African-American literature & The Civil Rights Movement - Ralph Ellison (1914-1994), "Invisible Man" (1952) - James Baldwin (1924-1987), "Notes of a Native Son" (1955) - ......

Last update: 12/12/2020


1950s - Dans les années 1950, alors que les États-Unis entrent dans la guerre froide, les "colored people", qu'ils aient ou non combattu pour défendre les intérêts américains, ne supportent plus le déni de citoyenneté et les préjugés raciaux que maintiennent les structures juridiques mises en place pour limiter leur liberté (la ségrégation institutionnelle). Mais le monde a basculé aussi pour des Blancs américains qui semblent alors considérer que le triomphe de la Seconde Guerre mondiale justifie amplement leur manière américaine de vivre en entretenant un front racial intérieur systématique...

Et dans cette toute nouvelle Amérique bourdonnante qui jaillit de l'après-dépression et de l'après-guerre, l'arme de la protestation univoque ou manichéenne ne saurait suffire devant "an humanity instead as a web of ambiguity, paradox...", c'est du moins ce que pense en 1949 le jeune essayiste new-yorkais James Baldwin (1924-1987), un protégé de Wright en avance sur son temps. "The failure of the protest novel lies in its rejection of life, the human being, the denial of his beauty, dread, power, in its insistence that it is categorization alone which is real." - entendre une autre voix en publiant "Everybody's Protest Novel", une critique de la fiction dite de la protestation (protest fiction) qui prend appui sur deux romans, "Uncle Tom's Cabin" de Harriet Beecher Stowe (1852) et "Native Son" de Richard Wright (1940). Le roman de protestation a pour objectif de faire passer un message (pour Stowe, il s'agit de montrer que l'esclavage est une erreur). Et donc, pour se faire, va simplifier à l'excès la complexité des êtres humains (ainsi le sentimentalisme de La Case de l'oncle Tom), et privilégier des personnages qui ne sont que des arguments; et réduire le monde des idées et des passions à un manichéisme réducteur, le bien et le mal, le noir et le blanc. Cette simplification n'explique pas la violence de ce qu'elle dénonce, mais la reproduit sans la moindre explication qui puisse permettre aux lecteurs de comprendre le problème. Quant à "Native Son", avec son protagoniste Bigger Thomas : "La tragédie de Bigger n'est pas qu'il ait froid, qu'il soit noir ou qu'il ait faim, ni même qu'il soit américain, noir ; mais qu'il ait accepté une théologie qui lui refuse la vie, qui admet la possibilité qu'il soit sous-humain". L'histoire de Bigger reproduit l'idée que la seule relation entre les noirs et les blancs est celle du conflit, de la haine et de la méfiance. Baldwin affirme que ce dont nous avons vraiment besoin dans la littérature, c'est d'approfondir la complexité et la vérité de notre humanité. La littérature doit résister à la catégorisation par "le dévouement à l'être humain, à sa liberté et à son épanouissement". 

James Baldwin se rappellera toute sa vie de cette jeune institutrice blanche, Bill Miller, qui lui a donné des livres, qui lui a parlé des livres et du monde, qui l'a emmené des films, il avait dix ans, "c'est certainement grâce à Bill Miller, arrivé si tôt dans ma vie terrifiante, que je ne suis jamais vraiment parvenu à détester les Blancs..."

 

Ethel Payne & the Chicago Defender

En 1951, Ethel Payne, journaliste et militante des droits civiques, commence à écrire pour le Chicago Defender, un journal fondé par Robert S. Abbott en 1905, l'hebdomadaire noir le plus influent du pays à l'époque de la Première Guerre mondiale : il étend son influence très rapidement en attaquant de front les injustices et violences raciales. A noter que Le Defender n'utilisait les mots "Negro" ou "Black" dans ses pages : "African Americans" étaient désignés comme "the Race" et les hommes et les femmes noirs comme "Race men and Race women". Le journal fut par la suite introduit clandestinement dans le sud via des porteurs individuels,  et on estime qu'il fût à son apogée lus pars près de 500 000 personnes par semaine. 

Petite-fille d'esclaves et fille d'un porteur de Pullman, Ethel L. Payne(1911-1991)  est devenue la principale reporter noire de l'époque des droits civiques, en faisant la chronique des moments les plus marquants du mouvement pour un lectorat noir national qui ne trouvait pas ce qu'il cherchait dans les médias blancs. Abordant des sujets que ses confrères hésitaient à couvrir, qu'il s'agisse de ses questions déstabilisantes sur la réalité de la ségrégation posées au président Eisenhower ou du traitement réservé aux troupes afro-américaines au début de la guerre de Corée, en 1950. Elle ainsi  est devenue "the First Lady of Black Press". Elle sera la première Afro-Américaine à faire partie du corps de presse de la Maison Blanche. En 1970, Ethel Payne devient la première Afro-Américaine à apparaître sur une chaîne nationale en tant que commentatrice à la radio et à la télévision...

 

Ralph Ellison, "Invisible Man" (1952)

Que signifie d'être un homme noir ? Jamais sans doute dans aucun roman la couleur de la peau n'aura pris une telle importance, quelque soit les déguisements ou les masques dont on peut s'affubler pour vivre.  Si Ralph Ellison (1914-1994) n'a publié qu'un seul roman de son vivant, "Invisible Man" (Homme invisible, pour qui chantes-tu ?), en 1952, celui-ci fut immédiatement reconnu comme l'un des plus grands textes de fiction de l'après-guerre. Il passe son enfance à Oklahoma City où la ségrégation semble moins pesante que dans d'autres Etats de l'Union. En 1933, il entame des études de musique au Tuskegee Institute, dans l'Alabama, une école conservatrice fondée par Booker T. Washington, et y apprend que l'ascension économique et sociale des Noirs passe par l'acceptation de la discrimination. En 1936, à New York, Ellison avait rencontré le pionnier d'une littérature romanesque noire, Richard Wright, qui l'avait encouragé à écrire, mais il ne partage plus avec ce dernier la volonté d'inscrire la protestation raciale dans une revendication sociale et politique à caractère international plus vaste. Grand amateur de littérature, tant européenne qu'américaine, mais confronté à une réalité américaine volatile qui défie toute tentative politique ou philosophique de la définir et de la contrôler, Ralph Ellison pense que l'on ne peut abstraire l'histoire et l'identité noires du contexte dans lequel elles s'expriment. 

"Cette invisibilité dont je parle est due à une disposition particulière des gens que je rencontre. Elle tient à la construction de leurs yeux internes, ces yeux avec lesquels, par le truchement de leurs yeux physiques, ils regardent la réalité..." - Le protagoniste du roman d'Ellison est un Noir anonyme, un narrateur invisible tout simplement parce que la société a décidé de l'ignorer. Invisibilité et cécité,  l'incapacité des gens à voir ce qu'ils souhaitent ne pas voir. Enfermé dans sa solitude, il s'interroge sur le chemin qu'a emprunté son existence, chaque étape de celle-ci prend l'aspect d'un rite de passage : "J'en ai fait, du chemin, depuis le temps où, plein d'illusions, je menais une vie d'homme public et je m'efforçais de fonctionner en supposant que le monde était solide ainsi que tous les liens qu'il abrite. Maintenant, je sais que les hommes sont différents et que toute vie est divisée et que c'est seulement dans la division que se trouve la vraie santé. C'est pourquoi je suis encore resté dans mon trou; parce que, là-haut, on s'acharne de plus en plus à rendre les hommes conformes à un moule. Tout comme dans mon cauchemar..."

Le racisme comme obstacle à l'identité individuelle : l'homme noir se doit de dire à l'homme blanc ce qu'il veut entendre, pas plus, pas moins - Dans son effort continu de se construire, de construire son identité, le narrateur d'Invisible Man rencontre maints obstacles dont le principal tient au fait d'être un homme noir vivant dans une société américaine raciste. Tout au long du roman, le narrateur se retrouve à passer par une série de "communautés", du Collège et de l'Université à l'usine Liberty Paints et à la Fraternité, chaque microcosme soutient une idée différente de la manière dont les noirs devraient se comporter dans la société, chaque communauté gère des préjugés raciaux qui lui sont propres. Le narrateur tente pourtant de se définir à travers les valeurs et les attentes qui lui sont imposées, prend les costumes qui lui sont tendus pour se fondre dans chacun des univers qu'il rencontre. Mais il constate que, dans chaque cas, le costume endossé l'oblige à jouer un rôle qui s'avère rapidement impossible à tenir :  incapable d'agir selon sa propre personnalité, il devient littéralement incapable d'être lui-même. Adepte fidèle et naïf de la philosophie du collège, admirant Bledsoe comme un modèle à suivre pour faire avancer la cause des Noirs, le narrateur découvre l'hypocrisie cynique du personnage, qui non seulement prétend qu'en disant aux hommes blancs ce qu'ils veulent entendre, il est capable de contrôler ce qu'ils pensent, mais se déclare prêt à tout pour conserver ce pouvoir  ("But I’ve made my place in it and I’ll have every Negro in the country hanging on tree limbs by morning if it means staying where I am"). Lucius Brockway et son usine Liberty Paints se veulent un symbole de la dynamique raciale dans la société américaine, mais les propriétés de la peinture "Optic White"  qu'ils produisent ne visent métaphoriquement qu'à étouffer voire faire disparaître toute identité noire. Encore et toujours, le Noir doit non seulement accepter toutes les humiliations, mais il est tenu de plus de prendre en charge toutes les pulsions et les désirs refoulés du Blanc : voici notre narrateur invité par la blanche et douce Sybil, militant de la Confrérie, de jouer son rôle d'étalon noir. Pour la confrérie aussi, il n'est donc qu'un pantin....

Aussi, progressivement, le narrateur va décider de sortir de son "invisibilité" et tenter d'exister en dehors du système des rôles prescrits par la société : "And my problem was that I always tried to go in everyone’s way but my own. I have also been called one thing and then another while no one really wished to hear what I called myself. So after years of trying to adopt the opinions of others I finally rebelled. I am an invisible man...."

Au cours du roman, le narrateur prend conscience que la complexité de son moi intérieur est limitée non seulement par les préjugés racistes qui dominent la vie des organisations mais aussi par des idéologies simplistes et unidimensionnelles : de l'idéologie de Booker T. Washington, souscrite par le monde universitaire (les Noirs pour réussir doivent adopter les manières et le discours des Blancs) à l'idéologie séparatiste plus violente exprimée par Ras l'Exhorteur, le leader nationaliste noir (les Noirs doivent reprendre leur liberté en détruisant les Blancs). C'est dans l'expérience de la Fraternité, une organisation politique qui travaillerait à aider les opprimés, que s'exprime le plus cette dangerosité de l'idéologie. A contrario, le roman laisse entendre que la vie est trop riche, trop diverse et trop imprévisible pour être proprement liée à une idéologie ; comme le jazz, que le narrateur affectionne particulièrement, la vie atteint les sommets de sa beauté dans les moments d'improvisation et de surprise...

"... il existe une zone où les sentiments d'un homme sont plus rationnels que son esprit, et c'est précisément dans cette zone que sa volonté est tiraillée dans plusieurs directions à la fois. Vous allez peut-être ricaner, mais je le sais, à présent. J 'ai été tiraillé de-ci, de-là pendant plus longtemps que je ne saurais m'en souvenir. Et mon problème, c'est que j'ai toujours essayé de suivre toutes les directions, sauf la mienne. On m'a aussi appelé d'une façon, puis d'une autre, sans que personne se souciât vraiment de connaître ma propre position sur la question. Aussi, après des années passées à tenter d`adopter les opinions des autres, j'ai fini par me rebeller. Je suis un homme invisible. Ainsi, j'ai parcouru une longue distance et, tel un boomerang, j`ai fait en sens inverse un long trajet, partant du point dans la société qui se trouvait être, à l'origine, l'objet de mes aspirations. Je me réfugiai donc dans la cave; j'hivernai. J 'échappai à tout cela. Mais ce n'était pas suffisant. Impossible de trouver le repos, même dans l'hibernation. Car il y a l'esprit, bon Dieu, oui, l`esprit. Il refusait de me laisser en paix. Mon appréciation tardive de la plaisanterie grossière qui m'avait si longtemps fait marcher ne suffisait pas. Et sans fin ni trêve, mes pensées retournaient à mon grand-père. Et en dépit de la farce qui mit fin à mes tentatives de dire "oui" à la Confrérie, je suis toujours poursuivi par le conseil qu`il m'a prodigué sur son lit de mort... Peut-être avait-il enfoui son message plus profondément que je n`avais pensé, peut-être sa colère m'a-t-elle secoué, je ne saurais dire... 

A moins qu'il ait voulu dire - oui, c'est cela, bon Dieu, à coup sûr; il a voulu désigner le principe, dire que nous devons revendiquer le principe sur lequel fut bâti le pays, et non les hommes, ou du moins, pas les hommes qui ont usé de violence. Son : dis « oui ››, c'était peut-être parce qu'il savait que le principe est plus grand que les hommes, plus grand que les chiffres, la puissance haineuse et toutes les méthodes employées pour corrompre son nom. Désirait-il soutenir le principe, qui, rêvé mille et mille fois, avait sorti les Blancs du chaos, des ténèbres du passé féodal et qu'ils avaient violé et compromis jusqu'à le rendre absurde, même dans leurs esprits corrompus? A moins qu`il ait estimé que nous devions assumer la responsabilité du tout, des hommes aussi bien que du principe, parce que nous étions les héritiers destinés à utiliser ce principe, nul autre ne correspondant à nos besoins? Pas pour la puissance ni pour la justification, mais parce que pour nous, étant donné notre origine, c'était le seul moyen de trouver la transcendance? Etait-ce que nous, nous surtout, devions soutenir le principe, le plan au nom duquel nous avions été brutalisés et sacrifiés - non pas parce que nous allions toujours être faibles ou que nous étions apeurés ou opportunistes, mais parce que nous étions plus vieux qu'eux, considérant ce que cela représentait de vivre dans le monde avec les autres, et parce qu'ils avaient épuisé en nous une partie (pas tout, mais une partie) de l'avidité et de la petitesse humaines, oui, et la peur et la superstition qui les avaient fait marcher. (Eh oui, ils marchent, eux aussi, et ils se marchent les uns sur les autres.) Voulait-il dire que nous devions revendiquer le principe parce que nous, sans que nous y soyons pour rien, étions liés à tous les autres dans le monde bruyant, criard, à demi visible; ce monde, simple champ fertile d'exploitation pour Jack et ses semblables; ce monde, considéré avec condescendance par Norton et les siens, fatigués d`être les simples pions dans le jeu futile de "faire l'histoire"? Avait-il vu que pour ceux-là aussi, nous devions dire "oui" au principe, de peur de les voir se retourner contre nous pour nous détruire, nous et lui?

"Sois d'accord avec eux jusqu'à leur mort et leur destruction", avait conseillé mon grand-père. Bon Dieu, ne portaient-ils pas en eux leur propre mort et leur propre destruction, sauf lorsque le principe vivait en eux et en nous ? Et voici le plus beau de la plaisanterie : tout en étant séparés d'eux, nous faisions partie d'eux, et nous étions appelés à mourir avec eux lorsqu`ils mourraient. Je n'arrive pas à l'imaginer; cela m'échappe. 

Mais moi, qu'est-ce que je désire vraiment? me suis-je demandé. A coup sûr, pas la liberté d'un Rinehart ou la puissance d'un Jack, ni simplement la liberté de ne pas me faire avoir.

Non. Mais l'étape suivante je n'ai pas su la franchir, aussi suis-je resté dans le trou.

Attention, je ne blâme personne pour cet état de choses; je ne suis pas non plus simplement en train de crier mon mea culpa. Le fait est que vous portez une partie de votre maladie en vous, moi du moins, en tant qu'homme invisible, j`ai porté ma maladie, et bien que, pendant longtemps j'aie essayé de la placer dans le monde extérieur, le fait que je tente de la coucher sur le papier me montre qu'au moins une moitié était en moi. Elle m'a circonvenu lentement, comme cette étrange maladie dont souffrent ces Noirs que vous voyez virer lentement du noir à l'albinos, leur pigmentation disparaissant sous la radiation de quelque rayon invisible et cruel. Vous allez pendant des années, sachant que quelque chose ne va pas, puis tout à coup vous découvrez que vous êtes aussi transparent que l'air. Vous commencez par vous dire qu'il s'agit là d'une sale plaisanterie, ou que c'est dû à la "situation politique". Mais en votre for intérieur, vous en venez à sentir que c'est à vous que doit s'adresser le blâme, et vous vous tenez nu et tremblant devant les millions d'yeux qui, sans

vous voir, regardent à travers vous. Voilà la vraie maladie de l'âme, le javelot dans le flanc, la drague qui vous saisit au cou à travers la ville où se déchaîne la populace, la Grande Inquisition, l'étreinte de la Vierge, la déchirure dans le ventre avec les tripes qui se répandent, le voyage à la chambre d'exécution avec le gaz mortel qui finit dans le four si hygiéniquement propre - seulement, c'est pire, parce que vous, vous continuez, stupidement, à vivre...." (traduction Grasset, 1969)

 

James Baldwin, "Go Tell on the Mountain" (1953, La Conversion)

"John ne s'intéressait guère au peuple de Dieu et il était encore moins intéressé par la perspective de le guider où que ce soit, mais cette éventualité si souvent répétée se déployait dans son esprit comme un grand portail en cuivre s'ouvrant pour lui sur un monde où les gens ne vivaient pas dans la noirceur de la maison de son père..." - Ce roman d'apprentissage semi-autobiographique explore les liens complexes et souvent fragiles qui unissent son héros, John, au monde. La nuit de son quatorzième anniversaire, il subit un rite d'initiation décisif dans l'église de Harlem où prêche Gabriel, qui, contrairement à ce que croit John, n'est pas son père biologique. De caractère volatile, Gabriel représente une force dominante. Après une jeunesse agitée, il a eu la révélation de la foi, qui le pousse à prêcher l'ire de Dieu. Et s'il a épousé la mère de John pour lui épargner les souffrances d'une vie de mère célibataire, il ne cesse de condamner l'amour qu'elle porte à son fils, un sentiment pour lui impudique en raison de l'illégitimité de John et de la relation qu'elle eut avec le père du garçon, son premier amour. Gabriel a lui aussi conçu un enfant illégitime au cours de son premier mariage - fait qu'il a toujours caché sous prétexte de repentir. ll passe sous silence l'existence de son fils orphelin, qui eut une enfance malheureuse et fut victime, jeune, d'une mort violente.

Bien que John ignore la plupart de ces faits, C'est un garçon intuitif qui comprend exactement les dangers que pose Harlem aux adolescents noirs, particulièrement à ceux qui ne sont protégés par aucune institution, notamment par l'Église. Le soutien aimant que lui offre Elisha, l'un des jeunes leaders religieux résonne d'un homo-érotisme jubilatoire qui permet à John d'imaginer un futur au sein de l'Église. Cependant son beau-père, responsable de l'exégèse et de l'instruction doctrinale, y impose un caractère vindicatif et cruel qui force les croyants à une obéissance aveugle. L'épuisement affectif et physique né de la conversion hallucinatoire de John lui offre au petit matin un moment de répit triomphant, tout bref qu'il soit. En 2017, le réalisateur haïtien Raoul Peck s'inspirera de ce texte pour produire un documentaire, "I Am Not Your Negro"...