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Last update: 2018/12/12

En 2010, huit personnes sur dix s’identifient à un groupe religieux, selon la dernière étude démographique du Pew Forum on religion & public life, un centre de recherche indépendant basé aux États-Unis. 5,8 milliards d’individus, soit 84 % d’une population mondiale estimée à 6,9 milliards de personnes, se déclarent membres de l’une des cinq grandes religions, bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam, judaïsme.  Les chrétiens sont majoritaires et représentent 32 % de la population mondiale. Viennent ensuite les musulmans (23 %), les hindous (15 %), les bouddhistes (7 %) et enfin les juifs (0,2 %). Ceux qui ne se reconnaissent dans aucune religion forment toutefois le troisième groupe le plus important, juste devant les hindous, du point de vue du nombre (16 %). Quelque 400 millions d’individus, soit 6 % de la population mondiale, sont attachés à une religion traditionnelle,  africaine, chinoise, amérindienne, aborigène… Et Un peu moins de 1 % évoque d’autres croyances, comme le sikhisme, le shintoïsme, le taoïsme ou encore le zoroastrisme.

 

L'hindouisme est aujourd'hui la religion de 80% des habitants de l'Union indienne et du Népal et revendique plus d'un milliard de fidèles, représentant ainsi la troisième religion de la planète après le christianisme et l'islam.

Elle est étroitement associée, sur le plan conceptuel et historique, aux autres religions indiennes, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme. Contrairement à la plupart des autres religions, l'hindouisme n'a pas de fondateur unique, pas d'Écriture unique et pas d'ensemble d'enseignements communément acceptés.

Tout au long de sa longue histoire, de nombreuses personnalités ont enseigné différentes philosophies et écrit de nombreux livres saints. 

Pour reprendre un célèbre arrêt de la Cour suprême indienne de 1995, la religion hindoue ne revendique aucun prophète, n'adore aucun dieu, ne semble satisfaire aucun des critères décrivant une religion, pour n'être en fait qu'un mode de vie, un mode d'existence, dirons-nous, centrée sur l'intuition d'un ordre sous-jacent et rationnel de l'univers, mais un ordre qui, s'il ne peut être défini, est reconstitué symboliquement et qui doit s'expérimenter, se vivre pour permettre à tout être humain de forger le lien personnel qui le rattache au divin. En échange, l'être humain reçoit protection contre les forces maléfiques et acquiert la possibilité d'accumuler les biens de ce monde. Encor faut-il que ces sacrifices soient effectués par la bonne personne, d'où le système de castes, toujours vivant au moins symboliquement, via un protocole rigoureusement défini et un calendrier spécifique. L’essence (Brahman), la notion subtile d’existence (Pradhana), la matière à partir de laquelle le monde fut créé, la Shakti, la mère universelle, qui permet à l’esprit (Brahman) de se manifester, sont des concepts fondamentaux de l'hindouisme....

L'Hindouisme est né dans la vallée du Gange il y a plus de 2000 ans. IIe millénaire avant JC, les Indo-Européens (Aryens) envahissent le nord de la péninsule indienne et importent avec eux un panthéon de dieux proche de celui de la Grèce Antique et le védisme, socle de l'hindouisme actuel. Les croyances aryennes fusionnent avec des traditions religieuses pré-existantes (bain rituel, notion de déesse-mère), émergent ainsi progressivement une tradition de culte sacrificiel qui traduit la "bonne manière de vivre" dans un ordre cosmique sous-jacent.

Les livres sacrés sont divisés en deux catégories suivant qu'ils sont transmis par la puissance divine (Çruti) ou par la mémoire des hommes (Smriti).

A la première catégorie appartiennent les 4 textes sacrés de l'hindouisme, les Vedas (le Rigveda, livre des versets, le Yajurveda, livre des formules rituelles, le Samaveda, livre des chants, l'Atharvaveda, livre d'Atharvan) et les textes explicatifs des Vedas (les Samhitas, prières et liturgique, les Brahmanas, traités d'explication, les Aranyakas, méditations ésotériques, les Upanishads, vouées aux spéculations métaphysiques, "upanishad" signifiant "s'asseoir auprès de", et donc nécessitant de s'asseoir auprès de son gourou pour accéder à un niveau supérieur de connaissance spirituelle). Tout le Veda est rédigé en sanskrit, langue indo-européenne, sœur du grec, du hittite, du latin, des parlers germaniques, celtiques, balto-slaves, etc. 

Que sont donc les Védas? Fondamentalement des expressions poétiques de perception et d’expériences personnelles résultant de communions profondes avec la nature et les énergies qu'elle recèle, et cette communion est tributaire des différents niveaux de conscience qui sont mis en oeuvre. Nous sommes loin d'une philosophie" ou d'une "sagesse. Les Védas sont les textes indiens les plus anciens qui subsistent (2000 à 1500 avant notre ère). Ces textes sont composés tant d'hymnes et de traités rituels que de récits plus spéculatifs et métaphysiques. Les Védas sont extraordinairement vénérés par les hindous contemporains comme étant à la base de leurs croyances les plus profondes.  Les premiers Védas se réfèrent le plus souvent à certains dieux comme Indra, le dieu du tonnerre, et Agni, qui transmet des messages entre les humains et les dieux par des sacrifices de feu.  

Les Upanishads constituent la dernière phase de l’expression védique et historiquement la fin aussi de cette période. Ils ne résultent pas de livres écrits , car les anciens Indiens ne croyaient pas à la transmission écrite, mais d'une communion entre le maître et son élève, d'une compréhension transmise oralement et mémorisée sans l'aide du support papier, et tout cela pour en garder toute la sensibilité, l'énergie, le souffle, la vie. Ici, on n'apprend pas mais on aide à apprendre, on n'utilise une compréhension déterminée et formalisé, mais on éprouve la pensée comme on éprouve la respiration, la pensée est l’essence de la vie car sans elle nous ne pouvons vivre. Et les Upanishads nous font ensuite éprouver que la vie est une totalité, une totalité dont nous sommes une part et que nous ressentons en purifiant tant nos structures psychiques que physiologiques, dans une constante évolution. Ce n'est pas tant une conclusion que nous tentons d'atteindre, que l'expérience intime d'un monde qui ne cesse d'évoluer... .

On en compte 108 Upanishads, parmi lesquelles une dizaine sont considérées comme les plus importantes, et parmi ces 10, l’Isha Upanishad et ses différents mantras qui nous révèle combien le divin est présent en toute chose, combien le Soi est plus rapide que tout esprit ...

īśāvāsyamidaṃ sarvaṃ yatkiñca jagatyāṃ jagat
tena tyaktena bhuñjīthā mā gṛdhaḥ kasyasviddhanam...
Quoi qu'il y ait de changeant dans ce monde éphémère, tout cela doit être enveloppé par le Seigneur. Par ce renoncement, soutenez-vous. Ne convoite la richesse de personne.
Dans le monde, on devrait désirer vivre cent ans, mais seulement en accomplissant des actions. Ainsi, et d'aucune autre manière, l'homme ne peut être libre de la souillure des actions.
Dans les mondes des asuras, diables, enveloppés dans des ténèbres aveuglantes, vont-ils vraiment après la mort, qui sont les tueurs de l'Atman, le Moi ?
Le soi est un. Il est immobile : mais plus rapide que l'esprit. Ainsi, se déplaçant plus vite, elle est hors de portée des sens. Toujours constant, il surpasse tout ce qui court. Par sa seule présence, l'énergie cosmique est capable de soutenir les activités des êtres vivants.
Il bouge ; il ne bouge pas. C'est loin : C'est très proche. C'est à l'intérieur de tout cela : C'est vraiment en dehors de tout cela.
Le Sage, qui réalise que tous les êtres ne sont pas distincts de son propre Soi, et son propre Soi en tant que Soi de tous les êtres, ne hait personne en vertu de cette perception.
Quelle illusion, quelle tristesse peut-il y avoir pour ce sage qui réalise l'unité de toute existence en percevant tous les êtres comme son propre Moi ?
Lui, celui qui existe en soi-même, est partout - le pur, sans corps (subtil), sans défaut, sans muscles (un corps grossier), saint et sans la souillure du péché ; c'est Lui, le tout voyant, le tout sachant, l'Unique qui englobe tout. Il a dûment assigné leurs devoirs respectifs aux Prajapatis éternels (puissances cosmiques).
Ils entrent dans les ténèbres aveuglantes qui adorent l'avidya (ignorance) ; dans les ténèbres encore plus grandes, pour ainsi dire, entrent-ils qui se réjouissent de la vidya (connaissance).
Un résultat qu'ils disent est obtenu par vidya, et un autre résultat, disent-ils, est obtenu par avidya, ainsi avons-nous entendu les sages qui nous l'ont expliqué.
Celui qui connaît à la fois vidya et avidya ensemble, surmonte la mort par avidya (ignorance) et expérimente l'immortalité par le biais de vidya (connaissance).

Dans les ténèbres profondes entrent ceux qui adorent l'asambhuti. (le monde du Devenir comme détaché de l'Etre). Dans des ténèbres encore plus grandes, pour ainsi dire, entrent ceux qui se réjouissent de la sambhuti. (être pur ou brahmane).

 

La seconde catégorie est constituée de textes divers inspirés par les Vedas :  traités sur le dharma (fondement de la vie d'un hindou) et Shastra, le livre de la Loi de Manu dont l'influence sur la vie hindoue est considérable. Viennent ensuite les grandes épopées poétiques : le Mahabharata (la plus grande œuvre littéraire du monde avec ses 100 000 vers, Krishna en est le personnage principal) et le Ramayana (dont le protagoniste est Rama).

Enfin les Puranas, apparus pendant le règne des Gupta, récits des origines qui incluent cosmogonies, cosmologies, généalogies royales, sont en fait des mines de renseignements sur les mythes, les rites et toutes sortes de pratiques. Les deux principaux dieux des Puranas sont Vishnu et Shiva alors que dans les Vedas ils n'ont que des rôles secondaires. Vishnu est le protecteur et le préservateur, Shiva est le destructeur. Ils sont associés à Brahma, le créateur du monde. Dans les Puranas, le polythéisme est bien plus développé que dans les Vedas. Le plus populaire des Puranas est le Bhagavata-Purana dédié à Krishna.


On considère généralement qu'au védisme a d'abord succédé le brahmanisme, période qui voit s'établir le système des castes : les quatre varnas ou castes proviennent des différentes parties du corps de Purusha, l'homme primordial, brahmanes (prêtres, la bouche), kshatriya (guerriers, le bras), vaisya (marchands, les cuisses), sudra (travailleurs, les pieds).  "Toutes les entités vivantes ont des caractéristiques différentes et des devoirs qui les distinguent les unes des autres" (Bhavishya Purana). Le brahmanisme est plus "philosophique" que le védisme et repose essentiellement sur des rituels.

Au VIe siècle avant notre ère, la suprématie du brahmanisme en Inde est remise en cause par l'émergence de deux nouvelles "religions", le jaïnisme de Mahavira et le bouddhisme de Bouddha. Le bouddhisme partage avec le brahmanisme les notions de samsara (cycle des existences terrestres) et de nirvana, mais conteste le système des castes et l'idée même de divinité. En Inde, il a connu son apogée sous le règne de l'empereur Ashoka, qui s'est converti à la nouvelle religion au IIIe siècle avant JC. Ensuite, entre 200 et 800 après JC, le bouddhisme a décliné jusqu'à pratiquement disparaître du sous-continent, cependant que le brahmanisme connaissait une renaissance sous la forme de l'hindouisme.


La vie d'un hindou est régi par son dharma. Il constitue une sorte de code de conduite sur lequel l'hindou bâti sa vie, convaincu qu'il a une destinée propre notamment définie par sa classe et sa caste de naissance. Alors que le brahmanisme prône le renoncement au monde et l'ascétisme, l'hindouisme professe que l'être humain peut trouver la libération dans la dévotion absolue à une divinité (bhakti), cette dévotion est ressentie comme une relation individuelle avec celle-ci et nécessite de réaliser une puja (rituel) dans l'un des multiples temples constellant le pays. L'hindouisme cultive l'idée d'un ordre cosmique et social éternel sous-jacent à notre vision du monde, le dharma, illustré par la hiérarchie des dieux et déesses qui expriment chacun les aspects singuliers d'une vérité unique, mais aussi un dharma qui définit les devoirs auxquels sont astreints les hommes. Ceux-ci sont soumis selon leurs bonnes et mauvaises actions à de perpétuelles renaissances, le karma, jusqu'à ce qu'ils parviennent à se fondre dans la substance même de l'univers, le Brahman, c'est-à-dire Dieu, dont le panthéon hindou n'est que la manifestation.  Echapper à la chaîne des réincarnations (samsara) et  atteindre ce qu’on appelle le Moksha nécessite de franchir trois étapes, suivre les  cérémonies religieuses, rites et des actes vertueux propres à chaque caste, puis acquérir la Connaissance qui permet de se dégager de l'empirer de nos sens et ressentir notre participation au grand Tout, le Brahman, via des pratiques divers (le yoga, la chasteté, la pureté des pensées, une discipline corporelle et une alimentation modérée, la respiration, la méditation, la contemplation), enfin établir son être dans la dévotion, c’est-à-dire l’amour et l’obéissance à une divinité particulière. C'est bien la «dévotion» (bhakti), qui s'oppose fortement au ritualisme védique,  qui a couvert l'Inde de temples, mobilisé des foules de pèlerins de toutes castes et de tous les horizons, qui parcouraient ainsi l'Inde du nord au sud et d'est en ouest...

"C’est à l’intérieur du corps où le souffle est entré que ce Soi subtil doit être atteint par la conscience" - Les Upanishad sont des textes à portée philosophique composés à partir du VIe siècle av. JC centrés sur une seule problématique, la nature du "Moi". A noter que la philosophie indienne influencera des penseurs grecs, ne serait-ce que Platon. Pour celle-ci, comprendre le "moi" permet de comprendre le monde, dans une approche différente de la pensée occidentale. En Occident, nous nous voyons le plus souvent distinct de notre corps et séparés du reste du monde (le fameux dualisme), voire un "soi" qui n'est qu'une façon de décrire l'activité du cerveau. En Orient, l'analyse des plus petits éléments des objets matériels révèle une réalité absolue qui nous est d'emblée invisible, cette réalité constatée au niveau de notre univers matériel peut être étendue à nous-même : notre véritable moi est donc à rechercher dans cette réalité invisible, absolue, le brahman.

Dans les Upanishad, le moi est composé de trois parties, un corps matériel, un corps composé de pensées, de sentiments et d'expériences, et une conscience pure, l'atman, ou brahman. Nous ne formons donc qu'un avec la réalité fondamentale de l'univers. Notre corps s’évide à travers la pratique du yoga, l’ascèse, le renoncement pour se révéler comme le contenant du divin. Par nature, on voit au-dehors, et non pas en soi-même, mais un sage va scruter son âme, le regard tourné en lui-même à la recherche de ce qui ne meurt pas. Dans cette rentrée en soi, l’être humain ne s’enferme pas, mais au contraire bascule dans la dimension cosmique : « Aussi vaste que l’espace qu’embrasse notre regard est cet espace à l’intérieur du cœur. L’un et l’autre, le ciel et la terre y sont réunis, le feu et l’air, le soleil et la lune, l’éclair et les constellations".


 

 

Les quatre « grandes paroles » (mahâvakya),  tirées des Upaniṣhads, affirment l'identité profonde entre l'homme et la totalité...

"La connaissance (“intuitive”) est brahman" (Prajñânam Brahma)
Cf l’Aitareya Upanishad, le commentaire du premier livre-recueil des Védas, le Rigvéda.
Tout ce qui respire, marche, vole et ce qui reste immobile, tout cela a pour guide la sagesse, prend appui sur la connaissance. Le monde a la sagesse pour guide, la sagesse est son support. "Il est Brahma, Il est Indra, Il est Prajapati ; Il est tous ces dieux ; Il est les cinq grands éléments - terre, air, akasa, eau, lumière ; Il est toutes ces petites créatures et les autres qui se mélangent ; Il est l'origine - ceux nés d'un oeuf, d'un ventre, d'une matrice, de sueur et d'une pousse ; Il est cheval, vache, être humain, éléphant - qui souffle ici, soit sur les jambes ou volant dans le ciel, soit non mobile. Tout cela est guidé par la Conscience, est soutenu par la Conscience. La base de l'univers est la Conscience. La conscience est Brahman" (Prajnanamam Brahma). 

"Tu es Cela", "Cela tu (l’) es" (Tat tvam asi)
Cf la Chandogya Upanishad, commentaire du deuxième livre-recueil des Védas , le Samavéda. Toutes les créatures ici-bas lorsqu’elles entrent dans l’Être, ignorent qu’elles y entrent, tigre ou lion, loup ou sanglier, ver ou papillon, mouche ou moustique, quelle que soit leur condition ici-bas, elles sont toutes identiques à cet Être qu’est l’essence subtile. L’univers tout entier s’identifie à cette essence subtile, qui n’est autre que l’Âme ! Et toi aussi, tu es Cela, Shvétakétu ! Comprends bien cela, mon cher : lorsque la vie quitte quelqu’un, il meurt, mais la vie, elle, ne meurt pas qui est identique à l’essence subtile...

"Je suis Lui" (so’ham asmi)
Cf la Ishâ Upanishad, commentaire du troisième livre des Védas, le Yajurvéda blanc,  la plus courte de toutes les Upanishads (18 vers) mais la plus connue car elle ouvre les recueils indiens d’Upanishads.

"Cet âtman est le brahman" (Ayam âtma brahma)
Cf la Mandukya Upanishad, le commentaire du quatrième livre des Védas, l’Atharvavéda. Ce texte très court de douze versets, analyse les quatre éléments de la syllabe Om, exclamation liturgique au début et à la fin de la récitation de tout texte sacré, et symbole phonique et spatio-temporel du monde et de l’identité âtman-brahman. "L'essence de tous ces êtres vivants est la terre. L'essence de la terre est l'eau. L'essence de l'eau est la végétation. L'essence de la végétation est l'homme. L'essence de l'homme est la parole. L'essence de la parole est le Rig Véda. L'essence du Rig est le Sama Véda. L'essence du Sama est l'Udgitha. Cette syllabe Om qui est appelée l'Udgitha est la quintessence de ces essences, c'est l'essence suprême, qui mérite la place la plus haute, la huitième..."

La Chāndogya Upaniṣad  (environ VIe siècle av. J.-C.) est l'une des plus anciennes Upanishad majeures, commentée par ailleurs par Adi Shakara (VIIIe siècle). Son contenu comporte de nombreux hymnes védiques pour l'harmonie entre le cosmos et les humains, et aborde l'identité de l'Atman et du Brahman, l'unité fondamentale entre l'âme individuelle et le Soi. Le 5e chapitre contient le fameux enseignement de Uddalaka Aruni à Shvetaketu, contenant le célèbre Mahavakya "tat tvam asi", "Tu es Cela", sans doute la plus célèbre de la philosophie hindouiste.

"Lorsque Svetaketu eut douze ans, il fut envoyé auprès d’un maître, avec lequel il étudia jusqu’à ce qu’il eût vingt-quatre ans. Après avoir appris tous les Védas, il revint chez lui, plein d’orgueil, dans la croyance qu’il possédait une instruction achevée, et fort porté à la critique. Son père lui dit :
— Svetaketu, mon enfant, tu es si plein de ton savoir, et si porté à la critique, as-tu demandé cette connaissance grâce à laquelle nous entendons ce qui ne se peut entendre, percevons ce qui ne se peut percevoir, et savons ce qui ne peut être su ?
— Quelle est cette connaissance, monsieur ? demanda Svetaketu.
Son père répondit :
— De même que par la connaissance d’un bloc d’argile on connaît tout ce qui est fait d’argile, la différence n’étant que dans le nom, mais la vérité étant que tout est argile — de même, mon enfant, est cette connaissance, telle que, la possédant, nous connaissons tout.
— Mais assurément, ces maîtres vénérables qui m’ont instruit sont ignorants de cette connaissance ; car s’ils la possédaient, ils m’en auraient fait part. Veuillez donc, monsieur, me la donner, cette connaissance.
— Soit, dit le père... Et il dit :
— Apporte-moi un fruit de l’arbre nyagrodha.
— En voici un, monsieur.
— Brise-le.
— Il est brisé, monsieur.
— Qu’y vois-tu ?
— Quelques graines, monsieur, excessivement petites.
— Brises-en une.
— Elle est brisée, monsieur.
— Qu’y vois-tu ?
— Rien du tout. Le père dit :
— Mon fils, cette essence subtile que tu n’y perçois pas, c’est dans cette essence même que se tient l’être de l’énorme arbre nyagrodha. Dans ce qui est cette essence subtile, tout ce qui existe a son soi. C’est là le Vrai, c’est là le Soi, et toi, Svetaketu, tu es Cela.
— Je vous en prie, monsieur, dites-m’en davantage.
— Soit, mon enfant, répondit le père. Et il dit :
— Mets ce sel dans l’eau et viens me trouver demain matin.
Le fils fit ce qui lui avait été dit. Le lendemain matin, le père dit :
— Apporte-moi le sel que tu as mis dans l’eau.
Le fils le chercha, mais ne put le trouver ; car le sel, bien entendu, s’était dissous. Le père dit :
— Goûte l’eau de la surface du récipient. Comment est-elle ?
— Salée.
— Goûtes-en du milieu. Comment est-elle ?
— Salée.
— Goûtes-en du fond. Comment est-elle ?
— Salée.
Le père dit :
— Jette l’eau, et reviens alors auprès de moi.
Le fils le fit ; mais le sel n’était pas perdu, car le sel existe à jamais.
Alors le père dit :
— De même, ici, dans ce corps qui est tien, mon fils, tu ne perçois pas le Vrai ; mais il y est en réalité. Dans ce qui est l’essence subtile, tout ce qui existe a son soi. C’est là le Vrai, c’est là le Soi, et toi, Svetaketu, tu es Cela."


Alors que dans la plupart des autres traditions religieuses, la représentation de la divinité est exclue ou interdite, la pratique hindoue encourage au contraire les images peintes et sculptées qui sont censées incarner véritablement le divin, participer implicitement au rituel jusqu'à attester d'une présence divine authentique. La connexion physique sous forme de contact visuel est ainsi essentielle à la dévotion religieuse…

Le Panthéon hindou se construit autour d'une trinité de dieux, la Trimurti, composée de Brahmâ le créateur, Shiva le destructeur et Vishnou le conservateur des mondes. Cette trinité correspond à la différenciation des trois composantes de l'univers, le sattva, élément lumineux et paisible (Vishnou), le tamas, son opposé ténébreux et pesant (Shiva),  le rajas, l'élément actif, donc créateur (Brahman). Les cultes de Vishnu et de Shiva ont donné lieu à des sectes violemment opposées à mesure que les siècles passaient. Tous les dieux émanent de Brahman, principe divin fondamental, éternel et incréé, mais concept plus philosophique que principe actif : Brahman n'est pas objet d'adoration mais de méditation, quelque chose qui ne peut être ni connu ni approché, c’est le grand tout dans lequel chacun finit par se fondre. Il n’existe pas d’être «Dieu», en tant que personne ou volonté, mais le principe divin vit et se meut en tout. Cette notion est inséparable de la conception hindouiste qui sous-tend qu’il y a autant de façons différentes de voir ne serait-ce qu’un simple objet....

Brahmâ
Brahmâ, principe créateur de l'univers, ne dispose que d'un nombre infime de temples dédiés à son culte : celui de Pushkar, au Rajasthan, est le plus connu d'entre eux, le second se situe à Kumbakonam au Tamil Nadu. On le représente avec quatre visages et quatre bras, symboles de son omniscience et de sa puissance d'organisateur du monde. Brahma a créé une femme pour l'aider dans son travail de création, Shatarupa, qui était si belle que le Dieu ne cessait de la chercher du regard, regard que fuyait la déesse et qui la fit constamment changer de forme. Un Brahma qui fut réprimé par Shiva, son rôle de créateur étant terminé, et dont l'action fut reprise par Vishnu, en charge de préserver le monde, et Shiva qui poursuivit son chemin de réincarnation cosmique....

Pushkar (Rajasthan, à 11 km d'Ajmer) est surnommée la ville du dieu Brahma, lovée autour de son lac sacré et de ses 52 ghats (gradins autour du lac), des rites organisés dans le temple Jagatpita Brahma, le seul temple actif en Inde dédié au dieu Brahma, le créateur de l’univers selon l’hindouisme. C'est la ville qui doit clôturer les "Char Dham", les quatre lieux de pèlerinage les plus sacrés en Inde, pour obtenir la Mosksha (le salut). Tout comme à Varanasi ou à Haridwar, chaque soir au coucher du soleil a lieu l’arati, une cérémonie religieuse dédiée au lac, au rythme des chants sacrés. Pushkar  est aussi renommé pour son bazar et sa foire aux chameaux, la plus grande de l’Inde....


Shiva, l'incarnation de l'union des contraires, le shivaisme

Shiva est le Dieu auprès duquel il convient d'intercéder, dont il faut se préserver, pour que le sacrifice puisse réussir. Shiva, honoré sous la forme du lingam (symbole phallique ou oeuf cosmique, le "lingam" ou "Shiva-lingam"), incarne la destruction mais aussi la renaissance rendue possible par cette destruction. Représenté de multiples façons ( Shambhu, Shankar, Mahesha, Mahadev), il est en premier lieu Shiva Natarâja, le seigneur de la danse des cycles cosmiques de création et de destruction, d'équilibre entre la vie et la mort, parfois un ascète pratiquant le yoga, les cheveux emmêlés, vêtu d'une peau de tigre et couvert de cendres. Après avoir détruit l'univers, Shiva danse sa recréation en portant à la fois le feu (symbole de la destruction) et un tambour. Dieu de tous les extrêmes, l'équilibre lui vient de sa femme Parvati qui lui permet d'être ascète et amant, et tous deux sont réputés avoir vécu dans les montagnes Kailash dans l'Himalaya. Le shaïvisme est très répandu en Inde, au Népal, au Sri Lanka.

Le Shiva Purana décrit le lingam comme un pilier de lumière ou de feu dont on ne peut trouver le début ni la fin, manifestation imposant Shiva en pleine querelle entre Brahma et Vishnou, mais aussi représentant le pouvoir brut de Shiva et sa masculinité.  Les fameux Shiva-Lingam sont ainsi vénérés en douze lieux dans toute l’Inde, certains naturels et d'autres façonnés par l'homme. L'un des principaux gisements de ces galets de pierre provenait de la rivière Narmada,  l'une des sept rivières sacrées de l'Inde, le courant leur donnant une forme ovoïde caractéristique. Le Shiva Lingam est réputé réguler les énergies vibratoires masculines et féminines positives. Le Temple de Râjarâjeshvaram (Tanjore) renferme le plus grand Lingam de l'Inde. Le temple de Somnath et son bassin sacré attirent des millions de pèlerins chaque année et abrite le seigneur de la lune, le premier des douze Jyotir Lingams (lingams de lumière), situé sur la côte près de Viraval (Prabhas Kshetra, Gujaral). Le Jyotirlingam de Mallikarnuja, sur la colline de Sri Sailam (Kurnool, Andhra Pradesh) est l’une des cités les plus anciennes et sacrées de l’Inde du Sud. La rivière Narmada, qui  compte parmi les 7 rivières sacrées de l’Inde avec le Gange, la Godavari, Kaveri, Narmada, Saraswati, le Sindhu et la Yamuna, traverse Omkareshwar qui possède deux Shiva-lingams, Omkareshwar et Mamleswar, ville sainte du Madhya Pradesh qui est donc l'un des 12 centres de pèlerinage les plus importants pour les shivaites...

A 20 kms de la ville sacrée de Dwarka, perdu dans la campagne, le temple hindou de Nageshwar abrite le seigneur des cobras, l’un des 12 Jyotirlingams, composé de Dwaraka Sila ou roche de corail ramassée dans le fleuve Gomati à Dwarka (les Puranas lui attribuent la possibilité d'une libération spirituelle), et une immense statue de Shiva de 25 m de haut qui veille sur le précieux sanctuaire.

Le temple Periya Koil Brihadeshvara (Râjarâjeshvaram, Thanjavur (Tanjore, Tamil Nadu), dédié à Shiva, fait partie des plus grands temples que compte l’Inde. A l’entrée du temple, un colossal monolithique de Nandi (taureau sacré et véhicule de Shiva), à l'intérieur, un immense Shiva-lingam (Brihadeeswara) de près de 4 m de haut, ce qui fait de lui un des plus grands en Inde, et 250 lingas. Trois autres temples le complètent, Periya Nayaki, Subrahmanya, Vinayaka…

Une statue du Seigneur Shiva a été construit près du temple Murudeshwar, surplombant la  mer d'Oman de ses 37 mètres. Le temple Murudeshwar lui-même comporte 20 étages et offre une vue panoramique sur le bord de mer.

Tiruchirappalli (Trichy), l’une des plus anciennes villes du Tamil Nadu, est célèbre pour sa forteresse-temple construite sur un piton rocheux de 83 m : trois temples y subsistent, le temple Manikka Vinayakar dédié à Ganesha, le temple Thayumanavar dédié à Shiva, abritant un lingam de 2 m de haut et vénéré depuis le 7ème siècle par les saints poètes tamouls, les Nayanars, le temple Ucchi Pillayar, trouve au sommet de la colline, dédié au dieu Ganesha. Au loin, on aperçoit la rivière sacrée Cauveri et le temple Sri Rangam.

A 2 km du temple de Sri Rangam, se trouve Jambukeswarar, un des temples les plus vénérés de Trichy. C’est l’un des "Pancha Shoota Sthalams", c’est à dire un des cinq temples à Shiva représentant les éléments de la nature. Le Shiva-lingam de ce temple représente l’élément "eau" (Appu-Lingam). Dans le même complexe un autre temple renferme l’idole de la déesse Devi Akilandeswari Amman (Maître de l’Univers), pendant féminin de Shiva.

Le Temple de Lingaraja est un temple hindouiste dédié à Harihara (forme syncrétique de Shiva et Vishnu). Interdit aux non-hindous, c'est le plus grand et l'un des plus anciens temples de Bhubaneswar, abritant en autel principal un lingam de granit dit Swayambu (auto-manifesté). Centre de pèlerinage et capitale de l'état de Odisha, Bhubaneswar est vieille de plus de 2000 ans et capitale des rois Kalinga (du VIIe au XIe siècle après J.-C.) qui laissèrent derrière eux une trentaine de sanctuaires avec les villes de Puri et Konark. A noter, à proximité, les Grottes d’Udayagiri et Khandagiri, creusées et sculptées dans la roche qui auraient servies d’appartement pour les moines jaïns (les sculptures de Rani Gumpha et de Ganesha Gumpha), le temple Chitrakarini, ceux de Mukteswara et de Parasurameswara dédiés à Shiva, le temple Vaital Deul consacré aux cultes tantriques et qui renferme l’idole  de Chamunda, une forme de la déesse hindoue Durga, et requiert des rituels élaborés utilisant la magie et des offrandes sacrificielles...

Trimbakeshwar Shiva Temple est un ancien temple hindou situé dans la ville de Trimbak, dans le Trimbakeshwar Tehsil (Maharashtra), à 28 km de la ville de Nashik, abritant l'un des 12 Jyotir Lingams. Les fidèles qui viennent visiter le temple, font tout d’abord des ablutions au Kushavarta Teertha (bassin sacré) pour se purifier.

Au cours du mois de Shravan (juillet-août), des dizaines de milliers de fidèles hindous partent de Chandanwari, à 16 km de Pahalgam, pour entreprendre un pèlerinage particulièrement éprouvant de plus de 40 km à travers la chaîne himalayenne, via Sheshnag puis Panchtarani, afin de vénérer une image toute particulière du Seigneur Shiva, un lingam-stalagmite de glace qui se forme chaque année dans la grotte d’Amarnath au Cachemire, au bout de la vallée de Lidder.

Mahashivaratri est un des principaux festivals hindous qui vénère le Seigneur Shiva le temps d’une nuit, autour de février-mars, en raison d'un positionnement des étoiles assurant un flux naturel d’énergie inégalé dans le corps humain. Shiva aurait ce jour-là sauvé le monde de la destruction,  jour souvenir donc qui met fin à l'obscurité et à l'ignorance dans le monde. A Maha Shivratri, les gens jeûnent toute la journée et la nuit et vont au temple le matin pour exécuter la puja de Shivalingam traditionnelle, le Rudrabhisheka (arroser le Shiva Lingam) avec l'eau bénite du Gange et y déposer les ingrédients favorables, espérant ainsi obtenir la réalisation de leurs souhaits. Ils se baignent dans l'eau sacrée du Gange, symbole de pureté, tôt le matin avant le lever du soleil.  Les femmes prient Dieu pour le bien-être de leurs maris et de leurs fils, les femmes célibataires prient pour obtenir leur mari désiré comme Shiva à l'avenir, les hommes prient pour obtenir une belle épouse et la réussite dans leur vie. Les plus dévots offrent de l'eau, du lait, du dhatura, du bhaang, des fleurs d'akwan, des feuilles de Bael à l'idole de Shiva.... Les lieux associés au Mahashivaratri sont notamment le temple de Bhavnath (Mount Girnar, Gujarat), qui peut rassemble pas moins d’1 millions de pélerins,  et le temple de Kashi Vishwanath (Varanasi),...

La Kumbh Mela est le plus grand pèlerinage au monde rassemblant tous les 12 ans jusqu’à 100 millions de personnes sur les rives des rivières sacrées de quatre villes saintes, Allahabad (confluence du Gange, de la Yamuna et de la mythique rivière Saraswati), Haridwar (le Gange), Ujjain (la Shipra) et Nashik (la Godavari), les dates précises étant déterminées par des méthodes astrologiques. Cependant le point culminant est la Maha Kumbh Mela (la grande Kumbh Mela)qui se tient à Allahabad (Prayag) tous les 144 ans. Globalement, ce pélerinage ouvre la porte à la Moksha (libération) et à l’élévation spirituelle.  Deux pratiques sont mises en oeuvre, l'immersion complète dans le fleuve, qui débute par celle des sadhu Naga Baba, et la bénédiction des croyants par ces mêmes sadhu, saints et autre yogis, qui se traduit par l'échange des offrandes et la contemplation rituelle qui transmet l'énergie spirituelle. Shivaïstes pour la plupart, qu'ils soient Nagas Baba, Udasin, Aghoris, reconnaissable à leur nudité et à leur corps couvert de cendres, représentant ainsi la mort et la renaissance, ces Sadhus nus et Sadhvis sont ces fameux ascètes hindous qui ont renoncé à toute attache de la vie matérielle pour se consacrer uniquement à leur quête spirituelle. Estimés à plus de cinq millions d'individus, ce sont eux qui organisent les processions et rythment la Kumbh Mela...

(Danish Siddiqui/Reuters, Daniel Berehulak/Getty Images, Reuters/Ahmad Masood, AP Photo /Rajesh Kumar Singh…)


Vishnou, le protecteur et le gardien de l'humanité, le vishnouisme
Vishnou, représenté avec un corps humain, souvent avec une peau bleue et quatre bras, - chacun portant un objet,  conque, chakra ou disque, fleur de lotus, masse -,  est étroitement lié dans les Veda au sacrifice, ce qui fait de lui le dieu pur par excellence des brahmanes et le défenseur de toutes les valeurs orthodoxes. Préservateur de l'équilibre entre création et destruction, Vishnou est donc un dieu plus doux que Shiva, assis sur un lotus, près de son épouse Lakshmi, la déesse de la prospérité, particulièrement vénérée des commerçants. Quand il doit sauver le monde, il descend sur terre sous la forme d'un de ses avatars. Parmi ses nombreuses incarnations se trouvent Krishna (Mahabharata), Rama (Ramayana), qui sont directement adorés comme Vishnou, et Bouddha (intégré dans le Panthéon hindouiste pour éviter que la naissance du bouddhisme, hérésie du brahmanisme, n'en sape les fondements). Le Char Dham de l'Inde se compose de trois sites Vishnava (Dwarka, Badrinath et Puri).... 

Parmi les lieux consacrés à Vishnu, citons : l'autel du temple Chennakeshava, au centre de Beluru (Karnataka), lieu de cohabitation la cohabitation de divinités jaïnes et hindoues, abrite une idole de 1,80m du dieu Vishnou. Le temple de Sri Padmanabhaswamy (Thiruvananthapuram, Kerala), mentionné dans nombre de Puranas et dédié à Vishnou dans sa posture Anantha Shayanam, un état de sommeil cosmique conscient et allongé sur le corps du serpent à cinq têtes, Adisheshan, a été en 2011 le sujet d'une découverte médiatisée, un fabuleux trésor retrouvé dans ses chambres souterraines et secrètes.

Le temple de Venkateswara Swamy (Balaji), dans la ville de Tirupati (Andra Pradesh), est un des plus importants lieux de pélerinage (près de 40 millions de pélerins par an) dédié à Vishnu et Le temple est le deuxième centre de pèlerinage par les dons effectués (roupies, or, cheveux), après celui de Sri Padmanabhanswamy à Trivandrum, Kerala. Le temple se dresse sur une colline (Venkatachala) comprenant sept sommets ,  les sapta rishi, les sept grands sages hindous : Seshadri, Neeladri, Garudadri, Anjanadri, Venkatadri, Vrushabhadri et Narayanadri. Les non-hindous ne sont pas admis à l’intérieur du temple…

Sri Ranganathaswamy, situé à Srirangam, dans le Tamil Nadu (Inde du sud), à 9 km de Trichy, sur une île formée par les rivières Cauveri et Kollidam, est un immense temple de 63 hectares est dédié à la déité hindoue Vishnou. dans sa forme de repos, allongée sur Adisesha, le serpent divin. C’est le premier et principal des 108 Divya Desams, demeures sacrées de Vishnou. Il est considéré comme le plus grand temple de l’Inde et comme l’un des plus grands complexes religieux au monde avec ses sept prakaras ou enceintes concentriques, 21 gopurams (tours) magnifiquement sculptées en style dravidien, 39 pavillons, 50 sanctuaires et une Ayiram Kaal Mandapam ou salle aux 1000 piliers.

Naimisaranyam est un temple hindou dédié à Vishnu situé dans l'état d'Uttar Pradesh au nord de l'Inde,sur la rive de la rivière Gomati, près de la forêt de Naimisha, la demeure de 60000 sages consacrée par les discours sur les grandes épopées de l'Inde. C'est un des Divya Desams, les 108 temples de Vishnu révérés à Nalayira Divya Prabandham par les 12 poètes, ou Alwars. Chaque jour de nouvelle lune, un grand nombre de personnes se purifient en plongeant dans le puits sacré. En effet, Nârada, l'archétype du sage (rishi),  compagnon des dieux (deva) et musicien céleste, avatar selon le Bhagavata Purana de Vishnu, a choisi le plan d'eau de la forêt de Naimisha comme sacré…

Kumbakonam - Une célèbre photographie publiée en décembre 1913 dans le National Geographic montre une marée humaine se lavant de leurs péchés dans baigner dans l'étang Mahamaham, un bassin géant de 2,5 hectares qui contiendrait l'eau des principaux fleuves sacrés de l'Inde, situé à Kumbakonam, dans l'état indien du Tamil Nadu. Cette ablution n'est réalisable que tous les 12 ans environ, selon le calendrier astrologique local. Kumbakonam compte de plus de 188 temples et Mathas (monastères hindous), dont le Temple de Sarangapani, qui est l'avant-dernier des cinq Pancharanga Kshetram, les cinq grands temples dans la vallée de la Kaveri, dédiés à Ranganatha, une forme du Dieu Vishnu…

 


Krishna
Qu'il ferme son oreille à Krishna et l'être est perdu (BG 18.58) - L'être humain qui agit hors de la conscience de Kṛiṣhṇa se perd dans la tourmente du monde matériel, dans l'océan des morts et des re-naissances. On ne doit pas artificiellement se croire indépendant des lois de la nature matérielle ou libre d'agir à sa guise.. - Krishna, le dieu au visage sombre et à la peau bleue (car, selon la légende, une femme-démon du nom de Putana l’a empoisonné avec son lait maternel quand il était bébé), joueur de flûte qui séduisait les gopi (les filles de bouviers, Gita-Govinda), vénéré en tant que 8e avatara du dieu Vishnu, est  l’une des divinités les plus populaires du panthéon hindou.  Il est le symbole de l’amour pur, de la sagesse et de la joie, le parfait amant, mais aussi la matérialisation de la descente du Brahman infini vers le monde matériel, et plus encore le héros de l’épopée de la Bhagavad Gita, ou "Chant du Seigneur", partie du sixième livre du Mahabharata, composé entre 500 av. J.-C. et 100 ap. J.-C., le plus long poème du monde. Son entretien avec Arjuna, fils du dieu Indra, lors de la symbolique bataille de Kurukshetra (Dharmakshetra, le champ du Dharma, le champ de la bataille intérieure que nous menons tous) en fait un maître spirituel, l'idéal du bhakta pour l'hindou de haute caste (on ne peut vivre sans agir, c'est-à-dire sans faire de rites). La peinture de style Tanjore, l'une des formes de peinture classique indienne qui s'est développée à Thanjavur, est célèbre pour ses représentations de Krishna. 

Située à 60 km au nord de Mangaluru (Mangalore), la ville d’Udupi (Karnataka) est surtout connue pour son fameux temple dédié à Krishna (une des incarnations du dieu Vishnou), Temple Matha Krishna d'Udupi , haut lieu de pèlerinage du Karnataka : ici l’idole est vénérée au travers d’une fenêtre en or plaqué appelée Navagraha Kitiki et ses neuf petites ouvertures. Krishna Mutt (le temple du Seigneur Krishna) a été fondé par le sage et philosophe Vaishnava Shri Madhvacharya, qui est à l’origine de la branche dvaita du vishnouisme, le temple est associé au Rathothsava, un festival des chars.

Vrindavan (Uttar Pradesh) abrite un grand nombre de temples pour la plupart dédiés à Krishna, dont le Govind Dev, construit en 1590 par le raja Man Singh d'Amber. Elle est située au bord de la Yamuna, à une dizaine de kilomètres au nord de Mathura et accueille plus de 500 000 fidèles hindous chaque année. Vrindavan est, selon la légende, l'endroit où Krishna passa sa jeunesse, entouré des gopis.

 

Janmashtami est un festival qui correspond l'anniversaire de naissance de l'avatar de Vishnu, Krishna,  le huitième jour de la lune à moitié sombre du mois hindou de Sravana soit en juillet-août. Les lieux emblématiques sont Mathura et Vrindavan (Brindaban), correspondant au théâtre de l'enfance et de la jeunesse de Krishna. Le jour précédent, les fidèles veillent et jeûnent jusqu'à minuit, l'heure traditionnelle de sa naissance. Puis l'image de Krishna est baignée d'eau et de lait, vêtue de vêtements neufs et vénérée. Les temples et les sanctuaires sont décorés de feuilles et de fleurs ; les friandises sont d'abord offertes au dieu, puis distribuées en prasada (les restes du dieu, qui portent sa faveur) à tous les membres de la famille….

La fameuse "Holi" ou fête des couleurs" (Phalguna) célébrée vers l'équinoxe de printemps et qui a donné l'image d'une Inde colorée et surprenante tant goûtée par les circuits touristiques et les photographes du monde entier, est dédiée à Krishna, plus encore à l’amour divin de Krishna et Radha. Elle est fêtée avec une ferveur particulière dans l'État indien d'Uttar Pradesh, en particulier dans les villes de Mathura, berceau de Krishna, et Vrindavan, où la divinité a grandi. Les célébrations de Holi commencent la veille par un feu de joie nommé "Holika", du nom de la sœur du roi-démon Hiranyakashipu qui fut réduit en cendres pour avoir aidé son père à tuer Prahalad, son propre fils, qui refusait de le vénérer comme un dieu et restait fidèle à Vishnou. Le lendemain est un jour de défoulement absolu qui consiste à se lancer des poudres et des liquides de toutes les couleurs. La fête est rattachée à Khrishna qui se colorait le visage pour dissimuler sa peau bleue et séduire ainsi Radha, sa bien-aimée, qui en fit de même. Du Cachemire au Kerala et du Gujarat à l'Assam, le holi est célébré de diverses manières dans tout le pays. La couleur rouge reflète la fertilité, le bleu est la couleur de Krishna, le jaune est la couleur du curcuma et le vert symbolise le début du printemps....


Rāma

le septième avatar du dieu Vishnou, supposé né à Ram Janmbhoomi, lieu d'un conflit historique entre hindous et musulmans, est l'image de l'homme parfait, adoré au même titre que son compagnon Hanuman, la fidélité incarnée, le dieu-singe qui l'aide dans ses aventures. Tous deux sont vénérés dans le temple d’Hanuman Garhi, proche d'Ayodhya, la cité mythique du dieu Rama et l’une des sept villes les plus sacrées de l’Inde (Sapta Puri). Sitha est l'épouse de Rāma avec qui elle connaît une vie sentimentale tourmentée, mais elle est aussi un des avatars (incarnation divine) de Lakshmi, la compagne de Vishnu. Le Ramayana, qui conte l'histoire du prince Rama exilé dans la forêt avec sa femme, Sita, et son frère, Lakshamana, puis l'enlèvement de Sita par le démon maléfique Ravana, est l'un des récits les plus connus illustrant le dharma ou le devoir.

 

Ganesh
Ganesh, dieu à tête d'éléphant, fils de Shiva et de Parvati, jouit d'une popularité extrême, c'est le dieu qui permet de surmonter les obstacles de la vie quotidienne. Dans les représentations hindoues, l’éléphant personnifie la sagesse et l’intelligence, il est celui qui favorise la substitution des ténèbres de l’ignorance par la lumière de la Connaissance, permettant ainsi de lever les obstacles à la juste expression de Soi. Ganesh a connu huit avatars, dont Vakratunda, le destructeur de la jalousie, Mahodara, qui a vaincu Mohasura, le démon de l'illusion et de la confusion, Lambodara, qui éradiqua le démon de la colère, Krodhasura, Vighnarâja, qui a tué le démon de l'attachement, Mamasur.

Le village de Pillaiyarpatti (Tamil Nadu), à 8 km de Thanjavur, accueille un fameux temple dédié à une des formes du dieu Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, vénéré comme l’incarnation de la sagesse, Karpaka Vinayakar. Le temple abrite aussi trois Shivalingams, (Thiruveesar, Marudheesar et Senchadeswarar) et trois Déesses (Sivagami Amman, Vadamalar Mangaiamman et Soundara Nayaga amman).

L'imposant Shree Siddhivinayak Ganapati Mandir, situé à Prabhadevi, quartier résidentiel de Mumbai (ex-Bombay, Maharashtra) est un temple dédié au Seigneur Shri Ganesh et l'un des temples les plus riches de Mumbai. Les stars de cinéma bollywoodiennes ne cessent en effet de venir y chercher les bénédictions du Seigneur Ganesh. Tout près, le temple paisible de Prabhadevi abrite l'idole d'une déesse à quatre bras datant du XIIe siècle.

 

Mumbai, India - The Ganesh Chaturthi festival (Reuters/Vivek Prakash), Janamashtami, the birth anniversary of Hindu god Krishna (AP Photo/Rajanish Kakade)…

Festival Nepalese Hindus - The Kuse Aunse, Father's Day, festival, Gokarneswar Mahadev Temple, Gokarna, Kathmandu (Prakash Mathema/AFP/Getty Images), the Teej festival in Kathmandu, observed by married women fasting during the day and praying for their husband's longevity (Prakash Mathema/AFP/Getty Images)...


Shakti, le shaktisme, le tantrisme
Chaque divinité indienne est associée à un principe féminin: de l’association de l’énergie masculine, purusha, et de l’énergie féminine, prakriti, est né le cosmos. Ainsi, avec l'hindouisme, le divin acquiert un aspect féminin, vénérée comme la divinité suprême dans l'école hindoue du shaktisme,  ou shakti (être capable de), et personnifiée par Mahadevi, la mère divine, qui prend plusieurs formes suivant les qualités qui lui sont attribuées et que retranscrivent les Puranas. Sur tout le sous-continent indien sont disséminés les "Shakti Peeth", des lieux (Peeth) de culte dédiés à la Shakti, on en comptabilise 18.
Devi, l’incarnation de la Shakti, revêt plusieurs formes, comme autant d'unions avec Shiva ("C’est seulement lorsque Shiva s’unit à Toi, Ô Shakti, qu’Il devient le Seigneur Tout-Puissant. Laissé à Lui-même, Il n’a même pas la force de lever le petit doigt", Devi Upanishad). 

Parmi ces incarnations citons celle de Parvati (déesse de l’harmonie et de la dévotion, divinité suprême dans certains cultes tantriques), de Durga (déesse de la force et du courage, redoutable combattante contre le démon-buffle Mahishasura, illustrée à Kanaka Durga, le temple le plus célèbre de Vijayawada), de Kali (déesse de la destruction, du Temps, de la mort et de la délivrance, qui porte l’espace comme unique vêtement), de Saraswati (déesse de la sagesse et des arts), Gauri (symbole le bonheur conjugal, connu pour Gangaur, le festival des femmes du Rajasthan). Lakshmi, l'épouse et l’énergie féminine ou shakti  du dieu Vishnou, est la déesse de la Bonne Fortune et de la Beauté. Radha est l'un de ses avatars, la bien-aimée de Krishna et l'expression de la plus haute forme de l'amour, l’amour pour le divin (Radhakrishna).
Navaratri, qui célèbre la Mère Universelle, la force créatrice primordiale, est une des fêtes hindoues majeures, célébrée avec la plus grande ferveur à travers toute l’Inde. 

"Om Sarva Mangal Manglaye Shivay Sarvaarth Sadhike Sharanye Trayambake Gauri Narayaani Namostu Te" (Oh the divine couple Shiva Parvati ! O ! Thee, the protectors of this universe, Along with Lords Brahma and Vishnu We pray to You for our well-being, prosperity and the enlightenment of our souls) - En haut du mont Méru, demeure de la Trimourti, qui soutient et réunit le ciel, la terre, les enfers, lui-même supporté par huit éléphants, soutenus par la grande tortue, qui repose elle-même sur le grand serpent Sécha, Shiva l' être de conscience, enlace Shakti, l'énergie sensuelle, et lui transmet les secrets relatifs aux origines de la Vie et de la transcendance des Energies. Le linga en érection transmet trois forces organisées en triade : la Force créatrice se manifeste dans tout le côté droit du corps, ou Pingala, qui met au Monde tous les êtres et toutes les pensées;  la force Conservatrice se manifeste dans le nadi Ida, à gauche de notre corps, érotisme et joie intemporelle; la force Destructrice se manifeste au centre de l'être humain, dans le nadi Sushumna, la Saraswati d'agni, lieu de l'extase et de la connaissance mais aussi arrêt du souffle et mort. Ainsi les amants peuvent-ils se laisser aller à la jouissance l'un en l'autre, comme les dualités se fondent dans l'Unité...

C'est vers 300 à 700 qu'apparaissent les rites tantriques qui utilisent des représentations de couples de divinités hommes et femmes comme support de méditation. Dans le Tantrisme, la Shakti définit l’union des contraires. Si l'idéal du renonçant a conduit le brahmane orthodoxe à une recherche toujours plus grande de la pureté et de la non-violence, il inspire aux auteurs tantriques des efforts en direction opposée, le renonçant est au-delà du pur et de l'impur, le tantrisme conçoit le divin comme formé de l'union du dieu et de son énergie féminine, sa shakti. Dans le cas extrême du shaktisme, la déesse est adorée comme supérieure au dieu. Corrélativement, les pratiques recommandées sont celles qu'exclut le brahmanisme orthodoxe : usage du poisson et de la viande, du vin et des femmes. On ne consommera les nourritures interdites, on ne s'unira à des femmes autres que la sienne que dans la mesure où l'on n'en éprouve aucun plaisir. Ces pratiques ne sont donc possibles qu'à un petit nombre, au terme de longs exercices de yoga, qui leur donnent, en particulier, le contrôle de leurs muscles lisses. Le yoga tantrique met ainsi fortement l'accent sur des techniques corporelles, à la différence d'autres formes plus classiques de yoga, où les disciplines mentales tiennent plus de place. 

Khajuraho, village de l’état du Madhya Pradesh, au nord de l’Inde, est connu pour ses 22 somptueux temples édifiés sous la dynastie des rois Chandela et ses fameuses sculptures dédiées à "l’art de l’amour" qui attirent nombre de touristes et dont la signification a donné lieu à nombre d'interprétations (le sexe symbolisant création et manifestation de l’univers pour le tantrisme, par exemple).

Le Temple de Kalighat, dans le sud de Calcutta, est un temple dédié à  la déesse Kali, et fréquenté par des dizaines de milliers de pèlerins tout au long de l’année. Kali comme Durga ou Parvati, est une représentation de Shakti, la déesse-mère. Kali est représentée avec plusieurs bras, et le cou ceint d'une guirlande de cranes. Les dieux, ne parvenant pas à vaincre le démon Raktabija dont chaque goutte de sang donnait naissance à un nouveau démon, firent appel à Kali qui se servit de sa langue mais s'empoisonna et devint folle. Menaçant l'équilibre du monde par ses danses frénétiques (Tandava), Shiva se coucha sous ses pieds et obtint l'apaisement souhaité. .

Le Temple Chausathi Yogini, ou temple des 64 Yoginis Temple, situé à Hirapur, à 20 km de Bhubaneswar est un lieu rattaché au tantrisme : selon la littérature védique, les yoginis étaient des femmes pratiquant le culte à la shakti, la Déesse Mère et on leur prêtait des pouvoirs magiques.

Le Temple Vaishno Devi (Katra, Jammu-et-Cachemire), situé au pied des montagnes de Trikuta, est un Shakti Peetha dédié à la Mère Divine et visité chaque année par huit millions de pélerins: on y vénère une source sacrée provennant d'une grotte, demeure de la déesse, qui abrite des représentations rocheuses de trois formes d'énergie, Guna-Satva (Mata Mahasaraswati), Tama (Mata Mahakali) et Raja (Mata Mahalakshmi).

Situé à Dakshineswar près de Kolkata (Calcutta), au bord de la rivière Hooghly et fondé par Rani Rashmoni suite à une vision, le temple Dakshineswar Kali abrite la divinité Mata Bhavatarini, un avatar de Kali, elle est "Celle qui libère ses fidèles de l'océan d'existence, à savoir Saṃsāra", objet dévotion de milliers de pélerins chaque jour et plus encore lors du Durga Puja Festival. Le culte de Durga (L'inaccessible, Dourga Mahishasuramardini, la tueuse du démon Mahishasura) est particulièrement actif au Bengale, en Orissa, dans le Tripura, l'Assam ainsi qu'au Bangladesh.

Le temple Chamundeshwari se tient au sommet de la colline Chamundi, à environ 13 km de la ville de Mysuru (Mysore), dans l’État de Karnataka, ville de l'ashtanga yoga et de fabuleux marchés, ville qui contient un des plus beaux palais que compte l’Inde, féérique lorsqu'il est illuminé. Mais c'est aussi la ville du très populaire Festival de Dussehra qui marque la victoire du dieu Rama sur le roi-démon Ravana. Le temple, au bout de ses quelques 1000 marches, est consacré à la déesse hindoue Chamundeshwari, avatar de Durga, l’une des "Maha Shakti Peetha". A mi-chemin en direction du temple de Chamundeshwari se dresse le temple de Nandi, la statue du taureau Nandi, le vahana (véhicule) du dieu Shiva.

Le Shri Mahalakshmi Temple, près de la ville de Kolhapur (Maharashtra), situé sur les rives de la rivière Panchganga, est l'un des 18 Shakti Peethas énumérés dans diverses puranas de l'hindouisme, il est un lieu où se manifeste la Shakti (énergie du Seigneur Suprême) et l'une des six maisons sacrées de la Shakti où les adorateurs peuvent soit être libérés de leurs désirs, soit se voir accorder leur désir. Ce sont bien les qualités divines de Mahalakshmi, déesse de la richesse, de Lakshmi et du couple qu'elle forme avec Vishnu qui sont ainsi exprimés.


Char Dham, les pélerinages
"Char Dham" (les quatre demeures) désigne les quatre lieux de pèlerinage les plus vénérés par les hindous, Rameshwaram, Puri, Badrinath et Dwarka. Au cours du temps, un autre Char Dham a émergé dans l’état de l’Uttarakhand, au nord de l’Inde, connu sous le nom de "Chota Char Dham" (les quatre petites demeures) ou "Char Dham de l’Himalaya", dans l'ordre du pélerinage, Yamunotri, Gangotri, Kedarnath et Badrinath. Les hindous estiment que le Yatra (pèlerinage) des Char Dham ouvre la porte de la Moksha, la libération du cycle des naissances et des morts (réincarnation). Chaque fidèle doit envisager la visite ces quatre lieux saints au moins une fois dans sa vie. La plupart des pèlerins commencent leur pèlerinage "Chota Char Dham" à Haridwar. 

Pour promouvoir le tourisme religieux au Sikkim, État du nord-est de l'Inde bordé par le Bhoutan, le Tibet et le Népal, et qui compte le plus haut sommet de l'Inde, le Kangchenjunga, qui culmine à 8 586 m, a été construit au sommet de la colline Solophok, près de Namchi, des répliques de temples dominées par une énorme statue de Shiva en position assise, des répliques de douze Jyotirlingas et des quatre Dhams, Badrinath, Jagannath, Dwarka et Rameshwaram, complexe du centre dit de pélerinage Siddhesvara Dhaam. Non loin, les monastères de Namchi, de Ralong et la colline de Tendong sont d'importants centres de pèlerinage bouddhiste, tandis que se dresse la plus grande statue (36 m) du Bouddhiste Padmasambhava (le Guru Rinpoche) sur la colline de Samdruptse....


Les Sapta Puri, les 7 lieux les plus sacrés de l’Inde
Les Sapta Puri se réfèrent, dans l’hindouisme, aux sept villes les plus sacrées de l’Inde. Ces sept villes saintes sont également appelées "Sapta Moksha Puri" (les sept villes de la libération). La croyance hindoue veut que la visite de ces villes mette fin au cycle des réincarnations en atteignant la moksha ou libération spirituelle : Bénarès et Hardwar, sur les rives du Gange, Ayodhya, le lieu de naissance de Râma, Mathura, le lieu de naissance de Krishna, Dwarka, où Krishna devint roi et où naquit Vasudéva, Kanchipuram, le grand temple shivaïte du Tamil Nadu , Ujjaïn, où se déroule tous les douze ans la Khumbâ-Mélâ...  L'Uttar Pradesh est le coeur historique, spirituel et politique de l'Inde du Nord...

Varanasi (Uttar Pradesh)
Un million de pélerins, des milliers de touristes du monde entier convergent vers le coeur de la ville sainte, délimitée par une route connue sous le nom de Panchakosi. Située sur la rive gauche du Gange, Varanasi (anciennement Bénarès) est considérée comme la plus sacrée des sept Teertha, la cité du seigneur Shiva aux 20 000 temples et kilomètres de ghats, est considérée comme la capitale spirituelle de l’Inde, centre d’apprentissage brahmanique (Banaras Hindu University) et haut lieu de pèlerinage bouddhiste (le bouddha donna son premier sermon à Sarnath, à quelques kilomètres de Varanasi). Le long du Ganga, les marches de Dashashwamedh Ghat mènent au fleuve et permettent tous les rituels, tandis que Manikarnika Ghat est l'un des lieux les plus sacrés de l'Inde pour se faire incinérer (on parle de 30 000 corps incinérés par an) et trouver le salut de son âme. Le plus au sud des principaux ghats et l'un des plus grands, Assi Ghat serait l'endroit où la déesse Durga aurait jeté son épée dans la rivière après avoir tué le démon Shumbha-Nishumbha, et donc le lieu par excellence où celui qui plonge ici une fois dans sa vie reçoit  punya (bénédictions) de tous les Tirthas (lieux religieux des hindous). Les pèlerins viennent aussi ici se recueillir devant le lingam du Someshwara, réplique du jyothirlingam (lingam naturel) de Somnath au Gujarat.
Le temple de Kashi Vishwanath, au dôme d’or, dédié à Shiva, est l'un des plus célèbres temples hindouistes (mandirs) et le coeur de Varanasi. Shiva y est ainsi représentée par un lingam connu sous le nom de Vishwanatha, le "maître de l’univers",  l’un des 12 lingams les plus sacrés de l’Inde et dont la seule vision (darshan) suffit pour accroître les mérites qui pourraient être obtenus en courant tous les autres jyotirlinga, éparpillés dans les  différentes régions d'Inde. Non loin du temple se trouve le puits Gyan Kupor dont l'eau est censée conduire à un niveau de conscience supérieure. Le temple de Sankatmochana est dédié au dieu-singe Hanuman. Le temple de Durga est célèbre pour les essaims de singes qui habitent les grands arbres qui l'entourent. Le temple de Tulsi Manas est dédié à Rama et fut construit en 1964.

Ayodhya (Uttar Pradesh)
Ayodhya, la cité mythique du dieu Rama, septième incarnation de Vishnou, est située sur la rive droite de la rivière Sarayu, à 6 km de Faizabad (Uttar Pradesh). La ferveur spirituelle y est manifeste bien que la ville soit un lieu de conflit endémique entre hindous et musulmans minoritaires (14%), l'objet du conflit étant une mosquée construite en 1528 (Mosque of Bābur) sur les ruines d'un temple hindou (le Ram Janmabhoomi) et lieu de naissance de Rama : 1992 vit l'un des pires exemples de violence communautaire en Inde depuis la partition de 1947 qui se solda par la destruction de la mosquée. Des activistes hindus réclament ainsi périodiquement l'édification d'un temple en ce lieu considéré comme sacré. Jusque-là, hindouisme, bouddhisme, jaïnisme et islam avaient cohabité à différentes époques. Un petit sanctuaire hindou, le Ram Janam Bhumi fut construit après la destruction de la mosquée. Mais c'est le Temple d’Hanuman Garhi, situé au centre de la ville, en hauteur, dans une citadelle, qui est ici le plus vénéré : il est dédié au dieu-singe Hanuman, et une centaine de marches nous mène à la statue dorée du dieu, assis sur les genoux de sa mère Anjani.
Non loin du temple d’Hanuman Garhi se dresse le très beau temple de Kanak Bhawan,  construit en 1891, qui renferme  les statues couronnées d'or de Rama, Sita et Lakshmana. C'est ici que l'on célèbre la naissance de Rama. Le temple de Nageshwarnath est quant à lui dédié à Shiva, - on y expose un lingam qui exauce les désirs en retour d'offrandes -, un temple fondé par Kush, le fils de Rama, pour la femme qu'il aimait. Sur les rives de la rivière Saryu se tient le Lakshmana ghat, lieu de baignade sacré initié par le frère de Rama. 

Mathura (Uttar Pradesh)
La ville de naissance de Krishna est située sur la rive droite de la rivière Yamuna dans l’Uttar Pradesh. Elle compte d’innombrables temples, le plus célèbre est le "Krishna Janma Bhoomi", où Krishna serait né. Cette cité mythique est aussi connue pour ses fameuses sculptures de grès rouge qui ont participé à la mise au point des premières figurations humaines du bouddhisme. Vishram Ghat y est le plus sacré des 25 ghats de Mathura : c'est à cet endroit que Krishna se reposa après avoir tué le roi Kansa, et tous les soirs les fidèles mettent à l'eau des petites lampes à huile emportées par le courant.  Non loin, dans le quartier du Naya Bazaar, le Temple de Dwarkadhish expose une façade colorée et finement ciselée et abrite les statues de Krishna et Radha ainsi que d’autres divinités. Une grande activité y règne durant les fêtes hindoues de Holi et Janmashtami. Les ruelles où se concentrent les bazars Chowk, Dori, Naya, Chatta sont de vrais petits trésors. Tout prêt de la la mosquée d'Aurangzeb, le Shri Krishna Janmabhoomi est un temple élevé sur le site où le Seigneur Shri Krishna se serait manifesté pour la première fois, il y a 3500 ans.

A 16km, Vrindavan accueille plus de 500 000 fidèles hindous chaque année. Ils viennent s’imprégner du lieu qui vibre et danse au rythme du dieu au visage sombre, Krishna. On dit que c’est là qu’il passa une partie de sa jeunesse. Le temple de Radha Madana-Mohana est le plus vieux temple de la ville, mais l'effigie de la divinité fut emportée au Rajasthan pour la sauvegarder des attaques fanatiques de l'empereur moghol Aurangzeb. Le Ghat de Kesi  correspondrait  à l'endroit qui vit Krishna tuer le démon Kesi apparu sous la forme d'un cheval, puis prendre un bain purificateur dans la rivière. Le temple de Rangaji est dédié à la forme de Krishna couchée sur le serpent Sesa Naga. 

Haridwar (Uttar Pradesh)
Porte du dieu Vishnu ou passerelle du dieu Shiva, située sur les rives du Gange dans l’Uttarakhand, Haridwar voit chaque année, des millions de personnes affluer pour se baigner au Ghat "Har-Ki-Pauri" et voir son karma détruit, rendre hommage à leurs ancêtres ou prier les trois Déesses-Mères pour qu’elles exaucent leurs voeux. On dit qu'à Haridwar, vous franchissez une porte invisible, celle du sacré. Traditionnellement, les fidèles hindous doivent visiter tout d’abord Haridwar avant de procéder au pèlerinage des "Chota Char Dham".  Selon la mythologie hindoue, Haridwar est l’un des quatre sites avec Ujjain, Nasik et Allahabad où une goutte d’Amrita, l’élixir d’immortalité, est tombée accidentellement après le barattage de l’océan par le dieu Vishnou (Manthan Samudra). Haridwar est aussi célèbre pour être l’une quatre villes indiennes qui accueillent l’incroyable Kumbh Mela, le plus grand rassemblement spirituel au monde.
Le Ghat de Har Ki Pauri est considéré comme sacré parce que les hindous considèrent que le Gange surgit de l'Himalaya précisément à cet endroit, hypothèse renforcée par la présence d'une empreinte de pied de Vishnu sur une pierre. Les cendres de morts sont immergées à cet endroit et les non-hindous ne sont que peu tolérés. Haridwar possèdent trois temples dédiés à la Shakti (l’aspect féminin du divin) : Mansa Devi, Chandi Devi et Maya Devi. Selon l’hindouisme, ces trois lieux sont appelés "Siddha Peeth", c’est à dire des endroits où les fidèles croient que leurs voeux seront exaucés. Au sommet de la colline Bilwa Parvat, qui surplombe Haridwar, se tient le temple de Mansa Devi dédié à la déesse-serpent Manasa, un des avatars de la déesse Durga. Le temple de Chandi Devi est perché au sommet de la colline Neel Parvat, à 6 kilomètres d’Haridwar. C’est un haut lieu de pèlerinage, il est l’un des cinq endroits saints à visiter à Haridwar. Tout comme le temple Mansa Devi, c’est un ‘Siddha Peetha’ ; les voeux des fidèles sont soufflés à l’oreille d’un lion, véhicule de la déesse. 

Kankhal, un petit village à 3 km de Haridwar, est l’un des cinq lieux de pèlerinages de Haridwar, abritant de nombreux Ashrams. La principale attraction ici est le temple Daksha Mahadev dédié à Shiva. Selon la légende, c’est à cet endroit que Sati, la parèdre de Shiva se serait immolée. De là découlent les Shakti Peeth. L’autre attrait de Kankhal est l’Ashram de Sri Anandamayi Ma, considérée comme l’incarnation de la Mère Divine par les hindous. C’est là que se trouve sa sépulture (Samadhi). Le calme et la sérénité du lieu reflètent la vie de bonté de cette sainte femme.

Kanchipuram (Tamil Nadu)
Située à 65 km de Madras, sur les rives de la rivière Vegavathy dans le Tamil Nadu, à l'extrême sud-est de l'Inde, Kanchipuram est connue comme la "la ville aux mille temples" et donne, dit-on, le bonheur éternel à ceux qui lui rendent visite. Elle attire de nombreux pèlerins et touristes. Les deux grands courants de l'hindouisme, le shivaïsme et le vishnuïsme, sont représentés à parts égales. Dans le nord de la ville se dresse le temple d'Ekambareswara, l'un des plus anciens temples de Kanchipuram et aussi le plus vaste (9 hectares). Le temple est flanqué d'un gopuram (tour) de près de 60 m de haut recensé en tant "Pancha Bootha Sthalams" c’est à dire un des cinq temples dédiés à Shiva représentant chacun un des cinq éléments de la nature, ici un "prithvi lingam", l’élément terre. Le hall présente 540 piliers, aux motifs tous différents, et à l'intérieur du temple sont érigés 1008 Shiva-lingams. Le temple de Kailasanathar, construit au VIIe siècle et dédié à Shiva, est un des rares monuments à posséder des sculptures et des fresques épargnées par les ajouts architecturaux multiples. Le temple de Varadaraja Perumal (Devarajaswamy) est dédié à Vishnu, son mandapam (hall) compte que 96 colonnes recouvertes de sculptures représentant les avatars de Vishnu. Le sanctuaire de la divinité du temple (Atthigiri Varadar) se trouve dans le bassin, mais la statue qui se trouve à l'intérieur n'est montrée que tous les 40 ans et pendant 48 jours. Le temple de Kamakshi Amman est l'un des grands lieux de culte de Shakti (terme générique désignant l'énergie créatrice sous sa forme féminine.) La tour surplombant le sanctuaire est recouverte d'or. Le Chariot d'Or du temple fait l'objet d'une procession toutes les semaines.

Ujjain (Madhya Pradesh)
Située sur la rive droite de la Shipra, un des affluents du Gange, Ujjain, qui fut plusieurs fois capturée par les dynasties musulmanes qui se succédèrent en Inde, doit sa renommée au triomphe de Shiva sur le démon Tripura en ce lieu. Cette cité abrite le temple de Mahakaleshwar, le temple du seigneur du temps ou de la mort, consacré à Shiva dont l'idole est représentée "Dakshinamurti" (qui fait face au Sud). Ce temple est particulièrement fréquenté par nombre de personnalités de l'Inde et abrite l'un des douze jyothirlinga (lingam naturel) de l'Inde.  Arrosé tôt le matin de cendres (le seul temple à pratiquer le rituel des cendres, ou Bhasm Aarti), pour réveiller le Seigneur Shiva, il est décoré chaque jour notamment de feuilles et des fleurs de plante de cannabis (Bhaang). Les étages du temple disposent de balcons aux toits richement décorés et les couloirs qui mènent au sanctuaire possèdent des colonnes en marbre. Le temple accueille tous les douze ans, la Kumbha Mela, le plus grand rassemblement religieux au monde (jusqu’à 100 millions de personnes). Le temple Chintaman Ganesha Mandir date du XIe siècle et abriterait une idole de Ganesh swayamabhu, c'est-à-dire née par elle-même. Le temple Gopal, au-dessus duquel se dresse une flèche de marbre, est dédié à Krishna via une statue en argent. Le temple Navagraha est, quant à lui, dédié aux neufs planètes (navagrahas) du système solaire. Enfin, Ujjain est la demeure de la déesse hindoue Harasiddhi, le temple Hara Siddhi, et donc un des "Shakti Peeth", ces lieux (Peeth) de culte hindous dédiés à la Shakti, suscités par les dieux qui, voyant Shiva refuser de se séparer de son épouse Sita morte, décidèrent de découper son corps et de jeter les morceaux sur la terre des mortels : le temple s'élève à l'endroit où serait tombé l'épaule de Sita. Au centre du sanctuaire se trouve une roche qui représente la tête du roi Chandragupta Vikramaditya (380-415) offerte à la déesse Durga. Il abrite une représentation rouge sombre de la déesse Annapurna.

Dwarka (Gujarat)
Dwarka est une petite ville située à l’extrémité ouest de la péninsule de Saurashtra dans l’État du Gujarat, sur les rives de la mer d’Oman. On dit que le seigneur Krishna, une incarnation du dieu Vishnou, a migré de Mathura à Dwarka pour y fonder sa capitale, il y a 5000 ans de cela, cité qui par la suite fut submergée par la mer. De fait, es explorations archéologiques marines ont mis au jour un grand nombre de structures en pierre. Le temple Dwarkadhish (Jagat Mandir), dédié au dieu Krishna, est constitué de cinq étages soutenus par 60 colonnes sculptées. Chaque année, l'anniversaire de la naissance de Krishna y est célébré avec faste. Dwarka est aussi connue pour sa sainte poétesse Mirabaï. Née princesse, elle renonça à la vie matérielle pour se consacrer à l’adoration de Krishna et composer ses fameux poèmes d’amour dédié à sa divinité. On dit qu’un jour, elle est entrée dans le temple de Dwarkadeesh, s’est unie spirituellement à Krishna et que seul son sari fut retrouvé enroulé autour de l’image du dieu...


Char Dham, les quatre demeures sacrées de l’Inde
Le pélerinage le plus sacré consiste à visiter les quatres "demeures" divines sises aux quatre points cardinaux de la carte mythologique du sous-continent indien : Badrinath au nord, près de la source du Gange, et associée à Shiva, Puri à l'est et Dwarka à l'ouest, lieux d'élection des adeptes de Krishna, Râmèshvaram au sud, située sur une île entre l'Inde et le Sri Lanka, île que Râma aurait traversée pour secourir Sîtâ. Tout fidèle doit envisager la visite de ces quatre lieux saints au moins une fois dans sa vie.

Badrinath (Uttarakhand)
Située à une altitude de 3000 mètres sur les rives de la rivière Alaknanda, dans l’Himalaya  Garhwal, Badrinath est connue pour son temple (Badrinath Temple), qui expose une figurine en pierre saligram (pierre noire sacrée) du dieu Badrinarayan (Vishnu). Selon les textes sacrés du Bhagavata Purana c’est là que Vishnou, dans son incarnation en tant que Narayana, a mené une grande pénitence pour le bien-être de tous les êtres vivants. Mais le site est aussi connu pour avoir accueilli Adi Shankara, le grand commentateur des Upanishad védiques, du Brahma Sūtra et de la Bhagavad-Gita, et grand réconciliateur religieux du VIIIe siècle. Avec Gangotrî (un temple y est dédié à la déesse Ganga, source du Gange, à plus de 3 000 mètres), Yamunotri (source de la Yamuna, un des fleuves les plus sacrés d'Inde, Yama étant devenu dieu de la mort en tant que premier décédé) et Kedarnath (le temple recèle le fameux linga de glace de Shiva), Badrinath est un des lieux de pèlerinages très important dans l'Inde du Nord. 

Puri (Odisha)
Située dans l’Odisha, au nord-est de l’Inde, la ville de Puri est surtout connue pour son temple hindou du 12ème siècle, le temple de Jagannâtha (seigneur de l’univers), une des formes du dieu vishnou ou de son avatar, Krishna. Cette dévotion culmine lors de la fête de Rath Yatra (fête des chars) où les statues de Jagannatha, de son frère Balabhadra et de sa soeur Subhadra partent en procession dans la ville dans des chars somptueux. Le temple est partie intégrante d'un complexe plus large qui compte plus d'une centaine de sanctuaires dédiés à la déesse Satī, à Mahalakshmi, à Sūrya, dieu Soleil et père du premier homme, Narasimha, le quatrième avatar de Vishnou, mi-homme, mi-lion...

Rameshwaram (Tamil Nadu)
Rameshwaram est une île dans le sud du Tamil Nadu (le pont Indira Gandhi, un des plus longs d'Inde, relie l'île au continent), célèbre parce que le dieu hindou Rama y construisit un pont à travers la mer jusqu’au Sri Lanka pour sauver son épouse Sita des griffes de son ravisseur Ravana, mais renommée pour son temple Ramanathaswamy, très haut lieu de pèlerinage tant pour les vishnouites que pour les shivaïtes et qui abrite l’un des 12 Jyotirlingams (lingams de lumière). Le temple est surtout connu pour ses immenses corridors bordés de colonnes sculptées (on en compte plus de 1200 sur 1220 mètres de galeries) et par ses 22 bassins sacrés (tirthams) dont les eaux ont toutes un goût différent. A la pointe est de l'île, à 12 km de Rameswaram et à proximité de Dhanushkodi se dresse le temple de Kothandaraqwamy. Le Gandamadana Parvatham, construit au sommet d'une colline point culminant de l'île, est, quant à lui, supposé renfermer les empreintes de pieds de Rama.


Le festival Chhath Puja, Mer d'Oman, Mumbai
Originaire de l’état du Bihar, au nord-est de l’Inde, le festival Chhath Puja célèbre et remercie Surya et Usha, le dieu-soleil (le créateur de l’univers matériel (Prakriti) et le père des premiers êtres humains sur la Terre, Manu et Yama) et la déesse de l’aube, "le premier rayon de soleil du matin", source de vie et d’énergie primordiale mais aussi aube de la conscience divine pour l’aspirant spirituel. Cette cérémonie remonte, dit-on, à l’époque védique, c’est à dire entre 3500 et 1500 ans avant notre ère,  le Rigvéda, un des quatre livres fondateurs de l’hindouisme contient en effet des hymnes dédiés à la vénération du soleil. Les temples de Modhera au Gujarat et de Konark dans l’Odisha sont de majestueux sanctuaires dédiés à la divinité solaire....


A l'époque où l'Inde repassait peu à peu du bouddhisme à l'hindouisme, fut édifié le Temple de Kailashnath, lui-même part d'un ensemble de monastères et temples situé à Ellora, Maharashtra (État de l'ouest de l'Inde), un site exceptionnel de monastères et temples creusés en succession serrée dans la paroi d'une haute falaise basaltique, datables de 600 à 1000 et consacrés respectivement au bouddhisme, au brahmanisme et au jaïnisme. Une exceptionnelle leçon de tolérance. Le temple rappelle, dit-on, le Mont Kailash, demeure du dieu Shiva, une montagne culminant à 6 638 mètres d'altitude (Transhimalaya) dans la région autonome du Tibet, et tenue pour sacrée par les hindous, les jaïns et les bouddhistes.  Elle correspondrait au mythique mont Meru considéré comme l'axe du monde dans les mythologies  hindoue, mais aussi persane, bouddhique et jaïne.


Guru Nanak, créateur de la religion sikhe
Dans une foule indienne, les Sikhs orthodoxes sont facilement reconnaissables à leur turban et à leur barbe, et s'ils ne forment que 2% de la population indienne, soit environ 23 millions d'individus, si  80% d'entre eux vivent dans le Panjāb, grenier de l'Inde entre la Khaybar Pass et Delhi, où ils sont légèrement plus nombreux que les Hindous, leur histoire et leur passé depuis le XVe siècle alimentent bien des mythes. C'est donc au XVe siècle que vécut Guru Nanak, dans une famille hindoue de Talvandi (aujourd'hui Nankana Sahib, Pakistan), dans le Pendaj, et alors que l'expansion de l'Empire moghol vers le sud du sous-continent indien créait des tensions entre hindous et musulmans. Il reçut, selon la tradition, à 30 ans, une révélation où Dieu lui fit boire une coupe de nectar et lui inspira sa vocation, celle d'un saint-soldat parcourant les centres religieux de l'Inde, au nom d'une divinité omniprésente et transcendante similaire à la notion hindouiste du brahman, mais abolissant toutes les divisions sociales ou castes, rejetant les rituels et les pélerinages au profit d'une existence entièrement vouée au courage et à la vertu selon un strict code de conduite, seul moyen de vaincre le cycle de la réincarnation et d'accéder à la l'union spirituelle avec Dieu. Le Guru Granth Sahib est le texte sikh fondamental, recueil d'hymnes et de versets composés par les 10 gurus siks successifs qui vécurent de 1469 à 1708. Chacun donc, quelle que soit sa religion, sa nationalité, n'exprime sa foi par l'exemplarité de sa vie quotidienne, tous sont en mesure de franchir le portail vers Dieu. Cinq articles de foi contribuent à l'identité sikhe et ordonnent son existence : kesh (les cheveux non coupés), kangha (le peigne), kawra (le bracelet), kacchera (le caleçon), kirpan (l'épée), et le fameux turban qui n'est pas article de foi mais affirme leur cohésion...

Amritsar (Pendjab), le centre spirituel et culturel de la religion Sikh
Fondé en 1577 par Guru Ram Das, Amritsar est situé à 32 kilomètres à l'est de Lahore, ville cosmopolite du Pakistan située sur la rivière Ravi, où la 2e plus grande mosquée du Pakistan et de l'Asie du Sud, la mosquée Badshahi (mosquée Royale) , cotoie les célèbres jardins les jardins de Shalimar et de Shahdara et la magnifique Samadhi of Ranjit Singh qui accueille chaque année des millions de dévots et de pèlerins affluant dans cette demeure divine à la recherche de la paix. Mais c'est le Temple d'Or (Harmandir Sahib), reconnaissable à sa couverture dorée à l'or fin, qui incarne à Amritsar la légende spirituelle sikhe et qui accueille quotidiennement 100 000 pélerins ou curieux qui foulent l'allée de marbre blanc qui fait le tour du temple, psalmodient les verstes du Guru Granth Sahib, et viennent se baigner dans les eaux sacrées du  "Bassin au Nectar" (Amrit Sarovar).  


Le jaïnisme
Le jaïnisme, qui compte près de dix millions de fidèles dans le monde, ascètes et laïcs confondus, en majorité en Inde (4,451,753 Jains sur le 1.21 billion de population en Inde), est la plus ascétique de toutes les religions indiennes, "ji" en sanscrit signifie "conquérir", soit mener bataille contre toutes les tentations matérielles. Comme pour l'hindouisme, le bouddhisme et le sikhisme, l'adepte doit atteindre l'illumination menant à la fin des transmigrations de son âme appelée moksha ou nirvana. Le jaïnisme fut fondé, pense-t-on, par Mahavira, au VIe siècle av.JC, fils du roi Siddhartha et de la reine Trishala, qui quitte à 30 ans son palais pour vivre en ascète et atteindre l'illumination une douzaine d'années plus tard. Le jaïnisme ne reconnaît pas de déité, plaçant l'entière responsabilité sur les actions de l'individu. Pour se conformer à une vie d'abnégation de soi, moines et nonnes prononcent cinq grands voeux, la non-violence (ahimsa), dire la vérité (satya), la chasteté (brahmacharya), ne pas prendre ce qui n'est pas offert (asteya), et ne pas s'attacher tant aux personnes qu'aux choses (aparigraha). Le voeux le plus important est l'ashima appliqué à l'ensemble des êtres de ce monde: "Je demande pardon à toutes les créatures vivantes, puissent-elles toutes me pardonner". Depuis le Moyen Âge, la communauté, persécutée par les hindous au sud, par les musulmans au nord, s'est peu à peu amenuisée. Ses fidèles se répartissent en deux sectes, celle des « nus » (digambara) et celle des « blancs » (shvetambara), dont la séparation date du IVe siècle. Ceux-là sont, pour la plupart, installés comme cultivateurs au Deccan ; ceux-ci se rencontrent surtout à l'ouest, au Rajasthan et au Gujerat, où ils sont souvent à la tête d'importants négoces. La forme la plus simple de culte que l'on rencontre aussi dans l'hindouisme, est le "darshan", une mise en relation visuelle avec l'image d'un "tirthankara" (l'un des 24 maîtres spirituels de l'ère actuelle, "les bâtisseurs de ponts en travers de l'océan des renaissances") , souvent lors de la récitation d'un mantra sacré. La prière fondamentale du jaïnisme est le Navkar, ou Namaskar Mantra. On trouve des temples ou lieux de pèlerinage jaïns aux quatre coins de l’Inde, ils se distinguent par leur architecture très raffinée où les Tirthankaras sont représentés par des statues nues généralement debout ou assises en lotus....

Ranakpur (Rajasthan)
Ranakpur est niché dans la majestueuse vallée des monts Aravalli, sur la route entre Udaipur et Jodhpur au Rajasthan (Inde du Nord), et abrite plusieurs temples, dont une merveille architecturale, en pleine jungle, le temple d'Adinatha (ou Chaumukha Temple), l'une des plus vastes constructions jaïns de l'Inde : un bâtiment construit en marbre blanc dont chaque centimètre est sculpté, comptant 29 salles, 80 coupoles, 1444 piliers tous sculptés avec une ornementation différente.  Le temple abrite la statue d’Adinath, le premier des Tirthankaras qui, avec ses quatre têtes regarde vers les quatre points cardinaux (Chaumukha), mais qui ne peut être vu que par les fidèles jaïns. Les murs extérieurs du temple comportent trois bandes de sculptures portant des surasundaris (jeunes beautés célestes), des couples de vidyadhara volants, des vyalas (être mythique à tête de lion) et une danseuse avec des musiciens. Au côté du temple d’Adinath, on trouve deux autres temples jaïns du 15ème siècle, un dédié à Neminatha (le 21ème Tirthankara) et l’autre à Parshvanatha (le 23ème Tirthankara), le temple dit des prostituées en raison de ses statues sensuelles, et un temple hindouiste dédié à Sûrya, le dieu du soleil, datant du XIIIe siècle...

Shravanabelagola, Gomateshwara Bahubali (Karnataka)
Une impressionnante statue de granit de 18 m de haut, Gomateshvara, l’une des plus grandes statues de pierre monolithique au monde, protège la ville de Shravanabelagola, haut lieu du jaïnisme, situé à 150 km Bengaluru, capitale de l'état de Karnataka. Le site est constitué par deux promontoires rocheux sacrés, Vindhyagiri, qui abrite la fameuse statue, et Chandragiri, qui comporte cinq temples, dont le temple de Kattale ou Padmavathi qui contient une idole de Yakshi Padmavathi et une immense statue en schiste d’Adinath, le temple de Chandragupta qui possède un mur sculpté retraçant la vie de Chandragupta, le roi de la dynastie Maurya, et la grotte de Bhadrabahu qui est supposée être le tombeau du maître jaïn Bhadrabahu. Tous les douze ans, des milliers de fidèles se rassemblent au temple de Gomateshwara pour assister au Mahamastakabhishekam, ou onction de la statue de Bahubali Gommateshwara, une cérémonie spectaculaire durant laquelle on verse sur la statue diverses substances comme du jus de noix coco et de canne, du lait, safran, pâte de santal....

Palitana (Gujarat)
Petite ville à 50km de Bhavnagar, et sans doute la première ville végétarienne au monde, Palatina entoure le plus vaste complexe jaïn, la colline sacrée Shatrunjaya et ses 863 temples repartis dans neuf enceintes différentes, un complexe accessible par un escalier de 3 950 marches. Le temple principal (Adinatha Temple) dédié à Rishabhanatha (Adinath), le premier Tirthankara,  sa statue de marbre blanc est habillée d’or et sertie de pierres précieuses. Chaque temple est ainsi consacré à un Tirthankar : Chaumukh Temple, Ashtapada Temple, Bhagwan Adishwar Mandir, Samavasaran Temple, Sammet Shikhar Temple, Saraswatidevi Temple, Narsingh Kesharji Temple... Un temple consacré aux "nus" (Digambars) abrite l’idole d’un mètre de haut de Bhagawan Shantinath (le 16ème Tirthankar) taillée dans du marbre pur blanc. 

 

Sammed Shikharji (Jharkhand)
A 1350m, Sammed Shikharji est un ensemble de petits temples jaïns situé dans les Montagnes Parasnath (Mont Sammeda), un havre de paix d'autant plus sacralisé qu'il fut le théâtre de l'illumination de vingt Tirthankaras (Teerthraj King of Teerths), et chacun des sanctuaires leur sont dédiés…

Dilwara, Mount Abu (Rajasthan)
Les cinq temples jaïns de Dilwara sont situés à 2 kilomètres de Mount Abu, la seule station de montagne du Rajasthan, véritable oasis de verdure. Ces temples jaïns ont été construits entre les XIe et XIIIe siècles de notre ère, avec un souci de simplicité quant à l'architecture extérieure, en contraste avec un intérieur particulièrement travaillé, chacun consacré à un Tirthankara. Vimal Vasahi, temple dédié au tout premier Jain Tirthankara, Shri Rishabhadev, est ainsi entièrement sculpté dans du marbre blanc, rempli de nombreuses cellules contenant de petites idoles des tirthankaras, piliers et arcs sont finement sculptés, et les plafonds couverts de motifs gravés de boutons de lotus, de pétales, de fleurs et de scènes de la mythologie jaïnne....

Girnar, Mount Girnar (Gujarat)
Le mont Girnar (ou mont Neminath pour les jaïns) est un ensemble de montagnes et de collines sacrés, d'une sérénité incroyable, à 4 km de Junagadh, une ville qui renferme le Mahabat Maqbara, un monument moghol  parmi les plus photographiés. C’est le point culminant du Gujarat (1118 m) et c’est aussi un important lieu de pèlerinage pour les jaïns comme pour les hindous , abritant en effet des temples des deux religions. Pour atteindre les temples jaïns, il faut grimper 3800 marches pour atteindre le temple Neminath du 12ème siècle, le plus grand et le plus réputé, dédié au 22e Tirthankara, et une dizaine de temples tant Shwetambara que Digambara ornés de magnifiques sculptures. A la 6000ème marche, nous atteignons le temple hindou Amba Mata, un des plus anciens, dédiée à Amba, la Déesse-Mère, un temple souvent visité par les jeunes mariés. Enfin, 2000 marches plus loin, nous nous hissons jusqu'au sommet, Gorakhnath. Tout autour de la colline, se nichent de nombreux ermitages et ashrams. Chaque année, une pradakshina (circumambulation) de la colline est organisée (Parikrama Girnar)...


Et dans d'autres parties d'Asie, ….

Malaysia's Hindus celebrate Thaipusam at Batu Caves - Le complexe de temples des Grottes de Batu, situé dans une grande grotte calcaire à la périphérie de la capitale malaisienne Kuala Lumpur, devient un jour par an le principal lieu de culte de l'importante communauté tamoule de Malaisie. Un million de pèlerins célèbrent ainsi Thaipusam, une fête célébrée principalement par la communauté tamoule lors de la pleine lune du mois tamoul de Thai (janvier-février). Elle commémore la naissance de Murugan, appelé également Subrāhmanya, le plus jeune fils du dieu Shiva et de sa femme Parvati, et le dieu du courage, de la richesse et de la sagesse. Elle célèbre aussi que l'évènement qui vit Parvati donner à Murugan une lance (vel), pour qu'il puisse vaincre le démon Surapadman et sauver ainsi l'humanité.

Les dévots hindous prient Murugan tout au long de l'année, lui demandant de l'aide dans divers aspects de leur vie et jurent d'accomplir un pèlerinage pendant Thaipusam, si leurs souhaits sont exaucés. Les pèlerins se rasent la tête, marchent pieds nus sur plusieurs kilomètres et montent 272 marches jusqu'au temple du Seigneur Murugan situé au milieu de la grotte. Ils transportent des offrandes qui vont des bols de lait à des objets complexes pouvant peser jusqu'à 80 kg, appelés "Kavadi" et joignent parfois à ces offrandes des actes d'abnégation totale, perçant leur peau avec des brochettes en argent qui symbolisent le Vel ou avec des crochets auxquels ils accrochent des fruits ou des bols de lait. Le rituel est destiné en fait à vaincre les démons intérieurs du pèlerin et à obtenir les bénédictions du dieu....
(pic.Alexandra Radu)

 

At the Erawan shrine - A Bangkok (Thaïlande), le sanctuaire d'Erawan, ou San Phra Phrom, sanctuaire hindouiste abritant une statue de Brahmâ, est particulièrement fréquenté par les Thaïlandais depuis 1956 (Ratchaprasong intersection) pour conjurer le mauvais sort, les fidèles y trouvent oiseaux et fleurs comme autant d'offrandes accompagnant les prières. (pic.Bangkok Post)