Val de Boi (Cataluña) - Aigüestortes - Pont de Suert - ...

Last update : 11/11/2016

La Vall de Boí (Valle de Bohí), à 140km de Lleida, bordée par le Parc national d'Aigüestortes et le lac de Sant Maurici, accessible par Pont de Suert, comportent un ensemble de neuf églises romanes inscrites en novembre 2000 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, la ruta de las iglesias románicas de la Vall de Boí. Ces églises ne sont réparties que sur quelques kilomètres : Sant Joan de Boí, Santa Maria d'Erill la Vall ou la seconde église romane du village de Taüll, Santa Maria, Sant Climent  furent les premières construites; suivirent Santa Eulàlia d’Erill la Vall, Sant Feliu de Barruera, la Nativitat de Durro, Santa Maria de Cardet, l’Assumpció de Cóll et l’ermitage de Sant Quirc de Durro. Ces églises ont été construites aux XIe et XIIe siècles sous la direction des seigneurs de la Vall de Boí, les Erill, maîtres des villages de Tahull et de Bohí, qui participèrent activement à la reconquête chrétienne entreprise contre les Berbères installés dans une grande partie de la péninsule aux côtés du roi d’Aragon, Alfonse le Belliqueux. 

Les fresques romanes de la Vall de Boí sont devenues célèbres dans le monde entier, mais il a été organisé des campagne de prélèvement de ces peintures pour les conserver et les exposer au Musée National d’Art de Catalogne (MNAC, Barcelona). Les églises de la vallée ne présentent donc que des copies fidèles. Le Centre del Romànic de la Vall de Boí est situé à  Erill la Vall.


Qué ver, qué hacer, qué experimentar en Vall de Boi ....

 

Iglesia de Santa María (ou l’Assumpció de Cóll), à Còll 

A 1164m d'altitude,  à l'entrée de la village, l'église est connue pour ses chapiteaux sculptés avec des représentations de luttes entre hommes et animaux, symbolisant la lutte entre le bien et le mal, et l'emploi de matériaux de construction plus massif que dans les autres églises de la vallée.

 


Iglesia de Santa Maria, à Cardet
A 1192m d'altitude, caractérisée par son  clocher-mur, l'église a été érigée à flanc de la montagne, à l'initiative du Monasterio de Santa María de Lavaix,  et, profitant de la dénivellation, recèle une remarquable abside semi-circulaire  et une magnifique petite crypte. 


Iglesia de Sant Feliú, à Barruera
Barruera est le noyau urbain touristique le plus important de la vallée, à 1 300 mètres d'altitude sur les rives de la rivière Noguera de Tor, comportant un centre historique et, à sa périphérie, l'église  de Sant Feliú, l'une des plus anciennes de la contrée et qui a connu de nombreuses modifications aux XIe et XIIe siècles. 


Iglesia de la Nativitat, à Durro

A 1396m d'altitude, le village de Durro, village d'importance au Moyen Age, est construit à flanc de montagne et son église romane, postée à l’entrée,  a été remodelée à plusieurs reprises et complétée par des éléments gothiques et baroques. 

 

Iglesia de San Quirce, non loin de Durro

En poursuivant son chemin à partir de Durro, à 1 498 m d'altitude, offrant un magnifique point de vue sur la vallée, l’ermitage de Sant Quirce de Durro est dédié à saint Cyr de Tarse (San Quirico), enfant de cinq ans de Sainte Julitte (Santa Julita), tous deux martyrisés en 304 et dont le culte se répandit rapidement. 

 

À l'intérieur se trouve une copie de l'antependium de l'autel roman représentant Santa Julita et San Quirico, daté de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, fait de bois et peint en tempera : les scènes sont particulièrement horribles, San Quirico est représenté plus grand que nature, coupé en deux avec une scie, la tête couvertes de clous dans sa tête, avec sa mère Julita dans un chaudron bouillant et enfin dans dernière scène San Quirico est battu avec des épées....


Iglesia de Santa Eulalia, à Erill la Vall
Cette église romane (XIe-XIIe siècle), à nef unique, allongée, étroite, présentant trois absides semi-circulaires qui s'ouvrent en forme de trèfle, possède un clocher très longiligne (23m), sur plus de six étages ("reina de las torres románicas"). Il est aligné sur les clochers de Sant Climent et de Sant Joan, de construction plus récente,  et servait de tour de guet. A l’intérieur de l’église se trouve l’unique élément statuaire de l’atelier d’Erill qui nous soit parvenu, la copie de la Descente de Croix (Descendimiento de la Cruz) représentant Joseph d’Arimathie et Nicomède portant le corps supplicié du Christ, en bois de peuplier et de noyer : on y voit Dimas (Le Bon Voleur), la Vierge Marie, Joseph d'Arimathie, le Christ, Nicodème, Saint Jean et Gestas (le malfaiteur). Il est positionné sur une poutre en bois à l'entrée de l'église, son emplacement d'origine... 


Iglesia de San Juan de Boí (en catalán, Sant Joan de Boí),

Le petit village de Bohí (en catalán, Boí, 200 hab.), à 1260m et tout près de la rivière San Martín, un affluent de la Noguera de Tor, a donné son nom à la vallée et a réussi à conserver une certaine authenticité tout en tirant ses revenus du tourisme et de la station de ski de Boí Taüll. L'église de Sant Joan, dédiée à Saint Jean-Baptiste, est située sous le rocher où se dressait jadis le château de Boí. Sant Joan est réputée pour ses fresques romanes comme la "Lapidación de San Esteban", un "dragón de siete cabezas" et tout un bestiaire d'animaux fantastiques, un infirme à l'attitude équivoque, des scènes de jongleurs et de funambules, l'apôtre Philippe et un jugement final, fresques attribuées au Maestro de Boí, déplacées Museo Nacional d'Art de Catalunya, restent les copies... 


Iglesia de Santa María de Taüll
Située à 1 500 mètres d'altitude, Taüll (270 hab) possède deux noyaux urbains se partageant entre l'église de Santa María et celle de Sant Climent : c'est ici que les peintures murales y sont parmi les plus importantes du roman catalan. L'église de Santa Maria est décorée dans un style lombard, bordée d’un cimetière et entourée de plusieurs maisons médiévales. 

Ses peintures romanes ont toutes été transférées à Barcelone entre 1919 et 1923 au Museo Nacional d'Art de Catalunya. La fresque de l'abside représente la Maiestas Mariae et l'Epiphanie, la Vierge Marie assise sur un trône et portant son fils Jésus, d'inspiration byzantine, le le Christ présentant dans sa main gauche le parchemin de la Loi, tandis que de sa main droite accomplissant le signe de la bénédiction. Les apôtres sont représentés en-dessous de cette scène (San Pedro, San Pablo, San Andrés, San Juan Evangelista), tandis que sont représentés de chaque côté les trois Mages en attitude d'offrande. Dans cette même église, un second maître, "el Maestro del Juicio Final", semble avoir  réalisé un autre ensemble de fresques dont il ne reste plus que des fragments...

Iglesia de San Clemente de Taüll, 

San Clemente de Taüll est sans doute l'église la plus célèbre de toute l'architecture romane catalane, de par sa taille, la hauteur de son clocher, la pureté de ses lignes et les fresques de l'abside (Christ en majesté, Pantocrator, saints et apôtres, scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, et de l'Apocalypse) qui datent de 1123 : elles sont devenues le symbole absolu du roman catalan. Il s'agit toujours de reproduction, l'Abside de Sant Climent de Taüll est exposée au MNAC de Barcelona. La "torre campanario" est construite selon un plan carré, présentant sept étages de hauteur, percés d'ouverture sur les quatre côtés, avec pour objectif d'abriter les cloches de l'église, de servir de tour de guet et de tour de communication avec les autres villages de la vallée. L'intérieur est d'une grande sobriété, trois nefs séparées par d'épais piliers cylindriques, un toit en bois, et de petites ouvertures qui ne laissent pratiquement pas pénétrer la lumière extérieure. La nudité de ses murs est d'autant plus accentuée qu'ils sont aujourd'hui dépourvus de fresques. A leur place a été mise en oeuvre une cartographie vidéo qui recrée les fresques originales à l'intérieur de l'abside principale et du presbytère dans l'ordre dans lequel elles seraient probablement peintes.

Tous les tableaux datent du XIIe siècle environ et sont l'œuvre du Maître de Taüll, un peintre anonyme qui semble être venu d'Italie et importer ses modèles. Ce maître aurait travaillé de même dans l'église voisine. L'œuvre la plus connue et la mieux conservée de Taüll est la célèbre "Maiestas Domini", qui ornait l'abside centrale de l'église, un tableau divisé en deux : dans sa partie supérieure, le Christ en majesté entouré par les Tétramorphes (représentation allégorique des quatre évangélistes inspirée de la vision d’Ezéchiel, saint Matthieu comme ange, saint Jean tenant un aigle dans ses mains, saint Marc tenant un lion et saint Luc tenant la patte d'un taureau), et dans la partie inférieure, six figures, trois de chaque côté de la fenêtre centrale, représentant la Vierge accompagnée de cinq apôtres, représentant le Christ juge. L'absence de perspective est ici compensée par une utilisation très recherchée de la couleur et les visages dessiné avec un grand souci de réalisme...

Le Christ pantocrator est un Christ en gloire tel que privilégié par l'art byzantin, il ne s'agit pas de représenter l'humanité du Christ, l'Enfant-Jésus ou le Christ supplicié de la Passion, mais un Christ effectuant sa deuxième apparition ici-bas, à la fin des temps après le jugement dernier (on parle d'une représentation eschatologique du Christ). L'Occident médiéval infléchit cette vision. Ici la représentation du Christ s'inscrit dans une mandorle (amande ovale), il est assis sur un arc représentant les Cieux et ses pieds reposent sur la Terre. C'est le corps complet du Chris qui est représenté, et non simplement son buste, un "Christ en gloire" qui, de sa main droite, fait un geste de bénédiction, et de sa main gauche tient un livre ouvert, où l'on peut lire la phrase « EGO SUM LUX MUNDI » (Je suis la lumière du monde), tirée de l'Évangile selon Jean....

Au centre de chacun des arcs, deux représentations extraordinaires, un Dextera Domini, une main de Dieu à l'intérieur d'un triple cercle, une représentation de Dieu protecteur sans figuration,  et plus haut un Agnus Dei, un agneau de Dieu, avec sept yeux, comme décrit dans l'Apocalypse de Saint Jean. Enfin, non loin, une représentation de la parabole du Lazare avec son chien....


Ermita de Sant Salvador d'Irgo
Ce petit ermitage se dresse à l'écart d'Irgo, sur un promotoire dominant l'entrée de la Vall de Boí, offrant un panorama splendide...


Le Parc National d'Aigüestortes et Estany de Sant Maurici,
 Les villages et petites églises dispersés dans la Vallée de Boí annoncent l'un des royaumes naturels des Pyrénées, le Parc National Aigüestortes i Estany de Sant Maurici,  créé en 1955, parc bien connu des randonneurs avec ses pics de 3 000 mètres, ses forêts épaisses, ses cirques glaciaires, plus d'une centaine de lacs  d'altitude, le tout couronné par des sommets de plus de 3 000 mètres d'altitude, el Comaloforno et los Besiberris Norte parmi les plus emblématiques.  


La station de Boí Taüll (Estación Boí-Taüll),

à plus de 1600m, offre, depuis les années 1990, 550 hectares de terrain skiable avec le Puig Falcó, à 2.750 mètres d’altitude, le plus haut sommet skiable des Pyrénées.


La station thermale (estación termal) de Caldas de Bohí (en catalán Caldes de Boí) termine  à 1466m d'altitude la vallée, tout juste 10km avant que débute le Parc National d’Aigüestortes i Estany de Sant Mauric. A côté de celle-ci a été édifié le sanctuaire de la Mare de Déu de Caldes, une image de la Viege Marie ayant été découverte, nous dit la légende, à la fin du XIVe siècle par un berger. Depuis une copie polychrome a été excutée par le sculpteur Barcelona Camp Arnau en 1940 et le lieu est devenu l'objet d'un culte marital. Quant aux vertus thérapeutiques de l'eau qui jaillit de la montagne, elles étaient déjà connues par les Romains , puis par les seigneurs d'Erill, mais la première maison de bains de la région date du 17ème siècle.  Caldes de Boí est présentée comme  la “plus grande station balnéaire d’Espagne”,  par le nombre de sources, leurs capacités et leur différentiel de température : 37 sources d’eaux minérales médicinales de différentes compositions et températures, variables entre les 4 ºC et les 56 ºC, un ensemble d'hôtels et de fontaines assurant l'accueil des visiteurs...


 

 

A partir de El Pont de Suert, principale ville de la Alta Ribagorza située à 841 mètres d'altitude, sur les rives de la Noguera Ribagorçana, lieu de convergence des vallées de Barravés, Boí et Castanesa, suivre la N230 vers Benabarre et Lleida (à 120km) qui longe le lac et permet de déboucher, à flanc de montagnes,  via une dizaine de petits tunnels, sur l'impressionnant barrage, l'Embalse d'Escales : en contre-bas, le villages de Sopeira (Huesca) abrite le monasterio de Santa María y San Pedro de Alaón, et, 22km plus loin, en ayant laissé derrière nous les hauteurs Pyrénéennes, le village de Puente de Montañana (Huesca), scindé en deux par le cours de la Noguera Ribargozana....

 

Embalse d'Escales...

Monasterio de Santa María y San Pedro de Alaón, Sopeira...