Modernism - Ford Madox Ford (1873-1939), "The Good Soldier : A Tale of Passion" (1915), "Parade's End" (1928) - Ambrose McEvoy (1878-1927) - ...

Last update: 12/26/2016


Le critique (The March Of Literature), romancier et éditeur que fut Ford Madox Ford, fut aussi l'un des premiers admirateurs D.H.Lawrence. Ford exerça une grande influence sur la littérature moderniste avec la publication de "The English Revew" et 'The Transatlantic Review", où furent publiées les oeuvres de Hardy, Yeats et Conrad (Ford écrivit deux romans à quatre mains avec lui et c'est lui qui attira l'attention du public sur Lawrence et Wyndham Lewis. Ford bâtit aussi sa propre réputation sur "The Good Soldier" (1915), un ouvrage singulier par le manque de fiabilité de son narrateur et ses emplois de retours en arrière qui font douter le lecteur quant à la véritable version des évènements. Les écrivains modernistes mirent aussi les concepts de temps etr de conscience au centre de leurs préoccupations. Les écrits de Freud et de Jung suggérèrent que les évènements du passé pouvaient fusionner avec le présent par le biais de la mémoire consciemment ou non. Le portrait authentique d'un personnage requiert toutefois une description fluide du fouillis de ses perceptions, de ses souvenirs et de ses sentiments. Il était désormais impossible de présenter les évènements dans une séquence ordonnée et agencée, de telle sorte que le roman adopta une forme plus fluide, moins logique et ... moins artificielle. Nombre de ses idées s'exprimèrent dans les romans de Virginia Woolf (1882-1940) ....

Enfin, l'écriture est une affaire aussi internationale que tous les autres arts, nous rappelle Ford Madox Ford. Il y a une solidarité et des liens par delà les frontières, qui, dans le monde des idées n'existent pas. Shakespeare n'aurait pas pu écrire comme il l'a fait si Boccace et Pétrarque ne l'avaient pas précédé : "Shakespeare could not hive written as he did had not Boccaccio, Petrarch, and Plutatch preceded him, nor could Flaubert have written, "Madame Bovary" as he wrote it had there not been before then the "Clarissa Harlowe" of Richardson, Not yet could Conrad hare written "Heart of Darkness" or "Lord Jim" had Flaubert not written "Bouvard et Pécuchet" or Alphonse Daudet, "Jack" ....

(Pic : Ford Madox Ford, James Joyce, Ezra Pound, and John Quinn)


Ambrose McEvoy (1878-1927)
"La Reprise" - Aberdeen Art Gallery and Museums (1912) - "Sir James Taggart" - Aberdeen Art Gallery and Museums (1917) - "Mrs Claude Johnson" - Tate Britain - London (1926) - "Mrs Lydia Russell" - The Potteries Museum & Art Gallery - Stoke-on-Trent - "The Artist's Mother" - Walker Art Gallery -  "Mrs Cecil Baring (1876–1922)" - Walker Art Gallery...


Ford Madox Ford (1873-1939)
Né à Merton, dans le Surrey, élevé dans un milieu artistique - fils d'un critique musical et petit-fils du peintre préraphaélite Ford Madox Brown (1821-1893), Ford Hermann Hueffer, dit Ford Madox Ford, écrit sa première nouvelle, "The Shifting of Fire" (1892) à dix-huit ans. La critique littéraire a retenu sa collaboration avec Joseph Conrad ("The Inheritors : An Extravagant Story" (1901), dont les thèmes de la corruption et de l'effet du XXe siècle sur l'aristocratie britannique sont prémonitoires) et son chef d'oeuvre moderniste "The Good Soldier" (1915). Ford part au front sous la Première Guerre mondiale, où il est gazé et devient partiellement sourd : il s'installe en France et publie les quatres volumes de "Parade's End" (1928), long roman sur la guerre...

 

"The Good Soldier : A Tale of Passion" (1915)
 Controversé, le roman met en scène comme narrateur un riche Américain désoeuvré, John Dowell, dont la perception de la réalité va évoluer au fur et à mesure qu'il découvre de nouveaux éléments du passé ou acquiert une meilleure compréhension d'évènements antérieurs. C'est ainsi que Dowell décrit l'amitié profonde qui le lie à Edward Ashburnham, le "bon soldat", puis prend conscience de la liaision que sa femme, Florence, entretient avec ce dernier, ce qui lui fait reprendre de bout en bout l'histoire de cette amitié et la réinterpréter...

 

"I don't know. And there is nothing to guide us. And if everything is so nebulous about a matter so elementary as the morals of sex, what is there to guide us in the more subtle morality of all other personal contacts, associations, and activities ? Or are we meant to act on impulse alone ? It is all a darkness."

 

"Je ne sais pas. Et il n'y a rien qui puisse nous guider. Et si quelque chose d'aussi élémentaire que la morale sexuelle reste à ce point nébuleux, qu'en sera-t-il des aspects moraux plus subtils encore de nos autres contacts, relations et activités personnels? Ou bien sommes-nous censés obéir à nos impulsions? Tout cela n'est que ténèbres."

 


"This is the saddest story I have ever heard. We had known the Ashbumhams for nine seasons of the town of Nauheim with an extreme intimacy - or, rather with an acquaintanceship as loose and easy and yet as close as a good glove’s with your hand My wife and I knew Captain and Mrs Ashbumham as well as it was possible to know anybody, and yet, in another sense, we knew nothing at all about them. This is, I believe, a state of things only possible with English people of whom, till today, when I sit down to puzzle out what I know of this sad affair, I knew nothing whatever. Six months ago I had never been to England, and, certainly, I had never sounded the depths of an English heart I had known the shallows. I don’t mean to say that we were not acquainted with many English people. Living, as we perforce lived, in Europe, and being, as we perforce were, leisured Americans, which is as much as to say that we were un-Amencan, we were thrown very much into the society of the nicer English Paris, you see, was our home .."

 

"C'est l'histoire la plus triste qu'il m'ait été donné d”'ntendre. Depuis neuf ans que nous allions aux bains de Nauheim, nous étions fort intimes avec les Ashburnham - ou plutôt nous avions avec eux des rapports si faciles, si libres et pourtant si étroits que nous étions unis comme les deux doigts de la main. Ma femme et moi connaissions le capitaine et Mme Ashburnham aussi bien que l'on peut connaître son monde, encore qu'ils nous fussent, en un sens, parfaitement inconnus. C'est là un état de choses qui n'est guère possible qu'avec des Anglais; du moins le crois-je, moi qui, jusqu'à ce jour où je m'applique à tirer au clair ce que je sais de cette triste histoire, ai vécu dans l'ignorance totale de ce qu'ils sont. Voilà six mois, je n'avais jamais mis le pied en Angleterre et n'avais certes jamais sondé les profondeurs de l'âme anglaise. J 'en avais une connaissance très superficielle.

Je n'entends point par là que nous n'ayons eu commerce avec un grand nombre d'Anglais. Vivant, comme nous faisions par nécessité, en Europe, et Américains désœuvrés comme nous l'étions nécessairement, ce qui revient à dire que nous étions désaméricanisés, nous nous trouvions très fréquemment mêlés à des Anglais de la meilleure compagnie. Paris, voyez-vous, était notre domicile. 

Quelque part entre Nice et Bordighera nous prenions chaque année nos quartiers d'hiver, et Nauheim nous accueillait invariablement de juillet à septembre. Vous déduirez de cette déclaration que l'un de nous avait, comme on dit, "quelque chose au cœur" et, de ce que ma femme soit morte, que c'était elle qui de nous deux était malade.

Le capitaine Ashburnham aussi avait quelque chose au cœur. Mais alors qu'une saison d'un mois ou deux lui redonnait le ressort suffisant pour le reste de l'année, ces deux ou trois mois parvenaient malaisément à sauvegarder d'un an sur l'autre la vie de cette pauvre Florence. La cause de sa maladie de coeur à lui, c'était plus ou moins le polo, ou l'abus d'exercices violents dans sa jeunesse. Ce qui, pour le reste de son existence, avait ruiné la santé de la pauvre Florence, c'était une tempête en mer lors de notre premier voyage en Europe et la cause immédiate qui nous retenait prisonniers, l'ordonnance formelle des médecins. Ils affirmaient que la courte traversée de la Manche pouvait même être fatale à la pauvre créature.

Lors de notre première rencontre, le capitaine Ashburnham, en congé de maladie et rapatrié des Indes pour n'y plus jamais retourner, avait trente-trois ans; sa femme, Léonore, en avait trente et un. J'en avais trente-six et cette pauvre Florence, trente. De sorte que Florence aurait aujourd'hui trente-neuf ans et le capitaine, quarante-deux; alors que j'en ai quarante-cinq et Léonore, quarante. Vous comprendrez, par conséquent, que notre amitié ne fut point une affaire de la prime jeunesse; nous touchions à la maturité. Aussi bien étions-nous tous les quatre d'un naturel fort tranquille, les Ashburnham étant plus particulièrement de ceux que l'on a coutume, en Angleterre, de qualifier de "gens très bien".

Ils descendaient, ainsi que vous le supposez sans doute, de cet Ashburnham qui accompagna Charles Ier à l'échafaud, et, vous le devez bien penser chez des Anglais de cette condition, on ne l'eût jamais soupçonné. Mme Ashburnham était une Powys; Florence, une Hurlbird, de Stamford (Connecticut) où, comme vous savez, l'on est encore plus vieux jeu que ne sauraient l'être les habitants de Cranford, en Angleterre. Moi, je suis un Dowell, de Philadelphie (Pennsylvanie) où, c'est historiquement exact, se rencontrent plus de vieilles familles anglaises que vous n'en pourriez dénombrer dans une demi-douzaine, au choix, de comtés anglais réunis. Je porte toujours sur moi - comme si c'était, en vérité, l'unique chose qui m'ancrât invisiblement en un point quelconque du globe - les titres de propriété de ma ferme qui comprenait jadis plusieurs ensembles de bâtiments entre la rue des Châtaigniers et la rue des Noyers. Ces titres sont un wampoum, don d'un chef indien au premier des Dowell qui quitta Farnham, dans le Surrey, en compagnie de William Penn. La famille de

Florence, comme si souvent c'est le cas parmi les habitants du Connecticut, était originaire des environs de Fordingbridge où se trouve la résidence des Ashburnham. C'est de là qu'en ce moment je suis en train d'écrire.

 

You may well ask why I write. And yet my reasons are quite many. For it is not unusual in human beings who have witnessed the sack of a city or the falling to pieces of a people to desire to set down what they have witnessed for the benefit of unknown heirs or of generations infinitely remote; or, if you please, just to get the sight out of their heads

 

Peut-être vous demandez-vous pourquoi j'écris. Les raisons qui m'y poussent sont pourtant très nombreuses. Car cela n'a rien en soi d'exceptionnel que des êtres humains, présents au sac d'une ville ou à la ruine d'un peuple, attestent par écrit ce dont ils furent témoins, pour le bénéfice d'héritiers inconnus ou de générations infiniment éloignées; ou ne fût-ce, si vous préférez, que pour se délivrer l'esprit d'une vision qui les hante.

Une souris qui meurt d'un cancer, c'est Rome mise à sac par les Goths, a-t-on dit, et je vous jure que l'effondrement de notre petit clan inébranlable fut un événement du même ordre, également impensable. Nous eussiez-vous rencontrés par hasard tous les quatre, assis autour de l'une des petites tables du pavillon, disons, de Hombourg, prenant le thé sur la terrasse, dans l'après-midi, en regardant jouer au golf miniature, que vous n'auriez manqué de penser, du train dont vont les affaires humaines, que nous formions une forteresse extraordinairement sûre. Nous étions, si vous voulez, pareils à l'un de ces hauts navires à voiles blanches qui voguent sur une mer d'azur, l'une des choses les plus nobles et les plus stables de toutes les nobles et stables choses que Dieu permette à l'esprit des hommes de concevoir. Où chercher un meilleur asile? Où donc, en vérité?

 

Permanence? Stability? I can’t believe it’s gone I can’t believe that that long, tranquil life, which was just stepping a minuet, vanished m four crashing days at the end of nine years and six weeks. Upon my word, yes, our intimacy was like a minuet, simply because on every possible occasion and in every possible circumstance we knew where to go, where to sit, which table we unanimously should choose; and we could rise and go, all four together, without a signal from any one of us, always to the music of the Kur orchestra, always in the temperate sunshine, or, if it rained, in discreet shelters. No, indeed, it can’t be gone. You can’t kill a minuet de la cour ...

 

Permanence? Stabilité? Je ne puis croire que c'en soit fini.

Je ne puis croire que cette longue et paisible existence, à l'instant même qu'elle attaquait le pas du menuet, se soit évanouie en quatre jours de débâcle, au terme de neuf ans et six semaines.

Oui, sur ma foi je le déclare, notre intimité était à l'image d'un menuet, simplement parce qu'en toute circonstance, en toute occasion, nous savions où nous devions aller, où nous asseoir, quelle table nous choisirions d'un accord unanime; et aussi bien nous levions-nous pour partir tous les quatre de concert, sans qu`aucun de nous eût donné le signal, toujours au rythme de l'orchestre du Casino, toujours dans la tiède douceur soleil ou, s'il pleuvait, en des abris discrets. Non, vraiment, ce ne peut pas être fini. On n'abolit pas un menuet de cour. On peut, à la rigueur, refermer le cahier de musique, clore le clavecin; les rats, dans les armoires et les placards, déchiqueter les faveurs de satin blanc; la populace saccager Versailles; le Trianon crouler; mais à coup sûr le menuet - le menuet, lui, continue de se danser dans les plus lointaines étoiles, tout comme se doit danser encore, ailleurs, notre menuet des villes d'eaux de la Hesse. N'existe-t-il donc pas de ciel où survivent les admirables danses de jadis, les belles intimités d'autrefois? N'est-il pas quelque part un nirvâna qui vibre des frissons légers d'instruments réduits en cendres amères mais qui pourtant avaient une âme, fragile, frémissante, immortelle?

Non, par Dieu, c'est mensonge! Ce n'était point une figure de menuet; c'était une prison, une prison retentissant de crises d'hystérie bâillonnées de peur que nos cris ne couvrissent le bruit des roues de notre voiture tandis que nous roulions dans les avenues ombreuses du Taunus.

Et pourtant, par le nom sacré de mon créateur, je jure que tout était vrai. Vrai le soleil; vraie la musique; vraies les eaux jaillissantes des fontaines par la bouche des dauphins de pierre. Car si nous étions, à mes yeux, quatre personnes aux goûts identiques, aux mêmes désirs, agissant - ou plutôt non, n'agissant pas - assises ensemble, ici ou là, d'un commun sentiment, n'est-ce pas cela, la vérité? Si je conserve, neuf ans durant, une belle pomme gâtée en son cœur pour n'en découvrir la pourriture qu'après neuf années et six mois moins quatre jours, n'est-il pas vrai d'affirmer cependant que, neuf ans durant, j'ai possédé une belle pomme ?

Autant dire qu'il en fut ainsi en ce qui concerne Edouard Ashburnham, sa femme Léonore et cette pauvre chère Florence. Et si vous y réfléchissez, n'est-ce pas un peu bizarre qu'il ne me soit jamais venu à l'esprit que la désagrégation matérielle d'au moins deux des quatre piliers de notre solide maison carrée pût en menacer dangereusement la sécurité? Cela ne se présente pas ainsi non plus, maintenant, bien que de fait l'un et l'autre soient morts.

Je ne sais pas...

 

I know nothing - nothing in the world - of the hearts of men. I only know that I am alone - horribly alone.

 

Je ne sais rien - rien de rien - du cœur des hommes. Je sais seulement que je suis seul, affreusement seul. L'âtre d'aucun foyer ne sera plus jamais pour moi témoin d'un commerce amical. 

Tout fumoir ne sera, pour toujours, qu'un lieu de simulacres ambigus parmi des ronds de fumée. Et pourtant, pardieu, que connaîtrais-je sinon la vie de foyer et de fumoir, moi qui ai passé toute mon existence en ces lieux? La chaleur de l'âtre! - Eh oui! il y avait Florence: je crois que pendant les douze années qu'elle a vécu, après cette tempête qui parut lui avoir irrémédiablement affecté le cœur - non, je ne crois pas l'avoir perdue de vue une seule minute, sauf quand elle était au lit, en lieu sûr, et que je devisais en bas, amicalement, avec tel ou tel dans quelque hall ou fumoir; ou que je grillais un dernier cigare en faisant un tour,

avant de me coucher. Je ne blâme pas, comprenez bien, Florence. Mais comment a-t-elle pu savoir tout ce qu'elle savait? Comment a-t-elle pu s'y prendre pour le savoir? Le savoir si parfaitement.

Ciel! Il ne me semble pas possible qu'elle en ait eu matériellement le temps. Il a dû lui falloir mettre à profit l'heure de mon bain, de ma gymnastique suédoise, de ma manucure. La vie que je menais, d'un garde-malade empressé, tendu, m'obligeait à faire quelque chose pour me maintenir en forme. Ça dû être à ces moments-là! Et pourtant cela même ne pouvait lui laisser le temps de poursuivre ces interminables conversations, pleines de la sapience du siècle, que Léonore m'a rapportées depuis qu'ils sont morts. Est-il possible, aussi, d'imaginer que, durant nos marches prescrites dans Nauheim et les environs, elle ait eu le loisir de mener, comme elle le fit, des négociations prolongées entre Edouard et sa femme? Et n'est-il point inconcevable que, de tout ce temps, Edouard et Léonore ne se soient jamais adressé la parole dans l'intimité? Que penser de l'humanité?

Car enfin je vous jure qu'ils formaient un ménage modèle. Il était aussi dévoué qu'on peut l'être sans passer pour un niais. Si bien bâti, de si honnêtes yeux bleus, si peu malin, une telle bonté de cœur! Et elle, si grande, si magnifique en selle, si belle! Oui, Léonore était extraordinairement belle, et si extraordinairement la perfection même qu'elle paraissait l'être trop pour que ce fût vrai. D'ordinaire, veux-je dire, on n'est pas en tout si superlativement favorisé par la nature. Être bien née, appartenir à l'aristocratie du comté et le paraître, être si congrûment et si parfaitement riche; avoir d'aussi parfaites manières - jusqu'au brin d'insolence près, et tout juste ce qu'il en faut. Avoir tout cela, être tout cela! Non, c'était vraiment trop beau pour que ce fût vrai. Et pourtant, pas plus tard que cet après-midi, venant à parler de toute cette affaire, elle m'a dit:

- Un jour, j'ai voulu tenter de prendre un amant, mais je n'en pouvais plus, j'avais la mort dans l'âme au point qu'il m'a fallu le congédier.

Cela m'a frappé comme la chose la plus étonnante que j'aie jamais entendue.

- Je me trouvais de fait, m'a-t-elle dit, entre les bras d'un homme. Un garçon si charmant! Si brave, si sympathique! Et je me répétais avec acharnement, sifflant entre mes dents, comme il est dit dans les romans - entre mes dents que je serrais de toutes mes forces, je me récitais: plus moyen d'y couper. Pour une fois dans ma vie je vais m'offrir un peu de bon temps, pour une fois dans ma vie! Ça se passait dans le noir, au fond d'une voiture qui nous ramenait d'un bal de chasse à courre. Dix-huit kilomètres à parcourir! Et c'est alors que l'amertume de cette éternelle misère, de cette comédie qu'il fallait sempiternellement jouer, s'abattit sur moi comme une calamité pour venir, brusquement, tout gâcher. Oui, il me fallut admettre que tout bon temps, désormais, si tant est que je m'en pusse offrir, se trouverait gâté d'avance.

Et j'éclatai en sanglots et ne cessai plus de sangloter durant ces dix-huit kilomètres. Moi, pleurer, figurez-vous ça! Et vous me voyez tourner en ridicule le pauvre cher garçon de cette façon-là ! Ça n'était vraiment pas de jeu, qu'en dites-vous?

Je ne sais pas; je ne sais pas; cette dernière remarque est-elle d'une grue, ou est-ce ainsi que, fille de hobereau ou pas, pense toute honnête femme dans le fond de son cœur? Et pense aussi bien tout le temps? Qui sait?

Alors, si l'on n'en sait pas davantage, aujourd'hui, au degré de civilisation que nous avons atteint à l'heure actuelle, après tous les sermons des moralistes et tout le prêchi-prêcha de toutes les mères de famille à toutes les filles in saecula saeculorum... mais peut-être est-ce, au vrai, ce que toutes les mères enseignent à leurs filles, des yeux sinon des lèvres, ou leur chuchotent de cœur à cœur? Si l'on n'en sait même pas si long sur la chose la plus essentielle au monde, que savons-nous, et pourquoi sommes-nous ici?

J'ai demandé à Léonore si elle avait fait cette confidence à Florence et ce que Florence en avait dit:

- Florence ne fit aucun commentaire, me répondit-elle. Qu'aurait-elle pu dire? Il n'y avait rien à dire. Etant donné l'écrasante misère dont il fallait nous accommoder pour sauver la face, et la façon dont nous arriva cette misère - vous savez bien, vous, ce que je veux dire - n'importe quelle femme eût été justifiée de tout reproche en prenant un amant et les cadeaux itou. Florence m'a dit un jour, au sujet d'un cas très semblable - elle était un peu trop bien élevée, trop américaine, pour me parler du mien - qu'une telle situation laissait le champ parfaitement libre à la femme et que celle-ci pouvait fort bien agir alors sur un coup de tête. Elle me l'a dit en américain, bien sûr, mais telle était sa pensée. Je crois que ses propres termes étaient:  "qu'il ne tenait qu'à elle de prendre ou de laisser..."

N'allez pas imaginer que je considère Teddy Ashburnham comme une brute. Telle n'est pas, assurément, l'opinion que j'ai de lui. Dieu sait! Il se peut que tous les hommes soient comme ça. Car je l'ai dit, que sais-je moi-même de ceux que l'on rencontre dans un fumoir? On y voit venir des gens vous raconter les histoires les plus extraordinairement indécentes - si grossières qu'elles en sont, à proprement parler, blessantes. Et des gens qui pourtant  s'offenseraient si vous leur donniez à croire qu'ils ne sont point de ceux avec qui, en toute confiance, vous laisseriez votre femme en tête à tête. Et il est fort possible qu'ils s'en offensent sincèrement - supposé, c'est-à-dire, que quiconque puisse être laissé, de confiance, en tête à tête avec quelque femme que ce soit. 

Mais cette espèce d'hommes, c'est à écouter ou raconter des obscénités qu'ils éprouvent manifestement le plus de délectation - oui, rien au monde ne leur paraît plus savoureux. Ils ne font rien qu'avec langueur; chassent, s'habillent et dînent sans enthousiasme; travaillent indolemment; trouvent assommant de soutenir une conversation de trois minutes sur n'importe quel sujet et pourtant, sitôt que l'on passe à ce genre de conversation, de s'esclaffer, se réveiller, frétiller violemment sur leur siège. Alors? S'ils se régalent tant de cette sorte d'histoires, comment se peuvent-ils offusquer - et s'offusquer sincèrement - quand vous leur suggérez qu'ils seraient aussi bien capables d'attenter à l'honneur de votre femme ?

Ou ceci encore: Edouard Ashburnham avait tout l'air du plus loyal garçon du monde - excellent magistrat, soldat d'élite, l'un des meilleurs propriétaires, disait-on, dans le Hampshire en Angleterre. Des pauvres et des ivrognes invétérés, comme j'en fus moi-même témoin, il s'était fait le protecteur assidu. Et jamais il ne raconta plus d'une ou deux fois, durant les neuf ans que je l'ai connu, d'histoires que n'eût pu publier dans ses colonnes  l'éditeur de Field. Il n'aimait pas même y prêter l'oreille; il se trémoussait sur son siège et se levait incontinent pour sortir fumer un cigare ou faire quelque chose d'approchant. On eût dit que c'était là, très précisément, le type de l'homme à qui l'on pût confier la garde de sa femme. Et je lui ai confié la mienne, et c'était folie. 

Mais encore une fois me voilà pris en défaut. Si ce pauvre Edouard était dangereux par la chasteté de ses expressions - on dit que tel est invariablement le cachet du libertin - et moi donc? Car, non seulement j'affirme sur mon âme n'avoir pas une seule fois de toute mon existence glissé dans ma conversation le moindre sous-entendu graveleux; bien plus, je veux attester la pureté de mes pensées et l'absolue chasteté de ma vie. A quoi donc, alors, tout cela peut-il rimer? Toute cette histoire n'est-elle que folie et dérision? Ne vaux-je pas mieux qu'un eunuque; ou l'homme, dans toute l'acceptation du terme - l'homme qui a droit à l'existence - est-il un étalon furieux à jamais hennissant après la femme de son prochain?

Je ne sais pas. Et rien n'est susceptible de nous guider. Et si tout est nébuleux à ce point en une matière aussi élémentaire que la morale sexuelle, qu'est-ce donc qui nous pourrait fournir de plus subtils principes moraux pour nous conduire dans tous nos autres contacts, associations et activités personnels? Ou bien sommes-nous destinés à agir selon nos seules impulsions? Tout est ténèbres." (I. - trad. A.Simon, 1964).

 

Initialement intitulé The Saddest Story ("L'histoire la plus triste"), le "moderniste" "The Good Soldier" est un chef-d”œuvre de technique narrative : la chronologie y est disloquée au profit d'une méthode tout en flash-back, en échos, en correspondances, qui exclut tout suspense mais vise à reproduire le fonctionnement de la mémoire. Aux relations de cause à effet se substitue une esthétique du fragment. On y a vu l'influence de Joseph Conrad avec qui Ford avait travaillé à ses débuts. Le narrateur, John Dowell, est un riche américain condamné à vivre en Europe à cause du cœur fragile de son épouse Florence. Dans une station thermale allemande, ils rencontrent un couple d'aristocrates anglais, Edward et Leonora Ashbumham. Le capitaine Ashbumham est le "bon soldat" du titre, homme doté de toutes les vertus, mais incapable de résister à ses désirs sexuels. Il a notamment suscité un scandale en embrassant une bonne dans un compartiment de chemin de fer. On apprend

peu à peu que les Ashbumham ne furent unis que par un mariage arrangé, et que le capitaine passe d'une maîtresse à l'autre sous le regard mi-résigné mi-furieux de Leonora. Celle-ci tente péniblement de lutter contre la ruine qui menace son foyer endetté. Le couple américain n'est pas non plus sans histoires : Dowell a épousé sans le savoir une nymphomane dont la santé délicate n'était qu'une excuse pour éviter toute relation physique avec lui. Elle se donne à Ashbumham qui se lasse bientôt d'elle, et, le jour où elle voit son mari, qu'elle avait réussi à berner jusqu'alors, en compagnie d'un homme qui connaît parfaitement la vie qu'elle a menée avant son mariage, elle préfère se suicider. Après plusieurs années passées en Inde, Ashbumham s'installe en Angleterre avec sa femme et leur pupille Nancy. La jeune fille, fascinée par la personnalité du militaire, devient folle. Ashbumham se suicide et sa femme se remarie. Ce n'est qu'une fois toutes ces péripéties terminées que le narrateur a pu avoir connaissance de la vérité, dont il fait part au lecteur par bribes. Toute identification est rendue impossible par le caractère passif de ce narrateur qui n'a rien d'omniscient, et qui passe du coq à l'âne selon son humeur. Dowell ne peut faire partager au lecteur que ses doutes, ses incertitudes, son peu de confiance en quelque valeur ou modèle que ce soit. Ford révèle dans ce roman toute sa fascination pour les codes qui régissent l'aristocratie anglaise et qui en masquent les tensions et les conflits internes. Il peint les rituels surannés qui se jouent sur le théâtre élégant de la vie publique, tandis que la vie privée n'est qu'anarchie et barbarie...

 

(PART IV-I) "I HAVE, I am aware, told this story in a very rambling way so that It may be difficult for anyone to find their path through what may be a sort of maze. I cannot help it I have stuck to my idea of being in a country cottage with a silent listener, hearing between the gusts of the wind and amidst the noises of the distant sea, the story as it comes. And, when one discusses an affair - a long, sad affair - one goes back, one goes forward. One remembers points that one has forgotten and one explains them all the more minutely since one recognizes that one has forgotten to mention them in their proper places and that one may have given, by omitting them, a false impression I console myself with thinking that this is a real story and that, after all, real stories are probably told best in the way a person telling a story would tell them. They will then seem most real ...

 

"En laissant s'ébattre ma plume à l'aventure, j'ai, je m'en rends compte, relaté les événements de telle façon qu'il est sans doute difficile de se reconnaître à travers ce qui peut apparaître comme une sorte de labyrinthe. Mais qu'y puis-je? Je me suis tenu à cette

idée que, dans une humble maison de campagne, en présence d'un confident silencieusement attentif, je racontais cette histoire entre les rafales de vent et parmi les rumeurs lointaines de la mer, au hasard de mes souvenirs. Et lorsqu'on agite pareille  matière - les longues, les tristes pages d'une vie - on avance, on revient en arrière. On se rappelle certains points oubliés. On les détaille avec d'autant plus de minutie qu'on reconnaît avoir omis d'en faire état quand il l'eût fallu et que l'on peut avoir donné, les omettant, une impression fausse. Je me console à la pensée que cette histoire est vraie et que, tout compte fait, il n'est sans doute pas de meilleure manière de relater une histoire vraie que de le faire à la façon dont procède quiconque raconte une histoire. On n'en paraît que plus véridique.

N'importe: je crois avoir amené mon récit jusqu'à, la mort de Maisie Maidan. Je veux dire que furent exposés tous les faits qui la précédèrent et selon les divers points de vue nécessaires: celui de Léonore, celui d'Edouard et, dans une certaine mesure, le mien. Tous les faits, on les y trouvera, pour peu qu'on s'en donne la peine; tous les points de vue y sont exposés, pour autant que je les aie pu contrôler ou définir. Je me reporterai donc au jour, si vous voulez bien, où mourut Maisie Maidan, ou plutôt, jusqu'au moment où Florence dissertait sur la Protestation, là-haut, dans le vieux château de M... Et considérons, maintenant, le point de vue de Léonore à l'égard de Florence, car celui d'Edouard, bien sûr, je ne puis vous le faire connaître: il va de soi qu'il ne m'ait pas soufflé mot de sa liaison avec ma femme. Il peut se faire que je me montre, dans ce qui suit, un peu dur envers Florence, mais voilà six mois, ne l'oubliez pas, que j'ai entrepris la relation de cette histoire et que je médite sur cette affaire sentimentale. Et plus j`avance dans mes méditations, plus je me convaincs que l`influence de Florence a contaminé les deux autres. Elle a dégradé, avili, ce pauvre Edouard; elle a irrémédiablement avili aussi la malheureuse Léonore. Non, nul doute que le caractère de Léonore ne se soit dégradé dans la fréquentation de Florence. Car s'il est une vertu qu'a possédée Léonore, ce fut bien la noble fierté du silence. Or, cette fière impassibilité s'est effondrée lors de l'extraordinaire éclat qu'elle fit, dans la salle ténébreuse où se trouvait la Protestation et sur la petite terrasse qui surplombait la rivière.

Je ne veux pas dire qu`elle ait eu tort. Elle avait certes raison de chercher à me prévenir que Florence avait entrepris de faire les yeux doux à son mari. Mais qu'elle ait eu de bonnes raisons n'empêche pas qu'elle ait eu tort de s'y prendre de cette façon.

Peut-être eût-elle dû réfléchir davantage. Elle n'aurait dû parler, si tel était son désir, qu'après mûre réflexion. Encore qu'elle eût mieux fait d'agir - chaperonner Florence, par exemple, pour que ne s'établissent point entre elle et son mari de furtives connivences.

Elle eût mieux fait d'écouter aux portes; de monter la garde à la porte de leurs deux chambres à coucher. Ce sont d'odieux procédés mais il n'en est pas d'autres. Elle aurait dû éloigner Edouard au lendemain de la mort de Maisie. Oui, elle a eu tort d'agir ainsi...

Et pourtant, la pauvre, est-ce à moi qu'il appartient de la condamner? Et puis, qu'importe au bout du compte? Si ce n'avait été Florence, c'eût été quelqu'un d'autre... Encore aurait-ce pu être une femme meilleure que n'était la mienne. Car Florence avait des sentiments vulgaires; Florence était une vulgaire coquette qui, jusqu'au bout, n'a pas voulu lâcher prise; une bavarde impénitente que rien jamais n'arrêtait. Edouard et Léonore, eux, avaient du moins de la réserve et de la fierté. Ce n'est pas le tout que d'être fier et réservé dans la vie, bien sûr; peut-être même est-il des vertus qui soient supérieures. Mais de s'en départir, quand ce sont les vôtres, entraîne votre effondrement du même coup. Et Léonore s'en départit avant même que ne fit Edouard. Songez donc à ce qu'était sa situation quand elle fit cet éclat, à propos de la Protestation de Luther... Songez à son affreuse détresse...

La passion majeure de sa vie, rappelez-vous, c'était de ramener Edouard à de meilleurs sentiments; jamais elle n'avait jusqu'alors désespéré de le reconquérir. Cela peut paraître indigne, mais il ne vous faut pas non plus oublier qu'à ses yeux cette victoire n'eût pas été sienne uniquement. C'eût été, lui semblait-il, une victoire pour toutes les épouses, une victoire pour son Eglise. C`est ainsi qu'elle envisageait la situation. Il y a là un mystère difficilement pénétrable. Je ne vois guère ce qui la poussait à se figurer que de reprendre son mari eût constitué, pour toutes les autres femmes et pour son Eglise, une victoire. Ou peut-être si, l'entrevois-je obscurément.

Pour elle la vie était cette lutte éternelle entre les sexes, où s'affrontent des maris qui veulent tromper leur femme et des femmes reconquérir leur mari. Telle était la conception qu'elle se faisait, modeste et pessimiste, du mariage. L'homme à jamais serait cette sorte de brute aux errements inévitables, aux excès périodiques, qui découchait la nuit et connaissait, pour tout dire, des saisons de rut. Elle avait lu peu de romans, de sorte que l'idée de marche nuptiale au son des cloches, vers un amour pur et fidèle, lui restait totalement étrangère ...."

 

Paru en pleine guerre, ce roman fut accusé, en raison de la dislocation "cubiste" qu'il fait subir au monde devenu absurde, de saper les valeurs morales si nécessaires en ces temps troublés, accusation que venaient aggraver les origines allemandes de Ford Madox Ford....

 

"Parade's End" (1928, "Finies les parades")
C'est l'un des classiques sur la Première guerre mondiale : il retrace avec simplicité et exhaustivité l'engagement dans la guerre d'un brillant statisticien, fils d'une famille aisée, Christopher Tietjen, l'érosion de son mariage avec la sordide Sylvia, les préoccupations et activités des civils, et le perte de toutes ses références.

"Parades End" est une tétralogie romanesque publiée de 1924 à 1928, quatre romans, "Les uns oui, les autres non" (Some Do Not), "Plus de parades" (No More Parades), "Un homme se lève" (A Man Could Stand Up), "Dernier courrier" (Last Post), ont pour personnage central Christopher Tietjens, aristocrate britannique. Elle commence peu avant la Première Guerre mondiale et s'achève au début des années 20. Le contexte historique tient un rôle important dans cette histoire d'un homme torturé par les ruses de sa femme jalouse et menteuse, mais sauvé par l`amour d`une jeune fille. 

Dans le premier volume. le lecteur découvre Tietjens alors que sa femme Sylvia vient de s`enfuir avec son amant. Christopher sauve la vie d'une jeune suffragette, Valentine Wannop, fille d`une romancière jadis protégée par le père de Tietjens. La guerre éclate. Le couple Tietjens a repris la vie commune, mais les tensions persistent. Christopher Tietjens revient momentanément du front, atteint de troubles de la mémoire. L`opinion publique le dit pacifiste, pro-allemand. Avant de regagner les combats, poussé à bout par les insinuations perfides de sa femme. il demande à Valentine Wannop de devenir sa maîtresse.

Dans le deuxième volume est présentée la vie quotidienne du capitaine Tietjens au front. L`inaction imposée entre les combats rend difficiles les relations entre tous ces hommes confinés. Sa femme vient le voir alors qu`il se croyait séparé d'elle depuis les insultes qu'elle lui avait adressées avant son départ. Sylvia est un personnage ambigu, qui aime son mari mais ne songe qu'à l`humilier, qui voudrait réussir à émouvoir ce bloc de respectabilité. Elle répand sur son compte des calomnies dans le seul but de lui rendre la vie impossible.

Le troisième volume se déroule le 11 novembre 1918. Dans l`euphorie de l`armistice, Christopher Tietjens et Valentine Wannop deviennent amants. 

Enfin dans "Last Past" apparaissent Valentine enceinte, Tietjens devenu restaurateur de meubles anciens, et Sylvia consentant à contrecœur au divorce.Un dernier volume qui sera ajouté après coup et sembla, pour l'auteur, détruire l'unité de ton des trois premiers. Tietjens, idéaliste chevaleresque, figure profondément anglaise, incarne les valeurs traditionnelles auxquelles Ford croyait lui-même. L`austérité de ses mœurs puritaines l`oppose à son ami et protégé, le critique littéraire Vincent Macmaster. autre personnage central. Ford s`attache ainsi à dépeindre une société en décomposition précipitée dans le XXe siècle sous la pression de la Première Guerre mondiale. Dans cette fresque aux nombreux personnages. principalement située dans la haute société et dans les milieux intellectuels, Ford tente de coller au plus près à la conscience des personnages, reproduisant le monologue intérieur dans tout ce qu`il a parfois d`incohérent...