Alfred Döblin (1878-1957), "Berlin Alexanderplatz" (1929) - Lesser Ury (1861-1931) - Hans Baluschek (1870-1935)..

Last update: 29/11/2016

Littérature allemande des années 1920-1930

En Allemagne, les 15 années qui suivirent la fin de la Première Guerre mondiale sont marquées par une inflation démesurée et un chômage généralisé. Paradoxalement, cette époque est aussi celle de la culture de Weimar marquée par une effervescence jusque-là inconnue tant au niveau artistique que scientifique. Au niveau artistique, la littérature allemande, celle de Hermann Hesse (1877-1962), "Le Loup des steppes" (1927), Alfred Döblin (1878-1957), "Berlin Alexanderplatz" (1929), Thomas Mann (1875-1955), "La Montagne magique" (1924), Robert Musil (1880-1942), "L'Homme sans qualités" (1930), Leo Perutz (1882-1957), "Le maître du jugement dernier" (1923), Stefan Zweig (1881-1942), "La Confusion des sentiments" (1926), veut exprimer la complexité d'un monde moderne qui s'installe dans la confusion la plus extrême...

 

 Döblin, un moraliste qui perce à jour le chaos du monde et y voit une vérité supérieure, l'expressionnisme et le futurisme en fournissent tant les arguments que l'écriture....

(Hans Baluschek  (1898) "Monday Morning" - Stiftung Stadtmuseum Berlin)

 

Avec "Berlin Alexanderplatz" (1929), Döblin tente de renouveler le genre romanesque et développe une de ces grandes épopées urbaines - cf.  les allusions classiques et bibliques - des années 1920 que nous offrirent Dos Passos et Joyce. C'est un roman qui a marqué, pour le lieu chargé d'histoire où il prend corps (Berlin), pour sa structure fortement influencée par le montage cinématographique, pour la façon avec laquelle il intègre les sensations de la ville, suggère un sentiment de vitesse, de contrastes et de simultanéité déroutante. Dans un rejet assumé et maîtrisé des conceptions habituelles du roman, c'est un récit à plusieurs niveaux qui donne libre cours aux discours contradictoires de la métropole. Le lecteur découvre ainsi des articles de journaux, des échanges entre personnages pris au hasard, des panneaux d'affichage ou de rue, et des couplets de chansons populaires. C'est aussi en partie un conte moral :  il s'agit du récit de Franz Biberkopf, ancien prisonnier, et de sa vaine tentative pour se transformer en être humain qui pourrait sembler "décent". Mais c'est aussi un "homme du peuple" à la naïveté "typique", autour duquel le narrateur élabore une histoire complexe de crime, tentation et trahison. Franz s'essaie à toute une série de métiers, perd son bras dans une tentative de vol, devient proxénète, tombe amoureux, et est finalement trahi par son ennemi, Reinhold, à la place duquel il est accusé de meurtre. En route, Döblin rassemble dans son Berlin-Est populaire une série de personnages plus ou moins louches, sensible à la fois à leur façon de parler et au déroulement de leur vie....

 


Lesser Ury (1861-1931),

peintre impressionniste allemand, associé à l'école de de peinture de Düsseldorf, privilégia les scènes nocturnes, pluvieuses, les cafés de Berlin des années 1920...


Alfred Döblin (1878-1957)

Devenu célèbre en Europe avec son roman "Berlin Alexanderplatz" (1929), Alfred Döblin s'est voulu un rénovateur du genre romanesque: "rejetant la tradition du roman psychologique au profit d'une narration épique, il joue de tous les styles et tous les registres de vocabulaire. Contre le principe de « l'art pour l'art », il cherche à transcrire ce qui est la vie même dans toute sa diversité, avec les aspirations contradictoires qu'elle peut susciter chez les individus".

Médecin de profession et issu d’une famille bourgeoise juive, Alfred Döblin a collaboré à divers journaux, autant littéraires que politiques, dès 1910, avant de publier son premier livre, "L’Assassinat d’une renoncule", en 1913. Son existence, personnelle comme littéraire, fut grandement marquée par l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe dans son ensemble. En effet, de son expérience des violences de la révolution allemande en 1918-1919, il tire le roman "Novembre 1918". Puis, à l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, Döblin et sa famille fuient en Suisse et en France. Naturalisé français en 1936, il travaille au ministère de l'Information sous la direction de Giraudoux. Après la débâcle commence un nouvel exil (New York, Los Angeles), doublé d'une grave crise intérieure qui le conduit à se convertir à un catholicisme mystique en 1941 '"Aetheria"). En 1945, le gouvernement militaire français lui attribue un poste dans l'administration de sa zone d'occupation à Berlin, mais Döblin ne se sent plus chez lui dans l'Allemagne d'après-guerre. Il meurt malade et oublié...

 

Ses oeuvres essentielles : "Berlin Alexanderplatz. Die Geschichte vom Franz Biberkopf" (Berlin Alexanderplatz, 1929), "Die Ermordung einer Butterblume" (1913, L'Assassinat d'une renoncule), "Die drei Sprünge des Wang-Lun" (1915, Les Trois Bonds de Wang Lun), "Wallenstein" (1920), "November 1918. Eine deutsche Revolution" (1939), "Schicksalsreise" (Voyage et destin), "Hamlet, oder die lange Nacht nimmt ein Ende" (1956, Hamlet, ou La longue nuit prend fin).

 

1913 - L'Assassinat d'une renoncule (Die Ermordung einer Butterblume)

"Bien avant le succès historique de Berlin Alexanderplatz en 1929, Alfred Döblin fit son entrée sur la scène littéraire en publiant des nouvelles. En voici réunies treize, parues entre 1902 et 1917, treize miniatures où se condensent toute la précision et toute la virtuosité du style de leur singulier auteur. L'espace dans lequel évoluent les personnages de ces récits est dessiné par la mêlée des sexes. A travers elle, Döblin s'avance vers l'utopie du couple en suivant les lignes de fracture que celle-ci inscrit dans les sentiments et les conduites. Exploration des vides plutôt que des pleins : la voie négative en somme. Expressionnisme, abstraction, naturalisme, objectivité ? Le phénomène Döblin et à vrai dire inclassable. L'humoristique occupe ici une place de choix. Sin on veut bien admettre que ce dernier n'a rien de commun avec la zone médiane et pondérée de l'humour, mais s'obtient plutôt par conjonction des extrêmes, la cruauté, le grotesque côtoyant de près le lyrisme et la tendresse. "

 


1915 - Les trois sauts de Wang-Loun (Die drei Sprünge des Wang-Lun) 

Alfred Döblin, en pleine période expressionniste, relate dans une Chine réelle ou mythique, qui pourrait tout aussi bien être l'Europe moderne, l'attitude de l`individu face à l'oppression et à l`injustice, et ses vaines tentatives pour triompher du mal et de la violence. Particulièrement tourmenté. le livre se termine sur une conclusion pessimiste, révolte et non-violence s'avèrent aussi stériles l'une que l'autre. L`évidente nécessité devant un désordre profond de réengendrer un ordre est illusoire. Döblin pose tragiquement la question : comment donner une orientation aux forces troubles qui se disputent l`homme et le monde? S'il ne peut répondre, l'auteur nous livre dans la pure tradition expressionniste de magnifiques et vastes mouvements de foules et d'idées, des peuples et des idées emportés par leurs inquiétudes. leurs déceptions. leur idéal, vers un but inaccessible. et peut-être inexistant...

 


1924 - "L'Empoisonnement" (Die beiden Freundinnen und ihr Giftmord) 

Avilie par un mari qui la brutalise, la jeune Elli se révolte, trouve refuge auprès d'une amie, se confie, s'abandonne et, dans ses bras, découvre l'autre versant de la sexualité. C'est alors qu'à ces deux femmes vient l'idée de faire payer à l'époux ses outrages... Inspiré d'un procès qui défraya la chronique dans les années 1920, "L'Empoisonnement" est de ces récits auxquels la cruauté confère un éclat inoubliable. Médecin psychiatre, Alfred Döblin dissèque le drame selon les règles d'une autopsie méticuleuse. Sous sa plume, la rancoeur et le désir de vengeance des deux amies semblent s'insinuer et se propager sur un rythme implacable, de phrase en phrase, de ligne en ligne, inexorablement, comme un empoisonnement... 

"..C'était dans la première partie de l'année 1921. Ils n'étaient mariés que depuis quelques mois. il voulait la garder, elle si gentille, si joyeuse; elle avait encore ce genre qui lui plaisait et qui lui rappelait le bon temps. Il voulait retenir cela. Il voulait se retenir à elle. Il voulait l'aimer. Il prit un chemin dangereux. Sans savoir ni pourquoi ni comment et malgré une nette répugnance intime, il s'avisa de se déchaîner avec elle sexuellement. D'exiger d'elle violences, sauvageries et extravagances. En eux se fit un véritable déclic. Un changement s'opéra en lui. Il ne pouvait résister à ses impulsions dépravées. Et s'aperçut seulement plus tard que c'était, en plus brûlant, plus passionné, la façon dont il en usait avec des filles de rencontre. Par ce déchaînement et cette brutalité il voulait oublier son infortune. Punir Elli, la dégrader justement par là où elle lui échappait. Elle n'aimait pas ça; tant mieux; son aversion même l'excitait, augmentait l'attrait. Il voulait la fureur. Un autre sentiment l'habitait très souterrainement : lui découvrir ainsi des goûts anciens et réprouvés, c'était une fois encore se soumettre. Il se mettait à nu. Il fallait qu'elle approuve. Qu'elle l'approuve lui. Il fallait qu'elle l'amende. D'une manière ou d'une autre. Elle comprit. Saisit le geste comme il fallait. Elle avait déjà tendance à supporter certaines choses pour se punir de ses défaillances sexuelles. Le dégoût qui la prenait tout entière, qui éclaboussait l'homme dans son ensemble et lui donnait une odeur de soufre, ne parvenait pas toujours à l'apaiser. A présent, malgré son aversion, voire son effroi, elle flairait qu'il changeait, mais que, malgré tout, il ne la lâchait pas. Mieux, qu'il était à nouveau l'amoureux d'autrefois qui la suppliait, et qu'il se soumettait à elle d'une autre manière. Elle flairait que colère, insultes, coups n'étaient qu'une autre forme de soumission. Et dans la mesure même où elle ne pouvait s'abandonner corps et âme à la tendresse, à la passion, cela lui convenait mieux..."


1927 - Manas (Manas)

Épopée en vers dans laquelle Alfred Döblín projette le mythe de l'homme dans une dimension idéale qu'aucune condition réaliste ni historique ne limite. L''idée de la mort et de la souffrance fascine Manas, prince indien et général légendaire, et l`incite à entrer dans le royaume des morts, gardé par les dieux. Les âmes, chassées comme des flocons de neige, y séjournent, impuissantes et désespérées. Vaincu par les démons, Manas meurt dans l`horreur de la mort. Cependant, sa femme favorite, la déesse Savitri, part à sa recherche. Elle lui rend la vie, mais à la condition qu`elle rejoigne les dieux et qu'elle donne à son amant une partie de ses pouvoirs. Devenu compagnon des démons et demi-dieu, Manas triomphe de l`horreur et de la mort, mais détruit tout ce qu'il rencontre. Il est anéanti une deuxième fois, non par la douleur ou la ruse. mais par Schiwa lui-même, l`archer et le danseur au cou bleu. Les sentiments fondamentaux de l'existence sont exprimés ici en vers brutaux, autant d`idées rythmiquement brisées, dans un style singulier et déroutant, ce fut l'un des livres de chevet de Robert Musil ..

 

1929 - Berlin Alexanderplatz 

"On ne raconte pas, on construit", c'est ainsi, dit-on, que Döblin lance le roman allemand moderne. Ce livre célèbre sur les bas-fonds du Berlin des années 1925-1930 fait penser à Voyage au bout de la nuit et aux Mystères de Paris, mais aussi à Brecht, à Dos Passos (Manhattan Transfer) et à Joyce. Car ce récit épique, plein de tendresses, de violences, de vices, étonne par sa modernité au travers de ses deux protagonistes, le personnage de Biberkopf et l'Alexanderplatz berlinoise dans lequel celui-ci est malmené. Coexistent ainsi les bribes de conscience d'un individu et les images et sonorités de la ville. L'aventure de Franz Biberkopf, ancien prisonnier condamné pour le meurtre de sa maîtresse Ida, cherchant à s'amender, mais bientôt happé de nouveau par le monde des souteneurs et des truands. La stricte chronologie assure l'unité d'un récit constamment entrecoupé par les réflexions du narrateur et bâti sur des procédés (emprunts au style lyrique, biblique, journalistique, populaire et dialectal) dont l'éclatement reflète le chaos intérieur du personnage et de la ville. Cette technique expérimentale particulièrement complexe donne une incroyable vitalité au Berlin des années 1920.

 

Döblin abolit donc la sacrosainte psychologie des personnages : les lames de fond qui submergent et entraînent les foules anonymes ont plus de poids que les débats de conscience d'individus tourmentés. Franz Biberkopf n'est pas une individualité autonome, souveraine, mais il est au contraire le type même de l'être collectif, perméable au milieu, livré tout entier, au cœur de la grande ville, à des influences, des forces qu'il ne maîtrise pas.

 

Le roman du futurisme allemand, en ce que les manifestes futuristes avaient proclamé la nécessité d'un art du mouvement, qui aurait pour sujet la vie moderne et son chaos d'événements simultanés. Privilégiant le culte de la technique, ils demandaient le développement d'un style dynamique propre à rendre la totalité d'une réalité naturellement fragmentée et et entendaient par "simultanéité" le déferlement inlassable de la vie, avec le bruit des rues, les conversations, le bourdonnement des machines, l'univers des mémoires. Dans ce spectacle gigantesque des forces qui agissent, les.  individus ne semblent plus que des points. Berlin, Alexanderplatz répond à, ces principes, en les dépassant. Le grouillement d'Alexanderplatz est rendu comme dans un film sonore enregistrant la polyphonie des quartiers populaires tandis que l'être humain n'existe qu'enveloppé dans u jeu gigantesque de forces tant naturelles que collectives. 

Döblin  raconte ,au présent, l'intrigue, si le terme signifie encore quelque chose, se déroule dans l'aujourd'hui immédiat de l'année 1928. Au récit, de style épique, se mêle dialogue dramatique et poésie, réunissant ainsi les trois genres littéraires. Le ton est à l'ironie et l'humour noir sur fond d'absurde. L'image de Berlin est reconstituée grâce au montage et au collage de la réalité et de la vie quotidienne, extraits des communiqués de la Bourse, publications officielles, annonces et pages de journaux, affiches, lettres, statistiques, nouvelles locales, chansons, bulletins météorologiques, rapports de police, se mêlent aux dialogues à l'intimité des personnages. Roman sans héros, Franz Biberkopf n'est  qu'un semblant de personnage sans véritable individualité, le monde extérieur le remplit entièrement. Pour avoir tué sa maîtresse,il a passé quatre ans en prison, il en sort avec la ferme décision de devenir honnête. Au début, il semble y réussir, il  travaille comme marchand ambulant sur l'Alexanderplatz, évitant avec soin tout ce qui pourrait troubler son équilibre. Cependant, une courte aventure avec une veuve qui le trompe lui est fatale : il se met à boire et maudit le monde. Pris en charge par Reinhold, le chef d'une bande de cambrioleurs, il perd un bras lors d'un cambriolage. Il accepte cette mutilation comme un châtiment mérité, mais demeure dans la bande moins par peur de la solitude que pour se prouver qu'il est toujours un homme. Il rencontre bientôt la petite Mieze, auprès de qui il trouve appui et compréhension, mais elle est assassinée par Reinhold qui s'empresse de faire passer Biberkopf pour le véritable coupable. Celui-ci échappe à l'accusation et devient aide-portier. 

 


"Pas de pardon" (Pardon wird nicht gegeben, 1935)

Considéré comme l'un des chefs d'oeuvre de Döblin, le roman relate l'histoire d'une ascension sociale, qui se veut exemplaire, celle de Karl, un jeune homme chômeur devenu riche industriel dans le Berlin tumultueux d'avant-guerre, et qui inexorablement est ré-entraîné dans la rechute.

"... Il régnait une grande animation dans les rues pauvres, étroites ou larges, que Karl retrouvait avec l'obscurité du soir. On y observait mieux que dans le centre ce qui se passait réellement. On entendait de près les jurons et les plaintes d'une humanité écrasée par le char d'une guerre impitoyable. Karl travaillait à l'usine tantôt avec excitation, tantôt morne et désespéré, et réfléchissait aux moyens de se tirer d'affaire. L'entreprise dont il avait touché deux mots au major et à sa femme, était éminemment difficile, une opération désespérée, il le savait, et illégale, car elle consistait à faire peu à peu passer à l'étranger certaines machines et méthodes de fabrication, où elles seraient plus rentables. Récemment encore c'était chose possible, mais maintenant il fallait acquitter des droits énormes, si tant est que ce ne fût pas interdit. On avait en face de soi les impôts et la douane, on tentait de les contourner de mille façons, en fondant des filiales, en expédiant des pièces de machine sous prétexte de réparation. Mais l'ensemble restait du bricolage. Karl n'avait pas de meilleure idée. Il menait une double vie. A l'usine, il était le chef, sérieux, accablé de soucis. Le soir, la seule pensée de son appartement mort lui tournait l'estomac.."

 

Ses premiers écrits, ses sympathies social-démocrates ont valu à Döblin d'être mis à l'index par la censure hitlérienne. Il devra bientôt s'expatrier et trouvera un refuge provisoire à Paris, où il obtiendra la citoyenneté française (1936), puis l'exil le conduira ensuite en Espagne, au Portugal, aux Etats-Unis. Il retrouvera après la guerre l'Allemagne occupée et collaborera un temps comme conseiller culturel avec les autorités françaises de Baden-Baden. Mais se sentant bientôt, suivant ses propres mots, "désespérément isolé" au sein de la nouvelle société allemande, il regagnera Paris (1953), avant de se retirer dans la solitude d'un coin de Forêt-Noire (1956)...

 

Après avoir soutenu, pendant la République de Weimar, des conceptions socialistes, Döblin s'est converti, durant ses années d`exil, au christianisme. On trouvera trace de cette évolution dans sa trilogie romanesque dite sud-américaine, "Voyage au pays où la mort n'existe pas" (Die Fahrt ins Land ohne Tod, 1937), "Le Tigre bleu" (1938), "La Nouvelle Forêt vierge" (1945), livres qui content la colonisation des lndiens d'Amazonie et l'installation de l'Etat jésuite du Paraguay. 

 

"November 1918. Eine deutsche Revolution"

Dôblin écrit une autre trilogie tout aussi monumentale, "Novembre 1918" - "Bürger und Soldaten" (Bourgeois et soldats), 1939; "Verratenes Volk" (Peuple trahi), 1948; "Heimkehr der Fronttruppen" (Retour du front), 1949; Karl und Rosa. Eine Geschichte zwischen Himmel und Hölle, 1950), qui reflète l`ambiguïté de l'attitude de l'écrivain face à l'histoire : les événements sont vus dans la perspective d'un certain Friedrich Becker, partagé entre ses sympathies socialistes et ses convictions chrétiennes. 

 

En 1956, le dernier roman d'A. Döblin, "Hamlet ou la longue nuit prend fin" (Hamlet, oder die lange Nacht nimmt ein Ende), a pour personnage principal un soldat qui, après avoir été rendu à la vie civile, se met en quête de la vérité sur son propre passé, sa propre identité :le romancier, une dernière fois, dénonce les mensonges qui menacent d'étouffer l'individu... (JJP).

 


Hans Baluschek (1870-1935)

Ecrivain par ses nouvelles (Enthüllte Seelen, 1920) et illustrateur qu'enthousiasme le progrès technique, un progrès qui submerge les années vingt et trente, le berlinois Hans Baluschek est un peintre de la vie urbaine. Un peintre du quotidien de cette activité sociale, trépidante certes, mais non sans inquiétude, que peuplent désormais la machine, l'industrie, les chemins de fer ( "Großstadtbahnhof", 1904, "Kriegswinter", 1917, "Arbeiterstadt", "Bahnhofshalle" (Lehrter Bahnhof), 1929, "Morgengrauen", 1930).

Membre en 1900, de la "Berlin Secession", au même titre que Käthe Kollwitz et Max Liebermann, son oeuvre fut condamnée par les Nazis. Le Stiftung Stadtmuseum de Berlin abrite nombre de ses tableaux...