Andalucia - Sevilla - ..

 

Last update: 10/10/2018

 

La porte d'entrée traditionnelle de l'Andalucia est Sévilla, la ville de Carmen, de Don Juan, d' "el celebérrimo Barbero", du flamenco et de la plus belle cathédrale d'Espagne. L'Andalousie c'est aussi une des plus célèbres régions de la péninsule Ibérique, bordée tant par la Méditérranée que par l'Atlantique, que sépare l'El estrecho de Gibraltar et la costa de Los Vientos, à quelques kilomètres de l'Afrique, divisée en 8 provinces, région la plus peuplée d'Espagne (8 millions d'habitants pour 29 millions de visiteurs, dont 41% d'étrangers), une région marquée par la fameuse époque de l'Al-Ándalus entre 711 et 1492, terre de grands écrivains (Luis de Góngora, Tirso de Molina, Juan Ramón Jiménez, Federico García Lorca, Antonio Machado, Rafael Alberti, Miguel Hernández, Antonio Muñoz Molina) et de formidables peintres (Diego de Velázquez, Bartolomé Esteban Murillo, Francisco de Zurbarán, Alonso Cano, Francisco Pacheco, Juan de Valdés , Julio Romero de Torres) et sculpteurs (Juan Martínez Montañés, Juan de Mesa, Pedro de Mena, Pedro Roldán). Le pays abrite entre autres magnifiques lieux, la costa de la Rabida et el Parque Nacional de Doñana, Cadiz, Jerez et los pueblos de La Frontera,  la Sierra de Grazalema y Serrania de Ronda, Córdoba ("palacios de ensueño y monjes fantasmas", dont la Mezquitz) y Sierra Morena, Granada y Las Alpujarras ("el paisage de las Mil y Una Noches", l'Alhambra et le parador de San Franciosco), le Cabo de Gata y desertio de Almeria, la Sierra de Cazorla y Sierra Mágina ("olivares, espectros y castillo en ruinas"), et Sevilla, la "ciudad mimada"...

"Quien no ha visto Sevilla, no ha visto maravilla" - Dressée au bord du Guadalquivir, le seul fleuve navigable d'Espagne, ancienne cité romaine (Hispalis), conquise par les Wisigoths à la chute de l'Empire, devenue en 712 Isbiliya, une cité arabe qui se peuple d'orangers, redevenue chrétienne en 1248 grâce à Ferdinand III de Castille, qui consacre la grande mosquée comme cathédrale en 1248, avant se reconstruction gothique de 1434-1517, flanquée de la célèbre Tour "Giralda" qui va se modifier jusqu'en 1621. Au XVIe siècle, Sevilla était la ville la plus importante d'Europe et les richesses du Nouveau Monde affluait à son port pour être distribuées dans tout le continent. La Renaissance a combiné ici gothique et mudéjar dans une harmonie de style unique au monde. La Catedral, la Giralda, el Real Alcázar, el barrio de Santa Cruz, la Torre del Oro, el parque de María Luisa y su plaza de España, el Museo de Bellas Artes… constituent les incontournables d'une ville de 1.500.000 habitants (la quatrième ville d'Espagne), cœur économique, politique et culturel de l’Andalousie qui a su parfaitement négocier le tournant de la modernité et accueille chaque année plus de 2 600.000 touristes, un tourisme de plus en plus international (58% de touristes étrangers, dont 180.000 français, 170.000 américains, 150.000 italiens, 130.000 anglais, 90.000 allemands, 60.000 chinois) et la conversion des bâtiments de Séville en hôtel ne cesse de progresser (plus de 200 hôtels) ... La "Semana Santa", à Pâques, avec ses confréries de pénitents cagoulés, est ici l'une des plus extraordinaires d'Espagne, la "Feria de Abril" (1 million de visiteurs sur la Plaza de España) marque quant à elle le début de la saison des corridas, et la "Bienal de Flamenco" est un incontournable des mois des septembre et d'octobre...

Centro y Barrio Santa Cruz - La vieille  ville de Séville, qui s'étend de la Cathédrale et de l'Alcazar à l'église de Santa Maria la Blanca, est l'une des plus grandes d'Europe, au long de ses ruelles sinueuses, particulièrement étroites (la calle Reinoso, ou calle de los besos, est la plus étroite avec ses 106cm), et si l'on parvient à fuir la foule compacte des touristes venus en masse du monde entier visiter la Cathédrale ou l'Alcazar, on y rencontre toutes les langues de la planète, rarement le castillan, on peut s'y perdre aussi,  au détour de ses maisons blanches rehaussées de touches oranges ou de ses petites places, bars à tapas et patios fleuris. Santa Cruz est, avec San Bartolomé et San Nicolás, un des principaux sites de la Sevilla judaica (au Moyen Âge, Séville comptait plus de vingt synagogues)...

C'est aussi ici que vécut au 17e siècle Bartolomé Esteban Murillo (1617-182), un des grands maîtres du baroque espagnol (Casa Murillo, calle Santa Teresa; plaza de Santa Cruz; los jardines de Murillo, qui abrite le fameux El monumento a Colón) tandis qu'un de ses célèbres contemporains, Juan de Valdés Leal, entreprenait les superbes fresques baroques de l'Hospital de los Venerables (Plaza de los Venerables), fondé par Justino de Neve en 1675 pour s’occuper des prêtres âgés et infirmes (la Hermandad de El Silencio) : cet imposant édifice baroque abrite le Centro Velázquez (voir la magnifique  "Santa Rufina" de Diego Velázquez ou l'extraordinaire "La imposición de la casulla a san Ildefonso", de 1623)...

et constitue l'une des plus belles églises de la ville avec des oeuvres de Valdés Leal et de son fils Lucas Valdés (retable de la Apoteosis de San Fernando), Virgilio Maltoni (San Clemente y San Isidoro) , Martínez Montañés (retablo de San Jerónimo, escultura de San Esteban). Elle abrite une copie d'une des oeuvres les plus connues de Murillo, le "Retablo de la Inmaculada Concepción", l'original a échoué au Prado après avoir été subtilisé par les troupes napoléoniennes de Soult... 

Du vivant de Murillo, Séville était encore une ville cosmopolite, l'une des plus grandes du continent européen avec quelque 150 000 habitants, point de départ et d'arrivée du commerce du Nouveau Monde, regorgeant d'églises et de couvents, de nobles, banquiers, marchands, religieux, artisans, marins, ainsi qu'un pourcentage très élevé de voleurs, criminels et mendiants. Cependant, au cours de cette période, différents événements (épidémies de peste de 1599 et 1642 et de typhus de 1620, la guerre de Trente Ans, l'émancipation du Portugal) ont provoqué une baisse considérable de la population, d'où sans doute ce besoin de religiosité que Murillo sut traduire en représentant La Vierge comme la reine des cieux, belle, éthérée et triomphante... 

Direction  Alcázar, Cathedral, l'Iglesia Parroquial de Santa Cruz - Si Don Juan de Tenorio, interprétation par José Zorrilla (1844) du légendaire Don Juan, naquit Plaza de los Venerables, son impossible amour, Doña Inés de Ulloa, vit le jour Plaza Doña Elvira, agréable petite place  ordonnée autour de sa fontaine, ses orangers et ses bancs carrelés, mais bordée de restaurants quelque peu excessifs, la Plaza de Refinadores expose la statue de Don Juan Tenorio, la calle Cruces semble une place avec ses "tres cruces de forja sobre columnas de mármol", la Plaza Escuela de Cristo est l'une des places les plus secrètes du Barrio de Santa Cruz entre l'Iglesia Parroquial de Santa Cruz (calle Mateos Gago), où Bartolomé Esteban Murillo fut enterré, et l'oratorio de la Escuela de Cristo. L'église abrite de très nombreux retables, dont ceux consacrés à María Santísima de la Antigua, San Francisco Caracciolo (XVIIIe), la Inmaculada Concepción (XVIIe), Santa Bárbara (XIXe), Ntra. Sra. de los Dolores (XVIe), Sagrado Corazón de Jesús...

Direction Calle Santa María la Blanca, la Parroquia de Santa María la Blanca, el “templo de las 3 religiones”  - Ancienne mosquée qui par privilège du roi Alphonse X devient synagogue en 1252, puis finit par être consacrée temple chrétien en 1391, puis totalement reconstruite lorsque, entre 1662 et 1665, les frères Pedro et Miguel de Borja imaginèrent une décoration en gypse tant  sur les voûtes et que sur le transept. La sobriété extérieure contraste avec la richesse artistique d'un intérieur peuplé d'impressionnantes plâtreries aux motifs géométriques, végétaux, rosaces, anges, chérubins et même une reproduction de la Giralda, qui occupent toute la surface des voûtes. El retablo mayor, réalisé en 1657 par Martín Moreno, comporte un tabernacle central en argent flanqué des sculptures des saints Pierre et Paul,  un corps à colonnes salomoniques de chapiteaux composites, une sculpture de la statue titulaire, la Virgen de las Nieves, du début du XIXe siècle (Juan de Astorga), Vierge qui serait apparue en songe au patricien Juan et à son épouse en 352  et dont Murillo repris le thème dans les deux grandes lunettes qui furent placées en 1665, sous la voûte semi-sphérique de la nef centrale du temple sévillan, "El sueño del patricio Juan y su esposa” et “La visita al pontífice Liberio”, tableaux saisis en 1810 par le maréchal Soult lors de l'invasion française. Plusieurs retables complètent le décor intérieur de l'église, el Retablo de san Pedro en Cátedra (1747), el Retablo de la Trinidad, et une  toile originale de Murillo, l'' "Ultima Cena" (1650)..

A noter que la "Sevilla del Barroco", la Séville des XVIIe et XVIIIe siècles, s'exprime non seulement au travers de l'Hospital de los Venerables, mais via des bâtiments tes que la Real Fábrica de Tabacos (Calle San Fernando), qui fut a première usine de tabac en Europe, l'Iglesia de la Magdalena (Calle Bailén), oeuvre de Leonardo de Figueroa, le Palacio de San Telmo Calle Palos de la Frontera), dont la chapelle est un joyau de l'art andalou, l'Iglesia de San Luis de los Franceses (Calle San Luis), avec des peintures murales de Lucas Valdés, l'Iglesia del Salvador, le Palacio Arzobispal, (plaza de la Virgen de los Reyes) qui contient la troisième galerie d'art la plus importante de la ville, l'Iglesia del Buen Suceso....


La Catedral de Sevilla y La Giralda - La cathédrale se dresse à l'emplacement même de la Grande mosquée du XIIe siècle, dont est aujourd'hui conservé le minaret, connu sous le nom de la Giralda. "La catedral gótica más grande del cristianismo y una de las más bellas en toda Europa" est bien l'une des plus grandes cathédrales gothiques du christianisme et l'une des plus belles d'Europe avec ses  126m de long, 83m de large et 37m de haut pour la partie gothique, et sa trentaine de chapelles latérales. Elle fut convertie en église chrétienne après la conquête de la ville par Ferdinand III de Castille en 1248, et ses étapes de construction traversent les périodes mudéjare (1248-1401), gothique (1401-1528), Renaissance (1528-1593), baroque (1618-1758)et néoclassique (1758-1823). L'entrée de la cathédrale se trouve sur la place Virgen de los Reyes et accueille plus de 1 300 000 visiteurs par an. L'emblématique "Giralda" est, quant à lui, de minaret est devenu le clocher de la nouvelle cathédrale gothique construite en 1434-1517, complété par des ouvrages de style Renaissance en 1528-1621 :  un campanile qui fut pendant des siècles avec ses 92m de hauteur le bâtiment le plus haut d'Espagne et l'un des plus grands d'Europe. La visite de La Giralda se fait en montant 35 rampes, d'une largeur permettant à l'almuédano de monter à cheval pour faire la prière. Au sommet, un somptueux panorama de la capitale andalouse et la fameuse girouette qui date de la Renaissance, "El Giraldillo", visible en tout point de Sevilla... 

La "catedral", dont les travaux de restauration se déroulent encore, se parcourt de porte à porte, de la Puerta del Príncipe à la Puerta del Perdón (qui donne accès au Patio de los Naranjos), vestiges de la période musulmane (1184-1198), et son orientation liturgique n'est plus celle de la mosquée, qui était vers le sud, mais chrétienne, vers l’est. Au fil du temps, les murs, les parois et les piliers se sont couverts de retables et de toiles au long des différentes chapelles, financées avec l'or rapporté des Amériques, dont la Mayor et la Real  :  la fameuse "Cieguecita" , sculpture intégrée dans le retable de la "Inmaculada Concepción" (Martínez Montañés, XVIIe) exposé dans la Capilla de la Inmaculada; les peintures du retable de la Capilla de San Pedro, oeuvre de Francisco de Zurbarán (1630); dans la Capilla de la Concepción Grande, lieu de sépulture pour les chevaliers qui accompagnèrent Saint Ferdinand lors de la conquête de Séville, se dresse un magnifique retable baroque, oeuvre du sculpteur Martín Moreno et du peintre Alonso Martínez (XVIIe), et un "Cristo de San Pablo" du XVIe (jadis s'y trouvait "El nacimiento de la Virgen", une oeuvre de Murillo, subtilisée par le maréchal Soult et actuellement au musée du Louvre); Capilla del Mariscal recèle un joyau de la Renaissance, "La Purificación de la Virgen", de Pedro de Campaña; la Capilla de los Dolores et la la Sacristía de los Cálices exposent une "Virgen de los Dolores" de  Pedro de Mena (1670) et "Los Desposorios de la Virgen y San José" de Valdés Leal (1657), l'Altar de la Concepción, "La Genealogía de Cristo" de Luis de Vargas, (1561),  la Capilla de San Hermenegildo, le sépulcre gothique en albâtre blanc, si réaliste, du cardinal Juan de Cervantes (1458), la Capilla de San Antonio, l'une des plus grandes créations de Murillo, "La visión de San Antonio" (1656)....

La "Catedral de Santa María de la Sede" abrite non seulement les sépultures de personnages historiques tels que celui, spectaculaire, de Cristóbal Colón, d'Alfonso X el Sabio et de sa mère la reina Beatriz de Suabia (Capilla Real), de Fernando III El Santo, ou de Pedro I El Cruel et de la reina María de Padilla (en la cripta de la Capilla Real), mais elle expose dans la Capilla Mayor le plus grand retable du monde chrétien, "El Retablo Mayor", 28m de haut d'une oeuvre réalisée entre 1482 et 1564, initiée par le flamand Pedro Dancart puis par des artistes tels que les frères Jorge Fernández Alemán et Alejo Fernández, Roque Balduque, Pedro Millán, Juan Bautista Vázquez el Viejo et Pedro de Heredia, composé de bois et d'or et représentant 28 scènes de la vie de et  Jésus-Christ et de la Vierge Marie et, en son centre, une petite représentation de la Virgen de la Sede, patronne de la cathédrale...

"La Giralda iluminada" est un incontournable absolu : c'est la nuit, enrobée de lumière, que La Giralda se révèle un extraordinaire bâtiment et que l'on note force détails, ses célèbres "ajimeces" (deux fenêtres ou arcs égaux séparés par un meneau), ses "paños de sebka" (entrelacs géométriques typiques de l'art islamique), ses "arcos entrecruzados" entrelacés au sommet de l'ancien minaret...

De part et d'autre de La Giralda, au nord, la Calle Mateos Gago regorge de bars et de restaurants (La Goleta y est célèbre pour son vino de naranja, las Tabernas Peregil pour son authenticité, la bodega Las Columnas pour ses tapas, la bodeguita La Parihuela) et remonte vers la Plaza de Santa Marta, loin de l'agitation du centre monumental et touristique de la ville. Au sud de La Giralda, à l'angle de l'Avenida de la Constitución et de la Catedral, la petite et semi-circulaire Plaza del Cabildo, ...


Los Reales Alcázares (Patio de Banderas), "Tómate tu tiempo para recorrer los Reales Alcázares" - Face à la cathédrale et à la Giralda, c'est par la Puerta del León que l'on pénètre dans ce palais fortifié, construit sur un ancien site romain et plus tard wisigoth, basilique paléochrétienne (San Vicente Mártir) où fut enterré saint Isidore de Séville, puis adoptant son architecture actuelle avec les Omeyyades d'Espagne au IXe pour résister aux invasions normandes. Après la reconquête de la ville, en 1248, les Reales Alcázares (alcazar royaux) accueillirent des monarques successifs, Alfonso X el Sabio qui effectua les premiers réaménagements en faisant construire de grands salons de style gothique, Pedro I qui décida de construire le merveilleux Palacio Mudéjar. Le Real Alcázar se distribue en salles, patios et terrasses agrémentées d’une multitude d’orangers et de palmiers, de fontaines et de pavillons...

On pénètre dans l’Alcázar par la puerta puis le patio del León, la visite se poursuit en traversant successivement le patio de la Montería, puis des salles comportant nombre de tableaux, le Cuarto del Almirante , où se planifiait les voyages vers le Nouveau Monde (cf."La Exposición Iberoamericana", Alfonso Grosso, 1929, "Las Postrimerías de San Fernando", de Virgilio Mattoni, 1887, et surtout  le "Retablo de la Virgen de los Mareantes o de los Navegantes", Alejo Fernández), la Sala de Audiencias (cf. Retablo de Nuestra Señora del Buen Aire, Alejo Fernández, 1535), la Sala de los Abanicos et la casa de Contratación. Outre l'Aparte del Apeadero et le Patio de Banderas, l'Alcázar possède deux bâtiments emblématiques, le Palacio Mudéjar (del Rey don Pedro), et le Palacio Gótico (Alfonso X el Sabio)...

"Gloria a nuestro señor el sultán Don Pedro, Dios le ayude y le conceda la victoria!" - Le Palais Mudéjar (le palais royal don Pedro) comporte le patio de las Muñecas, le cuarto del Príncipe, le patio de las Doncellas (cour rectangulaire entourée de quatre galeries), l'Alcoba real, le salón del Techo de Carlos V, et le fameux salón de Embajadores que couronne un extraordinaire dôme, enfin le Palacio alto..

Le Palacio gótico (Alfonso X el Sabio, mais aussi Charles-Quint) débute par le patio del Crucero, le Gran Salón et le salón de los Tapices (tapisseries représentant la conquête de Tunis par Charles Quint), la Sala de las Bóvedas o de las Fiestas (six tapisseries  retracent des scènes liées à la découverte du Nouveau Monde, de magnifiques Azulejos couvrent le mur), un accès possible vers Jardín del Chorrón, enfin plus avant la Capilla expose quelques tableaux, dont un retable de style byzantin, "la Virgen de la Antigua"...

A Séville, comme dans toute l'Espagne, il n'y a pas de style spécifique de jardins, comme c'est le cas en France, en Italie ou en Angleterre. Les jardins de l'Alcazar occupent une superficie de 60 000 m2 , abritent plus de 170 espèces végétales différentes et ont évolué au long de ses plus de dix siècles d'existence. C'est ainsi que les petits jardins hispano-musulmans qui entourent le périmètre des palais sont les plus anciens et reflètent une sensibilité orientale donnant priorité à un élément fondamental, l'eau...

En sortant du Palacio gótico, on traverse successivement l'Estanque de Mercurio (pièce d’eau bordée par la galería del Grutesco et abritant dans des niches rocheuses des œuvres de Diego de Esquivel datant du XVIIe siècle), le Jardín de la Danza (à partir duquel on accède à des réservoirs d’eau de pluie, situés sous le patio del Crucero, les Baños de doña María Padilla), le Jardin de Troya (apprécié du peintre Joaquín Sorolla), le Jardín de la Galera (des haies de myrte en forme de galère), le Jardín de las Flores (Estanque del antiguo Jardín de los Puercos, el busto de Carlos I), le Jardín del Príncipe (délimité par la Galería del Palacio Mudéjar, quatre parties séparées par des haies de myrte et avec une petite fontaine en marbre blanc au centre), le Jardín de la Cruz, le Jardín de las Damas, le Jardín del Cenador de la Alcoba ou de Carlos V. Des jardins plus récents complètent cet ensemble, le Jardín del Retiro et le Jardín de los Poetas....

Tout proche de l'Alcazar, les "Archivo General de Indias" (Avenida Constitucion)qui abritent depuis Charles III d'Espagne (1785) des millions de documents relatifs aux colonies espagnoles. Les Jardines de Murillo que l'on gagne par l'Avenida Menendez Pelayo offrent osmose entre nature et art, oeuvre du sculpteur Lorenzo Coullaut-Valera ou hommage au peintre José Garcia Ramos...


La "plaza de España", non pas place mais immense palais en hémicycle, symbolisant une Espagne conquérante ouverte vers l'Atlantique et le Guadalquivir, l'une des plus belles places d'Espagne voire d'Europe, achevée en 1929 par l'architecte Anibal Gonzalez à l'occasion de l'Exposition ibéro-américaine. . Les matériaux utilisés pour la construction de la Plaza de España sont typiques de l'architecture andalouse : "ladrillo visto, cerámica, hierro forjado y mármol". Quatre entrées ; la Puerta de Navarra (dans le bâtiment le plus proche de la Torre Norte), la Puerta de Aragón (correspondant au bâtiment le plus proche de la Torre Sur) et la Capitanía General, qui est l'entrée au bâtiment central. Quatre ponts couverts d'azulejos traversent le canal et symbolisent l'unité entre les royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre et de Leon,  tandis qu'en parcourant le demi-cercle de la plaza, bancs et ornements en céramiques représentent 48 des 50 provindes d'Espagne avec, pour chacune un médaillon représentant un personnage d'importance, le blason, la carte et une mosaïque retraçant une scène marquante de son histoire...

Les "Canarias" représente ainsi Christophe Colomb lors de son premier voyage aux Indes dans le port de Las Palmas, où il s'est arrêté avant de traverser l'Atlantique, et tout à côté le même trajet, aérien, réalisé par Ramón Franco en 1926 aux commandes de l'hydroplane Plus Ultra. "Cadiz" expose la "promulgación de la Constitución de 1812", la toute première Constitution espagnole, l'une des plus libérales de son temps, promulguée par les Cortès générales à Cadix, qui a notamment transformé l'empire colonial espagnol en provinces d'un nouvel État. "Cacérès" représente "Jura de los Fueros de Cáceres por los Reyes Católicos",  époque où Alphonse IX de León qui venait de conquérit Cáceres en 1229, encourageait le repeuplement de la région. "Burgos" met l'accent sur "La Jura de santa Gadea", qui voit El Cid, en 1072, exiger d'Alphonse VI le Brave de jurer qu'il n'est pas coupable de l'assassinat du roi de Castille...

"Barcelona" a choisi de représenter la "Recepción de los Reyes Católicos a Colón a la vuelta de las Indias, en la ciudad de Barcelona". "Las figuras de don Quijote y Sancho Panza con un paisaje de la Mancha" est associée à Ciudad Real. "La Virgen de la Arrixaca" représentant Murcia est sans doute l'une des plus belles "cerámicas". La "Capitulación de Almería ante los Reyes Católicos el año 1489", la "Defensa de Ávila por Ximena Blázquez", "la fundación d'Amílcar en Acra-Leuca" près d'Alicante, "La batalla de Almansa tuvo lugar en 1.707, durante la Guerra de Sucesión española" près d'Albacete, constituent autant de motifs retraçant une synthèse de la constitution de l'Espagne...

Le "Parque de Maria Luisa" - Face à la plaza de España, le "Parque de Maria Luisa" (soeur d'Isabelle II) et ses 38 hectares offre une succession de petits salons de verdure, 1000 palmiers, 3500 arbres, bananiers, magnolias, orangers, citronniers, acanthes, jasmins, lauriers roses, parmi lesquels tout promeneur trouve fraîcheur et paisibilité, des fontaines et bancs constellés d'azulejos (faïence à dominante bleue ou verte propre au style mauresque), telles que la Fuente de los Leones, la Fuente de las Ranas (l'une des plus populaires), la Isleta de los Patos (et son Pabellón de Alfonso XII), et s'ouvre avec la Glorieta de san Diego, la fameuse "Glorieta de Becquer" qui représente les trois phases de l'amour, "tres muchachas representan diferentes emociones, el amor que viene, el amor presente y el amor que desaparece, y el amor perdido") - Gustavo Adolfo Bécquer, né en 1836 à Séville, est l'une des grandes figures de la littérature espagnole, sa casa natal est située calle Conde Barajas, le Museo de Bellas Artes expose son portrait, exécuté par son frère, un portrait d'une grande finesse psychologique -....

Autres monuments emblématiques, la Glorieta de Cervantes (las aventuras de Don Quijote sont représentées en une quasi-BD sur le banc qui leur est dédié), la Glorieta de Luis Montoto (et sa belle sculpture féminine), la Glorieta Hermanos Álvarez Quintero (son estanque central y dos bancos decorados con azulejos), la Glorieta de Sánchez Marín, la Glorieta de Juanita Reina, la Glorieta de Más y Prat (azulejos con escenas costumbristas sevillanas), la Glorieta de la Concha (cerámica trianera et sculptures), la Glorieta de Doña Sol, la Glorieta de Ofelia Nieto (acompañada por las figuras alegóricas de la Música y el Canto), la Glorieta de San Diego et ses tres esculturas, la Glorieta de Aníbal González, grand architecte qui contribua à la Plaza de España... Après une longue période d'abandon, la restauration complète de la Plaza de España et du Parque de María Luisa ne s'est achevée qu'en 2010. Tout proche, le Museo de artes y costumbres populares...


Bario Arenal - les rives du Guadalquivir, du Salt Pier à la Torre del Oro, et l'atmosphère tauromachique de La Maestranza - Installée au carrefour du Guadalquivir, Seville s'est developpée en rationalisant sur deux siècles le cours du fleuve (plus récemment création du Canal Alphonse-XIII, modifications réalisées dans le cadre de l'Exposition universelle de 1992), un fleuve de 657km qui traverse toute l'Andalousie , le seul fleuve navigable d’Espagne qui ouvre Seville à l'Atlantique et lui donne accès au "Nouveau Monde", source considérable de richesses  : c'est ainsi que Séville devient au XVIe siècle le centre commercial du monde occidental. Le fleuve, quant à lui, partage la ville entre le barrio dit du flamenco et le centre historique et son atmosphère orientale. Partant de l'Universidad, gagnant la Puerta de Jerez (voir la magnifique statue de femme couchée, le Monumento a la Generación del 27), non loin du splendide Hotel Alfonso XIII, remontant vers le Paseo de Las Delicias et le Ponte de San Telmo, nous atteignons les bords du Guadalquivir. ..

La Torre del Oro  - La Torre del Oro (paseo de Cristobal Colon) et ses 36m de hauteur et 15m de diamètre contrôlent depuis le XIIIe siècle l'accès à Séville depuis le Guadalquivir, elle se dresse le long des quais dédiés désormais aux principales offres touristiques en terme de croisière le long du fleuve. La légende raconte que la Torre del Oro servait de refuge aux dames que courtisait le roi Pedro I el Cruel, dont l'amour le plus célèbre fut celui de Doña Aldonza, qui vivait ici, dans la Torre del Oro, alors que sa maîtresse officielle, María de Padilla, vivait dans l'Alcazar et sa femme Blanca de Borbón,  qu'il répudia très rapidement...

La Real Maestranza  - Non loin, "el ambiente taurino" des arènes de la Real Maestranza de Caballeria (Paseo de Colon), l'un des monuments les plus visités avec al Alcázar et la Catedral, qui rapellent que Séville est aussi l'une des capitales de la corrida, ses 14000 spectateurs ont accueillis ici les plus grands toreros (Curro Romero est le torero mythique de Séville, de 1960 à 2000). C'est ici que Prosper Mérimée (1847), puis Georges Bizet dans son opéra (1875), donneront vie à Carmen la Cigarrera, une Carmen sensuelle et volage, qui vit à Triana, travaille à la Real Fábrica de Tabacos, amoureuse d'un sergent mais rêvant d'un torero, drame de la passion et de la jalousie auquel elle succombe (estatua de Carmen la Cigarrera, paseo Colón),.. Le Teatro de la Maestranza, tout proche, est dédié à l'opéra. Le Mercado del Arenal, la Capilla de la Carretería, siège de la Hermandad de la Carretería, la Capilla de Nuestra Señora de la Piedad et la Torre de la Plata complètent les sites du barrio del Arenal...


L'Hospital de la Caridad & l' "Entierro de Cristo" - L'Hospital de la Caridad (Calle Temprado, barrio del Arenal), impulsé par Don Miguel de Mañara au XVIIe, riche aristocrate qui renonce à la vie mondaine - pour se mettre au service des plus pauvres et fonder une Confrérie qui entend enterrer les criminels -, vaut pour sa chapelle qui abrite nombre d'oeuvres d'artistes baroques sévillans : el escultor Pedro Roldán, el retablista Bernardo Simón de Pineda, los pintores Bartolomé Esteban Murillo, Juan Valdés Leal. Le message qu'entend transmettre Mañara débute avec “Los jeroglíficos de las postrimerías”, deux tableaux du peintre baroque Valdés Leal (1671-1672), incomparable virtuose dans le traitement du macabre, qu'il s'agisse de la représentation de têtes coupées (saint Jean-Baptiste et saint Paul) ou de la peinture de Vanités: "In ictu oculi" (la mort inévitable), "Finis Gloriae Mundi" (vanité de la chair et du monde)...

Murillo poursuit le thème de ce projet avec six peintures, des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament montrant les effets de "las Misericordias corporales", tableaux subtilisés au temps de l'invasion napoléonienne : Abraham y los tres ángeles, El regreso del hijo pródigo, la Curación del paralítico, San Pedro liberado por el ángel, San Juan de Dios transportando a un enfermo, Santa Isabel de Hungría curando a los tiñosos. Le retable de "La Anunciación", celui del "Santo Cristo de la Caridad", de Bernardo Simón de Pineda, avec une sculpture du Christ à genoux juste avant la Crucifixion de Pedro Roldán, deux autres œuvres de Murillo, "Moisés haciendo brotar el agua de la roca" et "La multiplicación de los panes y los peces", le retablo de la "Virgen de la Caridad" et celui de san José (Pineda), la coupole du transept, décorée par Valdés Leal, constituent autant d'oeuvres destinées à l'exaltation de la charité et à rappeler les éléments de la passion, symbole du sacrifice du Christ pour le salut des hommes. Le retablo mayor conçu par Bernardo Simón de Pineda, réalisé entre 1670 et 1674, avec des sculptures de Pedro Roldán, un paysage du Mont Calvaire peint par Valdés Leal comme fond de représentation, est un des sommets de la visite, un chef-d'œuvre du baroque espagnol : l' "Entierro de Cristo" : le corps du Christ est soutenu par un même mouvement de fraternité tandis que les Tres Marías contiennent leur douleur....


Puente Isabel II y Triana - A l'entrée du Puente Isabel II (1852, 150m de long), le Mercado Lonja del Barranco expose un "food market" raffiné de plats préparés, épiceries fines, vins et cocktails (cocina tradicional y de vanguardia). Le Barrio del Triana, de l'autre côté du Guadalquivir, est un ancien quartier gitan, berceau du flamenco. On y visite la Lonja del Barranco, marché gastronomique, le Mercado, construit sur les ruines du château de San Jorge, siège de l'Inquisition entre le XVe et le XVIIIe siècle, non loin la Callejón de la Inquisición, le Centro Ceramica, musée qui rappelle que Triana fut un grand centre de céramique artistique, l'iglesia de Santa Ana et son retable de Pedro de Campaña, ses bars à tapas, Las Golondrinas (calle Antillano Campos), Blanca Paloma (Calle San Jacinto), Maria Trifulca (calle Betis), la Calle San Jacinto, au sortir du Puente Isabel II, l'emblématique Calle Betis aux façades polychromées, les immenses azulejos de la Calle de l'Alfareria, la plaza del Altozano, centre névralgique de Triana avec le monumento Triana al Arte Flamenco, la calle Pureza, la Capella de los Marineros (on y vénère la imagen de Ntra. Sra. de la Esperanza de Triana, figure connue des procession du Viernes Santo), la Capillita del Carmen (ou El Mechero), construite pour abriter la Virgen del Carmen, ... D'autres ponts relient ces deux mondes, centre historique et Triana, le San Telmo, le moderne Alamillo conçu pour l'expo de 1992..

L'Iglesia de la Senora Santa Ana & "Justa y Rufina" - "la más antigua de Sevilla" (1280) construite à la demande de Alfonso X El Sabio (sauvé d’une maladie des yeux par l’intercession miraculeuse de sainte Anne, mère de la Vierge Marie, dit la légende), reconstruite depuis et complétée au long des siècles (notamment après le séisme de du 1er novembre 1755),  recèle nombre de merveilles. En fond et principal oeuvre, el "Retablo del altar Mayor" (XVIe), œuvre de Nufro Ortega et Nicolás Jurate, présentant le fameux groupe "Santa Ana, la Virgen y el Niño" réalisé en plusieurs fois entre le XIIIe et le XVIIIe, modifié pour être "habillé", et des tableaux peints par Pedro de Campaña entre les années 1550 et 1556 représentent la vida de la Virgen María. 


Basílica del Patrocinio & le Cristo del Cachorro - Situé dans la rue Castilla de Triana, près de l'île de la Cartuja, la Basílica del Patrocinio est un lieu de grande dévotion , caractéristiques de la tradition religieuse de Séville. Elle est composée de deux chapelles, la petite capilla del Patrocinio, du XVIIe, contenant la "Virgen chica del Patrocinio", et une nouvelle chapelle plus récente comportant des scènes de la Vierge et de la passion et de la mort du Christ. C'est ici que s'expose le fameux retable en bois sculpté et doré au centre duquel se dresse la statue du Cristo de la Expiración, plus connu sous le nom de "Cristo del Cachorro". L'oeuvre du grand Francisco Antonio Gijón, réalisée en 1682, nous montre d'une façon saisissante le Christ sur la croix en train d'expirer, ses lèvres sont entrouvertes et desséchées, ses pieds cloués, son corps voué à l'agonie, un visage déjà tourné vers la mort, une maîtrise technique au service d'une puissance émotionnelle particulièrement ressentie lorsque la statue parcourt les rues de Séville pendant la Semaine Sainte. Deux autres oeuvres peuvent être vues, l'une dans l'Iglesia de San Isidoro, un homme de la rue au réalisme intense, "Cirineo de San Isidoro" (1687), la seconde dans l'Iglesia de San Nicolás de Sevilla, "el San José"... Enfin, un magnifique "San Juan de la Cruz" de Francisco Antonio Ruiz Gijón (1675) fut acquis récemment par la National Gallery of Art, Washington...


Alfalfa - Encarnación y "Metropol Parasol" - De la Plaza Nueva (el ayuntamiento) vers la Plaza de San Lorenzo, nous atteignons le barrio de la Alfalfa, un quartier animé connu pour ses nombreuses boutiques d'antiquité, les bars de la calle Pérez Galdós, de Puente y Pellón ou de la plaza de Jesús de la Pasión (Plaza del Pan). La plaza de la Encarnacion en constitue l'épicentre, avec le fameux "Metropol Parasol" ("Las Setas de Sevilla"), est une surprenante construction (la mayor construcción de madera del mundo) réalisée en 2011 par l'architecte Jürgen Mayer-Hermann, qui dénote totalement dans ce quartier historique et offre une surprenante promenade panoramique de 250m à 28m5 de hauteur : en sous-sol, des vestiges découverts lors des travaux de construction, des ruines romaines et une maison almohade islamique (Antiquarium), au premier étage un magasin (Tienda Setas de Sevilla), marché d'alimentation et de restauration (Mercado de la Encarnación)...


L'iglesia del Divino Salvador & "El Retablo del Cristo del Amor" - La plaza del Salvador est une place animée du quartier d'Alfalfa, un lieu de rencontre, un site particulièrement chargé en histoire, il y eut un forum romain, un cimetière (Plaza del Cementerio, Séville n'eût pas de cimetière municipal avant le XIXe), l'Hôpital de San Juan de Dios, une mosquée, la première de la ville (la Mezquita Mayor de Sevilla), - le patio de los Naranjos portre trace de ce passé -, et aujourd'hui , sur l'emplacement de cette dernière, l'iglesia del Divino Salvador, "esplendor del Barroco Andaluz" construite entre 1674 et 1712 sur l'emplacement de la mosquée principale des musulmans Ishbiliya. Constituant la plus grande église de Seville après la Cathédrale, derrière sa façade en brique rouge de style maniériste se révèlent nombre de sculptures, dorures et oeuvres d'art, dont le "Retablo Mayor", l'une des œuvres les plus représentatives du baroque sévillan, mise en scène de la Transfiguration de Jésus, et le "Retablo portada de la Capilla Sacramental", tous deux de Cayetano de Acosta (1750-1779).  C'est ici, en septembre,  que se déroule le traditionnel "besamanos" de la "Virgen de la Merced de Pasión y del Socorro", vêtue de son manteau processionnel, et du "Cristo del Amor", oeuvres de Juan de Mesa (1618)...


Au centre de Séville, les principales rues commerçantes, - l'axe de l'activité commerciale par excellence est  la Calle de las Sierpes, l'équivalent de la Via Veneto à Roma -, s'ordonnent autour de la plaza de San Francisco, la Plaza mayor de Sevilla (au coin de laquelle se dresse une petite croix en pierre, la Cruz de la Inquisición, qui marque le dernier autodafé célébré sur la place) et la plaza Nueva (Estatua de Fernando III), - où se dresse l'Ayuntamiento, "símbolo del plateresco andaluz" (plateresque, style architectural de transition entre l'art gothique et la Renaissance, la sculpture des façades, complexifiée,  s'apparente ici plus à un travail d'orfèvre qu'à une taille de pierre), on y trouvera sur la façade la plus récente deux médaillons représentant Ava Gardner et Grace Kelly, étonnant! - , la plaza del Salvador, jusqu'à la "Alameda de Hercules" (voir les Monumento a Chicuelo, Manolo Caracol y la Niña de los Peines), dans le quartier de Feria, le deuxième plus ancien jardin public d'Europe, après celui du Paseo del Prado de Madrid. Autre singularité, la Calle de las Sierpes abrita la Cárcel Real, prison dans laquelle Miguel de Cervantes commença, dit-on, l'écriture de son Don Quichotte de la Mancha....


La capilla de San José  - "En el corazón del casco histórico de la ciudad", entre las calles Sierpes y Tetuán, malgré sa petite taille,  la capilla de San José , presque invisible de la Calle Jovellanos, est l'une des églises baroques les plus singulièrement "chargées" de la ville, la sacristie, les murs, voûtes et plafonds de son unique nef, flanquée de deux chapelles, sont entièrement couvertes de sculptures et oeuvres d'art, niches, médaillons, statues, retables ou tableaux. Conçue et construite entre 1699 et 1766 par la la guilde des charpentiers (Pedro Romero , Esteban Paredes) malgré l'opposition de celle des architectes, pillée et incendiée en 1931 lors de la proclamation de la seconde République, la petite chapelle tente de résister à un processus de dégradation continu qui met en péril son magnifique retable principal, œuvre du XVIIIe siècle conçue par Cayetano da Costa, réalisée par Julián Jiménez, et ses peintures murales. Dans un décor réduit mais somptueux, nombre de chefs d'oeuvres et de singularités : el Altar de San Joaquín, Santa Ana y la Virgen Niña, el Altar de los Desposorios de San José y Santa María (Pedro Cornejo), Agonia de San José, Cristo de Las Angustias, Virgen de las Tres Avemarias, une Cabeza de San Juan Bautista, la statue de Fray Leopoldo, "el limosnero de las tres Ave Marías"... Enfin, citons, offert à la dévotion populaire, la statue de "Nuestro Padre Jesús Cautivo y Rescatado", plus connu sous le nom de "Cristo de Medinaceli", une œuvre du XXe siècle d'Agustín Sánchez Cid, à l'image de la statue vénérée dans la basílica de los capuchinos à Madrid...


"Basílica de Jesús del Gran Poder" & "el Señor del Gran Poder" - San Lorenzo et San Vicente sont deux quartiers différents des autres quartiers de Seville, bordant le Guadalquivir, points d'orgue de la Semana Santa. C'est en bordure du barrio de la Magdalena que l'on trouve la Plaza del Museo et sa statue de Murillo, et le splendide Museo de Bellas Artes. Sur la Plaza de la Gavidia se dresse la statue de Daoiz, héroe de la guerra de la independencia, tandis que sur la Plaza de la Concordia, se trouve el Centro comercial de el Corte Ingles, et la iglesia de San Hemenegildo du XVIe. La Alameda, en bordure du quartier de la Macarena, est le berceau des cantantes y toreros. C'est dans le Barrio de San Lorenzo , Plaza de San Lorenzo, que l'on atteint la Parroquia de San Lorenzo (XIIIe) et la "Basílica de Jesús del Gran Poder", église gothique mudéjare du XIIIe siècle réformée au XVIe siècle, l'une des plus connues de Séville pour el "Señor del Gran Poder" (Señor de Sevilla), sculpture en bois polychrome de 1,80 m de haut, représentant le Christ sur le chemin du Calvaire portant la croix sur ses épaules et réalisée par Juan de Mesa, le grand maître des effigies processionnelles et du réalisme macabre, en 1620, objet d'un véritable culte et pèlerinage  et dont on retrouve des équivalences jusqu'en Amérique du Sud. C'est le lieu d'où part lors de la Semaine Sainte le cortège de la Confrérie (Hermandad) del  Gran Poder de Sevilla, portant El Jesús del Gran Poder et la Virgen del Mayor Dolor y Traspaso, se liant aux cortèges autres Confréries, El Silencio, La Macarena, El Calvario, La Esperanza de Triana y Los Gitanos...


La "Casa de Pilatos"  - Située en plein coeur du quartier juif de Séville, à quelques pas de l'église médiévale de San Esteban, la "Casa de Pilatos" (ou Casa de Alcalá de los Gazules, Plaza de Pilatos), la plus belle demeure nobiliaire de Séville : passer sa façade extérieure particulièrement austère - ici la richesse intérieure est toujours occultée -, est emblématique de l'élégance des palais andalous construits du XVe au XVIe siècle en plein découverte du Nouveau Monde (cf le Palacio de las Dueñas, dans le quartier de Feria) et sous influence de grandes lignées aristocratiques, Don Fadrique Enríquez de Ribera, fils des Adelantados Mayores d'Andalousie, Don Perafán de Ribera, Ier duc d'Alcalá et IIe marquis de Tarifa. L'époque est alors à croiser gothique et mudjédare, la brique et le pisé,  azulejos et peintures murales, voûtes à nervures et plafonds à caissons, et d'y ajouter des éléments architecturaux et décoratifs empruntées à l'Italie de la Renaissance. Arbres fruitiers, palmiers, orangers, buis, bougainvillées, jacarandas, magnolias, jasmin couvrent le "Jardín grande" où se niche la grotte de la "Ninfa Dormida", l'eau de "El Jardín Chico" provient directement de Los Caños de Carmona, les murs des galeries de la cour sont ornés d'azulejos aux couleurs profondes à dominante bleu, vingt-quatre bustes d'empereurs romains et des représentations de personnages de la mythologie grecque complètent le décor, le Salón del Pretorio, la Capilla de la Flagelación dans le Salón del Descanso de los Jueces, et l'escalier constituent les principaux trésors d'un lieu qui en outre abrite nombre d'oeuvres d'art datant du XVIe au XIXe siècle (la Pietà, (1539), de Sebastiano del Piombo, "arrastre d’un toro aux arènes de Madrid", de Goya, Giuseppe Recco, Luca Giordano..)....


"Déjate llevar por la música de Sevilla" - Le Flamenco est omniprésent à Sevilla (mais aussi à Jerez de la Frontera et à Cádiz), sa déclinaison est ici la "sevillana". Si le flamenco est principalement un  chant exprimant et communiquant à vif "dolor, alegría, pasión, angustia, amor o desamor", le fameux "duende" qui ne peut que se ressentir, supporté par une danse improvisée, particulièrement libre et expressive, rythmée par le battement de la guitare et des mains du public, les sevillanas privilégient les bras, le mouvement des danseurs et le taconeando (tapement du talon). La grande danseuse et chorégraphe Cristina Hoyos a créé à Séville le Museo del Baile Flamenco (calle Manuel Rojas Marcos) qui permet de comprendre les différentes influences qui ont constitué l'art du flamenco (mouvements des bras et des mains d'origine orientale, mouvement des pieds inspirés par l'école française, mouvement des hanches issus de la traite des noirs) et la typologie de cette extraordinaire danse classée au patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco : flamenco alegria (bonheur), seguirya (douleur, mort), tangos (passion), solea (nostalgie), farruca (élégance), bulerias (séduction), guajira (sensualité)... 

Des salles spécialisées (el Tablao) offrent aux touristes  des représentations d'une heure et demi, "La Carboneria" (calle Cespedes), cinquantenaire, "El Tablao Flamenco Los Gallos" (notre choix ici représenté), plaza de Santa Cruz, ou "El Arenal', Calle Rodo...


Museo de Bellas Artes (Plaza del Museo) -  Le Museo de Bellas Artes de Séville est la deuxième galerie d'art la plus importante d'Espagne. Son bâtiment, en soi, est un joyau, il s'agit en effet d'un authentique couvent dont l'église (Covento de la Merced), aujourd'hui transformée en l'une des pièces, vaut à elle seule le détour. Des œuvres de Velazquez, El Greco, Zurbarán, Murillo, Alonso Cano, Torrigiano, Martínez Montañés ou Valdés Leal sont ainsi exposés au cours d'une quinzaine de galeries. Parmi les oeuvres les plus célèbres, on y expose...

De El Greco, "Retrato de su hijo Jorge Manuel" (1600-1605). De Diego Velázquez, "Retrato de don Cristóbal Suárez de Ribera" (1620), le seul, avec "la Cabeza de apóstol", tableau du peintre ici exposé. De Francisco de Zurbarán, le hrand peintre du réalisme rustique, - toute la salle X lui est consacrée -, "La Virgen de las Cuevas" (1630-1635), "la Visita de San Bruno a Urbano II", le magnifique "San Hugo en el refectorio" (1655), "San Gregorio Magno" (1626), la "Apoteosis de Santo Tomás" (1631), et l'impressionnant "el  Cristo muerto" (1630-1635)...

De Bartolomé Esteban Murillo, dernier peintre du baroque espagnol, "La Colosal (Inmaculada Concepción)", oeuvre réalisée vers 1650, célèbre pour son mouvement, "Santas Justa y Rufina" (166), "Santo Tomás de Villanueva dando limosna" (1668), "Virgen con el Niño" (1666), représentation populaire connue sous le nom de "Virgen de la Servilleta", "San Francisco abrazando a Cristo en la Cruz" (1668-1669). De Juan Valdés Leal, rival acharné de Murillo, "Las tentaciones de San Jerónimo" (1657), "San Ignacio de Loyola haciendo penitencia en la cueva de Manresa", "La asunción de la Virgen". De José de Ribera, el Españoleto, "Santiago el Mayor" (1634). De de Pedro Núñez de Villavicencio, "el vendor de bebidas" (1694). De Juan Simón Gutiérrez, "Santo Domingo confortado por la Virgen y las santas mártires" (1711)...

..."Retrato de Gustavo Adolfo Bécquer" (1862), sommet de l'art romantique espagnol par Valeriano Domínguez Bécquer, "La Muerte del Maestro", de José Villegas Cordero (1910), inspirée de  la mort du torero Bocanegra en la plaza de toros de Sevilla en 1880, "Las Cigarreras", de Gonzalo de Bilbao (1915), "obra costumbrista, regionalista y simbolista al mismo tiempo" qui se déroule dans la Fábrica de Tabacos de Séville, "Sevillana en su patio" (1918), belle andalouse allongée de  Diego Lopez, "Escena de familia (Niñas pobres)", de Rafael Martínez Díaz '1952), "Sevilla en Fiestas" (1916), de Gustavo Bacarisas...

...L'extraordinaire sculpture  en terre cuite, grandeur nature, de Pietro Torrigiano, "San Jerónimo penitente" (1525), compagnon et rival de Michel-Ange à l'Académie du "Jardin des Médicis" qui arrive à Séville en 1522 et dont l'oeuvre inspira nombre de peintres, le polychrome "el Llanto sobre Cristo muerto", de Pedro Millán (1490), dont on retrouve un "Cristo del Buen Fin" dans la Parroquia de la Consolación, "Santo Domingo de Guzmán", de Juan Martínez Montañés (1605), le maître incontesté de l'école sévillane de sculpture baroque polychrome dont les oeuvres, statues ou retables, constellent les églises de Séville, "El Cristo de la Clemenciaé" ou la fameuse "Inmaculada La Cieguecita" (1603-1605, Catedral), l' "Imagen de san Ignacio de Loyola" (1610, iglesia de la Anunciación)....