Gregory Bateson (1904-1980), "Naven: A Survey of the Problems suggested by a Composite Picture of the Culture of a New Guinea Tribe drawn from Three Points of View", "Steps to an Ecology of Mind: Collected Essays in Anthropology, Psychiatry, Evolution, and Epistemology" (1972), "Mind and Nature: A Necessary Unity (Advances in Systems Theory, Complexity, and the Human Sciences" (1979), "Communication: The Social Matrix of Psychiatry" (with Jurgen Ruesch) - Paul Watzlawick (1921-2007), "Change: Principles of Problem Formation and Problem Resolution" (with John Weakland, Richard Fisch, 1974), "How Real Is Real? (1976), "The Language of Change" (1977), "The Invented Reality: How Do We Know What We Believe We Know? (Contributions to Constructivism, 1984), "The Interactional View: studies at the Mental Research Institute, Palo Alto, 1965–1974" - ...

Last update : 11/11/2016


"On ne peut pas ne pas communiquer", la communication interpersonnelle, réalité ultime de notre existence - Alternative au structuralisme des années 1960, pour lequel nous sommes tous a priori déterminer par des cadres mentaux et sociaux préexistants, l'interactionnisme symbolique qu'entend porter, une toute petite décennie,  le Mental Research Institute de Palo Alto (Stanford, San Francisco) se situe au centre d'une vaste nébuleuse de recherches systémiques et pluridisciplinaires qui étudient communication, interactions humaines et moyens de les modifier. La réalité, notre réalité, celle  qui affecte notre interprétation des évènements, est une construction conditionnée par le système relationnel dans lequel nous vivons. Gregory Bateson est l'auteur de la fameuse théorie de la «double contrainte», selon laquelle certaines situations nous placent devant des injonctions paradoxales: quoi que nous fassions, notre geste aura des conséquences négatives, ce qui est source d'une grande détresse mentale. Théorie qui n'est qu'une conséquence, parmi d'autres intuitions disséminées ça et là dans une approche globale qui considère les troubles mentaux comme inséparables de leur contexte relationnel. Les pathologies de la communication deviennent le terrain éminemment concret de cette conception. C'est ainsi qu'en 1959, les psychiatres Jules Ruskin et Don Jackson (1902-1968), la psychologue Virginia Satir (1916-1988), vont créer le Mental Research Institute pour élaborer des thérapies qui vont considérer, non par l'individue en lui-même, mais ses modalités de communication, en premier lieu dans un système familial tenu pour défaillant. En 1967, le philosophe et psychiatre Paul Watzlawick (1922-2007) propose des thérapies familiales systémiques influencées par l'analyse transactionnelle d'Eric Berne et l'hypnothérapie de Milton Erickson. Sa "Logique de la communication" (1972) définit les caractéristiques fondamentales de tout processus de communication et les pathologies qui lui sont asociées : on ne peut communiquer, plus, on ne peut que communiquer; toute communication comporte une "métacommunication"; toute communication comporte une origine et une ponctue une série de faits; on doit distinguer communication analogique, non-verbale essentiellement, et communication digitale, à la syntaxe logique plus complexe; on peut distinguer interaction sysmétique, fondée sur l'égalité entre partenaires, et interaction complémentaire, répondant plus à une différenciation de statuts. 

Gregory Bateson, à l'origine de nombre de ces intuitions, privilégie une vision systémique plus globale, par touches successives, abordant anthropologie, schizophrénie, évolution de l'espèce, apprentissage, et surtout dynamique des écosystèmes. Les conduites individuelles n'ont de sens que dans le contexte des relations et des interactions qui nous lient au monde du vivant, développant sa célèbre notion de l' "écologie de l'esprit" ...

"Official education was telling people almost nothing of the nature of all those things on the seashores and in the redwood forests, in the deserts and the plains. Even grown-up persons with children of their own cannot give a reasonable account of concepts such as entropy, sacrament, syntax, number, quantity, pattern, linear relation, name, class, relevance, energy, redundancy, force, probability, parts, whole, information, tautology, homology, mass (either Newtonian or Christian) , explanation, description, tule of dimensions, logical type, metaphor, topology, and so on. What are butterflies? What are starfish? What are beauty and ugliness?..."

(pict. from 1963, Imogen Cunningham, National Portrait Gallery, Smithsonian Institution)


"As Good as It Gets"

(James L. Brooks , with Jack Nicholson, Helen Hunt, Greg Kinnear, Cuba Gooding Jr., 1997) 

L'écrivain à succès Melvin Udall , reclus dans son luxueux appartement de Manhattan, est un être asocial et atteint de troubles obsessionnels compulsifs : les liens qu'il va nouer avec Carol Connelly, serveuse du restaurant dans lequel il a sa table attitrée, et son voisin Simon Bishop, victime d'une agression sauvage, vont l'obliger à modifier son comportement et dénouer ses difficultés relationnelles ..



Gregory Bateson (1904-1980)

Né à Grantchester (Cambridgeshire, England), l'anthropologue et fondateur du mouvement de Palo Alto (Californie) est au centre de tout ce qui s'est pensé, des années 1950 aux années 1970, sur les interactions sociales, les thérapies familiales et la communication. On se rappelle des différentes étapes qui marquent un tournant dans la façon d'interpréter l'homme en interactions sociales, les conférences Macy qui, sous l’impulsion du neurologue Warren Mc Culloch, de 1942 à 1953, entendent édifier une science générale du fonctionnement de l’esprit et contribuent à l'apparition de la cybernétique dans les sciences humaines, la théorie des systèmes qui offre le cadre optimal pour penser  le paradoxe de la communication chez les schizophrènes ( 1956, Vers une théorie de la schizophrénie) et son célèbre avatar, le concept de "double contrainte", la création en 1959 du Mental Research Institute (MRI), pour converger quelque part, dans les années 1960, avec le courant de l'antipsychiatrie et pousser le raisonnement jusqu'à considérer que non seulement l'individu-patient n’est plus à considérer comme un individu isolé sur lequel on pose un diagnostic psychiatrique, mais qu'il est plus profondément le sujet de problèmes d’adaptation à la structure pathologique de ses relations familiales, ou le symptôme de la maladie du système social dont il fait partie. La démarche systémique permet de poser une interprétation dans tous les domaines qui s'offrent à notre pensée et d'appliquer ainsi le même schéma de représentation, voire d'évolution ou d'intervention, que l'on interroge la maladie mentale, le comportement humain, ou la transformation d'une société : dès son premier ouvrage (La Cérémonie du Naven, 1936), Bateson pose les bases de ce qu'il appellera par la suite une "écologie de l'esprit", pour "jeter un pont entre les faits de la vie et du comportement"..

 

"Naven - A Survey of the Problems suggested by a composite Picture of the Culture of a New Guinea Tribe drawn from three Points of View" (La Cérémonie du Naven, 1936).

Dans "La Cérémonie du Naven", G.Bateson définit l'individu comme l'ensemble des relations qui le lient à son environnement. Les Iatmul de Nouvelle-Guinee appellent "naven" un rituel de travestissement collectif qui célèbre la première action d'un jeune garçon montrant qu'il a atteint l'âge adulte, une étape importante dans la vie de celui-ci que Bateson va utiliser pour montrer la complexité inhérente à tout comportement culturel. Les interactions entre individus vont ici dérouler selon un "système de gestes", une expression codifiée des émotions et des attitudes (ou "ethos", fonctionnel) qu'il oppose aux croyances et aux représentations (la structure, l' "eidos"). Les cérémonies du Naven se tiennent entre deux parents appartenant à des clans différents, un oncle maternel qui répond au rituel en mimant grossièrement une femme soumise, alors que la soeur du père porte un costume masculin et bat l'enfant de son frère. Pour contrer les rivalités de clans et les résorber, des interactions symétriques ou séquences de provocations sont ainsi mises en oeuvre, que Bateson nomme "schismogenêse" (naissance d'une séparation). Il s'agit d'un processus de différenciation dans les règles du comportement individuel qui résulte d'un ensemble d'interactions cumulatives entre individus, et selon deux modalités essentielles, l'une complémentaire et l'autre symétrique. Dans un naven l'équilibre éthologique se trouve brusquement inversé, les femmes se comportant comme «le plus arrogant des guerriers», les hommes comme «la plus pauvre et la plus dévergondée des veuves». Les travestissements vont ainsi reflèter le renversement des rites éthologiques habituels. La schismogenèse apparaît autant un facteur d`éclatement de la société que de changement social. 

Les matériaux ainsi accumulés et interprétés du Naven fondent le postulat de Bateson selon lequel le monde du vivant est avant tout le monde de la communication : les phénomènes qui le composent sont intégrés à des systèmes circulaires, évolutifs et hiérarchiques. On retrouve cette approche cybernétique qui conçoit les comportements individuels comme les unités élémentaires d'un système assurant la régulation de l'ordre social. 

On retrouvera cette analyse globale dans "Balinese Character, a photographic analysis", une analyse photographique menée avec Margaret Mead en 1942. 


COMMUNICATION, CHANGEMENT, SCHIZOPHRENIE & DOUBLE CONTRAINTE... - Toute communication requiert des relations et des règles qui régissent les interactionsau sein d'un système, une société, une famille, deux individus, peu importe; et des règles qui peuvent être tant verbales que coprorelleL Sont ainsi abordés autant les rituels que les processus familiaux. La communication s'effectue dans un cadre qui définit le jeu dans lequel on se trouve, et tout message peut jouer un rôle de cadre pour un message de niveau inférieur.

Cette façon de penser les relations entre les différentes parties d'un système, permet aussi bien de le faire évoluer que d'agir en thérapeute pour peu qu'il s'en avère nécessaire. Mais dans le jeu du changement, c'est une toute autre logique qui vient à se présenter puisqu'en effet il faut à la fois créer de nouveaux repères alors que les actions demeurent encadrées par les anciens....

 

C'est en 1908 que le psychiatre Eugen Bleuler (1857-1919) inaugure le terme de "schizophrénie" (Dementia Praecox), trouble mental qui a sans doute accompagné toute l'histoire de l'homme et qui n'affecta pas tant l'intelligence mais la perception, les émotions, et donc le comportement : délires, hallucinations, pensées désorganisées, invention de néologismes, détournement de sens des mots, etc. Aucune origine de cette pathologie n'est à ce jour connue. Gregory Bateson porte son regard dans les années 1950 sur les patterns de communication des familles dont l'un des enfants est atteint de schizophrénie : il découvre que ces enfants sont dans une situation de vulnérabilité dont ils ne peuvent s'échapper et émet la fameuse hypothèse de la "double contrainte" comme éventuelle explicitation du déclenchement de la schizophrénie. La perturbation fondamentale, et dont la thématique sera reprise bien au-delà de la schizophrénie, et que la personne en situation de schizophrénie reçoit de ses proches des messages ambigus et ambivalents, des messages qu'il ne peut ignorer mais auxquels il ne peut véritablement réagir. Ces messages en général se situent à deux niveaux, le  niveau verbal et le niveau physique, le conflit ne peut être résolu, et l'enfant, l'individu, se retire dans un état psychotique. L'hypothèse de la double contrainte aura un impact immense tant pour les thérapeutes que pour les individus que nous sommes, confrontés à de nombreuses variantes de ce schéma sidérant pour notre équilibre et notre liberté de penser et d'agir...

 

Pour l'anthropologue Gregory Bateson, nous le savons, s'interroger par exemple sur le sens du comportement d'un individu passe d'abord par la compréhension du système de relations dans lequel ce comportement fait sens. Les fameuses conférences interdisciplinaires Macy, organisées à New York à l'initiative du neurologue Warren McCulloch et qui se réuniront à intervalles réguliers, de 1942 à 1953, et auxquelles participe Bateson, forgent de concert l'expression de la théorie systémique en sciences humaines et les bases de la thérapie familiale. Bateson, Don D. Jackson, Jay Haley et John H. Weakland formulent en 1956 dans "Towards a Theory of Schizophrenia" la fameuse notion de "double contrainte" (double bind) dans laquelle un individu assume et incarne, via des injonctions paradoxales, la communication pathologique de son milieu familial. Le psychiatre Don D. Jackson (1920-1968), fort de sa double filiation, pensée interactionnelle de Sullivan et approche systématique, ira jusqu'à montrer comment la pathologie du "système familial" peut non seulement s'incarner dans un individu, mais aussi se propager, en cas de défection de celui-ci, vers un autre membre de la famille pour assurer la défense et la cohérence de l'ensemble....


Gregory Bateson &  Jurgen Ruesch, "Communication et Société"  

( Communication: The Social Matrix of Psychiatry, 1951, 2009)

"Dans ce livre, Gegory Bateson et Jurgen Ruesch font converger théorie des jeux, psychologie expérimentale, cybernétique, théorie des systèmes et théorie des types logiques pour élaborer une théorie de la communication. Les deux domaines d’application qui y sont privilégiés sont le champ psychiatrique et le champ social. Les présupposés épistémologiques de la psychiatrie y sont examinés, ainsi que la façon dont elle peut être enrichie par une théorie moderne de la communication. Par ailleurs, sont étudiées à la même lumière les notions de culture, de groupe social ou de valeurs sociales." (Editions du Seuil)

 

"A première vue, les problèmes de la communication semblent ne présenter qu'un intérêt secondaire pour qui étudie le comportement individuel. Les gens agissent par eux-mêmes, ils font des choses seuls, et parfois ils manipulent, exploitent, contraignent ou tuent d'autres personnes sans annoncer leur intention. Mais la communication ne concerne pas seulement la transmission verbale, explicite et intentionnelle de messages; dans le sens où nous l'utilisons, le concept de communication devrait comprendre tous les processus par lesquels les gens s'influencent les uns les autres. Le lecteur reconnaîtra que cette définition repose sur la prémisse que toutes les actions et tous les événements possèdent des aspects communicationnels dès qu'ils sont perçus par un être humain; cela implique en outre qu'une telle perception modifie l'information d'un individu et par conséquent exerce une influence sur lui. Dans une situation sociale où plusieurs personnes interagissent, les choses sont encore plus compliquées. Quand des personnes se réunissent, il se passe quelque chose. Elles éprouvent des sensations et réfléchissent et, aussi bien pendant leur réunion que par la suite, elles agissent et réagissent les unes aux autres. Elles perçoivent elles-mêmes leurs propres actions et d'autres personnes présentes peuvent également observer ce qui se produit. Les impressions sensorielles reçues et les actions entreprises sont enregistrées; elles laissent certaines traces à l'intérieur de l'organisme; et il résulte de ce genre d'expérience que les opinions des gens sur eux-mêmes et les images qu'ils ont les uns des autres peuvent être confirmées, modifiées ou radicalement changées. L'ensemble de ces traces, accumulées au cours des années à travers des millions d'expériences, forme le caractère d'une personne et détermine en partie la manière dont elle maîtrisera les événements futurs. Les impressions reçues de l'environnement, des autres et de soi-même, aussi bien que la rétention des impressions qui seront utilisées ultérieurement par la mémoire, tout cela peut être considéré comme partie intégrante du système de communication d'une personne. Dans la mesure où la façon dont une personne répond aux événements perçus nécessite la transmission de messages aux organes effecteurs périphériques, il convient de considérer le réseau intra-organique comme une partie du réseau interpersonnel plus grand ou même du réseau suprapersonnel (culturel)...

Dans la sphère sociale, l'individu acquiert de l'information sur les relations en participant de façon continue et régulière à des événements sociaux. Cela commence par l'expérience de l'enfant avec sa mère, cela se poursuit avec les membres de sa famille, et plus tard avec les enfants de son âge à l'école et sur les terrains de jeux. L'adolescent apprend des adultes et de ses compagnons d'âge à suivre des règles et à maîtriser les obstacles qu'il rencontre. Le caractère répétitif des événements sociaux enseigne aux gens à réagir d'une façon stéréotypée, et le comportement stéréotypé crée naturellement des environnements stéréotypés. C'est pourquoi, quand nous parlons d'une matrice sociale dans laquelle s'insèrent les événements interpersonnels, nous faisons référence aux bombardements répétitifs et réguliers de stimuli auxquels les êtres humains sont exposés. Les stimuli proviennent d'un côté du comportement social de nos interlocuteurs, de l'autre des objets, des plantes et des animaux dont nous nous entourons. Graduellement les stimuli perçus et les réponses choisies prennent forme: le stimulus façonne la réponse et, une fois la réponse apprise, l'individu est conditionné à rechercher les stimuli qui déclencheront ses réponses apprises. Tout ce processus peut se comparer au lit qu'une rivière creuse à la surface de la terre. Le chenal est formé par l'eau mais les rives du fleuve contrôlent également la direction du courant, de sorte qu'il s'établit un système d'interaction où la cause et l'effet ne peuvent plus être isolés. Le stimulus et la réponse se soudent en une unité. Cette unité, c'est ce que nous appelons une «valeur»...

En tant qu'individus, nous ne sommes généralement pas tout à fait conscients de l'existence de cette matrice sociale. Etant incapables de saisir complètement les conséquences de nos propres actes sur les autres, et vu notre perspective humaine limitée, nous n'arrivons pas à comprendre l'ampleur et la nature des événements. Quand nous nous querellons avec un membre de notre famille ou lorsque nous essayons d'expliquer les raisons de l'augmentation du prix du beurre, nous avons tendance à aborder ces incidents comme s'ils étaient uniques; nous ne nous rendons pas compte que des milliers d'autres personnes vivent peut-être une expérience semblable et nous blâmons nos proches ou bien nous maudissons l'épicier. De fait, notre conduite dans une telle situation représente déjà et une réponse à des réactions d'autres personnes et un stimulus pour leur comportement. Nos soucis personnels et interpersonnels, nos centres d'intérêt immédiats et quotidiens nous empêchent d'apprécier pleinement les événements sous tous leurs aspects. C'est pourquoi nous nous sommes efforcés ici d'illustrer certaines des relations entre l'individu, le groupe et la culture. Alors que la plupart des gens se contentent d'avoir quelques connaissances pratiques à ce sujet, le psychiatre en plus doit connaître en détail et à fond ces relations s'il désire aider ses patients. La relation entre les systèmes suprapersonnels, d'un côté, et les systèmes interpersonnels et individuels, de l'autre, n'est pas simplement une fantaisie dialectique du scientifique. Elle s'articule sur les besoins quotidiens de l'individu dont la vie et la santé mentale requièrent qu'il puisse communiquer aisément avec les autres êtres humains. Le psychiatre s'efforce de faciliter cette tâche..."

 

Gregory Bateson, "Vers une écologie de l'esprit"

(Steps to an Ecology of Mind, 1972)

"Qui est Gregory Bateson? Depuis ses travaux d'ethnologue de 1936 (la Cérémonie du Naven), son parcours a été d'une violence qui n'est pas sans inquiéter les " spécialistes " : biologie, anthropologie, psychiatrie, théorie du jeu, évolution, communication chez les mammifères, systèmes et paradoxes logiques, épistémologie, pathologie des relations (alcoolisme, schizophrénie), théorie de l'apprentissage, et, pour coiffer ce trajet vertigineux, une critique de la science, comme responsable de la crise écologique. Partout, Bateson introduit les notions de la cybernétique (circuits, feed-back) et de la philosophie analytique (Russell, Whitehead, Wittgenstein); notamment la théorie (horizontale) des systèmes - qui formalise le fonctionnement des ensembles -, et la théorie (verticale) des types logiques - ou niveaux de généralisation permettant d'avancer à travers les paradoxes. L'hypothèse du double bind, figure qui se trouverait aux racines mêmes de la schizophrénie, s'est montrée extrêmement productive; un centre thérapeutique s'est fondé à Palo Alto sur le maniement batesonien des paradoxes. C'est précisément par ces mêmes démarches que Bateson - devenu après la guerre, le maître à penser de toute une génération de chercheurs - rejoint l'air frais de l'Orient, voire du taoïsme et du zen : la sortie des culs-de-sac de l'intellect, non pas par une extension (horizontale) de la quête, mais par la percée (verticale) vers un autre niveau de recherche. 

"Vers une écologie de l’esprit 1 - regroupe les Métalogues - dialogues sur la connaissance, dans la veine de Lewis Carroll et Wittgenstein -; Forme et modèle en anthropologie (contact culturel, schismogénèse, art primitif); et la première partie de la section Forme et pathologie des relations (apprentissage, théorie du jeu, théorie de l'alcoolisme).

Vers une écologie de l’esprit 2 - La communication chez les cétacés, la schizophrénie, la théorie de l’évolution : ce sont quelques-uns des domaines qu’explore Gregory Bateson dans ce second tome de Vers une écologie de l’esprit. Le lecteur y trouvera un exposé de la théorie du double bind (double contrainte), situation de communication où un individu reçoit deux injonctions contradictoires telles que, s’il obéit à l’une, il est forcé de désobéir à l’autre. Dans cette lignée s’élabore une nouvelle conception de la communication et de l’évolution, qui renverse nombre d’idées reçues. Ce volume rassemble la deuxième partie de Forme et pathologie des relations, qui comprend notamment Vers une théorie de la schizophrénie, Biologie et évolution, Épistémologie et écologie et Crise dans l’écologie de l’esprit." (Editions du Seuil)

 

"Les questions que soulève ce livre sont bien des questions écologiques : comment les idées agissent-elles les unes sur les autres ? Y a-t-il une sorte de sélection naturelle qui détermine la survivance de certaines idées et l’extinction ou la mort de certaines autres ? Quel type d’économie limite la multiplication des idées dans une région donnée de la pensée ? Quelles sont les conditions nécessaires pour la stabilité (ou la survivance) d’un système ou d’un sous-système de ce genre ? Certains de ces problèmes seront concrètement analysés par la suite, le but de ce livre était surtout de nettoyer le terrain pour que des questions comme celles qu’on vient d’évoquer puissent être posées d’une façon sensée...

 

"C'est de mon père, William Bateson, qui était généticien, que j'ai hérité la plupart de mes outils. A l'école et à l'université, on fait encore très peu pour donner une idée des principes fondamentaux de la pensée scientifique, et ce que j'en ai appris, je le dois essentiellement aux conversations que j'ai eues avec mon père, aux résonances de ses propos. Lui-même, était pour ainsi dire muet en matière de philosophie, de mathématiques ou de logique, si ce n'est pour exprimer sa méfiance à leur égard; il n'en reste pas moins que - malgré lui, je pense - il m'a transmis quelque chose en ces domaines.

Les attitudes que j'ai héritées de lui sont précisément celles qu'il avait reniées. Dans ses premiers travaux - qui sont, et il le savait, je pense, parmi les meilleurs -, il avait posé les problèmes de la symétrie animale, de la segmentation, de la répétition sérielle des segments et modèles, etc. Par la suite, il abandonna ces recherches et se tourna vers le mendélisme, auquel il consacra le reste de sa vie. Mais il garda toujours une fascination pour les problèmes de la symétrie et du modèle et ce sont cette fascination-là et la sorte de mysticisme qui l'inspirait que, pour le meilleur ou pour le pire, j'ai fait miens et appelés "science". 

J'ai acquis là un sentiment plus ou moins mystique, qui m'a porté à croire qu'il nous faut rechercher le même type de processus dans tous les domaines des phénomènes naturels : par exemple, qu'il faut s'attendre à trouver un même type de lois à l'oeuvre, aussi bien dans la structure d'un cristal que dans celle de la société, ou à constater que la segmentation d'un ver de terre est comparable au processus qui régit la formation des colonnes de basalte.

Ce ne serait pas dans les mêmes termes que je professerais aujourd'hui cette croyance; je dirais plutôt que les types d'opération mentale utiles pour étudier un certain domaine le sont aussi pour en étudier un autre, et que c'est le cadre (eidos) de la science, plutôt que celui de la nature, qui reste le même pour tous les domaines, sans exception.... Tel que je le vois, le progrès en science provient toujours d'une combinaison de pensées décousues et de pensées rigoureuses; et, à mon sens, cette combinaison est notre outil le plus précieux..."

 

Gregory Bateson, "La Nature et la pensée"

(Mind and Nature. A Necessary Unity, 1979)

"Ce livre est bâti sur le principe que nous faisons partie d'un monde vivant ... Quelle est la structure qui relie le crabe au homard et l'orchidée à la primevère? Et qu'est-ce qui les relie, eux quatre, à moi? Et moi à vous? Et nous six à l'amibe, d'un côté, et au schizophrène qu'on interne, de l'autre? ... Ici, le mécanisme de l' "évolution" et celui de la "pensée" sont mis en regard, et leur comparaison fait surgir un horizon nouveau" (Editions du Seuil)

"Le premier objectif de cet ouvrage sera de composer un tableau qui illustre comment le monde assure une cohérence dans ses aspects mentaux. Comment les idées, l'information, les différentes étapes d'une cohérence logique ou pragmatique tiennent-elles ensemble? Comment la logique, la procédure classique pour forger des chaînes d'idées, se rattache-telle à un monde extérieur, fait de choses et de créatures, de parties et d'ensemble? Les idées, naissent-elles réellement dans des chaînes, ou bien s'agit-il là seulement d'une structure linéale qui leur a été imposée par les érudits et les philosophes? Comment le monde de la logique, qui évite le "raisonnement circulaire", peut-il se rapporter à un monde où les chaînes de causalité circulaires sont la règle plutôt que l'exception?   ...

Dans l'ensemble, nous défendrons la thèse qu'il est possible et qu'il vaut la peine de réfléchir sur de multiples problèmes d'ordre et de désordre qui se posent dans l'univers biologique, et que nous avons aujourd'hui à notre disposition un nombre considérable d'outils de pensée que nous n'employons pas, en partie parce que, professeurs comme élèves, nous nous privons de bien des lumières qui sont à notre disposition, et en partie parce que nous ne voulons pas accepter les obligations qui découleraient d'une vision lucide des dilemmes humains.."

 


La logique systémique, la théorie de communication, mais aussi le behaviorisme, le constructivisme, l’écologie politique, l’antipsychiatrie, implicitement ou non, posent que le monde est monde, la société est ce qu’elle est, la remise en question d’autant plus insignifiante qu’interroger l’univers et notre situation dans celui-ci sont foncièrement vains, nous ne sommes pas très loin d'un Wittgenstein :  notre réalité est très concrètement celles des interactions sociales et familiales dans lesquelles notre « soi » tente de survivre, notre existence n’est qu’un long chemin d’adaptation à nous-mêmes et aux autres, notre liberté n’est que le produit d’une thérapie, et nous voguerons à la surface des choses autant que faire se peut … Et pour reprendre les citations célèbres et maintes fois attribuées à Paul Watzlawick , formules lapidaires de la survie en société : « pour modifier sa vision du monde,  il est plus efficace de modifier sa façon d’agir », ou sa première variante, « en nous efforçant d' atteindre l' inaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable », et la variante qui instaure notre liberté contractuelle façon Rousseau : « nous dépendons entièrement de la reconnaissance de notre réalité par les autres, qui eux-mêmes exigent de nous que nous reconnaissions la leur. »... Reste, si l'on en accepte les présupposés, une ouverture d'esprit et le goût d'une liberté paradoxale... 


Paul Watzlawick (1921-2007)
C’est peu après la création du Mental Research Institute (MRI) par Jackson que Watzlawick se joint au groupe (1960). Né à Villach (Autriche), psychologue, psychothérapeute, psychanalyste jungien et sociologue au parcours hétéroclite (Université Ca' Foscari  de Venise, 1949, Carl Jung Institute de Zurich, 1954, University of El Salvador, Stanford University...), mais surtout connu en tant que membre fondateur de la fameuse Ecole de Palo Alto, et au sein de celle-ci, théoricien de la communication, promoteur de la « thérapie brève »,  et d'un constructivisme jugé radical, Paul Watzlawick possède une capacité de synthèse, non dénuée d'humour, une capacité d'imagination et une pratique du raccourci qui lui permet de pousser au-delà des limites parfois du raisonnable une vision atypique, limites que n'osait pas franchir par exemple un Gregory Bateson, enraciné dans les organisations réelles et son expérience d'ethnologue. Sa démarche allie constamment approche théorique, nourrie par la philosophie du langage et la logique, et souci de mise en oeuvre "thérapeutique" ou de pratique sociale, immédiate et concrète : que l'on pense à ses publications bien connues telles que "Faites vous-mêmes votre malheur" (The Situation Is Hopeless but Not Serious: The Pursuit of Unhappiness, 1983), "Comment réussir à échouer" (Ultrasolutions, 1986)...

 

Paul Watzlawick, J. H. Beavin et Donald D. Jackson, "Une logique de la communication"

(An Anthology of Human Communication, Text and Tape, 1964)
L'école dite de Palo Alto propose une approche systémique de la communication : "La communication est une condition sine qua non de la vie humaine et de l’ordre social." Premier principe : l'individu n'existe pas isolément, il est un élément de systèmes de communications plus larges au sein desquels "le comportement de chacun est lié au comportement de tous et en dépend". Second principe : « you cannot not communicate, every behavior is a kind of communication », nous sommes dans un système de communication permanent, nous ne pouvons ne pas communiquer, le silence ou le non verbal sont de la communication, et influence au même titre que le verbal le comportement des uns et des autres. Troisième principe : il existe une "métacommunication", une communication sur la communication sans laquelle une "bonne" communication serait impossible.
Une théorie n'est jamais développée loin d'une expérimentation et d'implications pratiques dans les courants de pensée américains. Cette nouvelle psychologie de la communication débouche sur la problématique des "pathologies de la communication", et donc, en retour, sur la construction de thérapies correspondantes.
Dans ce cadre, il n'existe pas de "maladies mentales", et les dysfonctionnements psychologiques ou de comportement ne sont pas à rechercher dans l'histoire individuelle ou dans un pseudo inconscient. Les pathologies de comportement résultent fondamentalement de dysfonctions de la communication. L'une des "pathologies", évoquée avec Gregory Bateson, est la fameuse "double bind", double contrainte ou injonction paradoxale, qui enferme l'individu dans un message qui porte sa propre négation (le conseil bien connu et souvent cité du "sois naturel!" : suivre ce conseil, c'est en fait le transgresser). La thérapie consiste alors à faire prendre conscience au "patient" du dilemme dans lequel il s'est englué pour le placer face au choix volontaire de s'en libérer.

 

Paul Watzlawick, J. Weakland et R. Fisch, "Changements : paradoxes et psychothérapie"

(Change. Principles of Problem Formation and Problem Resolution, 1974)
"Changements, paradoxes et psychothérapie. Comment, dans les relations humaines, les impasses apparaissent-elles ? Qu’est-ce qui fait que, souvent, nos tentatives de provoquer un changement ne font que nous emmurer dans un jeu sans fin ? Il y a des changements qui ne sont que source de la permanence. Dire  » plus ça change, plus c’est la même chose  » équivaut, si l’on prend les choses par l’autre bout, à affirmer que ça change quand on s’y attend le moins. La technique ici proposée se situe délibérément à la surface : barrer le pourquoi ? – question qui porte sur les causes  » profondes  » – pour mettre en avant le quoi ? interrogeant une situation ici et maintenant. Un chemin s’est frayé dans la forêt des paradoxes humains, qui va de Russell, Wittgenstein et Bateson à Groucho Marx. Entre la logique et l’humour, une thérapie est mise en place qui ne prétend point guérir autre chose que notre rapport présent à autrui. Ce livre, écrit par trois personnalités marquantes du Mental Research Institute, est l’un des ouvrages fondateurs de l’école dite de Palo-Alto." (Editions du seuil)

« J’ai considéré une grande partie de mon activité thérapeutique comme une façon de faciliter l’apparition des courants de changement qui tourbillonnaient dans le patient et l’intérieur de sa famille. Il s’agit de courants qui ont besoin d’un geste thérapeutique « inattendu », « illogique » et soudain pour émerger », écrit M.H.Erikson en introduction.

« Ce livre, poursuit Watzlawick, ne fait essentiellement que donner à des pensées séculaires des formulations nouvelles. Si nous avions les compétences requises, nous pourrions l'avoir construit sur une base historique, plutôt que clinique, et avoir mis l'accent sur les relations internationales, plutôt que sur les relations personnelles. La politique, la diplomatie et la guerre connaissent depuis des millénaires l'efficacité des solutions surprenantes, apparemment contraires au bon sens.."
« La vie deviendrait horriblement compliquée si on ne pouvait mettre en réserve des solutions ou des adaptations réussies pour pouvoir les appliquer à nouveau à l'avenir. Mais ces solutions deviennent de terribles simplifications, répétons-le, si on ne prend pas en considération le fait que les circonstances évoluent sans cesse et que les solutions doivent changer au même rythme".

 

Paul Watzlawick , « Les Cheveux du Baron de Münchhausen. Psychothérapie et Réalité »,

(Munchausen's Pigtail and other Essays, 1990)
« Le baron de Münchhausen, d’après la légende, se prit lui-même par les cheveux pour se sauver, ainsi que son cheval, de la noyade. Est-il possible, à son exemple, de se tirer ou de tirer quelqu’un d’autre de quelque intenable situation et de voir la vie avec des yeux nouveaux ?  Telle est la question à laquelle Paul Watzlawick veut répondre dans ce livre, clair et attrayant. Il nous montre comment nous pouvons changer notre perspective sur la réalité au lieu de nous enfermer dans une vision limitée et rigide ; il pose les bases d’une science paradoxale du changement, et décrit de façon minutieuse et fouillée le modèle théorique qui sous-tend la pratique de l’Institut de Palo Alto. » (Editions du Seuil). Une citation à retenir, emblématique de l’orientation de l’auteur : « Celui qui désespère de l'absurdité du monde est toujours prisonnier d'une illusion : celle de croire qu'il doit exister un sens qui, en réalité, n'existe pas ».

 

Paul Watzlawick (dir), "L'invention de la réalité, contributions au constructivisme"

(Die Erfundene Wirklichkeit. Wie wissen wir, was wir zu wissen glauben?, 1981, 1985)
"Ce livre collectif marque une étape importante dans la réflexion de l’école dite de Palo Alto, car il élabore de façon rigoureuse l’épistémologie constructiviste sous-jacente à sa pratique thérapeutique. Nous construisons le monde, alors que nous pensons le percevoir. Ce que nous appelons « réalité » est une interprétation, construite par et à travers la communication. Un patient est donc enfermé dans une construction systématisée, et la thérapie va tenter de changer cette construction. On mesure l’importance de ce pas théorique : en lui sont déjà introduits les développements ultérieurs de la thérapie systémique. On sait que celle-ci s’éloignera de plus en plus d’une épistémologie de la vérité en formulant son objectif comme le remplacement d’une construction du monde pathogène par une autre construction, plus saine et plus viable." (Editions du Seuil)

"..il n'est pas nécessaire d'explorer très profondément la pensée constructiviste pour se rendre compte qu'elle mène inévitablement à l'affirmation que l'être humain - et l'être humain seulement - est responsable de sa pensée, de sa connaissance, et donc de ce qu'il fait. Aujourd'hui, alors que les béhavioristes sont encore résolus à rejeter toute responsabilité sur l'environnement, et que les sociobiologistes essaient d'en placer une bonne partie dans les gènes, une doctrine peut en effet paraître inconfortable si elle avance que nous n'avons personne d'autre à remercier que nous-mêmes pour le monde dans lequel nous pensons vivre. Et c'est précisément ce que le constructivisme se propose d'affirmer - mais il affirme bien plus encore : nous construisons la plus grande partie de ce monde inconsciemment, sans nous en rendre compte, simplement parce que nous ne savons pas comment nous le faisons..."

 

Paul Watzlawick, "La réalité de la réalité. Confusion, désinformation, communication"

(How real is real? Communication, Desinformation, Confusion, 1976)
"De la réalité chacun se fait son idée. Dans les discours scientifique et politique, dans les conversation de tous les jours, nous renvoyons en dernière instance au référent suprême : le réel. Mais où est donc ce réel ? Et surtout, existe-t-il réellement ? « De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu’il n’existe qu’une seule réalité. En fait, ce qui existe, ce sont différentes versions de la réalité, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes l'effet de la communication et non le reflet de vérités objectives et éternelles." La réalité n’est donc , selon Paul Watzlawick, que la résultante des compromis, détours et aveuglements réciproques, à travers quoi passe l’information : la somme des confusions, désinformations et communications qui surgissent entre êtres parlants. L'auteur donne ici, de sa "Pragmatique de la communication", un vaste éventail d’illustrations aussi diverses qu’étonnantes : situations tirées d'oeuvres littéraires, mots d'esprit, vie politique internationale, traductions, jeux, devinettes, enquête criminelle, psychologie des masses, psychothérapie.." (Editions du Seuil)

"La survie des êtres vivants dépend de l'information convenable ou non qu'ils reçoivent sur leur environnement. Le mathématicien Norbert Wiener a émis l'hypothèse qu' on peut considérer le monde comme une myriade de messages "à toutes fins utiles". L'échange de tous ces messages forme ce que nous appelons la communication. Quand l'un de ces messages est altéré, laissant ainsi le destinataire dans un état d'incertitude, il en résulte une confusion qui provoque des émotions allant, selon les circonstances, du simple désarroi jusqu'à l'angoisse prononcée. Il est évident que dès qu'il s'agit des relations et de l'interaction humaines, il est particulièrement important de favoriser la compréhension et de réduire la confusion."


« De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu'il n'existe qu'une seule réalité. En fait ce qui existe, ce ne sont que différentes versions de celle-ci dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes des effets de la communication, non le reflet de vérités objectives et éternelles".


"La plupart d’entre nous sont engagés dans une interminable quête du sens et tendent à imaginer l’action d’un expérimentateur secret derrière les vicissitudes plus ou moins banales de notre vie quotidienne. Peu d’entre nous sont capables de l’égalité d’esprit du Roi de Cœur dans Alice au pays des merveilles, qui parvient à assimiler le poème absurde du Lapin Blanc par cette remarque de philosophe : « S’il n’a pas de sens, cela nous débarrasse de bien des soucis, vous savez. De cette façon, nous ne nous fatiguerons pas à chercher à comprendre."


"Nous avons déjà atteint un stade où nos progrès scientifiques et technologiques laissent notre maturité morale loin derrière. La disponibilité soudaine d’un savoir largement supérieur, en propulsant notre planète des milliers d’années en avant, sans le bénéfice d’une assimilation cohérente et progressive de toutes les étapes intermédiaires ayant amené ces résultats, peut avoir des conséquences véritablement malheureuses. L’expérience clinique nous apprend que la soudaine confrontation avec des informations d’une dimension insoutenable, à l’un ou l’autre de deux effets : ou bien la victime ferme son esprit à la nouvelle réalité et se conduit comme si elle n’existait pas, ou bien elle prend congé de la réalité tout entière. Le second choix est l’essence de la folie."