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Last update: 2018/12/12

En 2010, huit personnes sur dix s’identifient à un groupe religieux, selon la dernière étude démographique du Pew Forum on religion & public life, un centre de recherche indépendant basé aux États-Unis. 5,8 milliards d’individus, soit 84 % d’une population mondiale estimée à 6,9 milliards de personnes, se déclarent membres de l’une des cinq grandes religions, bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam, judaïsme.  Les chrétiens sont majoritaires et représentent 32 % de la population mondiale. Viennent ensuite les musulmans (23 %), les hindous (15 %), les bouddhistes (7 %) et enfin les juifs (0,2 %). Ceux qui ne se reconnaissent dans aucune religion forment toutefois le troisième groupe le plus important, juste devant les hindous, du point de vue du nombre (16 %). Quelque 400 millions d’individus, soit 6 % de la population mondiale, sont attachés à une religion traditionnelle,  africaine, chinoise, amérindienne, aborigène… Et Un peu moins de 1 % évoque d’autres croyances, comme le sikhisme, le shintoïsme, le taoïsme ou encore le zoroastrisme. Le bouddhisme, répandu dans de nombreuses partie du monde, est né dans Nord de l'Inde voici plus de 2500 ans avec les enseignements de Siddharta Gautama. Il a pour but de guider l'individu vers la libération spirituelle de son être matériel, l'illumination. En étendant son influence, il s'est diversifié et s'est adapté aux traditions religieuses locales...

"Vaincre la souffrance" (Life is suffering) - Le bouddhisme est considéré davantage comme une philosophie plus que comme une religion, une philosophie ancrée dans une expérience vécue qui part du fait que toute vie n'est que souffrance, et qui énonce, aussi par expérience vécue, qu'il est possible de parvenir à une véritable fin de la souffrance dans ce monde. Son fondateur, Siddharta Gautama, le Bouddha, l'Eveillé, ne formalise pas son enseignement à partir d'une vision mystique mais sur des conclusions issues d'une longue période d'expérience et de pensée, une illumination plus qu'une révélation. C'est plus tard que des branches du bouddhisme sont devenues plus théistes. Dans l'Inde du VIe siècle av. JC, le nord de l'Inde, les bouleversements sont alors importants, et la religion védique, formelle et conformiste, requérant le maintien des différentes classes, se voit contester par des maîtres errants qui optent pour la simplicité et le dénuement comme moyens de développement spirituel. Né en 563 av.JC dans la famille régnante du clan Shakya, marié à 16 ans, père d'un fils, Siddhartha Gautama se retire du monde à 29 ans, connaît l'illumination et va attirer nombre d'adeptes dans les villes de la plaine du Gange et instaurer des communautés de moines et nonnes. Gautama veut rompre le cycle du samsara, de la naissance et de la renaissance, non par les pratiques religieuses hindoues, culte ou rituel, mais par le mode de vie, la fameuse "Voie du milieu". "Se sentant menacés par le danger, les hommes se réfugient dans les esprits, les sanctuaires et les arbres sacrés, mais ce ne sont pas de vrais refuges" (Dhammapada)...

La "Voie du milieu" (Middle Path, Majjhimāpaṭipadā (Pali), Madhyamāpratipad (Sanskrit), "Dharmachakra", the wheel of dharma, partagé par Hindouisme, Jaïnisme et Bouddhisme) -Gautama suggère une voie médiane entre deux types de vie, ni le confort matériel, ni l'austérité extrême ne nous protègent de la souffrance, ni le désir de vie éternelle, ni le scepticisme absolu. L'obstacle principal pour éviter le cycle du samsara est la souffrance humaine, issues des désirs et des attachements impossibles à satisfaire. Gautama expose ses "Quatres nobles vérités" (The Four Noble Truths, cattāri ariyasaccāni), qui fondent la doctrine centrale du bouddhisme. Elles expliquent la nature de la souffrance et comment la surmonter. La "Dukkha" est la "vérité de la souffrance" (toute vie implique la souffrance), "Samudaya, la "vérité de l'origine de la souffrance" (la "soif" du monde, le désir insatiable d'attachement), "Nirodha", la "vérité de la fin de la souffrance" (mettre fin à la souffrance en se détachant de l'envie et du désir), et enfin "Magga", la "vérité du chemin vers la fin de la souffrance", à cette étape, le moyen d'arrêter le désir est de suivre le "Noble Sentier octuple". Gautama rejette la nature éternelle du moi, élément clé de la spiritualité hindoue, de la religion védique qui identifie l'atman avec le brahman comme réalité divine fondamentale sous-tendant toutes choses. Gautama rejette aussi ce qu'il a lui-même expérimenté, la voie de l'ascétisme, la purification du corps, le rejet de tout ce que le monde considère comme doté de valeur.

La "roue de la vie" (The wheel of life, Buddhism Bhavachakra), l'univers et le cycle dans fin de mort et de renaissance dans lequel tout être humain est piégé - Gautama met en évidence trois caractéristiques de l'existence. Tout dans la vie découle de causes et de conditions, lorsque celles-ci cessent, les éléments qui en dépendent n'agissent plus. "Pratitya samutpada" signifie "des choses s'intensifiant ensemble", nous vivons dans un monde d'interdépendances, rien n'y est sa propre source. La "dukkha" traduit notre frustration existentielle, la vie ne nous donne pas ce que nous attendons. "Anatta" nous montre que  notre monde est en constante évolution, rien n'a d'essence fixe, tout est en flux constant. Pour le bouddhisme, la connaissance ne procède non pas d'une spéculation abstraite, mais d'une analyse de l'expérience. Le moi est ainsi exploré comme une entité ni simple, ni éternelle, et sujet à changement.

"Il y a une Voie du milieu qui mène à la paix, à la connaissance directe, à l'illumination, au nirvana. Et quelle est cette Voie du milieu? C'est juste ce Noble Sentier octuple..." (The Eightfold Path) - Il y a quatre sortes d'attachement, énonce le Sammaditthi Sutta: "l'attachement aux plaisirs des sens, l'attachement aux vues, l'attachement aux rituels et observances, l'attachement à une doctrine du moi." Le "Noble Sentier octuple" énonce en retour huit principes que nous devons encourager en nous-mêmes pour mettre fin à nos souffrances : Sammā ditthi ou Vue juste, Sammā san̄kappa ou Intention juste (pour traduire notre compréhension et engagement), Sammā vācā ou subsistance juste, Sammā kammanta ou action juste (pour traduire nos pratiques étiques), Sammā vāyāma ou effort juste, Sammā sati ou attention juste, Sammā samādhi ou concentration juste (pour assurer notre entraînement de l'esprit).

Le Canon Pali - C'est au Ier siècle av.JC, bien après la mort de Gautama, que ses enseignements sont écrits, -  sur de fines tranches de bois (manuscrit à feuilles de palmier ou bambou) maintenues l'une sur l'autre par des bâtonnets minces, puis conservée dans une boîte. Ils forment le Tipitaka (les 'Trois corbeilles"), sont écrits en pali, un dialecte sri-lankais, et non en sanskrit, langue des érudits. Trois sections les composent, le Vinaya Pitaka (les conseils sur la vie monastique), le Sutta Pitaka (paroles de Bouddha et récits d'évènrements de sa vie), l'Abhidharma Pitaka (analyse philosophique des enseignements de Bouddha). Le bouddhisme voue un profond respect à Bouddha et certaines traditions valorisent un maître de lignée, mais si le maître est indispensable, c'est bien la conviction et l'expérience personnelle qui sont au centre de l'acquisition de la sagesse. "S'il y a une pratique qui est suffisante pour parvenir à la bouddhéité, ajoute le Dalaï-lama, c'est la pratique de la grande compassion".

Les bouddhistes possèdent trois ensembles de textes majeurs, le Tripitaka (divisé en Vinaya Pitaka, à destination de la vie en communauté sprituelle, Sutta Pitaka, attribués au Bouddha et à quelques-uns de ses disciples les plus proches, et Abhidhamma Pitaka), le Mahayana Sutras, et le Livre Tibétain des Morts


Le Metta Sutta, Le guide ultime de l'amour bienveillant (en Pali, le mot metta signifie bonté aimante), est l'un des textes bouddhistes les plus populaires. Ce sutra couvre un idéal bouddhiste essentiel : l'amour bienveillant.

"Voici ce que doit faire l’homme habile dans la recherche du bonheur,
Et qui veut vivre en paix :
Être capable, droit, parfaitement droit
Conciliant, doux, et humble.
Satisfait de tout et supportant aisément son sort
Qu’il ne se laisse pas submergé par les affaires du monde, et vivre dans la simplicité,
Que ses sens soient maitrisés et qu’il demeure prudent
Ni arrogant, ni avide des plaisirs de ce monde.
Qu’il ne fasse rien qui soit mesquin
et qui pourrait être désapprouvée par les sages
Que tous les êtres vivent dans la joie et la sécurité
Que tous soient heureux
Que tous les êtres, sans exception,
Les faibles comme les forts,
Les gros comme les grands,
Les moyens, les petits, les grossiers
Qu’ils soient visibles ou invisibles,
Qu’ils soient proches ou lointains,
Qu’ils soient déjà nés ou encore à naître.
Que tous soient heureux.
Envers n’importe qui et dans n’importe circonstance
Ne jamais tromper ni mépriser
Dans la haine ou la colère
Ne jamais souhaiter de mal à autrui
Ainsi qu’une mère aime son enfant unique
Prête à tous les sacrifices pour le protéger
Ainsi avec un amour sans limite
doit on chérir tous les êtres
Il faut cultiver la bonté sans limite à l’égard du monde entier
Vers le haut et vers le bas comme horizontalement,
Sans obstacle sans haine et sans inimitié
Debout ou marchant, assis ou couché
Et tant que l’esprit reste lucide et éveillé,
Il faut développer cette attention juste
Car c’est la Suprême façon de vivre.
Ne pas s’égarer dans les vues fausses
Cultiver une vie vertueuse, avoir une vision intérieure profonde
S’arracher des appétits des sens
Alors, on ne renaîtra plus dans ce monde."

 

"On m'appelle Nagasena, mais en fait il n'y a pas d'âme là-dessous, ce n'est qu'une appellation" - A contrario des Upanidshad hindoues qui font une distinction entre le corps physique, le "moi" constitué de pensées et d'expérience, et un "moi" éternel, le Buddha affirme que le moi, comme le tout, est en constante évolution, rien n'a d'essence fixe. Corps, sensations, perceptions, idées et intentions, consciences, les cinq skandhas interdépendants qui compose l'être humain selon les bouddhistes,  sont en constante évolution, au fond, nous ne pouvons pas dire ce qu'est une personne. Cette question est traitée dans un écrit anonyme du Ier siècle ap.JC, les Questions de Milinda (le Milindapañha), qui relate les discussions entre un sage bouddhiste du Cachemire, Nagasena, et le roi Ménandre (Milinda), l'un des rois indo-grecs les plus connus des auteurs classiques de l'Occident et de l'Inde qui régna pendant à peu près vingt ans sur le territoire qui s'étendait de la vallée de Kaboul à l'ouest jusqu'à la Ravi à l'est. Nagasena est cité comme l'un des seize arhats, ces êtres parvenus à un très haut niveau de réalisation spirituelle. "Ce que nous sommes aujourd'hui provient de nos pensées d'hier et nos pensées présentent construisent notre vie de demain : notre vie est la création de notre esprit" (Bouddha). Il y a donc certes une vérité, mais elle est conventionnelle et non pas absolue...

 

Nagarjuna, né au IIe siècle apr.JC, dans une famille de brahmanes, dans le Sud de l'Inde (Andhra Pradesh), est le plus important philosophe bouddhiste après Bouddha lui-même. Auteur de nombreux sutras et du Traité du Milieu (Madhyamaka shastra), il soutient que tout est vide d'existence inhérente, que rien au monde n'a de "moi" et donc d'essence sous-jacente. La finalité de la méditation est donc de voir au-delà de nos sens et des idées acquises par eux.

Bouddhisme mahāyāna (grand véhicule) 

Le bouddhisme au travers de ses enseignements, les Quatres nobles vérités et le Noble Sentier octuple, semble construit sur des arguments rationnels que viennent compléter l'expérience et l'entraînement mental. Pourtant ce bouddhisme initial va progressivement être redéfini pour s'acclimater aux attentes religieuses, permettre une diffusion plus large en fournissant un corpus pouvant aider au développement spirituel. Vers la fin du premier siècle av. J.-C., le bouddhisme mahāyāna apparaît dans l'Empire kouchan et dans le Nord de l'Inde, d'où il se répand rapidement au Tibet et en Chine, avant de se diffuser dans le reste de l'Extrême-Orient, un Bouddhisme Mahayana ou "grand véhicule", pour désigner un enseignement pouvant amener le plus grand nombre vers l'éveil (à opposer à la tradition antérieure, hinayana ou "petit véhicule", de portée trop restrictive). Ce bouddhisme va progressivement utiliser des images élaborées et du rituel, des images de maîtres bouddhistes et de bouddha, introduire des spéculations sur les vies antérieures de Bouddha lui-même (le Sutra du lotus), soutenir l'idée de "bodhisattva", un être capable d'illumination, un être éclairé qui reste dans le monde via plusieurs vies, pour aider toutes les autres créatures. L'image la plus vénérée est celle d'Avalokiteshvara, le bodhisattva de la compassion, appelé Chenrezig par les Tibétains, Kannon au Japon. En méditation, un adepte doit ainsi visualiser l'image choisie de bouddhas ou de bodhisattvas...

 

Le Lankavatara Sutra, populaire dans le bouddhisme Mahayana, est l'un des textes bouddhistes les plus existentiels. Il résulte d'une conversation que le Bouddha a eue avec un bodhisattva nommé Mahāmati. Dans cette conversation, le Bouddha a expliqué à Mahāmati que notre conscience est notre seule vraie réalité : "Mon enseignement est basé sur la reconnaissance que le monde objectif, comme une vision, est une manifestation de l'esprit lui-même," dit le Bouddha. Il n'existe pas de réalité objective unique. La réalité de chacun est unique et repose entièrement sur nos propres perceptions, croyances et valeurs....

"Ainsi ai-je entendu :
Le Bienheureux est apparu une fois dans le château de Lanka, qui se trouve au sommet du mont Malaya, au milieu du grand océan. Un grand nombre de Bodhisattvas-Mahasattvas s'étaient miraculeusement rassemblés de toutes les terres de Bouddha, et un grand nombre de Bhikshus y étaient rassemblés. Les Bodhisattvas-Mahasattvas avec Mahamati à leur tête étaient tous de parfaits maîtres des différents Samádhis, de la maîtrise de soi décuplée, des dix pouvoirs et des six facultés psychiques. Ayant été oints par les mains du Bouddha, ils comprenaient tous bien la signification du monde objectif ; ils savaient tous comment appliquer les divers moyens, enseignements et mesures disciplinaires selon les différentes mentalités et comportements des êtres ; ils étaient tous parfaitement au courant des cinq Dharmas, des trois Svabhavas, des huit Vijnanas et du double sans Egos.
Le Bienheureux, connaissant les agitations mentales qui se produisent dans l'esprit de ceux qui sont rassemblés (comme la surface de l'océan agitée en vagues par les vents qui passent), et son grand cœur ému de compassion, sourit et dit, "Dans les jours anciens, les Tathágatas du passé, qui étaient des Arhats et des êtres pleinement illuminés, vinrent au Château de Lanka sur le Mont Malaya et parlèrent de la Vérité de la Sagesse Noble qui dépasse la connaissance raisonnée des philosophes, ainsi que la compréhension des disciples et maîtres ordinaires ; et qui n'est réalisable qu'à l'intérieur de la conscience la plus profonde ; pour votre bien, moi aussi, je voudrais parler de la même Vérité. Tout ce qui est vu dans le monde est dépourvu d'effort et d'action parce que tout dans le monde est comme un rêve, ou comme une image miraculeusement projetée. Cela n'est pas compris par les philosophes et les ignorants, mais ceux qui voient ainsi les choses les voient avec vérité. Ceux qui voient les choses autrement sont victimes de discrimination et, comme ils dépendent de la discrimination, ils s'accrochent au dualisme. Le monde vu sous l'angle de la discrimination, c'est comme si l'on voyait son propre reflet dans un miroir, ou son ombre, ou la lune réfléchie dans l'eau, ou un écho entendu dans une vallée. Les gens qui saisissent leurs propres ombres de discrimination s'attachent à telle ou telle chose et n'abandonnent pas le dualisme, ils font de la discrimination pour toujours et n'atteignent donc jamais la tranquillité. Par tranquillité, on entend l'Unité, et l'Unité donne naissance au Samádhi le plus élevé, qui est obtenu en entrant dans le royaume de la Sagesse Noble qui n'est réalisable que dans la conscience la plus intime de chacun.
Alors tous les Bodhisattvas-Mahasattvas se levèrent de leurs sièges et lui rendirent respectueusement hommage et Mahamati le Bodhisattva-Mahasattva soutenu par la puissance des Bouddhas tira son vêtement supérieur sur une épaule, s'agenouilla et pressa ses mains ensemble, le loua dans les vers suivants :
Lorsque vous parcourez le monde avec votre parfaite intelligence et compassion, il doit vous paraître comme une fleur éthérée dont on ne peut pas dire : elle est née, elle est détruite, car les termes êtres et non-être ne lui sont pas applicables.
Lorsque vous parcourez le monde avec votre parfaite intelligence et compassion, il doit vous sembler comme un rêve dont on ne peut pas dire qu'il est permanent ou destructible, car l'être et le non-être ne lui sont pas applicables.
Comme vous passez en revue toutes choses par votre parfaite intelligence et compassion, elles doivent vous sembler comme des visions hors de portée de l'esprit humain, car l'être et le non-être ne s'appliquent pas à elles.

Avec votre intelligence et votre compassion parfaites, qui sont au-delà de toute limite, vous comprenez l'absence d'égocentrisme des choses et des personnes, et vous êtes libre et clair des obstacles de la passion, de l'apprentissage et de l'égoïsme.
Vous ne disparaissez pas dans le Nirvana, et le Nirvana ne demeure pas en vous, car le Nirvana transcende toute dualité du savoir et du connu, de l'être et du non-être.
Ceux qui te voient ainsi, sereins et au-delà de la conception, seront émancipés de l'attachement, seront purifiés de toute souillure, tant dans ce monde que dans le monde spirituel au-delà.
Dans ce monde dont la nature est comme un rêve, il y a de la place pour la louange et le blâme, mais dans la Réalité ultime du Dharmakaya, qui est bien au-delà des sens et de l'esprit discriminateur, qu'y a-t-il à louer ? Ô toi qui es le plus Sage !
Alors dit Mahamati le Bodhisattva-Mahasattva : Ô Bienheureux, Sugata, Arhat et Pleinement Illuminé, je vous prie de nous parler de la réalisation de la Sagesse Noble qui est au-delà du chemin et de l'usage des philosophes ; qui est dépourvue de toutes les prédictions telles que l'être et le non-être, l'unité et l'altérité, le bien et le mal, l'inutilité et l'utilité, l'existence et le non existence, l'éternité et le non-éternité; qui n'a rien à voir avec l'individualité et la généralité, ni avec la fausse imagination, ni avec aucune illusion provenant du mental lui-même ; mais qui se manifeste comme la Vérité de la Réalité Suprême. C'est ainsi que, par la puissance de ses vœux originels, sans aucun effort, on rayonnera son influence vers des mondes infinis, comme une pierre précieuse reflétant ses couleurs variées, où moi et les autres Bodhisattvas-Mahasattvas pourrons amener tous les êtres à la même perfection de la vertu.
Dit le Bienheureux : Bien joué, bien joué, Mahamati ! Et encore une fois, bien joué, en effet ! C'est à cause de votre compassion pour le monde, à cause des bienfaits qu'il apportera à de nombreuses personnes, tant humaines que célestes, que vous vous êtes présentés devant nous pour faire cette demande. C'est pourquoi, Mahamati, écoute bien et réfléchis bien à ce que je vais dire, car je vais t'instruire.

Puis Mahamati et les autres Bodhisattva-Mahasattvas accordèrent une attention pieuse à l'enseignement du Bienheureux.
Mahamati, depuis l'ignorant et le simple d'esprit, ne sachant pas que le monde n'est que quelque chose vu de l'esprit lui-même, s'accroche à la multiplicité des objets extérieurs, s'accroche aux notions d'êtres et de non-être, d'unité et d'altérité, de prospérité et de dénuement, existence et la non-existence, l'éternité et la non-éternité, et pensent qu'ils ont une nature propre qui leur est propre, et qui découle des discriminations de l'esprit et est perpétuée par l'habitude-énergie, et à partir de laquelle ils sont livrés à une fausse imagination. C'est comme un mirage dans lequel les sources d'eau sont vues comme si elles étaient réelles. Ils sont imaginés par des animaux qui, assoiffés par la chaleur de la saison, courent après eux. Les animaux qui ne savent pas que les sources ne sont que des hallucinations de leur propre esprit, ne réalisent pas qu'il n'existe pas de telles sources. De même, Mahamati, l'ignorant et le simple d'esprit, l'esprit brûlant du feu de l'avidité, de la colère et de la folie, se réjouissant dans un monde aux formes multiples, les pensées obsédées par les idées de naissance, de croissance et de destruction, ne comprenant pas bien ce que signifie existence et non-existence, et étant impressionné par les discriminations et spéculations erronées depuis des temps infimes, prennent l'habitude de saisir ceci et cela pour ainsi devenir attaché à eux.

C'est comme la ville des Gandharvas que les inconscients prennent pour une vraie ville alors qu'en fait il n'en est rien. La ville apparaît comme une vision en raison de leur attachement à la mémoire d'une ville conservée dans l'esprit comme une semence ; on peut donc dire que la ville est à la fois existante et non existante. De la même manière, s'accrochant à la mémoire des spéculations et des doctrines erronées accumulées depuis des temps immémoriaux, ils s'accrochent à des idées telles que l'unité et l'altérité, l'être et le non-être, et leurs pensées ne sont pas du tout claires quant à ce qui après tout est seulement vu de l'esprit. C'est comme un homme rêvant dans son sommeil d'un pays qui semble rempli d'hommes, de femmes, d'éléphants, de chevaux, de voitures, de piétons, de villages, de villes, de hameaux, de vaches, de buffles, de manoirs, de bois, de montagnes, de rivières et de lacs, et qui se déplace dans cette ville jusqu'à son éveil. Alors qu'il est à moitié éveillé, il se souvient de la ville de ses rêves et passe en revue ses expériences là-bas ; que pensez-vous, Mahamati, que pensez-vous de ce rêveur qui laisse son esprit s'attarder sur les différentes irréalités qu'il a vues dans son rêve, doit-il être considéré sage ou fou ? De même, les ignorants et les simples d'esprit qui sont favorablement influencés par les vues erronées des philosophes ne reconnaissent pas que les vues qui les influencent ne sont que des idées oniriques provenant de l'esprit lui-même, et par conséquent ils sont retenus par leurs notions d'unité et d'altérité, d'être et de non-être. C'est comme une toile de peintre sur laquelle l'ignorant imagine voir les élévations et les dépressions des montagnes et des vallées.

De la même manière qu'il y a aujourd'hui des gens qui sont élevés sous l'influence de conceptions erronées similaires de l'unité et de l'altérité, de l'abondance et de la non-béatitude, dont la mentalité est conditionnée par l'énergie d'habitude de ces fausses images et qui plus tard déclareront ceux qui tiennent la vraie doctrine du non naissance qui est libre des alternatives de l'être et du non-être, comme étant nihilistes et, en faisant ça, se ruineront et mèneront les autres vers la perte. Par la loi naturelle de cause à effet, ces adeptes des vues pernicieuses déracinent les causes méritoires qui, autrement, mèneraient à une pureté sans tache. Ils doivent être évités par ceux dont les désirs sont pour plus d'excellentes choses.
C'est comme ceux aux yeux bridés qui voient un filet à cheveux s'exclamer l'un à l'autre : "C'est merveilleux ! Regardez, messieurs, c'est merveilleux !" Mais le filet à cheveux n'a jamais existé ; en fait, il n'est ni une entité, ni une non-entité, car il a été vu et n'a pas été vu. De la même manière, ceux dont les esprits ont été dépendants des discriminations des vues erronées chéris par les philosophes, qui s'abandonnent aux vues irréalistes de l'être et du non-être, contrediront le bon Dharma et finiront par se détruire et détruire les autres.
C'est comme une roue de feu faite par un feu tournant qui n'est pas une roue mais qui est imaginée comme telle par les ignorants. Ce n'est pas non plus une roue parce qu'elle n'a pas été vue par certains. De même, ceux qui ont l'habitude d'écouter les discriminations et les opinions des philosophes considéreront comme inexistantes les choses nées et celles détruites par la causalité comme existantes. C'est comme un miroir qui reflète les couleurs et les images déterminées par les conditions mais sans aucune partialité. C'est comme l'écho du vent qui donne le son d'une voix humaine. C'est comme un mirage d'eau en mouvement vu dans un désert. De la même manière, l'esprit discriminant de l'ignorant, qui a été réchauffé par de fausses imaginations et spéculations, est agité en ondes miraculeuses par les vents de la naissance, de la croissance et de la destruction. C'est comme le magicien Pisaca, qui par ses sorts fait une image en bois ou un cadavre à lancer avec la vie, bien qu'il n'ait aucun pouvoir propre. De la même manière, les ignorants et les simples d'esprit qui s'engagent dans des vues philosophiques erronées se consacrent entièrement aux idées d'unité et d'altérité, mais leur confiance n'est pas bien fondée. Pour cette raison, Mahamati, vous et les autres Bodhisattvas-Mahasattvas devriez rejeter toutes les discriminations menant aux notions de naissance, de séjour et de destruction, d'unité et d'altérité, d'unité et d'altérité, d'être et de non-bien-être, d'être et de non-être et ainsi se libérer du lien d'habitude-énergie, afin de pouvoir réaliser en vous la réalité qui s'est réalisée en vous, la noble sagesse. ..."


Bouddhisme en Inde

Le bouddhisme a débuté dans les régions correspondant à l'Inde et au Népal, a disparu vers le Xe siècle pour renaître via la diffusion de techniques de méditation, la "Vipassanā" (la "vue profonde", la fameuse "lumière intuitive qui apparaît brusquement et révèle la Vérité sur l'impermanence, sur la misère et sur l'impersonnalité de tous les phénomènes corporels et mentaux de l'existence"), seconde pratique de la méditation qui suit la "Samatha" (la pacification de l'esprit), ou par l'intermédiaire du mouvement de conversion des Dalits, ou Intouchables, qui a commencé à la fin du XIXe siècle pour échapper au système de castes. Aujourd'hui seulement 7,5 millions de personnes pratiquent le Bouddhisme  en Inde, un Buddha considéré comme le neuvième avatar de Vishnu. La plupart des bouddhistes indiens vivent dans la région himalayenne ou dans le sud de l'Inde ou près de la frontière du Myanmar. Dans le Nord de l'Inde, le bouddhisme pratiqué est principalement le bouddhisme tibétain, similaire à la forme pratiquée au Tibet. Au Sud, s'impose le bouddhisme Theravada, similaire à la forme pratiquée au Sri Lanka, en Thaïlande et au Myanmar. C'est en Inde que Siddhartha Gautama a débuté son parcours, quatre lieux saints du Bouddhisme sont ainsi vénérés....

A Bodh-Gaya, dans l'État du Bihar, à une centaine de kilomètres au sud de Patna, Siddharta Gautama a atteint l'illumination et l'état de Bouddha. Le site comporte un complexe bouddhiste, comprenant le "Mahabodhi Temple", avec le trône de diamant (Vajrasana) et l'arbre de la Bodhi (pipal), complété par des temples ou des monastères édifiés par les communautés bouddhistes du monde entier.

A Sarnath, à une dizaine de kilomètres au nord de Varanasi dans l'État de l'Uttar Pradesh, Bouddha a prononcé son premier sermon, un site qui fut rasé par les musulmans, reste des ruines en cours de restauration, le "Dhamekha Stupa", construit en l'an 500 après JC, attire chaque année des milliers de pèlerins,  et le site abrite nombre de temples construits par des communautés bouddhistes du monde entier....

A Kusinagar, petite ville de l'Uttar Pradesh, Gautam Buddha termina son existence physique (Parinirvana) et fut incinéré près du fleuve de Hiranyavati, le "Ramabhar Stupa Temple" en marque l'endroit. Reste des ruines restaurées et de nombreux temples édifiés par des communautés du monde entier (chinois, japonais, thaïlandais, sri lankais), dont le "Parinivara Temple", petit temple du XIXe en forme de dôme qui abrite une statue dorée de six mètres de long représentant Bouddha couché sur le côté. Le "Wat Thai Temple",  l'une des principales attractions touristiques depuis 2001, a été construit pour célébrer l'accession au trône du roi de Thaïlande Bhumibol. Le Meditation Park and Japanese Garden et le Nirvana Temple complètent l'offre touristique du lieu.


Le bouddhisme tibétain

est souvent présenté comme un "véhicule" distinct du le Petit véhicule (Hinayana) et du Grand véhicule (Mahayana), "Vajrayana" (véhicule de diamant),  parfois comme une nouvelle forme de Mahayana, ses thèses étant proches de celles du Grand Véhicule.  Durant le VIIIe siècle ap .JC , la coexistence entre bouddhisme et hindouisme semble avoir développé des rituels colorés et imaginatifs. Au début du VIIIe siècle, Padmasambhava (Guru Rinpoche), révéré comme le fondateur du bouddhisme tibétain, instaure au Tibet une forme inspirée par la tradition mahayana et celle de la dévotion de l'hindouisme. Pour le bouddhisme tibétain, l'adepte doit en effet s'impliquer tant intellectuellement qu'émotionnellement, ce qui lui permet d'éprouver ce qu'il ressentirait s'il était illuminé. Le véhicule du diamant ne peut être pratiqué que sous la direction d’un maître spirituel, ou lama (le "tulku" ou "lama réincarné", au sommet duquel se trouve la forme incarnée d'Avalokiteshvara, bodhisattva de la compassion, le dalaï-lama). Pour purifier ses perceptions et les transformer en "vision pure", le pratiquant ne fait pas que visualiser une divinité d’élection et son environnement sacré (mandala), en récitant mantras et en effectuant des gestes symboliques, mais va s'imaginer être lui-même un bouddha, et ainsi entrer dans un processus qui va permettre la fusion totale de soi avec sa propre nature de bouddha...

Bylakuppe, ville de l'État du Karnataka en Inde abrite le plus grand centre d'enseignement Nyingmapa dans le monde (la plus ancienne des traditions du bouddhisme tibétain et la plus orientée vers les aspects ésotériques du tantrisme), le monastère de Namdroling (Namdroling Nyingmapa Tibetian Monestary) et le "Golden Temple" célèbre pour ses trois statues d'or de 12m de hauteur, représentant Bouddha, Padmasambhava (maître bouddhiste du VIIIe siècle, vénéré comme un second Bouddha à travers le Tibet, le Népal, le Bhoutan et les états himalayens de l'Inde) et Amitayus (le bouddha des bouddhas, très populaire en Chine, en Corée, au Japon, au Tibet).


Ladakh est une région située dans la partie orientale de l'État indien du Jammu-et-Cachemire, les hautes vallées de l'Himalaya, 3 500 mètres d'altitude en moyenne que dominent des sommets dépassant les 6 000 mètres, coincées entre les plus hautes chaînes du monde, au sud, l'Himalaya, au nord, le Karakorum. A l'est, le Tibet bouddhiste, à l'ouest, le Cachemire musulman, au-delà, l'immensité de l'Asie centrale, une région donc également partagée entre bouddhisme tibétain et islam, avec Leh, ville qui mélange les cultures et qui voit surgir quelques touristes dits routards. Les temples, le plus souvent intégrés dans des monastères bouddhistes, sont ici d'une grande beauté. Ainsi les singulières images du temple de Manjushri (Jam-dpal lHa-khang), situé à Alchi, en basse-terre, à 67 km de Leh, mélange de bouddhisme et d'hindouisme, part d'un monastère, un  vaste complexe de plusieurs temples qui possède les fameux Chörten (stūpa indien), réceptacle du corps des saints Tibétains, et d'immenses statues du Bouddha. Le "Chamba Lhakhang" marque l'attente de la réincarnation de Bouddha, Maitreya, le Maître des maîtres, c'est en effet un de ces temples construits autour d'un immense Bouddha coloré qui incarne le futur bouddha annoncé. Le "Serzang Temple", près de Basgo et du Bazgo Gompa, connu pour sa grande statue en cuivre de Bouddha Maitréya et ses peintures murales, "Matho Temple", fondé par le Lama Dugpa Dorje. "Vajra Bhairav Shrine", un sanctuaire situé à Spituk (Jammu & Kashmir), à 3 307m d'altitude, dédié à une divinité tantrique aux pouvoirs jugés surnaturels, proche du monastère de Spituk au sein duquel le "Paldan Lumo Temple", consacré à Vajrabhairava, une statue géante  de Palden Lhamo (Kali) et des icônes du Bouddha (thangkas)...

... "Tara temple", situé  dans le monastère de Thiksay à 3 600 m d'altitude et à 17km de Leh, consacré à Tara, Bodhisattva féminin particulièrement populaire, la Libératrice et la Mère de tous les Bouddha, bienveillante et protectrice. Le monastère de Diskit (Diskit Gompa), le plus ancien et le plus grand monastère bouddhiste dans la vallée de Nubra au Ladakh, qui abrite une statue de Maitreya, un Mahābodhisattva ou prochain Bouddha à venir. Plus loin encore le "Rangdum Monastery" (Himachal Pradesh), véritable petite  citadelle située à 4000m dominant la vallée Kargil Suru Valley, à  130 km de Kargil, lieu de tension historique entre Inde et Pakistan. A environ 45 km de Kargil, en direction de Leh, s'élève la célèbre statue de Chamba dans le village de Mulbekh, un énorme un Bouddha Maitréya debout, Bouddha à venir,  sculpté dans la paroi rocheuse...

A 1,675 m d'altitude, le monastère de Namchi, le monastère de Ralang et la colline de Tendong sont des centres de pèlerinage bouddhiste tibétain (partagé avec l'hindouisme), situés à 80 km de Gangtok, la capitale de l'État montagneux du Sikkim, au nord de l'Inde. La plus grande statue du monde (36m) de la Padmasambhava bouddhiste se dresse sur la colline Samdruptse (La colline des rêves), en face de Namchi...

Le bouddhisme tibétain est une religion en exil, chassée de sa patrie lorsque le Tibet fut conquis par les Chinois : lors de la révolution culturelle, 95% des monastères furent détruits.  On peut distinguer quatre écoles du bouddhisme tibétain : Nyingmapa, les Kagyüpa, les Gelugpa et l'école Sakyapa. La figure la plus connue du bouddhisme tibétain est le Dalaï Lama (titre du chef de l’école Guélougpa) qui vit en exil en Inde depuis qu'il a fui l'occupation chinoise de son pays en 1959, et reconnu par toutes les écoles bouddhiques tibétaines (six millions de bouddhistes, soit 2% des bouddhistes dans le monde) comme guide spirituel et dirigeant politique. Les Lāmas représentent ce Bouddhisme du Nord qui, à la différence du Bouddhisme du Sud, prétendent que le Sutta Pitaka, les enseignements du Bouddha transmis oralement, puis couchés par écrit probablement au Ier siècle av. J.-C, ne contiennent pas toutes les Paroles, et qu'il y manque beaucoup des enseignements yogiques du Bouddha, enseignements transmis ésotériquement jusqu'à aujourd'hui...

Le palais du Potala, construit par le 5e dalaï-lama, au XVIIe siècle à Lhassa, dans la région autonome du Tibet (Chine), est devenu un musée livré aux flux touristiques. Tsuklakang, le temple de Jokhang, le premier temple bouddhiste construit au Tibet, est un des hauts-lieux touristiques de Lhassa, mais surtout est le cœur spirituel du Tibet, vénéré pour sa statue dorée représentant le jeune Bouddha, ses 800 sculptures, non visibles, ses milliers de rouleaux peints (thangkas)....

La ville-monastère de Drepung, situé au pied du mont Gephel, mais à 3 850m d'altitude, à 5 km à l'ouest de Lhassa, était le plus grand monastère du monde lorsque survint l'invasion chinoise, le berceau des Dalaï-lamas. Les moines eurent à choisir, au fond, entre militer pour la libération politique du Tibet ou préserver les institutions bouddhistes tibétaines et leur extraordinaire culture. Aujourd'hui, Drepung abrite environ 700 moines et attire des pèlerins et des touristes du monde entier, attirés par le Shoton Festival, au cours duquel se dévoile le le gigantesque Bouddha Thangka, une gigantesque tapisserie traditionnelle tibétaine peinte, ou participant à la kora, route rituelle de circumambulation autour du monastère...

Le Bardo Thödol (le livre tibétain des morts, the Tibetan Book of the Dead), La libération par l'écoute dans les états intermédiaires,  est un des textes du bouddhisme tibétain les plus connus en Occident. Il a pour sujet la description des états de conscience et les perceptions se succédant pendant la période qui s’étend de la mort à la renaissance. La lecture du Bardo Thödol accompagne les rites funéraires pour réaliser une meilleure réincarnation. L'ouvrage ressemble suffisamment au Livre des Morts égyptien pour ne pas suggérer une relation de culture entre eux....


Une statue géante de Padmasambhava, l’introducteur du bouddhisme tantrique au Tibet au VIIIe siècle, domine le campement de Yarchen Gar, Sichuan, China, le second plus grand camp monastique tibétain de Chine (après Larung Gar) : plus de 10000 moines bouddhistes, surtout des femmes,  vivent ici à plus de 4000m dans des conditions plus que sommaires...

(pictures Douglas Hook)

Sertar Larung Gar Tibetan Buddhist Institute and Monastery - Sertar Larung Gar est connu dans le monde entier comme la plus grande école de bouddhisme tibétain, située dans une vallée isolée et sans arbres de la région autonome tibétaine de Garze, dans la province du Sichuan (l'aéroport le plus proche de Chengdu, capitale de la province chinoise du Sichuan, est à plus de 500 km). Destination finale de pèlerinage pour nombre de fidèles, hommes et femmes (près de la moitié) venant de Singapour, de Taiwan, de Malaisie ou de Hong Kong, les logements exigus et dortoirs abritent plus de 10 000 moines de toutes les écoles du bouddhisme tibétain, y compris Gelug, Kagyu, Sakya, et Nyingma. On y enseigne en tibétain et en mandarins, et au centre de l'académie se trouve le monastère principal, entouré de quartiers d'habitation, de statues bouddhistes richement décorées et de grandes salles pour les débats sur les Écritures (pic.Damir Sagolj), Kevin Frayer/Getty).


Le bouddhisme tantrique, parfois appelé Bouddhisme vajrayāna, parfois confondu avec le bouddhisme tibétain, s'est développé en Inde au VIIIe siècle apr.JC. Le "tantrisme" fait référence aux sutras ou tantras bouddhiques inspirées par des instructions de Siddhartha Gautama qui permettraient d’atteindre plus rapidement la bouddhéité que ne le proposent le Hinayana (le Premier tour de la roue de la Loi, exprimé par les Quatre nobles vérités) ou le Mahayan (le Deuxième tour de la roue de la Loi), exprimés au travers de recueils de rites et de pratiques magico-ésotériques (le “Troisième tour de la roue de la Loi”, la “Claire Lumière ultime”), avec parfois une symbolique sexuelle (dans le Tantra, la réalisation spirituelle est décrite comme l'union de l'homme et de la femme, la déesse ayant une position première comme force créatrice du cosmos). Fondamentalement les tantras s'efforcent de réconcilier toutes les émotions en les reconnaissant comme faisant partie de la nature bouddhique essentielle qui est en chacun de nous.  Le bouddhisme tantrique est une fusion de principes du bouddhisme mahāyāna, mais aussi de l'hindouisme, particulièrement le shivaïsme cachemirien, et de bön, tradition religieuse ancienne au Tibet. Les bouddhistes tantriques, dont les écoles fleurissent au Tibet, en Inde, en Chine, au Japon, au Népal, révèrent nombre de bouddhas et de boddhisattvas, dont Amitabha, le Bouddha de la lumière infinie, et nombre d'éléments tantriques ont pénétré les mouvements religieux asiatiques.

La pratique Tantrik Vidhya se retrouve dans des temples tels que "Vaital Temple" (Bhubaneswar, Orissa), dédiée à Kali, "Kalighat Temple" (Kolkata, capitale du Bengale-Occidental), dédié à la déesse Sati, "KamaKhya Temple" (Guwahati, Assam), l'un des plus puissants peethas Shakti de l'hindouisme, "Mehandipur Balaji Temple" (Rajasthan), temple singulier dédié à l'exorcisme et à Balaji, avatar du dieu hindou Hanuman, "Baijnath Temple" (Himachal Pradesh), dédié au Seigneur Shiva, le créateur des pouvoirs tantriques en Inde, "Ekling ji Temple" (Rajasthan), dédié aussi à Shiva, "Khajuraho Temple" (Madhya Pradesh), célèbre pour ses sculptures érotiques et uniques au monde, "Kodungallur Bhagavathy Temple" (Kodungallur, Kerala), singulier sanctuaire dédié à la déesse Bhadrakali, avatar redoutable d'Adi Parashakti recherché pour conjurer tous les maux...


Bouddhisme Zen, un éveil sans paroles

Le Bouddhisme Zen est née d'une tradition qui remonterait à un moine indien, Bodhidharma, qui l'a introduit en Chine en 520 ap.JC, sous-entendant par "zen" (ou chan, en chinois), "une transmission directe de la conscience éveillée, en dehors de toute tradition et de toute écriture", pour s'étendre au Japon et y être travaillé entre les XIIe et XIIIe siècle. Cet "un éveil sans paroles" remonterait aux premiers enseignements de Bouddha, a été transmis de génération en génération et s'est développé indépendamment des branches principales du bouddhisme. L'idée centrale du bouddhisme est de soutenir que le malheur existentiel a pour cause première l'illusion que chaque personne a un ego fixe, séparé du reste du monde. Il faut donc pour se libérer de cet état découvrir en soi l'idée de Bouddha. L'approche Zen constate que ceci ne revient simplement qu'à identifier ce qui a toujours été en nous. Il faut au contraire atteindre notre "visage originel", celui que nous avions avant notre naissance et qui a été façonné par l'expérience. Comment procéder? Utiliser des mots en discutant, penser ou lire  créent le désordre dans notre esprit, et notre désir de trouver des réponses participe à ce trouble, il nous faut donc vider notre esprit pour voir apparaître éveil et compréhension. L'esprit zen consiste donc à créer des situations qui apportent l'éveil, sans chercher à exprimer quoique ce soit rationnellement. Rempli de paradoxes, le zen décompose ainsi les processus de la pensée logique : la pratique du "Kōan" (Gong'an) en est l'exemple type, formule énigmatique ou paradoxale échangée entre maître et disciple, donnée non pas à comprendre mais à méditer. Le "Recueil de la falaise bleue" (Biyan lu) et "La Barrière sans porte" (en mandarin, Wumenguan, en japonais, Mumonkan) sont les plus anciens recueils de gong’an de la littérature chan...

 

Au Nord-Est de Kyoto, s'élève le Mont Hiei (848m), montagne sacrée qui jadis comptait 3000 temples éparpillés et plusieurs dizaines de milliers de moines, aujourd'hui site du temple Enryaku-ji, un temple et école bouddhiste de la branche Tendai (forme japonaise de l'école chinoise du bouddhisme mahâyâna)…

Deux écoles de Zen sont pratiquées au Japon, l'école Rinzai, qui remonte au XIIe siècle,  branche japonaise de l'école chinoise Linji développée par Myoan Eisai, une tradition de méditation qui vise, via une relation maître-disciple, à déclencher un éveil et pratique le Kōan, et l'école Soto, qui s'est développé au XIIIe siècle,  fondée en Chine et développée au Japon par Eihei Dōgen, qui se base sur une méditation assise (zazen) pour mettre en place un processus progressif d'illumination. Si l'école Rinzai compte 2 millions d'adeptes, l'école Sōtō est la plus importante des écoles zen du Japon avec plus de 14 700 temples, plus de 15 000 moines et nonnes et près de 7 millions d'adhérents.  Les temples Soujiji 'Tsurumi (Yokohama) et Eiheiji (Fukui Prefecture) sont les plus connus de la Soto Zen School. La contre-culture occidentale a popularisé ces démarches dans les années 1950-1960...

Le bouddhisme tel qu'il fut transmis au Japon, par l'intermédiaire de la Corée, vers le milieu du vie siècle après J.-C., avait été auparavant modifié par la Chine, soit les doctrines du Grand Véhicule (Mahāyāna) qui remontaient jusqu'au bouddhisme indien, modiées par la culture chinoise à partir de la fin du Ier siècle de l'ère chrétienne. Le Japon n'eut pas de contacts directs avec le bouddhisme des autres grandes aires culturelles de l'Extrême-Orient et les bouddhistes japonais firent du chinois littéraire leur langue sacrée. A l'issue de la seconde guerre mondiale, l'adoption d'une constitution libérale, l'empereur Hirohito renonçant à son statut divin et le shintoïsme cessant d'être la religion officielle, favorisa le développement de sectes néo-bouddhiques fréquemment inspirées par le Sûtra du Lotus (Bouddhisme de Nichiren), le Bouddhisme Terre pure (Jôdo, centré sur la dévotion à Amitabha, le Bouddha de lumière infinie), le Shingon (école ésotérique fondée par Kūkai), auxquels se sont ajoutés depuis des maîtres zen d'importance et d'autres mouvements religieux. Environ 85% de la population japonaise se dit bouddhiste, le groupe le plus important (environ 25 millions de personnes) se référant à l'école Nichiren. Cependant, le nombre de Japonais revendiquant leur allégeance au shintoïsme ou au bouddhisme a dépassé 213 millions, soit près de 70 % de plus que la population du Japon, qui compte 127,5 millions de personnes.

Le bouddhisme japonais comptait 76 000 temples (tera, jiin) qui accueillent des cérémonies liées aux décès ou à la piété personnelle pour atteindre l’Eveil, indépendamment du courant auquel ils appartiennent. Mais un déclin semble s'amorcer, plus de 27000 temples devraient fermer au rythme de la disparition des villages et petites villes au Japon. Le temple bouddhiste s’ouvre sur un bâtiment couvert, le "mon", abritant les statues des divinités protectrices Agyô et Ungyô. Parmi ces différents temples, citons l'immense "Kiyomizu-dera Temple" (Kyoto), construit en l'honneur de Kannon, la déesse de la miséricorde, composé d’un temple bouddhique et d’un sanctuaire shinto, le temple le plus visité de Kyoto, célèbre pour son singulier accès à l’utérus de Daizuigu Bosatsu, la mère du Bouddha. "Kinkakuji Temple" (Kyoto) possède deux atouts qui attire nombre de touristes, des parois recouvertes de feuilles d'or et des jardins digne d'un paradis terrestre. "Senso-ji Temple" (Tokyo), dédié à la déesse bodhisattva Kannon, est le plus vieux temple de la capitale japonaise….

.."Hokokuji Temple" (Kamakura) est un lieu célèbre où tout inspire la méditation, son jardin de bambous, son sol recouvert de mousse, ses petites statues bouddhistes éparpillées ici et là. "Todai-ji Temple" (Nara) est le plus grand bâtiment en bois du monde et abrite, entre autres statues, une immense statue de bronze dédiée à Vairocana (le Tout rayonnant), le Bouddha absolu. "Sanjusangendo Temple" (Kyoto), tout en longueur, un temple unique par le nombre de statues religieuses qu'il contient, la Grande Salle abrite 1 001 statues "grandeur nature" de la déesse Kannon recouvertes à la feuille d’or.  "Shitennoji Temple" (Osaka), l'un des plus anciens temples du Japon, il y a plus de 1 400 ans, et le temple le plus représentatif de l'histoire spirituelle et temporelle du Japon.  Enfin, le temple bouddhique Adashino Nenbutsu-ji (Kyoto) expose près de 8000 statuettes qui rappelle qu'Adashino, situé aux confins nord de la ville de Kyoto, servait d’immense cimetière il y a plus de 1200 ans...

Situé dans la ville de Kamura, le Ōfuna Kannon est un temple bouddhiste édifié en statue géante de 25 m de haut, consacrée au bodhisattva Kannon : la construction a été réalisée entre 1929 et 1960 et intègre des pierres en provenance des points zéro d'Hiroshima et de Nagasaki. Mais le monument le plus célèbre de Kamura, ville balnéaire et touristique, est le grand bouddha Amitabha de Kamakura, en posture de méditation zen, une sculpture en bronze, fondue vers 1252, d'une hauteur de l'ordre de 13,35 m. Kamakura et Kyôto sont les deux capitales du zen, chacune compte cinq temples, Kenchoji est le plus ancien à Kamakura, Kennin-ji à Kyoto, tous deux voués structurellement à la méditation. Côté shintoïsme, le petit sanctuaire Goryô-jinja est, à Kamura, dédié à Kagemasa Gongoro, un samouraï du XIe siècle: ici, toute âme troublée par la violence gagne l'apaisement....

La particularité du bouddhisme japonais est de coexister le plus souvent étroitement avec le shintoïsme : une religion qui, ne disposant pas d'une véritable doctrine, est devenue perméable à des constructions plus intellectuelles telles que le bouddhisme ou le confucianisme. Le shintoïsme est la religion traditionnelle du Japon, une manière de vivre plus qu'une religion dans un contexte insulaire isolé, , - en fait , peu de Japonais sont des shintoïstes fidèles -, ancrée depuis les origines dans des croyances animistes, au centre de laquelle règnent des énergies sacrées, ou kami ("ce qui est caché), une essence présente partout qui s'exprime tant au travers des forces naturelles (les rivières, les arbres, les montagnes, les tempêtes) que des âmes des ancêtres. Vivre la voie des dieux, vivre la voie des kami (Kami no michi), c'est au fond pratiquer les rituels qui relient chacun de nous au passé. C'est au début du VIIIe siècle ap.JC que furent compilés, à la demande de l'impératrice Genmer, les grands textes shinto : le Kojiki (Chronique des faits anciens), le Nihon Shoki (Chroniques du Japon), installant la lignée des empereurs comme descendants des dieux. La prière et les offrandes aux temples et sanctuaires, sanctuaires domestiques (kami-dona) ou temples d'une grande simplicité,  permettent de maintenir une relation harmonieuse entre tout être et les kamis.

Le nombre de sanctuaires shintoïstes au Japon a changé au fil des siècles en raison de divers changements politiques et sociaux. Il y avait environ 190 000 sanctuaires au début de l'ère Meiji (1867-1912), avant qu'un changement radical ne se produise dans la fusion des sanctuaires et des temples. Le nombre de sanctuaires a été considérablement réduit, et maintenant il n'y en a plus que 80 000 environ et 22 000 prêtres shintoïstes dans tout le Japon. Les Japonais utilisent les sanctuaires shintô pour des cérémonies liées aux étapes de la vie (naissances, mariages) ou pour la prospérité (personnelle ou non). Ces lieux de culte sont généralement appelés jinja. A l'entrée de tout temple shintoïste, le torii, une entrée en portique rouge qui sépare le sacré du profane, et un mur où l'on place les messages éventuels aux kamis, les divinités shintô ne font pas l'objet de représentations. Les rituels de purification (harai) sont au coeur du shintoîsme, nous sommes nés purs mais devenus impurs par notre existence et la mort elle-même est considérée comme impure. C'est bien l'esprit du shintoïsme, sous ses deux aspects, sacralisation de la nature et rattachement à l'esprit des ancêtres, qui maintient l'ordre et l'harmonie de toutes les relations sociales…

Le Sanctuaire d'Ise (Ise Grand Shrine, Ise-jingū) est un immense complexe shinto, le plus vénéré des sanctuaires au Japon, situé au cœur d'une forêt sacrée dans la préfecture de Mie, sur l'île de Hoshu, le plus important du Japon (chaque année environ six millions de touristes le visitent), sanctuaire ancestral des empereurs du Japon. 16 des 125 bâtiments et éléments sont reconstruit à leur image tous les vingt ans, gage de leur pureté. Il s'articule autour de deux sanctuaires principaux, Naikū et Gekū, et se compose de plusieurs petits sanctuaires dédiés à beaucoup d'autres esprits kami.  Naiku, ou sanctuaire intérieur, construit en bois de cyprès, est dédié à Amaterasu Omikami, déesse du soleil et divinité suprême du panthéon Shinto : il fut édifié pour la première fois sur le site, selon la tradition, en l'an 4 avant notre ère, sous le règne de l'empereur Suinin et renferme le miroir (yata no jingi) que les dieux utilisèrent pour extraire la déesse d'une grotte dans laquelle elle s'était enfermée. Geku, le sanctuaire extérieur, se trouve à 5km à travers la forêt de Naiku, est dédié à Toyouke omikami, la déesse de la nourriture, des vêtements et du logement. Comme pour le sanctuaire naïku, seuls les grands prêtres et l'empereur peuvent y entrer...

Le Yasukuni-jinja (Tokyo) est un sanctuaire shinto consacré aux  âmes des deux millions de soldats japonais qui ont donné leur vie, de 1868 à 1951, à l'Empereur du Japon.

Meiji-jingu est immense complexe shintoïste édifié en 1920, contigu au parc Yoyogi, dans le quartier de Harajuku (Tokyo), prisé des touristes et lieu de cérémonie de mariage traditionnel. Au milieu du jardin impérial qui compte plus de 100 000 arbres, un chemin,  ouvert par un torii de 12 m de hauteur, mène au sanctuaire en bois de cèdre dédié aux âmes divines de l'Empereur Meiji, mort en 1912, et de sa femme l'Impératrice Shōken, morte en 1914...

Le Sanctuaire shinto d'Itsukushima (Itsukushima-jinja), célèbre pour sa couleur laquée de rouge vermillon, est situé dans un lieu saint du shintoïsme depuis les temps les plus reculés, sur l'île d'Itsukushima, dans la mer intérieure de Seto. Son célèbre torii rouge aux pieds dans l'eau (à marée haute) est l'un des monuments les plus photographiés du Japon, avec en fond le mont Misen. L'arrivée au sanctuaire se fait traditionnellement depuis la mer,  on arrive directement en bateau sans fouler le sol de l'île, le sanctuaire lui-même étant construit sur pilotis. Sur les premières hauteurs de Miyajima, le Pavillon aux mille tatamis (Senjôkaku) s'élève au dessus du sanctuaire d'Itsukushima, et constitue le cœur de la vie religieuse et touristique de l'île. Le gigantesque plafond, recouvert d'une mosaïque de peintures représentant les sujets les plus divers, est la principale attraction du lieu. À quelques pas, se trouve la pagode à cinq étages... 


Introduit dès le premier siècle en Chine, le bouddhisme chinois a emprunté le chemin du taoïsme,  racine de la culture et de la pensée locale (200 millions de Chinois se disent inspirés par le taoïsme), pour se diffuser. A ce jour  plus de 43 000 temples accueillent 100 millions de fidèles. C'est le bouddhisme mahayana qui domine en Chine, mais un bouddhisme qui donne à Bouddha le statut d'un dieu que l'on prie et qui participe à notre salut. C'est aussi un dieu représenté via des formes humaines et comme un "bienheureux", la finalité de cette version du bouddhisme ne serait pas tant de nous protéger de la souffrance que nous donner le bonheur. Les routes de communication historiques à partir des régions bouddhistes vers la Chine de l'Empire Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.) traversaient soit la province Xinjiang (la fameuse route de la soie), dont les Grottes de Mogao (The Dunhuang Mogao Caves), près de Dunhuang, réalisées  du IVe au XIVe siècle, offrent un site exceptionnel, soit la province de Yunnan, ou la route de Chama (la route du thé), où se dresse le fameux Temple Chongsheng dit des Trois Pagodes, face au lac Erhai (IXe siècle)...

Creusées dans les falaises de grès sur presque 2km, du IVe au XIVe siècles, les Grottes de Mogao forment un ensemble de 492 grottes, 2 000 statues colorées (représentant Bouddha, Bodhisattva, étudiants, moines, apsaras volants, gardiens) et 45 000m2 de peintures murales, constituant le sommet de l'art bouddhiste au monde...

Compte tenu du nombre relativement important de moines bouddhistes venus enseigner en Chine, le bouddhisme emprunte ici des formes différentes et variées (le Bouddhisme de la Terre Pure enseigné par Hui Yuan, l'école de Tiantai, fondée par Zhiyi et basée sur la primauté du Lotus Sutra). Le bouddhisme Chan, qui s'est imposé pendant la dynastie Ming (1368-1644), s'est incarné dans un des temples bouddhistes les plus connus de l'Occident, le monastère Shaolin, situé sur le mont Song (province du Henan), célèbre pour son association avec le kung-fu Shaolin (au Japon, l'équivalent du bouddhisme Chan est le bouddhisme Zen). La dernière dynastie impériale à avoir régné sur la Chine, de 1644 à 1912, la dynastie Qing, privilégiait bouddhisme tibétain et confucianisme. La révolution culturelle des années 1960 a emporté nombre de temples bouddhistes…

Le Bouddha géant de Leshan (province du Sichuan ) est une immense statue du VIIIe siècle, sculptée sur le flanc du mont Lingyun, le plus grand Bouddha debout au monde (plus de 70m de haut). A une dizaine de kilomètres de Luoyang (province de Henan), les grottes de Longmen (Luoyang, Longmen Caves) sont un des quatre sites de sculpture ancienne chinoise les plus célèbres (avec les grottes de Mogao, les grottes de Yungang, les grottes de Maijishan), soit, sur 1km, 2 300 grottes et niches contenant plus de 100 000 statues bouddhistes édifiées sur 2 siècles (depuis 490). La plus grande statue, qui mesure 17m de haut, représente Bouddha Vairocana, l'Illuminateur. Le Bouddha Shakyamuni (le fondateur du bouddhisme) se dresse au milieu de la Grotte de Binyang, la plus réputée, tandis que celle de Qianxi expose un Bouddha Mahasthamaprapta au visage rond. Les 252 grottes et 51 000 statues bouddhistes des Grottes de Yungang, près de Datong (province de Shanxi) ont été aménagées entre les Ve et VIe siècles. Les grottes de Yulin, situées sur le Xian de Guazhou (province du Gansu), comportent 42 grottes, 250 statues colorées,  5.000m2 de peintures murales, avec un Bouddha Maitréya mesurant 25 mètres de haut. Les grottes de Maijishan, près de Tianshui (province de Gansu), sont célèbres pour leurs sculptures d'argile qui sourient à leurs visiteurs.

Près de Lanzhou (province du Gansu), le temple de Bingling, connu sous le nom des Grottes des Mille Bouddhas,  se situe sur une falaise au bord du fleuve Jaune, possède, au-delà de ses 183 niches et 694 sculptures en pierre, 82 statues en argile, l'une des plus grandes statues sculptées de Bouddha en Chine, datant de la dynastie Tang (618-907), une statue de 27m de haut.  Les grottes du temple de Mati (Mati Temple Grottoes), à 60km de Zhangye (la célèbre Ville d'or sur la route de la soie, dans la province de Gansu), comportent non seulement des grottes, mais aussi des tours et temples édifiées à flanc de falaise. Les flamboyantes Grottes des Mille Bouddhas de Bezeklik (vallée de Mutougou, Turpan, province du Xinjiang), possèdent une célèbre peinture du nirvana du Bouddha.

Les milliers de sculptures rupestres de Dazu, près de Chongqing, réalisées aux IXe et XIIIe siècles sur les flancs escarpés de cinq montagnes, offrent une synthèse  des trois grands courants spirituels de la Chine, le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme...

En 1933, Yuet Kai, né en 1878 dans une famille aisée de Kunming,  s'installe à Hong Kong pour prêcher le bouddhisme, et en 1951 fonde le Monastère des Dix Mille Bouddhas (The Ten Thousand Buddhas Monastery) qui s'étend sur 8 ha (à Sha Tin) abrite près de 13 000 statues de Bouddha et mène à une pagode de neuf étages , abritant le Corps Indestructible en Diamant de Yuexi et devenu un des emblèmes de Hong Kong.

Enfin, citons le mont Emei (3000m), l'une des quatre montagnes sacrées bouddhiques de Chine, située dans la province du Sichuan, gravie par quelques 300 000 touristes l'an, et comportant un ensemble de temples répartis au long de l'ascension, le pavillon Qingyin et l’étang du Bain de l’Eléphant, jusqu'au Sommet d’Or (Jin Ding), un temple (le premier temple bouddhiste de Chine) et  une statue d’or à dix têtes de Puxian (un bodhisattva symbole de l'altruisme, associé à un éléphant blanc à six défenses), le plus grand Bouddha d’or au monde ( 48 mètres de haut), et de là, dit-on, s'offre aux regards, lorsque les conditions météorologiques sont favorables, la lumière de Bouddha…

Le mont Putuo, île au sud-est de Shanghai (Zhejiang), l'une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme chinois, considéré comme le bodhimanda du bodhisattva Avalokitesvara : un bodhimanda  est lieu spirituellement pur, propices à la méditation et à l'illumination (l'essence de l'illumination y serait présente). Les trois autres montagnes sacrées sont, outre le mont Emei, le mont Wutai (Qingshui, province de Shanxi), et le mont Jiuhua (Qingyang, province d'Anhui), entouré de nombreux temples (Huacheng Temple, Guoqing Temple)...


Myanmar (ex-Birmania) est un pays qui depuis deux mille ans pratique à près de 90% le bouddhisme, un bouddhisme  theravāda qui a la particularité d'observer au plus près les textes les plus anciens de la tradition bouddhiste : en Asie du Sud, le Sri Lanka se définit comme le berceau de ce bouddhisme. En Asie du Sud-Est, le Myanmar assume cette branche du bouddhisme venu d'Inde au IIIe siècle av. notre ère, le royaume de Pakan en 1044 l'a hissé au rang de religion d'Etat, et le site archéologique de Bagan, ancienne capitale du royaume au IXe siècle, en est l'emblème. Bouddhisme et identité birmane firent cause commune lors des luttes menant à l'indépendance du pays. Médiation et activisme politique singularisent la puissance monastique au sein de la société birmane. Les laïcs accroissent ainsi leur mérite en faisant des offrandes à la communauté monastique bouddhiste, ou Sangha. Cette construction du mérite, cette accumulation du bon mérite, s'accompagne d'une attitude qui se cultive, la médiation Vipassana, à distinguer de la Samatha (concentration temporaire de l'esprit) :  c'est une pratique directe et progressive de la pleine conscience qui nous permet à terme de vivre autrement. Le chemin vers 'illumination est donc ici conçu très concrètement. Depuis, ce bouddhisme  theravāda  primitif s'est teinté d'animisme, d'hindouisme et de mahāyānisme....

Yangon (anciennement Rangoun) est la plus grande ville du Myanmar (ex-Birmanie). Son paysage urbain allie architecture coloniale britannique, immeubles modernes et pagodes bouddhistes dorées. La célèbre pagode de Shwedagon est un immense stūpa étincelant qui attire des milliers de pèlerins chaque année. Les autres sites religieux notables de la ville comprennent les pagodes Botataung et Sule, abritant toutes deux des reliques bouddhistes.

Bagan (Pagan) est la plus forte densité d'architecture bouddhiste au monde, un vaste site archéologique bouddhique, à la façon birmane, de près de 50 kilomètres carrés situé dans la région de Mandalay : le pays est ici plat, le ciel presque toujours bleu, et chaque temple se découvre l'un à l'autre à l'horizon. A l'image des vestiges d'Angkor au Cambodge, le site déploie les quelques 2000 temples et pagodes qui subsistent encore de la capitale du Royaume de Pagan, construits en brique entre le XIᵉ siècle au XIIIᵉ siècle. Deux monuments parmi les plus fréquentés et traditionnellement submergés de touristes admirant les célèbres couchers de soleil sur le site : Shwezigon Paya, stûpa situé à Nyaung U, près de Bagan, illumine la plaine de sa cloche d'or renversée, entourée de petits temples renfermant statues de Bouddha et de nats, esprits de la nature birmans, et lieu de pélerinage; Ananda Pahto abrite quatre bouddhas dorés orientés vers les quatres points cardinaux. A citer, Lawkaoushaung Pahto,  alternative à l'imposante pagode Shwesandaw, Thatbyinnyu Pahto, le plus élevé,  Sulamani Pahto, l'un des plus visités pour ses fresques, Thambula Pahto, Dhammayangyi Pahto, un temple massif et le mieux conservé abritant Gautama et Maitreya, les Bouddhas historiques et futurs..

Mandalay, dans le nord du Myanmar, située sur le fleuve Irrawaddy, abrite dans Mahamuni Paya, le Bouddha Mahamuni, une statue de 4m de haut,  6,5 tonnes de bronze recouvertes de feuilles d'or. Dans la même ville, le monumental monastère Maha Aungmye Bonzan est célèbre pour ses reflets au soleil couchant. Mrauk-U, dans le Nord de l'État d'Arakan, compte nombre de pagodes, Shittaung Paya, le sanctuaire des 80 000 statues de Bouddha, le temple Andaw-Thein qui contiendrait en relique une dent du Bouddha. La principale attraction de Monywa, à 136 km au Nord-Ouest de Mandalay, est le Mohnyin Thambuddhei Paya, un temple bouddhiste possédant un très grand stûpa qui contiendrait plus de 500 000 images du Bouddha. Un Bouddha de 90 m est allongé sur une colline avoisinante, tandis que la construction d'un Bouddha debout de 167 m a été achevée en 2008.

Bago, à 80 km au nord-est de Rangoun, expose Chaukhtatgyi Paya, la statue du Bouddha couché de 65m de long. Bawgyo Paya, à une dizaine de kilomètres de Hsipaw, est un lieu de pélerinage lié, comme beaucoup de lieux en Birmanie, à des évènements mettant en scène rois, princes et concubines, et bouddhas... Le Rocher d'Or (Mont Kyaitiyo) est un monolithe enduit de feuilles d'or placé à 1200 mètres d'altitude et qui ne tient en équilibre que par un cheveu de Bouddha…