Evelyn Waugh (1903-1966), "Decline and Fall" (1928), "Vile Bodies" (1930), "A Handful of Dust" (1934), Scoop" (1938), "Put Out More Flags" (1942), "Brideshead Revisited" (1945), "Men at Arms" (1952), "The Ordeal of Gilbert Pinfold" (1957) .....

Last update: 12/29/2016


"The Brideshead Generation" - Evelyn Waugh, au moins pour ses romans écrits avant 1939, fut considéré par beaucoup comme le romancier satirique anglais le plus brillant de son époque, "Decline and Fall" (1928), son premier roman, satire de l'Angleterre des années 1920, offre aux lecteurs un style acerbe et hilarant qui fera sa renommée, et que confirmeront les ouvrages suivants,"Vile Bodies" (1930), "Black Mischief" (1932), "A Handful of Dust" (1934), et "Scoop" (1938). Au tournant de la Seconde Guerre mondiale, il se fit plus sérieux et plus ambitieux, et devient, avec Graham Greene, l'un des plus grands écrivains catholiques anglais : c'est ainsi qu'il s'interroge sur le fonctionnement de la providence et le rétablissement de la foi parmi les membres d’une famille de propriétaires fonciers catholiques (Brideshead Revisited, 1945), qu'il entre dans l’Église catholique romaine en 1930), recrée un moment de l’histoire chrétienne pour affirmer un point théologique particulier dans "Helena" (1950), et analyse le caractère de la Seconde Guerre mondiale, en particulier sa relation avec la lutte éternelle entre le bien et le mal et la lutte temporelle entre la civilisation et la barbarie dans une trilogie qui comporte "Men at Arms" (1952), "Officers and Gentlemen" (1955) et "Unconditional Surrender" (1961). 

 


Evelyn Waugh (1903-1966)
Né à Londres dans une famille de classe moyenne, Evelyn Waugh vit successivement trois tranches de vie très différentes. La première le voit quitter Oxford sans diplôme, mener, de 1922 à 1924, une vie dissolue d'esthète, épouser Evelyn Gardner et publier son premier roman, "Decline and Fall", satire de l'Angleterre des années vingt et jeu de massacre de l'establishment britannique dans ce qu'elle a de plus représentatif, l'éducation, l'aristocratie, la religion, le sport : le succès est énorme, il devient le représentant attitré du nonsense et inconditionnel des fêtes les plus débridées qu'organisent les fameux "Bright Young Things" qui sévissent dans le Londre aristocrate ( Stephen Tennant, Brian Howard, les soeurs Mitford). Avec son divorce en 1930, une seconde période débute : il publie deux romans particulièrement sarcastiques, "Vile Bodies" (1930, Ces Corps vils), puis "Black Mischief" (1932, Méchanceté noire), et surprend tout le monde en se convertissant au catholicisme : le voici défendant désormais les valeurs éternelles de la vieille Angleterre. Une troisième période le voit gagner en maturité, voyager énormément (Méditerranée, Brésil, Éthiopie, Mexique), et en 1939, il est engagé volontaire dans les Commandos. La publication de "Brideshead Revisited" (1945) confirme son adhésion au conservatisme et lui permet d'acquérir une stature internationale, parfois discutée.  Suivent "The Loved One" (1948, Le Cher Disparu), "The Ordeal of Gilbert Pinfold" (1957) et l'ultime "Sword of Honour". 


"Decline and Fall" (1928, Evelyn Waugh, Grandeur et décadence)

Le titre de l’œuvre fait référence à "The History of the Decline and Fall of the Roman Empire" d’Edward Gibbon et "The Decline of the West" d’Oswald Spengler. Le roman a été partiellement inspiré par les observations de l’auteur alors qu’il fréquentait le pensionnat Lancing College et ses expériences ultérieures à l’Université d’Oxford. Publié en 19Z8. ce roman est, avec "Une poignée de cendre", le favori de son auteur. Il décrit les vanités de Mayfair, le quartier chic de Londres en bordure de Hyde Park, durant l`entre-deux-guerres. en contant les aventures d`un jeune innocent pris dans les intrigues londoniennes. Le roman commence avec le déjeuner annuel du Bollinger Club de Sone College à  Oxford. Le malheureux Paul Pennyfeather, déculotté par ses camarades, se fait renvoyer pour indécence. Le roman a été adapté au cinéma en 1969 sous le titre Decline and Fall... d’un Birdwatcher du réalisateur John Krish avec Robin Phillips et Donald Wolfit...

 

 CHAPTER I. Vocation - ‘SENT DOWN FOR indecent behaviour, eh?’ said Paul Pennyfeather’s guardian. ‘Well, thank God your poor father has been spared this disgrace. That’s all I can say.’ There was a hush in Onslow Square, unbroken except by Paul’s guardian’s daughter’s gramophone playing Gilbert and Sullivan in her little pink boudoir at the top of the stairs.

‘My daughter must know nothing of this,’ continued Paul’s guardian.

There was another pause.

‘Well,’ he resumed, ‘you know the terms of your father’s will. He left the sum of five thousand pounds, the interest of which was to be devoted to your education and the sum to be absolutely yours on your twenty-first birthday. That, if I am right, falls in eleven months’ time. In the event of your education being finished before that time, he left me with complete discretion to withhold this allowance should I not consider your course of life satisfactory. I do not think that I should be fulfilling the trust which your poor father placed in me if, in the present circumstances, I continued any allowance. Moreover, you will be the first to realize how impossible it would be for me to ask you to share the same home with my daughter.’

‘But what is to happen to me?’ said Paul..."

 

Ce sera le début d'une suite d'aventures fantastiques d`autant plus désopilantes qu`elles sont relatées avec le plus grand sérieux. Professeur à Llanaba Castle, au pays de Galles, Paul se fiance à une aristocrate, Mrs. Margot Beste-Chetwynde qui. à son insu. dirige une compagnie de bordels en Amérique du Sud, et il se retrouve à la place de celle-ci dans le

box des accusés. puis en prison où il découvre un autre monde. Au terme de cette randonnée "antipicaresque", l'étudiant en théologie s`inscrit à nouveau dans son collège en se faisant passer pour "un cousin éloigné" de Paul Pennyfeather et reprend sa vie de méditation. Le roman est une promenade dans une jungle de personnages mémorables : le docteur Fagan, le capitaine Grimes, homosexuel irrésistible, Philbrick. Mr. Prendergast, qui meurt de la main d`un prisonnier dément. Paul n'est jamais à même de critiquer et de juger ceux qui l`entourent. ll appartient à une classe sociale inférieure et le reconnait. Quand le fils de Margot lui dit, à la fin du roman, "Nous (les aristocrates) sommes différents, en quelque sorte", . Paul répondra, "Je vois ce que vous voulez dire. Vous êtes dynamiques, et moi statique".  Antihéros battu et satisfait de son état, il sait que les "grands" ne passent jamais en jugement. Et si le personnage principal peut avoir toute la sympathie du lecteur. ceux qui le martyrisent ne sont pas châtiés pour autant, si bien que l'on peut se demander s'il s'agit bien d'une satire ...


"Black Mischief" (1932)

Black Mischief, » le troisième roman de Waugh, a contribué à établir sa réputation de maître satiriste et c'est son expérience abyssinienne qui inspira à Waugh le cadre de ce roman d`aventures picaresques. Situé sur l’île fictive d’Azania en Afrique, un empire africain célèbre sous le roi Salomon, mais retombé dans la barbarie er la corruption, le roman raconte les efforts de l’empereur Seth, "Seigneur de Wanda, tyran des mers, et licencié d'Oxford". assisté par l’anglais Basil Seal, un camarade de collège, aventurier dissolu et astucieux de la haute société londonienne, pour moderniser son royaume. Une profonde hilarité découle de l’émission de monnaie maison, de la mise en scène d’un « gala de contrôle des naissances » (Birth Control Gala), de la mort du souverain légitime lors de ses propres cérémonies de couronnement plutôt longues et fatigantes, et de beaucoup plus de méfait.

 


"A Handful of Dust" (1934, Evelyn Waugh, Une Poignée de cendres)

Le titre, emprunté à "La Terre vaine", de T. S. Eliot ("Je te montrerai la peur dans une poignée de poussière"), annonce un roman sérieux, contrastant avec la fantaisie dont regorge "Grandeur et Décadence". Dans cette comédie qui finit mal, l'innocent pris dans les machinations d`un monde très réel se trouve véritablement terrassé. Lady Brenda Last ne peut plus supporter l'ennuyeuse existence rurale et le manoir néogothíque qui symbolisent pour son époux la respectabilité familiale et l'orgueil aristocratique. Elle entreprend, pour se divertir, de flirter avec un jeune homme sans intérêt ni envergure, et finit par détruire son mari. 

Ce ne sont ni Beaver ni Brenda qui intéressent le romancier, mais la décadence de l`époux Tony, qui résulte de l'égoïsme de sa femme plus que de sa méchanceté. Le ton est extraordinairement détaché; Waugh voit dans cet adultère une manifestation typique de la vie anglaise et nous montre son mépris vis-à-vis des cercles et des personnages qu'il décrit. Le lecteur qui tente de découvrir la réalité de cette union et les raisons de sa désintégration se heurte à la neutralité et au silence de l'auteur. C'est tout l'art de Waugh qui nous faire accepter. comme réels, des personnages et des conflits, des positions morales et une intrigue qui sont à peine esquissés. Une description fort précise des phénomènes, sans profondeur et donc sans sentimentalité. Tony Last est à la fois généreux et absurde: ses illusions le trahissent autant que son épouse, si bien que sa décadence jusqu'à sa disparition dans une expédition d'explorateurs au Brésil demeure purement pathétique. L`auteur ne fait que jouer le rôle d'un chroniqueur intelligent, signalant avec humour, mais sans dresser de diagnostic, les symptômes du mal social de toute une époque.

 

"Shafts of November sunshine streamed down from lancet and oriel, tinctured in green and gold, gules and azure by the emblazoned coats, broken by the leaded devices into countless points and patches of colored light. Brenda descended the great staircase step by step through alternations of dusk and rainbow. Both hands were occupied, holding to her breast a bag, a small hat, a half-finished panel of petit-point embroidery and a vast, disordered  sheaf of Sunday newspapers, above which only her eyes and forehead appeared as

though over a yashmak. Beaver emerged from the shadows below and stood at the foot of the stairs looking up at her.

“I say, can’t I carry something?”

“No thanks, I’ve got everything safe. How did you sleep?”

“Beautifully.”

“I bet you didn’t.”

“Well, I’m not a very good sleeper.”

“Next time you come you shall have a different room. But I daresay you  won’t ever come again. People so seldom do. It is very sad because it’s such fun for us having them and we never make any new friends living down here.”

“Tony’s gone to church.”

“Yes, he likes that. He’ll be back soon. Let’s go out for a minute or two, it looks lovely.”

When Tony came back they were sitting in the library. Beaver was telling Brenda’s fortune with cards. “… Now cut to me again,” he was saying, “and I’ll see if it’s any clearer… Oh yes… there is going to be a sudden death which will cause you great pleasure and profit. In fact you are going to kill someone. I can’t tell if it’s a man or a woman… yes, a woman… then you are going to go on a long journey across the sea, marry six dark men and have eleven children, grow a beard and die.”

“Beast. And all this time I’ve been thinking it was serious. Hullo, Tony, jolly church?”

“Most enjoyable; how about some sherry?”

When they were alone together, just before luncheon, he said, “Darling, you’re being heroic with Beaver.”

“Oh, I quite enjoy coping—in fact I’m bitching him rather.”

“So I saw. Well, I’ll look after him this afternoon and he’s going this evening.”

“Is he? I’ll be quite sorry. You know that’s a difference between us, that when someone’s awful you just run away and hide, while I actually enjoy it — making up to them and showing off to myself how well I can do it. Besides, Beaver isn’t so bad. He’s quite like us in some ways.”

 

“He’s not like me,” said Tony.

"Une poignée de poussière" contient bien des éléments de la fiction de type "catholique" façon Waugh après la Seconde Guerre mondiale, qui était nettement différente de ton et de sérieux dans ses œuvres satiriques antérieures. Le roman se concentre sur Tony Last, un homme riche et aristocratique, qui vit sur le domaine ancestral de sa famille avec sa femme, Brenda et leur fils, John. Il est incroyablement fier de sa maison, satisfait de sa vie et totalement ignorant du profond malheur de sa femme. Elle commence une liaison avec un homme terne, John Beaver et Tony reste parfaitement inconscient de la relation, bien que cela soit de notoriété publique pour leurs amis communs. Après que leur fils soit tué, Brenda révèle sa liaison à Tony, demande le divorce et puis avec les encouragements de Beaver tente de lui soutirer de l’argent. Tony est dévasté et se lance finalement dans un voyage en Amérique du Sud, qui ne se passe pas exactement comme il l’avait prévu. Waugh a inclus des éléments autobiographiques dans le roman, en particulier l’agonie et l’amertume du mariage brisé...


"The Complete Stories of Evelyn Waugh" (1953)

Les histoires rassemblées ici vont de portraits délicieusement ciselés des classes supérieures britanniques à une fin alternative au roman de Waugh "A Handful of Dust"; d’un «missing chapter» dans la vie de Charles Ryder, le héros nostalgique de Brideshead Revisited, à un conte moral plein d’intrigue que Waugh a composé à un très jeune âge; d’une alouette épistolaire dans la voix d’« a young lady of leisure» à un sombre conte comique de scandale dans un avant-poste africain éloigné (et imaginaire).De nombreuses preuves que l’un des romanciers anglais les plus admirés et appréciés du XXe siècle était également un maître de la forme courte...

 

A HOUSE OF GENTLEFOLKS

I arrived at Vanburgh at five to one. It was raining hard by now and the dreary little station yard was empty except for a deserted and draughty-looking taxi.

They might have sent a car for me.

How far was it to Stayle? About three miles, the ticket collector told me.

Which part of Stayle might I be wanting? The Dukes? That was a good mile the other side of the village.

They really might have sent a car.

With a little difficulty I found the driver of the taxi, a sulky and scorbutic young man who may well have been the bully of some long-forgotten school story. It was some consolation to feel that he must be getting wetter than I. It was a beastly drive.

After the crossroads at Stayle we reached what were obviously the walls of the park, interminable and dilapidated walls that stretched on past corners and curves with leafless trees dripping on to their dingy masonry. At last they were broken by lodges and gates, four gates and three lodges, and through the ironwork I could see a great sweep of ill-kept drive.

But the gates were shut and padlocked and most of the windows in the lodges were broken.

There are some more gates further on, said the school bully, and beyond them, and beyond them again. I suppose they must get in and out somehow, sometimes.

At last we found a white wooden gate and a track which led through some farm buildings into the main drive. The park land on either side was railed off and no doubt let out to pasture. One very dirty sheep had strayed on to the drive and stumbled off in alarm at our approach, continually looking over its shoulder and then starting away again until we overtook it. Last of all the house came in sight, spreading out prodigiously in all directions.

The man demanded eight shillings for the fare. I gave it to him and rang the bell.

After some delay an old man opened the door to me.

Mr. Vaughan, I said. I think his Grace is expecting me to luncheon.

Yes; will you come in, please? and I was just handing him my hat when he added: I am the Duke of Vanburgh. I hope you will forgive my opening the door myself. The butler is in bed todayhe suffers terribly in his back during the winter, and both my footmen have been killed in the war. Have been killedthe words haunted me incessantly throughout the next few hours and for days to come. That desolating perfect tense, after ten years at least, probably more ... Miss Stein and the continuous present; the Duke of Vanburgh and the continuous perfect passive.....

I was unprepared for the room to which he led me. Only once before, at the age of twelve, had I been to a ducal house, and besides the fruit garden, my chief memory of that visit was one of intense cold and of running upstairs through endless passages to get my mother a fur to wear round her shoulders after dinner. It is true that that was in Scotland, but still I was quite unprepared for the overpowering heat that met us as the Duke opened the door. The double windows were tight shut and a large coal fire burned brightly in the round Victorian grate. The air was heavy with the smell of chrysanthemums, there was a gilt clock under a glass case on the chimneypiece and everywhere in the room stiff little assemblages of china and bric-a-brac. One might expect to find such a room in Lancaster Gate or Elm Park Gardens where the widow of some provincial knight knits away her days among trusted servants. In front of the fire sat an old lady, eating an apple.

My dear, this is Mr. Vaughan, who is going to take Stayle abroadmy sister, Lady Emily. Mr. Vaughan has just driven down from London in his motor.

No, I said, I came by trainthe twelve fifty-five.

Wasnt that very expensive? said Lady Emily

(...)


"Scoop',  Evelyn Waugh (1938)

Après "Ces corps víls", Waugh composa une biographie du martyr jésuite de l`époque élisabéthaine Edmond Campion, qui lui valut le prix Hawtliornden, puis il mit à profit. dans

"Scoop" et "Diablerie" (Black Mischief, 1933) ses expériences abyssiniennes et ses souvenirs de correspondant de guerre appointé par le Daily Mail. "Scoop" est l'histoire d'une méprise : le magnat de la presse lord Copper, se targuant de son flair pour découvrir des as du journalisme, et agissant sur un conseil de dîner-parti de Mme Algernon Smith, envoie un novice comme correspondant particulier en lshmaelie où vient d'éclater une guerre civile. En quête de nouvelles fraîches pour "La Bête" (le journal rival s'intitule "La Brute"), William Boot va gagner une fortune, échappant aux purges et aux terroristes, rencontrant la belle de sa vie, Kätchen, et, hélas, son mari, ne trouvant la gloire que pour lui préférer la vie tranquille d`un romancier. Waugh mêle une satire du monde de la presse à une critique acerbe des fameux "bienfaits de la civilisation". Sa fantaisie, aidée par une pointe d'érotisme, frôle à tout moment l'invraisemblance, mais peu importe, le divertissement est réel et le conteur ne se prend d`ailleurs pas au sérieux. C'est l’une des comédies les plus exubérantes de Waugh, « Scoop », est une satire brillamment irrévérencieuse de « Fleet Street » et de sa poursuite effrénée des nouvelles chaudes.

 

"Waugh in Abyssinia" (1936)

Scoop, la comédie à succès d’Evelyn Waugh sur les journaux anglais des années 1930 est la chose la plus proche que les correspondants étrangers ont d’une bible - ils jurent par elle. Mais peu de lecteurs connaissent les mémoires de Waugh sur son passage en tant que correspondant du London Daily Mail en Abyssinie (aujourd’hui l’Éthiopie) pendant l’invasion italienne dans les années 1930. Waugh en Abyssinie est un récit divertissant d’un journaliste de guerre acerbe et peu enthousiaste qui « fournit une courte histoire fascinante de l’aventure impériale de Mussolini ainsi qu’un aperçu malicieux et plein d’esprit des personnages et des folies qui figurent dans la célèbre satire de Waugh ». John Maxwell Hamilton, correspondant étranger chevronné, explore comment Waugh s’est retrouvé en Abyssinie, quels événements réels ont été romancés dans "Scoop", et comment ce mémoire s’inscrit dans la carrière littéraire de Waugh, "the right man (a misfit), in the right place (a largely unknown country that lent itself to farcical imagination), at the right time (when the correspondents themselves were more interesting than the scraps of news they could get.) ..."

 


"Brideshead Revisited" (1945, Evelyn Waugh, Retour à Brideshead)
La guerre a changé Waugh. Probablement son meilleur roman, "Retour à Brideshead" brosse le portrait d'une famille aristocrate, les Flyte, depuis les Annees folles jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le thème central du roman est le catholicisme ou, selon les propres mots de Waugh, « the operation of divine grace on a diverse group, but closely connected characters ». Alors que Waugh idéalise ce qu’il considère comme une aristocratie mourante, il méprise l’idée d’un ordre égalitaire et croit que les divisions sociales et la hiérarchie sont naturelles et doivent être respectées...

 

 

"‘I HAVE BEEN here before,’ I said; I had been there before; first with Sebastian more than twenty years ago on a cloudless day in June, when the ditches were creamy with meadowsweet and the air heavy with all the scents of summer; it was a day of peculiar splendour, and though I had been there so often, in so many moods, it was to that first visit that my heart returned on this, my latest. That day, too, I had come not knowing my destination. It was Eights Week. Oxford – submerged now and obliterated, irrecoverable as Lyonnesse, so quickly have the waters come flooding in – Oxford, in those days, was still a city of aquatint. In her spacious and quiet streets men walked and spoke as they had done in Newman’s day; her autumnal mists, her grey springtime, and the rare glory of her summer days – such as that day – when the chestnut was in flower and the bells rang out high and clear over her gables and cupolas, exhaled the soft airs of centuries of youth. It was this cloistral hush which gave our laughter its resonance, and carried it still, joyously, over the intervening clamour. Here, discordantly, in Eights Week, came a rabble of womankind, some hundreds strong, twittering and fluttering over the cobbles and up the steps, sight-seeing and pleasure-seeking, drinking claret cup, eating cucumber sandwiches; pushed in punts about the river, herded in droves to the college barges; greeted in theIsis and in the Union by a sudden display of peculiar, facetious, wholly distressing Gilbert-and-Sullivan badinage, and by peculiar choral effects in the College chapels..."

 

Charles Ryder, le narrateur, rencontre à l'université d'Oxford Sebastian Flyte, un esthète issu d'une famille catholique, les Marchmain,  et avec qui il noue une intense amitié. Charles est un étudiant sérieux, mais une tension existe entre la scholastíque de ses poursuites universitaires et ses ambitions artistiques. Son amitié avec Sebastian lui permet d'abandonner quelque peu les valeurs conventionnelles qui avaient jusque là défini sa vie, et le style de vie decadent des deux étudiants encourage le developpement artistique de Charles. Fasciné par la conduite uniquement inspirée par la tradition de cette illustre lignée qui sombre dans la décadence, il en devient le chroniqueur. lls passent ainsi leurs vacances ensemble au château de Brideshead, ou vivent les Flyte, et Charles s'aperçoit finalement qu'il ne peut comprendre la foi de Sebastian qui lui paraît naïve et incohérente. La mort du vieux Marchmain, s'enfonçant dignement dans le passé de ses ancêtres, dans un monologue pompeux, est une réussite du genre. L'alcoolisme de Sebastian creuse un fossé entre les deux amis, mais la relation de Charles avec la famille Flyte demeure forte. Des années plus tard, après qu'ils ont tous deux fait un mariage malheureu×, Charles s'éprend de la soeur de Sebastian, Julia, avant que la foi catholique de cette dernière ne se transforme finalement en obstacle insurmontable à leur relation.

 


"The Loved One" (1948,  Evelyn Waugh, Le Cher Disparu)
Un chef-d’œuvre macabre qui met en scène ce qui était «the American way of death», autrefois célèbre, et deux, le Whispering Glades Memorial Park (la «grande nécropole d’Hollywood») et le "Happier Hunting Grounds", un cimetière pour animaux de compagnie voisin de Whispering Glades. Hollywood, fin des années 1940. Lorsque Francis Hinsley, employé modèle des studios Megalopolitain, apprend son licenciement en découvrant un inconnu assis à son bureau, il ne voit qu'une seule issue possible : la pendaison. Son jeune ami et poète, Dennis Barlow, est chargé par la communauté anglaise d'organiser les obsèques, qui devront être assez grandioses pour pouvoir acceuillir tout le gratin hollywoodien. Barlow abandonne donc un temps son poste aux Bienheureux Halliers, une entreprise de pompes funèbres animalières, pour Los Angeles. Il se rend aux Célestes Pourpris, les spécialistes du rite funéraire pour célébrités et découvre un monde où la devise est « Entre étranger, et sois heureux », ou la mort est vendue comme des vacances de luxe, et où les clients sont appelés les « Chers disparus » et les proches les « Délaissés ». Spectateur incrédule, il suivra également les pérégrinations de Mr. Joyboy, un embaumeur de génie et de Aimee Thanatogenos, une cosméticienne qui règle sa vie sur les conseils du journal local. Bijou d'humour noir, Le Cher disparu dépeint avec une certaine cruauté l'Amérique et ses travers. Cette satire originale des milieux funéraires donne le ton d'une oeuvre dédiée à la critique cynique de notre civilisation." (Trad. Editions Robert Laffont)

 


Evelyn Waugh , "The Sword of Honour Trilogy" (1952–1961)

"Men at Arms" (1952), "Officers and Gentlemen" (1955), "Unconditional Surrender" (1961)

Un ensemble structuré et profondément mélancolique de l’Angleterre et de la Seconde Guerre mondiale, qui contient également des moments et des scènes comiques à souhait. Guy Crouchback est le descendant d’une des grandes familles anglaises  isolé dans un château en Italie; son épouse, l’irrépressible Virginia, une figure sortie d'une fiction précédente de Waugh – l’a quitté, elle se marie deux fois et n'apparaît tout au long de la trilogie que pour l’humilier. Le premier roman s’ouvre au début de la guerre lorsque Guy, à l’âge de trente-cinq ans, retourne en Angleterre, le lecteur vit avec lui les sensations et expériences d'un personnage sensible, loyal et un fervent catholique, mais aussi distant, maladroit, un peu égocentrique. C'est la guerre qui absorbe son esprit, en Afrique, en Égypte, en Crète et en Italie. Les romans évoluent rapidement dans une série de courtes scènes que le savoir-faire humoristique de Waugh sait parfaitement agrémenter via ses personnages mineurs. Le père de Guy, retraité, vivant dans un hôtel au bord de la mer, est ici l’une de ses réussites...

 

"Men at Arms" (Hommes en armes, 1952)

On a vu dans la trilogie, dont ce roman de l'écrivain anglais Evelyn Waugh constitue le premier volume, l`une des meilleures œuvres inspirées par la Seconde Guerre mondiale. En 1942, "Put out More Flags" opposait les intrigues sordides de la "drôle de guerre" au sacrifice des patriotes, symbolisés, no sans ambiguïté, par des mésaventures d`Ambrose Silk et le désir de Basil Seal de se "planquer" au ministère de l'lnformation et à la Sécurité militaire. Avec "Men at Arms" commence la trilogie des Crouchback. Le héros de ces romans est le type de l'homme qui n'a plus sa place dans le monde moderne auquel sa conception intransigeante de l`honneur et du devoir l'empêche de s`adapter. Cependant, à la fin de la série, le héros devient véritablement sympathique et incarne les valeurs que respecte l'auteur. La chronique de la guerre se situe dans un cadre restreint, suivant Crouchback depuis sa lune de miel avec l`année jusqu'à la perte de ses illusions. Durant la guerre, Guy apprend en effet à accepter des valeurs nouvelles : l'alliance avec la Russie et la défection de celui qu'il prenait pour la fleur de la chevalerie le rendent amer, mais il assiste à la naissance d`une autre vocation, celle de romancier à succès du caporal-chef Ludovic. Il finit par accepter la vérité du monde. Par charité, il épouse à nouveau son ancienne femme. sachant fort bien qu`elle est légère, coquette et enceinte d`un autre, le "héros professionnel" Trimmer. C'est que la charité est le seul type d'action que le monde temporel ne puisse corrompre. La fin du roman est un apaisement : le père de Guy, le seul personnage entièrement bon, meurt en paix, comme l`oncle Peregrine qui se révèle moins ennuyeux qu`on ne l'eût cru. Crouchbacki qui participe volontairement au gouvernement militaire de l'Italie, devient, en tant qu'officier, un agent de liaison avec la résistance yougoslave. Victime des événements, il a encore recours à la générosité pour affirmer sa liberté : il sauve un groupe de réfugiés juifs, pour expier d`avoir pensé "que son honneur personnel serait satisfait par la guerre". Le héros est une victime, victime d`une action juste tout aussi inconséquente dans le monde réel. Crouchback est semblable à Tietjens, le héros de Ford Maddox Ford dans "Le Bon Soldat". L`ensemble révèle, en ce satiriste qu'est fondamentalement Waugh, un romancier traditionnel d'envergure...