Metaphysical Notes - Judaism - Judaïsme -Judaïsme orthodoxe (XIIIe av.JC, ashkénaze) - Judaïsme séfarade (Xe av.JC, péninsule ibérique) - Judaïsme hassidique (1740, Ukraine) -  Moïse Maïmonide (1135-1204) - Isaac Luria (1534-1572) - Moïse Mendelssohn (1729-1786) …

Last update: 02/02/2019

Le Judaïsme est la plus ancienne des trois religions monothéistes majeures originaires du Moyen-Orient (2000 av.JC), les deux autres étant le Christianisme et l'Islam. La dialectique de la Révélation et de la Tradition est l'une des grandes spécificités du judaïsme. Le peuple juif se considère comme le peuple élu, celui dont le destin est l'émanation du projet divin dans l'Histoire. Cette conception implique que la Tradition ne soit pas pensée seulement comme un contenu fini, à conserver et à transmettre fidèlement, mais aussi comme un contenu en développement, car il s'agit de rendre la Révélation adéquate aux états successifs de l'Histoire. D'où un mouvement perpétuel entre Révélation et Tradition. Mais le monothéisme mis en oeuvre dans le Judaïsme, exacerbé dans sa mystique, la Kabbale, est fondamentalement différent du Christianisme ou de l'Islam. Trois notions l'inspirent, l'exil d'un peuple, le peuple juif, des étapes de transgressions collectives de la Loi divine, et surtout la place de l'être humain face à Dieu: l'être humain mis en position de co-création avec Dieu, Dieu a besoin de celui-ci pour tenter de retrouver une unité perdue…

Toutes les religions qui naquirent dans l'Orient ancien furent polythéistes, et la religion des Hebreux ne devint-elle fidèle à un Dieu unique qu'après de fréquents retours à l'idolâtrie. Ces religions ne sont pas révélées, n'ont pas un commencement absolu comme celle de Yahvé qui s'établit par une Révélation faite à Abraham et à Moïse. L'ère des patriarches, d'Abraham, de son fils Isaac et de son petit-fils Jacob, débute en 2000-1500 av. notre ère, et Moïse guide son peuple captif en Egypte vers la terre promise de Canaan vers 1300 av. notre ère. Auparavant, c'est vers 3000 av. notre ère qu'une Egypte unifiée établit le culte d'un pharaon divin et vers 2000 que les Textes des pyramides évoquent une ancienne croyance égyptienne en la vie après la mort et que la première dynastie babylonienne en Mésopotamie élabore une mythologie complexe écrite dans l'Enuma Elish. Toutes ces religions sont anthropomorphes, leurs dieux ont corps et visage humains, leurs cosmogonies partent d'un chaos primitif qui porte en son sein la puissance divine et qui va s'incarner progressivement dans des dieux individualisés, expressions de forces naturelles. Et si les Egyptiens manifestent le respect total que méritent les dieux tout-puissants, les Orientaux, Mésopotamiens et Cananéens, y ajoutent l'expression de la crainte, leurs textes, les premiers, nomment le "péché" de l'homme. Vers 1500, le monde porte trace de traditions religieuses bien établies dans de nombreuses régions. Alors que les bases du judaïsme se mettent en place, le panthéon de la mythologie grecque s'est construit à partir de la culture minoenne (Crète), les peuples scandinaves ont développé une mythologie nordique, le zoroastrisme s'est établi en Perse, la tradition védique s'est constituée en Inde....

"Maintenant, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon bien propre parmi tous les peuples" (Exode 19:5) - L'Alliance, l'Alliance de Dieu avec Israël, est le concept central du judaïsme. L'Alliance d'Abraham désigne spécifiquement les Hébreux, peuple de Moyen-Orient, comme le peuple élu de Dieu, et alliance renouvelée par l'intermédiaire de Moïse. L'Alliance définit la raison d'être de chaque individu juif dans le monde, son lien avec le peuple juif à travers le temps. Tout au long de leur histoire, les Juifs essayèrent de comprendre pourquoi Dieu les avait choisi et les conséquences de ce choix sur leur place dans le monde. La diaspora traduit bien cet étrange et singulier destin. La première inscription mentionnant "Israël" en tant que peuple a été gravée aux alentours de 1200 av. note ère, période durant laquelle la région était sous domination égyptienne. Au VIe siècle avant notre ère, les Hébreux furent contraints à l'exil vers Babylone. La Bible hébraïque fut rédigée en grande partie durant cette période d'exil. Elle fixe par écrit l'histoire du peuple israélite et l'origine de ses croyances religieuses. La première partie de la Bible hébraïque, appelée Torah ou Pentateuque, raconte la création du monde par Dieu et son alliance avec Israël. Les Hébreux s'installèrent au pays de Canaan sur ordre de Dieu qui, en reconnaissance de la loyauté d'Abraham, lui promit de lui accorder une nombreuse descendance. En signe de ce pacte, Abraham et tous les membres de sexe masculin de son foyer seraient circoncis. Abraham eut deux fils, Ismaël et Isaac. Dieu bénit Ismaël, lui promettant qu'il serait le père d'une grande nation, mais c'est à Isaac que Dieu apparut directement, faisant de lui l'héritier de l'Alliance. C'est de même Isaac qui faillit être sacrifié par son père lorsque Dieu voulut éprouver la loyauté d'Abraham. Isaac transmit à son tour l'Alliance à son fils, Jacob, qui reçut de Dieu le nom "Israël" et légua l'Alliance à toute sa descendance. Les familles des 12 fils de Jacob deviennent les 12 tribus d'Israël...

"Si tu écoutes la voix de l'Éternel ton Dieu; si tu t'appliques à lui plaire; si tu es docile à ses préceptes et fidèle à toutes ses lois, aucune des plaies dont j'ai frappé, l'Égypte ne t'atteindra, car moi, l'Éternel, je te préserverai." (Exode, 15:26) -  Selon la Torah, quand la famine frappa le pays de Canaan, Jacob et ses fils émigrèrent en Egypte où leurs descendants furent réduits à l'esclavage. Plusieurs générations plus tard, alors que la population hébraïque en Egypte augmentait, Dieu choisit Moïse, un Israélite élevé à la cour égyptienne, pour libérer son peuple et le ramener au pays de Canaan. De nombreux miracles favorisèrent la fuite hors d'Egypte (l'Exode) : Dieu frappa les Egyptiens de dix plaies, transformant l'eau du Nil en sang, un immense nuage de sauterelles dévorant toutes les plantations, une obscurité épaisse et palpable enveloppant le pays et tous les premiers-nés de l’Égypte succombant, et ouvrit les eaux de la mer Rouge pour que les Hébreux puissent la traverser. La rédemption d'Israël au cours de ce périple transparaît dans la deuxième partie de l'Exode…

"La nuée couvrit la Tente du Rendez-vous et la gloire de Yahvé remplit la Demeure" (Exode 40,34) - Avant d'atteindre le pays de Canaan, qui correspond à peu près aux territoires d'Israël et de la Palestine actuels, Dieu conduisit son peuple au pied d'une montagne, Sinaï ou Horeb. Moïse gravit cette montagne pour parler à Dieu et une nouvelle Alliance fut établie, rappelant que Dieu (YHWH) avait sauvé Israël et que celui-ci devait respecter les commandements transmis à Moïse, gravés sur deux tablettes de pierre. Dans un accès de colère, Moïse brisa ces tablettes quand il découvrit qu'en son absence les Hébreux avaient conçu un faux dieu, un veau d'or. Il retourna sur le mont Sinaï pour faire graver de nouvelles tablettes qui furent placées dans un coffre, l'arche d'alliance. Les commandements les plus connus de cette alliance sont les dix commandements (le Décalogue), qui interdit notamment l'adoration d'autres dieux, la représentation de Dieu sous forme physique, prescrit un jour de repos sacré hebdomadaire (le shabbat), interdit le meurtre ou l'adultère. La Torah contient de nombreuses autres lois et commandements qui couvrent de nombreux aspects de la vie et encadrent le comportement des individus. Le Talmud enseigne qu’il y a 613 commandements dans la Torah, 248 Commandements Positifs (« fais ») et 365 Commandements Négatifs (« ne fais pas »). Les juifs traditionnels respectent absolument le shabbat, les fêtes et les lois alimentaires, et soutiennent que le statut d'appartenance à l'alliance se transmet suivant la lignée maternelle, un statu auquel on ne peut échapper. Le dernier livre de la Torah, le Deutéronome, décrit une troisième alliance, établie au pays de Moab (la Jordanie), avant d'atteindre la terre de Canaan, dernier discours de Moïse avant qu'il ne meurt sans avoir pu atteindre la terre promise. Certains passages de la Torah citent l'exil dans liste des malédictions qui s'abattront sur les Hébreux s'ils enfreignent les alliances du Sinaï et du Moab.

(Torah, Exode (Chemot), Chapitre 32)
"Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s'attroupa autour d'Aaron et lui dit: "Allons! fais-nous un dieu qui marche à notre tête, puisque celui-ci, Moïse, l'homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu."
Aaron leur répondit: "Détachez les pendants d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles et me les apportez."
Tous se dépouillèrent des pendants d'or qui étaient à leurs oreilles et les apportèrent à Aaron.
Ayant reçu cet or de leurs mains, il le jeta en moule et en fit un veau de métal; et ils dirent: "Voilà tes dieux, ô Israël, qui t'ont fait sortir du pays d'Égypte!"
voyant, Aaron érigea devant lui un autel et il proclama: "A demain une solennité pour l'Éternel!"
Ils s'empressèrent, dès le lendemain, d'offrir des holocaustes, d'amener des victimes rémunératoires; le peuple se mit à manger et à boire, puis se livra à des réjouissances.
Alors l'Éternel dit à Moïse: "Va, descends! car on a perverti ton peuple que tu as tiré du pays d'Égypte!
De bonne heure infidèles à la voie que je leur avais prescrite, ils se sont fait un veau de métal et ils se sont courbés devant lui, ils lui ont sacrifié, ils ont dit: ‘Voilà tes dieux, Israël, qui t'ont fait sortir du pays d'Égypte!’"
L'Éternel dit à Moïse: "Je vois que ce peuple est un peuple rétif.
Donc, cesse de me solliciter, laisse s'allumer contre eux ma colère et que je les anéantisse, tandis que je ferai de toi un grand peuple!"
Mais Moïse implora l'Éternel son Dieu, en disant:" Pourquoi, Seigneur, ton courroux menace-t-il ton peuple, que tu as tiré du pays d'Égypte avec une si grande force et d'une main si puissante?
Faut-il que les Égyptiens disent: ‘C'est pour leur malheur qu'il les a emmenés, pour les faire périr dans les montagnes et les anéantir de dessus la face de la terre!’ Reviens de ton irritation et révoque la calamité qui menace ton peuple.
Souviens-toi d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, tes serviteurs, à qui tu as juré par toi-même leur disant: Je ferai votre postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel; et tout ce pays que j'ai désigné, je le donnerai à votre postérité, qui le possédera pour jamais!"
L'Éternel révoqua le malheur qu'il avait voulu, infliger à son peuple.
Moïse redescendit de la montagne, les deux tables du Statut à la main, tables écrites sur leurs deux faces, d'un côté et de l'autre.
Et ces tables étaient l'ouvrage de Dieu; et ces caractères, gravés sur les tables, étaient des caractères divins.
Josué, entendant la clameur jubilante du peuple, dit à Moïse: "Des cris de guerre au camp!"
Moïse répondit: "Ce n'est point le bruit d'un chant de victoire, ce n'est point le cri annonçant une défaite; c'est une clameur affligeante que j'entends!"
Or, comme il approchait du camp, il aperçut le veau et les danses. Le courroux de Moïse s'alluma; il jeta de ses mains les tables et les brisa au pied de la montagne.
Puis il prit le veau qu'on avait fabriqué, le calcina par le feu, le réduisit en menue poussière qu'il répandit sur l'eau et qu'il fit boire aux enfants d'Israël.
Moïse dit à Aaron: "Que t'avait fait ce peuple, pour que tu l'aies induit à une telle prévarication?"
Aaron répondit: "Que mon seigneur ne se courrouce point; toi-même tu sais combien ce peuple est prompt au mal.
Ils m'ont dit: ‘Fabrique-nous un dieu qui marche à notre tête, puisque celui-ci, Moïse, l'homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu.’
Je leur ai répondu: ‘Qui a de l'or?’ et ils s'en sont dépouillés et me l'ont livré; je l'ai jeté au feu et ce veau en est sorti."
Moïse vit que le peuple était livré au désordre; qu'Aaron l'y avait abandonné, le dégradant ainsi devant ses ennemis
et Moïse se posta à la porte du camp et il dit: "Qui aime l'Éternel me suive!" Et tous les Lévites se groupèrent autour de lui.
Il leur dit: "Ainsi a parlé l'Éternel, Dieu d'Israël: ‘Que chacun de vous s'arme de son glaive! passez, repassez d'une porte à l'autre dans le camp et immolez, au besoin, chacun son frère, son ami, son parent!’
Les enfants de Lévi se conformèrent à l'ordre de Moïse; et il périt dans le peuple, ce jour-là, environ trois mille hommes.
Moïse dit: "Consacrez-vous dès aujourd'hui à l'Éternel, parce que chacun l'a vengé sur son fils, sur son frère et que ce jour vous a mérité sa bénédiction."
Puis le lendemain, Moïse dit au peuple: "Pour vous, vous avez commis un grand péché! Et maintenant, je vais monter vers le Seigneur, peut-être obtiendrai-je grâce pour votre péché."
Moïse retourna vers le Seigneur et dit: "Hélas! Ce peuple est coupable d'un grand péché, ils se sont fait un dieu d'or;
et pourtant, si tu voulais pardonner à leur faute!... Sinon efface-moi du livre que tu as écrit."
Le Seigneur répondit à Moïse: "Celui qui a prévariqué envers moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre.
Et maintenant va, conduis ce peuple où je t'ai dit; mon envoyé te précédera. Mais le jour où j'aurai à sévir, je leur demanderai compte de ce péché."
Ainsi l'Éternel châtia le peuple, comme auteur du veau qu'avait fabriqué Aaron."

Le texte dénommé «Dix Commandements» ou «Tables de la loi», qui fut  présenté par Moïse au peuple rassemblé sur deux pierres distinctes, la première pierre sur laquelle étaient gravées les cinq premières lois (les lois envers Dieu) et la seconde sur laquelle étaient gravées les cinq suivantes (les lois envers son prochain), sont la base de la vie juive et lus à deux reprises dans les synagogues, pendant la semaine de la paracha Yitro et lors de la fête de Chavouot, car on célèbre ce jour-là la date anniversaire du don de la Torah…

Alors Dieu prononça toutes ces paroles, savoir :
(1) Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage.
(2) Tu n'auras point d'autre dieu que moi. Tu ne te feras point d'idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, tu ne les adoreras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui poursuis le crime des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération, pour ceux qui m'offensent ; et qui étends ma bienveillance à la millième, pour ceux qui m'aiment et gardent mes commandements.
(3) Tu n'invoqueras point le nom de l'Éternel ton Dieu à l'appui du mensonge ; car l'Éternel ne laisse pas impuni celui qui invoque son nom pour le mensonge.
(4) Pense au jour du Chabbat pour le sanctifier. Durant six jours tu travailleras et t'occuperas de toutes tes affaires, mais le septième jour est la trêve de l'Éternel ton Dieu : tu n'y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes murs. Car en six jours l'Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils renferment et il s'est reposé le septième jour ; c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du Chabbat et l'a sanctifié.
(5) Respecte ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l'Éternel ton Dieu t'accordera.
(6) Ne commets point d'homicide.
(7) Ne commets point d'adultère.
(8) Ne commets point de vol.
(9) Ne rends point contre ton prochain un faux témoignage.
(10) Ne convoite pas la maison de ton prochain ; ne convoite pas la femme de ton prochain, son esclave ni sa servante, son bœuf ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain.

"Avant moi aucun dieu n'a été formé et après moi il n'y en aura pas" (Isaïe 43:10) - Au Xe sècle, entre 1005 et 965, à la mort de Saül, règne le roi David, un roi qui joue un rôle clé dans l'unification de son peuple et dans sa défense contre les Philistins, mais aussi un roi porté par Dieu et assumant le premier rôle de "messie" premier livre et deuxième de Samuel, début du Premier livre des Rois). Fils de David et de Bethsabée, Salomon apporte de  970 à 931 un règne de paix et d'abondance, c'est le temps de la rédaction des Proverbes, du Cantique des Cantiques, et de l'Ecclésiaste, mais aussi le temps de l'infidélité croissante à Dieu. A la fin du Xe siècle av. notre ère (933), les Israélites se divisent en deux royaumes, les tribus du sud forment le royaume de Juda et celles du nord le royaume d'Israël, et le culte de Yahweh prend des formes différentes entre ces deux royaumes livrés à l'instabilité.

En 722 av. notre ère, les Assyriens conquièrent le royaume septentrional d'Israël et exilent sa population, la majeure partie des dix tribus qui vont perdre dans cet exil leur cohésion. Environ 130 ans plus tard, en 586, les Babyloniens soumettent la partie sud, le royaume de Judah, détruisent le temple de Jérusalem et mettent fin à la dynastie de David. Mais ces deux tribus du royaume de Judah conservèrent dans l’exil leur identité propre et la nostalgie du pays.
En 538 av. notre ère, un décret de Cyrus, empereur de Perse, la terre du zoroastrisme, met fin à l'exil des Juifs en Babylone. Cette fin de l'exil confirme les visions des prophètes qui se sont succédés dès l'apparition des premiers rois d'Israël. Et c'est lors de ce retour d'exil que s'exprime le prophète Isaïe, le second Isaïe, interprétant cet évènement comme une punition d'Israël pour ses péchés, et annonçant enfin une expiation et la véritable instauration du monothéisme. Le "cantique de la mer" proclame dans le livre de l'Exode (Exode 15:1-18) la suprématie de YHWH sur les autres dieux et, vers 622 av. notre ère, Josias, roi de Juda, abolit le culte d'autres dieux que YHWH.

 

La Bible hébraïque (Tanakh) comporte trois grands livres, la Torah (Pentateuque), les écrits de prophètes (Nebi’im) et les écrits divers (Kétouvim). La première partie du Tanakh, la Torah, conte la génèse du monde, puis l’histoire du peuple juif depuis Abraham jusqu’à la construction du Second Temple de Jérusalem, autrement dit les origines et la naissance du judaïsme. La Torah contient aussi de nombreuses lois, comme les Dix Commandements, le repos du Chabbat, les règles de la cacherout… Parmi les Kétouvim, cinq livres sont écrits traditionnellement sur des rouleaux de parchemin pour être lus à la synagogue à l’occasion de certaines fêtes, les ’Hamech Méguilot (les « cinq rouleaux »), comme par exemple la méguila d’Esther qui est lue à Pourim, ou de nombreux psaumes chantés pendant les offices à la synagogue.

La canonicité de la Bible hébraïque a été définitivement fixée à la fin du Ie siècle apr. notre ère. Les rabbis de l'école de Yabné (Iamnia), en Palestine, autour de Rabbi Johanan ben Zakkai, - témoin par ailleurs de la prise de Jérusalem et de la destruction de son Temple par l'armée romaine de Titus, fils de l'empereur Vespasien -, ne retinrent que les livres en hébreu et en araméen, à l'exclusion des textes tardifs rédigés en grec. La fixation du texte excluait alors les voyelles : du VIIIe au Xe siècle, le travail des "massorètes", ou annotateurs, réintroduisit la vocalisation pour éviter les interprétations erronées. Ce travail fut principalement mené par les massorètes de Tibériade, près de la mer de Galilée, patrie de la célèbre famille des Ben Asher (en hébreu, "tradition" se dit masorah ou masorèth). Le judaïsme subissait alors une certaine emprise du rabbinisme, la rédaction du Talmud et les interprétations rabbiniques de la loi orale tendaient à reléguer le texte biblique au second plan. Mais dès le IIIe siècle, la présence de communautés juives dans les pays de langue grecque nécessitera des traductions :  la fameuse Septante est une traduction de la Bible hébraïque en koinè grecque, réalisée par 72 traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., à la demande de Ptolémée II...

Tout Juif participe à deux évènements durant l'année, "Roch Hachana", le Nouvel An juif, qui commémore la fin de la Génèse et la création d’Adam et Ève, et "Yom Kippour", qui marque le moment où le Enfants d'Israël obtinrent le pardon divin total après avoir adoré le Veau d'or. Yom Kippour est "le Jour d’Expiation", le jour le plus saint de l’année pour le judaïsme, un  jour de jeûne précédé par dix Jours de Repentance : "comment les Juifs pourront-ils expier leurs fautes ?", répète-t-on après David. Puis vient le temps de la fête, Soukkot et Sim’hat Torah...
Le Psaume 27 est récité tout au long de ses Fêtes solennelles et marque cet instant de communion avec Dieu qui permet, pour un temps, de penser en toute pureté...

27, De David.
1 L'Eternel est ma lumière et mon salut: de qui aurais-je peur? L'Eternel est le soutien de ma vie: qui devrais-je redouter?
2 Quand des méchants s'avancent contre moi pour faire de moi leur proie, ce sont eux, mes persécuteurs et mes ennemis, qui trébuchent et tombent.
3 Si une armée prend position contre moi, mon coeur n'éprouve aucune crainte. Si une guerre s'élève contre moi, je reste malgré cela plein de confiance.
4 Je demande à l'Eternel une chose, que je désire ardemment: je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Eternel, pour contempler la beauté de l'Eternel et pour admirer son temple,
5 car il me protégera dans son tabernacle, le jour du malheur, il me cachera sous l'abri de sa tente, il m'élèvera sur un rocher.
6 Déjà ma tête se dresse au-dessus des ennemis qui m'entourent. J'offrirai des sacrifices dans sa tente avec des cris de joie, je chanterai, je célébrerai l'Eternel.
7 Eternel, écoute ma voix, car je fais appel à toi, aie pitié de moi et exauce-moi!

8 Mon coeur dit de ta part: «Recherchez-moi!» Je te recherche, Eternel!
9 Ne me cache pas ton visage, ne repousse pas avec colère ton serviteur! Tu es mon secours: ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut! 1

0 Même si mon père et ma mère viennent à m'abandonner, l'Eternel m'accueillera.
11 Eternel, enseigne-moi ta voie, conduis-moi dans le sentier de la droiture, à cause de mes ennemis.
12 Ne me livre pas à la merci de mes adversaires, car de faux témoins s'attaquent à moi, des hommes qui ne respirent que la violence.
13 Oh! si je n'étais pas sûr de voir la bonté de l'Eternel au pays des vivants…

14 Espère en l'Eternel! Fortifie-toi et que ton coeur s'affermisse! Espère en l'Eternel!

"Le cinquième jour du quatrième mois de la trentième année, alors que j'étais en exil près de la rivière Kebar, les cieux s'ouvrirent et j'eus une vision de Dieu" (Ezéchiel) - Les écrits des prophètes (Nebi’im) ont insufflé un singulier  souffle visionnaire à l'histoire des Hébreux, un prophétisme qui parle au nom de Dieu et qui possède cette particularité de dénoncer toutes les dérives, et notamment celle de l'injustice, des excès du pouvoir monarchique et de l'idolâtrie, un prophétisme qui porte toute la trame d'espérance du judaïsme naissant. Et c'est dans cette seule deuxième partie que s'exprime l'idée de cette nouvelle Alliance qu'incarnera le Christ.
Une première vague accompagne les premiers rois d’Israël, vers le IXe  siècle av. notre ère, tels Élie, Élisée, Samuel, Nathan, Gad, des prophètes qui n’ont pas laissé d’écrits au contraire de la vague suivante, à qui l’on a attribué oracles et livres bibliques, des écrits recueillis, complétés et annotés par des disciples au long de plusieurs siècles. Élie est, après Moïse, le plus connu des prophètes et l’un des plus présents dans le quotidien des Juifs.
On distingue les "grands prophètes" qu'incarnent Isaïe (VIIIe), qui parle d'égal à égal avec les puissants, Jérémie (650-587), le prophète du dialogue avec Dieu et qui a vécu le drame de la destruction de Premier Temple de Jérusalem, Ezéchiel (627-570), célèbre pour ses visions et ses attitudes, et qui ne cesse de croire au renouveau d'Israël, puis deux Livres rattachés à Daniel et à Baruch, enfin un groupe de douze prophètes considérés comme mineurs, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie. Après l’exil, les prophètes jouent un rôle secondaire, plus soucieux de réorganiser la vie de la communauté à Jérusalem autour du Temple. Le prophétisme disparaît d’Israël autour du IIIe  siècle av. notre ère : d’après le livre des Maccabées, l’esprit ne souffle plus chez les prophètes (9, 27). Pourtant, les périodes de domination, d'exil, de massacre à l'encontre d'Israël ne cesseront pas, de la domination romaine de 70 à 135 aux pogroms de 1881-1920, à l'aube de la terrible et tragique Shoah de 1938-1945...

Neviim (prophètes), Ézéchiel (Ye'hezkel), chapitre 1
"C'était dans la trentième année, le cinquième jour du quatrième mois; tandis que je me trouvais avec les exilés près du fleuve de Kebar, le ciel s'ouvrit et je vis des apparitions divines.
Le cinq du mois, c'était la cinquième année après l'exil du roi Joïachin,
la parole de l'Eternel fut adressée à Ezéchiel, fils de Bouzi, le prêtre, au pays des Chaldéens, près du fleuve de Kebar; là, la main du Seigneur se posa sur lui.
Or, je vis soudain un vent de tempête venant du Nord, un grand nuage et un feu tourbillonnant avec un rayonnement tout autour, et au centre, au centre du feu, quelque chose comme le hachmal.
Et au milieu l'image de quatre Haïot ; et voici leur aspect, elles avaient figure humaine.
Chacune avait quatre visages et chacune quatre ailes.
Leurs pieds étaient des pieds droits; la plante de leurs pieds était comme celle d'un veau et ils étincelaient comme de l'airain poli.
Et des mains d'hommes apparaissaient sous leurs ailes des quatre côtés; et les quatre avaient leurs visages et leurs ailes.
Joignant leurs ailes l'une à l'autre, elles ne se retournaient pas dans leur marche, chacune allait droit devant elle.
Quant à la forme de leurs visages, elles avaient toutes quatre une face d'homme et à droite une face de lion, toutes quatre une face de taureau à gauche et toutes quatre une face d'aigle.
Et leurs faces et leurs ailes étaient éployées vers le haut; elles en avaient deux jointes ensemble, et deux recouvraient leur corps.
Chacune allait droit devant elle; du côté où l'esprit dirigeait leur marche, elles allaient, sans se détourner dans leur vol.
Quant à l'aspect des Haïot, elles apparaissaient comme des charbons en feu, incandescents, comme des flambeaux; un feu circulait entre les Haïot, et ce feu avait un rayonnement et du feu sortaient des éclairs.
Et les Haïot allaient et venaient, tel l'éclair.
Et je regardai les Haïot, et voici qu'il y avait une roue à terre, près des Haïot, vers leurs quatre faces.
L'aspect des roues et leur structure ressemblaient au Tarchich; toutes quatre avaient même forme; et pour leur aspect et leur structure, c'était comme si une des roues était encastrée dans l'autre.
Elles allaient de leurs quatre côtés, quand elles se mouvaient, sans se retourner dans leur marche.
Leurs jantes étaient d'une hauteur redoutable et toutes quatre avaient leurs jantes pleines d'yeux tout autour.
Et quand les Haïot marchaient, les roues avançaient aussi avec elles, et quand les Haïot s'élevaient de terre, les roues s'élevaient aussi.
Où l'esprit voulait aller, elles allaient, et les roues s'élevaient dans le même sens qu'elles, car l'esprit de la Haïa était dans les roues.
Avec elles elles marchaient, avec elles elles s'arrêtaient; quand elles s'élevaient de terre, les roues s'élevaient comme elles; car l'esprit de la Haïa était dans les roues.
Et sur la tête de la Haïa apparaissait un firmament, comme un cristal immense qui s'étendait au-dessus de leur tête, en haut.
Et sous ce firmament leurs ailes étaient droites l'une contre l'autre, chacun en avait deux qui recouvraient le corps d'un côté et chacun deux qui le couvraient de l'autre côté.
Et j'entendais le bruit de leurs ailes, pareil, quand ils s'avançaient, au murmure d'eaux puissantes, à la voix du Tout-Puissant; un bruit tumultueux comme celui d'un campement: quand ils s'arrêtaient, leurs ailes pendaient immobiles.
Puis, il y eut une voix au-dessus du firmament qui dominait leur tête: quand ils s'arrêtaient, leurs ailes pendaient immobiles.
Et par dessus le firmament qui dominait leur tête, il y avait comme une apparence de pierre de saphir, une forme de trône, et sur cette forme de trône une forme ayant apparence humaine par-dessus.
Et je vis comme un hachmal, comme une sorte de feu entouré d'un réceptacle, depuis ce qui semblait ses reins jusqu'en haut; et depuis ce qui semblait ses reins jusqu'en bas, je vis comme un feu avec un rayonnement tout autour.
Tel l'aspect de l'arc qui se forme dans la nue en un jour de pluie, tel apparaissait ce cercle de lumière; c'était le reflet de l'image de la gloire de l'Éternel. A cette vue, je tombai sur ma face et j'entendis une voix qui parlait:
Elle me dit: "Fils de l'homme, dresse-toi sur tes pieds, que je te parle!"
Et un esprit vint en moi lorsqu'elle m'eut parlé et me dressa debout sur mes pieds, et j'entendis celui qui s'entretenait avec moi.
Il me dit: "Fils de l'homme, je t'envoie vers les enfants d'Israël, vers les peuples rebelles qui se sont révoltés contre moi; eux et leurs ancêtres ont péché contre moi jusqu'au jour où nous sommes.
Et les enfants à la face dure et au coeur opiniâtre, je t'envoie vers eux et tu leur diras: "Ainsi a dit le Seigneur Dieu."
Quant à eux, qu'ils écoutent ou qu'ils s'y refusent, car ils sont une maison de rébellion, ils sauront qu'il y avait un prophète parmi eux.
Et toi, fils de l'homme, n'aie pas peur d'eux, et de leurs paroles n'aie pas peur, si des ronces et des épines sont avec toi et si tu demeures avec des scorpions; de leurs paroles n'aie pas peur et devant eux ne tremble pas, car c'est une maison de rébellion.
Et tu leur diras mes paroles, qu'ils écoutent ou qu'ils s'y refusent, car c'est une maison de rébellion.
Et toi, fils de l'homme, écoute ce que je vais te dire: "Ne sois pas rebelle comme la maison de rébellion; ouvre la bouche et mange ce que je vais te donner."
Je regardai, et voici qu'une main se tendait vers moi et dans cette main il y avait un rouleau de livre.
Il le déroula devant moi, et le rouleau était écrit au recto et au verso et contenait des lamentations, des plaintes et des gémissements.".....

Le prophète Jérémie (Yirmeyah), prêtre du temple de Jérusalem, est de tous les prophètes celui qui rencontra le plus d'opposition voire de haine de la part de son peuple. Et s'il parvint à supporter tant de souffrances durant son existence, il devint, après sa mort, l'objet d'une grande vénération. Ici, il tente de faire prendre conscience aux hommes de leur nature de pécheur, le coeur humain est foncièrement pervers. A noter que texte massorétique est assez différent de la version de la Septante….

1 Le péché de Juda est écrit avec un style de fer, avec une pointe de diamant ; il est gravé sur la table de leurs cœurs et aux cornes de leurs autels,
2 pendant que leurs enfants se souviennent de leurs autels, de leurs ruches, près des arbres verts sur les collines élevées.
3 Ô ma montagne qui es dans le champ, je livrerai au pillage tes biens, tous tes trésors, tes hauts-lieux, à cause de tes péchés dans toutes tes frontières ;
4 tu laisseras en friche, et par ta faute, ton héritage que je t’avais donné ; je t’assujettirai à tes ennemis dans un pays que tu ne connais pas ; car vous avez allumé dans mes narines un feu, et il brûle pour jamais.
5 Ainsi dit l’Éternel : Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme, qui fait de la chair son bras, et dont le cœur se retire de l’Éternel !
6 Il sera comme un banni dans une lande, il ne verra point venir le bonheur, il occupera des lieux brûlés au désert, une terre salée et inhabitée.
7 Béni soit l’homme qui se confie en l’Éternel et dont l’Éternel est la confiance !
8 Il est comme un arbre planté au bord des eaux : il pousse ses racines vers l’eau courante, il ne craint pas quand vient la chaleur ; sa feuille reste verte ; il ne s’inquiète point dans l’année de la sécheresse et ne cesse pas de porter des fruits.
9 Le cœur est rusé plus que toute chose et très corrompu : qui le connaîtra ?
10 Moi, l’Éternel, qui sonde les cœurs et qui éprouve les reins, et cela pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses actions.
11 Une perdrix couve des œufs qu’elle n’a point pondus ; tel est l’homme qui se fait des richesses injustement ; au milieu de ses jours elles le quittent, et à sa fin il n’est plus qu’un fou.
12 Trône de gloire, éminent dès l’origine ! Lieu de notre sanctuaire !
13 Espoir d’Israël, Éternel, tous ceux qui t’abandonnent seront confondus ; ceux qui se détournent de moi seront inscrits sur la terre ; car ils ont abandonné la source des eaux vives, l’Éternel !
14 Guéris-moi, Éternel, et je serai guéri ; sauve-moi, et je serai sauvé ; car tu es ma louange !
15 Voici, ils me disent : Où est la parole de l’Éternel ? Qu’elle s’accomplisse donc !
16 Et moi, je ne me suis pas refusé à être pasteur à ta suite ; je n’ai pas désiré le jour du malheur, tu le sais ; ce qui est sorti de mes lèvres est présent devant ta face.
17 Ne deviens pas ma confusion ; tu es mon refuge au jour du malheur.
18 Que mes persécuteurs soient confondus, et que je ne sois pas confondu ; qu’eux soient brisés, et que je ne sois point brisé ; amène sur eux le jour du malheur, et brise-les d’une double brèche.
19 Ainsi m’a dit l’Éternel : Va, et place-toi à la porte des fils du peuple par où entrent et sortent les rois de Juda, et dans toutes les portes de Jérusalem,
20 et dis-leur : Écoutez la parole de l’Éternel, vous, rois de Juda, tout Juda, et vous tous, les habitants de Jérusalem, qui passez par ces portes !
21 Ainsi parle l’Éternel : Prenez garde sur vos âmes à ne pas porter des fardeaux le jour du sabbat et à ne pas les faire passer par les portes de Jérusalem ;
22 ne faites non plus sortir de vos maisons aucun fardeau le jour du sabbat ; ne faites aucune œuvre, et sanctifiez le jour du sabbat comme je l’ai ordonné à vos pères.
23 Ils n’ont point écouté ni prêté l’oreille, ils ont roidi leur cou pour ne point écouter et ne point recevoir instruction.
24 Mais si vous m’écoutez bien, dit l’Éternel, en ne faisant point passer de fardeau par les portes de cette ville au jour du sabbat, et si vous sanctifiez le jour du sabbat en ne faisant aucune œuvre ce jour-là,
25 alors par les portes de cette ville passeront des rois et des princes assis sur le trône de David, montés sur des chars et des chevaux, eux et leurs princes, les hommes de Juda et les habitants de Jérusalem, et cette ville sera habitée à jamais.
26 Et l’on viendra des villes de Juda et des environs de Jérusalem, du pays de Benjamin et de Séphéla, de la montagne et du midi, amener des holocaustes et des sacrifices, des offrandes et de l’encens, apporter des actions de grâces dans la maison de l’Éternel.
27 Mais si vous ne m’écoutez pas en sanctifiant le jour du sabbat, en ne portant point de fardeaux le jour du sabbat par les portes de Jérusalem, alors je mettrai le feu aux portes de la ville ; il dévorera les palais de Jérusalem et ne s’éteindra pas.

(Jérémie, 17)

 

 A côté de la Torah et des Prophètes, au centre desquelles Yahvé est omniprésent, on distingue une littérature sapientielle qui privilégie l'être humain, la créature humaine aux prises avec le monde, avec le mal, avec sa liberté. Le Livre de Job est l'un des chef-d'œuvre de la littérature sapientielle, élaboré par un poète israélite à partir de l'histoire populaire d'un cheik édomite qui, mis à l'épreuve par Satan, serait demeuré inébranlablement fidèle à Dieu. Le monothéisme instauré, le problème de la présence du Mal en ce monde prend toute son acuité, mais nulle réponse n'est possible, la domination de Dieu sur le monde va au-delà de toute compréhension humaine. De même que Job, L'Ecclésiaste, les Proverbes, en association avec les Psaumes, ont très tôt attiré l’attention des rationalistes du Moyen Âge car ils fournissaient un support religieux à toute discussion philosophique...

 

Job 1, 6 Le jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, le Satan aussi s'avançait parmi eux. Job 1, 7 Yahvé dit alors au Satan: "D'où viens-tu" -- "De rôder sur la terre, répondit-il, et d'y flâner." Job 1, 8 Et Yahvé reprit: "As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'a point son pareil sur la terre: un homme intègre et droit, qui craint Dieu et se garde du mal!" Job 1, 9 Et le Satan de répliquer: "Est-ce pour rien que Job craint Dieu? Job 1, 10 Ne l'as-tu pas entouré d'une haie, ainsi que sa maison et son domaine alentour? Tu as béni toutes ses entreprises, ses troupeaux pullulent dans le pays. Job 1, 11 Mais étends la main et touche à ses biens; je te jure qu'il te maudira en face" -- Job 1, 12 "Soit! dit Yahvé au Satan, tous ses biens sont en ton pouvoir. Evite seulement de porter la main sur lui." Et le Satan sortit de l'audience de Yahvé. Job 1, 13 Le jour où les fils et les filles de Job étaient en train de manger et de boire chez leur frère aîné, Job 1, 14 un messager vint dire à Job: "Tes boeufs labouraient et les ânesses paissaient à leurs côtés Job 1, 15 quand les Sabéens ont fondu sur eux et les ont enlevés, après avoir passé les serviteurs au fil de l'épée. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Job 1, 16 Il parlait encore quand un autre survint et dit: "Le feu de Dieu est tombé du ciel; il a brûlé les brebis et les pâtres jusqu'à les consumer. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Job 1, 17 Il parlait encore quand un autre survint et dit: "Les Chaldéens, divisés en trois bandes, ont fait un raid contre les chameaux et ils les ont enlevés, après avoir passé les serviteurs au fil de l'épée. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Job 1, 18 Il parlait encore quand un autre survint et dit: "Tes fils et tes filles étaient en train de manger et de boire du vin dans la maison de leur frère aîné. Job 1, 19 Et voilà qu'un vent violent a soufflé du désert. Il a heurté les quatre coins de la maison et celle-ci est tombée sur les jeunes gens, qui ont péri. Moi, le seul rescapé, je me suis sauvé pour te l'annoncer." Job 1, 20 Alors Job se leva, déchira son vêtement, se rasa la tête. Puis, tombant sur le sol, il se prosterna  Job 1, 21 et dit: "Nu, je suis sorti du sein maternel, nu, j'y retournerai. Yahvé avait donné, Yahvé a repris: que le nom de Yahvé soit béni!" ...

 

Le Talmud est une oeuvre collective rédigée par des milliers de rabbis sur plusieurs siècles, une véritable encyclopédie  du judaïsme, dans lequel des prescriptions rituelles et juridiques, souvent très anciennes, cohabitent avec des normes éthiques et religieuses. Le Talmud constitue ainsi la base de la jurisprudence à partir de laquelle ont été composés les codes de la loi juive. On distingue deux versions, le "Talmud palestinien" ou de Jérusalem, compilé au IVe siècle ap. notre ère (Yerouchalmi), et les 6000 pages du "Talmud babylonien" rassemblé autour de 500 ap. notre ère ( Babli) et le plus usité. Ce dernier fut imprimé intégralement pour la première fois à Venise entre 1520 et 1523.
Le Talmud comporte des parties normatives, la "Halakha" (cheminement), qui constitue en fait une quasi adaptation des enseignements de la Torah, et des parties narratives, la "Haggada" (récit). Tradition bien vivante conçue comme une série de conversation entre rabbis, chaque page contient un texte de la Mishna (loi orale) et des discussions ou Gemara.

La "Mishna" (répétition) correspond à la Loi orale, révélée par Dieu à Moïse en complément de la Torah. Elle fut transmise ensuite de génération en génération, puis mise par écrit après le retour de l'exil de Babylone (200 av. notre ère) et jusqu'à la destruction du Temple de Jérusalem (70 apr. notre ère). La compilation fut entreprise vers 220 à Tibériade, en hébreu, sous l'égide de rabbi Yehuda Hanassi, puis, jusqu'au VIIe siècle, elle fut enrichie de la "Guemara" (complément en araméen) qui va représenter près de 90 % du Talmud.
L'attitude devant le Talmud permet de distinguer le judaïsme orthodoxe, pour qui le Talmud est l'exacte expression de la Loi orale et ordonne la conduite de la vie juive, et le judaïsme libéral qui ne le considère qu'en tant que référence morale.

L'essence de Dieu échappe à toute compréhension humaine - Moïse Maïmonide (1135-1204), né à Cordoue, dans une famille juive de l'Espagne islamique, vécut au croisement d'influences culturelles les plus diverses (Talmud, philosophies arabes, judaïsme al-Andalus), et en nomade absolu, à Fès, puis au Caire. Il pratique la médecine (Traité des Aphorismes), compile un code complet, clair et concis des lois juives, le Mishneh Torah, le seul traité religieux qu'il rédigea en hébreu dans lequel il aborde les différents aspects de la législation juive, et le Sefer Hamitzvot, le «Livre des Commandements» composé initialement en arabe, dans lequel il présente les 613 commandements de la Loi écrite qui constituent l'armature de la Loi juive. Moïse Maïmonide explicite la conception juive du monothéisme dans les termes philosophiques de la Grèce antique, une conception de Dieu sans attributs, qui échappe à toute compréhension. Son Guide des Égarés (Moré Névoukhim) écrit en arabe (1190), traduit rapidement tant en hébreu qu'en latin,  tente de concilier croyance et rationalisme, l'enseignement de la Torah et de ses commentaires avec la philosophie d'Aristote.

 

La Kabbale, la raison pour laquelle Dieu a créé le monde est afin que nous puissions Le connaître - La Kabbale est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la «Loi orale et secrète» donnée par YHWH à Moïse sur le mont Sinaï. L'apparition de la mystique juive coïncide avec la période des grands courants théosophiques et gnostiques des premiers siècles de l'ère chrétienne. Comme toute forme de mystique religieuse, il s'agit de réinterpréter les données de la Révélation en vue d'atteindre des réalités supérieures par le moyen de la connaissance. La Kabbale (Qabbala ou réception)  tente d'expliquer les secrets de la création de notre univers physique (Maassé Béréchith) et de décrire les différents niveaux divins fondateurs des "mondes spirituels" et des créatures qu’ils renferment. La spécificité de la mystique juive par rapport à la mystique grecque, chrétienne ou musulmane s'exprime dans certains concepts fondamentaux qui demeurent permanents quelle que soit la diversité des approches:  les grands ouvrages de la kabbale sontainsi tous des commentaires des ouvrages bibliques tels que le Pentateuque, le Cantique des Cantiques, les Psaumes, Ruth, le prophète Ézéchiel.

En suivant les commandements de Dieu, chacun peut contribuer à ramener l'humanité de l'exil vers la rédemption - C'est que la kabbale est en effet la seule tradition ésotérique à "expliquer" et justifier tant l'exil du peuple juif que les différentes transgressions de la Loi qui visent à réduire les forces du mal. Mais plus encore, la kabbale se nourrit d'un véritable besoin de la divinité d'en appeler à l'homme : c'est l'être humain qui permet à Dieu de retrouver son unicité.
Au XIIIe siècle, deux grands maîtres du judaïsme, Rabbénou Béhayé (1255-1340) et le Moïse Nahmanide (1194-1270) introduisirent, dans leur commentaire du Pentateuque, certaines notions relevant de la tradition kabbalistique, dite orale et secrète, la Kabbale dite appliquée quant à elle, qui entend exprimer la connaissance du potentiel divin de création ("le monde fut créé par dix paroles", ou l’aleph, première lettre de l’alphabet hébraïque et symbole de l’unité des dix séfiroth), resta dans l’ombre. Du XIIIe siècle à l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492, l'Espagne fut le foyer d’une intense activité autour de l’étude de la Kabbale et connut nombre de maîtres du judaïsme espagnol : Rabbi Méir ben Gabbay (1480-1540) est ainsi l'auteur d'ouvrages largement diffusés jusqu'en Bohême et en Pologne, “Tolaath Yaakov”, commentaire ésotérique sur le sens des prières du rituel juif, “Dérekh Emouna”, qui traite des attributs divins, “Avodath Hakodech”. Malgré les oppositions, près de vingt ans plus tard, deux grandes écoles kabbalistiques, inspirées par les enseignements du Zohar, firent leur apparition au XVIe siècle : celle du ARIZaL, Rabbi Its’hak Louria (Etz Haïm, L’arbre de vie, Péri Etz Haïm, Le fruit de l’arbre de vie) et celle du RaMaC, Rabbi Moché Cordovero (Pardess  Rimonim, Le verger de grenades).

La Kabbale, Dieu et l'humanité, lié dans un même exil cosmique - Isaac Luria (1534-1572), descendait d'une famille ashkénaze originaire de Pologne venue s'installer à Jérusalem, s'engage dans l'étude de la kabbale en menant une vie ascétique sur une île du Nil, près du Caire, approfondissant le Zohar et les autres œuvres de la science ésotérique. L’âme s’exprime et se manifeste à travers ses facultés, qui se divisent en deux catégories principales, les forces transcendantes (Kéter, plaisir et volonté)  et les forces immanentes (sefirot, intellect et émotions) -  Le Zohar, le Livre de la splendeur, est une compilation réalisée au XIIIe siècle d'idées kabbalistiques en charge de contenir le rationalisme tel qu'il tendait à s'exprimer en Espagne et que reprirent nombre de Juifs exilés, expulsés de la péninsule ibérique dans les années 1490. Il fut intensément diffusé au XVIe et influença en profondeur la liturgie, la piété, la pensée juive.
En 1561 ou 1570, Isaac Luria s'établit auprès de Moïse Cordovero (1522-1570) à Safed, en Galilée, et élabore son propre système. Il va placer à l'origine du monde le drame cosmologique de la rétractation (tsimtsoum) de la lumière divine : Dieu se contracta pour créer un vide et concevoir ainsi le monde tout en maintenant sa transcendance. Mais la formation de l'univers actuel ne se déroule pas sans problèmes, cette lumière divine se contracte en dix émanations (sefirot) contenues dans des vases dont certains sont détruits, source du bien et du mal en ce monde. De là le drame existentiel de l'être humain, la chute de l'âme primordiale, fragmentée depuis son exil, et une perspective à développer, la réintégration progressive à venir de cette âme dans le monde :  il nous faut détacher les étincelles sacrées de lumière auxquelles se sont attachées les forces du mal, un processus de "réparation" (tikkoun) dont le peuple juif porte la responsabilité.
Ses disciples Haïm Vital (1542-1620) et Joseph Ibn Tabul (1545-1610) prolongent cette Kabbale lourianique, et l'ouvrage le plus connu est le Sefer Etz Hayyim (le Livre de l’Arbre de Vie). Le mouvement hassidique, fondé par Israël ben Eliezer en 1740 (en Ukraine), se répandra en Europe en reprenant cette formulation et l'exaltation d'une étincelle sacrée en chacun de nous, pour devenir l'un des courants principaux du judaïsme orthodoxe au XIXe siècle....

 Le Judaïsme, vivre dans le présent - Les persécutions endurées par les Juifs résultent-elles de leur isolement systématique au sein des pays dans lesquels ils s'établissent?  Le philosophe juif allemand Moïse Mendelssohn (1729-1786) défendit l'émancipation des Juifs à l'identique des autres religions, et soutint l'idée qu'il leur fallait jouer un rôle actif dans la vie culturelle séculaire. Introduit dans les milieux éclairés de la capitale prussienne (Berlin)grâce à l'appui de Lessing, il traduit le Pentateuque en allemand pour tenter d'introduire la culture moderne dans le judaïsme, et  il prône dans "Jérusalem, ou Pouvoir religieux du judaïsme" (1783), une religion individuelle séparée de l'État. Dans les années 1770-1880, le mouvement de la Haskala (Les Lumières juives) s'inspira de Moïse Mendelssohn pour prôner en Europe occidentale l'intégration des Juifs dans leur culture d'adoption. Et c'est au XVIIIe siècle que débute véritablement l'émancipation des Juifs en Europe : le juif de langue yiddish entreprit d'apprendre l'allemand, s'intégra au monde moderne et prit conscience de ce que représentait la liberté indivuelle...
Le judaïsme reste marqué par un dilemme qui s'est particulièrement posé à partir du XIXe, entre faire partie d'une nation et d'une communauté, et assumer un destin singulier, unique. Le judaïsme libéral, dont Abraham Geiger (1810-1874) fut l'un des premiers artisans en Allemagne, s'est constitué en se reconnaissant une certaine autonomie en tant qu'individualité ouverte vers un monde laïcisé et en constante évolution, et en assumant la liberté de déterminer comment vivre une vie juive, en respectant le passé et en s'investissant pour l'avenir. Ce judaïsme libéral se développa au Royaume-Uni et se renforça dans la foulée de l'immigration juive allemande aux Etats-Unis. On évoque désormais le Judaïsme réformé (1885, Pennsylvanie), le Judaïsme massorti (1887, New York), le Judaïsme scientiste Ohio), le Judaïsme reconstruction (1920, New York)…

Les quelques 15 millions de Juifs se partagent principalement dans le monde entre deux pays, les Etats-Unis (41% en 2010, 33% en 2050) et Israël (40,5% en 2010, 50,8% en 2050). Des communautés relativement importantes peuplent notamment la France, le Canada, le Royaume Uni, la Russie, l'Argentine, l'Australie, l'Allemagne et le Brésil….

 

Jérusalem, le centre du monde, le véritable tabbur ha-aretz ("nombril de la terre"), abrite certains des sites bibliques et historiques les plus sacrés du judaïsme et attire nombre de visiteurs lors des trois fêtes annuelles de pélerinage (Shalosh Regalim) que sont Pessa'h (fête du printemps, célèbre l’avènement de la nation juive sur la scène de l’histoire), Shavuot (qui marque le don de la Torah sur le mont Sinaï), et Souccot (rappelle la miraculeuse traversée du désert par les enfants d’Israël).
Le Mont du Temple (Har haBayit) - Le symbole emblématique de Jérusalem est le Dôme luisant du Rocher, dont le toit doré domine le Mont du Temple depuis des siècles. Ce lieu saint islamique se trouve sur un site sacré pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Le Mont du Temple (Temple Mount) est l'endroit le plus sacré du judaïsme. Il abrita le premier temple de Jérusalem, construit par Salomon sur le mont Moriah, site choisi par David parce qu'identifié  comme l'endroit où Abraham allait immoler Isaac. Le temple abritait l'Arche d'Alliance. Après la destruction du Temple par Nabuchodonosor en 586, une première reconstruction est entreprise, qui est achevée sous le règne de Darius en 520. La seconde reconstruction, datée du règne d'Hérode le Grand,  vers 19 av. J.-C., est connue des récits contemporains de Flavius Josèphe (La Guerre juive, v, 184-226 ; Antiquités judaïques, xv, 380-402) et du traité Middot de la Mishna. Ce Temple fut détruit par Titus en 70, il n'en reste aujourd'hui comme vestige que les murs de soutènement de l'esplanade construite par Hérode et les restes des arches qui en permettaient l'accès.... 

 

Le Mur des Lamentations (Kotel), le Mur occidental, situé dans le quartier juif de la vieille ville de Jerusalem et lieu le plus proche du Kodesh Ha'Kodashim (Saint des Saints), salle supposée des premier et second temples à laquelle seul le Grand prêtre d'Israël pouvait accéder, accueille chaque année plus de 10 millions de visiteurs venus prier et déposer leurs souhaits dans les fissures du dernier vestige du Temple.

Le Tombeau des Patriarches (Tomb of the Patriarchs), à Hébron,  ville aujourd'hui palestinienne de Cisjordanie, est le deuxième lieu le plus saint de la foi juive, et la plus ancienne communauté juive de la planète. C'est le lieu de repos de tous les patriarches (Abraham, Isaac, Jacob) et matriarches (Sarah, Rebecca, Leah) bibliques bien-aimés d'Israël.

La tombe de Rachel (Rachel’s Tomb) à Bethléem est le troisième lieu saint de la foi juive après le Mont du Temple à Jérusalem et la tombe des Patriarches à Hébron. Depuis 3 000 ans, les Juifs prient sur la tombe de Rachel chaque fois que le peuple juif doit affronter des deuils. Jacob aurait enterré Rachel à Bethléem, plutôt que dans le Tombeau des Patriarches à Hébron, parce qu'il avait prévu que ses descendants auraient besoin de ses prières en route pour l'exil à Babylone. Pour citer Jérémie 31:15-17 : "Rachel, pleurant ses enfants, refuse d'être consolée pour ses enfants qui sont partis. Ainsi parle Hachem : Empêchez votre voix de pleurer, vos yeux de verser des larmes, car il y a récompense pour votre travail ", déclare Hachem. Ils reviendront de la terre ennemie et il y a de l'espoir pour l'avenir ", déclare Hachem : "Vos enfants retourneront dans leur pays."

 

Le Judaïsme reconnaît quatre villes saintes, Jérusalem, Safed, Hébron et Tibériade.  

Safed (Tzfat) est la plus haute ville d'Israël, une petite ville de Galilée, qui fut, à l'époque ottomane, un centre d'apprentissage de la Kabbale après l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492. De grands rabbins comme le rabbin mystique juif rabbin Isaac Luria (1534-1572), Yossef Karo (1488-1575), auteur du Shulkan Arukh, et Solomon Alkabetz (1505-1584), qui a composé la prière Lechi Dodi récitée jusqu'à ce jour dans les synagogues tous les vendredis soir, ont vécu à Safed. Trois synagogues y sont particulièrement fréquentées, la synagogue Séfarade Ari, la plus ancienne synagogue, la synagogue Karo, qui porte le nom de Yossef Karo et possède un rouleau de la Torah vieux de 500 ans, et la synagogue Alshekh, qui porte le nom du grand rabbin Kabbaliste du XVIe siècle Moses Alsheikh.

Capitale de la Galilée, dans le nord d'Israël, Tibériade (Tverya), est considérée comme l'une des quatre villes saintes de la foi juive. Elle se trouve sur le lac de Kinneret, un lac situé à plus de 200 m au-dessous du niveau de la mer, traversé par le fleuve Jourdain et réputé pour ses violentes tempêtes à cause des différences de température avec les hauteurs environnantes. Après la révolte de Bar Kochba, Tibériade fut le centre principal de l'enseignement juif en Terre d'Israël. Le Sanhédrin, dont les décisions ont affecté toute la diaspora juive, s'est réuni ici, et le Talmud de Jérusalem y a été écrit. Aux XVIIIe et XIXe siècles, la ville est devenue un centre d'apprentissage juif animé par de grands juifs hassidiques, Rabbi Chaim Abulafia, Rabbi Menahem de Vitbesk. Ville funéraire qui ne fut réellement habitée que sous Hérode Antipas, elle abriterait les tombes de Rabbi Akiva, Rabbi Yohanan ben Zakkai, Moïse Maimonide. 

 

L'Exode, évènement marquant de notre histoire humaine - "Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude." - Si pour les chrétiens la vie et la mort de Jésus, sa Passion, marque l'histoire du monde,  si pour les musulmans, les révélations de Mahomet et son exil révèlent une autorité transcendantale similaire, l'Exode est pour le judaïsme l'évènement le plus marquant de la brève et longue histoire de l'humanité. L'Exode d'Egypte donne en effet une cohérence à tout un peuple, une identité, une éthique. Elle impose de même sa marque et une signification aux deux grandes religions monothéistes qui suivent le Judaïsme, l'Islam et le Christianisme. Et toutes deux incorporent cet évènement sous l'angle de la libération et de la rédemption, nulle puissance en ce monde ne semble en mesure d'imposer sa loi et ses contraintes, imposer souffrance et dénuement à une humanité qui doit, constamment, remobiliser sa mémoire et réitérer son exigence de liberté et de dignité (Exodus 13-14)….

 

La Shoa, mais où était Dieu pendant la Shoa? - Dans la forêt de Jérusalem, sur le versant ouest du mont Herzl, se dresse depuis 1953 le mémorial de Yad Vashem construit en mémoire des de six millions de Juif victimes de la Shoah perpétrée par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale : les deux tiers de la population juive européenne. La persécution des Juifs débuta dès 1933 mais le meurtre de masse sera commis au cours de la Seconde Guerre mondiale en quelques quatre années. La période située entre avril et novembre vit l'assassinat de près de deux millions et demi de Juifs. Pourquoi Dieu est-il resté à l'écart de ce drame sans équivalent en notre monde?

 

Ghetto, exil, expulsion, pogrom, diaspora, shoa ... - La persistance à travers les âges d’une Diaspora juive révèle à la fois la singularité d'un peuple "marqué par Dieu" tour à tour isolé, et stigmatisé au gré des soubresauts de l'histoire du Monde. Isolé et s'isolant lorsque le prophète Jérémie appelle ne pas se rebeller contre la puissance babylonienne, lors de l'exil qui fait suite au siège de Jérusalem de 586 av. J.-C, parle leur propre langue et bénéficie à travers les âges d’une autonomie juridique consentie assez largement par les royaumes tant chrétiens que musulmans.
Après l’an 1000 et pour un demi-millénaire, le centre du monde juif se situe en Espagne mais aussi en France. Au Moyen-Age apparaissent dans la géographie juive les notions de Sefarad et Ashkenaz. Au Nord de l'Europe, le judaïsme participe à l’émergence d’un modèle ashkenaze porteur d’une approche spécifique des sources talmudiques, d’une langue yiddish née dans la vallée du Rhin. Au sud, domine le judaïsme d’Espagne de l’âge d’or sépharade, dépositaire de l’héritage babylonien et intégrant la philosophie d’Aristote via les audaces de Maïmonide. Mais ce cycle médiéval d’Occident se referme brutalement par une série d’expulsions : d’Angleterre en 1290, de France du Nord en 1394, d’Espagne en 1492, du Portugal en 1496, de Provence, en 1501. Les nouveaux Etats centralisés identifiés comme chrétiens chassent les minorités non-chrétiennes, et les nouvelles élites économiques se débarrassent de leurs concurrents. L’Allemagne et l’Italie, seules, n’expulseront pas leurs Juifs, parce qu’elles n’ont pas d’Etat unifié, mais vont les enfermer désormais dans des ghettos (le ghetto de Venise date de 1516). Dès lors, les seules contrées hospitalières aux Juifs persécutés se situent alors en Europe centrale, pour le monde ashkenaze, et dans les pays musulmans, pour le monde sépharade:  la ville de Salonique (la Thessalonique d’aujourd’hui), peuplée pour moitié de Juifs, devient ainsi la plus grande métropole sépharade de l’Histoire. Et la démographie du monde ashkenaze finit par devenir prédominante par rapport au monde sépharade à partir du XVIIème siècle.
A partir de 1881, débute la première vague de pogromes dans l’Empire russe et le début d’une émigration de masse vers le continent américain. Jusqu’à 1924 (mise en place des quotas d’immigration restrictifs), 2 millions de Juifs franchirent l’Atlantique. Mais l’Europe centrale restait encore en 1939 le centre démographique du monde juif, dont une de ses branches principales, composée de plusieurs millions d’âmes, isolée derrière les frontières de l’U.R.S.S. C’est en 1940 sans doute que le nombre de Juifs dans le monde a atteint son apogée (17 millions environ), avant que ne commence la destruction nazie et la mise à mort de 6 millions d'entre eux...
L’émergence de l’Etat d’Israël (1948) comme pôle de cristallisation de la population juive équivalent à celui des Etats-Unis a été très graduelle, pour atteindre entre 5 et 6 millions...

Toute  synagogue contient un parvis où se réunit l'assemblée, un candélabre, un endroit surélevé où se tient le culte, et un endroit très saint où est gardé, dans une armoire protégée de l'extérieur par un rideau (Parokhet), l’Arche Sainte (Aron Kodech), où sont déposés les Rouleaux de la Torah. Une section de celle-ci est lue chaque semaine, elle est déposée sur la table de lecture (Bimah), située au centre du sanctuaire. 

Parmi les 10000 synagogues qui couvrent le monde, les plus importantes sont : Grand Choral Synagogue of St. Petersburg (Russia, 1893), Dohány Street Synagogue, à Budapest (Hungary, 1859), la plus grande d'Europe (3000 places assises), The Sofia Synagogue (Bulgaria, 1909), Subotica Synagogue (Serbia, 1902), Tempio Maggiore of Florence (Italy), Jubilee Synagogue, Prague (Czech Republic, 1906), devenue musée, New Synagogue, Szeged (Hungary), dont l'arche de la Torah est faite de bois de Sittim, Westend Synagogue, Frankfurt (Germany, 1910), qui a traversé la Nuit de Cristal et la Seconde Guerre mondiale, Rykestrasse of Berlin (Germany), la plus grande d'Allemagne, Eldridge Street Synagogue, New York (1887), point de repère historique de Manhattan...