l’institution de l’Eucharistie. La Passion du Christ est fixée au vendredi saint et correspond au jour de la crucifixion et de la mort de Jésus, journée d'affliction, de pénitence et de jeûne. Au quarantième jour, l'Ascension marque la fin de la présence visible sur terre du Christ, symbolisant un nouveau mode de présence, à la fois tout intérieure, universelle et hors du temps (l'Eucharistie). Au cinquantième jour, la Pentecôte commémore le don du Saint-Esprit aux apôtres.

Dans le christianisme, les processions constituent la partie la plus importante du culte extérieur. Aux XIVe et XVe siècles, les ordres mendiants prennent en charge la relation du peuple au sacré et l'initiation de celui-ci aux mystères de la foi, au XVIe,  c'est à la suite du Concile de Trente que les processions vont s'imposer comme un puissant instrument d'évangélisation et de consolidation de la foi, dans un contexte où l'impact visuel est plus efficace que toute autre manifestation. Certaines processions associées à la Semaine Sainte, la procession-type par excellence, sont devenues de nos jours des évènements touristiques à part entière  (en Uruguay, un des plus laïques des pays d'Amérique du Sud, la Semaine sainte a été renommée Semana de Turismo) : Popayán (Colombie), Ouro Preto (Brésil), Mexico City, Basilica of Our Lady of Copacabana (Bolivie), procession du Nazareno de San Pablo à Caracas (Venezuela), Santa Cruz Church à Bangkok, Black Nazarene à Manille (Philippines). ....  En Espagne, les "procesiones de la Semana Santa" de Cartagena, Cuenca, Granada, León, Lorca, Málaga, Murcia, Salamanca, Sevilla, Valladolid, Hellín y Zamora ont été déclarées d'intérêt touristique international. Les "procesiones del Corpus Christi" sont renommées à Toledo, Valencia, Sevilla, Granada, Barcelona ou Córdoba. Les "procesiones marianas" en Andalousie, la Virgen de Guadalupe à Úbeda (Jaén), de la Caridad à Sanlúcar de Barrameda, de la Asunción y la Divina Pastora à Cantillana, de las Angustias à Granada...

Pendant la période pascale, toute l'Italie, du Nord au Sud, est parcourue de procession consacrée à la Passion du Christ mobilisant des centaines de milliers de personnes, participants ou spectateurs : à Rome, la Via Crucis commémore le chemin douloureux du Christ qui mène à la crucifixion du Golgotha, récapitule le Vendredi Saint toute la dramaturgie liée à la Passion de Jésus, assumée par le Pape lui-même et pourvoyeur d'indulgences pour les fidèles. La "Scoppio del Carro" à Firenze remonte à l'époque de la première croisade, appelée à libérer le Saint Sépulcre des mains des infidèles. La  "Corsa dell’Angelo", à Forio (Ischia) reproduit depuis le XVIIe siècle l'instant où la Vierge rencontre le Fils ressuscité. A Bormio (Lombardie), l'agneau sacrificiel incarne toute la tradition de Pâques. En Sicile, la domination espagnole a laissé des traces : depuis 4 siècles, la procession des Mystères (la processione dei Misteri) parcourt Trapani pendant 24 heures, à Enna 2.500 "confrati incappucciati" défilent et portent la "Madonna Addolorata" et la châsse du "Gesù morto".  La procession de Pâques de Sora (Latium) est renommée pour sa grande intensité émotionnelle. Six Confréries, qui remontent au XIIIe siècle, portent à travers Savone (Liguria) 15 groupes de bois polychromes représentant divers moments de la Passion et de la mort de Jésus....

 

Peu d'années après la crucifixion de Jésus, vers 35, saint Paul reçut une tradition, qu'il cite dans sa Ire Épître aux Corinthiens, suivant laquelle le Christ serait apparu à Céphas: "Je vous ai transmis ce que j'avais moi-même reçu : que le Christ est mort [...], qu'il est ressuscité le troisième jour... " (xv, 3-5). Le récit de la résurrection du Christ, reprise par la suite dans les quatre Évangiles, débute par le fameux "tombeau vide" et est devenu un article de foi. L’idée de résurrection est née au sein du judaïsme puis s’est développée dans le christianisme et l’islam. Dans le christianisme, la mort et la résurrection du Christ sont comprises par les chrétiens comme une victoire définitive sur la mort et une promesse de résurrection faite à tous les baptisés. L'idée de résurrection est à distinguer de celle de l'immortalité de l’âme, cette dernière étant une croyance partagée par toutes les civilisations qui vivaient autour de la Méditerranée dans l'Antiquité.  Né dans une famille chrétienne d'Alexandrie, Origène (185-254) va concevoir une théorie chrétienne de l'âme qui va perdurer pendant des siècles, théorie qui, s'inspirant de Platon, distingue un corps humain voué à mourir et à périr, et une âme, immortelle, qui découle directement de la nature immuable de Dieu. Les auteurs de la Bible hébraïques n'ont, quant à eux, jamais séparé l'âme du corps...

 

Marc 16, 1
Quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller l'embaumer. Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil étant levé. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre de l'entrée du tombeau ? »
Et, levant les yeux, elles voient que la pierre est roulée ; or, elle était très grande. Entrées dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme, vêtu d'une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur.
Mais il leur dit : « Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié ?
il est ressuscité, il n'est pas ici. Voyez l'endroit où on l'avait déposé. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : Il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. »
Elles sortirent et s'enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes et bouleversées ; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur."

Les chrétiens, se rassemblant, développèrent leur propre identité ou "ecclesia".

Au milieu du IIIe siècle, Cyprien indique qu'appartenir à l'Eglise est un élément de foi chrétienne. A cette époque, une organisation s'était mise en place, diacres, prêtres, évêques. Le pouvoir papal augmenta au cours de la période médiévale. Au sein de l'Eglise, sept sacrements ponctuent les différentes étapes de la vie chrétienne. A l'origine, l'Eglise primitive ne célébrait que deux sacrements, le baptême et l'eucharistie. Au cours du Moyen Âge, un total de sept sacrements furent instaurés sous l'autorité de l'Eglise catholique, et le quatrième concile du Latran (1215) édicta que le refus de ces sacrements équivalait à sortir de l'Eglise : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, le mariage et l'ordination, pour un croyant consacrant sa vie à Dieu. A la fin du Moyen-Âge, le monopole que l'Eglise catholique avait sur le salut fut contesté par la Réforme protestante. Le concile de Trente (1545-1563) réaffirma la primauté de ces sept sacrements…

 

"Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit et, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez : ceci est mon corps. »  Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : "Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père." (Matthieu 26-27) - Avant son arrestation et sa crucifixion, Jésus partagea un repas de Pâque juive composé de pain et de vin avec ses disciples en disant, "Ceci est mon corps" et "Ceci est mon sang". Lors du sacrement de l'Eucharistie, ou de la sainte Communion, les chrétiens font l'expérience de cette "présence réelle" du Christ, sacrement qui donne tout son sens à ce partage. Saint Thomas d'Aquin au XIIIe siècle, s'inspirant de la distinction faite par Aristote entre la "substance" et les "accidents" (la forme d'une chose, ses attributs), fournit l'argumentaire permettant d'expliciter cette présence réelle dans le pain et le vin, présence symbolique ou "transsubstantiation" apparue  avec le quatrième concile du Latran (1215) et confirmée par celui de Trente (1545-1563).

 La vénération du Saint Calice, le fameux Saint-Graal, utilisée par le Christ et ses douze disciples au cours de la Cène et qui aurait recueilli son sang, est au coeur du Mystère eucharistique. Il aurait été remis par le pape Sixte II, deux jours avant son martyr, en 258, à son diacre, saint Laurent, originaire de Huesca (Espagne), et depuis, nombre de lieux en Europe revendiquent posséder le Saint Graal, dont la Catedral de Santa María de Valencia (Espana), la Cattedrale di San Lorenzo (Genoa, Italia), le monastère de Santa Maria de Montserrat en Catalogne... C'est à partir du XIIe siècle que l’Église latine met fin à la pratique de la communion par le calice de vin et que se développe la dévotion au Saint Sang : la procession du Saint-Sang à Bruges, qui attire plus de trente mille spectateurs tous les ans, fait revivre le retour de Thierry d'Alsace de la deuxième croisade en 1150, un Thierry d'Alsace qui rapporta un reliquaire contenant des gouttes de sang coagulé du Christ imbibées dans un morceau de terre rapporté de Jérusalem...

 

La Terre Sainte - Jérusalem - abrite deux lieux qui constituent le mémorial des derniers instants de la vie terrestre de Dieu fait homme, le Calvaire, sur le Golgotha, et le Tombeau du Christ, le lieu où le corps de Jésus aurait été déposé au soir de sa mort sur la Croix, tous deux intégrés dans l'église du Saint-Sépulcre (ou l’Église de la Résurrection), centre de la Foi de toute la chrétienté. Dans l’atrium de la basilique se trouve la Pierre de l’onction, en mémoire de la piété de Nicodème et de Joseph d’Arimathie qui préparèrent le corps de Jésus pour la sépulture. Objet de vénération pour les orthodoxes, elle est ornée de chandeliers et de lampes. Sur la droite, un escalier escarpé et usé mène au Golgotha. Sous l’autel du calvaire se situe le point où aurait été plantée la croix. En redescendant par un autre escalier se trouvant de l’autre côté de la chapelle, on poursuit son chemin jusqu’à la rotonde de l’Anastasis (« la Résurrection » en grec), qui renferme en son centre la pierre où Jésus fut déposé. Six communautés chrétiennes y cohabitent, catholiques romains, grecs-orthodoxes, arméniens, coptes, éthiopiens, syriens, chacune avec son espace et ses horaires de prière…

Les Chemins de la foi - Le "Chemin de Saint-Jacques de Compostelle" (Camino de Santiago) est l'un des plus anciens chemins de pèlerinage au monde, chemin de pénitence traversant le nord de l'Espagne, depuis Puy-en-Velay, Saint-Gilles du Gard, Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, Saint-Martin de Tours, pour atteindre, via Puente la Reina, la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, lieu de sépulture de Saint Jacques, dont les restes ont été transportés de Jérusalem.  La "via Francigena"  est un réseau de routes et chemins qui remontent au temps où Sigéric, archevêque de Cantorbéry, en 990, se rendit à Rome en parcourant quelques 80 étapes, soit 1000km, via notamment  le Grand-Saint-Bernard. Prolongée au-delà de Rome, la via permet d'atteindre le sanctuaire de Monte Gargano à Monte Sant'Angelo (par la via Micaelica) puis les ports d'embarquement apuliens vers la Terre sainte...

L'émergence du christianisme dans l'Empire romain a jeté les bases d'un nouveau royaume dans le monde post-romain, un royaume béni par le Dieu chrétien plutôt que par les divinités anciennes, un héritage commun dans lequel et par lequel se constitua l'Europe : mais un Dieu perçu différemment que l'on soit au Nord ou au Sud, et une Eglise qui se scinda au sortir de l'époque médiévale en Eglise romaine, Église anglicane, Eglise luthérienne. L'unité du continent européen en matière de religion était désormais brisée. Le Nord et le Sud étaient divisés, mais le christianisme n'a pas disparu pour autant de l'histoire européenne et su affronter l'humanisme, la science moderne, la période des Lumières…

 

Le christianisme est la religion dominante de l'Italie (71,4%), une Italie qui a pour capitale, Rome, la Ville éternelle, centre du monde chrétien, demeure des papes (Vatican) et lieu où de nombreux premiers chrétiens ont été martyrisés.
L'Italie est une terre de pèlerinages, de processions, parsemée de lieux de dévotion et de culte. Rome, la première, capitale du christianisme, siège de la papauté, abrite la basilique Saint-Pierre (1506, Basilica di San Pietro, Città del Vaticano), la plus grande église chrétienne, sa coupole centrale emblématique domine l'horizon de Rome et abrite marbre et sculpture, dont la Pietà de Michel-Ange, mais aussi la plus grande chapelle du Vatican, l'incomparable Chapelle Sixtine, célèbre dans le monde entier pour sa voûte, décorée de fresques achevées par Michel-Ange (1512) et son immense fresque illustrant le Jugement dernier (1541). Mais Rome, c'est aussi plus de 1600 églises et chapelles.... 

L'immense Cathédrale de Milan (1386, Duomo di Milano, Lombardia), la plus grande cathédrale gothique d'Italie et la troisième plus grande église du monde, et ses 135 flèches de marbre, 135 gargouilles et plus de 3400 statues; la basilique cathédrale Saint-Marc, à Venise (1063, Basilica di San Marco, Veneto), splendide italo-byzantine au centre de la place Saint-Marc; la cathédrale d’Orvieto dont le Duomo est dédié à l’Assomption de la Vierge Marie; la cathédrale de Sienne (1263, Duomo di Siena, Toscana), l'une des plus belles églises gothiques d'Italie, caractérisée par ses bandes de marbre à rayures zébrées extravagantes, et abritant des œuvres de Michel-Ange, Pisano, Donatello et Pinturicchio; l'imposante cathédrale de Florence (1296, Cattedrale di Santa Maria del Fiore, Toscana), emblématique de la ville par sa coupole de tuiles rouges de Filippo Brunelleschi, et qui abrite Le Jugement dernier de Vasari...

.. le complexe monumental d'Amalfi (987, Campanie) comporte une impressionnante cathédrale dédiée à l'apôtre André; la Cattedrale di Palermo (1185, Sicilia) abrite la "Madonna della Luce", Vierge Byzantine qui montre le chemin; la Cattedrale di Matera (1230, Basilicata) dont le chœur est en bois de noyer massif; le Duomo di Siracusa (Sicilia) a été érigé sur temple sacré dédié à Athéna et abrite nombre de statues et reliques; la Cattedrale di San Lorenzo, à Genova (1098, Liguria) est l'une des plus belles d'Italie; la Cattedrale di Otranto (1068, Puglia) conserve les reliques des martyrs massacrées par les Turcs en 1480, et abrite au sol une immense mosaïque retraçant l'expérience humaine, du péché originel au salut; la Cattedrale di Bitonto (12e, Puglia), dédié à la Saint-Valentin, est un magnifique exemple de l'art roman; l'abbaye romane de Sant'Antimo (813), située près de Montalcino au creux d'un paysage typiquement toscan, célèbre pour ses chants  grégoriens...

Lieux de pèlerinage en Italie  -  La Chapelle du Saint Suaire, dans la cathédrale de Turin, accueille plusieurs millions de fidèles chaque année pour apercevoir le fameux et singulier Saint Suaire, relique portant l'image indélébile du Christ après la crucifixion. La Basilica Papale di San Francesco d'Assisi (1228, Umbria) est le point culminant de nombreux pèlerinages (plus d'un million de fidèles par an) et reste reconnue dans le monde entier pour ses fresques médiévales peintes par Cimabue, Giotto et Pietro Lorenzetti. Chaque année, plus de 6,5 millions de pèlerins se rendent à la basilique Saint-Antoine de Padoue (1232, Basilica di Sant'Antonio, Veneto), spectaculaire basilique à huit coupoles combinant des éléments de styles byzantin, roman et gothique, abritant les sept sculptures en bronze de Donatello illustrant les miracles de saint Antoine, et ses reliques, objet d'une intense vénération. Le Santuario di Loreto est  l'un des plus importants et célèbres centres spirituels et culturels en Europe, lieu de vénération de la Santa Casa della Vergine Maria. Le Santuario di Padre Pio, à San Giovanni Rotondo (Puglia) domine la ville où a vécu et travaillé le Padre Pio de Pietrelcina, grand saint thaumaturge mort en 1968....

Au Portugal, si 81% des Portugais se considèrent comme des chrétiens catholiques romains, à peine 18% observent sacrements et liturgie. Le catholicisme joue un rôle majeur dans la vie des Portugais et la création de l'Empire portugais au XVe siècle a conduit à la diffusion du catholicisme dans ses colonies en Afrique et en Amérique du Sud. Et surtout, le Portugal est le lieu de l'un des principaux sanctuaires catholiques, Fatima, construit sur le site d'une apparition mariale apparue devant trois petits paysans en 1917. Chaque année depuis lors, à l'occasion des anniversaires des apparitions, le 13 mai et le 13 octobre, les rues de Fatima se remplissent d'une foule de pèlerins qui se rendent sur le lieu saint....


L'image traditionnelle de l'Espagne en tant que l'un des bastions religieux de l'Europe s'est progressivement dégradée : si les trois quarts des Espagnols se définissent comme catholiques (70%), si l'Espagne populaire continue à vivre au rythme des processions (Semaine sainte, Vierge de la Miséricorde), si la dévotion et l'émotion restent palpables devant ces sculptures de bois représentant le Christ crucifié ou la Vierge Marie portées par des milliers de pénitents à Séville, Malaga, León, Cuenca, Valladolid, Elche, Salamanque, les séminaires, monastères et couvents du pays sont désormais à moitié vides, et seulement 15% des catholiques espagnols suivent encore la liturgie du dimanche…

Parmi les 90 cathédrales que compte l'Espagne, qui toutes reflètent la lente re-christianisation de l'Espagne après la période maure, on peut éventuellement distinguer : la Catedral de Santiago de Compostela (Galicia), destination finale de milliers de pèlerins depuis 900 qui n'a cessé de s'agrandir du XIe au XVIIIe siècle. La Catedral de Santa María de la Sede, à Sevilla (1402-1507, Andalucia), la plus grande cathédrale gothique du monde achevée au début du XVIe siècle, la deuxième plus grande cathédrale d'Europe après Saint-Pierre de Rome. L'impressionnante cathédrale de Burgos (Castila y Leon) est la gothique la plus purement européenne d'Espagne, construite entre le XIIIe et le XVIe siècle. La Catedral Santa María de León (1205, Castila y Leon) abrite une collection d'art qui comprend près de 1 500 œuvres d'art. La Catedral de Toledo (1227, Castilla-La Mancha), construite en calcaire blanc, est connue pour la lumière qui jaillit de ses voûtes ouvertes et son Trésor qui abrite une incroyable collection de pierres précieuses. La Catedral de Salamanca (1513-1733, Castila y Leon), l'une des dernières cathédrales gothiques classiques construites, à une époque où la majeure partie du reste de l'Europe était passée au néoclassicisme ou au baroque. C'est à Salamanque que se développe le fameux baroque churrigueresque, que l'on retrouve au Mexique, des retables spectaculaires qui mêlent des motifs décoratifs islamiques, gothiques et plateresques refondus dans des compositions baroques extravagantes...

... La Catedral de Cadiz (1596, Andalucia), célèbre pour sa coupole dorée, combine style gothique styles rococo et néoclassique. La Catedral-basílica de Nuestra Señora del Pilar de Zaragoza (1680, Arago), construite par saint Jacques, l'introducteur du christianisme en Espagne, après une apparition de sainte Marie l'an 40, et célèbre pour ses fresques peintes par Francisco Goya. La Catedral de Granada (1492-1704, Andalucia), la première église de la Renaissance en Espagne. L'iconique cathédrale de Barcelone (1882, Catalonia), la Sagrada Familia, création de l'architecte et visionnaire catalan Antoni Gaudi. La superbe Mezquita-Catedral de Córdoba (1523, Andalucia), initialement la deuxième plus grande mosquée de l'Islam, reconstruite avec la Reconquista en église catholique romaine. La Catedral de Segovia (1525-1577, Castilla y León), la dernière cathédrale gothique construite en Espagne. La Catedral d'Avila (Castila y Leon), la plus ancienne cathédrale gothique d'Espagne, construite entre le XIe et le XIVe siècle, le berceau de célèbres mystiques espagnols comme sainte Thérèse ou saint Jean de la Croix (monastère de la Encarnación). Le monastère de San Juan de la Peña (Santa Cruz de la Serós, Huesca) fut  l'un des monastères les plus influents de l'Espagne chrétienne au XIe et XIIe siècles et accueille les sépultures d'une grande partie des souverains d'Aragon...


La France, "fille ainée de l’Eglise" parce que ses rois furent les successeurs directs de Clovis, premier roi barbare baptisé chrétien, et  construisirent le pays autour de la défense de la religion catholique, est aujourd'hui à 60% de foi chrétienne, au long d'un progressif déclin qui a débuté en 1905, lorsque la France d'avant-guerre s'est déclarée État laïque: une foi largement battue en brèche, à peine 10% suivent quelque liturgie. La France compte plus de 45 000 églises catholiques, plus de 100 cathédrales, romanes, avec notamment  la Cathédrale Saint Front à Périgueux (1047), la cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation du Puy-en-Velay (XIIe), la cathédrale Saint-Lazare d'Autun (1120), puis gothiques…

La cathédrale de Notre Dame de Reims, située en Champagne-Ardenne, fut le lieu du couronnement des rois de France de 815 à 1825 : des dizaines de sculptures, à l'extérieur comme à l'intérieur, décorent la cathédrale, une profusion de figures bibliques, d'anges et d'évêques sont gravés dans la galerie des rois. Endommagée par les bombardements pendant la Première Guerre mondiale, elle fut restaurée en partie grâce aux contributions américaines d'après-guerre. La cathédrale de Chartres, à environ 80 km au nord de Paris, est l'une des plus grandes réalisations de l'histoire de l'architecture (1193-1250), l'une des mieux conservée, et un lieu de pèlerinage majeur depuis le début du Moyen Âge. La cathédrale d'Amiens, au cœur de la Picardie, est la plus haute église gothique et la plus grande cathédrale de France (XIIIe siècle) restaurée en 2000.  Notre Dame de Paris constitue le monument religieux le plus célèbre du monde (13 millions de visiteurs) et l'un des plus beaux exemples de l'architecture gothique française; sa construction débuta en 1163 pour s'achever vers 1345 et ses vitraux sont exceptionnels; si au cours du XIXe siècle, un vaste projet de restauration a relancé sa renommée (1845), un très important incendie survenu en avril 2019 va nécessiter de très lourds travaux. La cathédrale Notre-Dame de l'Assomption à Rouen (1876), avec sa très haute tour-lanterne surplombant la belle vieille ville normande, est non seulement la troisième plus haute église du monde, dépassée seulement par celles d'Ulm et de Cologne, mais elle est aussi mondialement connue grâce aux 28 tableaux que l'impressionniste Claude Monet en a peints (1892-94) et qui sont répartis dans le monde entier. Elle fut construite et reconstruite depuis 1063, au long des différents styles gothiques....

...La cathédrale Saint-Pierre, à Beauvais, détient le record du plus haut plafond d'un chœur gothique de la chrétienté. La cathédrale Notre Dame de Strasbourg attire plus de 4 millions de visiteurs chaque année et n'est dépassée en hauteur que par l'église Saint-Nicolas de Hambourg, en Allemagne.  La cathédrale de Laon est une construction gothique de première génération commencée en 1155, huit ans avant Notre-Dame de Paris, connue pour ses tours imposantes, son architecture gothique primitive et son importance en tant qu'étape majeure sur le chemin de pèlerinage médiéval vers Saint-Jacques de Compostelle en Espagne. La basilique de la cathédrale Sainte-Cécile, à Albi, dans le sud de la France, est considérée comme le plus grand bâtiment en briques du monde. La cathédrale Saint Etienne de Bourges a été construite entre la fin du 12ème et la fin du 13ème siècle, c'est l'un des grands chefs-d'œuvre de l'art gothique, admiré pour ses proportions et l'unité de sa conception....

La France est une terre de pèlerinage, dont Lourdes et ses cinq millions de pèlerins par an assume la plus grande part pour ses nombreuses guérisons miraculeuses : c'est en 1858 dans la grotte de Massabielle que la Vierge Marie serait apparue 18 fois à Bernadette Soubirous. La basilique de Lisieux s'articule autour de l'histoire de Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus, jeune carmélite béatifiée en 1923. La Basilique de la Madeleine de Vézelay, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, accueille depuis le IXème siècle les reliques de Sainte-Marie Madeleine. Le massif de la Sainte-Baume, à plus de 1 100 mètres d'altitude, renferme la grotte où Sainte Marie-Madeleine aurait décidé de finir ses jours : le village, au pied de la falaise, s'est doté d'une basilique dédiée à la Sainte. L'abbatiale Sainte-Foy de Conques, édifiée entre 1045 et 1120, chef-d'œuvre de l'art roman, conserve les reliques de Sainte-Foy, jeune chrétienne gallo-romaine martyrisée au IIIème siècle à Agen. Accroché à une falaise, le village de Rocamadour est depuis le Moyen Âge un des plus haut-lieux de pèlerinage de France : des marcheurs du monde entier viennent ici gravir les 216 marches du Grand Escalier menant au parvis des sanctuaires, la chapelle Notre-Dame qui abrite la statue de la Vierge noire. Le Mont-Saint-Michel est un village en colimaçon colossal culminant à une abbaye, d'art roman et de gothique flamboyant, voué à l'archange Saint-Michel depuis l'an 708...


L'Allemagne, et plus précisément Wittenberg, est la terre du Luthéranisme, mouvement créé par le réformateur religieux Martin Luther (1483-1546) dans les années 1520 privilégiant la lecture directe de la Bible et la justification par la foi à l'encontre de toute autorité écclésiastique (le Juste est mesuré par sa foi et non par ses actions). Les sites liés à la réforme se trouvent à Eisenach, Erfurt, Lutherstadt Eisleben et Lutherstadt Wittenberg. Luther passa la majeure partie de sa vie à Wittenberg, le site de la Schlosskirche (église du château), où, en 1517, il cloua ses 95 thèses, ou demandes de réforme, sur ses portes. Il est enterré sous la chaire. Mais si l'Allemagne compte 26% de protestants, les catholiques romains représentent un peu plus de 28%, et donc des lieux cultes dédiés parmi lesquels Altötting, en Bavière, qui accueille tous les ans, et depuis plus de 500 ans, plus d'un million de pèlerins : la tour octogonale de sa Sainte-Chapelle abrite la statue miraculeuse d'une Vierge noire et le sanctuaire conserve désormais les coeurs des ducs et rois de Bavière. La Cathédrale de Cologne (Kölner Dom, 1248-1880), la deuxième plus haute église d'Allemagne et du monde pour ses tours, après l'Église principale d'Ulm, la troisième plus vaste cathédrale de style gothique (après la cathédrale de Séville et le dôme de Milan), et le monument le plus visité d'Allemagne, avec plus de 5 millions de visiteurs par an : le chœur de la cathédrale  abrite la Châsse des Rois Mages (Dreikönigenschrein) réalisée entre 1181 et 1230 et le plus grand autel reliquaire d'Europe....

... L'Église Notre-Dame de Dresde (Dresdner Frauenkirche) est un joyau luthérien qui fut durement frappée pendant la Seconde Guerre mondiale et reconstruit jusqu'en 2005. L'Eglise luthérienne d'Ulmer Münster est non seulement la plus grande église protestante du monde mais possède aussi le plus haut clocher d'église du monde (161,5 mètres), construit entre 1377 et 1890. L'église de pèlerinage de Wies (Wieskirche) est l'une des plus belles églises de style rococo dans le monde, construite en 1748 après la découverte de larmes sur une statue du Christ flagellé. L'église de Notre-Dame (Frauenkirche), avec ses deux célèbres dômes d'inspiration byzantine, est l'une des figures emblématique de Munich, reconstruite après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. La cathédrale d'Aix-la-Chapelle (Aachen Cathedral) est l'une des plus anciennes églises d'Allemagne, construite vers 805 et connue pour son dôme byzantin que Charlemagne fit apporter de Ravenne. L'immense coupole de la cathédrale luthérienne de Berlin (Berliner Dom), surmontée de quatre tours en dôme, est emblématique de la capitale, une architecture alliant Haute Renaissance italienne et style baroque (1465-1905) abritant de véritables trésors de sculpture et la crypte de la dynastie prussienne des Hohenzollern…


Le Royaume Uni, et plus précisément l'Angleterre, est la terre de l'Anglicanisme, église qui s'est séparée au cours du XVIe siècle de l'Eglise catholique suite à des conflits ecclésiastiques et politiques causés par la demande adressée par le roi Henri VIII au pape pour lui permettre de divorcer de Catherine d'Aragon. On distingue deux rituels, anglo-catholiques et évangéliques, dépouillés et centrés sut les Saintes Ecritures. Plus de la moitié de la population du Royaume-Uni se déclare sans appartenance religieuse, 15 % se considèrent comme anglicans, 9%  catholiques, 17 % divers chrétiens (méthodistes, presbytériens, ..). On compte plus de 50 700 églises ou congrégations. Parmi celles-ci, citons : St Dunstan's Stepney est une église anglicane typique, sobre, simple et respirant le calme et la paix, reconstruite au XVe siècle dans le quartier londonien de Tower Hamlets sur un site religieux qui remonte au Xe siècle. La cathédrale Saint-Paul est un lieu de pèlerinage touristique et son dôme est un élément intemporel de l'horizon londonien depuis plus de 300 ans. La cathédrale de Southwark est l'édifice gothique le plus ancien de Londres, située à côté du Borough Market au sud du London Bridge (1106-1897). La presbytérienne Holy Trinity Church, située à Sloane Street, Londres, est connue pour son immense vitrail d'Edward Burne-Jones et de William Morris et ses choeurs anglicans. L'anglicane cathédrale de Salisbury possède la flèche d’église la plus haute du Royaume-Uni, le cloître le plus vaste d’Angleterre, et l’une des quatre copies originales restantes de la Grande Charte (1220-1320)...

... L'abbaye de Westminster, construite pour l'essentiel au XIIIᵉ siècle, est  le lieu des couronnements royaux et l'un des édifices religieux les plus célèbres de Londres. La cathédrale de Westminster (Victoria),  moins célèbre et moins ancienne que l'abbaye de Westminster, est un singulier bâtiment néo-romantique, aux influences byzantines conçue dans les années 1890 : sa nef centrale de 52 mètres de large en fait la plus grande d'Angleterre, avec une capacité de plus de 1000 places. Le sanctuaire de Walsingham, dans le North Norfolk (England), est un des plus importants lieux de pèlerinage marial depuis les temps médiévaux (1350), rassemblant tant les catholiques que les anglicans. Lindisfarne, île située en Angleterre, sur la côte de la Northumbrie, abrite un célèbre monastère et un château en ruines, le monastère de Lindisfarne fondé en 635 par le moine irlandais Aidan, envoyé de Iona, à la demande du roi Oswald de Northumbrie, et base de la christianisation du Nord de l'Angleterre. La cathédrale de Canterbury, dans le comté du Kent, est l'une des plus anciennes et des plus célèbres églises chrétiennes d'Angleterre, le centre de la Communion anglicane. La Cathedral and Abbey Church of Saint Alban (Hertfordshire) fut construite pour abriter les restes d'Alban de Verulamium, le premier martyr britannique, mort pendant la persécution de Dioclétien autour de 303. La Cathédrale de Peterborough (Cambridgeshire) constitue l'édifice le plus important du XIIe siècle en Angleterre, avec la cathédrale de Durham et celle d'Ely. L'anglicane Cathédrale Saint-André de Wells, construite de 1180 à 1490, est réputée comme la plus poétique de toutes les cathédrales anglaises. La Cathédrale de Saint David's est l'une des cathédrales les plus anciennes de Galles, fondée au VIe siècle…

L'Irlande demeure une terre d'expression des Catholiques romains (78% de le population) depuis plus de 1500 ans, une terre qui plonge dans le paganisme celtique. Armagh (Northern Ireland) possède deux cathédrales, deux St. Patrick's Cathedrals, l'une est anglicane, la deuxième catholique, capitale ecclésiastique de l'île au temps de Saint Patrick dans les années 400. Knock (petit village du comté de Mayo, dans la province du Connaught) est l'un des sites de pèlerinage catholiques romains les plus populaires d'Europe occidentale et lieu de guérison, attirant environ 1,5 million de visiteurs par an : en 1879, la jeune Mary Byrne (29 ans) y fut témoin, avec sa famille, voisins et amis, d’une apparition silencieuse de la Vierge Marie qui se tenait aux côtés de saint Joseph et de saint Jean l’évangéliste, vêtue de blanc à quelques pieds du sol. La catholique Cathedral Church of St Colman, à Cobh, est un chef-d'œuvre néo-gothique, construit sur une période de 47 ans et achevé en 1915, financée par des habitants locaux et par des Américains et des Australiens d'origine irlandaise qui ont ainsi contribué à l'édification d'une cathédrale hérissée d'arcs-boutants, de gargouilles et de pinacles. L'anglicane Saint Fin Barre’s Cathedral, construite en pierre calcaire en 1879,  dédiée à Fin Barre, saint patron de Cork, recèle une profusion de sculptures et de splendides vitraux représentant des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Le St. Patrick’s College Chapel, à Maynooth, fondé en 1795, fut jadis le plus grand séminaire du monde et abrite une extraordinaire chapelle de chœur. La Saint Patrick’s Cathedral de Dublin, reconstruite au XIIIe siècle, est la plus grande église d’Irlande, et la Christ Church Cathedral, la plus ancienne (1180), austère, envoutante, une crypte fascinante, la plus grande de toutes les îles britanniques....

La Pologne est l'un pays les plus religieux en Europe occidentale, plus de 86% de sa population, mais une religion entendue principalement comme une tradition, la fréquentation de la liturgie n'atteint que 35 %. Dans une Pologne marquée par une histoire chrétienne  vieille de plus de 1000 ans, le sanctuaire de la Vierge noire du monastère de Jasna Gora, situé à Częstochowa depuis 1384, attire plus de quatre millions de visiteurs par an. C'est le troisième plus grand lieu de pèlerinage catholique dans le monde. La Basilique-cathédrale Saints-Stanislas-et-Venceslas de Cracovie (Wawel Cathedral, Krakow) est le sanctuaire de la Pologne construit au 14ème siècle, où reposent rois, reines, poètes et héros  nationaux. Święta Lipka est connu pour son église de pèlerinage, Notre-Dame de Święta Lipka, un chef-d'œuvre de l'architecture baroque. Licheń Stary est connu pour abriter la plus grande église de Pologne par sa superficie, la basilique Notre-Dame de Licheń, au cœur du sanctuaire de Notre-Dame des Douleurs , à l'intérieur de laquelle se trouve une icône de la Vierge, vénérée par plusieurs millions de pèlerins chaque année. L'Église Sainte-Marie de Gdańsk (1343-1502) constitue la troisième église en briques du monde après par Notre-Dame de Munich et la basilique San Petronio de Bologne. La basilique-archicathédrale Saint-Pierre-et-Paul de Poznań est l'une des plus anciennes églises de Pologne et la plus ancienne cathédrale polonaise, datant du 10ème siècle…

La Péninsule Scandinave est à 70% luthérienne, la part catholique romaine étant très minoritaire. La pensée théologique de Martin Luther a eu un impact décisif sur la création du système social-démocrate nordique au XXe siècle. La Norvège abrite la cathédrale de Nidaros à Trondheim (997) , la cathédrale médiévale la plus septentrionale du monde et la deuxième plus grande de Scandinavie, l'un des lieux de pèlerinage les plus importants pour les chrétiens au Moyen Age (le Chemin de Saint-Olav, de Selånger, Suède à Stiklestad, Norvège); l'église de Borgund Stave Church, une église en bois construite entre 1180 et 1250. L'unique lieu de pélerinage catholique romain en Finlande est situé à Kirkkokari, une petite île située à Satakunta, lieu de décès du martyre de saint Henri d'Uppsala en 1156. Au Danemark, la cathédrale de la Sainte-Trinité de Roskilde, dans l'île de Seeland, constitue la première cathédrale de style gothique construite en briques aux XIIe et XIIIe siècles et nécropole royale qui attire 150 000 visiteurs par an…


Les Catholiques de l’Amérique latine et des Caraïbes représenteront les deux cinquièmes de la population catholique mondiale en 2050, mais ce sont aussi deux régions qui ne sont plus désormais exclusivement de religion catholique : plus de 20 % de la population du Guatemala, du Venezuela, du Honduras et de l’El Salvador sont aujourd’hui protestants.
La  Colombie compte 79% de catholiques romains et 14% de diverses confessions réformistes. L'impressionnant sanctuaire de Las Lajas (El Santuario de Nuestra Señora de la Lajas) est un lieu de culte et de pèlerinage situé au-dessus du canyon formé par le Río Guáitara, à 7 km de la ville d'Ipiales, à la frontière équatorienne (1916-1949) et qui attire plus de 750 000 fidèles tous les ans : une apparition de la Vierge et une résurrection miraculeuse observées en 1754 par María Meneses de Quiñones, descendante des chefs autochtones de Potosí, et sa petite fille Rosa, sourde-muette, sont à l'origine de ce pèlerinage. La Catedral de Sal de Zipaquirá (Cundinamarca)est une église construite à l'intérieur des mines de sel, à 49km au nord de Bogotá, et l'un des sanctuaires catholiques et touristiques les plus connus parmi ceux consacrés au chemin de croix de Jésus-Christ (1991)....

Le Brésil compte plus de 64% de catholiques romains, et plus de 22% de fidèles appartenant à diverses églises réformées. Le catholicisme est arrivé au Brésil avec des colons portugais au début du XVIe siècle, et nombre d'églises reflètent une exubérance baroque intérieure très particulière (São Bento Monastery, Rio de Janeiro; São Bento Monastery, Olinda; São Francisco Church and Convent, Salvador; Nossa Senhora do Rosário e São Benedito, Paraty) ou la démesure absolue (Cathedral of Brasília, Metropolitan Cathedral of Rio de Janeiro)...

L'Equateur compte 74% de catholiques romains et plus de 18% de diverses confessions réformistes. Quito possède l'une des plus grandes concentrations d'églises anciennes de toute l'Amérique latine. La Basilica del Voto Nacional, inspirée par la cathédrale de Bourges en France, constitue la plus grande cathédrale néo-gothique de toute l'Amérique (1887-1909). La Iglesia de la Compañía de Jesús vaut pour son décor intérieur, du baroque et du mauresque recouvert de feuille d'or, l'une des plus belles églises d'Equateur (1605-1765). L'église Santo Domingo, l'église et le monastère de San Francisco constituent un ensemble dont la construction a débuté en 1534 et ce pendant 150 ans, et abritent des milliers d'oeuvres d'art indigènes. L'église de San Blas est la plus ancienne église de Quito (1573), et la première spécifiquement destinée à servir la population indigène.  

Le Mexique compte plus de 82% de catholiques romains et 8% d'évangélistes divers. Cholula est l'une des villes du Mexique connues pour son impressionnante quantité d'églises et de bâtiments religieux, et parmi celles-ci,  l'Iglesia de Santa María Tonantzintla à l'exubérant décor dit "barroco indígena", l'Iglesia de Nuestra Señora de los Remedios, église du XVIe siècle construite au sommet de la pyramide de Tlachihualtepetl et qui symbolise l'évangélisation des indigènes par les Espagnols (entre 1524 et 1536, ils seront plus de 5 millions d'Indiens à être convertis par les seuls franciscains), San Francisco Acatepec et son autel barroque churrigueresque. San Cristóbal de Las Casas, ville du Chiapas, abrite l'église de l'Assomption, une cathédrale (1535-1721) dont la façade représente l'un des plus grands exemples du baroque chiapanien, l'Iglesia de Santo Domingo et le Templo y Exconvento de Santo Domingo de Guzmán (1547-1551) connu pour sa façade, disposée comme un gigantesque retable de mortier….

A Mexico, la Basílica de Nuestra Señora de Guadalupe (l'Antigua Basílica de Guadalupe, 1695-1709) et la Nouvelle Cathédrale (inaugurée en 1976) accueillent chaque année près de 20 millions de curieux et de pèlerins religieux, ce qui en fait le monument catholique le plus visité avec la cathédrale Notre-Dame de Paris et la cité du Vatican.  Elle expose la tunique d'un berger, San Juan Diego Cuauhtlatoatzin, sur laquelle s'est imprimée l'image de la Vierge Marie, à la suite de ses cinq apparitions en 1531. A Taxco, ville du Guerrero connue pour ses richesses minières, l'église de Santa Prisca, construite entre 1748 et 1758, recèle une étonnante profusion baroque. La Parroquia de la Santa Cruz, à Puebla, fut construite entre 1693 et 1721, et allie, avec simplicité, baroque et néoclassique. La Catedral Basílica de Zacatecas, cathédrale en pierre rose construite entre 1730 et 1760 et dédiée à la Vierge de l'Assomption, est un chef-d'œuvre de l'exubérant Nouveau Baroque espagnol. La Catedral Basílica Menor de Durango, achevé en 1844, abrite la sculpture en marbre de la Purísima Concepción et la légende de Beatriz, la Monja de Luna de la Catedral de Durango...


Le christianisme s'est diffusé en Afrique du Nord dès le début du 2ème siècle après JC, les communautés chrétiennes d'Afrique du Nord furent les toutes premières communautés à s'implanter, de Jérusalem à Alexandrie, sur la côte égyptienne, par Marc, l'un des quatre évangélistes, en 60 ap., dit-on. Puis le christianisme s'est répandu lentement vers l'ouest, d'Alexandrie à l'est jusqu'en Ethiopie : en 312, l'empereur Constantin fit du christianisme la religion officielle de l'Empire romain, au IVe siècle, le roi éthiopien Ezana fit du christianisme la religion officielle du royaume.  Au VIIe siècle, le christianisme s'est retiré au profit de l'islam.  Au XVe siècle, le christianisme s'est implanté en Afrique subsaharienne avec l'arrivée des Portugais. Dans le sud du continent, les Néerlandais ont fondé l'Église réformatrice néerlandaise en 1652. A partir du XIXe, les missions chrétiennes portaient l'alphabétisation dans les bagages des spéculateurs colonisateurs. Au XXe siècle, le christianisme en Afrique a explosé, passant d'une population estimée à huit ou neuf millions d'habitants en 1900 (8 à 9 %) à quelque 335 millions en 2000 (45 %), marquant un déplacement du centre de gravité du christianisme de l'Occident vers l'Amérique latine, et certaines régions d'Asie et d'Afrique. Un christianisme qui fait l'objet de nombre de persécutions, Open Doors, une organisation caritative qui surveille la violence et la discrimination à motivation religieuse,  évoque le chiffre d'environ 1,8 million de martyrs chrétiens en Afrique au siècle dernier (Nigeria, République centrafricaine, Tchad, République démocratique du Congo, Kenya et Cameroun...). 

Le Congo-Zaire, l'Angola, le Swaziland, la Zambia, le Kenya, le Malawi comptent de 90 à 75% de populations converties au christianisme, les différentes églises protestantes formant un contingent de fidèles très important (anglicans, méthodistes, mormons, presbytériens, adventistes, baptistes, etc). La Côte d’Ivoire, qui se partage entre chrétiens et musulmans, abrite à Yamoussoukro le plus grand édifice du monde de la chrétienté, la Basilique Notre-Dame de la Paix (1990). La population de la République démocratique du Congo comporte 50% de Catholiques romains et 20% de protestants répartis en nombre d'églises indépendantes. Les chrétiens en Angola se répartissent en catholiques romains (41%) et églises protestantes (38%). Le Swaziland (Eswatini) est à 90% chrétien, mais ne compte que 20% de catholiques romains. En Zambie, les protestants (75%) sont plus nombreux que les catholiques romaines (20,%), situation comparable au Kenya et au Malawi…


Les débuts du christianisme en Asie se situent au XVIe siècle, en relation avec l'expansion des réseaux commerciaux de l'Europe en Inde et au-delà, puis l'élargissement de la sphère asiatique au Moyen-Orient englobe désormais une grande partie de ce qui est maintenant la Turquie, la Syrie, l'Iran et l'Irak. Mais dès le XVIIe siècle, le projet de christianisation de l'Asie s'est avéré vain, cédant aux rivalités des ordres religieux et des puissances coloniales et à l'impossibilité de s'ajuster aux cultures asiatiques, ou de proposer une alternative crédible aux implantations bouddhistes, musulmanes et hindoues. Les Philippins font exception, ils ont eux-mêmes traduit le christianisme dans leur propre idiome culturel et ont su faire la distinction entre les enseignements chrétiens et les pratiques de l'Église. Les Espagnols étaient bien établis aux Philippines et les Portugais revendiquaient Goa, Macao et la moitié orientale du Timor, mais à partir des années 1750, la participation d'autres puissances occidentales en Asie du Sud et du Sud-Est s'est progressivement approfondie. En 1900, les Britanniques contrôlaient directement ou indirectement le Sri Lanka, l'Inde, la Birmanie, la péninsule malaise et Hong Kong ; les Français avaient pris le contrôle de l'Indochine (Vietnam, Laos et Cambodge) ; en 1898, les États-Unis ont pris le contrôle des Philippines après la guerre hispano-américaine. En 1853, le Japon fut lui aussi contraint d'ouvrir ses portes au commerce occidental. Mais si au XIXe siècle vont proliférer de nouvelles initiatives missionnaires, le plus souvent protestantes, les années 1860 voient les persécutions des chrétiens prendre une ampleur sans précédent dans un contexte d'affrontements politiques et de lutte contre l'influence occidentale. Dans l'histoire du christianisme en Asie, le déclenchement de la guerre du Pacifique en 1941 marquera un tournant décisif. Ainsi, au Japon, l'occupation américaine, qui n'a pris fin qu'en 1952, a aboli le soutien de l'État au shintoïsme et inscrit le principe de la liberté religieuse dans la nouvelle constitution, mais le christianisme n'est jamais devenu "japonais".... 

En dehors des Philippines (80% de catholiques romains, 8% de protestants), du Timor Leste (97% de catholiques romains), de la Russie asiatique et de l'Arménie (Église apostolique arménienne), les chrétiens sont très minoritaires en Asie, et plus encore les minorités chrétiennes, comme en Indonésie ou en Malaisie, sont le plus souvent aussi des minorités de souche étrangère, chinoise, indienne et eurasienne. Au cours des deux dernières décennies, une augmentation marquée du nombre de chrétiens asiatiques, en particulier en Corée, en Inde et en Chine, a conduit à des prévisions selon lesquelles, d'ici 2025, leur nombre, maintenant estimé à 350 millions, passera à 460 millions...