Metaphysical Notes

Donner du sens à notre monde, à notre existence, à notre humanité, nos besoins religieux sont plus profonds que nous pourrions le penser et semblent indissociables de notre nature humaine, de notre conscience, au moins en terme de questionnement. Les religions dites primitives interrogeaient le monde et les forces naturelles, créant des cosmologies pour expliquer le fonctionnement de l'univers, des mythologies pour expliciter notre origine, des systèmes de croyances pour préserver communautés et liens sociaux. Depuis, l'acceptation de la rationalité scientifique comme base de notre connaissance, la diffusion de la technique comme instrumentalisation de nos savoir-faire et savoir-être, le politique pour prétendre à la définition et à l'organisation de nos identités sociales, les tentatives des sciences humaines pour élaborer des théories nous donnant un semblant de sens, semblent converger vers une progressive rétractation du religieux : pourtant, le fait religieux , exprimé à des degrés divers par des croyants, des agnostiques et des athées, reste présent dans toutes les sociétés humaines. La philosophie de la religion a pour vocation à explorer et évaluer les conceptions religieuses de la réalité, et chercher à comprendre la pratique religieuse. La métaphysique, souvent mal comprise ou galvaudée (verbiage et divagation), a été définie comme soit la science des réalités qui ne tombent pas sous le sens, des êtres immatériels et invisibles (l'âme et Dieu), soit comme la connaissance de ce que les choses sont en elles-mêmes (par opposition aux apparences qu'elles présentent). Dans les deux cas, la métaphysique entend interroger ce qui est au-delà de la nature, du monde tel qu'il nous est donné, abandonnant aux sciences positives l'étude de ce monde en tant que tel. La religion peut être définie, pour reprendre les propos de Bertrand Russell (Religion and Metaphysics, 1906), comme "une émotion reposant sur la conviction d'une harmonie entre nous-mêmes et l'univers dans son ensemble", et la métaphysique, comme "l'étude systématique de la nature ultime de la réalité", et le dogme comme "toute proposition qui a une signification métaphysique"......

 

To give meaning to our world, to our existence, to our humanity, to our religious needs are deeper than we might think and seem inseparable from our human nature, from our conscience, at least in terms of questioning. The so-called primitive religions questioned the world and natural forces, creating cosmologies to explain how the universe works, mythologies to explain our origin, belief systems to preserve communities and social ties. Since then, the acceptance of scientific rationality as the basis of our knowledge, the diffusion of technology as an instrument of our know-how and know-how, politics as a means of claiming the definition and organization of our social identities, the attempts of the human sciences to elaborate theories that give us a semblance of meaning, seem to lead to a progressive retraction of religion: yet, the religious fact, expressed to varying degrees by believers, agnostics and atheists, remains present in all human societies. The philosophy of religion is intended to explore and evaluate religious conceptions of reality, and to seek to understand religious practice. Metaphysics, often misunderstood or overused (verbiage and divagation), has been defined as either the science of realities that do not make sense, of immaterial and invisible beings (the soul and God), or as the knowledge of what things are in themselves (as opposed to the appearances they present). In both cases, metaphysics intends to question what is beyond nature, the world as it is given to us, abandoning the study of this world as such to the positive sciences. Religion can be defined, to use Bertrand Russell's words (Religion and Metaphysics, 1906), as "an emotion based on the conviction of harmony between ourselves and the universe as a whole", and metaphysics, as "the systematic study of the ultimate nature of reality", and dogma as "any proposal that has metaphysical significance"...

Dar sentido a nuestro mundo, a nuestra existencia, a nuestra humanidad, a nuestras necesidades religiosas es más profundo de lo que podríamos pensar y parecer inseparable de nuestra naturaleza humana, de nuestra conciencia, al menos en términos de cuestionamiento. Las llamadas religiones primitivas cuestionaban el mundo y las fuerzas naturales, creando cosmologías para explicar cómo funciona el universo, mitologías para explicar nuestro origen, sistemas de creencias para preservar las comunidades y los lazos sociales. Desde entonces, la aceptación de la racionalidad científica como base de nuestro conocimiento, la difusión de la tecnología como instrumento de nuestro saber y saber hacer, la política como medio para reivindicar la definición y organización de nuestras identidades sociales, los intentos de las ciencias humanas de elaborar teorías que nos den una apariencia de sentido, parecen conducir a una progresiva retracción de la religión; sin embargo, el hecho religioso, expresado en diferentes grados por los creyentes, los agnósticos y los ateos, permanece presente en todas las sociedades humanas. La filosofía de la religión tiene por objeto explorar y evaluar las concepciones religiosas de la realidad y tratar de comprender la práctica religiosa. La metafísica, a menudo malentendida o sobreutilizada (verborrea y divagación), ha sido definida como la ciencia de las realidades que no tienen sentido, de los seres inmateriales e invisibles (el alma y Dios), o como el conocimiento de lo que las cosas son en sí mismas (en oposición a las apariencias que presentan). En ambos casos, la metafísica pretende cuestionar lo que está más allá de la naturaleza, el mundo tal como nos es dado, abandonando el estudio de este mundo como tal a las ciencias positivas. La religión puede definirse, por utilizar las palabras de Bertrand Russell (Religión y Metafísica, 1906), como "una emoción basada en la convicción de la armonía entre nosotros mismos y el universo en su conjunto", y la metafísica, como "el estudio sistemático de la naturaleza última de la realidad", y el dogma como "cualquier propuesta que tenga un significado metafísico"....

 


Sur fond d'animisme et de chamanisme, de hiérarchie entre dieux et hommes, d'opposition entre bien et mal, la tradition védique s'est développée à partir des religions populaires du sous-continent indien dès 1700 av. notre ère, pour structurer la plus ancienne des religions qui nous soit parvenue, l'hindouisme (1250–600) puis le jaïnisme, le bouddhisme (600-500), le sikhisme. Les dynasties chinoises qui établissent leurs empires à partir du XVIIe siècle voient émerger des religions populaires traditionnelles et le culte des ancêtres incorporés dans des systèmes de croyances philosophiques tels que le taoïsme et le confucianisme (600-500). En Méditerranée orientale, les religions de l'Egypte ancienne et de Babylone (2600-2300) se pratiquaient encore lorsque les cités-Etats de Grèce et de Rome développèrent leurs propres mythologies et panthéons divins (1200-800). Plus à l'est, le zoroastrisme, la première grande religion qualifiée de monothéisme (600-500), était déjà établi en Perse, et le judaïsme était apparu comme la première des religions abrahamiques, suivi par le christianisme (30-62) et l'islam (570-632). Ces religions se sont par suite diffusées et développées au fil de l'Histoire, souvent en se divisant en branches mais en gardant en elles l'essence de leurs origines...

 

Le profil religieux du monde semble à terme ne pas connaître de bouleversements fondamentaux, si ce n'est une croissance raisonnable de l'athéisme dans les pays occidentaux et, sous la pression démographique du continent africain, une ré-équilibrage des deux principales religions, christianisme et islam. Mais au-delà des chiffres, un mouvement de fond semble s'imposer, une indifférence croissante à l'égard des religions historiques, non seulement en termes de pratiques mais aussi de questionnement et d'interrogations, le religieux se fait aussi tourisme planétaire...
En 2010, le christianisme était de loin la religion la plus importante au monde, avec environ 2,2 milliards d'adeptes, soit près du tiers (31 %) des 6,9 milliards d'habitants de la planète. L'islam vient en deuxième position, avec 1,6 milliard d'adeptes, soit 23 % de la population mondiale. Des projections démographiques tendent à laisser penser que si, entre 2010 et 2050, la population mondiale totale atteint 9,3 milliards d'habitants, soit une augmentation de 35 %, le rapport entre les deux religions dominantes seraient en passe de s'inverser, d'ici 2050, il y aura presque parité entre musulmans (2,8 milliards, soit 30 % de la population) et chrétiens (2,9 milliards, soit 31 %), peut-être pour la première fois de l'histoire (Pew Research). C'est l'Afrique subsaharienne qui porte une grande partie de la croissance mondiale de l'islam et du christianisme. Ces estimations sont évidemment tributaires des évolutions à venir, imprévisibles, économiques, sociales, migratoires, etc.
Quant au nombre des athées, agnostiques et de personnes ne s'identifiant à aucune religion particulière, les enquêtes les chiffraient à environ 1,1 milliard en 2010 (16 % ) et les estime à horizon 2050 à 1,2 milliard (13%) : c'est dans une grande partie de l'Europe et de l'Amérique du Nord, la Chine et le Japon, que la part des personnes non affiliées devrait continuer à augmenter (16 à 26%). Au-delà des chiffres, comment comprendre cette persistance du fait religieux, comment approcher les raisons de ces ré-équilibrages à venir entre religions…