Ashcan School - Robert Henri (1865-1929) - John French Sloan (1871-1951) - Everett Shinn (1876-1953) - William James Glackens (1870-1938) - George Luks (1867-1933) -  ...

Last update: 11/11/2016


L'American Realism constitue un ample et formidable mouvement artistique qui émerge aux États-Unis dès la seconde moitié du XIXe siècle (on estime qu'il atteint son apogée dans les années 1930). Il accompagne cet autre vaste mouvement qui, au lendemain de choc terrible de la Guerre de Sécession, voit se développer une période de croissance (Gilded Age) considérable qui pousse devant elle une autre Amérique, des millions de migrants happés par l'essor industriel, des inégalités criantes qui se creusent dans des milieux urbains qui se multiplient et se complexifient, une classe moyenne qui se constitue entre douleurs et espoirs : entre en gestation la fameuse "American way of life", le modèle idéal d'une société consensuelle de liberté et de bonheur pour chaque individu, quel qu'il soit. Mais en 1908, à la Macbeth Gallery, nous n'en sommes pas encore là. Aux États-Unis, face à la couleur luxuriante et la paisibilité des sujets de l'impressionnisme américain, une autre peinture va surgir, avec elle (AshCan School) immigrés, classe ouvrière et classes moyennes acquièrent pleine et entière importance artistique dans une palette sombre, prise sur le vif. C'est l'année d'une exposition mémorable, celle des fameux peintres du groupe "The Eight" - Robert Henri, la personnalité centrale du mouvement, Everett Shinn, John Sloan, Arthur B. Davies, Ernest Lawson, Maurice Prendergast, George Luks et William J. Glackens - qui se sont établis dans les quartiers animés de New York et décident de représenter non pas des scènes idéalisées, mais , dans un style brut et réaliste, dynamique, la vie grouillante, celle de la rue, des saloons, des immeubles, des salles de billard, et des bidonvilles. George Bellows rejoindra par la suite le mouvement ...


Robert Henri, "Snow Scene (57th Street)" (1902, Yale University Art Gallery)

Dans cette oeuvre, Manhattan, paysage urbain sous la neige, mais une neige grise et boueuse, des passants qui se blottissent pour échapper au vent froid mordant, nous sommes loin des scènes idéalisées des impressionnistes ...

 


John French Sloan (1871-1951)

"Sunday women drying their hair, 1912"Illustrateur au "Philadelphia Inquirer" à l'âge de 20 ans, Sloan  assiste aux cours du soir de la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, où il rencontre son mentor, Robert Henri (1865-1929), auteur de "The Art Spirit" et membre actif de l'Ash Can School ("école de la poubelle"), mouvement de peinture réaliste du début du XXe siècle qui privilégie la représentation de scènes de la vie quotidienne des milieux pauvres des villes. Robert Henri est de ces nombreux peintres américains qui séjournèrent à Paris à la fin du XIXe pour assister aux cours de William-Adolphe Bouguereau à l'Académie Julian. Arthur Bowen Davies (1862-1928). Edward Hopper et George Bellows furent des étudiants de Robert Henri à la New York School of Arts. 

John French Sloan s'installe dans le quartier new-yorkais de Greenwich Village où il peint notamment "McSorley's Bar" (1912, Detroit Institute of the Arts), "Sixth Avenue" (1918, Virginia Museum of Fine Arts), "Pigeons" (1910, Museum of Fine Arts - Boston), "Six O'clock in Winter (1912, The Phillips Collection), "Sunday, Women Drying Their Hair" (1912, Addison Gallery of American Art), "The City From Greenwich Village" (1922, National Gallery of Art - Washington DC), "Jefferson Market" (1917, Pennsylvania Academy of the Fine Arts), "Stein at Studio Window", "The Lafayette (1927, Metropolitan Museum of Art - New York) ...

Sloan collabore, entre 1911 et 1917 au magazine mensuel progressiste "The Masses", "a mounthly magazine devoted to the interests of the working people" fondé ven 1911, à New-York,  et suspendu par les autorités fédérales en 1917, tout comme journal anarchiste "Mother Earth" d'Emma Goldman, pour leur campagne contre l'engagement américain lors de la 1ere guerre mondiale. Fondé par Piet Vlag, un Néerlandais d'obédience anarcho-socialiste, soutenu financièrement par l'avocat fortuné Amos Pinchot, le mensuel entendait éduquer la classe des travailleurs américains en matière d'art, de littérature et de théorie socialiste : il s'ouvre en effet à des artistes et des écrivains issus de Greenwich Village, notamment des membres de l'Ash Can School.


Fleishman's Bread Line (Private Collection) - Everett Shinn (1876-1953), Ashcan School

Everett Shinn, peintre, illustrateur, concepteur et dramaturge, surtout connu pour ses images du théâtre, est né dans le New Jersey en 1876. Il étudie le design industriel à Philadelphie de 1888 à 1890, et en 1893, s'inscrit à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts. En même temps, Shinn subvenait à ses besoins en tant qu'artiste-reporter pour la Philadelphia Press, où il se lie d'amitié avec William Glackens, George Luks et John Sloan, dont le style de réalisme urbain influence Shinn pour représenter les aspects les plus sinistres de la vie urbaine. En 1897, il s'installe à New York pour poursuivre sa carrière d'illustrateur de journaux et de magazines. En 1890, peu après sa première grande exposition personnelle à New York, Shinn et son épouse se rendent en Angleterre et en France, où il est attiré par des sujets parisiens et britanniques. Pendant son séjour à Paris, Shinn s'inspire des scènes théâtrales d'Edouard Manet, Edgar Degas et Jean-Louis Forain. Son travail changea radicalement ; il commença à peindre des artistes en action et à utiliser des points de vue décentrés...

Works: Snow Storm, Madison Square, New York (1898, Private collection), Broadway, Late in the Afternoon, After the Matinee (1899, Private collection), Chinese Restaurant (1899), Cross Streets of New York (1899), Cross Streets of New York (1899, Corcoran Gallery of Art, Washington DC), The Fight (1899), All Night Cafe (1900), Old Bowery, New York (1900), The Docks, New York City (1901, Munson-Williams-Proctor Institute, Utica, New York),  Lower East Side (1904, Smithsonian American Art Museum, Washington DC), NIght LIfe, The Accident (1908), Out of a Job - News of the Unemployed (1908),...

Shinn a participé à diverses expositions de groupe à New York, dont l'exposition The Eight at the Macbeth Galleries avec Glackens, Sloan et Luks en 1908, et plus tard l'exposition Independent Artists en 1910, où il a surtout traité de sujets théâtraux. Ses scènes urbaines le rattachent à l'école Ash Can, qui comprenait aussi George Bellows. …

Works: Back Row, Follies Bergere (1900, Private collection), Matinée, Outdoor Stage, Paris (1902, Smithsonian American Art Museum, Washington DC), The White Ballet (1904, Smithsonian American Art Museum, Washington DC), Paris Stage (1907, Private collection), The Orchestra Pit (1907, Private collection), …


William James Glackens (1870-1938), 

il étudia à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts , passa en 1895 un an à Paris (avec Robert Henri), puis s’installa à New York, où il travailla comme illustrateur pour le New York Herald et le New York World. En 1898, il se rendit à Cuba pour couvrir la guerre hispano-américaine pour McClure Magazine. Alors que sa réputation d’artiste graphique n'est plus à faire, Glackens se tourne vers la peinture à l’huile: "Hammerstein’s Roof Garden" (1901), une scène de cabaret, est exposée à la galerie Allen à New York. "At Mouquin’s", en 1905 (The Art Institute of Chicago) est une de ses oeuvres les plus connues. Ses peintures de scènes de rue et de la vie urbaine bourgeoise posent, contre tout académisme, l'importance du réalisme, aussi rejoint-il le  groupe d’artistes qui se tournent résolument vers la représentation de la vie contemporaine, dont Robert Henri, John Sloan, George Luks et Everett Shinn., et des peintres plus romantiques tels que Ernest Lawson, Maurice Prendergast et Arthur B. Davies, ils forment le fameux groupe "The Eight"  qui ouvriront en 1908 une exposition mémorable - avant de se séparer tant la diversité de leurs points de vue était importante. Ainsi verrons-nous Glackens se tourner vers l'impressionnisme et Pierre-Auguste Renoir au cours des deux dernières décennies de sa vie..

 

Works - William Glackens, "La Villette" (1895) - "East River Park" (1902, Brooklyn Museum, New York) - "At Mouquin's" (1905, Art Institute of Chicago) - 'The Shoppers" (1907) - "Nude with Apple" (1909–10, Brooklyn Museum, New York) - "Nude with Hat" (1909) - "The green car" (1910) - ...


George Luks (1867-1933)

Né dans une région minière du centre-nord de la Pennsylvanie, Luks a étudié d’abord à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, Philadelphie, puis en Allemagne, à Londres et à Paris. De retour aux États-Unis en 1894, il devient illustrateur pour le Philadelphia Press. Pendant cette période, il rencontre le peintre et professeur Robert Henri et les illustrateurs de journaux John Sloan et William J. Glackens. Luks est allé à Cuba en 1895 en tant qu’artiste correspondant pour le Philadelphia Bulletin pendant la lutte cubaine pour l’indépendance de l’Espagne. Après son retour aux États-Unis, il a travaillé comme caricaturiste, dessinant le populaire Hogan’s Alley pour le New York World. Entre 1902 et 1903, Luks vécut à Paris, où il se préoccupa de plus en plus de la représentation de la vie urbaine moderne. À son retour à New York, il s’installe dans l’enclave bohème de Greenwich Village et commence à peindre des tableaux réalistes de New-Yorkais, dont "The Spielers" (1905), probablement son œuvre la plus connue,"The Wrestlers" (1905, Museum of Fine Arts, Boston, MA), "Street Scene (Hester Street)" (1905, Brooklyn Museum, New York), "Allen Street" (1905, Hunter Museum of American Art, Chattanooga, Tennessee), ...