Personal development & Online Self-Help - Generation X - WorkForce1985–2000 / LeaderShip2000–2025 - Âge approximatif en 2025 : 45–60 ans - Managérial, comportemental, adaptatif - "The 7 Habits of Highly Effective People" (Stephen Covey, 1989) - "Who Moved My Cheese?" (Spencer Johnson, 1998) - "Awaken the Giant Within" (Tony Robbins, 1991) - Jon Kabat-Zinn, "Wherever You Go, There You Are" (1994) - "Emotional Intelligence : Why It Can Matter More Than IQ" (Daniel Goleman, 1995) - "The Four Agreements" (Les Quatre Accords Toltèques, Don Miguel Ruiz, 1997) - ...
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Années 1990–2000 - L'évolution du DP semble suivre, avons nous dit (cf. introduction), une dynamique générationnelle cumulative et adaptative, reflétant les angoisses, les désirs et les stratégies d’adaptation de chacune de ces générations qui composent aujourd'hui notre monde. Chaque cycle va reconfigurer les formes précédentes : la spiritualité des boomers devient "mindfulness", l’efficacité de Gen X devient "hacking de soi", la thérapie devient "storytelling identitaire".
La Génération X est née approximativement entre 1965 et 1980, avant l'avènement massif d'internet et du numérique dans l'enfance, et à une époque de désillusion (post-guerre du Vietnam, crise économique, chute des idéologies).
Si l'on situe son apogée professionnelle et culturelle entre les années 1990 et début 2010 (et qu'elle semble en mesure véritablement d'accéder au pouvoir économique et politique des années 2010 à aujourd'hui), c'est bien dans un contexte de travail en mutation rapide : fin des "emplois à vie", début des restructurations massives, mondialisation accélérée, arrivée de l'email et d'internet au bureau, culture du "toujours plus" et du présentéisme, pressions fortes pour performer, longues heures, valorisation de la disponibilité constante. Une première génération "connectée", mais avec des compétences digitales acquises sur le tard, un contraste vivant entre entre l'idéalisme boomer et un pragmatisme forcé ..
En conséquence, les thérapies Self-Help qui résonnent particulièrement avec cette expérience "WorkForce 1985-2000" de la Gen ont perdu cette idéalisation qui caractérisait la génération précédente et les grandes figures ont disparu : ils vont se servir du DP de façon utilitariste, pour gérer leur stress, réorienter leur carrière, mieux communiquer, et l'usage en est plus diffus, coaching exécutif, PNL, MBTI, voire yoga corporate ...
Le contexte global est celui de la mondialisation néolibérale, de la montée du coaching, du marketing de soi, du travail flexible, et parallèlement du déclin du religieux, du besoin de guides laïcs et de recettes claires. On peut aller jusqu'au coaching de vie et de carrière et ne plus se séparer des manuels de leadership.
La génération X, dans les années 1990-2000, pour tenter de résumer, lira plutôt des livres qui valoriseront la réinvention de soi professionnelle (Johnson, Robbins), la maîtrise de ses routines (Covey), et un optimisme stratégique, parfois naïf ..
Et parallèlement, dans les grandes surfaces, s'installe
un nouvel espace de consommation, celui du « développement personnel ».
Il s'agit effectivement de s'outiller pour réussir et s'adapter, le moi constitue une véritable petite entreprise à gérer ..
C'est que la société met davantage l'accent sur l'épanouissement personnel, la réalisation de soi et la responsabilité individuelle face aux défis. Les livres de développement personnel deviennent des best-sellers internationaux, des séminaires payants se multiplient, et les magazines dédiés ou les rubriques "bien-être/psycho" se développent fortement. Des idées issues de la psychologie (humaniste, cognitive), de la philosophie, du management et des spiritualités orientales (popularisées dans les décennies précédentes) sont simplifiées et rendues accessibles au grand public.
Grâce à l’émergence d’un monde globalisé et au développement des médias (télévision par câble, premiers pas d’Internet), les idées du développement personnel (DP) se diffusent massivement. Des figures comme Tony Robbins, Deepak Chopra ou Stephen Covey deviennent des marques mondiales. Le DP sort des cercles thérapeutiques ou ésotériques des années 1960-1980 (psychologie humaniste, New Age) pour devenir une pratique de consommation de masse ...
"Who Moved My Cheese? An Amazing Way to Deal with Change in Your Work and in Your Life" (1998), de Spencer Johnson est considéré comme un livre de développement personnel (DP) emblématique, particulièrement auprès de la génération X, bien qu'il ait aussi touché les baby-boomers et les plus jeunes. Publié à la fin des années 1990, le livre a en effet rencontré un succès massif dans une période de profonds changements économiques et professionnels (mondialisation, tech boom, restructurations d’entreprises). La génération X était alors en plein âge adulte, souvent confrontée à l’incertitude professionnelle.
Le livre enseigne à accepter le changement, à s’adapter rapidement et à ne pas résister à l’inévitable. Ces idées parlaient directement aux membres de la génération X, souvent perçus comme indépendants, pragmatiques, sceptiques mais adaptables.
Écrit comme une fable simple et rapide à lire, il a été massivement utilisé dans les formations en entreprise, les séminaires de coaching et même distribué dans certains environnements corporatifs (notamment aux États-Unis) : plus de 28 millions d’exemplaires vendus dans le monde, et traduit dans plus de 40 langues, très populaire dans les milieux managériaux de la fin des années 1990 et du début des années 2000.
Le livre est une fable allégorique mettant en scène quatre personnages - deux souris (Sniff et Scurry) et deux petits êtres humanoïdes (Hem et Haw) - vivant dans un labyrinthe, à la recherche de « fromage », qui symbolise ce que nous voulons dans la vie (emploi, amour, santé, succès…). Quand leur fromage favori disparaît, les personnages réagissent de manière différente : Sniff anticipe le changement, Scurry agit immédiatement, Hem résiste au changement, par peur, et Haw finit par comprendre qu’il doit s’adapter et part à la recherche de nouveau fromage.
Le livre est structuré en trois parties :
1. A Gathering (La Réunion) - Un groupe d’amis se réunit. Un d’eux raconte l’histoire du « fromage » pour illustrer comment chacun fait face au changement. Cadre de narration ; il s'agit d'introduit le lecteur dans une ambiance conviviale.
2. The Story (La Fable du Fromage)
Les 4 personnages vivent dans un labyrinthe, à la recherche de fromage, et tous trouvent un grand stock à la Station C. Hem et Haw s'abandonnent, Sniff et Scurry restent vigilants et gardent leurs baskets à portée de main. Puis c'est le changement : le fromage disparaît soudainement. Sniff et Scurry partent immédiatement à la recherche de nouveau fromage. Hem refuse de partir et nie la réalité, Haw hésite mais commence à s'interroger.
Le chemin du changement : Haw décide de quitter Station C, explore le labyrinthe, seul, et note sur les murs des leçons de vie (les fameuses citations du livre). Il va surmonter sa peur, découvrir de nouveaux types de fromage, et apprendre à apprécier le processus.
Lorsque Haw trouve une nouvelle station de fromage (Station N), Sniff et Scurry y sont déjà, tandis que Hem n’a toujours pas quitté Station C.
Vient le Débrief : les amis discutent de la fable et l’appliquent à leur propre vie professionnelle ou personnelle. Il s'agit d'aider le lecteur à transposer les idées à sa propre situation, appremment celui-ci en a besoin. Fromage, désir, labyrinthe, monde, le message accessibleest cendé s’appliquer aussi bien à la vie personnelle qu’aux carrières. La fable est simple, pour le moins, courte et mémorable, 90 pages, lecture en 45 minutes(on comptera 7 Habits : 350 pages pour "7 Habits" et 500 pages très dense pour "Awaken the Giant Within", il est vrai que tous deux visent une refondation du soi ...
Spencer Johnson vis, lui, un impact immédiat et défend donc un conformisme adaptatif : le changement est inévitable, il faut s’y adapter rapidement, sans se poser trop de questions. On se garde bien ici de remettre pas en question les causes structurelles du changement, et l'on se concentrant uniquement sur l’adaptation individuelle. Comment expliquer, via le succès de cette publication, la passivité du lecteur ...
La fin des années 1990 est marquée par les fusions géantes, la dérégulation et l’explosion de la bulle Internet ; les salariés comme les cadres vivent un sentiment diffus d’urgence et d’instabilité. Dans ce contexte, un petit livre qui transforme l’injonction « adapte-toi ou disparais » en fable rassurante tombe à pic. Des commentateurs contemporains notent que le best-seller reflète « le zeitgeist managérial » et capture « l’état de panique sous-jacent » des employés – tout en donnant aux directions un récit prêt-à-porter sur la nécessité du changement. Dans la presse économique (c'est dire la puissance de celle-ci et son orientation foncière), le livre est célébré comme un chef-d’œuvre de simplicité performative : 94 pages en gros caractères, 45 minutes de lecture, un message réduit à quatre personnages et quelques slogans. Cette « simplicité qui instruit sans menacer » (l’expression est de Michael Schrage) facilite la diffusion virale en entreprise : le manager n’a pas à argumenter, il donne le livre et tout le monde « comprend » instantanément le message ...
Le phénomène est autant logistique qu’éditorial. De grandes sociétés – Southwest Airlines, Hewlett-Packard, Exxon Mobil, etc. – achètent des palettes d’exemplaires pour leurs employés ; Southwest en fait livrer 27 000 d’un coup ! Ces commandes massives gonflent les chiffres de vente, assurent la visibilité dans les listes « Best Seller » et créent un cercle vertueux : si tant d’entreprises l’achètent, le livre doit être indispensable...
Des travaux en sciences sociales ont par ailleurs souligné que la littérature d’auto-aide (self-help literature) des années 1990 fabrique un sujet « auto-entrepreneur de lui-même » (entrepreneur of the self) : gérer ses émotions, son employabilité et ses risques est soutenu comme un devoir citoyen (Citizenship duty to self-manage)." Who Moved My Cheese?" exemplifie cette logique : le labyrinthe (le marché) est donné, les règles ne se discutent pas ; il n’y a qu’à bouger plus vite. Moosung Lee (cf. "Decoding the neoliberal subjectivity in self-helping adult learners" (2016/2017), "International Journal of Lifelong Education") décrit ce déplacement de la responsabilité structurelle vers l’individu comme une forme de « subjectivité néolibérale », faite de self-management volontaire et d’auto-exploitation consentie.
Hem échoue donc parce qu’il refuse de bouger. Ce récit dépolitise ainsi les causes structurelles (délocalisations, financiarisation) et invite le lecteur à internaliser l’échec. D’un point de vue managérial, le message est doublement utile : il justifie les réorganisations et valorise l’employé docile, enthousiaste à l’idée de chercher un nouveau fromage sans demander pourquoi le précédent a disparu. Même la presse généraliste de l’époque soulignera ce message implicite et quelque peu grossier, mais accepté : « Votre patron ne sait pas où est passé le fromage, mais il veut que vous bougiez sans poser de questions » (cf. Washington Post) ...
"The 7 Habits of Highly Effective People" (Stephen Covey, 1989)
"Les 7 habitudes des gens qui réussissent tout ce qu'ils entreprennent" - Efficacité personnelle, leadership - Best-seller mondial (plus de 40 millions d’exemplaires vendus), référence du management personnel. - Les années 1990 ont été l'âge d'or des méthodes structurées pour l'efficacité individuelle. Covey a apporté la vision profonde et les principes fondateurs.
Publié dans un contexte d'épuisement des approches "rapides" du développement personnel, The 7 Habits marque un retour aux valeurs fondamentales (intégrité, discipline, responsabilité). Stephen Covey, consultant en management et mormon pratiquant, y combine philosophie morale, psychologie comportementale et sagesse pratique, en s’appuyant sur une vision centrée sur les principes universels, plutôt que sur les résultats immédiats. Le livre a influencé des millions de personnes dans le monde, tant dans le domaine du leadership personnel que dans celui du management organisationnel.
Covey divise les habitudes (au nombre de 7) en trois niveaux de maturité :
1. - De la Dépendance à l'Indépendance (Habitudes 1 à 3 : Victoire privée)
- Be Proactive (Soyez proactif) : Vous êtes responsable de vos choix, quels que soient les événements. La proactivité, c’est choisir sa réponse, plutôt que réagir passivement. Covey oppose le cerveau réactif (dicté par les circonstances) à la conscience responsable.
- Begin with the End in Mind (Commencez avec la fin en tête) - Toute action doit s’aligner sur une vision claire de vos objectifs et de vos valeurs. Cette habitude implique d’écrire sa "déclaration de mission personnelle".
- Put First Things First (Donnez la priorité aux priorités) - Gérer son temps en fonction de ce qui est important, pas seulement urgent. Covey distingue quatre types d’activités (matrice d’Eisenhower) et recommande de vivre dans le quadrant II (préparation, prévention, croissance personnelle).
2. - De l'Indépendance à l'Interdépendance (Habitudes 4 à 6 : Victoire publique)
- Think Win-Win (Pensez gagnant-gagnant) -Rechercher des solutions où toutes les parties bénéficient, au lieu de la logique du "je gagne, tu perds". Cela suppose la confiance, l’abondance, et l’estime de soi.
- Seek First to Understand, Then to Be Understood (Cherchez d’abord à comprendre, ensuite à être compris) - Pratique de l’écoute empathique, pour réellement saisir les besoins et perspectives de l’autre.L’une des habitudes les plus puissantes pour améliorer les relations interpersonnelles.
- Synergize (Synergisez) - La synergie, c’est créer un tout supérieur à la somme de ses parties.
Elle repose sur la différence, la collaboration et la créativité collective. Covey insiste : les divergences peuvent être sources d’innovation, pas de conflit.
3. - Entretien de soi (Habitude 7 : Renouvellement permanent)
- Sharpen the Saw (Aiguisez la scie) - Pour rester efficace, il faut investir dans le renouvellement physique, mental, émotionnel et spirituel. C’est l’habitude qui entretient les autres. Cela inclut exercice physique, lecture, méditation ou prière, qualité relationnelle.
Covey critique les "trucs" de développement personnel centrés sur l’image ou la persuasion rapide. Il promeut une approche fondée sur l’intégrité, l’honnêteté, le courage, la patience.
Brian Tracy a offert le pragmatisme et les techniques d'action immédiates (Avalez le crapaud !, "Eat That Frog!", 1997; "Goals!", 1993). "Avalez le crapaud", c'est commencer par la tâche la plus importante/difficile de la journée. Fixation d'objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, Temporellement définis - bien que l'acronyme soit antérieur, Tracy l'a massivement popularisé). Planification minutieuse (la règle des 10/90 : 10% de planification font gagner 90% du temps d'exécution).
A la fin de la décennie, David Allen, le Père de la Méthode d'Organisation Globale, fournira la réponse systémique à la surcharge informationnelle : "S'organiser pour réussir : La méthode Getting Things Done ou L'art de l'efficacité sans le stress" (Getting Things Done: The Art of Stress-Free Productivity). Bien que publié en 2001, la méthode GTD (Getting Things Done) a été développée et enseignée par Allen tout au long des années 90 et est devenue LA référence pour l'organisation personnelle à la fin de la décennie/début 2000. Elle répond spécifiquement à la surcharge cognitive de l'ère de l'information. Son principe central : vider son esprit de toutes les "boucles ouvertes" (tâches, idées, projets) en les capturant dans un système externe fiable, puis les trier, les organiser et les passer en revue régulièrement. L'objectif : libérer l'esprit pour la concentration et la créativité.
Kerry Gleeson ("La Méthode PPO : La Gestion Personnelle de l'Organisation" (The Personal Efficiency Program), années 90 - éditions successives) et Alec Mackenzie ("La Maîtrise de votre temps, la maîtrise de votre vie" (The Time Trap) (1972, mais rééditions majeures et succès renouvelé dans les années 90), couvriront tous deux l'organisation pratique quotidienne et la lutte contre les voleurs de temps. Une thématique cruciale qui promettait aux individus de maîtriser leur destin dans un monde professionnel perçu comme plus instable et exigeant. Les livres de cette époque continuent d'influencer massivement les méthodes de productivité personnelle aujourd'hui.
"Emotional Intelligence : Why It Can Matter More Than IQ" (Daniel Goleman, 1995)
Intelligence émotionnelle, gestion des émotions (traduction française, "L'intelligence émotionnelle : accepter ses émotions pour développer une intelligence nouvelle", 1997) - Référence académique populaire, intègre DP et neurosciences.
Les années 1990 ont fait émerger l'IE car elle répondait à un besoin sociétal d'une importance considérable : comment naviguer dans un monde de plus en plus interdépendant et incertain. Ce fut la création d’un champ nouveau à la croisée des neurosciences, de la psychologie, et de l’éducation et rapidement intégré dans les programmes de leadership, les RH, les écoles ...
Goleman a été le déclencheur médiatique, mais Peter Salovey & John Mayer en sont les véritables fondateurs avec leur article fondateur, "Emotional Intelligence" (1990, Imagination, Cognition and Personality). L'IE compte plus que le QI pour la réussite (vie professionnelle, santé, bonheur), d'où les fameux 5 piliers, conscience de soi, maîtrise de soi, motivation, empathie, habiletés sociales, la critique radicale de l'éducation "cérébrale" ignorante des émotions, et 5 millions d'exemplaires vendusavec une couverture du Time en 1995. Ce concept a réconcilié performance et humanité, laissant un héritage toujours bien vivant (management, éducation, psychothérapie).
Daniel Goleman, psychologue et journaliste scientifique (notamment pour le New York Times), s’appuie sur des recherches en neurosciences affectives, psychologie cognitive et sociale pour populariser le concept. L' "Emotional Intelligence", c'est la capacité à identifier, comprendre, gérer et utiliser les émotions - les siennes comme celles des autres ...
Selon Golemen, les 5 composantes fondamentales de l’intelligence émotionnelle sont ...
1. La conscience de soi (Self-awareness) - Capacité à reconnaître et comprendre ses propres émotions, humeurs, motivations. Elle permet de développer la lucidité émotionnelle, d'identifier les déclencheurs, et d'anticiper ses réactions automatiques.
2. La maîtrise de soi (Self-regulation) - Gérer ses impulsions, ses humeurs, ses frustrations.
Cette capacité permet la résilience, la patience, la réflexion avant réaction, et la prise de décisions rationnelles même sous stress.
3. La motivation interne (Internal motivation) - Aller au-delà des récompenses externes ; être poussé par un désir personnel de sens, de maîtrise ou de contribution. Inclut la persistance, l’optimisme réaliste, la passion pour le travail bien fait.
4. L’empathie (Empathy) - Comprendre les émotions des autres, savoir "lire" les signaux sociaux, ressentir ce que l’autre ressent. C'est la clé des compétences relationnelles, du leadership éthique, de l’éducation, du soin.
5. Les compétences sociales (Social skills) - Capacité à entretenir des relations efficaces, à collaborer, à influencer, à résoudre des conflits. Cela comprend la communication assertive, le travail d’équipe, le leadership inspirant.
L'émergence de l'estime de soi et de la confiance en soi comme thématique centrale du développement personnel dans les années 1990 est un phénomène intimement lié aux mutations sociales de l'époque.
Nathaniel Branden, avec "The Six Pillars of Self-Esteem" (Les Six Piliers de l'estime de soi, 1994), en est le théoricien incontournable : son livre représente la synthèse la plus aboutie et la plus influente de décennies de travail sur le sujet, solidifiant son statut de fondateur théorique et pratique de l'estime de soi moderne. Même si d'autres chercheurs ont approfondi ou nuancé certains aspects depuis, le cadre fondamental qu'il a établi reste la référence.
La grande force de Branden est d'avoir transformé un concept psychologique abstrait en un ensemble de pratiques concrètes et volontaires que toute personne peut travailler consciemment.
Les six piliers ne sont pas des traits de caractère fixes, mais des comportements et choix :
- La pratique de la conscience : Vivre délibérément, être présent à soi-même et à la réalité.
- La pratique de l'acceptation de soi : S'accepter tel qu'on est (pensées, émotions, actions) sans nécessairement s'y résigner.
- La pratique de la responsabilité de soi : Assumer la responsabilité de ses choix, actions, bien-être et réalisation de ses désirs.
- La pratique de l'affirmation de soi : Être authentique, exprimer ses pensées, valeurs et sentiments de manière appropriée.
- La pratique de la vie délibérée : Agir avec intention en fonction de ses buts et valeurs.
- La pratique de l'intégrité personnelle : Vivre en accord avec ses convictions, être cohérent entre ses paroles et ses actes.
L'estime de soi n'est pas une simple "sensation" positive ou un résultat de la validation externe, mais la conséquence naturelle de comportements spécifiques et rationnels dans la vie quotidienne.
Le Modèle TCC (Thérapie Cognitivo-Comportementale) qui connaît un essor majeur dans les années 1980-1990 grâce à des preuves empiriques de son efficacité, notamment pour la dépression et les troubles anxieux, viendra conforter et valider scientifiquement plusieurs principes brandéniens, en montrant que les schémas cognitifs dysfonctionnels (ex: "Je suis nul") peuvent être modifiés par l'action et la reconfiguration des pensées, et que les exercices comportementaux (affirmation de soi, prise de décision) augmentent concrètement l'estime de soi (études sur l'auto-efficacité de Bandura)...
La « pensée positive » apparue massivement dans les années 1990 désigne un courant idéologique, psychologique et social reposant sur l’idée que des pensées optimistes et des affirmations positives ont le pouvoir d'améliorer significativement la vie des individus en influençant leur état d’esprit, leurs succès personnels et professionnels, ainsi que leur santé physique et mentale.
Dès les années 1950, Norman Vincent Peale publie "The Power of Positive Thinking" (1952), un best-seller fondateur qui avance que l'optimisme et la foi en soi garantissent succès et bien-être, et l’idée va connaître une résurgence dans les années 1980 avec la diffusion grand public de concepts issus de la psychologie humaniste, notamment via les ouvrages de Louise Hay (notamment "You Can Heal Your Life", 1984).
Le manque de confiance est l’obstacle n°1 au succès. La pensée positive commence par la conviction intérieure que l’on est capable — soutenue par la foi en Dieu, soutient Norman Vincent Peale, qui prescrit la répétition de versets bibliques et de phrases simples comme outils de reprogrammation mentale. L’attitude d’attente intérieure détermine l’expérience vécue. En visualisant des résultats positifs, on crée un état psychologique propice à l’action constructive.
Louise Hay (1926–2017), ancienne mannequin devenue conférencière spirituelle, est l’une des figures fondatrices du mouvement New Age dans sa version populaire et thérapeutique. Survivante de violences et d’un cancer, elle développe l’idée que les maladies sont des messages du subconscient, révélateurs de blessures émotionnelles ou de pensées négatives non exprimées.
La vie extérieure — santé, argent, relations — est le reflet direct de nos pensées dominantes, conscientes ou inconscientes. Les croyances négatives sur soi-même mènent à la souffrance émotionnelle, puis physique. ’amour de soi est la clé de la transformation. Tout processus de guérison commence par apprendre à s’aimer inconditionnellement. Cela implique l’acceptation de soi, le pardon de son passé, l’abandon de l’auto-critique, le respect de ses besoins. En répétant des affirmations positives ciblées, on peut désactiver les croyances négatives subconscientes et créer de nouveaux schémas mentaux. Le pardon de soi et des autres est indispensable pour la santé physique et psychique.
Son livre, devenu un best-seller international (plus de 50 millions d'exemplaires), propose une méthode de guérison intérieure par l’amour de soi, et une correspondance directe entre symptômes physiques et blocages émotionnels.
Les années 1990-2000 voient cette approche se développer dans un contexte caractérisé par mondialisation, la valorisation de l'entrepreneuriat individuel, le culte de la réussite personnelle (on a pu l'interpréter comme une réponse culturelle au néolibéralisme), et plus prosaïquement forte croissance du marché éditorial des livres de développement personnel (self-help).
Martin Seligman, "Authentic Happiness" (2002) peut être considéré comme le père fondateur de la psychologie positive, discipline universitaire qui entend donner à la pensée positive une assise scientifique plus rigoureuse. Deepak Chopra, auteur particulièrement prolifique, mêle pensée positive et spiritualité orientale dans "The Seven Spiritual Laws of Success" (1994). Rhonda Byrne, dans "The Secret" (2006), popularise la « loi de l’attraction », l’idée que les pensées positives attirent les événements positifs : un phénomène marketing, emblématique de la pensée magique simplifiée...
Quant à Anthony Robbins, figure clé du coaching motivationnel, il utilisera abondamment la pensée positive et les affirmations pour booster la performance personnelle et professionnelle dans "Awaken the Giant Within" (1991)
Il s'agit tout autant d'offrir des outils concrets pour améliorer sa vie quotidienne, valoriser l’autonomie, la confiance en soi, une prise en main active de sa vie, que de faire basculer, implicitement, l'individu dans une responsabilisation excessive face à ses échecs et d'occulter les causes structurelles des difficultés sociales et économiques.
L'instrumentalisation à des fins commerciales et économiques (industrie florissante du coaching, séminaires coûteux, livres à succès vendant des promesses souvent irréalistes) sera quelques temps une réussite complète : jusqu'aux critiques qui seront bientôt adressées à la pensée positive, et qui sont nombreuses et sérieuses ...
Barbara Ehrenreich, dans "Bright-sided" (2009) critique sévèrement la pensée positive en dénonçant son caractère idéologique, culpabilisant et aliénant, qui rend aveugle aux problèmes réels. La simplification réductrice de la psychologie humaine est d'importance, ignorant la complexité et les aspects sombres mais inévitables de la vie humaine.
À partir des années 2010, une prise de conscience critique sociologique et psychologique sérieuse prend corps, ce qui entraîne l'émergence de courants plus nuancés (une psychologie positive académique mieux validée scientifiquement, Martin Seligman, Mihály Csíkszentmihályi) et le développement d’une approche plus équilibrée ...
La thématique de la gestion du stress et de la recherche d'équilibre est un autre domaine de DP qui explose dans les années 1990, en réponse directe à la perception d'un monde qui s'accélérait (mondialisation, débuts d'Internet, pression professionnelle accrue)...
Richard Carlson, "Ne vous noyez pas dans un verre d'eau..." (Don't Sweat the Small Stuff... and It's All Small Stuff) (1997).
C'est LE best-seller emblématique de la décennie sur la réduction du stress quotidien (un très grand succès mondial, plus de 25 millions d’ex.).
Carlson propose des conseils simples et pratiques pour relativiser les tracas, lâcher prise sur les petites choses, cultiver la patience et la gratitude. Son message central : apprendre à distinguer l'essentiel du superflu pour préserver sa tranquillité d'esprit. Sa philosophie, simple : la majorité des choses qui nous perturbent au quotidien ne méritent pas autant d’attention ou d’énergie. Si l'on apprend à ne pas dramatiser les petits tracas, on peut mener une vie plus sereine, plus joyeuse et plus centrée sur l'essentiel.
Soit 100 courts chapitres, chacun présentant une suggestion concrète pour réduire le stress, développer la paix intérieure et relativiser les contrariétés du quotidien...
- "Don't Sweat the Small Stuff"
Ne laissez pas les petits désagréments vous empoisonner la vie. Vous avez le pouvoir de choisir votre réaction émotionnelle face aux événements.
- "Make Peace with Imperfection"
Acceptez vos imperfections (et celles des autres). Viser la perfection est source de frustration permanente.
- "Let Go of the Idea that Gentle, Relaxed People Can’t Be Superachievers"
Idée : La réussite ne passe pas forcément par l’hyperactivité et le stress. Il est possible d’être performant tout en étant serein.
- "Be Aware of the Snowball Effect of Your Thinking"
Une pensée négative peut en entraîner une autre et créer une spirale de stress. Il faut savoir s’arrêter et respirer avant que cela ne s’amplifie.
- "Choose Being Kind over Being Right"
Dans les conflits, il vaut mieux parfois céder sur un point de détail et préserver la relation humaine.
- "Ask Yourself the Question, 'Will This Matter a Year from Now?'"
Se demander si ce qui vous tracasse aujourd’hui aura encore de l’importance plus tard permet de relativiser.
- "Resist the Urge to Criticize"
La critique constante (des autres, de soi-même, du monde) épuise et n’est pas constructive.
- "Become More Patient"
Développer la patience permet de désamorcer l’irritation et le conflit. Cela nécessite de ralentir et d’observer ses réactions internes.
- "Remember, One Hundred Years from Now, All New People"
Cette pensée rappelle la fugacité de la vie humaine et invite à la compassion et au lâcher-prise.
- "Practice Random Acts of Kindness"
Les petits gestes altruistes quotidiens (même anonymes) enrichissent profondément la vie.
Les déclinaisons suivront, pour les Hommes, pour les Femmes, pour les plus jeunes, au travail, en amour ...
Martha Davis, Elizabeth Robbins Eshelman & Matthew McKay, "Savoir gérer son stress" (The Relaxation & Stress Reduction Workbook), plusieurs éditions, très populaire et largement utilisé dans les années 90).
Un manuel pratique extrêmement influent et toujours utilisé. Il offre une boîte à outils complète basée sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : relaxation musculaire progressive, respiration, restructuration cognitive, gestion du temps, affirmation de soi, résolution de problèmes. Très concret et fondé sur des techniques validées (en français, il est souvent traduit sous le titre "Savoir gérer son stress"). Là où Carlson propose une attitude, - changer sa perspective sur les événements mineurs pour vivre mieux -, Davis, Eshelman & McKay proposent des outils, des techniques concrètes et validées pour agir directement sur le stress.
Jon Kabat-Zinn, "Où tu vas, tu es" (Wherever You Go, There You Are) (1994)
Bien que son programme MBSR (Réduction du Stress Basée sur la Pleine Conscience) ait été développé à la fin des années 70, c'est dans les années 90 que la pleine conscience (mindfulness) commence à percer largement auprès du grand public, notamment grâce à ce livre. Kabat-Zinn enseigne comment intégrer la méditation de pleine conscience dans la vie quotidienne pour faire face au stress, à la douleur et aux défis de la vie avec plus de calme et de présence.
Créé en 1979 par Jon Kabat-Zinn à l’Université du Massachusetts Medical Center, le programme MBSR s’adresse à des patients atteints de douleur chronique, cancer, stress post-traumatique, etc. Kabat-Zinn laïcise les pratiques méditatives bouddhistes (vipassana, zen) en les rendant scientifiques et thérapeutiques. Les résultats cliniques sont prometteurs : réduction du stress, amélioration de la concentration, baisse des rechutes dépressives. Et dans les années 1990, le MBSR entre dans les hôpitaux, universités, entreprises.
Or, ces années marquent aussi le début de l’explosion des neurosciences et des études par imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle). Des chercheurs comme Richard Davidson (Université du Wisconsin) et Sara Lazar (Harvard) montrent que la pratique de la pleine conscience modifie l’activité et la structure du cerveau (cortex préfrontal, amygdale, hippocampe), et augmente la résilience émotionnelle, la régulation du stress et l’empathie. La pleine conscience devient donc mesurable, observable, et gagne une légitimité scientifique...
Il faut ajouter que ces années sont aussi marquées par un désintérêt croissant pour les religions instituées, et un engouement pour les pratiques spirituelles non dogmatiques, issues du bouddhisme zen, tibétain, vipassana, etc. Kabat-Zinn, Jack Kornfield, Sharon Salzberg ou Thich Nhat Hanh traduisent ces pratiques en langage psychologique et éthique, sans référence religieuse explicite. C'est ouvrir la pleine conscience à des publics laïcs, occidentaux, professionnels de santé, enseignants, etc.
La pleine conscience semble offrir dans une décennie connue pour son rythme de vie qui s'accélère, une alternative douce et accessible : ralentir, ressentir, respirer, accueillir. C'est le temps de best-sellers tels que "Wherever You Go, There You Are" (Kabat-Zinn, 1994), "Peace Is Every Step" (Thich Nhat Hanh, 1991), "Radical Acceptance" (Tara Brach, fin 1990s).
L’attrait pour la pleine conscience (mindfulness), après avoir explosé dans les années 1990 et culminé dans les années 2010, montre depuis un net ralentissement et même un déclin partiel — observable dans la recherche académique, le discours public et le marché du bien-être. Devenue un produit marketing, banalisée, déformée, Ronald Purser dans son essai "McMindfulness" (2019) dénoncera une instrumentalisation néolibérale de la méditation : adaptée aux objectifs de performance, de productivité, de docilité, et, dépolitisée, elle invite à “accepter la réalité telle qu’elle est” sans remettre en cause les causes systémiques du mal-être (précarité, travail toxique, inégalités). De plus, elle soulage les symptômes sans changer les causes, et individualise la souffrance au lieu de proposer des réponses collectives....
Et si dans les années 2010, les recherches montraient des effets positifs de la pleine conscience, à partir de 2018, les méta-analyses révèlent que les effets sont modestes, et pas toujours supérieurs aux autres techniques (relaxation, exercice physique, thérapie classique) ...
Jeff Davidson, "Le Syndrome de la surcharge" (Breathing Space: Living & Working at a Comfortable Pace in a Sped-Up Society) (1991) et d'autres ouvrages sur le surmenage.
Spécialiste reconnu de la gestion du stress et du temps, Davidson a analysé de façon très concrète les sources de surcharge (informationnelle, décisionnelle, technologique...) qui émergeaient fortement dans les années 90. Il proposait des stratégies pour créer de "l'espace respiratoire", mieux gérer les interruptions et retrouver du contrôle.
Un précieux jalon dans l’histoire du stress moderne, de la gestion du temps et du développement personnel "pré-mindfulness", en pleine montée du culte de la productivité, en pleine émergence du "temps réel", des beepers, du fax, du téléphone portable.
Jeff Davidson affirme que le rythme de la société moderne épuise les individus : surcharge d’informations, d’obligations, de sollicitations constantes. Il propose de reprendre le contrôle sur son temps, son attention et son espace mental en créant des zones de "respiration" dans sa vie personnelle et professionnelle.
Davidson décrit un phénomène que les psychologues n’avaient pas encore largement nommé en 1991 : la surcharge cognitive et affective chronique. Il observe une confusion entre vitesse et efficacité, entre activité et accomplissement. Bien avant les smartphones, Davidson anticipe la disparition des frontières entre vie professionnelle et personnelle. Il met en garde contre l'illusion de contrôle créée par les technologies (la tyrannie de la disponibilité). Plutôt que d’essayer de « suivre » la société, Davidson encourage à trouver un rythme de vie personnel soutenable : iIdentifier ses zones de surcharge (personnelle, sociale, informationnelle), éliminer les engagements inutiles ou parasites, redonner priorité à l’agenda subjectif (énergie, attention, sens), plutôt qu’à l’agenda objectif (heures, tâches), apprendre à dire non sans culpabilité, réduire le bruit mental par des pratiques de simplification : déconnexion, pause, silence.
En 1991, alors que les livres sur la "productivité maximale" (comme Stephen Covey ou Peter Drucker) font autorité, Davidson choisit la voie opposée : ralentir, filtrer, dire non. Il anticipe des phénomènes que la société n’étiquettera vraiment que dans les années 2000–2010 : surcharge cognitive, info-obésité, "always on", burn-out blanc. Son approche est structurée, non spirituelle, mais intérieurement orientée : elle prépare le terrain à la pleine conscience sans en reprendre le langage. Il a influencé la pensée de la slow life, du downshifting, et de certains auteurs New Age ou anti-gestionnaires des années 2000 comme Carl Honoré (L’éloge de la lenteur) ou Tony Crabbe (Busy).
Paul Wilson, "Le Calme Instantané" (Instant Calm) (1995) - Un classique du bien-être simple et accessible, qui a largement contribué à diffuser dans le grand public l’idée que la sérénité est une compétence qui peut s’apprendre en quelques instants, sans transformation radicale ni engagement spirituel profond.
La sérénité n’est pas un don, c’est une aptitude que l’on peut activer en quelques secondes, à condition d’avoir les bons outils à portée de main. Paul Wilson défend une approche très pragmatique, non théorique, visant à aider les gens ordinaires à rester calmes face aux tensions de la vie moderne, sans avoir à s’engager dans des années de méditation, de thérapie ou d’étude. Le livre propose plus de 50 techniques brèves et accessibles pour retrouver le calme physique et mental à tout moment. Il est organisé en chapitres très courts, illustrés d’exemples simples, et répartis en catégories de situations (Inspirer 7 secondes, expirer 11 secondes pour activer le système parasympathique - Observer successivement chaque partie du corps pour relâcher les tensions - Passer dans une autre pièce, mettre une musique douce, ouvrir une fenêtre - Réintégrer le corps dans un rythme apaisant pour casser l’activation mentale - Se retirer du flot numérique pour retrouver un tempo biologique, ...).
Le livre ne s’appuie pas explicitement sur des disciplines scientifiques (comme la TCC ou la méditation), mais les techniques sont cohérentes avec les connaissances en physiologie du stress. Un succès de librairie international, souvent conseillé en entreprise, dans les écoles, ou dans les formations de gestion du stress : il a donné naissance à de nombreux ouvrages dérivés de Wilson : The Little Book of Calm, The Calm Technique, Calm at Work, etc...
Anthony Robbins," L'éveil de votre puissance intérieure" (Awaken the Giant Within: How to Take Immediate Control of Your Mental, Emotional, Physical and Financial Destiny!) (1991)
Un manifeste de transformation personnelle radicale, à la fois psychologique, émotionnelle et comportementale. Il incarne une philosophie volontariste, énergique et très américaine, différente des approches de pleine conscience, mais tout aussi influente dans les années 1990.
Robbins est à la croisée du coaching de vie, de la programmation neuro-linguistique (PNL), du marketing motivationnel et de la psychologie comportementale populaire. Ses Best-sellers fondateurs, tels que "L'éveil de votre puissance intérieure" (1987) et "Pouvoir illimité" ont popularisé ses concepts comme les "états émotionnels" et les "croyances limitantes". Sa Stratégie médiatique sera particulièrement agressive (Infopublicités dans les années 90, Podcasts et chaîne YouTube (6M+ abonnés), Documentaires Netflix ("I Am Not Your Guru"), Interventions régulières dans les médias (Oprah, TED), sa clientèle prestigieuse (coaching de personnalités comme Bill Clinton, Serena Williams et Leonardo DiCaprio, renforçant sa crédibilité), et il réussira sa transition réussie vers les formations en ligne durant la pandémie, avec des événements virtuels interactifs. Critiqué pour son style théâtral et ses tarifs élevés (jusqu'à 30,000$ pour un coaching), il transforme ces polémiques en opportunités médiatiques tout en maintenant des résultats tangibles.
"Vous avez le pouvoir de transformer instantanément votre vie en changeant vos décisions."
Robbins affirme que chaque personne possède en elle un “géant endormi”, un potentiel de réalisation et d’influence colossale. Ce potentiel ne demande qu’à être éveillé à travers des décisions claires, des stratégies mentales efficaces, et une volonté soutenue.
1. Les décisions déterminent le destin - Le pouvoir ultime n’est pas dans les circonstances, mais dans les décisions que nous prenons chaque jour.
2. Le système de croyances - Nos émotions, nos limites, nos actions sont gouvernées par un réseau de croyances conscientes et inconscientes. Changer une croyance (par exemple, "je ne suis pas assez bon") peut transformer radicalement la vie.
3. Le conditionnement émotionnel - Robbins utilise des techniques proches de la PNL et du behaviorisme pour aider à reprogrammer les réponses émotionnelles. Notamment : changer ses associations plaisir/douleur, ses métaphores personnelles, ses dialogues internes.
4. Les six besoins fondamentaux humains - Besoin de certitude, de variété, de signifiance, d’amour/connexion, de croissance et de contribution.
Comprendre quel besoin gouverne sa vie permet de se libérer de certains automatismes.
5. Changement par effet de levier (leverage) - Pour changer durablement un comportement, il faut associé une douleur massive à l’ancien comportement, et un plaisir fort au nouveau comportement. Cela ancre le changement dans le système nerveux.
Sont associés à cette réflexion, des méthodes et outils pratiques : incantations (affirmations émotionnelles puissantes), cartes de décisions (Daily Questions), visualisation de son "futur idéal", modélisation (identifier des personnes qui réussissent et copier leurs schémas mentaux), stratégies de changement rapide (issues de la PNL), plan d’action en 7 jours (à la fin du livre)
Tony Robbins dans "Awaken the Giant Within" n’invite pas à ralentir, mais à mobiliser son potentiel latent par une réécriture complète de son système de pensée et de décisions.
Il se distingue par son énergie charismatique, sa foi dans le pouvoir individuel et son refus du fatalisme ou du confort psychologique.
Enfin, dernière thématique DP des années 1990, la "communication interpersonnelle", ou comment apprendre à mieux écouter, s'affirmer, résoudre les conflits. La notion de communication a en effet considérablement : jadis considéré comme simple transmission d'information, les années 1990s en font un instrument de création de lien et de gestion des émotions. Cette révolution a fait émerger un nouvel idéal humain : l'individu capable de dire sa vérité sans blesser, d'écouter sans juger, et de transformer les conflits en opportunités. Un idéal toujours dominant aujourd'hui. La montée en puissance de la communication interpersonnelle comme thème central du développement personnel dans les années 1990 reflète une révolution silencieuse dans les rapports humains, portée par des auteurs visionnaires.
Cette obsession communicationnelle dans les années 90 semble relever d'une importante mutation du monde professionnel (apparente plus que réelle?), la fin des hiérarchies rigides, le travail en équipe, le management participatif, un essor gigantesque des services (75% du PIB occidental) où la relation client est capitale, mais aussi une crise du lien social (individualisme croissant, isolement urbain, besoin de recréer du sens par le dialogue). Et des influences académiques d'importance : l'École de Palo Alto (Watzlawick, 1967) : "On ne peut pas ne pas communiquer", la Psychologie humaniste (Carl Rogers) avec l'écoute active et l'empathie comme piliers relationnels...
L'apport de Marshall Rosenberg (1934-2015), psychologue clinicien américain, est révolutionnaire dans le champ de la communication, de la résolution des conflits et du développement personnel.
Sa méthode, la Communication NonViolente (CNV) (1960-1970, formalisée dans les années 1980-1990), complète et enrichit les approches de l'estime de soi comme celle de Nathaniel Branden, en montrant comment l'incarner dans la relation, par l'auto-empathie (Il fait du lien à soi un acte de bienveillance), par l'expression authentique (il libère la parole sans craindre le conflit) et par l'écoute (il réconcilie estime de soi et ouverture à l'autre).
L'ouvrage "Les mots sont des fenêtres (ou des murs)" (1999) de Marshall Rosenberg est bien plus qu'un manuel de communication, c'est le manifeste fondateur de la Communication NonViolente (CNV), une révolution dans notre rapport au langage et aux relations.
Le titre résume l'essence de la CNV :
- Les mots "murs" : Jugements, accusations, critiques qui isolent et blessent ("Tu es égoïste !").
- Les mots "fenêtres" : Écoute empathique, expression authentique qui ouvrent à la connexion ("Je me sens seul quand tu rentres tard, j’ai besoin de partager des moments avec toi").
Il nous faut donc prendre conscience que chaque phrase peut soit nourrir le lien, soit le détruire.
Le livre formalisera par la suite les 4 étapes pratiques (Observations, Sentiments, Besoins, Demandes) comme colonne vertébrale de la CNV. L'originalité majeure du livre est de lier estime de soi et communication (s'écouter soi-même avec bienveillance), et de transformer l'auto-critique en compréhension. L'ouvrage enseigne, très concrètement, à décoder les attaques comme l’expression de besoins insatisfaits et à accueillir sans juger (soit, désamorcer les conflits en reconnaissant l'humanité derrière les mots)...
Dans le même domaine, on peut évoquer Jacques Salomé, " Parle-moi, j'ai des choses à te dire" (1995) et sa méthode ESPÈRE (Énergie Spécifique Pour une Écologie Relationnelle Équitable), Stephen Covey, Thomas Gordon ("Éduquer sans punir", 1970 mais popularisé dans les entreprises en 1990 via la Méthode Gordon) ..
"The Four Agreements" (en français "Les Quatre Accords Toltèques : la voix de la liberté personnelle") de de Don Miguel Ruiz (1997), est un pilier incontournable du développement personnel ..
Il offre en effet des outils concrets pour changer sa perception du monde, gérer ses émotions, améliorer sa communication et vivre avec plus d'intégrité et de sérénité. Sa popularité et son influence durable en font une référence claire dans le genre.
Don Miguel Ruiz (né en 1952) est un auteur et enseignant spirituel mexicain de renommée internationale. Avant de se tourner vers la spiritualité, il a étudié la médecine et est devenu chirurgien. Il est issu d'une famille de guérisseurs traditionnels mexicains. Sa mère, Sarita Ruiz, était curandera (guérisseuse), et son grand-père, Don José Ruiz, était nagual (chaman toltèque). Cette lignée a profondément influencé sa pensée.
Vers 1974 (Ruiz avait environ 22 ans), dans un grave accident de la route, il aurait vécu une expérience de mort imminente (EMI) classique (sortie du corps, tunnel de lumière). Cet événement le pousse à abandonner sa carrière de chirurgien pour se consacrer à la transmission de la sagesse toltèque familiale et se consacrer alors à l'étude de la conscience humaine, des croyances limitantes et des traditions mésoaméricaines. Il évoque cet accident dans "Les Quatre Accords" comme le déclic spirituel fondateur.
En Février 2002 (Ruiz avait 50 ans), il subit une crise cardiaque suivie de complications chirurgicales (anévrisme cérébral pendant l'opération), ce que le laisse dans un coma prolongé : 9 semaines, avec pronostic médical très sombre. Le réveil est décrit comme miraculeux et la rééducation difficile (réapprentissage de la marche, de l'écriture). Il décrira cette expérience en détail dans son livre "La Voix de la Connaissance" (2004)...
"Introduction - Le Miroir de fumée
Il y a trois mille ans vivait un être humain comme vous et moi, habitant près d’une ville entourée de montagnes. Cet humain étudiait pour devenir homme-médecine et apprendre la connaissance de ses ancêtres, mais il n’était pas entièrement d’accord avec tout ce qu’il apprenait. Dans son cœur, il sentait qu’il devait exister quelque chose d’autre.
Un jour, alors qu’il dormait dans une grotte, il rêva qu’il voyait son propre corps endormi. Il sortit de la grotte par une nuit de nouvelle lune. Le ciel était clair et il pouvait voir des millions d’étoiles. Puis quelque chose se produisit en lui qui transforma sa vie à jamais. Il regarda ses mains, sentit son corps et entendit sa propre voix dire : Je suis fait de lumière ; je suis constitué d’étoiles.
Il regarda à nouveau les étoiles et comprit que ce ne sont pas les étoiles qui créent la lumière, mais plutôt la lumière qui crée les étoiles.
Tout est fait de lumière, se dit-il, et l’espace entre toutes choses n’est pas vide. Et il sut que tout ce qui existe n’est qu’un seul être vivant, et que la lumière est le messager de la vie, parce qu’elle est vivante et contient la totalité de l’information de vie.
Puis il réalisa que, bien qu’étant constitué d’étoiles, il n’était pas ces étoiles. Je suis entre les étoiles, se dit-il. Alors il appela les étoiles le tonal et la lumière entre les étoiles le nagual, et il sut que c’est la Vie (ou l’Intention) qui crée l’harmonie et l’espace entre les deux. Sans la Vie, le tonal et le nagual ne pourraient exister. La Vie est la force de l’absolu, du suprême, du Créateur qui crée toute chose.
Voici ce qu’il découvrit : tout ce qui existe est une manifestation de ce seul être vivant que l’on appelle Dieu. Tout est Dieu. Et il en conclut que la perception humaine n’est que de la lumière percevant de la lumière. Il vit aussi que la matière est un miroir – tout est un miroir réfléchissant la lumière et créant des images de cette lumière – et que le monde de l’illusion, le Rêve, n’est que de la fumée nous empêchant de voir qui nous sommes vraiment. Le vrai moi est pur amour, pure lumière, dit-il.
Cette compréhension changea sa vie. Sachant qui il était vraiment, il regarda les autres êtres humains et le reste de la nature, et fut étonné de ce qu’il vit. Il se voyait lui-même en toute chose, dans chaque être humain, chaque animal, chaque arbre, dans l’eau, dans la pluie, les nuages et la terre. Et il voyait que la Vie unit le tonal et le nagual de différentes manières pour créer les milliards de manifestation de la Vie.
Durant ces quelques instants, il comprit tout. Il était enthousiasmé et son cœur rempli de paix. Il était impatient de partager avec les siens ce qu’il avait découvert. Mais aucun mot ne parvenait à l’expliquer. Il essaya d’en parler aux autres, mais ceux-ci ne comprenaient pas. Ils voyaient bien qu’il avait changé, que quelque chose de magnifique irradiait de ses yeux et de sa voix. Ils avaient aussi remarqué qu’il ne portait plus de jugement sur rien ni personne. Il n’était plus comme les autres.
Il comprenait très bien chacun, mais personne ne pouvait le comprendre, lui. Ils croyaient qu’il était une incarnation de Dieu. Il souriait lorsqu’il entendait cela et leur disait : C’est vrai, je suis Dieu. Mais vous aussi, vous êtes Dieu. Vous et moi sommes pareils. Nous sommes des images de lumière. Nous sommes Dieu. Mais les gens ne le comprenaient toujours pas.
Il avait découvert qu’il était un miroir pour les autres, dans lequel il pouvait se voir lui-même. Chacun est un miroir, se dit-il. Il se voyait en chacun, mais personne ne le voyait, lui, comme soi-même. Et il réalisa que tous rêvaient, mais sans conscience, sans savoir vraiment qui ils étaient. Ils ne pouvaient le voir comme eux-mêmes, parce qu’il y avait un mur de brouillard ou de fumée entre les miroirs. Et ce mur de brouillard provenait de leur interprétation des images de lumière : le Rêve des humains.
Puis il sut qu’il allait bientôt oublier tout ce qu’il avait appris. Il voulait se souvenir des visions qu’il avait eues, aussi décida-t-il de s’appeler lui-même Miroir de Fumée, afin de toujours se rappeler que la matière est un miroir et que c’est la fumée entre les miroirs qui nous empêche de savoir qui nous sommes. Il dit :
Je suis Miroir de Fumée, parce que je me vois en chacun de vous, mais nous ne nous reconnaissons pas les uns les autres à cause de la fumée qu’il y a entre nous. Cette fumée est le Rêve, et le miroir c’est nous, le rêveur.
Le processus de domestication et le rêve de la planète
Ce que vous voyez et entendez en ce moment précis n’est qu’un rêve. Vous rêvez à l’instant même, le cerveau éveillé.
Rêver est la fonction principale de notre esprit qui fait cela vingt-quatre heures par jour. Il rêve lorsque le cerveau est éveillé et également lorsque ce dernier dort. La différence c’est que, durant l’état de veille, le cadre de référence matériel nous fait percevoir les choses de façon linéaire. Lorsque nous nous endormons, nous n’avons plus ce cadre de référence, aussi le rêve a-t-il tendance à changer constamment.
Les humains rêvent en permanence. Avant notre naissance, les humains nous précédant ont créé un grand rêve extérieur que l’on appelle le rêve de la société ou le rêve de la planète. Le rêve de la planète est le rêve collectif résultant des milliards de rêves personnels plus petits qui, ensemble, forment le rêve d’une famille, le rêve d’une communauté, le rêve d’une ville, le rêve d’un pays, et finalement le rêve de toute l’humanité. Le rêve de la planète comprend toutes les règles de la société, ses croyances, ses lois, ses religions, ses différentes cultures et modes de vie, ses gouvernements, ses écoles, ses événements sociaux, et ses jours fériés.
Nous naissons avec la capacité d’apprendre comment rêver, et les humains qui nous précèdent nous apprennent à le faire de la façon dont rêve la société. Le rêve de la planète a tellement de règles que lorsqu’un nouvel être humain naît, on capte son attention et on introduit ces règles dans son esprit. Le rêve de la planète se sert de papa et maman, des écoles et de la religion pour nous enseigner comment rêver.
L’attention est la capacité d’être sélectif et de se concentrer exclusivement sur ce que l’on veut percevoir. Nous sommes capables de percevoir des millions de choses simultanément, mais en utilisant notre attention, nous pouvons maintenir ce que nous voulons au premier plan de notre conscience. Les adultes qui nous entouraient, lorsque nous étions enfant, ont donc capté notre attention et introduit des informations dans nos esprits par la répétition. C’est ainsi que nous avons appris tout ce que nous savons.
En nous servant de notre attention, nous avons assimilé toute une réalité, tout un rêve. Nous avons appris comment nous comporter en société : que croire et ne pas croire ; ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas ; ce qui est bon et ce qui est mauvais ; ce qui est beau et ce qui est laid ; ce qui est juste et ce qui est faux. Tout était déjà là : toute cette connaissance, toutes ces règles, tous ces concepts concernant la façon de se comporter dans le monde existaient avant notre naissance...." (Éditions Jouvence, 1999 pour l’édition française originale)
Le livre propose quatre principes pratiques ("accords") pour se libérer des croyances limitantes, des jugements et des souffrances auto-infligées :
- Que votre parole soit impeccable
- Quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle
- Ne faites pas de suppositions
- Faites toujours de votre mieux
Ruiz nous explique comment ces accords mènent à la liberté émotionnelle, à des relations plus harmonieuses, à la paix intérieure et à une vie plus authentique. Écrit dans un langage simple et poétique, il rend la sagesse toltèque (inspirée de la tradition mexicaine ancienne) applicable à la vie moderne. Il traite par ailleurs en profondeur de la façon dont nos croyances (le "rêve de la planète") façonnent notre réalité et comment les reprogrammer.
Depuis sa publication en 1997, il est devenu un best-seller international, vendu à plus de 14 millions d'exemplaires, et est souvent cité comme un livre transformateur par ses lecteurs.