Maroc - …

Last update: 05/05/2017

 

Le Maroc (Marruecos)

Les pays du Maghreb (al-Djazirat al-Maghrib, "là où le soleil se couche..") que sont le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Lybie et la Mauritanie correspondent à la partie occidentale du monde arabe ("the Arab West"), comprise entre la Méditerranée, le désert de Libye, le Sahara occidental et l'océan Atlantique, et forment depuis plus d'un millénaire, une unité géographique, linguistique et religieuse.  Le Maroc, l'Algérie, et la Tunisie ont en commun une ouverture méditerranéenne, vers l'Europe méridionale, et une partie saharienne, mais superficies, effectifs de population, régime politique, potentialités économiques varient très largement....

 

Le Maroc est le premier pays du Maghreb à s'être entièrement ouvert au tourisme et est aujourd'hui le pays le plus visité d'Afrique, quand bien même cet afflux serait-il en totale dépendance de la stabilité sociale et politique de la région : au début des années 1990, entre 1 et 1,5 million d'Européens, principalement français ou espagnols, en 2008, 8 millions, dont 30%  des 3,8 millions de Marocains vivant à l'étranger, et toujours une dominante de Français et  d'Espagnols (40% de l'ensemble des visiteurs), en 2016, plus de 10 millions de touristes...
Depuis des dizaines d'années, pour faire court, les occidentaux d'horizons les plus divers foulent le sol du Maroc. Est-ce un bien, est-ce un mal pour le Maroc lui-même? Se poser la question, c'est déjà y répondre....

Les chaînes de l'Atlas partagent le Maroc en deux parties, au Nord le Maroc atlantique et méditerranéen (et ses 1800km de côtes), le Maroc peuplé, site de toutes les grandes villes (Casablanca et Rabat sur le littoral, Fès, Meknès et, à l'intérieur, Marrakech), séparé de l'Europe par les 17 km du détroit de Gibraltar, et plus au sud, au-delà des montagnes, le Maroc du Sahara, les oasis de Zagora, Ouarzazate, Erfoud, et plus loin le Sahara proprement dit.

La situation linguistique du Maroc est particulièrement complexe, bien que l'arabe soit la langue officielle, on distingue en général l'arabe classique et l'arabe moderne, utilisés par les plus instruits, l'arabe dialectal ou arabe marocain par quasiment toute la population, le berbère (amazigh), par environ 40 % des Marocains, le français pour ceux qui ont été scolarisés, l'espagnol pour une faible partie de la population du Nord.

Quant à la monarchie constitutionnelle marocaine (le roi Mohammed VI descend de la dynastie Alaouite au pouvoir depuis 1631), sa force réside dans son autorité spirituelle, l'islam soufi (99% de la population est musulmane), et dans la crainte de l'instabilité...

En 2050, le Maroc comptera 43 millions d’habitants, la population active, de 15 à 59 ans, passera de 21 millions à 25,6 millions et les personnes âgées de plus de 60 ans atteindront 23 % de la population, seniors marocains et seniors étrangers alimenteront plus que jamais le flux touristique, des seniors dont les attentes et le niveau culturel ne sont pas sans ambiguïtés...


Le Nord du Maroc
Le nord du Maroc correspond à la région de Tanger, Tétouan, Al Hoceima, une région dont le moteur de développement est aujourd'hui Tanger, nantie de ses deux façades maritimes, méditerranéenne et atlantique, avec la volonté affichée d'en faire un noeud de communication multiformes entre l'Europe, le reste du Maghreb, les régions du Sud marocain, voire l'Afrique et le Monde arabe. Défi colossal tant les entraves sociales et économiques sont nombreuses, les difficultés permanentes dans le sillage des printemps arabes de 2011, et l'une des questions lancinantes reste bien celle de la place du tourisme et de son impact. L'offre est ici définie autour de Tétouan, ancienne capitale du protectorat espagnol à la blancheur d'une ville andalouse, Oued Laou, une des plus importantes stations balnéaires du Maroc, les montagnes du Rif, la cascade de la vallée d'Akchour, la perle bleue du Maroc, Chefchaouen, la cosmopolite Tanger dont la baie de Tanger fait face au détroit de Gibraltar, 500 kilomètres de côte méditerranéenne qui offrent de belles plages, à Nador (Tibouda, Cala Blanca, Sidi Hssain), Assilah (Las Cuevas), Tanger (Sidi Qacem), El Hoceima (Quemado), l'une des plus grandes stations balnéaires d'Afrique du Nord...

 

Tanger (780000 habit.)
A environ 370 km de Casablanca, à 14km et deux heures du port espagnol d'Algésiras par ferry boat, la blanche Tanger est depuis des siècles un carrefour cosmopolite au Maroc,  sa baie fait face au détroit de Gibraltar et ouvre à la fois sur l’océan Atlantique et sur la mer Méditerranée. La plus européenne de toutes les villes marocaines a inspiré bien des oeuvres controversées, la plus connue, "Naked Lunch" de William Burroughs, "el hombre invisible" qui hantait en solitaire le Café Hafa, s'asseyait à une table de bois bleu vacillant et fumait du kif (marihuana), buvait du thé et prenait des notes, nous étions en 1953. Dix ans plus tard Paul Bowles, après avoir publié son premier roman, "The Sheltering Sky" (1949) et des nouvelles centrées sur le Maroc (A Hundred Camels in the Courtyard, Let It Come Down),  complète ses aventures nord-africaines avec "Journey through Morocco", parcourant Tangier, Chefchaouen, Marrakech, les montagnes de l'Atlas, Taroudant, Tiznit et Tafraoute. La Légation américaine porte trace à Tanger de cet épisode. Allen Ginsberg, le poète de la Beat Generation (Howl, 1956), travailla à Tanger sur son oeuvre "The Kaddish". La Medina de Marrakech descend la falaise vers l'océan dans un labyrinthe de ruelles étroites, construite autour du Petit Socco (Souk Dakhal),  carrefour de ruelles commerçantes et animées  au cœur de l'histoire de la ville : on y trouve épiceries, magasins, bijouteries et cafés fréquentés nombre d'écrivains et d'artistes au fil du temps, la grande mosquée construite à la fin du XVIIème siècle par le Sultan alaouite Moulay Ismaïl et l'église de l'Immaculée Conception, construite par les Espagnols en 1880. 

Tandis qu'en contrebas de la ville nouvelle, s'étend le populeux Grand Socco (cf Joseph Kessel, 1952), El gran zoco ou «Souk Bara», reconnu pour son grand marché dans les années 1920, le prestigieux hôtel El Minzah et le Café de France, lieu de toutes les rencontres. Plus loi, la Kasbah domine la Médina et offre une magnifique vue sur l’Espagne et le détroit de Gibraltar : le palais Dar el-Makhzen, le Kasbah Museum et le sulfureux Café Detroit en sont les points incontournables.

Si l'on regagne la ville nouvelle, la Terrasse des Paresseux est le lieu par excellence où bien des jeunes de Tanger peuvent porter leurs regards vers l'Espagne, au-delà du détroit de Gibraltar, et les touristes observer un énorme complexe portuaire (Tanger Med) qui ne cesse de s'étendre, capable d'accueillir 3 millions de passagers l'an (90 % sont des Marocains vivant en Europe, qui passent leurs vacances dans leur pays d’origine, venant de Sète en France, Gêne et Livourne en Italie), plus de 30.000 passagers et 9.000 véhicules par jour, plus de 250 0000 poids-lourds de transport routier international, Tanger est ainsi le premier port d'exportation du Maroc et  près de 40% en connexion avec des ports africains...

Quant aux plages, hors la Plage municipale de Tanger, de nombreuses possibilités s'offrent aux touristes, à quelques kilomètres de la ville, la plage Achekar, proche des grottes d'Hercule, la plage de la forêt diplomatique, la plage Oued Alian. A 11km, le Cap Spartel marque la frontière de la Méditerranée avec l'océan Atlantique.

 La côte offre nombre de petites stations balnéaires, à 40km, la blanche Asilah et ses imposants remparts, l'une des destinations au bord de l'Atlantique les plus prisées pour la beauté de son site, à 80km, Ceuta, part du Maroc espagnol et importante plaque tournante de transport avec des ferries à travers la mer jusqu'à Algeciras, Larache, proche du site archéologique de Lixus,  la médina fortifiée de Melilla, autre enclave espagnole sur le sol marocain et le Peñón de Alhucemas qui lui est rattaché, une des cinq magnifiques petites plazas de soberanía espagnoles toujours revendiquées par le Maroc...

 

Tétouan
A 60 km de Tanger, Tétouan offre une médina considérée comme la plus hispano-mauresque des villes marocaines enserrée dans une muraille de 5 km de long dressée sur les pentes abruptes du Djebel Dersa, tout est dans l'atmosphère, avec quelques sites tels que le Musée archéologique (la superbe mosaïque romaine des "Trois Grâces", déterrée sur le site archéologique de Lixus) et ses 60 000 volumes consacrés à la préservation de la littérature maghrébine, ses souks (le marché El Fouki, Guersa El Kebira), la vieille cathédrale espagnole d'Iglesia de Bacturia, dans la Ville nouvelle, le Musée d'ethnographie installé dans les murs de la forteresse du sultan Moulay Abderrahman, à Bab el Okla.
A 10km, le populaire port de pêche de Martil, à 13km, la plage de Cabo Negro, l'une des plus appréciées de la côte, une côte à longer jusqu'au village d'El Jebha, pour ses points de vue...

Chefchaouen  (43.000 hab.)
A 66 kilomètres au sud de Tétouan, à une centaine de kilomètres de Tanger, Chefchaouen est l'une des villes les plus pittoresques du Maroc, occupée par les Espagnols jusqu'en 1956, passion des photographes pour sa médina aux maisons blanches et bleues, ville sainte avec une vingtaine de mosquées et de sanctuaires ouverte à qui veut l'explorer. Située à 600 m d’altitude, c'est aussi l'une des principales destinations de trekking du Maroc et un point de pour les randonnées dans les montagnes du Rif. Singulièrement Chefchaouen est devenue une destination prisée des touristes chinois et japonais, et traditionnellement des espagnols...

Le Rif....
Entre Atlantique et Méditerranée, encore peu fréquentée, la montagne berbère du Rif s'étend globalement sur près de 500 km de Tanger jusqu'à Berkane, frontière entre l'Algérie et le Maroc. La région est connue pour sa forte identité régionale et une volonté d’indépendance vis-à-vis du pouvoir central qui n'a jamais véritablement faiblie (en 1921, lorsque le Maroc était colonisé par la France et l’Espagne, le résistant Abdelkrim El-Khattabi y a établi une République éphémère après avoir vaincu l’armée espagnole; en 1959 et en 1984, des soulèvements y furent réprimés par Hassan II). On compte parmi les "Berbères" (ou  "Amazigh", homme-libre) les Rifains au nord du Maroc (4 millions), les Chleuhs dans le sud-ouest du Haut Atlas, l’Anti-Atlas, la vallée du Souss (8 millions), les Kabyles au nord de l’Algérie (6,5 millions), ou encore les Touaregs dans le Sahara (2 millions)...

Al Hoceïma (230.000 hab.), Alhucemas
Construite sur une ville espagnole (1926), ville portuaire et capitale culturelle du Rif à 140km de Nador, 160 km de Melilla, à 200 km de Saïdia et de la frontière algérienne, 220km de Berkane (autres grandes villes rifaines à l'Est), et à 320 km de Tanger, la berbère et contestaire Al Hoceïma (Taghzout ) possède tous les atouts pour devenir l’une des plus grandes stations balnéaires d’Afrique du Nord avec l'eau de sa baie réputée pour sa limpidité et sa faune marine, ses plages, ses villas luxueuses, déjà fortement appréciées par les touristes venus de l'Europe du Nord (sa population triple en été et nombre de Marocains qui émigrèrent en Belgique et aux Pays-Bas dans les années 1960s à 1980s y reviennent) ou ceux empruntant la ligne de ferry (5h) venant de Motril, capitale de la Costa tropical (Andalousie). Al Hoceima est la première ville au Maroc à avoir lancé un village Club Méditerranée en 1963, ouvrant la voie aux villages clubs d'Agadir et Marrakech. La présence espagnole est visible, le centre culturel  Melchor de Jovellanos sur la plage de Quemado, des monuments de la vieille ville, ou le Rocher de Al Hoceïma,  un îlot situé dans la baie à 700 mètres de la côte et à 84 km du territoire espagnol, en porte témoignage.... 

En 2000, le Maroc tente d'imiter un très ancien modèle espagnol de développement du  tourisme balnéaire de masse (occuper et bétonner la première ligne de plage, projet des années 1960s qui a vu déferler 60 millions de touristes, ici les 10 millions sont en cible) et se lance dans des projets couvrant les côtes de la Méditerranée et de l’Atlantique,  Mediterrania Saïdia, Mazagan Beach Resort, Port Lixus, Mogador Essaouira, Taghazout-Argana Bay, Plage blanche-Guelmim. C'est ainsi que Saïdia, à la frontière algérienne, petite ville et station balnéaire pourvue d'une dizaine de kilomètres de plage, devient un gigantesque complexe touristique bétonné, affichant dessertes d'aéroport, marina, parcours de golf, jusqu'à posséder l'un des plus grands centres commerciaux du continent africain, avec quelque 43 500 mètres carré de boutiques et de restaurations diverses....


Les villes impériales
Le Maroc compte quatre villes impériales, "impériales" parce qu'elles furent des capitales à diverses époques pour différents monarques,  Fès, fondée par le sultan Idrisside Idris Ier, Marrakech, fondée par le sultan almoravide Youssef Ibn Tachfin, Rabat, fondée par le sultan almohade Abd al-Mumin, et Meknès, fondée au XIe siècle par la dynastie des Almoravides sous le règne du sultan alaouite Ismaïl ben Chérif. Les visiter est un classique de tout voyage au Maroc et pour le Tour Operator un "produit culturel" à part entière qui semble en contrepartie fournir aux Marocains un sentiment de fierté  et de revalorisation de leur histoire. A Marrakech, Fès, Chefchaouen, le touriste étranger plébiscite par exemple les riads, les anciennes demeures des centres historiques, mais le risque demeure, comme partout sur cette planète, de voir se perdre une identité culturelle au profit des attentes d'un tourisme international nécessairement superficiel et standardisé....

Marrakech (1 Million d'hab.)
Marrakech est jugée comme la plus attirante des cités impériales du Maroc, fondée il y a près de 1000 ans au bord du Sahara et porte d'entrée de la région du Haut Atlas, mais aussi haut lieu de développement touristique lancé dans les années 1960 et 1970 qui a quelque peu transformé la cité en un gigantesque club de vacances (près de 2 millions) où le touriste français, le plus souvent,  joue la carte du luxe, des affaires, de la valorisation sociale... Reste que Marrakech est connue dans le monde entier au travers de quelques clichés : sa célèbre et populeuse place Jemaa el-Fna, ses murailles rouges longues de 19km qui s'embrasent au coucher du soleil, et ses deux célèbres portes  les portes Bab er Robb et Bad Agnaou, la silhouette enneigée de l'Atlas à l'horizon, le minaret de 77 m de haut de la mosquée Koutoubia... On oppose la Médina,  le quartier historique, la vieille ville arabe et son labyrinthe de ruelles, à la Nouvelle Ville (le quartier du Guéliz) construite lors du protectorat français autour de l’avenue Mohammed V, et le luxueux quartier de l'Hivernage, espaces clos des grands hôtels (le fameux hôtel de la Mamounia, 1925) et clubs associés. 

La grande place de Jemaa el Fna est le coeur de la Médina, au nord de celle-ci, la mosquée Koutoubia, la mosquée des marchands de manuscrits, bel exemple de l'architecture de la dynastie des Almohades (XIIe siècle) , la medersa Ben Youssef, le plus grand collège théologique du Maroc, dont les 132 austères chambres contraste avec la décoration somptueuse du bâtiment), des souks ponctués de riads, ces grandes bâtisses construites autour d'une cour intérieure, abritant hôtels, musées (le musée Mouassine) ou jardins (le jardin secret et sa tour de 17 mètres); au sud de la place Jemaa el Fna, le somptueux palais de la Bahia et ses 150 pièces, les tombeaux abritant les sépultures de la famille royale des Saadiens;  au nord ouest de la Médina, le jardin de Majorelle, jardin botanique et un musée d’ethnologie consacré aux berbères, l’un des lieux les plus visités de Marrakech et associé au nom de Yves Saint Laurent...

Marrakech, five top sights : Djemaa el-Fna, Souks, Ali ben Youssef Medersa, Jardin Majorelle, Koutouba Mosque....

Fez (1,1 Millions d'hab.)
Fès, ville commerçante grâce à sa position charnière au pied du Moyen Atlas, est perçue comme la capitale culturelle et religieuse du pays : elle possède la plus vaste des médinas du Maroc, voire du Maghreb, ses bazars et marchés s'entassent au long d'un labyrinthe de ruelles dont le tracé n'a que peu évolué depuis un millénaire, Fès, c'est plus de 150000 habitants et la plus grande zone urbaine sans voitures au monde. La ville se divise en trois parties, Fès el-Jedid (la demi-vieille), Fès el-Bali (la vieille) qui forment la médina, et Fès la jeune (ville nouvelle) construite par les français au temps du protectorat et où se trouve le quartier administratif. Débutant classiquement par Fès el-Bali, la porte d'entrée principale de la médina est Bab Boujloud, qui offre un point de vue sur le minaret de la Medersa Bou Inania, ouverte aux non-musulmans, comme la médersa Ben Youssef à Marrakech (madrassa, école islamique d'apprentissage)  : on distingue deux quartiers principaux, à gauche la plupart des monuments historiques et la majorité des souks commerçants, à droite des ruelles populeuses et plus anciennes mais qui recèlent des trésors, comme   la mosquée Al-Andalus avec son minaret vert et blanc, qui remonte à l'époque durant laquelle des centaines de familles furent  chassées par les Omeyyades de la ville espagnole de Cordoue, ou la Medersa Sahrij…

Car c'est bien entendu le Quartier Debbaghine à Fès El-Bali qui attire tous les curieux, le paradis de l'artisanat local (Chouara Tannery) : ses tanneries installées depuis le Moyen Âge à proximité de l'oued qui permet de remplir de son eau les cuves de teintures destinées à la coloration des peaux. Non loin de la Place Seffarine, dédiée à l'orfèvre du cuivre, El Karaouiyine (Qaraouiyine) est l'un des plus anciens centres d'enseignement religieux du Maghreb qui tire son nom de la ville de Kairouan d'où venaient les réfugiés qui l'ont bâtie en 857, une immense salle de prière pouvant contenir 20 000 personnes, une des bibliothèques les plus anciennes au monde avec ses 30 000 livres et un Coran du IXe siècle. Entre le souk Attarine (Al-Attarine Madrasa), le royaume de toutes les épices, et la place Nejjarine, celui des ébénistes (le musée Nejjarine y est un musée d'art et d'artisanat marocain du bois),  en plein coeur de la Médina el Bali, se trouve le plus ancien monument de Fès, la Zaouia de Moulay Idriss,  un mausolée abritant la tombe de Moulay Idriss II, le père fondateur de Fès. Le Souk El Henna est une petite place dans laquelle se vend depuis des siècles le fameux henné mais aussi beaucoup d'autres produits cosmétiques et pharmaceutiques traditionnels (les femmes marocaines sont, parmi les pays du Maghreb, celles qui se tatouent le plus, l'esthétique et le symbolique l'emportant sur le religieux). Enfin, place Batha, Dar Batha est, à l'intérieur d'un palais d'été hispano-mauresque construit à la fin du XIXe siècle et s'ouvrant un jardin ombragé de palmiers, un musée dédié à l'artisanat marocain traditionnel, dont les célèbres céramiques bleues de Fès, colorées au cobalt. Tout ici semble appartenir à un autre siècle, malgré les touristes et l'empiètement de la modernité....

La "ville" de Fès el-Jedid fut édifiée à côté de Fes el Bali pour permettre d'accueillir au 13e siècle l'immense Palais Royal, Dar el Makhzen, connue pour ses immenses portes ciselées qui donnentsur la place des Alaouites. Au nord, le Mellah,  les ruelles du quartier juif, jadis refuge de la communauté. Enfin, parmi les points de vue traditionnels sur Fes el Bali, citons au nord, le Borj Nord, un fort saadien élevé en 1582 sous le règne du Sultan Ahmed Al Mansour, et non loin, les ruines du tombeau des Méréniides, enfin le mont Zalagh qui, à 900m, s'ouvre sur la plaine du Saiss, la Vallée du Sebou, la chaine du Rif et le Moyen Atlas...
A 22km de Fès, la ville thermale de Moulay Yacoub, à 29km, la ville fortifiée et particulièrement photogénique de Sefrou, à 110km, Taza et sa grande mosquée, au seuil des forêts de chênes-lièges et de cèdres du parc de Tazzeka (ses grottes, le Djebel Tazzeka à quelques 1 980 mètres)...

Meknes (900.000 hab.)
Si nombre de touristes ne s'arrêtent à Meknès simplement pour visiter l'un des sites romains les plus célèbres du Maroc, Volubilis, sa médina se laisse pourtant plus apprivoiser que celle de Marrakech ou de Fès, une médina que constellent nombre de mosquées (la "ville aux cent minarets"). La porte grandiose de Bab el-Mansour constitue l'emblème de la ville, la porte d'entrée la plus grande et la mieux préservée du Maroc dont les détails architecturaux passionnent les photographes depuis des décennies. A l'intérieur de la Médina, la Grande Mosquée du XIIe siècle, avec son toit de tuiles vertes, et tout autour ruelles et souks, les textiles du Souk Nejarine, les fameuses pantoufles du Souk Sebbat. La seconde grande attraction de la ville impériale est le Mausolée Moulay Ismail, somptueusement décoré. Non loin, des ruines souvent gigantesques, celles du Dar el-Kebir et de Heri es-Souani, le Dar Jamai, qui abrite un Musée d'art consacré à l'art et à l'artisanat de la région,  Bou Inania Medersa, une belle medersa dont la riche décoration de carreaux de zellige a été préservée...

A 27km de Meknes, l'extraordinaire petite ville sainte de Moulay Idriss, perchée sur le mont Zerhoun, connue pour la beauté de sa place Mohamed VI et bien entendu le sanctuaire du d'Idriss 1er, prince arabe et petit-fils d'Ali et de Fatima, la fille de Mahomet, chassé de Bagdad et proclamé roi par les Berbères d'Afrique du Nord en 789, son fils, Idriss II, unifie le nord du Maroc et  transfère sa capitale à Fès, au pied du Moyen Atlas...

 

A 29km de Meknes, les ruines romaine de Volubilis, ruines au sommet d'une colline les mieux conservées du Maroc d'une cité fondée vers le 3e siècle avant notre ère, connues pour ses nombreuses et fascinantes  mosaïques in situ, la Maison d'Orphée, la Maison de l'Athlète et la Maison du Travail d'Hercule...

Rabat (1,8 Millions d'hab.)
Située au bord de l'océan Atlantique, capitale du Maroc, Rabat abrite, dans la sa partie Ville nouvelle, le plus important musée du pays, le Musée archéologique le plus important du pays (cf. le buste de Caton d'Utique, l'Ephèbe couronné de lierre, le chien de Volubilis ou la tête du jeune Berbère), Dar al Makhzen, le palais royal et siège du gouvernement, la mosquée As-Sounna et le Lycée Moulay Youssef, école des élites,  le fameux Mausolée de Mohammed V, le père de l´indépendance du Maroc, sur l´esplanade de la mosquée Hassan, et à côté duquel se dresse, inachevée, la Tour Hassan, minaret emblématique remontant au XIIe siècle, enfin Bab Rouah, la plus célèbre des portes monumentales de Rabat devenue une galerie d'art contemporain....

Jouxtant la Ville nouvelle, deux petites "villes", la Kasbah et la Médina. On pénètre par la porte Bab-Al-Oudaïas (Bab El Kébir) dans la Kasbah d'Oudaias, construites par des Andalous musulmans chassés d'Espagne, petite forteresse avec ses ruelles de maisons blanches et bleues particulièrement éloignée de toute agitation, le café maure y offre un superbe panorama sur sur le Bouregreg et la médina, tandis que le jardin des Oudayas, près du Palais de la Kasbah des Oudayas, abrite lauriers-roses, orangers, bananiers, citronniers.  Très différente des médinas de Fès (IXème siècle) et de Marrakech (Xe siècle), celle de Rabat est de style andalou, érigée au XVIIe, protégée de toute part, de l'Océan par les murs d'enceintes de la Kasbah des Oudaya, à l'est et au sud par les murailles Almohades, et celles des Andalous qui sépare la ville nouvelle de la ville ancienne, on y pénètre dans la médina par deux portes monumentales, Bab El Alou et Bab El Had, pour emprunter la rue Souika, la rue des Consuls, prisée des touristes, le Souk Sebbate, ou s'arrêter devant la mosquée  Jemaa El Kebir, la plus ancienne de Rabat... 

 De l'autre côté de la rivière Bou Regregreg, face à Rabat, la ville de Salé abrite plusieurs médersas, dont  l'Abul Hassan Medersa, une médina pittoresque avec ses souks, sa Grande Mosquée et le Mausolée de Sidi Ben. A l'embouchure du BouRegreg, le site de Chellah conserve les vestiges d'une ville romaine sur laquelle une dynastie berbère, les Mérinides, ont édifié au XIVe siècle leur nécropole...


Essaouira et la Côte atlantique
Cinq cents kilomètres de littoral atlantique récemment exploités, dominés par Rabat et Casablanca, et des stations balnéaires (El Jadida, Oualidia, Essaouira) qui en fond la zone sans doute la plus européanisée du Maroc, pour ne pas dire francisée. Casablanca est proche de Marseille, Rabat, une capitale que les Français ont développé pour remplacer les anciens centres impériaux de Fès et de Marrakech.  Le long de la côte se trouvent un grand nombre de plages, mais il s'agit de l'Atlantique et non de la Méditerranée, les marées et courants peuvent être importants et une station telle que Essaouira est la première station de windsurf du Maroc.

Entre Rabat et Casablanca...
Salé, simple banlieue de Rabat, a su se développer autour de sa medersa mérinide, adossée à la Grande Mosquée et construite vers 1340 par le roi Abou al-Hassan Ali pour servir de lieu pour le savoir et l’apprentissage.  Entre Rabat et Casablanca, nombre de plages de sable, populaires auprès des habitants des deux villes, dont, à 13km au sud de Rabat, Temara, sa  petite kasbah, qui date du règne de Moulay Ismail aux XVIIe et XVIIIe siècles, et une grande étendue de sable doré légèrement sauvage...

Casablanca (3,3 Millions d'hab.)
Près de 58% des 35,5 millions habitants peuplant le Royaume du Maroc vivent dans des zones urbaines, et Casablanca (Dar El Beïda) constitue la plus peuplée de celles-ci. C'est aussi la zone accueillant près du tiers des 84000 étrangers vivant au Maroc,  Français, Sénégalais,  Algériens et Syriens principalement.  A 95 km de Rabat, à 230 km de Meknès et à 240 km de Marrakech, Casablanca est la capitale commerciale du Maroc, le plus grand port du Maghreb, le plus grand port de croisière du Maroc, débouché du Maroc Utile, la zone la plus fertile du pays et le centre de ses gisements minéraux, et ville qui attire toujours une immigration rurale considérable - posant certains des problèmes sociaux les plus intenses du pays...

Le principal point d'intérêt de Casablanca et monument historique, la mosquée Hassan II devenu symbole somptueux de la ville et du Maroc, une énorme mosquée moderne, achevée en 1993, ayant sollicitée 10 000 artisans pour illustrer les idéaux de l'architecture islamique traditionnelle remis aux goûts de notre époque contemporaine. Restent ici et là, autour de la grande Place Mohammed V, des traces de l'architecture Mauresque et Art Déco construite pendant la période coloniale, l’ancienne médina, située au nord-ouest de la ville, le boulevard Mohamed V qui mène au grand souk du marché central, l’avenue Hassan II qui conduit à la Wilaya,  qui abrite un jardin tropical,  le parc de la Ligue Arabe et son allée centrale bordée d’immenses palmiers, et au sud du centre-ville, le Mahkama du Pacha tout en marbre et en bois. Et pour goûter au luxe cosmopolite et touristique, la station balnéaire d’Aïn Diab ou celle de Mohammedia, les plages de Dar Bouazza....

 

El Jadida (200.000 hab.)
A 96 km de Casablanca, citadelle, édifiée au XVIème siècle par les Portugais (Mazagan, l’un des premiers établissements en Afrique occidentale des explorateurs portugais qui faisaient route vers l’Inde, et le mieux conservé) et petit port de pêche dont les plages (Haouzia, Sidi Bouzid) attirent nombre d'habitants de Casablanca et de Marrakech en été (le tourisme y est principalement marocain) : parmi les activités les plus appréciées, la promenade sur les remparts, face à l'océan, la visite de la majestueuse citerne portugaise qu'Orson Welles utilisa dans certaines de  son film Othello, et Arthur Joffé, dans Harem, mais une ville qui semble éprouver quelques difficultés à trouver son chemin entre modernisation et mise en valeur de son patrimoine, de luxueux complexes touristiques surgissent progressivement (Mazagan Beach Resort ), alors que de plus en plus de Bidaouis (habitants de Casablanca) et d’émigrés européens s’installent à El Jadida...

Oualidia (5800 hab.)
A 158 km au sud de Casablanca et 212 km de Marrakech, située sur une petite lagune de la côte atlantique, Oualidia parvient à attirer nombre de touristes marocains et français, triplant sa population en été, exploitant son les eaux calmes de son lagon atlantique, 12km de long, des criques sablonneuses et ses spécialités en fruits de mer (ses huîtres sont parmi les plus réputées au Maroc)...

Safi (300.000 hab.)
A 255km de Casablanca, 155km de El Jadida, Safi est une petite ville portuaire qui, outre une médina que surplombe Ksar el Bahr, forteresse élevée par les portugais au XVIème siècle au bord de l'océan, est connue pour ses ateliers de poterie, les fameuses tuiles vertes et fortement émaillées utilisées sur les palais et les mosquées, mais aussi tajines et faïence aux couleurs bleutées : la Colline des potiers et la vallée Chaâba vouent à l'art de la céramique plus de 1500 artisans grâce une argile locale d'une qualité exceptionnelle, très calcaire et riche en oxyde de fer....

Essaouira (78.000 hab.)
A 270km de El-Jadida, 190km de Marrakech, derrière de puissants remparts d'aspect médiéval, sur une presqu’île où soufflent les alizés tropicaux, Essaouira fut une ville portuaire particulièrement florissante entre fin XVIIIe siècle et fin du XIXe siècle (Mogador). Puis Essaouira a connu un premier regain à la fin des années 1960, lorsque des "hippies" du monde entier (Jimmy Page, Jimi Hendrix (Castles Made of Sand),-  tandis que Jim Morrison s'arrêtait à Tanger -, Cat Stevens..) se sont tournés vers le petit village de Diabat et se sont intéressés aux sonorités musicales de la confrérie gnaoua, des descendants d'anciens esclaves noirs d'Afrique subsaharienne qui produisaient des rythmes suffisamment entêtants pour mener à des transes particulièrement longues et profondes. Le temps a passé, le tourisme a redonné à Essaouira une seconde vie, windsurfers (la "ville aux alizés") mais aussi touristes en quête de détente, de culture, de couleurs : médina blanche et bleue, souk de bijoux, place des artistes, musée Sidi Mohammed Ben Abdallah consacré au travail du bois....

Agadir (720.000 hab.)
A 225 km de Marrakech et à 173 km d'Essaouira, Agadir fut reconstruite après le tremblement de terre de 1960 avec pour objectif affiché de devenir la plus grande station balnéaire du Maroc avec sa plage de 10km et ses 300 jours d'ensoleillement (le Club Méditerranée fut l'archétype de ce développement) : et de fait, Agadir, avec Marrakech, absorbe désormais plus de 60% des nuitées touristiques marocaines, de vastes complexes hôteliers délimitent des enclaves internationales vouées aux séjours balnéaires et divertissements associées de quelques 800.000 touristes acheminés en low cost et le plus souvent en voyages organisés, les Français et nationaux choisissant en général l'été, les Allemands l'hiver. Si les séjours sont essentiellement basés dans le strict périmètre de l'hôtel ou du village-club, consommant à satiété l'eau potable de la région (entre 300 et 850 litres d'eau par touriste et par jour pendant l'été, sans compter l'entretien des piscines, des pelouses verdoyantes et terrains de golf en augmentation constante), Agadir s'est laissé aller à tenter d'ouvrir des perspectives plus diversifiées : Coco Polizzi, un architecte italien né au Maroc a décidé au début des années 1990 de recréer une médina en utilisant les techniques et matériaux traditionnels, de fait l'artisanat n'a pas totalement disparu, et la proximité des montagnes de l'Atlas lancent quelques pseudo-aventuriers en 4x4 vers Tafraout et Tiznit, à quelques kilomètres les villages de Tagazhout et de Tamraght sont devenus des points de référence pour les surfeurs, la Vallée d'Imouzzer une terre d'excursion, la plage d'Aourir une alternative, plus sérieusement le port d'Agadir reste un maillon d'importance dans la production de la pêche côtière et la région de Souss-Massa une terre d'agrumes et d'élevage, et, tout proche d'Agadir, les souks d'Inezgane (200.000 hab.) réputés dans la région et au-delà, on y trouve de tout .... 

Tahar Ben Jelloun (1944), natif de Fès, a passé sa jeunesse à Tanger avant d’étudier la philosophie à Rabat, publie ses premiers poèmes et gagne la France en 1971 pour publier des romans (Harrouda, 1972, à La Nuit sacrée, 1987, qui le révèle au public)qui feront de lui un point de référence incontournable de la littérature marocaine. Celle-ci, nous dit-il, n'a que peu d'histoire. La tradition littéraire arabe, marocaine notamment vient en effet de la poésie. Le roman n'a pu apparaître qu'au début du XXe, le clan, la tribu primait alors sur l'individu, et le roman, par définition, est une histoire personnelle, il a donc fallu attendre l’émergence de l’individu dans la société. Mohammed Khaïr Eddine (1941-1993), poète et romancier, natif de Tafraout, est un bon exemple de ce cheminement vers l'individu qui trace enfin sa route dans le magnifique paysage marocain. Il tombe dans la littérature en lisant Mohammed Abdelwahab, puis s'éloigne de la langue arabe et écrit dans les années 60 dans la revue Souffles qu’animait le poète Abdelatif Laabi. Ecrire en français ne signifie pas adopter la pensée occidentale, celle-ci lui reste, leur reste, fondamentalement étrangère, elle ne couvre pas leurs révoltes et leurs quêtes d'identité, ce qui n'est pas un obstacle à la lecture de Rimbaud, de Jean Genet ou de Sartre. Il s'installe en France dans ces mêmes années, l'indépendance du Maroc suscite alors d'importantes contestations internes, la période 1967-1972 est notamment une période de crises et de bouleversements (de nombreux écrivains seront emprisonnés ou s'expatrieront). Son premier roman, "Agadir", est publié en 1967, c'est l'occasion pour lui face aux épreuves (séisme) subies par la ville d'engager un dialogue avec lui-même, lui-même dans son contexte familial et social, un dialogue qui passe désormais par l'écriture ; "On ne peut s'entendre avec le Temps On ne peut même pas s'entendre avec soi..."
Driss Chraïbi (1926-2007), natif d'El-Djadida, est une autre figure incontournable de la littérature marocaine d'expression française, installé en France en 1945, il se fait connaître en 1954 avec "Passé simple", une critique acerbe de la société traditionnelle marocaine que sa patrie d'origine mettra quelques temps à accepter : un jeune Marocain s’oppose violemment à son père, aux traditions  de la société marocaine et part étudier en France. "L'eau ne peut arriver aux lèvres d'un homme qui se contenterait de tendre ses paumes vers elle", écrira-t-il dans "Une Enquête au pays" (1981)...

Mirleft (7000 hab.)
A 130km au sud d'Agadir, à l'ombre du fort jadis militaire de Tidli, le village de Mirleft s'étend paresseusement à la croisée de l'océan Atlantique, non loin de Sidi Ifni (à 30km, grand port de pêcha jadis espagnol), et de la chaîne montagneuse de l'Anti-Atlas, à 42km de Tiznit, qui imprime ainsi au paysage des falaises rougeoyantes plongeant dans l'océan, à l'instar de la plage aux arches rouges de Legzira...

Dakhla (106.000 hab.)
Dunes blanches aux confins du littoral sud marocain, et aux portes du Sahara occidental, à plus de 1100km d'Agadir, se tient la péninsule de Dakhla, sous administration de facto du Maroc, une ancienne colonie espagnole (cf ferry entre Laâyoune et Las Palmas, Grande Canarie et  vols Dakhla - Las Palmas), revendiquée par les Sahraouis, et qui fut dans les années 1920 une étape des Saint-Exupéry et Mermoz vers Dakar : aujourd'hui site incontournable du surf et de la pêche, enjeu touristique entre lagune et océan. Les régions de Dakhla-Oued Eddahab et des Canaries tentent de se positionner ensemble en tant que portes de l’Europe et de l’Afrique, et les 10 millions de touristes  affluant vers les Iles Canaries deviennent ici un enjeu considérable...


L'Atlas
L’Atlas est une chaîne de montagnes partagée par le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Dans sa partie marocaine, le massif s'étire entre Taroundant et Taza, jusqu’à environ 80 km de la côte atlantique, près d’Agadir et d’Essaouira. On distingue en général, de la côte Atlantique à la frontière avec l’Algérie, le Haut Atlas (abritant le plus haut sommet d’Afrique du Nord, le djebel Toubkal, qui culmine à 4167m, le massif du M’Goun, la vallée de l’Ourika, et les fameuses gorges du Toudra (Todgha Gorge), aussi célèbres pour leurs parois de 300m que pour les virages de la route qui les borde), Moyen Atlas (source du plus long fleuve du Maroc, l’Oum er-Rbia, de la Cascade d'Ouzoud, et abritant Ifrane et Khénifra, la ville rouge, ) et, en bordure du Sahara, l'Anti Atlas (Taroudant, Tafraout et la vallée des Ammeln, aux pieds du jebel Lkest, en sont les principales destinations). Le tourisme marocain peut ainsi développer ici une nouvelle offre, la randonnée en montagne, le trekking et autres formes d’escapades exotico-sportives de type commercial, le plus souvent organisé à partir de Marrakech ou d'Imlil, dernier village à 70km de Marrakech avant l'ascension du fameux mont Toubkal...

Depuis Marrakech, la route de Tizi-N-Test, vers Taroudant, Tafraout et Tiznit....
le Maroc sans les touristes, dit-on, un Maroc berbère encore authentique, au long de cette route étroite et sinueuse de 220km (R203), Tahanaout, Asni, Ouirgane, les amandiers ont succédé aux oliviers, mais surtout c'est à ce point que nous atteignons les montagnes de l'Atlas, une route jugée mythique à ne pas prendre les jours de pluies tant les risques de glissements de terrain sont nombreux, le petit village de Tin Mal et sa mosquée construite en 1156 en mémoire du fondateur de la dynastie almohade, le col de Tizi-N-Test, à 2 100 mètres d’altitude nous permet de contempler la vallée du Souss et d'apercevoir le Sahara, et nous fait pénétrer dans la province de Taroudant.

Taroudant (80.000 hab.),

petite ville berbère construite autour de la place Assarag que troublent périodiquement les bus d'excursions en provenance d'Agadir ou de Marrakech attirés par ses deux souks particulièrement actifs et  sa médina enserrée dans 7,5 km de remparts d'argile du XVe, parmi les mieux conservés du Maroc, puis, 30km plus loin, l’oasis de Tiout étale ses 20 000 palmiers dattiers, dominée par une casbah majestueuse de l’époque saadienne (on y tourna en 1954 "Ali Baba et les 40 voleurs" de Jacques Becker). Après quatre heures de lacets et 70km plus loin, nous atteignons Tafraout et la vallée d’Ameln...

 

Tafraout (5000 hab.)
Niché à 1200 m d'altitude, célèbre pour ses flamboyants couchers de soleil, Tafraout est encadré par un cirque de montagnes de granit rose, c'est le pays de l'artisanat des babouches aux couleurs les plus vives...

Tiznit (74000 hab.),
Une centaine de kilomètres plus loin, Tiznit occupe une position centrale entre montagnes et océan Atlantique (Agadir est à 80km), abritant ses 400 artisans orfèvres et joailliers derrière ses 7km de solides murailles : si toutes les villes du Souss tiennent commerce de la bijouterie d’argent, Tiznit en reste bien la plaque tournante avec son emblématique fibule berbère, ou Tazerzit...


Le Sud Marocain
Au sud des montagnes de l’Atlas, les paysages du Grand Sud marocain se tournent vers le Sahara, les paysages se transforment progressivement de palmeraies en ergs de pierres, puis de sable blond et de dunes.  Aux tourisme balnéaire et tourisme des montagnes succède ici le "tourisme du désert", un tourisme particulièrement sensible aux conditions climatiques et offrant des visages et des contrées d'une grande fragilité quant aux risques de pollutions humaines. Les amateurs du tourisme désertique et oasien ont ainsi vu se développer les possibilités d'accueil du triangle Ouarzazate, Errachidia, Zagora, en quête des célèbres dunes de l'Erg Chebbi (Merzouga), la plus haute (150m)et la plus connue,  ou des immenses dunes de Chegaga (Mhamid el Ghizlane), encore préservée, à 260km de Zagora, aux frontières de l'Algérie...

L'Erg Chebbi, les dunes de sable de Merzouga...
Aux confins du Sud-est du Maroc, l'Erg Chebbi est donc un massif de dunes relativement étroit qui s’étire sur 40 km de longueur et 5 km de largeur (le Sahara lui-même, s'étend sur une dizaine de pays, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Soudan, Tchad, Niger, Mali, Mauritanie, et mesure environ 4 800 kilomètres d'est en ouest et entre 1 300 et 1 900 kilomètres du nord au sud), un Sahara en modèle réduit qui pourtant attire, en nombre croissant et bruyant, depuis 2002, le touriste européen qui réalise ainsi ses rêves d'aventures, ... et que tente de maîtriser des initiatives locales (on parle alors de "tourisme durable ou équitable") et les épisodes de pluies diluviennes...  Merzouga est la petite ville qui borde l’Erg : à 50 kilomètres de la frontière algérienne, à 300km de Ouarzazate, à 560 km de Marrakech, à 660 km de Casablanca, et à 670km d'Agadir, on y vante avec justesse les coucher et lever de soleil sur des dunes qui se déforment au fil du temps,  les propriétés thérapeutiques des bains de sable, les excursions à 5 km/heure à dos de dromadaire, le ciel tout brillant de milliers d'étoiles, les couleurs chaudes et le silence infini .. et nombreuses auberges-kasbah et routes sauvages qu'ouvrent 4x4 et quads de toutes provenances...

Errachidia (80.000 hab.), l’oasis de Tafilalet...
Les oasis font partie de la mythologie du touriste européen mais aussi une des grandes et essentielles richesses naturelles du Maghreb, et donc du Maroc. Avec une superficie de 77 000 km2, la région de Drâa-Tafilalet, avec Errachidia pour capitale, à 127km de Merzouga, abrite le plus grand ensemble d'oasis du monde, une oasis ininterrompue de plus de 150 km le long des deux fleuves (oueds) Ziz et Ghéris : l’Oasis de Tafilalet est, dans ce vaste contexte semi-aride, un lieu chargé d'histoire, la ville de Sijilmassa (VIIIe siècle) fera du Maroc le catalyseur du commerce médiéval africain et méditerranéen, la fameuse route Sijilmassa-Tumbuctu-Aoudaghoust-Agadès-Gadamès, route des caravanes chargées d'or, point d'appui des dynastie qui se succèdent, du XIème au XVIIIème siècles, Almoravides, Almohades, Mérinides, Sa‘adiens et Alaouites, depuis des décennies grand chantier de fouilles archéologiques qui a révélé la richesse des relations Orient-Afrique subsaharienne. Avec la disparition des routes caravanières au profit des routes maritimes, Sijilmassa a sombré dans l'oubli et le territoire s'est constellé de ces masses architecturales en terre (le Tabia, ou pisé), les ksours (Ksar au singulier, forteresse), que construisirent les Sultans ‘alaouites, dynastie régnante aujourd’hui et ce depuis l’an 1631. Aujourd'hui, pollution, sécheresse, dégradation des sols, pour tout dire plus globalement changement climatique, menacent ces îlots de verdure que l'on parvient à contenir en plantant palmiers dattiers et oliviers...

 

Tinghir, oasis de Tinghir et gorges du Todgha...
 A mi-chemin de Errachidia-Ouarzazate, Tinghir est une ville  dont le «Mellah» (quartier juif), s’est vidé de ses habitants, dans les années 50-60, au moment de la création d’Israël, mais aussi vers une Europe qui leur permettait en retour d ’alimenter l’économie de la région en ramenant des devises. Le tourisme des années 80-90 et ses circuits du Grand-Sud a édifié une multitude d’hôtels et de restaurants. Depuis, les quarante mille habitants de Tinghir tentent de s'organiser indépendamment de Ouarzazate, exploitant leurs ressources touristiques indéniables, les gorges du Todgha, le premier site d’escalade au Maroc, l’oasis de Tinghir, qui sur plus de 30 kilomètres cultive le palmier dattier, des routes parsemées de Kasbah et Ksours, des routes particulièrement sinueuses cheminant au long des gorges du Dadès....

Skoura, la route des mille kasbahs...
Sur "la route des mille kasbahs", qui relie Ouarzazate à Goulmima, à 40 km de Ouarzazate, Skoura et ses 30000 hab. possèdent l'une des rares palmeraies à être parsemée de kasbahs encore habitée (la plus connue est celle d’Amerhidil), un labyrinthe cultivé de 50km2 comportant plus de 50 000 dattiers, produisant 3000 tonnes de dattes et à l'ombre desquels poussent oliviers et amandiers: le Maroc compte plus de 6 millions de palmiers-dattiers adultes et occupe la 10e place dans la production mondiale, une filière à reconquérir pour revaloriser les économies oasiennes (Drâa-Tafilalet, l’Oriental, Souss-Massa et Guelmim-Oued Noun) et fournir un revenu potentiel à plus de 2 millions de Marocains (le Maroc importe aujourd'hui plus de 30000 tonnes par an de Tunisie, Algérie, Arabie saoudite).
A 50 km de Skoura, la petite ville animée Kelaat Mgouna (17000hab.) s'affiche comme le centre de production de la rose à parfum du Maroc, la la Rosa Damascena, tout particulièrement cultivée au long de la "vallée des roses" qui s’étend sur plusieurs dizaines de km le long des berges du M’Goun dans la vallée de Dadès, Près de 1 000 tonnes en seront récoltées pour être distillées dans les deux usines, à Kelaat M’Gouna et à Souk-el-Khemis (l'eau de rose) et le Moussem de la rose attire chaque année des miliers de touristes. Boumalne Dadès, à 25 km de Kelaat Mgouna et à 1500m d'altitude, avant de gagner Tinghir, est une petite ville animée de 12000 hab., importante base de départ touristique pour découvrir les gorges du Dadès et du Todra ou pour traverser le djebel Saghro...

Ouarzazate...
A la confluence des vallées du Drâa (un des plus longs fleuves du Maroc qui dessine une longue bande fertile au milieu de l'immense plateau désertique du Hamada) et du Dadès (l’oued du Dadès prend sa source dans le Haut Atlas), considérée comme "la porte du désert" et point de départ vers les oasis et les grandes dunes du sud marocain à 200km de Marrakech, Ouarzazate fut une ville de garnison et base d'aviation fondée en 1928, durant le protectorat français, et ne possède rien d'une ville marocaine traditionnelle : forte de ses 56000 hab., située à plus de 1000m d'altitude, ne possédant nulle médina mais de larges avenues organisées autour de la Place Al-Mouahidine, célèbre pour sa luminosité et  ses nombreuses Kasbahs (maisons fortifiées), dont la fameuse Kasbah Taourirt, Ouarzazate est l'un des sites marocains les plus prisés par les réalisateurs venus du monde entier (Cent mille dollars au soleil, Lawrence d'arabie (David Lean), Kundun (Martin Scorcese), Gladiator (Ridley Scott), Alexandre le Grand, Astérix & Obélix : Mission Cléopatre (Gérard Depardieu), La Momie, Kingdom of Heaven, Babel, Banzaï, Prince of Persia : Les Sables du temps, Indigènes...). A 12 km au Sud de Ouarzazate, la merveilleuse petite Oasis de Fint. ...

 

Le Tizi n'Tichka
La "route Tizi-n-Tichka" au Maroc est une des routes les plus impressionnantes du Maroc, longue de 200 km, reliant Marrakech à Ouarzazate via le Haut-Atlas et le col Tizi-n-Tichka , à 2 260 mètres d'altitude. A partir de Ouarzazate, la route traverse notamment Aït Ben Haddou, Tamedakhte, Tazelefte, Tighza, Telouet et la vallée Ounila, le col Tizi n'Tichka lui-même, le passage routier le plus élevé du Maroc souvent balayé par des vents violents et enneigé, puis Taddart Oufella, à 1650m, à partir duquel la route descend vers Marrakech... 

Les Kasbahs de Télouet, Tamdakht, Aït-Benhaddou...
C'est au suivant l'axe de la "route Tizi-n-Tichka" que l'on découvre parmi les plus belles Kasbas de l'Atlas. A une dizaine de kilomètres de Ouarzazate, la majestueuse Kasbah du village de Tifoultoute attire nombre de visiteurs,  tandis qu'en plein région où régnait la puissante tribu du Glaoui, puissants guerriers du Haouz, s'élève sur le versant sud du Haut Atlas, à 1870m d’altitude, l'ancienne Kasbah de Télouet. Et à une trentaine de kilomètres de celle-ci, se dresse la gigantesque forteresse de Tamdakht,  site qui servi de décor pour le film britanno-américain "The Man Who Would Be King" réalisé par John Huston, avec Sean Connery et Michael Caine (1975). A 30 km de Ouarzazate, le village d'Aït-Benhaddou dévoile une Kasbah et une oasis considérées comme l'une des plus belles du Maroc, et c'est entre la kasbah de Telouet et la Kasbah d'Ait Benhaddou que s'étend la splendide vallée d'Ounila, terre rouge et villages de maisons en pisé, tels que Tigoussa, Annemiter, Tizgui N'Barda, Tiguert et Tamdakkhte. "Les Kasbahs de l'Atlas" inspireront dans les années 1920 le grand peintre orientaliste Jacques Majorelle (1886-1962), célèbre pour le bleu outremer qu'il utilise dans son atelier de Marrakech en 1937...