The World Of Science Fiction - Decade of the UFO - Andreï Tarkovski, "Solaris" (1972) - "The Man who fell to Earth" (Nicolas Roeg, 1976) - "Close Encounters of the Third Kind", Steven Spielberg  (1977) - "Star Wars", George Lucas (1977) - Ridley Scott, "Alien" (1979) -  Ridley Scott, "Blade Runner" (1982) - Carl Sagan, "Contact" (1985) - Dan Simmons, "Hyperion" (1989) - William Gibson, "Neuromancer" (1984) - ....

Last update: 12/12/2020 


The 1970s, Decade of the UFO - C'est en septembre 1952, qu'une série d'observations de "soucoupes volantes" au-dessus de Washington D.C. fait la une des journaux du monde entier. En 1956 paraît "The Report on Unidentified Flying Objects" édité par Edward J. Ruppelt, le premier responsable du projet Blue Book de l'U.S. Air Force en charge d'enquêter sur les rapports d'OVNI (UFOs). Des dizaines d'observations spécifiques sont relatées, parmi des centaines d'autres qui se déverseront dans l'agence pendant la période couverte. L'utilisation du terme "hypothèse extraterrestre" dans les documents imprimés sur les OVNI semble remonter au moins à la seconde moitié des années 1960 (Jacques Vallée, Challenge to science : the UFO enigma, 1966). En 1969, le physicien Edward Condon a défini "l'hypothèse extraterrestre" ou "ETH" comme "l'idée que certains OVNI pourraient être des engins spatiaux envoyés sur Terre depuis une autre civilisation ou un espace autre que la Terre, ou sur une planète associée à une étoile plus lointaine". Les années 1970 peuvent être considérées comme l'âge d'or de la détection des OVNI, avec des centaines de personnes regardant le ciel à la recherche de preuves de vie extraterrestre.

La représentation du "petit homme vert" (little green man) se popularise en 1955 avec la fameuse rencontre de Kelly-Hopkinsville (Kentucky), l'un des grands classiques de l'ufologie.  L'imagination des auteurs de science-fiction semble très rapidement se limiter à quelques types de représentation de ce monde extra-terrestre avec la difficulté supplémentaire de conserver un lien avec les possibilités de perception humaine. Après Edgar Rice Burroughs, A Princess of Mars (1912), Harold Sherman, dans The Green Man (1946), Damon Knight,  dans The Third Little Green Man (1947), c'est sans doute avec "Mission of Gravity" (1954), de Hal Clement, que l'on se rend compte à quel point il peut être difficile d'imaginer l'extraterrestre. Aussi, est-ce sans doute pour cela que les auteurs vont privilégier l'expérience du "premier contact" tel que mis en scène  par Steven Spielberg dans "Close Encounters of the Third Kind" (1977) : le spectateur peut ainsi frissonner  sans avoir à affronter les implications des interactions quotidiennes avec les extraterrestres....

 

John Brunner, "The Sheep Look Up" (1972)

John Brunner (1934-1995) alterne romans ambitieux et oeuvres mineures et alimentaires en explorant tous les chemins de la science fiction. Le tournant de sa carrière est située en 1968 avec la publication de "Stand on Zanzibar" (Tous à Zanzibar), le plus gros roman de science-fiction jamais écrit, et sans doute structuré selon des techniques littéraires qui n'ont jamais été utilisé dans le genre. Il y dresse, au long de récits imbriqués, le sombre tableau d'un monde  surpeuplé où se pose la question de la liberté individuelle et de l'eugénisme. Trois destins, celui de Norman House, cadre supérieur new-yorkais et noir envoyé en mission dans un état imaginaire d'Afrique, le Beninia; celui de Donald Hogan, un agent dormant du gouvernement américain expédié dans pays du Sud-Est asiatique pour neutraliser une découverte génétique; enfin celui de Chad Mulligan, un sociologue cynique qui marque toute l'intrigue du roman.

Brunner quitte donc les thèmes traditionnels de la science fiction, la colonisation de Mars ou la machine à voyager dans le temps, pour chercher à inventer un futur proche inéluctablement sombre : la surpopulation, la violence et la haine raciale avec "L'Orbite déchiquetée" (The Jagged Orbit, 1969), la pollution chimique et les derniers spasmes de la planète Terre avec "Le Troupeau aveugle" (The Sheep Look Up, 1972), le fascisme avec "Virus" (The Stone That Never Came Down, 1973), le risque d'extinction de la civilisation humaine avec "Éclipse totale" (Total Eclipse, 1974), l'holocauste nucléaire avec "La Toile de l'araignée" (Web of Everywhere, 1974),  la vie dans un monde totalement informatisé avec "Sur l'onde de choc" (The Shockwave Rider, 1975)....

 


Gene Wolfe, "The Fifth Head of Cerberus" (1972)

Écrivain prolifique de nouvelles et de romans qui cultive des intrigues complexes, Gene Wolfe (1931-2019) trouve son public avec sa série du "Solar Cycle"  (Nouveau Soleil de Terre), quatre volumes rédigés entre 1980 et 1983, une fantasy particulièrement dense qui trace le parcours initiatique de Severian le bourreau dont le destin est de devenir autarque et de sauver une Terre vieillissante, au seuil de la mort. "La Cinquième Tête de Cerbère " est un recueil de nouvelles qui fait certes référence à Cerbère, un chien à trois têtes de la mythologie grecque, qui gardait la porte des Enfers grecs, Hadès, mais est utilisé dans un parcours métaphorique pour décrire la propre famille de l'auteur...

 


Andreï Tarkovski, "Solaris" (1972)

Adaptée d'un roman de l’écrivain polonais Stanislas Lem (1921-2006), l'un des écrivains polonais les plus traduits aux côtés de Gombrowicz et de Sienkiewicz, l'intrigue de "Solaris" est toute entière centrée sur une planète, un vaste «océan-cerveau protoplasmique», qui peut lire dans les pensées des personnages et matérialiser des corps, et auquel va s'affronter un psychologue en charge de comprendre le phénomène. L'imaginaire et le quotidien fusionnent uniquement au niveau d'un personnage, et non via les sempiternels effets spéciaux...

On retrouve de plus sous le mode de la science-fiction, la haine profonde de la guerre et des totalitarismes qui animait un auteur qui avait connu l'occupation soviétique, puis nazie. Le cosmonaute et psychologue Kris Kelvin (Donatas Banionis) reçoit la mission de se rendre sur une station spatiale qui étudie depuis plusieurs décennies la planète océanique Solaris, et dans laquelle des évènements étranges se produisent : son ami, le scientifique Dr Gibarian, s'est suicidé, et les deux membres d'équipage survivants, Snauth et Sartorius, semblent atteint de paranoïa. Mais voici que Kelvin se trouve confronter à d'étranges phénomènes, il aperçoit brièvement à bord de la station d'autres personnes qui ne faisaient pas partie de l'équipage d'origine, et plus douloureusement encore, son épouse Harey, qui s’est suicidée dix ans auparavant. Un singulier processus semble opérer à partir de Solaris, puisant tous les souvenirs de l'esprit humain, des plus douloureux ou plus refoulés, pour en générer l’apparition...

 


Joanna Russ, "The Female Man" (1975)

Joanna Russ ( 1937-2011), féministe américaine et auteur de plusieurs ouvrages de science-fiction, de fantastique et de critique littéraire, entre en littérature avec "The Adventures of Alyx", cinq histoires dont "Picnic on Paradise" (1968) dans lequel Alyx, agent de l'Autorité Trans-Temporelle guide un groupe de toutistes égarés sur une planète en guerre. Il n'y a qu'une seule façon de devenir ce qu'on ne parvient pas à être, c'est de le vivre. Dans "The Female Man", qui se veut roman de science-fiction féministe, entre forme didactique et morceaux de bravoure, l'auteur suit la vie de quatre femmes qui vivent dans des mondes parallèles qui diffèrent dans le temps et l'espace. Passer  d'un monde à l'autre leur fait explorer des points de vue différents sur les rôles tenus par chacun des genres, une expérience à l'issu de laquelle se forge pour chacune d'entre elles une certaine idée de leur vie de femme...

Dans le recueil "Extra(ordinary) People" (1985), la science fiction permet d'installer des récits et des contextes dans lesquels les femmes ne sont pas ce qu'elles paraissent être, ni pour elles-mêmes ni pour les autres, et plus encore de l'inversion des rôles masculins et féminins qui ne produit pas toujours les effets attendus....

 


"The Man who fell to Earth" (Nicolas Roeg, 1976)

Adapté d’un roman de Walter Tevis (1928-1984), auteur de science-fiction et de roman noir (The Color of Money, 1984), "L’Homme qui venait d’ailleurs" relate le séjour terrestre d’un humanoïde (David Bowie) venu d’une autre planète ravagée par la sécheresse, il atterrit au Nouveau-Mexique, prend nom de Thomas Jerome Newton, et y bâtit bientôt un empire industriel grâce à des technologies importées de sa lointaine planète. Il espère ainsi  accumuler assez de richesse pour sauver sa planète mais, découvert par les autorités, il devra renoncer à son projet et être condamné à rester sur Terre. L'histoire se veut visuellement provocante, avec des sauts chronologiques ou géographiques volontairement non expliqués et une vision ultra-sophistiquée de la culture américaine…

 


"Close Encounters of the Third Kind", Steven Spielberg  (1977) 

"Rencontres du Troisième Type", l'histoire d'un homme ordinaire confronté au fantastique. Des faits étranges se produisent un peu partout dans le monde : des avions qui avaient disparu durant la Seconde Guerre mondiale sont retrouvés au Mexique en parfait état de marche, un cargo est découvert échoué au beau milieu du désert de Gobi. "Rencontre du troisième type" relate deux histoires parallèles, la première se déroule dans l'Indiana, pendant qu'une coupure d'électricité paralyse la banlieue, Roy Neary (Richard Dreyfuss), un réparateur de câbles, voit une soucoupe volante passer au-dessus de sa voiture, d'autres personnes sont témoins du phénomène, Barry Guiler, un petit garçon de quatre ans, réveillé par le bruit de ses jouets qui se mettent en route. Roy Neary va tenter de comprendre ces évènements mais se heurte aux rigoureuses consignes de silence imposées par le gouvernement fédéral. Obsédé par ce qu'il a vu et hanté par une image de montagne qu'il essaie désespérément de reconstituer, il est abandonné par sa femme Ronnie et ses enfants, et ne trouve compréhension qu'auprès de Jillian Guiler (Melinda Dillon), la mère de Barry.. Parallèlement à ces événements, une commission internationale, composée de chercheurs de divers horizons et conduite par le savant français Claude Lacombe (François Truffaut), va s'efforcer de percer le mystère. Une évidence s'impose bientôt à eux, une forme d'intelligence extraterrestre tente d'établir un contact avec les terriens, et Claude Lacombe va intègre la méthode Kodály d'éducation musicale comme moyen de communication...

 


"Star Wars", George Lucas (1977)

Les huit films sur "La planète des singes" et les sept sur "Les guerres de l'étoile" (Star wars) comptent parmi les plus populaires sagas de science-fiction. L'univers de Star Wars se déroule dans une galaxie, théâtre d'affrontements entre les Chevaliers Jedi et les Seigneurs noirs des Sith, personnes sensibles à la Force, un champ énergétique mystérieux leur procurant des pouvoirs psychiques. Les Jedi maîtrisent le côté lumineux de la Force, pouvoir bénéfique et défensif, pour maintenir la paix dans la galaxie. Les Sith utilisent le côté obscur, pouvoir nuisible et destructeur, pour leur usage personnel et pour dominer la galaxie.

Pour maintenir la paix, une République galactique a été fondée avec pour capitale la planète Coruscant. C'est ainsi George Lucas a réalisé beaucoup plus qu'un film, il a créé un véritable univers avec un nouveau style de cinéma, une mythologie avec ses personnages emblématiques (Anakin Skywalker qui devient le terrible  Dark Vador, au service de l'Empire, Luke Skywalker, le Jedi Obi-Wan, le pilote de vaisseau Han Solo, son compagnon Chewbacca, la princesse Leia Organa), ses créatures (Yoda, l'un des plus puissants maîtres jedi, les robots R2-D2 et le bavard C-3PO, Jar Jar Binks, de la race des Gungan, Jabba Le Hutt, la grosse limace parrain de la pègre intergalactique), et des objets qui ont trouvé une place dans notre langue....

La trilogie originale était composée de "Star Wars" (1977), "L'Empire contre-attaque" (The Empire Strikes Back, 1980), "Le Retour du Jedi" (Return of the Jedi, 1983). De 1999 à 2005, sont diffusés "La Menace fantôme" (The Phantom Menace), ."L'attaque des clones" (Attack of the Clones) et "La Revanche des Sith" (Revenge of the Sith). De 2015 à 2019, sortent sur les écrans, "Le Réveil de la Force", "Les Derniers Jedi", "L'Ascension de Skywalker". Des films dérivés poursuivront l'aventure....

 


Ridley Scott, "Alien" (1979)

"In space, no one can hear you scream" - Les motifs d'invasion d'Alien persistent dans la science-fiction, comme dans le film "Alien" (1979), de l'incontournable Ridley Scott qui n'hésite pas ainsi à défier la vogue de "la Guerre des étoiles" en conciliant horreur (un Alien machine à tuer) et science fiction avec des effets spéciaux particulièrement réussis. Sur un scénario de Dan O'Bannon, nous voici à bord d'un vaisseau spatial avec un équipage commandé par le capitaine Dallas (Tom Skerritt), secondé par l'opiniâtre lieutenant Ripley (Sigourney Weaver devint une star du jour au lendemain): répondant à un appel de détresse, ils découvrent un vaisseau abandonné et des oeufs étranges : de l'un d'eux sortira un parasite qui s'introduit dans le corps de Kane (John Hurt) et provoquera la stupeur et l'effroi lorsqu'il sortira, développé, de sa poitrine...

 


1980-1990? La science fiction s'impose comme l'un des genres les plus importants d'Hollywood et il est symptomatique de voir, dans cette décennie, un auteur comme Philip K. Dick s'imposer dans nombre d'adaptations. S'enchaînent ainsi durant cette décennie, la série Terminator (1984, 1991, 2003, 2009, 2015), qui met en jeu voyage dans le temps et robots aux pouvoirs extraordinaires, la série Alien (1979, 1986, 1992, 1997), et sa terrible chasse aux prédateurs,  devenus des sources de revenus importantes dans le monde entier : les recettes du box-office américain pour les films de science-fiction, de fantastique et d'horreur sont passées de 5 % en 1971 à près de 50 % en 1982. Le chef d'oeuvre de cette décennie est "Blade runner" (Ridley Scott, 1982), une société menacée par ses propres robots, les réplicants, mais le film ne reconnu comme tel que dans la décennie suivante...

Suivent "E.T. : The Extra-Terrestrial" (1982), qui voit un enfant aidé un extraterrestre ami à s'échapper de la Terre et à retourner dans son monde d'origine, "L'Empire contre-attaque" (1980) et "Le Retour du Jedi" (1983), "Tron" (1982), un pirate informatique emprisonné dans le monde numérique, John Carpenter, avec "Starman" (1984). Mais aussi, avec les ingrédients classiques de l'horreur et du frisson, John Carpenter, avec "The Thing" (1982), David Cronenberg, avec "La Mouche" (1986), "Scanners" (1981), et "Dead Zone" (1983), David Lynch, avec "Dune" (1984), James Cameron, avec "Abyss" (1984) et "Aliens, le retour" (1986), Terry Gillian, avec "Brazil" (1985), Michael Laughlin, avec "Strange Invaders" (1983), Luigi Cozzi, avec "Contamination" (1980), Frank Oz, avec "Little Shop of Horrors" (1986)...

 


Ridley Scott, "Blade Runner" (1982)

Le film Blade Runner (1982) de Ridley Scott est basé sur "Do Androids Dream of Electric Sheep ?"  (les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques") de Philip K. Dick (1968), un roman noir de science fiction qui préfigure le phénomène des années 1980 connu sous le nom de "cyberpunk" : il combinait en effet fascination pour la cybernétique (la science de la communication et la théorie du contrôle, notamment en ce qui concerne le système nerveux et le cerveau humain) et conscience sociale  dite "punk", aliénée, oppressée, décadente. En fond, un lugubre Los Angeles des années 2019, surpeuplé, cosmopolite, suintant de pluies acides, en protagoniste principal, le solitaire inspecteur Rick Deckard (Harrison Ford), recherchant des "réplicants", des androïdes qui se sont mutinés et se font passer pour des humains, et acceptant de retrouver  quatre de ces individus qui viennent de regagner la Terre après avoir volé une navette spatiale : des réplicants Nexus 6, les derniers nés de la technologie développée par la Tyrell Corporation....

 


Carl Sagan, "Contact" (1985)

Célèbre astrophysicien et vulgarisateur scientifique renommé, Carl Sagan (1934-1996) a lié sa vie à la recherche d'intelligences extraterrestres (le fameux programme SETI) : c'est ainsi qu'il a conçu une plaque destinée à être fixée à l'extérieur des engins spatiaux de la NASA et qui arbore un message universel pouvant être compris par n'importe quelle forme d'intelligence. Dans son roman, "Contact", nous suivons Ellie Arroway, directrice du "Project Argus", un réseau de radiotélescopes au Nouveau-Mexique dédié à la recherche d'intelligence extraterrestre (SETI), qui détecte un signal provenant du système Vega à 26 années-lumières, une séquence répétitive des 261 premiers nombres premiers, puis les plans d'une machine dont il faut décoder la complexité et construire, générant des débats dans toute la communauté sciences, gouvernementales, mais aussi sociale et religieuse. Un film en sera adapté en 1997, réalisé par Robert Zemeckis, avec Jodie Foster, un premier contact, une première étape...

 


Dan Simmons, "Hyperion" (1989)

Habité par la volonté de fusionner science fiction et fantastique, Dan Simmons (1948) quitte en 1989 l'enseignement pour se lancer dans une carrière de romancier à plein temps dans un répertoire particulièrement étoffé et de très nombreuses et conséquentes références littéraires. C'est aussi en 1989 qu'il publie "Hypérion", premier tome d'une série de science-fiction (Hyperion, 1989), The Fall of Hyperion, 1990), Endymion, 1996), The Rise of Endymion, 1997) qui connaîtra un certain succès et renouvelle un genre que l'on pensait épuisé : une planète, des mondes habités, des envahisseurs, des scènes de bataille, des complots, une extraordinaire galerie de personnages.

Sa seconde série de romans se situe dans l'horreur : "Summer of Night ", en 1991, relate les mésaventures d'un groupe d'enfants dans les rues obscures de la petite ville de Elm Haven en 1960. En 2007 paraît aux États-Unis son livre "The Terror", un roman relatant l'expédition de John Franklin en 1845 au cœur de l'Arctique, puis  en 2009 "Drood", qui porte sur les cinq années précédant le décès de Charles Dickens, période durant laquelle il écrivait "Le Mystère d'Edwin Drood", qu'il laissera inachevé...

 


William Gibson, "Neuromancer" (1984) 

"The sky above the port was the color of television, tuned to a dead channel. "It’s not like I’m using," Case heard someone say, as he shouldered his way through the crowd around the door of the Chat. "It’s like my body’s developed this massive drug deiciency." It was a Sprawl voice and a Sprawl joke. The Chatsubo was a bar for professional expatriates; you could drink there for a week and never hear two words in Japanese. Ratz was tending bar, his prosthetic arm jerking monotonously as he illed a tray of glasses with draft Kirin. He saw Case and smiled, his teeth a web work of East European steel and brown decay..." - Chef de file de cette fameuse catégorie, le "cyberpunk movement",  que l'on distingue au sein de la science-fiction, et qui depuis les début des années 1980 met en scène des antihéros nourris à la contre-culture et  piégés dans un futur déshumanisé et high-tech, William Gibson (1948) a planté, depuis sa nouvelle "Johnny Mnemonic" (1981), un décor urbain, violent, froid, crasseux, dans lequel il faut survivre à tout prix et qu'alimente "un constant bruit de fond subliminal", pour reprendre les mots d'un autre auteur cyberpunk, Bruce Sterling, auteur de "Schismatrix" (1985). On peut citer de même John Shirley, avec "City Come A-Walkin" (1980), Lewis Shiner, "Deserted Cities of the Heart" (1988), Rudy Rucker, "The Secret of Life" (1985)....

"Messiness, not order, is the basic stuff of the universe..." - Ici les humains branchent leur cerveau dans le "cyberespace" (A consensual hallucination experienced daily by billions of legitimate operators, in every nation, by children being taught mathematical concepts), un monde virtuel médiatisé par ordinateur, et court le risque permanent de se perdre dans les méandres symboliques des toiles informatisées qui innervent le monde... 

"Le ciel au-dessus du port était couleur télé sur un émetteur hors service", et Case, le héros de "Neuromancer", un pirate de l'informatique au cerveau directement branché sur des banques de données, un voleur de données qui pénètre illégalement dans les systèmes : jusqu'au jour où son système nerveux est détruit par un client qu'il a doublé. Dès lors incapable de pouvoir entrer en relation avec la moindre "plate-forme", il survit comme il peut dans les bas-fonds de Chiba City, au Japon. Un mystérieux homme d'affaires, aux motifs obscurs, Armitage, offre à Case la possibilité de recouvrer ses anciens pouvoirs. Voici le héros entraîné dans un combat  contre la domination d'un monde contrôlé par de super-sociétés féodales, le voici en charge de percer la matrice du cyberespace du réseau informatique mondial, dans un monde de junkies défoncés et de sous-cultures étranges, crépusculaire, télévisuel, argotique et technologique, souvent désorientant. Au lecteur, immergé dans ce nouveau monde technologisé de découvrir le sens des choses, et d'y reconstruire son existence. "Count Zero" (1986) poursuit le schéma de "Neuromancer". Quant aux personnages de "Mona Lisa Overdrive" (1988), les voici pouvant "mourir" dans les ordinateurs, où ils peuvent soutenir ou saboter la réalité extérieure. William Gibson collabore avec Bruce Sterling sur "The Difference Engine" (1990), une histoire qui se déroule dans l'Angleterre victorienne, avant de reprendre la thématique du cyberespace dans "Virtual Light" (1993)....

 


"A Chinese Ghost Story" (1987), réalisé par Siu-Tung Ching, Hollywood s'essouffle et laisse Hong Kong prendre le pouvoir en terme d'imagination et surtout d'effets spéciaux qui redonne au cinéma une fluidité, une liberté , un lyrisme étonnant, ici, de la pure Heroic-fantasy qui voit un jeune percepteur tombé amoureux d'une beauté énigmatique hantant un temple abandonné, cette beauté est un spectre au service d'un vieil esprit sylvestre qui se nourrit d'âmes...

Plus tard, "Matrix" (1999), conçu et réalisé par les frères Wachowski, basés à Chicago, comble les attentes d'un public subjugué par la fusion des effets spéciaux- ici particulièrement travaillés -, des séquences d'action et de thèmes vaguement philosophiques, Keanu Reeves, modeste programmeur, se dédouble le soir en pirate informatique du nom de Neo et s'interroge sur la véritable nature de la réalité...

 


Dernière décennie du siècle et du millénaire, les années 1990 continuent à produire de la science-fiction, le fantastique, le "space opera", les voyages dans l'espace à la rencontre d'espèces extraterrestres et la colonisation interplanétaire continuent à inspirer Vernor Vinge, "A Fire upon the Deep" (1992), Peter F. Hamilton, "The Night's Dawn Trilogy" (1996-1999) et "Fallen Dragon" (2001), Dan Simmons, "The Fall of Hyperion" (1990), Greg Bear, et sa trilogie "Eon" (1985), "Eternity" (1988), "Legacy" (1995), les innombrables volumes de Ben Bova (1932-2020), la  trilogie sur Mars de Kim Stanley Robinson (Red Mars, 1992, Green Mars, 1993). Au cinéma, la ronde des extra-terrestres autour de notre planète continue à inspirer bien des oeuvres, ainsi "The Wild Blue Yonder" (2005), de Werner Herzog ou "Under the Skin" (2013) de Jonathan Glazer, l'Intelligence artificielle et les sempiternelles robots, envahissent nos existences et dessinent un au-delà de l'humain des plus sombres, du manga futuriste et de type cyberpunk "Ghost in the Shell" (1989) à "Her", réalisé par  Spike Jonze (2013), .... Reste la planète Mars, qui fait encore rêver....

Mais alors que notre réalité s'est peuplée des sondes interplanétaires de la NASA, du télescope spatial Hubble, des nombreuses percées de la cosmologie contemporaine, alors que l'univers scientifique et les univers de science-fiction ont atteint dans ses années 1990 une dimension qui est infiniment plus grande et plus complexe, plus riche en découvertes mais aussi en interrogations, que la réalité objective des années 1950 et ses univers de science-fiction, il semble que nos auteurs contemporains, à l'écriture plus dense, aux nombreux emprunts faits aux thrillers, aux romans d'horreur, d'espionnage et d'action, n'ont guère renouvelé  l'imagination de nos grands anciens, H. G. Wells, The Time Machine (1895) et War of the Worlds (1898), Vogt, Heinlein, Asimov, Clarke. Quant au cinéma, incontournable, là aussi, alors que la technologie s'insinue dans les moindres recoins de notre quotidien, il est une limite que notre imagination ne parvient plus à franchir, un véritable mur de verre qui semble nous laisser penser avoir véritablement épuisé toutes nos possibilités d'extrapolation, de fiction, de fabulation, ....

Et pourtant nous avons bien franchi le deuxième millénaire...

Qu'est devenu ton imagination, petit être humain?