PARIS IV - Le quartier des Grands Boulevards parisiens - Les Quartiers Bastille & République - Au nord-ouest du 8e arrondissement - Au nord-ouest du 9e arrondissement - Les Quartier des Ternes & des Batignoles - Les Quartiers La Villette, Belleville & Ménilmontant - ...

 


Last update: 05/05/2019

Le Paris ici évoqué n'est plus le Paris monumental qu'arpentent les cohortes de touristes du monde entier, mais un Paris conçu au XIXe siècle qu'il nous faut, le plus souvent non sans efforts, appréhender au travers d'un nom de rue, d'une façade, d'un immeuble, d'un passage, d'une boutique. L'imagination et l'histoire viennent ici compléter les quelques traces que nous ont préservées les transformations du temps. Gustave Caillebotte peignit en 1880 et 1881 deux représentations bien connues de la vie parisienne de l'époque, "L'Homme au balcon" (1880) et "Un balcon à Paris" (1881), deux scènes qui posaient un nouveau regard sur un Paris qui venait de naître et de s'imposer dans l'imaginaire collectif, le Paris des Grands Boulevards. Les Grands Boulevards Parisiens incarnent en effet l'un des aspects les plus caractéristiques de la "Rive droite" de Paris, de ces "grands boulevards" qui se développent dès le milieu du 18e siècle, - l'axe Madeleine-Bastille en est l'épicentre -, lieux de promenades délimitant Paris de la campagne, puis lieu incontournable des affaires, de la fêtes et des plaisirs qui s'impose au long du 19e siècle, sous le Second Empire, quand Paris se métamorphose brutalement : entre 1853 à 1870, la ville bourgeoise se structure avec l’ouverture de grandes artères, telles que le boulevard de Strasbourg, le boulevard de Sébastopol, le boulevard Saint-Michel ou le boulevard Saint-Germain, la rue de Rennes, et l’agrandissement de rues comme celles de la rue de Rivoli et de la rue Saint-Antoine. Aujourd'hui dominent les ravages de la "gentrification"..

The Paris mentioned here is no longer the monumental Paris that cohorts of tourists from all over the world walk through, but a Paris conceived in the 19th century that we need, most often not without effort, to apprehend through a street name, a façade, a building, a passage, a shop. Imagination and history complete the few traces that have been preserved by the transformations of time....

El París aquí mencionado ya no es el París monumental que atraviesan cohortes de turistas de todo el mundo, sino un París concebido en el siglo XIX que necesitamos, no sin esfuerzo, aprehender a través del nombre de una calle, de una fachada, de un edificio, de un pasaje, de una tienda. La imaginación y la historia completan las pocas huellas que han sido preservadas por las transformaciones del tiempo...


Au XIXe, les "Grands Boulevards" se sont peuplés de théâtres, de cafés et de cabarets. Des peintres de la Belle Epoque aux Impressionnistes, les artistes y ont puisé une multitude de scènes de la vie quotidienne, "Le Boulevard des Capucines devant le théâtre du Vaudeville" (1875), de Jean Béraud (1849-1935), "Le Boulevard des Italiens" (1876), d'Edmond Georges Grandjean (1844-1908), "Place Blanche, Boulevard Clichy (1873), de Jean-Francois Raffaelli (1850-1924). Les Grands boulevards, transformés par le baron Haussmann, inspireront les impressionnistes, tels que Gustave Caillebote (1848-1894), "Le Boulevard Montmartre" (1897), de Camille Pissaro (1830-1903), Pierre Auguste Renoir, "Boulevard des Capucines" (1873), de Claude Monet, Georges Stein (1870-1930), et bien des peintres du monde entier, l'américain Childe Hassam (1897), l'italien Giuseppe de Nittis (1882), l'allemand Lesser Ury (1928), le finlandais Akseli Gallen-Kallela (1885) ..

Mais que reste-t-il des Grands Boulevards parisiens? La fête et l'animation y ont perdu leur intensité initiale, le tourisme et la foule ne dépassent guère les Galeries Lafayette et le Printemps, le quartier austère des banques, les chaînes de restaurants et de magasins d'habillements, la circulation automobile, les refondations des  places de la République et de la Bastille ont vidé de sa substance une des grandes représentations emblématiques de Paris. Reste une constellation de théâtres qui pour l'heure sont restés fidèlement attachés à leurs lieux d'origine, reste un axe sud-ouest / nord-est qui laisse découvrir toute la diversité parisienne, une diversité qui progressivement s'éradique sous la poussée de ce qu'on dénomme désormais la "gentrification" des quartiers parisiens…

 

But what remains of the Grands Boulevards parisiens? The celebration and entertainment have lost their initial intensity, tourism and crowds hardly surpass Galeries Lafayette and Printemps, the austere banking district, chains of restaurants and clothing stores, car traffic, the refounding of the Republic and Bastille squares have emptied one of Paris' great emblematic representations of its substance. There remains a constellation of theatres which for the time being have remained faithfully attached to their places of origin, remains a south-western / north-eastern axis that reveals all the diversity of Paris, a diversity that is gradually being eradicated under the impetus of what is now called the "gentrification" of Parisian districts....

¿Pero qué queda de los Grands Boulevards parisiens? La celebración y el entretenimiento han perdido su intensidad inicial, el turismo y las multitudes apenas superan a las Galerías Lafayette y Printemps, el austero distrito bancario, las cadenas de restaurantes y tiendas de ropa, el tráfico de coches, la refundación de la República y las plazas de la Bastilla han vaciado de contenido una de las grandes representaciones emblemáticas de París. Queda una constelación de teatros que por el momento han permanecido fielmente vinculados a sus lugares de origen, sigue siendo un eje suroeste/noroeste que revela toda la diversidad de París, una diversidad que se va erradicando paulatinamente bajo el impulso de lo que hoy se denomina la "aburguesamiento" de los barrios parisinos.....

 


Le quartier des Grands Boulevards parisiens, les boulevards dits de la première couronne...
Les Grands Boulevards forment un arc de cercle qui court de la place de la Bastille à la place de la Madeleine, sur plusieurs arrondissements, les 2e, 3e, 4e, 9e, 10e et 11e, et traversent la place de la République et la place de l'Opéra. Nous pouvons débuter notre périple en prenant pour référence la place de l'Opéra qui se trouve au centre d'un triangle, au nord, le boulevard Haussmann, au sud, l'enchaînement boulevard de la Madeleine, boulevard des Capucines, boulevard des Italiens : tous aboutissent au boulevard Montmartre. Celui-ci se poursuit avec le boulevard Poissonnière, le boulevard de Bonne Nouvelle, le boulevard Saint Denis, le boulevard Saint Martin, jusqu'à la place de la République…

Parcourant les 8e et 9e arrondissements, le boulevard Haussmann, long de 2 530m, traverse la place des Grands Augustins où se trouve l'église du même nom, la rue de Rome, qui mène à la gare Saint-Lazare, borde les célèbres grands magasins du Printemps et des Galeries Lafayette, passe derrière l'Opéra, pour rejoindre le boulevard des Italiens qui tous deux gagnent le boulevard Montmartre...

 Le boulevard Haussmann est principalement un lieu de commerce touristique absolu, via les Galeries Lafayette Haussmann, sous son dôme de verre inspiré par le style byzantin à 33m de hauteur, une réputation qui surpasse l'emblématique Harrod's de Londres, ou le Printemps Haussmann, qui comporte un dôme de 42m de hauteur et dont le magasin de la rue du Havre est surélevé de deux étages et surmonté d'une terrasse panoramique…

A partir du boulevard Haussmann, la rue de la Chaussée d'Antin nous entraîne vers le nord-ouest du 9e arrondissement, un 9ème arrondissement qui s'étend du Palais Garnier au sud au pied de Montmartre au nord, et constitue l'un des arrondissements les plus fréquentés de Paris, sans doute l'un des plus touchés par les travaux d'aménagement du XIXe siècle du Baron Haussmann....

Au bout de la rue de la Chaussée d'Antin, place d'Estiennes d'Orves, l'Eglise de la Trinité (1861-1867), construite sous le Second Empire, est une imposant église de style néo-Renaissance (90m de long, 34m de large et 30m de haut), conçue toute entière pour affirmer le catholicisme...

Aux abords, rue de Châteaudun, l'église Notre Dame de Lorette s'inspire des basiliques chrétiennes de Rome : construite en 1836 dans un quartier qui devient à la mode (les "lorettes"), elle sera jugée par ses contemporains trop décorée, trop mondaine (le choeur, le plafond de bois doré, les peintures murales). Notre-Dame-de-Lorette, Saint-François-Xavier et la Sainte-Trinité sont considérées comme les plus belles églises de Paris…

Située entre le 9e et 18e arrondissement, entre l’Église Notre-Dame de Lorette et le Sacré-Cœur, la rue des Martyrs est l'une des rues les plus commerçantes du quartier de Pigalle…

Puis, rue de la Rochefoucauld, le Musée-atelier Gustave-Moreau, dédié au peintre symboliste (1826-1898), un premier étage est dédié aux appartements privés de l’artiste, les deux derniers sont d'immenses et impressionnants ateliers où s’exposent 1300 peintures et aquarelles, 5000 dessins, dont Les Filles de Thespius, Le Triomphe d'Alexandre le Grand, L'Apparition, Les Licornes, Le Parque et l'Ange de la Mort, La Vie de l'Humanité.
En poursuivant notre chemin vers l'est , vous rejoindrons la rue de Lafayette qui mène vers les gares de l'Est et du Nord et, au 39 rue du Château d'eau, la plus petite maison de Paris (1m10 de façade, 3m de profondeur), et la rue du Faubourg Poissonnière…

Retour boulevard Haussmann et Grands Boulevards. Parcourant les 1er, 2e, 8e et 9e arrondissements, trois boulevards s'enchaînent entre la Madeleine et le boulevard Montmartre, traversant au passage la place de l'Opéra, les boulevards de la Madeleine, des Capucines, et des Italiens. Le boulevard de la Madeleine, à la limite des 1er, 9e et 8e arrondissement, relie la place de la Madeleine, et l'église de la Madeleine, au boulevard des Capucines. Ce boulevard est associé au quartier de la place Vendôme. Le  photographe de mode George Dambier y photographia Capucine en 1958, pour le magazine Elle, mannequin de Givenchy et actrice…

Traversant les 2e et 9e arrondissements, le boulevard des  Capucines relie le boulevard de la Madeleine au boulevard des Italiens, croisant la rue Caumartin, le Music Hall l'Olympia (1893), la façade de ce qui fut l'atelier de Nadar en 1860, le premier reporter photographe, le 14 boulevard des Capucines où se dressa jadis Le Grand Café, lieu mythique où fut projeté la première séance de cinéma au monde, l'Hôtel Scribe. Rue Daunou, se dresse L'American Dream, le plus grand espace Américain de Paris, 1000 m2 et 450 places dédiés à la cuisine US, piano bar, live music, et show girls. Plus avant, le Café de la paix (1862), de style Napoléon III, et le Grand Hôtel qui lui est associé, puis la place de l'Opéra, devant l'Opéra, en fond l'avenue de l'Opéra descendant vers le Louvre. Et poursuivant notre chemin boulevard des Capucines, le Cinéma Le Paramount à l’angle de la rue de la Chaussée d’Antin…

Traversant toujours les 2e et 9e arrondissements, le boulevard des Italiens relie le boulevard des Capucines au boulevard Montmartre. Georges Méliès réalisa en 1896 le "Boulevard des Italiens", lieu de son célèbre petit théâtre, un film muet considéré depuis comme perdu mais qui souligne toute l'extraordinaire vitalité de ce boulevard dans la deuxième partie du XIXe siècle et dont il ne reste que très peu de vestiges. On y côtoie encore les sièges historiques de nombreuses banques, la rue Laffitte, au bout de laquelle on aperçoit Notre Dame de Lorette et le Sacré-Cœur de Montmartre, la rue Favart qui mène à la place Boieldieu et à l'Opéra Comique, le passage des Princes, le dernier né des passages couverts du 19ème siècle (1860)…

Au carrefour du boulevard Haussmann et du boulevard des Italiens, débute le boulevard Montmartre qui nous mènera jusqu'au boulevard Poissonnière. On y croise successivement le Passage des Panoramas, le premier passage couvert de Paris (1799) et comportant plus de 133m d'activité marchande et s'ouvrant rue Saint-Marc, rue Montmartre, rue Vivienne, le Passage Jouffroy, premier passage construit entièrement en fer et en verre (1836), et l’un des passages les plus fréquentés de Paris, l’hôtel Mercure Ronceray, le Musée Grevin (1882), musée de cire et palais des mirages, l'un des musées les plus célèbres de Paris (plus de 600.000 visiteurs), le Théâtre des Variétés, construit en 1807 en forme de temple grec, ...

Le boulevard Poissonnière prolonge le boulevard Montmartre et débute au carrefour des rues du Faubourg Montmartre et de la rue Montmartre. A l'angle du Faubourg Montmartre et de la rue Bergère, nous rencontrons la Cité Bergère (1825), qui regroupe un grand nombre d’hôtels touristiques, et la fameuse salle du Palace (1921), le passage Verdeau (1846), situé entre la rue de la Grange-Batelière au sud et la rue du Faubourg-Montmartre au nord et qui bénéficie de la proximité de l'Hôtel Drouot. La plus ancienne chocolaterie de Paris (1761), "A la Mère de Famille", y expose une de ses fameuses boutiques, une façade en verre gravé à la feuille d’or. La rue de Trévise mène à la rue Richer et au célèbre cabaret des "Folies-Bergères", le symbole du Paris des années folles, l'une des plus célèbres revues parisiennes depuis la fin du 19e siècle, le temple des "petites femmes de Paris".

A proximité, l'église Saint-Eugène-Sainte-Cécile, une église dite néo-gothique, la première église de Paris dont la structure est entièrement métallique (1855) allégeant l'architecture et libérant ainsi l'espace au profit de magnifiques vitraux ..

Boulevard Poissonnière, on y croise successivement le théâtre des Nouveautés, les Hôtels de Nicolas de Montholon (1785) et de Méricourt (1757), et le cinéma Le Grand Rex, le plus grand cinéma d’Europe : sa grande salle peut accueillir 2750 spectateurs et le site affiche en moyenne une fréquentation de 1 million de visiteurs par an. Inauguré en 1932, le cinéma fut conçu comme un modèle réduit du célèbre Radio City Music Hall de New York et ses décors intérieurs sont particulièrement renommés.

A l'angle du Rex, la rue Poissonnière mène à la rue Réaumur, via la rue des Jeuneurs, la rue des Petits Carreaux, d'innombrables cafés et petits restaurants. La rue Réaumur est connue pour ses façades particulièrement ouvragées, - le baron Haussman ayant autorisé au XIXe toutes les exubérances possibles -, dont, à l’angle avec la rue Saint-Denis, un immeuble Art nouveau en pure imitation gothique datant de 1900. A l'angle de la rue Réaumur et de la rue Montmartre, une singulière file d'attente quasi permanente patiente aux portes de Popolare, un des établissements de Big Mamma, réputé pour ses pizzas à 5 euros made in Italy, que l'on déguste à l'ombre d'une devanture constellée de milliers de bouteilles d'alcool…

La rue du Sentier, près du Grand Rex, nous ouvre le quartier du Sentier, entre rue du Sentier, boulevard Sébastopol et rue Réaumur, jadis vivier pour les magasins de textiles. La rue Montorgueil reste ici attachée au tableau de Claude Monet, réalisé par le peintre en 1878, ...

… et Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, rue de la Lune, surprend par des œuvres monumentales qui contrastent avec l'austérité de sa façade extérieure , telle que l'Annonciation de Giovanni Lanfranco (1617-1619), la rue des Degrés, la plus petite rue de la capitale, une rue-escaliers de 5,75 mètres de long, …

Nous voici abordant les 2e et 10e arrondissements de Paris. "On peut être sûr de me rencontrer dans Paris, de ne pas passer plus de trois jours sans me voir aller et venir vers la fin de l'après-midi boulevard Bonne-Nouvelle, je ne sais pourquoi", écrira André Breton… Au croisement de la rue du Faubourg Poissonnière, de la rue Poissonnière et du boulevard Poissonnière, le boulevard Bonne Nouvelle nous mène à la porte Saint-Denis et au boulevard du même nom. On y croise la rue d’Hauteville, qui mène à l'imposante église Saint-Vincent-de-Paul,  le Théâtre du Gymnase-Marie Bell. L'imagination historique aidant, au 34-35 boulevard de Bonne Nouvelle se dressait, en 1860, le Marguery, l'une des plus grandes maisons closes de la capitale...

Poursuivant le boulevard Bonne Nouvelle, à partir de la Porte de Saint Denis (1672), le boulevard Saint Denis traverse les 2e, 3e et 10e arrondissements de Paris, nous mène à la porte Saint Martin et au boulevard du même nom en croisant la rue Saint-Denis, le boulevard de Sébastopol et le boulevard de Strasbourg…

Au niveau de la porte Saint Denis, la rue du Faubourg-Saint-Denis, dans le 10e arrondissement, s’étend du secteur des Grands Boulevards à à la basilique de Saint-Denis, via la Gare du Nord, et expose l'un des visages les plus cosmopolites de Paris, qui se prolonge au débouché du très populeux boulevard Magenta. 

Le passage Brady incarne ici la "Little India" au coeur du 10e arrondissement, avec ses restaurants, ses boutiques d'épices, d'encens et de soins traditionnels (plus au nord, la Courneuve a vu s'implanter des communautés sri-lankaises, pakistanaises et indiennes). Entre rue du Faubourg-Saint-Denis et boulevard Magenta, coiffeurs afros, boutiques de cosmétiques et salons de manucure peuplent les alentours du métro Château d’eau, quartier africain de la Rive Droite de Paris. Le "sentier turc" se conjugue entre les rues d’Enghien, d’Hauteville, de Paradis et du Faubourg Saint-Denis...
Enfin, nombre de passages s'ouvrent au long de la rue du Faubourg Saint-Denis, la Cour et Passage des Petites Ecuries, le passage du Désir, qui débouche rue du Faubourg-Saint-Martin,...

Le  boulevard Saint Martin débute porte Saint-Martin (1674), dans le prolongement du boulevard Saint Denis, pour rejoindre la place de la République. On y croise le Théâtre de la Renaissance, le Caveau de la République, le théâtre de la Porte Saint Martin,..

A partir de la place de la République, nous pouvons remonter au nord-ouest vers le Boulevard Magenta, ou descendre vers le sud-est, gagner le boulevard Voltaire, qui rejoint la place de la Nation, ou plus encore parcourir successivement le boulevard du Temple, le boulevard  des Filles de Calvaire, le boulevard Beaumarchais qui atteint la place de la Bastille, le flot touristique se fait ici plus rare….


Si nous remontons de la place de la République vers le boulevard de Magenta, nous traverserons le 10e arrondissement, passerons devant la gare de l'Est puis la gare du Nord, et gagnerons le boulevard de la Chapelle et Barbès-Rochechouart. Jadis porte d'entrée du Paris "moderne" conçue par le baron Haussmann et destiné à se peupler d'une population des plus aisées, le boulevard de Magenta absorbe toute la circulation et les foules cosmopolites du 10e arrondissement. Plus globalement, le nord de la capitale (Montmartre et le 18e, le Faubourg Saint-Denis et le 10e, le Faubourg du Temple et le 19e, le 20e) et ses quartiers surchargés par les flux immigrants depuis plus d'un demi-siècle, est désormais le théâtre d'un décalage de plus en plus marqué entre commerces ethniques et stratégie de rénovation urbaine et de gentrification (l'embourgeoisement à la française revu au XXIe siècle). Il est d'usage de comparer les stratégies d'immigration mises en oeuvre à New York (8,5 millions d'hab., 37% de natifs étrangers, à dominance Amérique Latine et Caraïbes), Paris (2,2 millions, 20%, Maghreb et anciennes colonies françaises), et Barcelone (1,6 million, 18%, Amérique Latine et Maroc), et les analyses convergent toutes pour constater un sentiment d'échec d'intégration dans la capitale française: les 107 communautés culturo-ethnico-religieuses qui s'y côtoient dans un climat d'indifférence soupçonneuse...

La Gare du Nord, la 2e gare du monde en matière de trafic voyageur ( 270 millions de voyageurs en 2017), voisine de la gare de Paris-Est, dont le faisceau de voies est distant de moins de deux cents mètres à l'est. Sa façade, qui comporte 23 statues monumentales sculptées, voit chaque jour se déverser une foule cosmopolite en provenance de la banlieue nord, les tensions sont quotidiennes, mais un formidable projet de rénovation est en cours…


Barbès-Rochechouart, carrefour entre deux mondes particulièrement animé, où se croisent les boulevards de Rochechouart, de la Chapelle, Barbès et Magenta, entre les quartiers de Montmartre, Pigalle et la Goutte d'Or (le repère préféré de l'Afrique noire à Paris), trois arrondissements, une station aérienne de métro qui draine une foule cosmopolite qui se déverse vers les magasins Tati, trente-cinq millions de visiteurs par an, fringues à bas prix et boutiques de mariage, ou pour s’approvisionner en denrées alimentaires d'origine maghrébine à l'approche du mois de Ramadan, et le marché Dejean, carrefour de la vie afro-antillaise (Château rouge). Et, passant désormais totalement inaperçu, le Louxor, jadis cinéma par excellence des années folles (1921), boulevard de Magenta, ...

 Le boulevard de Magenta croise la très longue rue Lafayette, nous y retrouverons, en prenant la direction du métro Poissonnière, la place Franz-Liszt qui abrite a très imposante Église Saint-Vincent-de-Paul : l'église, située sur petit promontoire du 9e arrondissement, domine la zone sud de Paris, avec Notre-Dame et les Invalides, et le nord, Montmartre et le Sacré-Cœur, et ce du balcon qui orne sa façade. Sa Porte principale porte des panneaux en lave émaillée du peintre Jollivet, l'une des singularités de cette église. Son intérieur, malgré la pénombre particulièrement intense qui y règne, offre une richesse de décors exceptionnelles, une frise d'Hippolyte Flandrin (1809-1864) tout au long de la nef qui contient deux cent trente-cinq personnages qui convergent vers le Christ en majesté, une voûte néo-byzantine dans le chœur, des chapelles latérales closes par des grilles réalisées par l'atelier Calla, le Calvaire en bronze de François Rude (1784-1855), une chapelle de la Vierge qui abrite la statue de la Vierge à l'Enfant d'Albert-Ernest Carrier-Belleuse, des peintures de William Bouguereau (1825-1905)...


Associé aux quartiers de la Goutte d'Or et de Clignancourt, Château Rouge abrite dans le 18e arrondissement le fameux marché africain de la rue Déjean, devenu sujet de visites guidées thématiques de nombre d'opérateurs touristiques, les tissus africains (wax), les magasins de mèches, perruques et autres cosmétiques de la rue Poulet, les produits dits "exotiques" qui attirent toute la communauté africaine et antillaise de la région parisienne, mais quartier qui doit résister à de nombreuses stratégies de rénovation immobilière…

... en suivant la rue Doudeauville, nous traversons les rails de la Gare du Nord, gagnons le quartier de la Chapelle, entre 10e et 18e arrondissement, souvent appréhendé comme un quartier à dominance srilankaise, squats d'immigrants musulmans et masculins. Plus globalement, le nord de Paris est livré à des milliers (2000 à 10000) de migrants qui survivent au bord des espaces verts, des chantiers de rénovation et du périphérique, mais là aussi la "gentrification" est en route…


Nous avons suivi le boulevard de Magenta jusqu'à son extrémité nord : s'étend, en limite du 9e arrondissement, sur une même ligne, le quartier dit du haut Montmartre qui  s’est fait connaître progressivement à partir des années 1820-1830 comme un lieu de plaisirs et de fêtes. C'est à partir du boulevard Rochechouart, qui abrite par ailleurs plusieurs salles de spectacles crées durant le 19e siècle comme La Cigale (1887),  le Trianon (1894), et l'Elysée Montmartre (1807), - la fameuse salle de balle où fut inauguré le Cancan -, non loin duquel nombre de touristes entreprennent de gagner le Sacré Coeur..

... c'est en effet à partir de la place d'Anvers, par cars entiers ou par métro, que le flot des touristes s'engage rue de Steinkerque et gagne la place Saint-Pierre et monte à l'assaut de Montmartre…

De la place d'Anvers à la place Clichy, nous franchirons la fin du boulevard de Rochechouart, le boulevard de Clichy, la place Pigalle, dont les rues adjacentes  s'illuminent d'enseignes de néons bleus ou roses la nuit tombée, mais le plus souvent les bars à cocktails ont remplacé les bars à hôtesses, …

Toujours boulevard de Clichy, la place Blanche, célèbre pour son mythique cabaret parisien fondé en 1889, le Moulin Rouge, un cabaret dont la célébrité ne faiblit pas, chaque année, environ 600 000 visiteurs assistent aux deux représentations quotidiennes animées par une centaine de danseurs..

Enfin, à l'extrême ouest du 8e arrondissement, la place de Clichy, qui englobe une partie des boulevards des Batignolles et de Clichy, la rue de Clichy, la rue d'Amsterdam et le boulevard des Batignolles, et voit se rejoindre les 8e, 9e, 17e, 18e arrondissements…


Le Quartier Bastille - République - Paris 3e, 4e, 10e, 11e, 12e
Le quartier, centré autour de la place de la Bastille et de la place de la République, couvre plusieurs arrondissement et les boulevards Richard Lenoir, Voltaire, boulevard du Temple, la place Léon Blum, mais aussi le bassin de l'Arsenal, qui relie le canal Saint-Martin à la Seine, entre le quai de la Rapée et la place de la Bastille…

La place de la République est située à la jonction des boulevards du Temple, boulevard Saint-Martin , boulevard Magenta et boulevard Voltaire, de l'avenue de la République, et des rues du Temple, René Boulanger, Léon Jouhaux, du Faubourg du Temple…

La rue de la Roquette est une très ancienne voie des faubourgs de l'est de Paris et relie la place de la Bastille au cimetière du Père-Lachaise, Paul Verlaine y écrivit  Les Poètes maudits dans les années 1880...

.. la place de la Bastille, lieu symbolique de la Révolution française et de la révolution des Trois Glorieuses (la colonne de Juillet, 1835) et point de départ, de passage ou d'arrivée de nombreuses manifestations, peut être atteint à partir du Marais, via la rue Saint-Antoine, le boulevard Beaumarchais au départ de la place de la République, la rue du Faubourg-Saint-Antoine, à partir de la place de la Nation, la rue de Lyon, qui mène à la gare de Lyon, le boulevard Richard Lenoir (qui recouvre en partie le canal Saint-Martin) vers la place de la République, …

... ou via le boulevard de la Bastille et le boulevard Bourdon, qui longent tous deux le port de l'Arsenal qui relie le canal Saint-Martin à la Seine. D'une longueur de 4,5 km, dont plus de 2 km en souterrain, le canal Saint Martin relie le bassin de la Villette , alimenté par le canal de canal de l'Ourcq, au bassin de l'Arsenal accessible par la Seine. Le canal a  une  dénivellation de vingt-cinq mètres et comporte des ponts métalliques passerelles ainsi que neuf écluses. Il commence au niveau de la place de Stalingrad , à ciel ouvert....

... enfin l'Opéra-Bastille (1989) avec ses 2700 places tente ici de rivaliser avec l'Opéra Garnier, le port de Plaisance de l'Arsenal et la Promenade plantée vers le bois de Vincennes, la plus vaste des promenades parisiennes, et le populaire Marché d'Aligre…