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Last update: 12/31/2016


Alexandre Cabanel (1823-1889)

"La naissance de Vénus" (1863), Musée d'Orsay, Paris

 

Cabanel, peintre représentatif de cet académisme qui règne entre 1850 et 1912, tente d'endiguer la poussée de l'impressionnisme. Il acquiert alors une grande notoriété tant pour ses portraits ("Alfred Bruyas", 1840, musée de Montpellier ; "Catharine Lorillard Wolfe", 1876, Metropolitan Museum) que pour ses toiles mythologiques fort habilement conçues. Hommes et femmes du Second Empire et de la Troisième République aiment  s'imaginer dans ces fables mythologiques et parmi ces nus "académiques" d'autant plus moralement acceptables que les formes artistiques de cette représentation semblent fort éloignés de la réalité. Le Nu "académique", désormais bien ancré dans la morale bourgeoise, se trouve représenté dans toutes les manifestations artistiques de l'époque. Il est incontestablement populaire et avec l'invention de la photographie et du procédé de photogravure, les reproductions de ces nus de Salon, toujours glabres, seront vendues en énormes quantités. "La Naissance de Vénus", acquise par l’empereur Napoléon III pour sa collection personnelle, respecte les canons de représentation du Second Empire, à l'époque où tant Flaubert que Baudelaire seront condamnés pénalement. Au Salon de 1863, le public se pressera nombreux devant ce tableau. Le corps de la déesse est idéalisé, les contours parfaitement définis, les courbes sensuelles accentuées, la pilosité totalement absente, reste le sourire qui s'esquisse et un regard tourné vers l'observateur qui n'est pas sans ambiguïté : "La déesse, noyée dans un fleuve de lait, a l’air d’une délicieuse lorette, non pas en chair et en os, cela semblerait indécent, mais en une sorte de pâte d’amande blanche et rose […] Cet heureux artiste a résolu le difficile problème de rester sérieux et de plaire.", écrira Emile Zola. 

Oeuvres: :Albaydé ou Albaydé aux yeux de gazelle" (1848, Musée Fabre, Montpellier) - "Nymphe enlevée par un faune" (1860, Lille, Palais des Beaux-Arts) - "Adam et Ève chassés du Paradis ou Adam et Ève après la chute" (1867, Musée d'Orsay, Paris) - "Portrait de la comtesse de Keller" (1873, Musée d'Orsay, Paris) - "Écho ou La nymphe Écho" (1874, Metropolitan Museum of Art à New York) - "Vénus victorieuse" (1875, Musée Fabre, Montpellier) - "Portrait d'Olivia Peyton Murray Cutting (1887, Museum of the City of New York) - "Christina Nilsson as Pandora" (1873, Walters Art Museum, Baltimore)...


Luc-Olivier Merson, 1846-1920,

Étude Pour La Figure De La Source à l'Opéra Comique de Paris



William Bouguereau (1825-1905)

"La naissance de Vénus" (1879), Musée d'Orsay, Paris

 

Bouguereau, chef de file de la peinture académique française,  eu droit à tous les triomphes officiels, connut un immense succès tant en France qu'en Amérique, mais subit le mépris et l'oubli des historiens de l'art moderne. Lui seul sut autant produire d'oeuvres pour clientèle de riches amateurs et lui seul sut émoustiller le public , alternant des oeuvres parfois trop minutieuses et répétitives et des tableaux  surprenant par la délicatesse  des tons employés.  La texture lisse et minutieuse de "La Naissance de Vénus" (1879) connaîtra un grand succès : Vénus est au centre, dans un coquillage nacré appuyée sur sa jambe gauche qui souligne un léger déhanchement, et passe ses mains dans son abondante chevelure pour la mettre en évidence et renforcer la sensualité du tableau.

 

Oeuvres: "Bacchante lutinant une chèvre" (1862, Bordeaux, musée des Beaux-Arts) - "Baigneuse" (1864, Gand, musée des Beaux-Arts) - "Baigneuse" (1870, Figueras, musée Dali) - "Nymphes et satyres" (1873, Williamstown, The Sterling and Francine Clark Institute) - "La toilette de Vénus" (1873, Buenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes) - "Après le bain" (1875, Figueras, musée Salvador Dali) - "Une âme au ciel" (1878, Périgueux, musée du Périgord) - "Le nymphée" (1878, Stockton, The Pioneer & Haggin Galleries) - "Jeune fille se défendant contre l'Amour" (1880, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum) - "L'Aurore" (1881, Birmingham (Alabama), Museum of Art) - "Le Printemps" (1886, Omaha, The Joslyn Museum of Art) - "La vague" (1896, Collection particulière) - "Les Oréades" (1902, Musée d'Orsay, Paris) - "Biblis" (1884, Collection particulière) - "Les deux baigneuses" (1884, Art Institute of Chicago)....

 

 

"Les Oréades" de Bouguereau ne sont pas de "simples nus" mais des "femmes aimées", et parmi les centaines de milliers de nus que compte la peinture européenne, il n'y aurait sans doute qu'une petite centaine d'exceptions, ici le peintre ne peint plus pour le spectateur mais pour lui-même, et le spectateur n'est plus qu'un témoin d'une relation qui le dépasse infiniment…


Auguste Toulmouche (1829-1890)    

Natif de Nantes, élève de Charles Gleyre, Toulmouche est,  à dans la lignée de ses contemporains comme Alfred Stevens (1823-1906)  ou Carolus-Duran (1837-1917), un de ces peintres mondains qui s'expose dans le Second Empire et, quant à lui, développe avec succès le portrait de l'élégante petite parisienne, les "délicieuses poupées" pour ne citer qu'Emile Zola (1874), avec un luxe de détails, de drapés, de couleurs, d'objets japonisants, et dont chaque tableau est à lui seul un épisode de vie sentimentale, loin, très loin des impressionnistes ...

Oeuvres : "La fiancée hésitante" (1866), "La Robe bleue" (1870), "Vanité" (1889), "Dolce far niente" (1877), "Le miroir" (1868), "Le Billet" (1883), "L'amour perdu" (toutes en collection privée)...


Alfred Stevens (1823-1906)  

Natif de Bruxelles, formé dans l'atelier d'Ingres à une époque où naît l'impressionnisme, en relation avec Eugène Delacroix, Édouard Manet, Charles Baudelaire, Berthe Morisot, Alfred Stevens se tourne vers la peinture de genre, celle des femmes et des intérieurs de la bourgeoisie élégante, rencontrant un énorme succès de 1860 à 1880, entraînant dans son sillage un certain nombre d'artistes américains comme William Merritt Chase : à la fin de sa vie, la tentation impressionniste semble à nouveau l'interpeller...

Oeuvres: "Dans l'atelier" (1888, Metropolitan Museum of Art, New York), "Après le bal" (1874, Metropolitan Museum of Art, New York), "Le Masque japonais" (1877), "Le Bain" et "La Lettre de rupture" (1867, musée d’Orsay, Paris)....


Charles Chaplin (1825-1891) 

Natif d'Andelys, on dit Charles Chaplin peintre intimiste de la femme mondaine, mais il est aussi artiste reconnu du Second Empire et si son style évoque Boucher, nombre d'artistes femmes suivront son enseignement : Mary Cassatt (1844-1926), Fanny Caillé (1850-1893), Louise Abbéma (1853-1927), Madeleine Lemaire (1845-1928)...

Oeuvres: "The Lost Bird" (The Bowes Museum, Barnard Castle) - "Haïdée" (1873, Chrysler Museum of Art, Norfolk, Va) - "Girl with a Nest" (1869, Musée des Beaux-Arts de Lyon) - "A Beauty with Doves" (Private collection) - "Rêverie" (Museu Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires) - "Woman in Pink" (1884) - "Rêveries" ....


Jules Joseph Lefebvre (1838-1922) 

"Odalisque" (1874, Art Institute of Chicago)

Natif de Tournan-en-Brie, formé dans l'atelier de Léon Cogniet (à l'instar de Léon Bonnat, Carolus-Duran, Tony Robert-Fleury, Jean-Jacques Henner, Jean-Paul Laurens, Albert Giraud), Jules Joseph Lefebvre enseigne à l'Académie Julian et à ce titre forme une génération d'artistes du monde entier (Charles Courtney Curran (1861-1942), Louis Aston Knight (1873-1948), Thomas Wilmer Dewing (1851-1938), Louis Abel-Truchet (1857-1918), Marcel Andre Baschet (1862-1941), Frank Weston Benson (1862-1951), Angele Delasalle (1856-), Edward Frederick Ertz (1862-1954), Joseph David Greenbaum (1864-1940), Childe Hassam (1859-1935), George Hitchcock (1850-1913), William Henry Hyde (1858-1943), Fernand Khnopff (1858-1921), Willard Leroy Metcalf (1858-1925), Elizabeth Nourse (1860-1938), Robert Reid (1862-1929), Edmund Charles Tarbell (1862-1938), Belmiro de Almeida (1858-1941...). Rivalisant avec William Bouguereau, ce "grand mauvais peintre" se met particulièrement en valeur avec sa "Femme couchée" (1868) et la célèbre "La Vérité, une femme nue sortant d'un puits portant un miroir à bout de bras" (Paris, musée d'Orsay), dont Sophie Croizette (1847-1901), la belle rivale de Sarah Bernhardt, est le modèle...   (Photo Edmond Bénard)

Oeuvres: "Chloé" (1875, Private collection) - "Diana surprised" (1879, Museo Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires) - "Fleurs des Champs" (Collection of Fred and Sherry Ross, United States) - "La Cigale (The Grasshopper)" (1872, National Gallery of Victoria, Melbourne) - "La Nymphe et Bacchus" (1866, Musée d'Orsay, Paris) - "La verité (Truth)" (1870, Musée d'Orsay, Paris) - "Mary Magdalen in the Grotto" (1876, The State Hermitage Museum, St Petersburg) - "A Reclining Nude" (Private collection) - "Portrait d'Edith Warren Miller" (1885) - ....


Vlaho Bukovac (1855-1922), "Odalisque à la toilette"


Félix Trutat  (1824–1848),

"Femme nue allongée sur une peau de panthère», dit «Repos et désirs» ou «La Bacchante» (vers 1844, Louvre) …

Félix Trutat est un peintre français mort trop jeune, qui se situe entre Géricault (qui meurt l'année de sa naissance) et le début du réalisme avec Courbet (qui débute au Salon de 1844). Lui-même fit ses débuts à l'âge de 20 ans avec "Femme nue allongée sur une peau de panthère", sans doute une jeune femme bien réelle, peinte le plus naturellement du monde, et en arrière-plan la tête d'un vieil homme, de proportions excessives, que l'on devine est  empruntée à l'iconographie biblique de "Suzanne et les Vieillards". Trutat laissa surtout des portraits : "La Femme couchée" (1844, musée de Dijon), "Le modèle nu posant" (Dijon),  "Portrait de femme" (Paris, musée Henner), "Madame Hamon" (1845, musée d’Orsay, Paris) …


Henri Gervex (1852-1929) 

"Rolla" (1878), Musée d'Orsay, Paris

 

Elève de Cabanel, créateur de mythologies galantes aux formes suaves (Diane et Endymion, 1875, musée d'Angers), Gervex fut aussi un portraitiste fort prisé du public parisien élégant, surtout féminin (Madame Valtesse de La Bigne, 1889, Orsay). En 1878, il exécuta "Rolla", inspirée par un poème d'Alfred de Musset (1810-1857),  qui fit scandale pour sa modernité : il représentait en effet une femme nue conforme à l’idéal académique de son maître, mais cette Vénus qu’il met en scène est une prostituée, n'omettant pas les accessoires jetés au sol que sont corset, jupon, etc, un  lit défait. Alors que c'est Degas qui semble avoir conseillé à Gervex de mettre un corset à terre pour que l'on comprenne que cette femme n'est pas un modèle, Manet, lui, fut, paraît-il, quelque peu agacé par ce qui lui semblait une récupération des artistes les plus novateurs. 

Oeuvres: "Satyre jouant avec une bacchante" (1874, Paris, musée d'Orsay) - "Diane et Endymion" (1875, Angers, musée des Beaux-arts) - "Étude de femme nue" (Bayonne, musée Bonnat-Helleu) - "Femme endormie" (vers 1878, Évreux, musée d'Évreux) - "Baigneuse endormie" (1873, La Rochelle, musée des beaux-arts) - "Parisienne à sa toilette" (Museo Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires)...

Louise-Emilie Delabigne (1848-1910), rebaptisée "Valtesse", est de ces demi-mondaines dont le vie oscille entre la tragédie et la luxuriante domination de ces nombreux amants qui rythme la vie du Tout-Paris de l'époque: elle a rendu Offenbach fou, inspiré malgré elle la "Nana" d'Emile Zola, fréquenté Octave Mirbeau, Arsène Houssaye, Pierre Louÿs, Théophile Gautier, Edmond de Goncourt , posé pour ses amants peintres tels Édouard Manet (portrait de 1879, Metropolitan Museum of Art, New York), Édouard Detaille, Gustave Courbet, Eugène Boudin, Alphonse de Neuville, et Henri Gervex qui se fait brusquement impressionniste avec sa composition "Madame Valtesse de la Bigne" (1879, musée d'Orsay, Paris)....


Paul Baudry (1828-1886)

"La Vague et la Perle" (1862), Madrid, musée du Prado
Dans les années 1850-1880, restant volontairement à part tant du mouvement réaliste et de l'école de Barbizon, que des impressionnistes, Baudry, décorateur et portraitiste, ne s'installe pas totalement dans ce conformisme académicien qui va de Bouguereau à Paul Chabas, mais tente de rénover la tradition de la grande peinture dans son souci du descriptif adapté à la sensualité de son époque...


Paul Emile Chabas (1869-1937)

"Matinée de septembre" (1912), Metropolitan Museum of Art, New York
Elève de William-Adolphe Bouguereau, Paul Emile Chabas tente un érotisme raffiné dont la meilleure illustration sera fournie par cette "Matinée de septembre" qui, en 1912, emportera un grand succès, la jeune femme nue frissonne dans les eaux froides de septembre du lac d'Annecy avec le visage de Julie Phillips, une jeune américaine rencontrée alors par le peintre à Paris....


Carolus-Duran (1838-1917)
"Danaé" (vers 1900), Musée des beaux-arts de Bordeaux
A l'heure où les impressionnistes imposaient une technique que Carolus-Duran pouvait intégrer sans le moindre problème, autodidacte qui recopie ses maîtres, Carolus-Duran préfère utiliser son talent non loin de l'académisme. De fait,  alors que Manet, Monet, Whistler, Puvis de Chavannes peinent à être reconnus, Charles Durant, devenu Carolus-Duran, s'impose dans la haute société européenne, à l'égal d'un Velasquez ou d'un Rubens. "Il rend Manet compréhensible au bourgeois, écrira Emile Zola, il s'en inspire seulement jusqu'à des limites connues, en l'assaisonnant au goût du public"... En 1869, il épouse Pauline Croizette, qui pose pour "La Dame au gant" en 1869 (Paris, musée d'Orsay), composition vivante qui impose la gestuelle de la femme moderne, et à partir de 1870, devient un portraitiste extraordinairement renommé jusqu'à former des dizaines de jeunes peintres anglais et américains...

Oeuvres: "Étude pour Lilia" (1887, Washington, National Gallery of Art) - "Mademoiselle de Lancey (1876, Paris, Petit Palais) - "Femme nue debout" (musée d'art de Toulon) - "Portrait de femme en robe décolletée (vers 1875, Dijon, musée Magnin) - "Portrait of Anna Obolenskaya (1887, The State Hermitage Museum, St Petersburg) - "The Vision of Saint Catherine" (Private collection)...


Jean-Jacques Henner (1829-1905)
"La chaste Suzanne", 1864, Paris, Musée d’Orsay
Natif de Bernwiller, en Alsace, à l'écart de l'académisme ou du naturalisme alors dominants, Jean-Jacques Henner est le peintre des nus féminins à la carnation très blanche, à la chevelure rousse, pour reprendre les caractéristiques de l'un de ses modèles préférés, l'italienne Juana Romani, et aux poses alanguies dans des paysages à peine esquissés, notamment à partir de 1872. On cite volontiers l'anecdote selon laquelle, en 1868, Degas et Manet  convainquent  Henner,  après sa "chaste Suzanne", d’exécuter un nu plus moderne et loin d'une inspiration biblique : "La Toilette", représentant une femme nue assise dans un fauteuil et se coiffant devant un miroir,  fut jugée trop réaliste par les tenants officiels de l’académisme, et Henner détruisit la toile pour cultiver sa singularité...

Oeuvres: Woman on a Black Divan (1865) Musée des Beaux-Arts de Mulhouse; Byblis (1867-1870) Musée National Jean-Jacques Henner, Paris; Femme nue au debout (1872-1874) Musée National Jean-Jacques Henner; Les Naïades (1877) Musée National Jean-Jacques HennerEtude pour La Fontaine (1880) Musée de Grenoble; Figure couchée: Rêverie (1892) Musée National Jean-Jacques Henner; Rêverie (1904-05) musée du Petit Palais; Head of a Girl, Philadelphia Museum of Art; Idyll (1872) Musée d'Orsay, Paris;  Naïade (1875-1878) Musée National Jean-Jacques Henner; La Liseuse  (1880-1890) Musée d'Orsay, Paris....

Juana Romani (1869-1924) 

Native de Velletri (non loin de Rome), installée à Paris dès 1877, Juana Romani est, comme sa soeur Carolina, modèle et pose pour "Diane" du sculpteur et peintre Alexandre Falguière (1831-1900) en 1882, pour Carolus-Duran,  Ferdinand Roybet (1891, "Portrait de Juana Romani"), son portraitiste et amant, Henri Regnault ( "Salomé", 1870, Metropolitain Museum, New York), et surtout Jean-Jacques Henner, dont elle fut la célèbre "Jeune femme rousse" ("La Liseuse", 1883, "La Dormeuse", 1893). Au contact de ces artistes, à leur grande déception, elle décide de se consacrer elle-même à la peinture, devient  et devient élève de Henner, et participe à ce fameux "atelier des dames", qui se substituait pour les femmes à l'Ecole des Beaux-Arts dont l'accès leur était interdit. Elle devient portraitiste renommée entre 1888 et 1904 ("Leonora d'Este ", "Giovana orientale" (Buenos Aires), "Bella Dona", "Angelica", "Graziella", "Tizianella"..) et dans le style "hennerien", et terminera tragiquement sa vie, oubliée, internée et alcoolique à 55 ans ....


Leon-Jean-Basile Perrault  (1832-1908)   

Natif de Poitiers, Leon-Jean-Basile Perrault fréquente l'atelier de William Bouguereau dont il va exploiter la thématique avec un certain succès...

 

Oeuvres : "The Bather" (1875, Private collection) - "Water Nymph" (1898)


Louis Galliac  (1849-1934) 

Natif de Dijon, formé par Alexandre Cabanel, Adolphe Yvon et Léon Bonnat, Louis Gailliac est un artiste prolifique et met en scène parfois avec toute la texture académique des scènes toujours à la limite de ce qui peut être explicitement exprimées... "A Lady Drinking Tea" (Kinloch Castle, Rum, Scottish Natural Heritage)...


Léon-François Comerre (1850-1916)  

Natif de Trélon (Nord-Pas-de-Calais), célèbre orientaliste de son temps, Léon-François Comerre se situe dans la continuité d'un Alexandre Cabanel...

Oeuvres : "After the Bath" (Private collection) - "Danae ou Pluie d'Or" (Paris, Petit Palais) - "The Flower of Andalusia" (1913) - "The Model" - "The Wink" (Private collection) - "Le Déluge"  ...


Raimundo de Madrazo y Garreta (1841-1920)

Natif de Rome, mais peintre réaliste académique espagnol, Raimundo de Madrazo y Garreta est élève de Léon Cogniet, à Paris, en 1860, et devient un portraitiste apprécié de la société mondaine. La si lumineuse Aline Masson, qui posa pour un autre peintre espagnol, Rogelio de Egusquiza (1845–1915), est le modèle emblématique de Raimundo de Madrazo y Garreta : nous la retrouvons au long de nombreuses compositions, "Aline Masson con mantilla blanca" (1875), "La modelo Aline Masson" (1876), "Recuerdos", "Después del baño" (1895),...autant d'oeuvres que l'on retrouve au Musée du Prado, Madrid, "La lectura" (1880-1885), au Museo Carmen Thyssen, Málaga ...


Eugene de Blaas  (1843-1932)

Natif d'Albano Laziale et peintre académique italien d'origine autrichienne, Eugene de Blaas s'installe à Venise et acquiert sa notoriété par ses portraits féminins...


Edmond Grandjean (1844-1908) - Femme nue allongée (1904, Private collection) 


Luis Ricardo Falero (1851-1896)
Natif de Grenade,  Luis Ricardo Falero installa sa notoriété avec sa "Vision de Faust" de 1878, puis s'installe à Londres dans les années 1887 pour peindre la femme dans une atmosphère le plus souvent mythologique ou fantastique...
Oeuvres: "The Double Star" (1881) Metropolitan Museum of Art, New York - "Faust's Vision" (1878), Private collection - "The Witches Sabbath" (1880), Private collection - ...


Victor Prouvé (1858-1943) 

Natif de Nancy, autant peintre que sculpteur et graveur, décorateur, relieur, loin de la scène parisienne, Victor Prouvé a tant de talent et maîtrise tant de techniques que son génie n'obtiendra pas toute la visibilité escomptée...  "Nourmahal" (1886), "Les Voluptueux" (1889, Musée des Beaux-Arts de Nancy), "La joie de vivre" (1902)...


Diogène Maillart (1840-1926), natif de Lachaussée-du-Bois-d'Écu (Oise) , peintre, illustrateur et décorateur,  "L'Esclave" - Theodore Pierre Nicolas Maillot (1826-1888), natif de Paris, "Nu Au Vase Grec" (1856) - Fernand Lematte (1850-1929), natif de Saint-Quentin, formé par Alexandre Cabanel, "Jeune-femme au bain"- .....


Yakovlev Gavriil Ivanovich (1819-1862)
"Portrait of Julia Telyakovskaya"


Guillaume Seignac (1870–1924)
"L'abandon"
Peintre académique natif de Rennes, Guillaume Seignac eut pour maîtres Gabriel Ferrier, William-Adolphe Bouguereau, et Tony Robert-Fleury et acquiert notoriété pour - "L'abandon", "Jeune femme de Pompéi à une terrasse", "Le réveil de Psyché", "Jeune femme nue sur un canapé"...


René Ménard (1862-1930)
"Nu devant la mer"
Peintre symboliste natif de Paris, élevé dans l'admiration de la Grèce antique, René Ménard représente l'Homme libre et nu, et la femme, vêtue à l'antique et prisonnière de son écrin de verdure, à moins d'être naïades ..


Delphin Enjolras (1865-1945)  

Natif de Coucouron (Ardèche), formé notamment par Jean-Léon Gérôme, Delphin Enjolras connaît un parcours singulier qui le mène du portraits de généraux et de préfets, puis de la vie camarguaise, à une profusion de scènes dites intimistes de femmes nimbées d'une lumière qui marquera son style...

Oeuvres : "Après le Thé", "Après le Bain", "Après la Sieste", "Devant la cheminée", "La Belle Rose", "La Toilette", toutes en Collections particulières...


Edouard-Joseph Dantan (1848-1897) 

Natif de Paris, élève d'Isidore Pils puis d'Henri Lehmann à l'École des beaux-arts de Paris, influencé, dit-on, par Jules Bastien-Lepage, fut le plus souvent éclipsé par ses grands contemporains. Une part de ses compositions est dédiée à décrire avec réalisme le travail d'ateliers de peintre, de céramiste et surtout de sculpture, à l'instar de la profession de son père. Sa compagne et modèle, Agostina Segatori, qui posa aussi pour Jean-Baptiste Corot ("Agostina, the Italian", 1866), Jean-Léon Gérôme, Eugène Delacroix, Édouard Manet, fut un temps très proche de Vincent van Gogh (Agostina Segatori Sitting in the Café du Tambourin, 1888, Van Gogh Museum)....

Oeuvres : "Un Coin d'atelier" (1880, musée d'Orsay, Paris), "Le déjeuner du modèle" (1881), " Un moulage sur nature à l'atelier de sculpture de Saint-Cloud" (1886), "Un moulage sur nature chez Haviland (céramiste d'art) à Auteuil" (1887, Göteborg, Konstmuseum) - "Une restauration, son père dans l'atelier de Saint-Cloud" (1891, Collection particulière) - ...


Paul Sieffert (1874-1957)  

Natif de Paris, élève notamment de Jean-Léon Gérôme, Paul Sieffert est un intarissable producteur de nus féminins ...


François Martin Kavel (1861-1931)

portraitiste de quelques idéaux féminins ("Jeune Femme en Déshabillé", Private collection)...   


Victor Karlovich Shtemberg (Виктор Карлович Штембер, 1863-1921) 

Natif de Moscou, Victor Karlovich Shtemberg étudie, en 1885, à l'Académie Julian de Paris, sous William-Adolphe Bouguereau et Robert-Fleury Antoine, et en 1890 regagne Moscou pour y enseigner et produire ses toiles dans la lignée du courant académique, au moins jusqu'à la Révolution...


Pierre-Paul-Léon Glaize (1842-1931)

 "Nymphe et faune"

Montauban, Musée Ingres

 



Emile Zola, Lettres de Paris - Le Salon de 1874  

"L'ouverture du Salon de peinture a eu lieu hier, au milieu de la cohue la plus brillante qu'on puisse voir. Le spectacle était encore plus dans les salles que sur les murs ; les grandes mondaines de l'Empire, les actrices en vogue de Paris, toutes les femmes qu'on rencontre dans les salons, dans les théâtres, au Bois, aux solennités de tous genres, s'étouffaient là, en toilettes de gala, avec des traînes de soie et de velours sur lesquelles il était bien difficile de ne pas marcher, la plupart même avait hardiment renoncé aux chapeaux, pour étaler des coiffures de bal, de simples branches de fleurs attachées dans les cheveux. Jamais je n'avais vu un tel luxe au milieu d'une telle poussière.

Je ne parle pas des hommes, des peintres, des écrivains, des notabilités politiques et financières, de ce Tout-Paris fatal qui se croirait déshonoré s'il n'assistait pas à toutes les ouvertures imaginables. Dès une heure de l'après-midi, on s'écrasait dans les salles. On peut évaluer les visiteurs au nombre de sept à huit mille. Le matin, toutefois, il n'y a eu que les artistes, les amateurs, les personnes en vue, petit monde désireux de se saluer entre soi et de suivre l'usage aristocratique qui consiste en cette circonstance à aller déjeuner chez Ledoyen, le restaurateur voisin des Champs-Élysées. La véritable foule n'est arrivée que l'après-midi. Je ne citerai personne. Tout le monde y était : c'est plus court, et c'est tout aussi clair. Cette année, comme l'Administration des beaux-arts avait à elle tout le palais de l'Industrie, sans que la place fût rognée par aucune autre installation, elle a pu développer le Salon qu'elle a voulu. Les tableaux n'ont été accrochés que sur deux rangs, ce qui fait qu'ils sont tous bien placés ; seulement, cela a doublé le nombre des salles, qui sont au nombre considérable de vingt-quatre. Vous ne sauriez croire quel effroyable voyage offre le simple parcours de ces vingt-quatre salles de peinture. Cela est long comme de Paris en Amérique. Il faut emporter des vivres, et l'on arrive brisé, ahuri, aveuglé. Des tableaux, toujours des tableaux ; un kilomètre de taches violentes, des bleus, des rouges, des jaunes, criant entre eux, hurlant la cacophonie la plus abominable du monde. Rien n'est plus horrible comme ces oeuvres ainsi jetées à la pelle, sous une lumière crue, devant lesquelles on défile sans un souffle d'air, la sueur au front. Les dames n'en font pas moins des mines coquettes, en agitant leurs éventails.

Certes, je n'entends pas faire ici besogne de critique d'art. Je serais très embarrassé, s'il me fallait donner des opinions motivées, après une première course désordonnée parmi ce tohu-bohu de paysages, de christs, de vierges, de paysans, de soldats, de femmes nues, de messieurs en habit, de prélats et de filles, de coups de soleil et de clairs de lune. D'ailleurs, ce n'est point ma charge. Je suis et ne veux être que chroniqueur. C'est tout au plus si je me permets de trouver le Salon ni meilleur ni pire que les Salons des autres années. En France, depuis la mort des grands maîtres, Delacroix et Ingres, nous avons une moyenne d'art convenable, qui se soutient par beaucoup d'habileté, beaucoup de ce "chic" tout français, qui fait de notre école l'école certainement la plus agréable de toute l'Europe. Nous tenons l'article peinture, les petits tableaux mignons, les figures de femmes bien troussées, les paysages intimes, absolument comme nous tenons l'article de Paris. La Russie, l'Angleterre, l'Amérique surtout se fournissent chez nous de littérature et d'art. C'est peut-être un peu pour cela que le Salon m'a toujours fait l'effet d'un bazar.

Cependant, il me faut vous citer les oeuvres les plus regardées. Cela rentre dans le domaine de la chronique. Les paysagistes restent les artistes réellement originaux de notre école. Là est notre gloire moderne, dans ce sens intime de la nature, cette découverte de la campagne vraie, avec ses frissons, ses eaux profondes, ses arbres vivants, ses grands cieux pleins d'air. Corot a, comme toujours, des toiles exquises, surtout un clair de lune rêveur, devant lequel le public s'écrase. Daubigny expose un champ de coquelicots*, trempé de rosée, qui obtient également un grand succès. Puis je citerai encore les paysages vigoureux d'Harpignies, les campagnes vertes de César de Cock, les taillis superbes de Pelouze, un débutant d'hier en train de se mettre au premier rang. Je confesse toutefois que la foule reste assez tiède devant les paysages ; elle préfère les sujets, les images qui la passionnent. C'est ainsi que le peintre de Neuville produit une véritable émeute avec son tableau : Combat sur une voie ferrée. On n'a pas oublié son succès de l'année dernière : La Dernière Cartouche que la gravure a popularisée. Cette fois, c'est encore une scène tragique de la dernière guerre, et le public s'amuse là comme devant une gravure très réussie de L'Illustration. J'ajoute très bas que le tableau ne me paraît pas mériter un autre succès. Mêmes attroupements devant le portrait en pied du prince impérial, par Lefebvre, et cela pour des raisons que je n'ai pas besoin de dire ; devant les toiles de M. Alma Tadema, dont l'étrangeté archéologique stupéfie et arrête les gens au collet ; enfin devant L'Éminence grise, de Gérome, soignée comme une peinture chinoise exécutée sur laque, si proprement faite, que la foule se pâme.

Je vous signalerai encore quelques oeuvres qui me paraissent devoir être les succès du Salon. D'abord, les trois toiles de Carolus-Duran, un portrait charmant de sa fille, un portrait plus discutable de la comtesse de Pourtalès, et une grande femme nue, au milieu de feuillages trempés de vapeur, qu'il a intitulée : Dans la rosée. Ensuite, deux pendants de Duez, un peintre dont le nom va devenir populaire : une fille à cheveux rouges, superbe de crânerie, et une vieille chiffonnière, la hotte au dos ; le titre Splendeur et Misère suffit à faire comprendre l'antithèse. Puis je cite en tas le grand christ jaunâtre de Bonnat, les portraits élégants de Cabanel, les délicieuses poupées de Toulmouche, les figures charbonnées de Ribot, les saintetés au miel de Bouguereau, les très beaux panneaux décoratifs de Puvis de Chavannes, toutes les gloires plus ou moins solides qui font le plus bel ornement du Salon depuis des années.

J'ai gardé Édouard Manet. Il a envoyé cette année une jeune femme assise avec sa fille devant la grille d'un chemin de fer et regardant passer les trains à toute vapeur. La gamme, bleue et blanche, est charmante. J'avoue être un grand admirateur d'Édouard Manet, un des rares peintres originaux dont notre école puisse se glorifier. La toile appartient à l'admirable collection du chanteur Faure. Cela n'empêche pas la foule de s'égayer doucement. Elle a raison. Au milieu des toiles voisines, l'oeuvre d'Édouard Manet fait une tache assez singulière pour que des yeux ignorants, gâtés par toutes les gentillesses de notre art, voient purement la chose en comique. Si l'on accrochait un Goya au Salon, on se tordrait.

Je suis allé fumer un cigare dans la grande nef transformée en jardin. Mais j'avais les yeux si malades, que je n'ai pas vu la sculpture. Il m'a semblé simplement apercevoir un magnifique buste d'Alexandre Dumas fils, par Carpeaux. Et les toilettes s'étalaient plus largement autour de moi. On aurait pu se croire à quelque réception princière, dans une serre gigantesque. Je me suis couché à neuf heures, avec une migraine épouvantable."