1740-1760 - Lectures XVIIIe Chronologie/Timeline

Last update 12/31/2016

XVIIIe - Oeuvres 1740-1760 - Jean Sébastien Bach, L'Art de la fugue (1740) - Samuel Richardson, Pamela, or Virtue Rewarded (1740) - Diego de Torres Villarroel, Vida, ascendencia, nacimiento (1743) - Georg Friedrich Haendel, Le Messie (1743) -  Julien Offray de La Mettrie, L'Homme-Machine (1747) - Voltaire, Zadig ou la Destinée (1747) - David Hume, An Enquiry Concerning Human Understanding (1748) - Montesquieu, L'Esprit des Lois (1748) - Friedrich Gottlieb Klopstock,  Der Messias (1748-1773) - Henry Fielding, The History of Tom Jones, a Foundling (1749) - Thomas Gray , Elegy Written in a Country Churchyard  (1750) - Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les Arts et les Sciences (1750) - Jean le Rond d'Alembert, Preliminary Discourse to the Encyclopédie of Diderot (1751) -  The Encyclopédie (Encyclopedia), published between 1751 and 1772  - David Hume, An Enquiry Concerning the Principles of Morals (1751) - Tobias Smollett, The Adventures of Peregrine Pickle (1751) - Giovanni Battista Tiepolo, Apollo and the Continents (1752-53)  -  Jean-Jacques Rousseau,  Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755) - Joseph Haydn, Symphonie nº 37 en do majeur (1757-58) - Adam Smith, The Theory of Moral Sentiments (1759) - Voltaire, Candide (1759) - Laurence Sterne, Tristram Shandy (1759 -1767).....

Alors que vont débuter quatre décennies parmi les plus riches intellectuellement que l'histoire de notre humanité a pu générer, l'Europe dans son ensemble passe de 118 millions en 1700 à 140 millions en 1750, l'expansion démographique se confirme sur la planète Terre lorsqu'on aborde la moitié du XVIIIe siècle...

1740? Le règne de Frédéric II, roi de Prusse (1740 à 1780), inaugure en Europe le "despotisme éclairé", se mettent en place des éléments de langage politique qui ne disparaîtront plus, un absolutisme "intelligent" de monarque-serviteur de l'Etat,  un despotisme légitimé par la raison, poursuivant une oeuvre d'unification, de centralisation, et d'éducation du peuple, préservant la liberté de culte, développant l'instruction, assurant une justice équitable. En Europe, en cette seconde moitié du XVIIIe siècle, règnent en Autriche, Marie-Thérèse (174-1780), Charles III en Espagne (1759), Catherine II en Russie (1762), Gustave III en Suède (1771), Joseph II en Autriche (1765). A cette même époque, l'empire ottoman, aux portes de l'Europe, s'essouffle face à ses rivaux européens, les empires des Habsbourg et de Russie.

Les colonies américaines, du milieu à la fin du XVIIIe siècle, connaissent une croissance démographique fulgurante. En 1730, la population des 13 colonies était d'environ 655 000 habitants. Boston était la plus grande ville, avec une population d'environ 13 000 habitants, tandis que New York et Philadelphie comptaient chacune environ 8 500 habitants. En 1760, la population avait atteint 1,6 million d'habitants, sans compter les esclaves africains, et en 1775, la population blanche s'élevait à 2,5 millions. Cette année-là, Philadelphie était la plus grande ville, avec une population d'environ 34 000 habitants.

La caractéristique dominante du 18e siècle est la naissance de la notion de liberté individuelle, en théorie, et des libertés individuelles, en pratique, à venir... - Le pouvoir, glorifié au siècle précédent, est désormais contesté par les philosophes, mais une contestation qui reste d'autant plus limitée que l'homme de lettres ne maîtrise rien des affaires de ce monde. Chacun édifie donc sa "théorie", participant à un accroissement global et continu de nos libertés, mais non de notre Liberté : Montesquieu (1689-1755), Voltaire (1694-1778), Rousseau (1712-1778). Montesquieu énonce le principe de la séparation des pouvoirs destiné à contrecarrer l'absolutisme. Voltaire est l'ami des monarques éclairés et combat toutes les injustices. Rousseau remet en cause le fondement même du pouvoir politique dans Du contrat social (1762). Ce n'est pas Dieu qui accorde le pouvoir à un roi mais la Volonté générale, c'est-à-dire la volonté collective de l'ensemble de la population. En Allemagne, le philosophe Emmanuel Kant apporte une contribution essentielle à la réflexion philosophique. Il définit ce que le 18e siècle appelle les Lumières : « Les Lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité où il se maintient par sa propre faute. » L'homme, désormais adulte, doit donc agir avec discernement, s'appuyer sur la réflexion et ne plus se laisser abuser par les pouvoirs et les préjugés.

Ce bouillonnement philosophique s'accompagne de la valorisation de l'émotion individuelle. Rousseau, avec Les Confessions (1782), créera l'archétype du récit autobiographique dans lequel l'évocation des sentiments et de la vie amoureuse tient une place essentielle. Nous avons des sentiments avant d'avoir des idées. Pourquoi faudrait-il les taire ? Le 18e siècle découvre ainsi l'importance de l'émotivité et de la psychologie chez l'être humain, sans employer bien entendu cette terminologie, mais en ayant une claire conscience d'avoir franchi un pas important.

Naissance, et fin, du Despotisme éclairé (ou absolutisme éclairé) - Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle (et dans l'attente sourde de la Révolution), les monarchies absolues du passé tentent de s'adapter à l'esprit nouveau, à l'esprit européen des Lumières (Aufklärung, enlightenment), à cette nouvelle «philosophie» qui porte les maîtres mots de raison, individu, nature, progrès, bonheur, mais sans la moindre remise en question de l'ordre politique historiquement implanté sur la planète Terre. Face à la notion de liberté individuelle, plus théorique que volonté pratique, le fameux "despote éclairé" règne en tant que premier serviteur de l'Etat et selon un absolutisme légitimé par la raison, et l'ambigu "rien par le peuple, tout pour le peuple". Le prototype de ce "despote" est incarné par Frédéric II, roi de Prusse, le Grand Frédéric, qui régna de 1740 à 1786. Autres incarnations, à des degrés divers, Catherine II de Russie, la Grande Catherine, qui règne de 1762 à 1796, l'empereur d'Autriche Joseph II, de 1765 à 1790, Gustave III de Suède, de 1771 à 1792, Charles III d'Espagne, de 1759 à 1788, Charles-Emmanuel III de Savoie, le «ministre philosophe» Pombal au Portugal et Struensee au Danemark, le médecin du roi Christian VII, à demi-fou.. Ce "despotisme éclairé" va évoluer sur plus d'une quinzaine d'années au fil de ses incarnations, poursuivant une oeuvre d'unification politique, de centralisation administrative, dans des pays en quête de densification et d'expansion démographique, favorisant la pacification par la liberté de culte,  le choix de l'instruction et d'une justice équitable.  Mais la stabilité des différents équilibres d'influence n'est pas encore acquise, en 1740 éclate la guerre de Succession d'Autriche où la France se range dans la coalition anti-autrichienne (avec la Prusse, la Bavière, la Saxe et l'Espagne). Si la guerre est relativement bien menée, les négociations et le traité d'Aix-la-Chapelle (1748) conduisent à un statut quo qui scandalise l'opinion. Huit ans plus tard, la guerre de Sept Ans (1756-1763) se termine par une véritable catastrophe pour la France qui aboutit notamment à la perte du Québec... ... (Antoine Pesne, Frederick II (1712-1786), king of Prussia, Nationalmuseum, Stockholm).

"Age of Sensibility" (1745–1785), en Angleterre - L'époque littéraire identifiée couvre les règnes de George II (1727-1760, qui voit se mettre en place la monarchie constitutionnelle, et une part du règne de George III (1760-1820), jusqu'au Traité de Paris, par lequel la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance de ses treize colonies d'Amérique du Nord, l'accession de William Pitt le Jeune au pouvoir. 1740, la littérature franchit une nouvelle étape, une extraordinaire décennie pour le roman anglais qui exprime toutes les frustrations d'une élite sociale, sans pouvoir, à travers ses querelles d'auteurs, emportées tour à tour par les forces sociales et les exigences profondes tant sentimentales que morales et religieuses que traversent les nouvelles individualités qui se forgent alors, avec Samuel Richardson, "Pamela, or Virtue Rewarded" (1740), Henry Fielding, "The History of Tom Jones, a Foundling" (1749), Laurence Sterne, "Tristram Shandy" (1759 -1767), Tobias Smollett (1721–1771), "The Adventures of Peregrine Pickle" (1751), Eliza Haywood (The Anti-Pamela, 1741). Et les poètes William Cowper (1731-1800) et Thomas Percy (1729-1811). Les "Pensées nocturnes" ( Night Thoughts , 1742) d' Edward Young (1683-1765) inaugurent la poésie sépulcrale, ainsi que la fameuse "Élégie écrite dans un cimetière de campagne" ( Elegy Written in a Country Churchyard , 1750), de Thomas Gray (1716-1771).

L'âge de la sensibilité (parfois appelé l'âge de Johnson) est aussi l'époque d'Edmund Burke (1729-1797), dont la gloire atteindre son zénith avec les "Réflexions sur la Révolution de France", parues dès novembre 1790, Edward Gibbon (1737-1794), l'auteur de "The History of the Decline and Fall of the Roman Empire", Hester Lynch Thrale (1741-1821), James Boswell (1740-1795) et Samuel Johnson (1709-1784) qui, sans avoir écrit des oeuvres d'importances, domine son siècle de sa réputation et de son autorité...

Vers les années 1750, l'Allemagne est en quête plus que jamais d'une expression littéraire. Pendant la récession économique de la fin du XVIIe siècle, les classes les plus instruites allemandes ont été tenté de prendre modèles sur leurs homologues français dans l'espoir de bénéficier des évolutions de la culture française. Leibniz écrira ainsi la plupart de ses essais en français et en latin, pendant que  l'aristocratie considère que la culture allemande comme vulgaire et cherche l'inspiration du côté de la France et de l'Italie. C'est dans le sillage du piétisme et en réaction à l'oppression rationnelle des sentiments exercés par les Lumières comme au conservatisme, se développe de 1740 à 1780, en Allemagne, un mouvement esthétique, l’Empfindsamkeit, un "sentimentalisme" en corrélation le Jean-Jacques Rousseau de Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) et l'"Age of Sensibility" qui débute en Angleterre en 1745 autour de Samuel Richardson, - Pamela, or Virtue Rewarded (1740) -, et de  Laurence Sterne, - Tristram Shandy (1759 -1767). Linguistiquement, l’Empfindsamkeit trouve son expression à travers sa tournure et le néologisme qui intensifie l'expression des sentiments. Les poètes allemands de cette époque sontt Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803), Christian Fürchtegott Gellert (1715-1769), Johann Timotheus Hermes (1738-1821) et Sophie de La Roche (1730-1807) qui fut la première auteure de roman épistolaire en allemand...

1756 à 1763, la première guerre qualifiée de mondiale, grand tournant de l'histoire européenne, la guerre de Sept Ans, oppose les grandes puissances européennes de cette époque, regroupées en deux systèmes d'alliance (la France et l'Espagne; l'Autriche et l'Empire russe, d'une part,  la Grande-Bretagne et la Prusse d'autre part) pour des théâtres d'opérations situés sur plusieurs continents, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Inde. Le début de la guerre de Sept Ans est traditionnellement daté du 29 août 1756, jour de l'attaque de la Saxe par Frédéric II, qui fait le choix de devancer une offensive autrichienne visant à reprendre la Silésie. Cependant, l’affrontement avait débuté plus tôt dans les colonies d’Amérique du Nord. 

 Ce conflit, dont la Prusse et la Grande-Bretagne sont sortis vainqueurs, a eu des conséquences importantes sur l'équilibre des puissances européennes . En Amérique du Nord et en Inde, il fait presque entièrement disparaître le premier empire colonial français. En Europe, la Prusse s'affirme dans l'espace germanique du Saint-Empire grâce à ses victoires de Rossbach sur la France et de Leuthen sur l'Autriche (1757) : elle conteste désormais l'ancienne prééminence de l’Autriche. 

1740-1780, la traite par les négriers européens est à son maximum, elle a triplé par rapport au XVIIe et celle des pays musulmans a doublé, en 1750, une moyenne de 60 000 esclaves sont exportés d'Afrique par an..

1740-1750? Première révolution industrielle, en Grande-Bretagne puis en Europe, par des inventions majeures (machines à filer, à tisser, mise au point de la machine à vapeur, généralisation des hauts-fourneaux fonctionnant au coke, technique du puddlage) et favorisé par une tradition d'exportation des produits manufacturés vers les colonies et par des ressources en charbon, le mouvement fait de l'Angleterre l'atelier du monde...


1740

- Début du règne de Frédéric II, roi de Prusse (1740 à 1780), le premier et le prototype des "despotes éclairés" qui règnent sur l'Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

- Avènement en Autriche de Marie-Thérèse (174-1780), qui jouera un rôle majeur dans  la transformation de l'Empire en État moderne, sinon dans le domaine culturel, où l'emporte son esprit religieux, tout au moins dans le domaine économique, où l'Autriche s'ouvre aux premières réalisations de la révolution industrielle...

-  Guerre de la Succession d'Autriche (1740-1748) que provoque l'entrée en Silésie de Frédéric II de Prusse et conduit la France à lutter sur mer contre la Grande-Bretagne. Le conflit oppose donc  l'Autriche alliée à la Grande Bretagne et la Prusse alliée au Royaume de France. Seize ans plus tard (1756), la guerre de Sept Ans opposera la France alliée à l'Autriche et la Grande-Bretagne alliée à la Prusse...

- La France obtient de l'Empire ottoman le renouvellement des capitulations, portant la prépondérance de son commerce au Levant.

- La traite par les négriers européens est à son maximum (1740-1780), elle a dramatiquement triplé par rapport au XVIIe siècle, celle des pays musulmans a au moins doublé. La population de l'Afrique noire perd au moins 10 millions d'habitants par la traite au cours du XVIIIe siècle, une véritable tragédie humaine...

- B. Huntsman (1704-1766) met au point la fabrication de l'acier au creuset (1740-1750).

- Samuel Richardson (1689-1761), "Paméla ou la Vertu récompensée" (Pamela, or Virtue rewarded, 1740), roman épistolaire, l'histoire d'une jeune servante vertueuse harcelée par un fils de famille...

"Dear Father and Mother, I have great Trouble, and some Comfort, to acquaint you with. The Trouble is, that my good Lady died of the Illness I mention'd to you, and left us all much griev'd for her Loss; for she was a dear good Lady, and kind to all us her Servants. Much I fear'd, that as I was taken by her Goodness to wait upon her Person, I should be quite destitute again, and forc'd to return to you and my poor Mother, who have so much to do to maintain yourselves; and, as my Lady's Goodness had put me to write and cast Accompts, and made me a little expert at my Needle, and other Qualifications above my Degree, it would have been no easy Matter to find a Place that your poor Pamela was fit for: But God, whose Graciousness to us we have so often experienc'd at a Pinch, put it into my good Lady's Heart, on her Death−bed, just an Hour before she expir'd, to recommend to my young Master all her Servants, one by one; and when it came to my Turn to be recommended, for I was sobbing and crying at her Pillow, she could only say, My dear Son! —and so broke off a little, and then recovering—Remember my poor Pamela! —And these were some of her last Words! O how my Eyes run! - Don't wonder to see the Paper so blotted!..."

- Samuel Johnson (1709-1784), donne son nom à l'époque littéraire anglaise comprise entre les années 1740 et celle de sa mort, survenue en 1784: sans oeuvres réellement significatives, il domine la scène, publie poèmes et essais dans Gentleman's Magazine, le plus célèbre périodique de l'époque, compose de 1747 à 1757  un Dictionary. James Boswell (1740-1795), fasciné par sa personnalité, composera "Life of Samuel Johnson" (1791), considérée comme le chef-d'œuvre des biographies. 

- Le Salon de Mme du Deffand (1740-1780), amie de Voltaire, proche de D'Alembert, de Fontenelle, de Marivaux, de Sedaine, d’Helvétius, des peintres Van Loo et Vernet ...

- Christian Wolff (1679-1754), "Le Droit naturel" (Jus naturae, 8 vol., 1740-1749)

- David Hume (1711-1776) part en 1734 pour la France, où il rédige les trois livres formant le Traité de la nature humaine (1739-1740).

- Carle van Loo (1705-1765), "Persée et Andromède" (1735-40), musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg. - "Portrait de Christina van Loo" (v. 1740), musée d'art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand.

- Jean-Marc Nattier (1685-1766), "Pauline Félicité de Mailly-Nesle" (v. 1740), Collection particulière.

- Joseph Vernet (1714-1789), "Paysage marin, le calme" (1735-40), musée du Louvre, Paris. - "Paysage marin, la tempête" (1735-40), musée du Louvre, Paris. - "L’embarquement d’une jeune femme grecque" (v. 1747), Norton Simon Museum, Pasadena, Californie.

- François Boucher (1703-1770), "Le Triomphe de Vénus", Nationalmuseum de Stockholm.

- Le style rocaille (Salon ovale de l'hôtel de Soubise, 1732-1740) - Germain Boffrand (1667-1754) et Robert de Cotte, architectes et décorateurs français des styles Régence de Louis XV.. 

- Canaletto (1697-1768), "Capriccio palladiano" (1740, Galerie nationale de Parme).

- Francis Hayman (1708-1776), "Playing At Quadrille", "Portrait of a Group of Gentleman, with the Artist" (Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection, New Haven).

- Entre les dernières manifestations du baroque vers les années 1730 et l’apogée de la période classique à la fin du XVIIIe siècle, apparaît le "style galant", un courant venu d'Italie qui envahit l'Europe musicale, opposé à la violence du Sturm und Drang, privilégiant la légèreté de l'écriture, la mélodie et un accompagnement limité. Pergolèse, Boccherini, mais aussi Mozart et Haydn vers 1775 utilisent ce genre que l'on a pu juger superficiel...

- Jean Sébastien Bach (1685-1750), début de la composition de "L'Art de la fugue" (Die Kunst der Fuge), œuvre inachevée et considéré comme l'œuvre ultime du compositeur  et l'apogée de son style d'écriture, le sommet du style contrapuntique... Les "Variations Goldberg", œuvre pour clavecin composée au plus tard en 1740, sont renommées  pour leur richesse de formes, d'harmonies, de rythmes et de raffinement technique...


1741

- En Russie, début du règne d'Élisabeth Petrovna  (1709-1761), la dernière des Romanov de pure souche russe, qui vécut la guerre russo-suédoise de 1741-1743, qui se solda par la cession de la Finlande méridionale à l'Empire russe, la guerre de Succession d'Autriche (1746) et la guerre de Sept Ans, contre la Prusse, fut (1759). Ce sera aussi de l’usage de la langue française dans la noblesse qui allait durer jusqu’à la révolution de 1917.

- David Hume (1711-1776) commence en 1741 la publication de ses Essais moraux, politiques et littéraires..

- Henry Fielding (1707-1754), "Shamela, An Apology for the Life of Mrs. Shamela Andrews, in which the many notorious falsehoods and misrepresentations of a book called Pamela are exposed"

- Eliza Haywood (1693-1756), "The Anti-Pamela; or Feign'd Innocence Detected" (Anti-Pamela, ou la Fausse innocence découverte. Histoire véritable et attestée par l'expérience de tous les jours. Écrite pour servir de préservatif aux jeunes gens contre les ruses des coquettes)

- Charles Pinot Duclos (1704-1772), "Les Confessions du comte de ***"

- François Boucher (1703-1770), le grand peintre officiel du règne de Louis XV et de Mme de Pompadour, de la frivolité et du bon vivre sensuel, scènes de la mythologie, "Léda et le Cygne" (1741), Stair Sainty Gallery, New York, "Diane sortant du bain" (1742), musée du Louvre, Paris., scènes d'intérieur, "La Toilette" (1742), musée Thyssen-Bornemisza, Madrid, ou scènes pastorales idéalisées, "Un Automne pastoral" (1749), Wallace Collection, Londres...

- Jean Siméon Chardin (1699-1779) est présenté à Louis XV en 1740 et lui offre "La Mère laborieuse" (musée du Louvre, Paris) et le "Bénédicité" (musée du Louvre, Paris). "La Fillette au volant" (1741), Galerie des Offices, Florence. 

- Enoch Seeman (1694–1744), "Sophia and Charlotte Fermor"

- Michele Marieschi (1710-1743), "Magnificentiores Selectioresque Urbis Venetiarum Prospectus", une série de gravures représentants Les plus belles vues de Venise...


1742

- Guerre de Succession d'Autriche - Le siège de Prague, de juin à décembre 1742, qui oppose un corps expéditionnaire français aux forces de Marie-Thérèse d'Autriche, défendant les possessions héréditaires des Habsbourg, notamment le royaume de Bohême, constitue un exemple dramatiquement bien connu de l'impact du typhus sur les populations du XVIIIe : le typhus contribuera à la mort de 30 000 Prussiens pendant le siège de Prague et marquera profondément les commandants militaires allemands impliqués. Et l'on sait que la Royal Navy au cours de cette même guerre perdit plus de 75000 hommes, victime de ce "typhus nautique"...

- Traité de Breslau, entre la Prusse de Frédéric II et l'Autriche de Marie-Thérèse, mettant fin aux combats de la première guerre de Silésie, lancée en décembre 1740 par Frédéric II : une grande partie de la Silésie devient prussienne...

- Découverte de l'Alaska, attribuée à Vitus Béring, un marin danois au service des Russes, qui l'atteignit en 1741, début d'une ruée vers les riches terrains de chasse des Aléoutiennes et les Aléoutes furent soumis à un quasi-esclavage...

- Anders Celsius (1701-1741), astronome et physicien suédois, crée, en 1742, l'échelle thermométrique à laquelle on a donné son nom.

- L'Illustrated London News, le premier magazine à faire un usage intensif d'illustrations.  

- Edward Young (1681-1765), "The Complaint", or "Night Thoughts on Life, Death and Immortality" (La Plainte, ou pensées nocturnes sur la vie, la mort et l’immortalité", suivi d’autres "Nuits" (1742-1745), Edward Young inaugure la poésie sépulcrale, le triomphe de la "sensibilité" et des méditations macabres traduites dans toutes les langues....

"Night the First

By Nature's law, what may be, may be now; / There's no prerogative in human hours:

In human hearts what bolder thought can rise, / Than man's presumption on tomorrow's dawn?

Where is tomorrow? In another world. / For numbers this is certain; the reverse

Is sure to none; and yet on this perhaps, / This peradventure, infamous for lies,

As on a rock of adamant we build / Our mountain hopes; spin out eternal schemes,

As we the fatal sisters would outspin, / And, big with life's futurities, expire..."

 

- Samuel Richardson (1689-1761), "Clarisse Harlowe" (Clarissa, or, the History of a Young Lady, 1748), le plus long roman jamais écrit en langue anglaise, son chef d'oeuvre...

"I am extremely concerned, my dearest friend, for the disturbances that have happened in your family. I know how it must hurt you to become the subject of the public talk: and yet, upon an occasion so generally known, it is impossible but that whatever relates to a young lady, whose distinguished merits have made her the public care, should engage every body's attention. I long to have the particulars from yourself; and of the usage I am told you receive upon an accident you could not help; and in which, as far as I can learn, the sufferer was the aggressor.

Mr. Diggs, the surgeon, whom I sent for at the first hearing of the rencounter, to inquire, for your sake, how your brother was, told me, that there was no danger from the wound, if there were none from the fever; which it seems has been increased by the perturbation of his spirits.

Mr. Wyerley drank tea with us yesterday; and though he is far from being partial to Mr. Lovelace, as it may well be supposed, yet both he and Mr. Symmes blame your family for the treatment they gave him when he went in person to inquire after your brother's health, and to express his concern for what had happened.

They say, that Mr. Lovelace could not avoid drawing his sword: and that either your brother's unskilfulness or passion left him from the very first pass entirely in his power...." (Letter I)

 

- Henry Fielding (1707-1754), "The History of the Adventures of Joseph Andrews and his Friend Mr Abraham Adams"

- Crébillon fils (Claude Prosper Crébillon, 1707-1777), "Le Sopha" (1742), nouveau conte de fées pseudo-oriental qui vaut au romancier un exil de trois mois hors de la capitale.

- Jean-Marc Nattier (1685-1766), peintre de quelques favorites de Louis XV, "Pauline Félicité de Mailly-Nesle" (v. 1740), Pauline Félicité de Mailly-Nesle (1712-1741), marquise de Vintimille, qui supplanta sa sœur aînée, Louise Julie de Mailly Nelle, comtesse de Mailly, auprès du roi 1739. Sa sœur cadette Marie-Anne prit la suite auprès de Louis XV. - "Marie-Anne de Mailly-Nesle" (1740), Palais de Versailles, Marie-Anne de Mailly-Nesle (1717-1744), marquise de La Tournelle, duchesse de Châteauroux, favorite à partir de 1742. -  "Mme de Pompadour en Diane" (1746), Château de Versailles, Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764) est issue d'un milieu bourgeois,  épouse en 1741 Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles et devient la favorite de Louis XV en 1745 qui lui fit don du domaine de Pompadour...

- François Boucher (1703-1770), "Diane sortant du bain", Musée du Louvre, Paris. - "Vénus et Amour" (1742), Berlin, Gemäldegalerie.


1743

- Mort du Cardinal de Fleury, Louis XV exerce le pouvoir lui-même, le Bien-Aimé est à son apogée, mais il deviendra le Mal-Aimé après la déception du traité d'Aix-la-Chapelle en 1748...

- Sous Frédéric II (1743), l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Prusse prend forme sous la présidence de Pierre Louis Moreau de Maupertuis.

- Alexis Clairaut (1713-1765), "Théorie de la figure de la Terre où il est traité de l'équilibre des fluides"  (1743)

- Diego de Torres Villarroel (1694-1770), "Vida, ascendencia, nacimiento, crianza y aventuras del Doctor Don Diego de Torres Villarroel", le plus célèbre écrivain espagnol de son temps.

- Robert James et Samuel Johnson, "Medicinal Dictionary" (1743-1745)

- Hedvig Charlotta Nordenflycht (1718-1763), "Den sörgande Turtur-dufvan", poète suédoise.

- Jean-Marc Nattier (1685-1766), "Comtesse d'Argenson" (1743), collection particulière. Un portraitiste qui succède à Hyacinthe Rigaud (1659-1743) et  connut un immense succès sous le règne de Louis XV, auteur d' environ 400 tableaux. - "Madame Victoire" (1748), Château de Versailles. - La "Comtesse Tessin" (1741), musée du Louvre, Paris. - "La duchesse de Chaulnes représentée en Hébé" (1744), musée du Louvre, Paris. 

- William Hogarth (1697-1764), series "Marriage A-la-Mode" (Tate Gallery, London )


1744

- Episode de la guerre de Succession d'Autriche, troisième guerre intercoloniale américaine (King George's War), 1744 à 1748, entre les colonies britanniques et françaises d'Amérique du Nord. 

- Louis XV déclare la guerre à la Grande-Bretagne.

- Réformateur sunnite, Muḥammad ben ‘Abd al-Wahhāb s'élève contre le culte des saints et le chiisme, perçus comme dénaturant le monothéisme, dans son ouvrage sur « l'unité de Dieu » (tawḥīd). Il donne son nom à la doctrine du "wahhabisme" et en 1744, scelle un pacte de fidélité avec l'émir Muhammad ben Sa‘ūd pour faire triompher la parole de Dieu, les principautés qui suivront formeront le future royaume saoudien...

- Début du Premier État saoudien sous le règne du cheikh bédouin Mohammed ibn Saoud, sur l'oasis de Darriyah.

- Unification du Népal par la dynastie indo-népalaise des Gurkhas (1744-1780).

- Voltaire (1694-1778) rencontre Frédéric II à Wesel, près de Clèves (septembre 1740), part en mission diplomatique à Berlin et en Hollande (1743-1744), puis séjourne à Paris et à Versailles pour la représentation de quelques unes de ses pièces (Mérope, la Princesse de Navarre).

- Mark Akenside (1721-1770), "The Pleasures of the Imagination"

- Claude Godard d'Aucour (1716-1795), "Thémidore ou Mon Histoire et celle de ma maitresse"

- Giovanni Paolo Pannini (1691-1765), "Place et Église de Santa Maria Maggiore" (1744), Palazzo Quirinale, Rome. - "Vue de Rome depuis le Mont Mario dans le sud-est" (1749), Staatliche Museen, Berlin - "Capriccio d'un forum romain" (1741), Yale University Art Gallery, New Haven, Connecticut.


1745

- Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764), devient la maîtresse de Louis XV en 1745, le roi lui octroie le titre de marquise de Pompadour, exerçant pendant cinq années un certain pouvoir...

- Émilie du Châtelet (1706-1749), traductrice et commentatrice des Philosophiae naturalis principia mathematica de Newton et de l'œuvre physique de Leibniz.

- Maupertuis (1698-1759) se fixe en 1745 à Berlin, et expose, dans «Les lois du mouvement et du repos», l'un des principes fondamentaux de la mécanique, le principe de moindre action, qu'il publiera ensuite dans son Essai de cosmologie (1750) :  « La nature dans la production de ses effets agit toujours par les moyens les plus simples […]. Lorsqu'il arrive quelque changement dans la nature, la quantité d'action nécessaire pour ce changement est la plus petite qu'il soit possible. »

- Découverte de la bouteille de Leyde (Petrus Van Musschenbroek), premier « condensateur électrique », qui emmagasinerait ce que l'on nomme le « fluide électrique ». Benjamin Franklin (1706-1790) propose l'expression de «charge électrique» pour interpréter le phénomène....

- Voltaire (1694-1778) cherche à obtenir la faveur de Louis XV, son "Poème de Fontenoy" est imprimé par l'imprimerie royale et parvient à être nommé historiographe de France (1745), est élu à l'Académie française (avril 1746) et reçoit le brevet de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi (décembre 1746). Il est reçu à Sceaux chez la duchesse du Maine, pour laquelle il écrit ses premiers Contes...

- Emanuel Swedenborg (1688-1772), scientifique et un inventeur prolifique, entre à 56 ans dans une phase spirituelle. Il  consigne dans "Le Livre des rêves" (Drömboken), la grande illumination de 1743, celle qui va donner un sens définitif à sa vie : « Le Seigneur se révéla à moi, son serviteur, en l'an 1743, et m'ouvrit les yeux sur le monde spirituel. Il me prêta alors et jusqu'à ce jour [1745] le pouvoir de communiquer avec les esprits et les anges. Dès lors, je fis publier les divers arcanes qui m'ont été manifestés et révélés. En outre, sur d'autres sujets importants pour le salut et la sagesse des hommes... » Une quinzaine d'années après sa mort, de petites communautés de lecteurs s'assemblent pour étudier son enseignement, surtout en Angleterre...

- François Boucher (1703-1770), "Odalisque", ou l'Odalisque brune, 1743-1745, musée du Louvre, Paris. - "Le Retour de Diane chasseresse" (1745), Paris, musée Cognacq-Jay.

- Jean-Marc Nattier (1685-1766), "Louis XV" (1745), musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. - "Marie-Adélaïde de France en Diane" (1745), Galerie des Offices, Florence.

- Marie-Anne Loir (1705*1783), "Portrait de la marquise du Châtelet" (v. 1745), musée des Beaux-Arts de Bordeaux.

- Joseph Frans Nollekens (1706–1748), "Lord Tylney and His Family and Friends at Wanstead House, Essex" (1745, Fairfax House)

- Francesco Guardi  (1712–1793), "Le parloir des nones de San Zaccaria" (1745-1750, Ca' Rezzonico, Venise)


1746

- John Roebuck (1718-1794) met au point le procédé des chambres de plomb pour la fabrication de l'acide sulfurique.

- Début du règne en Espagne de Ferdinand VI le Sage (1746-1759). 

- Bataille de Culloden qui marque l'échec du quatrième et dernier des débarquements royalistes en Écosse, après ceux de 1692, 1708, et 1715, et la fin des espoirs de restauration de la lignée des Stuarts sur les trônes d'Écosse et d'Angleterre, avec la fuite du prince Charles Édouard Stuart . Elle s'accompagnera d'une intensification de la pression contre le mode de vie traditionnel des Highlanders (clans et tartans).

- En 1746, Kant publie son premier ouvrage, "Pensées sur la véritable évaluation des forces vives", dans lequel il s'efforce d'accorder la philosophie de Descartes avec la pensée de Leibniz.

- Denis Diderot (1713-1784), "Pensées philosophiques", sa première oeuvre.

- Christian Fürchtegott Gellert (1715-1769), "Fabeln und Erzählungen"

-  Julien Offroy de La Mettrie (1709-1751) expose ses hypothèses matérialistes dans "l'Histoire naturelle de l'âme" (1745), ouvrage condamné en juillet 1746.

- Canaletto (1697-1768) s’installe à Londres pour quatre ans et ses vedute de la capitale anglaise connaîtront un succès considérable. - "Le pont de Westminster" (1746), Yale Center for British Art, New Haven, Connecticut. 


1747

- Dirigée contre les jansénistes, début de l’affaire des refus de sacrements ou des «billets de confessions», dans le diocèse d’Amiens puis de l’archevêché de Paris (1752)..

- Guillaume IV d'Orange-Nassau est nommé stadhouder de Hollande par les États généraux.

- The 1747 British general election returned members : élections désignant les membres de la Chambre des communes du 10e Parlement de Grande-Bretagne après la fusion du Parlement d'Angleterre et du Parlement d'Écosse en 1707 et qui voit le gouvernement whig d'Henry Pelham accroître sa majorité et les Tories poursuivre leur déclin. 

- Assassinat de Nader Chah, l'Iran entre dans une période agitée.

- Construction du Château de Sans-Souci (1745-1747) à Potsdam, par Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff (1699-1753), pour Frédéric II de Prusse..

-  Julien Offroy de La Mettrie (1709-1751) publie son "Homme-machine", doit quitter Leyde pour trouver refuge à Berlin, chez Frédéric II. C'est en Prusse, de 1748 à sa mort, qu'il publie ses trois derniers ouvrages, "Discours sur le bonheur", "Système d'Épicure" et "L'Art de jouir"...

 - Claudine de Tencin (1682-1749), "Les Malheurs de l’amour", roman-mémoires en 2 volumes (1747)

- Françoise de Graffigny (1695-1758), "Les Lettres d’une Péruvienne", roman épistolaire et sentimental.

 

- Voltaire (1694-1778), "Zadig ou la Destinée", conte philosophique, le plus célèbre de Voltaire avec Candide, les mésaventures d'un jeune Babylonien, doté de toutes les vertus et apparemment destiné au plus grand bonheur, plonge dans le chaos de la réalité...

"Du temps du roi Moabdar il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l'éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions; il n'affectait rien; il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes. On était étonné de voir qu'avec beaucoup d'esprit il n'insultât jamais par des railleries à ces propos si vagues, si rompus, si tumultueux, à ces médisances téméraires, à ces décisions ignorantes, à ces turlupinades grossières, à ce vain bruit de paroles, qu'on appelait conversation dans Babylone. Il avait appris, dans le premier livre de Zoroastre, que l'amour−propre est un ballon gonflé de vent, dont il sort des tempêtes quand on lui a fait une piqûre. Zadig surtout ne se vantait pas de mépriser les femmes et de les subjuguer. Il était généreux; il ne craignait point d'obliger des ingrats, suivant ce grand précepte de Zoroastre, Quand tu manges, donne à manger aux chiens, dussent-ils te mordre. Il était aussi sage qu'on peut l'être; car il cherchait à vivre avec des sages. Instruit dans les sciences des anciens Chaldéens, il n'ignorait pas les principes physiques de la nature, tels qu'on les connaissait alors, et savait de la métaphysique ce qu'on en a su dans tous les âges, c'est-à-dire fort peu de chose. Il était fermement persuadé que l'année était de trois cent soixante et cinq jours et un quart, malgré la nouvelle philosophie de son temps, et que le soleil était au centre du monde; et quand les principaux mages lui disaient, avec une hauteur insultante, qu'il avait de mauvais sentiments, et que c'était être ennemi de l'état que de croire que le soleil tournait sur lui-même, et que l'année avait douze mois, il se taisait sans colère et sans dédain..."

- Carle van Loo (1705-1765), "Marie Leszczinska, reine de France" (1747), Musée national du château de Versailles. - "Portrait de Louis XV" (1750), musée des Beaux-arts, Dijon.

- Canaletto  (1697–1768), "The Thames and the City of London from Richmond House", une veduta classique...

- Philippe Mercier (1689-1760), "The Sense of Touch", "The Sense of Sight", "The Sense of Hearing", "The Sense of Smell" (1744-47, Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection, New Haven). 

- Jean Sébastien Bach (1685-1750), "l'Offrande musicale" (1747), série de canons et fugues sur un même thème.

- Christoph Willibald Gluck (1714-1787) crée à Pillnitz, résidence d'été de la cour de Saxe (Dresde), l'opéra "nozze d'Ercole e d'Ebe" (Le Mariage d'Hercule et d'Hébé).

- L'orchestre de la ville de Mannheim, dirigé par Johann Stamitz (1717-1757) cultive de 1747 à 1777 un répertoire considérable de de symphonies et de symphonies concertantes: on dénombrera 7000 symphonies écrites exclusivement à l'usage des cours allemandes et autrichiennes en 1740 et 1780, parmi elles, les chefs d'oeuvre de Haydn et de Mozart...


1748

- Traité d'Aix-la-Chapelle :  le 18 octobre 1748, le traité d'Aix-la-Chapelle met fin à la guerre de la Succession d'Autriche, une guerre de huit ans qui révèle l'émergence d'une nouvelle puissance, la Prusse.

- Première Guerre franco-britannique de l'Inde, Dupleix repousse la contre-offensive de l'amiral Boscawen à Pondichéry, mais doit rendre Madras aux Britanniques suivant le traité d'Aix-la-Chapelle.

- Amélioration du procédé Darby de fonte au coke grâce à la sélection des minerais pauvres en phosphore.

- Leonhard Paul Euler (1707-1783), auteur de trois grands traités didactiques sur l'analyse infinitésimale, l'Introductio in analysin infinitorum (1748), les Institutiones calculi differentialis (1755) et les Institutiones calculi integralis (3 vol., 1768-1770).  Avec Joseph-Louis Lagrange (1736-1813), il est l'un des deux géants mathématiques qui ont dominé la science du XVIIIe siècle..

- David Hume (1711-1776) acquiert sa notoriété avec "l’Enquête sur l'entendement humain" (An Enquiry Concerning Human Understanding)

- Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803), "Der Messias", épopée biblique de 22 000 vers, les trois premiers chants lui apportent la célébrité, le roi Frédéric V de Danemark l'appela à Copenhague où il demeura vingt ans. Toute l'influence du "Paradis perdu" de Milton est ici présente..

- "Les Bijoux indiscrets", roman libertin publié anonymement par Denis Diderot (1713-1784).

- Jean-Baptiste Boyer d'Argens (1703-1771),"Thérèse philosophe, ou mémoires pour servir à l’histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice"

- John Cleland (1709-1789), "Fanny Hill, or Memoirs of a Woman of Pleasure" (1748-1749)

- Tobias Smollett (1721-1771), "Les Aventures de Roderick Random" (The Adventures of Roderick Random), son premier roman.

- Au Japon, première représentation du célèbre "Kanadehon Chushingura", d'après la légende des 47 ronins (samouraï sans maître), de Takeda Izumo, Namiki Sosike et Miyoshi Shoraku, composée pour le bunraku, et adaptée au kabuki. 

- Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755), "De l'esprit des lois", paraît à Genève, interdite en France la vente est tolérée.

"Si dans le nombre infini des choses qui sont dans ce livre, dit-il, il y en avait quelqu'une qui, contre mon attente, pût offenser, il n'y en a pas, du moins, qui y ait été mise avec mauvaise intention; je n'ai point naturellement l'esprit désapprobateur. Platon remerciait le ciel de ce qu'il était né du temps de Socrate; et moi, je lui rends grâce de ce qu'il m'a fait naître dans le gouvernement où je vis et de ce qu'il a voulu que j'obéisse à ceux qu'il m'a fait aimer.

Je demande une grâce que je crains qu'on ne m'accorde pas : c'est de ne pas juger par la lecture d'un moment d'un travail de vingt années; d'approuver ou de condamner le livre entier et non pas quelques phrases. Si l'on veut chercher le dessein de auteur, on ne le peut bien découvrir que dans le dessein de l'ouvrage.

J'ai d'abord examiné les hommes, et j'ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et de moeurs, ils n'étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies.

J'ai posé les principes et j'ai vu les cas particuliers s'y plier comme d'eux-mêmes, les histoires du toutes les nations n'en être que les suites, et chaque loi particulière liée avec une autre loi ou dépendre d'une autre plus générale.

Quand j'ai été rappelé à l'Antiquité, j'ai cherché à en prendre l'esprit pour ne pas regarder comme semblables des cas réellement différents, et ne pas manquer les différences de ceux qui paraissent semblables.

Je n'ai point tiré mes principes de mes préjugés, mais de la nature des choses.

Ici bien des vérités ne se feront sentir qu'après qu'on aura vu la chaîne qui les lie à d'autres; plus on réfléchira sur les détails, plus on sentira la certitude des principes. Ces détails mêmes, je ne les ai pas tous donnés, car qui pourrait dire tout sans un mortel ennui?

On ne trouvera point ici ces traits saillants qui semblent caractériser les ouvrages d'aujourd'hui. Pour peu qu'on voie les choses avec une certaine étendue, les saillies s'évanouissent; elles ne naissent d'ordinaire que parce que l'esprit se jette tout d'un côté et abandonne tous les autres.

Je n'écris point pour censurer ce qui est établi dans quelque pays que ce soit. Chaque nation trouvera ici les raisons de ses maximes; et on en tirera naturellement cette conséquence, qu'il n'appartient de proposer des changements qu'à ceux qui sont assez heureusement nés pour pénétrer d'un coup de génie toute la constitution d'un Etat. "

- Menées à l'initiative du roi de Naples et de Sicile, Charles de Bourbon, les fouilles sur le site d'Herculanum (1738) et sur celui de Pompéi (1748) eurent de profondes conséquences sur l'idée que l'on avait de l'art antique et participeront à l'éclosion de l'art néoclassique à partir de 1760...

- Joshua Reynolds (1723-1792), "Autoportrait à la main en visière" (vers 1748), Londres, National Portrait Gallery.

- Joseph Vernet (1714-1789), l'un des plus grands peintres de paysages du siècle des Lumières, "Vue de Naples avec le Vésuve" (1748), musée du Louvre, Paris. - "Une mer calme" (1748), Museo  National Thyssen-Bornemisza, Madrid. - "Une mer orageuse" (1748), Museo  National Thyssen-Bornemisza, Madrid.

- Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), "Vues de Rome" (1748-1774)

- Thomas Gainsborough (1727-1788), "M & Mme Robert Andrews" (1748-50), National Gallery, Londres.


1749

- En France, les classes privilégiées (clergé et noblesse) s'opposent aux réformes du ministre Machault qui tente d'instaurer en 1749 une taxe du vingtième sur tous les revenus.

- Rue Saint-Honoré, à Paris, le salon de Mme Geoffrin (1749-1777), protectrice de l’Encyclopédie, s'y côtoyait Fontenelle, Marivaux, Diderot, Montesquieu, d’Alembert, Marmontel, mais aussi Boucher, Greuze, Van Loo ("Lecture d'une nouvelle de Voltaire dans le salon de Mme Geoffrin, Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1743-1824), 1755, Rueil-Malmaison, Châteaux de Malmaison et Bois-Préau)..

- Denis Diderot (1713-1784), "Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient", qui vaut à l'auteur trois mois d'incarcération au château de Vincennes.

- Début de "l'Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy", en 36 volumes, de Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788), parus de 1749 à 1789. 

- Henry Fielding (1707-1754), "The History of Tom Jones, a Foundling" (Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, 1749), les péripéties d'un jeune homme, élevé par un riche gentilhomme et amoureux de la vertueuse Sophie Western... 

- François Boucher (1703-1770), "L’Odalisque brune" (1749), musée du Louvre, Paris. 

- Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783), "Portrait de Madame de Sorquainville" (1749), musée du Louvre, Paris, un portraitiste qui, plus que valoriser ses modèles à la manière d'Élisabeth Vigée Le Brun, cherche à saisir la psychologie de ses personnages. - "Portrait du graveur Gabriel Huquier" (1747), musée du Louvre, Paris. 

- Première représentation de la "Musique pour les feux d'artifice royaux" de Georg Friedrich Haendel (1685-1759) à Green Park, Londres.


1750

- Au Portugal, début du règne de Joseph Ier le réformateur (1750-1777), un "despote éclairé qui s'efforça de régénérer le pays avec l'aide de son ministre le marquis de Pombal. Son règne fut marqué par un terrible séisme qui affecta Lisbonne (1755) que Pombal fit reconstruire. Son épouse, Marie-Anne Victoire de BourbonMalade assuma la régence en 1774.

- En Afrique, le royaume du Kazembe (Zambie) se détache de l'Empire Iunda (Zaïre).

- Voltaire (1694-1778),  arrive à Potsdam et restera auprès du "roi-philosophe" Frédéric II de Prusse jusqu'en mars 1753. Suivra une période d'errance jusqu'en novembre 1654 pendant laquelle il se cherchera un refuge...

- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), "Discours sur les sciences et les arts" - Le rétablissement des sciences et des arts a contribue-t-il à épurer les moeurs? Non, répond Rousseau, emportant un succès d'admiration et de scandale... 

- Carlo Goldoni (1707-1793), "Le femmine puntigliose" (Les Femmes pointilleuses), 1750-1751

- La fameuse "Élégie écrite dans un cimetière de campagne" (Elegy Written in a Country Churchyard, 1750), de Thomas Gray (1716-1771) participe à la naissance du pré-romantisme, ressentant  l'appel des lointaines époques barbares, des anciennes littératures galloise et scandinaves...

"The curfew tolls the knell of parting day, /  The lowing herd wind slowly o'er the lea,

The plowman homeward plods his weary way, / And leaves the world to darkness and to me.

Now fades the glimm'ring landscape on the sight, / And all the air a solemn stillness holds,

Save where the beetle wheels his droning flight, / And drowsy tinklings lull the distant folds;

Save that from yonder ivy-mantled tow'r /  The moping owl does to the moon complain

Of such, as wand'ring near her secret bow'r, /  Molest her ancient solitary reign...."

- Montesquieu écrit une Défense de "l'Esprit des lois", Malesherbes, directeur de la Librairie, lève son interdiction. Montesquieu a écrit un texte fondamental pour l'ensemble des démocraties qui tentent, encore et toujours, de subsister, le sixième chapitre du onzième livre de "l'Esprit des Lois" qui définit la séparation des pouvoirs....

"Il y a dans chaque État, trois sortes de pouvoirs ; la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, et la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil. Par la première, le prince ou le magistrat fait des lois pour un

temps ou pour toujours, et corrige ou abrogé celles qui sont faites. Par la seconde, il fait la paix ou la guerre, envoie ou reçoit des ambassades, établit la sûreté, prévient les invasions. Par la troisième, il punit les crimes, ou juge les différends des particuliers. On appellera cette dernière la puissance de juger : et l'autre, simplement la puissance exécutrice de l'Etat.

La liberté politique, dans un citoyen, est cette tranquillité d'esprit qui provient de l'opinion que chacun a de sa sûreté ; et, pour qu'on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu'un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen.

Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté ; parce qu'on peut craindre que le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyranniques, pour les exécuter tyranniquement.

Il n`y a point encore de liberté, si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice. Si elle était jointe a la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire ; car le juge serait législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d'un oppresseur.

Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d'exécuter les  résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers..."

- Giambattista Tiepolo (1696-1770) est à Würzburg en 1750, avec ses fils. Le prince-évêque Carl Philipp von Greiffenklau leur confie la décoration du salon et du plafond du grand escalier de sa nouvelle résidence. - "Allégorie des planètes et des continents" (1752), Metropolitan Museum of Art, New York. 

- Francesco Zuccarelli (1702-1788), "Bacchanale" (1740-50), Galerie de l’Académie, Venise. 

- Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), "Carceri" (les Prisons imaginaires) (1750, 1761, 1780)

- Thomas Chippendale (1718-1779), "The Gentleman and Cabinet Maker's Director", naissance d'un style.

- Francesco Guardi  (1712–1793), "Le parloir des nones de San Zaccaria" - "Le salon privé du palais Dandolo de San Moisè" (1745-1750, Ca' Rezzonico, Venise)..

- Marcellus Laroon le Jeune (1679-1772), "Interior with Figures" (années 1750, Tate Gallery), lance la composition dite de conversation...

- Arthur Devis  (1712–1787), "Mr and Mrs Atherton" (1743, Walker Art Gallery), le grand représentant britannique du portrait de groupe, bourgeois le plus souvent, sur fond de paysage et selon le canevas de la "conversation piece". - "The John Bacon Family" (1742-43) - "Robert Gwillym of Atherton and His Family" (1745-47) - "Mr. and Mrs. Hill" (1750-51, Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection, New Haven). - "John Orde, His Wife Anne, and His Eldest Son William" (1754-56) - "Reverend Streynsham Master and his wife, Margaret of Croston, Lancashire" (1743-44, Harris Museum, Art Gallery & Preston Free Public Library, Preston)...


1751

- Louise-Ulrique de Prusse (1720-1782), reine consort de Suède et de Finlande en 1751, après son mariage en 1744 avec le futur roi Adolphe-Frédéric de Suède, fonde en 1753 l'Académie royale de Suède, dont fit partie Carl von Linné...

- Avec la domination sur le Tibet, la Chine de la dynastie des Qing est au faîte de son expansion territoriale.

- Début de la réalisation de la place Stanislas, à Nancy, par E. Héré de Corny.

- Voltaire (1694-1778), "Le Siècle de Louis XIV", ouvrage historique.

- David Hume (1711-1776), "An Enquiry Concerning the Principles of Morals" (1751)

- Charles Pinot Duclos (1704-1772), "Considérations sur les moeurs de ce siècle"

- Tobias Smollett (1721-1771), "The Adventures of Peregrine Pickle"

- Publication du premier volume de L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, une encyclopédie française, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Denis Diderot et, partiellement, de Jean Le Rond d'Alembert, qui se veut une synthèse de l'ensemble des idées et connaissances de l'époque des Lumières. 

- Le Ier volume est précédé d’un "Discours préliminaire", écrit par Jean Le Rond d'Alembert (1717-1783),une oeuvre à part entière, inspirée de Locke, qui élève la science à la dignité de sagesse, une science, qui grâce à Descartes et à Newton, a réveillé l'humanité...

"On peut diviser toutes nos connaissances en directes et en réfléchies. Les directes sont celles que nous recevons immédiatement sans aucune opération de notre volonté; qui trouvant ouvertes, si on peut parler ainsi, toutes les portes de notre âme, y entrent sans résistance et sans effort. Les connaissances réfléchies sont celles que l'esprit acquiert en opérant sur les directes, en les unissant et en les combinant.

Toutes nos connaissances directes se réduisent à celles que nous recevons par les sens; d'où il s'ensuit que c'est à nos sensations que nous devons toutes nos idées.

Ce principe des premiers philosophes a été longtemps regardé comme un axiome par les scolastiques; pour qu'ils lui fissent cet honneur, il suffisait qu'il fût ancien, et ils auraient défendu avec la même chaleur les formes substantielles ou les qualités occultes. Aussi cette vérité fût-elle traitée à la renaissance de la philosophie, comme les opinions absurdes dont on aurait dû la distinguer; on la proscrivit avec elles, parce que rien n'est si dangereux pour le vrai, et ne l'expose tant à être méconnu, que l'alliage ou le voisinage de l'erreur.

Le système des idées innées, séduisant à plusieurs égards, et plus frappant peut-être, parce qu'il était moins connu, a succédé à l'axiome des scolastiques; et après avoir longtemps régné, il conserve encore quelques partisans; tant la vérité a de peine à reprendre sa place, quand les préjugés ou le sophisme l'en ont chassée.

Enfin depuis assez peu de temps on convient presque généralement que les anciens avaient raison; et ce n'est pas la seule question sur laquelle nous commençons à nous rapprocher d'eux..."

 - Denis Diderot, "Autorité politique", article de l'Encyclopédie 1751-1772 : 

"Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison. Si la nature a établi quelque autorité, c'est la puissance paternelle ; mais la puissance paternelle a ses bornes, et dans l'état de nature, elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire. Toute autre autorité vient d'une autre origine que la nature. Qu'on examine bien, et on la fera toujours remonter à l'une de ces deux sources : ou la force et la violence de celui qui s'en est emparé, ou le consentement de ceux qui s'y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux et celui à qui ils ont déféré l'autorité.

La puissance qui s'acquiert par la violence n'est qu'une usurpation, et ne dure qu'autant que la force de celui qui commande l'emporte sur celle de ceux qui obéissent ; en sorte que, si ces derniers deviennent à leur tour les plus forts et qu'ils secouent le joug, ils le font avec autant de droit et de justice que l'autre qui le leur avait imposé. La même loi qui a fait l'autorité la défait alors : c'est la loi du plus fort.

Quelquefois, l'autorité qui s'établit par la violence change de nature : c'est lorsqu'elle continue et se maintient du consentement exprès de ceux qu'on a soumis ; mais elle rentre par là dans la seconde espèce, dont je vais parler ; et celui qui se l'était arrogée, devenant alors prince, cesse d'être tyran.

La puissance qui vient du consentement des peuples suppose nécessairement des conditions qui en rendent l'usage légitime, utile à la société, avantageux à la république, et qui la fixent et la restreignent entre des limites ; car l'homme ne doit ni ne peut se donner entièrement et sans réserve à un autre homme, parce qu'il a un maître supérieur au-dessus de tout, à qui seul il appartient tout entier. C'est Dieu, dont le pouvoir est toujours immédiat sur la créature, maître aussi jaloux qu'absolu, qui ne perd jamais de ses droits, et ne les communique point."

- François Boucher (1703-1770), "Le Sommeil interrompu" (1750), Metropolitan Museum of Art, New York. - "La Toilette de Vénus" (1751), Metropolitan Museum of Art, New York. - La célèbre "Odalisque blonde" (1751), Wallraf-Richartz-Museum, Cologne, Marie-Louise O'Murphy (1737-1814), maîtresse de Louis XV en 1752.

- Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783), "Portrait d'Aignant Thomas Desfriches" (1751), musée des Beaux-arts d’Orléans. - "Olivier Journu" (1756), Metropolitan Museum of Art, New York. - "Jeune femme en robe jaune avec rubans bleus" (v. 1767), National Gallery of Art, Washington.

- Apogée de la réputation de Jean Siméon Chardin (1699-1779) avec la première commande royale passée de "La Serinette" (1751), musée du Louvre, Paris. 


1752

- Début du règne de Alaungpaya (1752-1760), qui reconstitue l'Empire birman après le sac de sa capitale, Ava, par les Môn et conquiert le Manipur.

- Arrêt du parlement de Paris qui défend les refus de sacrements. Un arrêt du Conseil rappelle le silence imposé en matière religieuse et la soumission due à la constitution Unigenitus, loi du royaume...

- Emeutes de subsistance à Arles, à Rouen, suivie de pendaisons et de condamnations aux galères. 

- La querelle des Bouffons ou guerre des Coins est une controverse parisienne qui a opposé au cours des années 1752-1754 les défenseurs de la musique française groupés derrière Jean-Philippe Rameau (coin du Roi) et les partisans d'une ouverture vers d'autres horizons musicaux, réunis autour du philosophe et musicologue Jean-Jacques Rousseau (coin de la Reine), partisans de l'italianisation de l'opéra français.

- Interdiction de paraître début 1752 du deuxième volume de l'Encyclopédie, mais  avec le soutien de Malesherbes, le directeur de la librairie, et malgré les attaques incessantes des ennemis des philosophes, Palissot et Fréron, paraissent de 1753 à 1757 cinq nouveaux volumes de l’Encyclopédie...

- David Hume (1711-1776), "Political Discourses" (1752)

- "Le Devin du village", un intermède en un acte de Jean-Jacques Rousseau (paroles et musique), représenté le 18 octobre 1752 au château de Fontainebleau devant Louis XV et la cour.

Françoise de Graffigny (1695-1758), "Lettres d'une Péruvienne" 

- Charlotte Lennox (1730-1804), "The Female Quixote; or, The Adventures of Arabella"

- Voltaire (1694-1778),  "Micromégas : histoire philosophique", l'un de ses premiers contes philosophiques, dirigé contre les philosophes qu'un habitant de Sirius, en voyage sur la Terre, convainc de leurs sottises...

"...Le cartésien prit la parole, et dit : 

« L'âme est un esprit pur qui a reçu dans le ventre de sa mère toutes les idées métaphysiques, et qui, en sortant de là, est obligée d'aller à l'école, et d'apprendre tout de nouveau ce qu'elle a si bien su, et qu'elle ne saura plus. - Ce n'était donc pas la peine, répondit l'animal de huit lieues, que ton âme fût si savante dans le ventre de ta mère, pour être si ignorante quand tu aurais de la barbe au menton. Mais qu'entends-tu par esprit? - Que me demandez-vous là ? dit le raisonneur; je n'en ai point d'idée; on dit que ce n'est pas de la matière. - Mais sais-tu au moins ce que c'est que de la matière? - Très bien, répondit l'homme. Par exemple cette pierre est grise, et d'une telle forme, elle a ses trois dimensions, elle est pesante et divisible. - Eh bien ! dit le Sirien, cette chose qui te paraît être divisible, pesante et grise, me dirais-tu bien ce que c'est? Tu vois quelques attributs; mais le fond de la chose, le connais-tu ? - Non, dit l'autre. - Tu ne sais donc point ce que c'est que la matière. »

Alors monsieur Micromégas adressant la parole à un autre sage qu'il tenait sur son pouce, lui demanda ce que c'était que son âme, et ce qu'elle faisait. 

« Rien du tout, répondit le philosophe malebranchiste; c'est Dieu qui fait tout pour moi: je vois tout en lui, je fais tout en lui; c'est lui qui fait tout sans que je m'en mêle. - Autant vaudrait ne pas être, reprit le sage de Sirius. Et toi, mon ami, dit-il à un leibnizien qui était là, qu'est-ce que ton âme ? - C'est, répondit le leibnizien, une aiguille qui montre les heures pendant que mon corps carillonne, ou bien, si vous voulez, c'est elle qui carillonne pendant que mon corps montre l'heure; ou bien mon âme est le miroir de l'univers, et mon corps est la bordure du miroir : cela est clair. »...

- Simon Mathurin Lantara (1729-1778), "L’Esprit de Dieu planant sur les eaux" (1752), musée de Grenoble.

- François Boucher (1703-1770), Portrait présumé de Marie-Louise O'Murphy (1752), Munich, Alte Pinakothek. - Le Lever du soleil et Le Coucher du soleil, 1753, pour la marquise de Pompadour, Londres, Wallace Collection - "La Naissance de Vénus", Londres, Wallace Collection...

- "La serva padrona" (La Servante maîtresse), un intermezzo de Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), créé au Teatro San Bartolomeo à Naples en 1733 puis représenté à l'Opéra de Paris en 1752, déclenche la fameuse "querelle des Bouffons", défenseurs de la musique française groupés derrière Jean-Philippe Rameau et les partisans de l'italianisation de l'opéra français avec Jean-Jacques Rousseau...

- Joseph Haydn (1732-1809), symphonies de l'époque Esterhazy (1761-65), de la Symphonie nº 6 en ré majeur, « Le Matin » (1761) à la Symphonie nº 31 en ré majeur, « L’Affût » (1765).


1753

- Crise parlementaire de 1753-1754 sous Louis XV - Sur fond d’agitation janséniste, l’année 1732 avait connu une des premières crises parlementaires majeures du règne de Louis XV : la querelle du refus des sacrements, en 1753, va constituer un temps fort de l’affrontement entre le roi et son parlement. Confrontées à la résistance d’une partie du clergé à l’acceptation de la bulle Unigenitus, les autorités ecclésiastiques imposaient, pour recevoir les derniers sacrements, de fournir un billet de confession fourni par un curé non suspect de jansénisme. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1753, le Parlement de Paris se met en grève du service judiciaire, en signe de protestation contre Louis XV, pour ne pas avoir donné suite aux remontrances des magistrats hostiles au refus des sacrements...

- Anton von Kaunitz, chancelier d'Etat autrichien (1753-1792) responsable de la politique étrangère de la monarchie des Habsbourg pendant les décennies mouvementées allant de la guerre de Sept Ans (1756-63) au début des guerres de coalition contre la France révolutionnaire (1792). 

- Samuel Richardson (1689-1761), "The History of Sir Charles Grandison" (1753)

- Abbé Prévost (1697-1763), "Manon Lescaut", le récit des amours tumultueuses du chevalier des Grieux qui tombe sous le charme de Manon Lescaut, jeune fille d'une «naissance commune» que l'on conduit au couvent...

- Carlo Goldoni (1707-1793), "La Locandiera" (La Belle Aubergiste, 1753) - A Venise, deux rivaux Carlo Goldoni et Carlo Gozzi se partagent alors les faveurs des spectateurs, c'est Goldoni qui s'imposera avant de s'installer à Paris...

- Richard Wilson (1714-1782), peintre de paysages, "Rome vue de la Villa Madame" (1753), Yale Center for British Art, New Haven, Connecticut. - "Vue éloignée de la villa de Mécène, Tivoli" (1756-57), Tate, Londres. - "Vue de la nature sauvage dans le parc de Saint-James" (1770-75), Yale Center for British Art, New Haven, Connecticut. 

- Maurice Quentin de la Tour (1704-1788), ses portraits sont considérés comme une véritable anthologie des caractères et des visages sous le règne de Louis XV, mais toujours positive. - "Portrait de Voltaire" (1735). Pastel sur papier, Château de Ferney, Ferney-Voltaire. - "Portrait de Jean-Jacques Rousseau" (1753), musée d'Art et d'Histoire, Genève. - "Jean Le Rond d’Alembert" (1753). Pastel sur papier bleu, musée du Louvre, Paris - "Mademoiselle Sallé" (1741), musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne. - "L’abbé Jean-Jacques Huber" (1742), musée Antoine Lécuyer, Saint-Quentin. - "M. Duval de l’Épinoy" (1745), musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne. - "Mademoiselle Ferrand méditant sur Newton" (1753), Alte Pinakothek, Munich. - "Marie Fel' (1752-53), collection particulière...

- Natures mortes animalières et animaux exotiques de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755).


1754

- Traité Godeheu, les Compagnies françaises et anglaises des Indes s'engagent à renoncer à toute politique d'expansion.

- Guerre coloniale franco-anglaise (1754-1763) - L'immigration croissante renforce la pression de près de 2 millions d'Anglais sur des territoires énormes, peu peuplés, mais bien protégés, que possèdent la France. William Pitt assure la direction politique de cette guerre.

- Début du règne du sultan ottoman Osman III (1754-1757).

- Vers 1754-1774 Place de la Concorde, à Paris, par J. A. Gabriel.

- Étienne Bonnot de Condillac (1714-1780), "Traité des sensations", le moi n'est plus pas une substance pensante, consciente de soi, mais un effet de la combinaison des sensations et de l'expression de leurs transformations dans le langage...

 

- Denis Diderot (1713-1784), "L'Interprétation de la nature"  - «C'est de la nature que je vais écrire. Je laisserai les pensées se succéder sous ma plume, dans l'ordre même selon lequel les objets se sont offerts à ma réflexion, parce qu'elles n'en représenteront que mieux les mouvements et la marche de mon esprit. Ce seront ou des vues générales sur l'art expérimental, ou des vues particulières sur un phénomène qui paraît occuper tous nos philosophes et les diviser en deux classes. Les uns ont, ce me semble, beaucoup d'instruments et peu d'idées; les autres ont beaucoup d'idées et n'ont point d'instruments. L'intérêt de la vérité demanderait que ceux qui réfléchissent daignassent enfin s'associer à ceux qui se remuent, afin que le spéculatif fût dispensé de se donner du mouvement; que le manoeuvre eût où but dans les mouvements infinis qu'il se donne; que tous nos efforts se trouvassent réunis et dirigés en même temps contre la résistance de la nature...»

- François Boucher (1703-1770), "La naissance de Vénus" (1754), Wallace Collection, Londres

- Giovanni Paolo Pannini (1691-1765) , "Départ du duc de Choiseul de la Piazza di San Pietro" (1754), Staatliche Museen, Berlin. - "La Réception du prince Vaini dans l’ordre du Saint-Esprit" (1758), musée de Beaux-arts de Caen. 

- Canaletto (1697-1768), "Londres, l'intérieur de la Rotonde au Ranelagh" (1754), National Gallery, Londres. 

- Joseph Vernet (1714-1789), sa série des ports de France, commande royale, "L’entrée du port de Marseille" (1754), musée du Louvre, Paris. - "Le Port d'Antibes en Provence, vu du côté de la terre" (1756), musée national de la Marine, Paris. - "La ville et la rade de Toulon" (1756), musée du Louvre, Paris. - "Vue d’Avignon, depuis la rive droite du Rhône près de Villeneuve" (1757), musée du Louvre, Paris. - "Vue du port de Rochefort, prise du magasin des Colonies" (1762), musée national de la Marine, Paris. - "Vue du port de Dieppe" (1765), musée national de la Marine, Paris.

- William Hogarth (1697-1764), "Satire des mœurs électorales" (Triumph of the Deputies, huile sur toile, 1754-1755).


1755

- Destruction de Lisbonne par un tremblement de terre, au moins 60.000 morts, Voltaire s'interroge sur la Providence divine...

- En Russie, sous l'influence de Mikhail Lomonossov (1712-1765) et d'Ivan Chouvalov (1727-1797), fondation de l'université de Moscou (1755) et de l'académie des beaux-arts à Saint-Pétersbourg (1758). Ivan Chouvalov entretint une correspondance avec Helvetius, d'Alembert, Diderot et Voltaire...

- Guerre coloniale franco-anglaise (1754-1763) - Ouverture des hostilités franco-britanniques en Amérique du Nord. Les Anglais de l'Amiral Boscawen s'emparent de plus de 300 navires français.

- Troisième volume de l'œuvre monumentale "Le antichità di Ercolano" (Les antiquités d'Herculanum) exposée par l'Académie d'Archéologie d'Ercolano, fondée à Naples en 1755 afin de faire connaître les résultats des fouilles dans les villes vésuviennes récemment découvertes...

- Emmanuel Kant (1724-1804) commence à enseigner à l'université de Königsberg.

- Moses Mendelssohn (1729-1786), "Lettres sur les sensations" (Briefe über die Empfindungen).

 

- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes" :  toutes les misères, causes de l'inégalité entre les hommes, découlent uniquement de l'état social..

"Si jʼavois eu à choisir le lieu de ma naissance, jʼaurois choisi une société dʼune grandeur bornée par lʼétendue des facultés humaines, cʼest-à-dire par la possibilité dʼêtre bien gouvernée, & où chacun suffisant à son emploi, nul nʼeût été contraint de commettre à dʼautres les fonctions dont il étoit chargé: un Etat où, tous les particuliers se connoissant entrʼeux, les manœuvres obscures du vice, ni la modestie de la vertu, nʼeussent pu se dérober aux regards & au jugement du Public, & où cette douce habitude de se voir & de se connoître, fît de lʼamour de la Patrie lʼamour des Citoyens plutôt que celui de la terre.

Jʼaurois voulu naître dans un pays où le Souverain & le Peuple ne pussent avoir quʼun seul & même intérêt, afin que tous les mouvemens de la machine ne tendissent jamais quʼau bonheur commun; ce qui ne pouvant se faire à moins que le Peuple & le souverain ne soient une même personne, il sʼensuit que jʼaurois voulu naître sous un Gouvernement Démocratique, sagement tempéré.

Jʼaurois voulu vivre & mourir libre, cʼest-à-dire, tellement soumis aux loix que ni moi ni personne nʼen pût secouer lʼhonorable joug; ce joug salutaire & doux, que les têtes les plus fieres portent dʼautant plus docilement, quʼelles sont faites pour nʼen porter aucun autre. 

Jʼaurois donc voulu que personne dans lʼEtat nʼeût pu se dire au-dessus de la loi, & que personne au-dehors nʼen pût imposer que lʼEtat fût obligé de reconnoître; car, quelle que puisse être la constitution dʼun Gouvernement, sʼil sʼy trouve un seul homme qui ne soit pas soumis à la loi, tous les autres sont nécessairement à la discrétion de celui-là; & sʼil y a un chef national, & un autre chef étranger, quelque partage dʼautorité quʼils puissent faire, il est impossible que lʼun & lʼautre soient bien obéis, & que lʼétat soit bien gouverné..."

 

- Francis Hutcheson (1694-1746), "Système de philosophie morale" (A system of moral philosophy)

- Samuel Johnson (1709-1784), "A Dictionary of the English Language"

- Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), "Miss Sara Sampson"

- Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), "Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke in der Malerei und Bildhauerkunst" (Réflexions sur l'imitation des œuvres grecques dans la sculpture et la peinture), historien de l'art allemand, grand helléniste et l'un des des fondateurs de l'archéologie scientifique, précurseur du néo-classicisme européen, son influence a été déterminante sur l'évolution de la peinture vers le néoclassicisme à la fin du 18e siècle. Le Beau est au cœur de sa réflexion esthétique, une légende..

- Richard Cantillon (1680-1734, "Essai sur la nature du commerce", considéré comme un "passeur" entre mercantilisme et libéralisme...

- Jean-François Marmontel (1723-1799), "Contes moraux, 1755-1759" (Alcibiade, ou le Moi - Soliman II - Le Scrupule, ou l'amour mécontent de lui-même - Les Quatre Flacons, ou les aventures d'Alcidonis de Mégare - Lausus et Lydie - Le Mari sylphe - Heureusement - Les Deux Infortunées - Tout ou rien - Le Philosophe soi-disant - La Bergère des Alpes - La Mauvaise Mère - La Bonne Mère - L'École des pères - Annette et Lubin, histoire véritable - Les Mariages Samnites, anecdote ancienne - Laurette - Le Connoisseur - L'Heureux Divorce - Le Bon Mari - La Femme comme il y en a peu - L'Amitié à l'épreuve - Le Misanthrope corrigé), Voltaire lui donna sa protection, il connut la misère puis la gloire avec ses Contes moraux, publiés d'abord dans le Mercure, puis ornés d'estampes par Gravelot (1765, 3 vol.), qui lui ouvrirent les portes de l'Académie française...

- Carle van Loo (1705-1765), "Madame de Pompadour en Belle Jardinière" (1754-55), Musée national du château de Versailles. 

- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), "Le Père de famille expliquant la Bible à ses enfants", est acheté en 1755 par un riche financier amateur d’art, Ange-Laurent Lalive de Jully (1725-1779). - "Indolence (La Paresseuse italienne)" (1756), Wadsworth Atheneum, Hartford. - "Un écolier étudiant sa leçon" (1757), National Gallery of Scotland, Édimbourg.

- Giovanni Paolo Pannini (1691-1765), "Rome antique" (1755), Staatsgalerie, Stuttgart, ou musée imaginaire, entassement de tableaux, de monuments et de statues antiques. - "Galerie de peinture avec vues de la Rome moderne" (1759), musée du Louvre, Paris. - " Galerie de peinture avec vues de la Rome antique"...

- William Hogarth (1697-1764), "Le Repas à l'auberge", huile sur toile, premier sujet de la série « The Election », 1754-1755. Sir John Soane's Museum, Londres. - "Hogarth's Servants" (vers 1750-55, Tate Britain)


1756

- Début de la Guerre de Sept Ans (1756-1763) - Le renversement des alliances, la convention de Westminster pour la protection du Hanovre, voit le rapprochement de l'Angleterre et de la Prusse, face à l'alliance franco-autrichienne, rejoint par la Russie et la Suède. C'est en fait l'aboutissement d'une longue rivalité entre la France et l'Angleterre pour la constitution de leurs empires respectifs....

- Extension de la Chine sous les premiers Qing (1644-1800) : extermination des Dzoungars et conquête de la région de l'Ili.

- Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), "Antiquités Romaines" en 4 volumes (1756)

- Joseph Black (1728-1799) découvre le gaz carbonique.

- Voltaire (1694-1778), "Essai sur les mœurs et l'esprit des nations", "Poème sur le désastre de Lisbonne".

- Andrija Kacic Miosic (1704-1760), " Conversation agréable du peuple slave" (chronique rimée)

- Les premiers portraits en pied de Joshua Reynolds (1723-1792)  lui assurent une notoriété considérable, "Capitaine Robert Orme", 1756, National Gallery, Londres, "Portrait de Miss Mary Pelham", vers 1757, Dallas Museum of Art, "L'Honorable Henry Fane (1739–1802) avec Inigo Jones et Charles Blair", 1761–1766, Metropolitan Museum, New York, "General John Burgoyne", v. 1766, Frick Collection, New York, "Anne, comtesse Albemarle" (1757-1759, National Gallery)...

 

- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) rejoint l’Académie de France à Rome de 1756 à 1761, s'initie au maître vénitien Tiepolo. A son retour, il sera un peintre confirmé, un virtuose reconnu, mais détaché du souci de carriérisme qui avait affecté Boucher, d'où sa très grande liberté. "Psyché montrant à ses sœurs les présents de l'amour" (1751), National Gallery, Londres. - "La bascule" (1750-55), Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. 

- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), "Les Œufs cassés" (Metropolitan Museum of Art, New-York), de la même année, 1756, que les deux tableaux précédant, toutes les contradictions de cette société du XVIIIe en pleine expansion, entre sentimentalisme et hédonisme ...


1757

- Victoire, à Rossbach, de Frédéric II de Prusse sur les Autrichiens et Français commandés par Soubise.

- Friedrich Nicolai (1733-1811) fonde la "Bibliothek der schönen Wissenschaften und der freien Künste", avec  Lessing et Mendelssohn, un périodique d'opinion...

- Guerre coloniale franco-anglaise (1754-1763) - La victoire de Plassey des forces de la Compagnie des Indes orientales (Clive) contre les Français et les troupes bengalies accroît la domination britannique en Inde.

- Tentative d'assassinat de Louis XV par Damiens.

- Début du règne de Muhammad III ibn Abd Allah (1757-1790) au Maroc et signatures de traités commerciaux avec les puissances européennes.

- "Le Fils naturel", ou "Les épreuves de la vertu", drame bourgeois en cinq actes et en prose de Denis Diderot (1713-1784), écrit en 1757, et premières divergences avec Jean-Jacques Rousseau.

- Mikhaïl Lomonossov (1711-1765) publie son "Traité de grammaire russe", la première, et son son célèbre traité "Sur l'utilité des livres d’église", dans lequel il pose les premiers jalons de la future langue russe littéraire...

- Moses Mendelssohn (1729-1786), "Sur les principes des beaux-arts et de la littérature" (Hauptgründsätze der schönen Künste und Wissenschaften) 

- Edmund Burke (1729-1797), "Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau" (A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful)

- Yosa Buson (1716-1783), poète artiste japonais invente à Kyōto le "haïga", une peinture associée à un haïku.

- A Venise, Giambattista Tiepolo (1696-1770) réalise les fresques de la villa Valmarana de San Sebastiano, près de Vicence. 

- François Boucher (1703-1770), "Les Forges de Vulcain" (1757), musée du Louvre, Paris. 

- Jean-Étienne Liotard (1702-1789), "Portrait de François Tronchin avec un tableau de sa collection "La femme au lit" de Rembrandt" (1757, Cleveland Museum of Art) - un portraitiste de Cour cosmopolite sollicité par l'Europe entière comme il en existait beaucoup au XVIIIe siècle, après l'Italie, l'Orient, Constantinople, Vienne, où il exécute au pastel, outre le portrait de l'impératrice Marie-Thérèse, le portrait en pied de "la Belle Chocolatière" (1744-45), son œuvre la plus célèbre (Gemäldegalerie, Dresden), puis Venise (1744, autoportrait, Galleria degli Uffizi, Florence) et Paris où il reste cinq années à Paris (1748-1753), recevant commandes de la Cour et de l'aristocratie...

- C'est avec Joseph Haydn (1732-1809) que la symphonie quitte son statut de divertissement aux multiples volutes rococos pour assurer un discours de portée plus ambitieuse, 104 symphonies, dont les premières, Symphonie nº 37 en do majeur (1757-58), Symphonie nº 1 en ré majeur (1757-59)...


1758

- Premier ministre de fait de Louis XV, de 1758 à 1770, Etienne François duc de Choiseul, (1719-1785) mène une politique de revanche contre l'Angleterre, en s'appuyant sur l'alliance avec l'Autriche et avec les Bourbons d'Espagne, de Parme et de Naples. Lié au milieu des Encyclopédistes, il contribue à la suppression de la Compagnie de Jésus (1764) et soutient le parlement dans son opposition au pouvoir royal, ce qui provoquera sa disgrâce et son exil dans son domaine de Chanteloup (1770).

- Guerre de Sept Ans - En Allemagne, bataille de Krefeld, entre les troupes hanovriennes, commandées par Ferdinand de Brunswick-Lunebourg, frère du duc de Brunswick et les troupes françaises commandées par Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont. - En Amérique, bataille de Fort Carillon, une armée française de presque 4 000 hommes sous le commandement du général Louis-Joseph de Montcalm remporte une victoire sur une force militaire britannique quatre fois supérieure de 16 000 hommes sous le commandement du général James Abercrombie.

- En décembre 1758, Voltaire (1694-1778) achète le château de Ferney (près de la frontière suisse) et s'y installe en 1759, il y devient le "grand Voltaire" et y restera jusqu'à l'année de sa mort. En une vingtaine d'années, il y écrira et diffusera plus de quatre cents écrits, depuis la facétie en deux pages jusqu'à l'encyclopédie philosophique en plusieurs volumes...

- 1758, année critique  pour l'Encyclopédie, : à la suite des polémiques suscitées par son article Genève, d’Alembert, abandonne l’œuvre, ainsi que Duclos et Marmontel. L’Encyclopédie, rendue responsable du matérialisme d’Helvétius, est de nouveau interdite par arrêt royal. Les dix derniers tomes ne purent paraître qu'en 1766...

- Claude-Adrien Helvétius (1715-1771), "De l'Esprit", influencé par Locke, il définit l'esprit de l'être humain par l'ensemble des idées produites en celui-ci à partir des sens, et attribue une partie de nos idées et, par voie de conséquence, de nos jugements à la mémoire et à l'expérience. Un sensualisme matérialiste qui fait de «la sensibilité à la douleur et au plaisir physique» la source de nos vertus...

 - François Quesnay (1694-1774), "Tableau économique", livre tardif du fondateur de la première école systématique d'économie politique, les Physiocrates, et qui présente ici l'interdépendance entre les différentes classes, les différents secteurs économiques et l'échange des paiements, avec une hypothèse principale, un état d'équilibre économique stationnaire...

- Christian Wolff (1679-1754), "Le Droit des gens" (Jus gentium, 1758).

- John Brown (1715-1766), "Estimate of the Manners and Principles of the Times" (1757-1758)

- François Boucher (1703-1770), peintre de Mme de Pompadour, "Portrait de la marquise de Pompadour" (1756), Alte Pinakothek, Munich. - "Portrait de la marquise de Pompadour" (1759), Wallace Collection, Londres. 

- Giovanni Paolo Panini (1691-1765), "Gallery with views of modern Rome" et "Gallery of Views of Ancient Rome" (1758).

- John Singleton Copley (1738-1815), "Ann Fairchild Bowler"

- Grand Tour du marquis de Marigny, frère de Mme de Pompadour, en 1750-1751, en compagnie de l'architecte Soufflot, du dessinateur-graveur Cochin et de l'abbé Le Blanc, littérateur et critique, qui découvrent et formalisent vestiges antiques, grands monuments et peintures de l'Italie du Nord à Rome et jusqu'à Naples, et marquent profondément le développement des arts dans la décennie 1750-1760...


1759

- Guerre coloniale franco-anglaise (1754-1763) - le 13 septembre 1759, bataille décisive de la guerre de Sept Ans, sur son théâtre d'Amérique du Nord : les Britanniques, placés sous le commandement du major général James Wolfe, triomphent des Français, placés sous le commandement du marquis de Montcalm, Québec tombe aux mains des Anglais...

- La bataille de Kunersdorf qui voit les armées autrichienne et russe anéantirent l'armée prussienne tourne à l'avantage de celle-ci compte tenu de la désunion des vainqueurs. Catherine II, pour la Russie, met fin à la guerre. 

- Début du règne de Charles III d'Espagne (1759 à 1788), "despote éclairé" d'un pays qui retrouve, avec sa marine de guerre, une importance sur la scène internationale.

- Alexis Clairaut (1713-1765), "Théorie de la Lune déduite du seul principe de l'attraction" (1759) 

- Premier Salon de Diderot - Frédéric Melchior Grimm dans son journal, la Correspondance littéraire, propose à Denis Diderot de rédiger des comptes rendus des Expositions organisées tous les deux ans par l'Académie royale de peinture et de sculpture dans le Salon Carré du Louvre entre 1759 et 1781, soit neuf Salons...

 

- "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" - Voltaire (1694-1778) tourne en ridicule l'optimisme de Leibniz dans son conte philosophique, "Candide". Après d'être installé aux Délices, près de Genève, en 1755 et acheté Ferney en 1758, l'expérience du tremblement de terre de Lisbonne (en 1755) et de la guerre de Sept Ans, qui débute en 1756, donnent une nouvelle actualité à la réflexion de Voltaire sur l'ordre du monde, le personnage de Candide confronte l'optimisme de Pangloss, porte-parole caricatural de la pensée de Leibniz, à l'évidence du mal, dans la nature et dans la société : Il s'agit alors de cultiver son jardin, à l'écart de toutes les illusions politiques et philosophiques: "l’homme était né pour vivre dans les convulsions de l’inquiétude, ou dans la léthargie de l’ennui.."

 

- Laurence Sterne (1713-1768), "Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme" (The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman, 1759-1767), autobiographie fictive et parodique des romans de l'époque.

 

- Samuel Johnson (1709-1784), " The History of Rasselas, Prince of Abissinia"

- Thomas Gainsborough (1727-1788), "Les filles de l’artiste tenant un chat" (1759), National Gallery, Londres

- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), au Salon de 1759, "La Tricoteuse endormie ou l’expression des sentiments avec Jeune fille pleurant la mort de son oiseau".

- François Boucher (1703-1770), "La Nymphe Callisto, séduite par Jupiter sous les traits de Diane", Musée d'art Nelson-Atkins à Kansas City, Missouri. - "Pan et Syrinx" (1759), Londres, National Gallery.